A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

L’Irlande, pilier européen de l’informatique, face au coût énergétique de l’IA

Avec ses vastes fermes de serveurs, l’Irlande est devenue un pôle mondial de l’informatique en nuage, aujourd’hui en plein boom avec l’intelligence artificielle. Mais cette position-phare en Europe la place aussi au coeur du débat sur les coûts énergétiques et environnementaux du secteur.L’Irlande accueille aujourd’hui plus de 80 centres de données, essentiellement dans de grands entrepôts autour de Dublin, une des plus fortes concentrations au monde, selon le cabinet spécialisé américain Synergy.Au service de géants de la tech dont Meta, Amazon, Google et Microsoft, ils consomment déjà un cinquième de la production électrique nationale, alimentant les craintes pour la stabilité du réseau et pour le respect des objectifs environnementaux du pays, faute d’énergies renouvelables en quantité suffisante.Ces centres, et les investissements et emplois hautement qualifiés qu’ils attirent, contribuent certes à l’économie irlandaise: le secteur numérique dans son ensemble représente 13% du PIB du pays, selon l’organisation patronale irlandaise IBEC. Mais certains se demandent si leur coût environnemental en vaut vraiment la chandelle.Pour Rosi Leonard, porte-parole irlandaise de l’organisation écologiste Friends of the Earth spécialiste de ces centres, ils sont “complètement insoutenables pour nos vies, nos écosystèmes et nos budgets carbone”.Selon les statistiques officielles, la part des centres de données dans la consommation totale d’électricité du pays atteignait 22% en 2024, contre seulement 2 à 3% en moyenne dans l’UE. – Des signes de faiblesse – L’opérateur national du réseau électrique, EirGrid, prévoit qu’elle atteindra 30% d’ici 2030, soit la consommation annuelle des 2 millions de foyers irlandais, indiquait en juillet la société d’analyse énergétique Wood Mackenzie. Le réseau montre déjà des signes de faiblesse, poussant certains centres à recourir en complément à des générateurs — qui fonctionnent habituellement au pétrole ou au gaz. Rosi Leonard accuse les géants de la tech d'”utiliser leur influence pour demander des connexions au réseau gazier et pour augmenter la pollution et les émissions”. Si les données manquent pour évaluer l’impact précis des centres de données sur les émissions, elle prône “un moratoire sur l’extension des centres de données, tant qu’il ne sera pas prouvé qu’ils ne menacent pas le climat et les budgets carbone”. Alors que “nous peinons déjà à réduire les émissions à un rythme correspondant à nos engagements et aux lois que nous avons adoptées, développer un secteur qui va encore substantiellement augmenter nos émissions n’a pas de sens”, souligne aussi Barry McMullin, expert en réduction d’émissions à l’université de Dublin City. La compatibilité des centres de données avec les objectifs d’émissions “est peu probable avant dix ans,” selon lui.Certains responsables locaux ont déjà mis le holà.L’an dernier, un conseil municipal de Dublin a bloqué l’extension d’un centre de Google, invoquant “une capacité insuffisante” du réseau et “le manque de (production) d’énergie renouvelable substantielle sur le site”.  Dès 2022, le gouvernement appelait les centres de données à montrer “la voie vers la décarbonisation” et à concevoir à l’avenir des centres avec “un bilan net zéro” en matière d’émissions. – “Frustrations” –   Pour les industriels et investisseurs, en revanche, la priorité est d’augmenter la capacité du réseau, dont les problèmes créent des “frustrations”, déplore Maurice Mortell, responsable de Digital Infrastructure Ireland (DII), groupement professionnel qui défend les entreprises du secteur numérique.L'”avance irlandaise” dans l’informatique en nuage “est en danger, les investissements se dirigent ailleurs”, avertit-il.  Le réseau national EirGrid prévoit des mises à niveau de capacité et une diversification régionale pour mieux répartir la demande des centres de données à l’échelle nationale. Mais les experts doutent que ces plans soient réalisés à temps pour répondre à la demande des investisseurs. En attendant, quelques solutions ponctuelles pour limiter l’impact négatif des centres de données ont vu le jour. Ainsi, un projet pilote lancé en 2023 en partenariat avec les autorités de Dublin permet d’utiliser la chaleur résiduelle générée par un centre de données d’Amazon pour chauffer et fournir en eau chaude des bureaux et une bibliothèque. Des centaines de foyers et un hôpital pourraient suivre. “D’autres centres de données pourraient faire de même, c’est une situation gagnant-gagnant”, affirme Admir Shala, l’ingénieur qui coordonne le projet. Le professeur McMullin est plus sceptique: “le projet reste limité, nous n’avons pas de réseaux de chauffage auxquels raccorder cette chaleur perdue et les centres tournent toute l’année, alors qu’on a besoin de chauffage que six mois par an”, dit-il.  

Thousands of Kenyans displaced by Lake Naivasha floodingWed, 19 Nov 2025 07:24:40 GMT

The tourist boats that normally ply Kenya’s famed Lake Naivasha have had a different task in recent weeks: evacuating hundreds of flooded homes. Although the lake’s level has been rising for more than a decade and has repeatedly breached its banks, locals in the modest district of Kihoto are still astonished by the scale this year.”It …

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Dans un village alsacien, le bistrot entre à l’Ehpad pour créer du lien

Dans le village alsacien de Kunheim, la maison de retraite a acquis une licence IV et ouvre régulièrement un bar au public, une initiative originale visant à créer des échanges entre générations et apporter un “supplément d’âme” aux résidents.Un samedi de novembre, peu avant le déjeuner. C’est l’heure de l’apéro au bar du centre d’accueil des personnes âgées de la Roselière, dans cette commune du Haut-Rhin de quelque 1.800 habitants.Dans la salle comble règne un brouhaha de conversations animées et de rires mêlés aux chansons de variété française diffusées par un DJ. Attablées devant un kir au vin blanc, des résidentes en fauteuil roulant papotent. “Regardez, ça fonctionne, elles discutent”, se réjouit Robert Kohler, le directeur de cet Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).Il y a quelques mois, cet homme de 69 ans, également maire du village voisin de Urschenheim, a racheté une licence IV, qui autorise à vendre des alcools forts, à l’occasion de la fermeture d’un restaurant dans sa commune.Son idée: “dynamiser” la table d’hôte existante de son établissement, qui compte 127 résidents, et créer un bar ouvert au public tous les 15 jours.Aucune intention mercantile, assure-t-il, comme le laissent supposer les prix modiques pratiqués: 2 euros pour la plupart des consommations, du verre de crémant à la bière ou aux boissons non alcoolisées.”L’objectif principal, c’est de faire venir un maximum de monde, de l’extérieur vers l’intérieur, pour qu’il y ait une vie qui puisse, tout simplement, continuer pour nos résidents”, souligne-t-il alors qu’un nombre croissant d’entre eux perdent leur autonomie et ne peuvent plus sortir au restaurant.”Il y a des contacts qui se créent, et c’est cette vie qu’on recherche, ce supplément d’âme qu’on souhaite apporter à nos résidents”.- “Partager un moment” – Samedi, sur les dizaines de visiteurs venus pour l’occasion, la plupart ont des liens familiaux avec les résidents, comme Véronique Gerhard, 57 ans.”Maman est en fauteuil, on ne peut plus la sortir pour aller boire un verre. Alors moi, je trouve ça génial que nous, on puisse venir ici chez elle pour le faire”, témoigne-t-elleNicolas Bacher, 37 ans, dont la grand-mère a été résidente, est venu avec son frère, sa belle-sœur et des amis, pour “partager ce moment avec les personnes âgées” qui souvent “sont seules ici”.”C’est notre village et c’est notre histoire aussi quelque part. Peut-être un jour ce sera nous qui viendrons ici”, dit-il.La plupart des aînés, pour beaucoup nonagénaires, se laissent prendre au jeu, même si certains, comme Colette Knoery, constatent qu’avec ce bruit, “on peut moins bien discuter”.Mais c’est “très sympa”, dit-elle. “Les gens se voient, et ils boivent ensemble. C’est important”, sourit doucement cette femme de 96 ans qui passera son deuxième Noël au centre, mais sans son mari décédé à la fin de l’an passé.- “Porteur d’avenir” -Le projet n’en reste pas moins ambitieux. Il y a toujours quelque appréhension à entrer dans un Ehpad, reconnaît M. Kohler, mais “à travers cette licence IV, ce bar, c’est à nous de transformer l’image de nos établissements” et “convaincre l’ensemble de la population de toutes les belles choses qui se passent en maison de retraite”. D’ailleurs, l’idée séduit selon lui. À Barr, une autre ville alsacienne, un projet identique est en train de se monter, dit-il.Face au vieillissement accru de la population et dans le cadre des réflexions pour mieux accompagner les aînés, le concept d’ouvrir les maisons de retraite est définitivement “porteur d’avenir”, juge la maire de Kunheim, Jill Köppe-Ritzenthaler, également venue trinquer samedi.Ce bar peut faciliter le “lien social entre les résidents des Ehpad et les personnes âgées qui habitent encore chez elles, mais qui sont peut-être un peu isolées”, pointe-t-elle.”On essaie vraiment d’enlever les barrières entre la société plus jeune et vieillissante”, souligne l’édile, et ainsi “créer des concepts de vieillissement qui sont plus inclusifs”.

Don du sang: entre animaux domestiques, ça marche aussi

“Allez Serge, tout va bien se passer”. Sur la table d’une clinique vétérinaire strasbourgeoise, Serge, un chat tigré de 3 ans et 6,2 kilos, groggy, attend que son sang soit prélevé par l’équipe de la doctoresse Roxane Lebel.Depuis l’été, la clinique Agoravet a lancé une campagne de dons du sang chez les chiens et les chats pour créer sa propre banque de stockage, une première dans le Grand Est.”Nous avons lancé cette campagne car nous avons un réel besoin de sang pour faire des transfusions, nous en manquons. Tout comme chez les humains, chez les animaux c’est la même chose”, explique Roxane Lebel, qui dirige l’équipe chargée des prises de sang.Les transfusions sanguines animales sont utilisées en cas d’hémorragie, le plus souvent suite à des accidents, d’anémie ou encore d’intoxication.”Avant, on demandait aux propriétaires de trouver des chiens autour d’eux, on travaillait dans l’urgence, ce n’est jamais l’idéal”, précise-t-elle.Désormais, une fois par mois, les propriétaires de chiens et de chats peuvent amener leur animal pour donner son sang. La clinique communique sur les réseaux, les propriétaires remplissent un formulaire avant de convenir d’un rendez-vous.Lucas Lo Pinto, 25 ans, propriétaire de Serge, est heureux que la clinique dispose du sang de son chat: “Je pense que si les animaux pouvaient parler ils nous diraient qu’ils ont envie de le faire, donc je pense que c’est vraiment un geste important.”- Critères stricts -L’opération ne va pas de soi. Après avoir sédaté Serge et lui avoir rasé les poils du cou, l’équipe vétérinaire engage une longue bataille de 45 minutes avant de trouver sa veine jugulaire. Enfin, 60 millilitres sont récoltés. “On préfère les gros chats, on peut leur prendre un volume plus conséquent et les veines sont plus visibles”, sourit le Dr Lebel. Le donneur doit respecter des critères stricts. “L’animal doit avoir entre 1 et 8 ans”, le chat, de préférence d’intérieur “doit peser plus de quatre kilos, le chien plus de 20 kilos” et évidemment, ils doivent être en bonne santé, détaille-t-elle. Flavie Wiotte, étudiante de 24 ans, dit avoir vu passer l’annonce sur les réseaux sociaux. “Je me suis dit que c’était l’occasion d’amener mon chat”, prénommé Panique, 2 ans, félin noir très sociable.Mais c’est raté pour Panique. Son taux de globule blanc n’est pas assez élevé pour qu’on puisse prélever son sang.- Forte demande – En France, le don de sang vétérinaire est organisé via des hôpitaux vétérinaires universitaires, certaines cliniques et des banques de sang, au nombre de cinq seulement actuellement, y compris celle de Strasbourg.Outre un paquet de croquettes après leur don, les animaux reçoivent en général un suivi médical régulier et gratuit, afin de s’assurer aussi qu’ils restent aptes à être donneurs.Comme les humains, chiens et chats ont des groupes sanguins.Les canidés peuvent recevoir une première transfusion sans typage. Mais pour les suivantes, il faudra s’assurer de la compatibilité sanguine.Les chats sont eux très vulnérables aux incompatibilités. A et B ne sont pas interchangeables, et en cas de mélange, l’animal a de forte chance de ne pas y survivre.”Nous essayons d’avoir toujours du stock de sang pour les chats et les chiens de groupes les plus fréquents (A et DEA+). Le sang ayant une date de péremption, nous n’avons pas de stock fixe”, souligne le Dr Lebel.La clinique peut extraire du plasma de chien et de chat, qui peut se garder au frais jusqu’à un an.Les dons varient d’un mois à l’autre et la clinique reste confrontée à une forte demande, souligne-t-elle, espérant que la mobilisation des gens – et de leur compagnon à quatre pattes – se maintienne dans l’avenir. Car avoir une banque de sang fait une différence.”Nous nous en servons de jour comme de nuit et cela nous permet d’apporter une qualité de soins et une rapidité plus importantes qu’auparavant”, dit-elle. Après quelques mois de mise en service, le projet “a permis de sauver plusieurs vies”.

Les associations de soutien aux migrants ne font plus recette

Les associations d’aide aux migrants, attaquées de toutes parts et fragilisées par des baisses de subventions, doivent redoubler d’efforts pour convaincre leurs mécènes de continuer à soutenir une cause jugée “trop polarisante”.  “On est dans une situation financière totalement inédite”, observe Benoit Hamon, à la tête de Singa. En quelques semaines, l’association de soutien à l’insertion des réfugiés a perdu 40% de ses ressources avec une baisse des subventions publiques, mais aussi le départ de deux partenaires privés.”Des fondations américaines nous ont dit que nos sujets étaient trop polarisants aux Etats-Unis et qu’elles ne voulaient pas s’exposer à des risques de sanctions ainsi qu’à une mauvaise publicité”, confie l’ex-responsable socialiste dont l’organisation compte quelque 80.000 membres en Europe et Amérique du Nord.Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a démantelé l’agence américaine pour le développement international (USAID) et bloqué des milliards de dollars permettant de soutenir des programmes humanitaires à travers le monde tout en menant une politique anti-migrants.”Les ONG qui, il y a 20 ans, étaient considérées comme des organisations de solidarité et des sujets de fierté sont désormais jugées comme complices de passeurs et criminelles”, se désole le directeur général de Singa.- “Trop casse-gueule” -Associations changeant de nom pour bannir le mot “migrant”, fondations poussant pour que les programmes soient orientés vers des aides “aux Français”, mécènes “historiques” reportant leurs priorités vers d’autres causes, les ONG d’aide aux étrangers dans la précarité peinent de plus en plus à convaincre, affirment plusieurs d’entre elles à l’AFP.”Il y a plein d’argent dans les fondations privées, mais elles préfèrent les redéployer vers des sujets plus neutres: elles veulent du retour sur investissement et jugent le sujet trop +casse gueule+ pour y associer leur marque”, constate, amer, un responsable associatif sous couvert d’anonymat.”Elles veulent investir sur les bonnes écuries, les bons chevaux, pas les crevards”, poursuit-il, en craignant en révélant son identité d’aggraver encore la situation.Seule organisation privée à avoir accepté de répondre aux questions de l’AFP, la Fondation BNP Paribas, assure maintenir ses financements.”Plus que jamais, il faut soutenir les réfugiés face aux baisses des subventions publiques et la crise des associations historiquement graves en France comme aux États-Unis”, défend sa déléguée générale, Isabelle Giordano. Ces dix dernières années, la fondation bancaire a versé 41 millions d’euros de dons dans des programmes développés à travers douze pays européens. Dernièrement aux Pays-Bas, où, à l’instar d’autres Etats du continent, l’immigration électrise les débats politiques sous l’influence grandissante de l’extrême droite.- “Peu importe d’où ils viennent” -“On doit réaffirmer nos engagements et nos convictions”, ainsi que “changer le regard sur les réfugiés”, insiste Mme Giordano.L’association SOS Méditerranée, qui porte secours à des migrants en mer, a aussi fait les frais de cette “instrumentalisation”, même si elle est parvenue à maintenir à flot son budget “grâce à des donateurs fidèles”, décrit-elle. “Nos subventions publiques ont été attaquées par des militants d’extrême droite. Nous avons gagné devant le Conseil d’État qui a réaffirmé la légalité de ces aides, mais cela crée un climat de suspicion”, déplore l’ONG internationale, régulièrement accusée d’être “complice des passeurs”.Une inquiétude partagée par le Centre Primo Levi, qui fait pourtant référence dans le soutien aux personnes torturées et a perdu un quart de son budget. Pour la première fois en 30 ans d’existence, cet organisme basé à Paris doit procéder à une réduction des effectifs.”Nous ne sommes pas une association militante, nous ne faisons que soigner nos semblables psychotraumatisés, peu importe d’où ils viennent”, défend, de guerre lasse, sa directrice Tatiana Theys, constatant le “recul” de cette cause.La noyade du petit Alan Kurdi, trois ans, sur une plage turque lors du naufrage de son embarcation il y a dix ans, “n’émeut plus: le petit Alan, il a disparu, on n’en fait plus grand cas aujourd’hui”, regrette avec émotion la directrice.

Les droits des enfants bafoués par une justice inadaptée, selon la Défenseure des droits

Manque de moyens, conditions de vie “indignes”, absence de cadre éducatif solide : la Défenseure des droits dénonce, dans un rapport publié mercredi, une série d’entorses aux droits des enfants tout au long de leur parcours judiciaire. “Le fondement du droit des mineurs à une justice adaptée est simple : un enfant, ou un adolescent, n’est pas un adulte”, martèle Claire Hédon, d’une même voix avec le Défenseur des enfants Éric Delemar, dans le rapport annuel de l’autorité indépendante sur les droits des enfants. En parallèle de la sanction, “la justice des mineurs doit éduquer, protéger, prévenir la récidive, au risque de reproduire ce qu’elle entend combattre : l’exclusion, la défiance et, in fine, la délinquance”, ajoutent-ils. “Or les dispositifs qui visent à accompagner les mineurs fragiles – protection judiciaire de la jeunesse et protection de l’enfance en premier lieu – souffrent d’un grave manque de moyens”, relèvent-ils.Dans le cadre de la détention, “les conditions indignes de vie et l’absence de cadre éducatif solide, avec notamment un nombre d’heures de cours insuffisant, témoignent de ce que la privation de liberté ne permet pas de garantir leur réinsertion dans la société.”Les mineurs, ajoutent les deux Défenseurs, manquent d’information sur leurs droits et leur “particulière vulnérabilité” n’est pas prise en considération tout au long de leur parcours pénal. Le rapport s’inquiète également de la “remise en cause” récente de la nécessité d’un traitement spécifique des mineurs délinquants, inscrite dans l’ordonnance du 2 février 1945 et réaffirmée dans le code de la justice pénale des mineurs (CJPM) de 2021. Adoptée au Parlement en mai dernier, la loi Attal qui visait à durcir la justice des mineurs a vu plusieurs de ses articles retoqués par le Conseil constitutionnel. La priorité devrait être de “répondre à la délinquance des mineurs par l’éducation et la prévention, par une sanction adaptée et accompagnée et non par la peur ou l’instrumentalisation”, écrivent Claire Hédon et Eric Delemar. Pour son rapport, l’autorité indépendante a consulté plus de 80 structures, institutions, associations et professionnels et a recueilli la parole de plus de 1.600 enfants et jeunes de 6 à 25 ans. Elle émet 25 recommandations, parmi lesquelles l’inscription dans la loi du principe de non-responsabilité pénale des mineurs de moins de 13 ans ou encore la création d’un code de l’enfance. L’institution appelle également à renforcer la prévention du décrochage scolaire, le soutien à la parentalité et à assurer l’effectivité des cours d’enseignement moral et civique. 

Pintes et cacahuètes: en Arabie saoudite, un bar fait le plein, mais sans alcool

Dans un établissement branché de Ryad, des pintes et des cacahuètes sont servies devant des écrans diffusant un match, une scène comme dans n’importe quel bar du monde. Sauf qu’en Arabie saoudite, aucun risque de gueule de bois: la bière est sans alcool.Situé sur l’une des avenues les plus animées de la capitale saoudienne, ce bar est le premier et jusque-là le seul du genre dans la rigoriste monarchie du Golfe. Il ne désemplit pas depuis qu’il a commencé à servir de la bière à la pression en avril.Sous une façade arborant une immense pinte dorée, une cliente soulève son voile intégral pour boire une gorgée de bière, une scène inédite en Arabie saoudite.”L’idée, c’est de proposer au client une expérience originale, qu’il peut partager sur les réseaux sociaux”, affirme à l’AFP son gérant, Abdallah Islam. Dans un pays dont près de 70% des ressortissants ont moins de 30 ans, la jeunesse hyper-connectée se laisse volontiers séduire par les tendances virales sur les réseaux sociaux.A l’image de Sheikha, 18 ans, venue avec une amie après avoir vu des vidéos qui ont circulé massivement sur TikTok, même si, dit-elle, “le mot +bière+ à lui seul fait peur”.Au départ un peu “stressée”, “j’ai dépassé ma peur, et franchement c’est rafraîchissant”, raconte la jeune femme qui n’a pas souhaité donner son nom de famille à l’AFP.Quelques tables plus loin, de jeunes clients en thobe blanc, la tenue traditionnelle saoudienne, se filment sirotant leur boisson. – “Respect des valeurs locales” -L’établissement, baptisé A12, vend de la bière à la pression, une Warsteiner allemande à 0,0% d’alcool, servie dans de larges chopes.Parmi eux, un client à qui l’on vient de servir une chope mousseuse préfère s’assurer par deux fois qu’il n’y a pas “d’alcool là-dedans”. Dans la salle, des jeunes picorent les cacahuètes servies avec les pintes en regardant un match de football à la télévision. “Les gens sont curieux, ils veulent vivre quelque chose de différent, mais dans le respect des valeurs locales”, avance M. Islam.En Arabie saoudite, le secteur des loisirs est en plein développement, et la jeunesse avide de nouvelles expériences. Mais les interdits demeurent, dont celui pesant depuis le début des années 1950 sur la consommation d’alcool, considérée comme illicite par l’islam.”Dans notre pays, il n’y a pas de boissons alcoolisées (pour le grand public, NDLR), et on ne souhaite pas qu’il y en ait”, abonde Ahmed Mohammed, 18 ans, en reposant sa chope vide.La plupart des 35 millions d’habitants du royaume sont officiellement au régime sec, la consommation ou possession d’alcool étant passible d’amendes, de peines de prison et d’expulsion du territoire pour les étrangers.- “Marché opaque” -En tant que “gardien des deux saintes mosquées (de Médine et de la Mecque), le royaume doit aborder avec prudence toute éventuelle légalisation de l’alcool, celle-ci contredisant son image de leader crédible du monde islamique”, décrypte pour l’AFP Sebastian Sons, du groupe de réflexion allemand CARPO.L’alcool, estime-t-il “ne joue pas un rôle significatif” dans la stratégie développée par le prince héritier Mohammed ben Salmane, 40 ans, pour diversifier l’économie saoudienne et faire du pays un centre d’affaires, de tourisme et de divertissement.  D’autant que, selon M. Sons, “la majorité des touristes non occidentaux manifestent peu d’intérêt” pour sa consommation.  Le royaume a toutefois ouvert, en janvier 2024, son premier magasin de boissons alcoolisées, réservé aux diplomates non musulmans.  Pour tous les autres, la prohibition devrait être maintenue, y compris pendant le Mondial-2034, selon une interview accordée plus tôt cette année par l’ambassadeur saoudien au Royaume-Uni à un média britannique.L’ouverture de la boutique réservée “visait à mieux encadrer et centraliser la consommation d’alcool. Officieusement, de nombreux diplomates bénéficiaient auparavant d’un accès non contrôlé à l’alcool, ce qui avait créé un marché opaque et réservé à une élite”, explique M. Sons.Si certains résidents fabriquent leur propre vin, d’autres se tournent vers le marché noir, où le prix d’une bouteille de whisky peut atteindre plusieurs centaines de dollars.