Promis à la galère, le promu Sunderland défie les pronostics et les géants de Premier League après un début de saison éclatant, porté par la science de Régis Le Bris et un recrutement aussi massif que réussi.La lutte pour le maintien? “Non merci!”, répondent joyeusement les Black Cats, quatrièmes du très relevé championnat d’Angleterre avant d’aller affronter Fulham, samedi pour la 12e journée.Mais, a tempéré jeudi leur entraîneur français, “notre état d’esprit, c’est comme si c’était notre premier match en Premier League. C’est ainsi, je pense, que nous devons aborder chaque match”.Le club du Nord-Est de l’Angleterre a déjà engrangé dix-neuf points, dont neuf lors de matches où il a été mené, fidèle au slogan d’une équipe réputée pour se battre “jusqu’à la fin”, “‘Til The End” en VO.Après Chelsea, renversé 2-1 in extremis, Arsenal en a fait les frais avant la trêve de novembre. Le solide leader restait sur dix succès d’affilée toutes compétitions confondues, dont huit sans but encaissé, avant de se faire rejoindre dans le temps additionnel (2-2).”C’est vraiment, vraiment difficile de jouer contre eux”, a commenté le meilleur buteur de l’histoire en Premier League, Alan Shearer, sur la BBC. “Arsenal n’aura pas beaucoup de matches plus difficiles que celui-ci cette saison, je vous le garantis”.- Le Bris et les miracles -La machine bien huilée des Gunners s’est grippée face à la résistance acharnée de Sunderland, sa discipline tactique… et sa ruse. Les locaux ont par exemple rapproché les panneaux publicitaires de la pelouse pour limiter la course d’élan sur les touches, un point fort des Londoniens.”Nous avons essayé de trouver les détails permettant de gagner le match”, a reconnu Le Bris.Le Breton de 49 ans a conquis les observateurs et, surtout, les supporters d’un club historique tombé bien bas ces dernières années, jusqu’en troisième division au pire de la crise.En juin 2024, la nomination de ce quasi-inconnu outre-Manche, tout juste relégué en Ligue 2 avec Lorient, avait été accueilli avec scepticisme, au mieux. Une saison lui a suffi pour se faire adopter, voire aduler.Avec lui, l’équipe au maillot rouge et blanc a fini quatrième de Championship (2e div.) avant des barrages de folie: but vainqueur à la 88e en demie aller contre Coventry (2-1), qualification acquise dans le temps additionnel de la prolongation au retour (1-1 a.p.), buts à la 76e et à la 90e+5 en finale pour renverser Sheffield United (2-1).Plus fort encore, Le Bris a prolongé le miracle en Premier League, après un mercato frénétique qui a autant enrichi que bouleversé l’effectif.- La CAN en talon d’Achille -Le club a dépensé plus de 175 millions d’euros, selon une estimation basse, pour quatorze nouveaux joueurs. Le club s’est appuyé sur ses réserves (vente de Jobe Bellingham notamment), une masse salariale plutôt faible, le butin des droits TV et les bons plans de Kristjaan Speakman et Florian Ghisolfi, responsables du recrutement.”Les chiffres montraient que, à moins de faire quelque chose d’extraordinaire, nous risquions de retourner en Championship” en fin de saison, a expliqué Kyril Louis-Dreyfus, le propriétaire, sur Sky Sports. “Les dépenses ont été importantes, mais nous avons obtenu les joueurs que nous voulions”.Le plus gros chèque a été pour Habib Diarra, jeune milieu venu de Strasbourg. Le plus gros coup a été d’attirer Granit Xhaka, ex-capitaine d’Arsenal et de Leverkusen. Le Suisse de 33 ans a été labellisé “recrue de la saison” en Premier League par Wayne Rooney et Jamie Carragher.La bonne pioche se trouve aussi du côté d’Enzo Le Fée (définitivement transféré cet été après un prêt), de son compatriote français Nordi Mukiele et de Robin Roefs, gardien méconnu venu du NEC Nimègue aux Pays-Bas.Le seul (gros) nuage à l’horizon, c’est la Coupe d’Afrique des nations: Sunderland pourrait voir jusqu’à sept joueurs (Diarra, Reinildo, Sadiki, Traoré, Talbi, Adingra, Masuaku) disputer le tournoi à partir du 21 décembre. Le Bris devra ressortir la boîte à miracles.