Quatre soldats thaïlandais tués par les forces cambodgiennes, selon Bangkok

La Thaïlande a annoncé que quatre de ses soldats avaient été tués samedi par les forces cambodgiennes malgré les assurances du président américain Donald Trump selon qui les deux pays voisins avaient accepté un cessez-le-feu, ce qui est démenti par Bangkok.”Quatre soldats supplémentaires sont morts”, a déclaré le porte-parole du ministère thaïlandais de la Défense, Surasant Kongsiri, lors d’une conférence de presse, ajoutant que 14 soldats thaïlandais étaient morts depuis la reprise des combats lundi à la frontière entre les deux pays d’Asie du Sud-Est.La Thaïlande a par ailleurs annoncé samedi la poursuite de ses opérations militaires contre le Cambodge. Le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul a assuré devant des journalistes que le président américain n’avait “pas indiqué si nous devions instaurer un cessez-le-feu” lors d’un appel vendredi visant à mettre fin aux derniers combats, ajoutant qu’ils “n’en ont pas discuté”.Après un premier épisode de violences en juillet, des affrontements cette semaine entre les deux pays membres de l’Asean (Association des Nations d’Asie du Sud-Est) ont fait au moins 24 morts et forcé des centaines de milliers de personnes à fuir de part et d’autre de la frontière, longue d’environ 800 km. Les deux pays s’accusent mutuellement d’avoir déclenché cette crise.- “Actions militaires” -“La Thaïlande continuera à mener des actions militaires jusqu’à ce que nous estimions que notre territoire et notre peuple ne sont plus menacés”, avait indiqué un peu plus tôt dans la journée, le Premier ministre thaïlandais.”Nos actions de ce matin en ont déjà dit long”, a-t-il ajouté, les autorités militaires thaïlandaises confirmant des “ripostes” sur des cibles cambodgiennes à 05H50 (22H50 GMT vendredi). Selon un porte-parole militaire, l’aviation thaïlandaise a “détruit avec succès” deux ponts au Cambodge utilisés selon lui pour acheminer des armes vers le champ de bataille.Les avions thaïlandais “utilisent des armes de haute précision pour prévenir les dommages aux civils innocents”, a assuré le porte-parole de l’armée de l’air Chakkrit Thammavichai.De son côté, le ministère cambodgien de la Défense a affirmé sur X que “les forces armées thaïlandaises avaient utilisé deux avions de combat F-16 pour larguer sept bombes” sur plusieurs cibles. Selon le ministre de l’Information, Neth Pheaktra, la Thaïlande “a élargi ses attaques pour inclure des infrastructures civiles et des civils cambodgiens”.L’armée thaïlandaise a pour sa part déclaré que quatre civils avaient été blessés samedi par des roquettes cambodgiennes.L’annonce de la poursuite des hostilités intervient quelques heures après que Donald Trump a assuré que Bangkok et Phnom Penh, qui se disputent des morceaux de territoire depuis des décennies, avaient accepté de faire taire les armes.”J’ai eu une excellente conversation ce matin avec le Premier ministre de Thaïlande, Anutin Charnvirakul, et le Premier ministre du Cambodge, Hun Manet, au sujet de la très regrettable résurgence de leur guerre qui dure depuis longtemps. Ils ont accepté de CESSER tout tir dès ce soir et de revenir à l’accord de paix initial conclu avec moi, et avec eux, avec l’aide du grand Premier ministre de Malaisie, Anwar Ibrahim”, a écrit vendredi soir le président américain sur son réseau Truth Social.”Les deux pays sont prêts pour la PAIX et la poursuite des échanges commerciaux avec les Etats-Unis d’Amérique”, a ajouté M. Trump.Plus tôt, le Premier ministre thaïlandais avait affirmé, après son entretien téléphonique avec Trump, qu’il fallait “annoncer au monde entier que le Cambodge va respecter le cessez-le-feu”.- “Moyens pacifiques” -“C’est celui qui a violé l’accord qui doit régler la situation, et non celui qui l’a subi”, avait ajouté M. Anutin, qui a dissous vendredi le Parlement thaïlandais, ouvrant la voie à des élections début 2026.”Le Cambodge a toujours adhéré à des moyens pacifiques pour résoudre les différends”, a déclaré pour sa part samedi son homologue cambodgien Hun Manet dans un message publié sur Facebook.Il a ajouté qu’il avait suggéré aux Etats-Unis et à la Malaisie d’utiliser leurs capacités de renseignement “pour vérifier quelle partie a ouvert le feu en premier” le 7 décembre.En juillet, un premier épisode de violences avait fait 43 morts en cinq jours et poussé quelque 300.000 personnes à évacuer, avant un cessez-le-feu sous l’égide des Etats-Unis, de la Chine et de la Malaisie, qui exerce la présidence tournante de l’Asean.La Thaïlande et le Cambodge se disputent sur la souveraineté de bouts de territoires, où se dressent des temples de l’Empire khmer, le long de leur frontière tracée au début du XXe siècle durant la période coloniale française.Ils avaient cosigné le 26 octobre un accord de cessez-le-feu, sous l’égide de Donald Trump. Mais Bangkok l’a suspendu quelques semaines plus tard après l’explosion d’une mine terrestre ayant blessé plusieurs de ses soldats.burx-sjc/roc/chl/cpy/cn 

Inde: la venue de Lionel Messi sème le chaos à Calcutta

Des admirateurs venus voir en chair et en os leur idole Lionel Messi, qui a débuté en Inde une rare tournée promotionnelle dans le pays, ont saccagé un stade de Calcutta (est), samedi, après que la superstar argentine en a été exfiltrée.En visite jusqu’à lundi, le joueur de 38 ans, idolâtré en Inde où le football n’est pourtant pas d’une immense popularité, a été accueilli à son arrivé dans l’Etat du Bengale occidental samedi matin par des fans exubérants qui scandaient son nom.Quelques heures plus tard, des milliers de fans portant des maillots du joueur réunis dans le stade Salt Lake de Calcutta ont été frustrés par les mesures de sécurité entourant la venue de Messi et la quasi-impossibilité de l’apercevoir.Le champion du monde a fait le tour du terrain en saluant la foule puis a immédiatement quitté le stade, alors qu’il était prévu qu’il y joue quelques minutes.La colère de certains fans, dont beaucoup avaient payé plus de 100 dollars, “un mois de salaire” pour d’autres, a alors éclaté. Des sièges arrachés ont été lancés sur la pelouse, ainsi que des bouteilles d’eau. Puis le terrain a été envahi.”Voir Messi était un rêve. Mais je n’ai pas eu la chance de l’apercevoir à cause de l’inorganisation dans le stade”, a regretté auprès de l’AFP un homme d’affaires de 37 ans, Nabin Chatterjee.”Je suis venu avec mon fils pour voir Messi, pas des politiciens”, s’est fâché Ajay Shah, cité par l’agence de presse indienne PTI, soulignant qu’alors qu’il n’avait pu voir la star, des policiers et des militaires qui assuraient sa sécurité “prenaient des selfies” avec le joueur.Le chaos est dû à “l’organisation”, a-t-il accusé.Plus tard, un responsable de la police de l’Etat, Javed Shamim, a d’ailleurs annoncé que “le chef de l’organisation” avait été arrêté. Il n’a pas donné plus de détails mais a ajouté que les autorités allaient voir comment les organisateurs pouvaient rembourser les billets pour l’événement qui a si mal tourné.La ministre en chef de l’Etat du Bengale occidental, Mamata Banerjee, s’est dite “choquée” par la mauvaise organisation.”Je présente mes sincères excuses à Lionel Messi ainsi qu’à tous les amoureux de sport et à ses fans pour le malheureux incident”, a écrit Mme Banerjee sur son compte X, ajoutant qu’elle avait lancé une enquête sur les événements.Avant sa venue au stade Salt Lake, une immense statue (21 m) de Messi brandissant la coupe du monde a été dévoilée dans la ville.L’Argentin doit poursuivre sa tournée à Hyderabad, Bombay et New Delhi.

Au Chili, la peur du crime porte l’extrême droite aux portes de la présidence

Au Chili, la peur suscitée par la criminalité a porté José Antonio Kast jusqu’aux portes du palais présidentiel: favori du second tour, il pourrait devenir dimanche le premier dirigeant d’extrême droite à accéder au pouvoir depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet en 1990.Depuis le début des années 2000, la violence liée au crime organisé a augmenté d’environ 40% au Chili, selon les statistiques officielles. Le taux d’homicides a progressé d’environ 50%, d’après les données de l’ONU.Et les sondages montrent qu’aux yeux d’une majorité de Chiliens la criminalité est maintenant le premier problème du pays.Ainsi, dans le centre de Santiago, peu après 18H00 jeudi, des dizaines de policiers masqués et armés surgissent d’un convoi de 15 véhicules banalisés. Ils vont défoncer les portes de neuf maisons soupçonnées d’abriter des trafiquants.L'”Opération Colombie” est le fruit d’une enquête de six mois sur un réseau étranger de trafic de drogue menée par la police d’investigation, équivalent chilien du FBI américain.Chargée de faire respecter la loi dans ce qui fut autrefois le pays le plus sûr d’Amérique latine, elle se retrouve désormais en première ligne d’une bataille féroce contre le crime organisé. Erick Menay, chef de l’unité de lutte contre le crime organisé et presque 35 ans de service, raconte à l’AFP comment son métier s’est transformé face à l’arrivée de gangs sophistiqués et ultra-violents en provenance du Pérou, d’Equateur, de Colombie et surtout du Venezuela, dont est issue l’organisation criminelle Tren de Aragua.Les guerres de territoire “ont apporté beaucoup de violence, beaucoup de coups de feu, de victimes et d’insécurité”, dit-il.- Nuances -“Le pays part en lambeaux”, affirme avec emphase José Antonio Kast, candidat à la présidentielle pour la troisième fois. Après une campagne centrée sur l’insécurité et l’immigration clandestine, il devance largement la candidate de gauche Jeannette Jara dans les sondages en vue du scrutin de dimanche.Abrité derrière des vitres pare-balles, le candidat ultraconservateur, père de neuf enfants, promet dans ses discours d’expulser des centaines de milliers de migrants en situation irrégulière, principalement issus du Venezuela en crise, de boucler la frontière avec la Bolivie et de déclarer l’état d’urgence. Pourtant, les chiffres et les témoignages venus du terrain viennent nuancer ce constat alarmiste: si la criminalité a augmenté et est devenue plus violente, elle est partie d’un niveau très bas.Selon une récente enquête gouvernementale, 88% des Chiliens estiment que la criminalité a augmenté l’an dernier. Les statistiques policières indiquent pourtant que le taux de crimes violents s’est stabilisé et, dans certains cas, est même en baisse. La part de la population ayant été victime de délits violents – cambriolages, vols avec violence ou encore extorsion – atteint un peu moins de 6%.  Selon Hassel Barrientos Hermosilla, chef de l’unité anti-enlèvements et extorsion de la police d’investigation, il est rare que des Chiliens soient la cible de ces crimes très médiatisés. En dépit de la perception des habitants.- “Eloigné de la réalité” -La peur a grandi bien plus vite que la criminalité, selon l’ex-général Christian Bolivar, qui dirige la sécurité municipale de Las Condes, banlieue aisée de Santiago. “Il est évident que la perception, ce que les gens ressentent en matière de sécurité, est très éloignée de la réalité”, confie-t-il à l’AFP. Quand les gens ont peur, les rues se vident et deviennent moins sûres, un cercle vicieux. “Cette perception, c’est le plus difficile à aborder”, dit-il, malgré les 450 personnes sous ses ordres et un centre de commandement moderne où affluent les images des caméras de sécurité.”Nous pouvons mettre en place des mécanismes de contrôle, de supervision et de lutte contre la criminalité, mais il est bien plus difficile d’atteindre les esprits, d’essayer d’influencer les gens pour qu’ils comprennent que la situation en matière de sécurité n’est pas aussi critique qu’elle est dépeinte ou perçue”, souligne-t-il.Des éléments suggèrent que les médias, dont beaucoup diffusent en direct des opérations anti-drogue mineures, attisent la peur.D’après un récent sondage UDP-Feedback, les Chiliens qui regardent la télévision sont 25% plus susceptibles d’affirmer que la criminalité violente est un problème par rapport à ceux qui lisent le journal.

Sur les points de deal à Marseille, des ados traités comme des “esclaves modernes”

“Bonjour, on est séquestré pour le réseau. SVP appelle la police”. C’est l’angoissant message que des clients d’un point de deal de Marseille ont découvert griffonné dans le pochon de drogue qu’ils venaient d’acheter.”On a souvent des mineurs violentés très gravement, séquestrés, mis à l’amende, qui n’arrivent plus à sortir des réseaux” mais “c’est l’omerta, on ne dénonce pas”, explique à l’AFP le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, qui n’hésite pas désormais à parler de traite d’êtres humains.Les autorités ne savent pas quoi faire pour endiguer ce phénomène apparu peu avant le Covid. Des centaines d’adolescents, souvent en rupture familiale, “jobbent” à Marseille, recrutés sur les réseaux sociaux. Certains viennent d’ailleurs et les autorités ont même parlé de “narcotourisme”. “On fait croire que c’est le job de rêve mais 100 euros pour guetter de 10H à minuit, au taux horaire, c’est de l’exploitation”, remarque une actrice associative qui souhaite rester anonyme tant la peur règne depuis l’assassinat mi-novembre de Mehdi Kessaci, tué sans doute pour faire taire son frère Amine, militant anti-drogue.Pour Hakim*, descendu de région parisienne fin 2020, les choses ont vite mal tourné. C’est l’un des rares cas qui a donné lieu à des poursuites, car les victimes ne portent presque jamais plainte.Quelques jours à peine après son arrivée, il se jette sur des policiers en patrouille cité de la Busserine, les suppliant de le sortir de là. Cet adolescent alors âgé de 15 ans est certes venu de son plein gré dans la deuxième ville de France mais très vite on lui prend son téléphone, on l’oblige à dormir chez une logeuse “énormément radine”: un bol d’eau pour se laver et un cookie à partager avec un partenaire d’infortune, raconte-t-il aux enquêteurs.Il fait le guetteur et doit crier “ara” à l’arrivée de la police. On lui reproche d’avoir raté une alerte, c’est le début d’un déferlement de violences. Et le gérant du point de deal, à peine plus âgé, un surnommé Loose D dont il ne connaissait pas le vrai nom, une garantie en cas d’interpellation, lui lance sous la menace d’un couteau: “Qu’est-ce que tu serais prêt à faire pour rester en vie ? Est-ce que tu serais prêt à me sucer ?”. Il est violé, on lui fait croire qu’il est filmé pour qu’il se taise.- des “mouchoirs jetables” -Début février une affaire similaire sera jugée aux assises des Bouches-du-Rhône. Les faits se passent cette fois dans la cité de Frais-Vallon en 2022: deux minots à qui on invente “un trou” dans la caisse de 500 euros.Dans les pochons de drogue qu’ils remettent aux clients, ils glissent des petits papiers: “bonjour, on est séquestré pour le réseau. SVP appelle la police il nous oblige a vendre gratuit depuis 1 mois et nous tabasse avec des bare. SVP appelle la police on a besoin d’aide (on a 15 ans)” (sic).Ils finiront par sauter du 2e étage de l’appartement où ils étaient retenus et les pompiers les récupéreront grâce à l’appel d’un passant.Cette brutalité commence désormais à déborder sur des fratries: “si d’aventure, le frère ne rembourse pas ou ne jobbe pas assez, le petit frère ou la petite soeur est mis à contribution, elle est violée pour rembourser”, témoigne un directeur d’un établissement accueillant des mineurs délinquants. Il confirme: ils ne portent jamais plainte par peur des représailles et parce qu’on ne “balance” pas.Les dossiers se ressemblent et face à ce phénomène, où les tortionnaires ont parfois eux-mêmes subi des sévices, la justice est en train d’opérer un changement d’approche significatif.”Quand nous sommes arrivés en 2023, c’était en pleine guerre de gangs entre les clans Yoda et DZ Mafia. Et nous avons fait immédiatement le constat qu’on avait énormément de mineurs décédés, gravement blessés. C’était eux qui étaient au front, ils étaient complètement interchangeables, des mouchoirs jetables. Ils arrivaient volontairement en disant +je vais rentrer dans un réseau+, et puis, très vite, ils déchantaient, puisqu’ils étaient vraiment traités comme des esclaves”, explique Isabelle Fort, qui pilote le pôle criminalité organisée au parquet de Marseille.C’est une juge pour enfants aujourd’hui à la retraite, Laurence Bellon, qui a commencé à parler de traite d’êtres humains. “Ces adolescents sont coincés dans un processus de répétition que l’on aborde aujourd’hui uniquement sous l’angle de la récidive alors qu’il s’agit aussi d’emprise et de soumission à des réseaux très violents”, expliquait-t-elle à l’AFP en 2023.Habituellement, la traite d’êtres humains est réservée aux dossiers de proxénétisme ou de mendicité forcée. Parler de criminalité forcée est totalement inédit en France et cette approche bouscule, divise, mais finit par cheminer.L’Unicef a poussé un cri d’alerte en juillet, soulignant qu’il est “en contradiction avec le droit international que les enfants victimes d’exploitation criminelle fassent encore l’objet de poursuites et de sanctions pénales en France au lieu d’être considérés et pris en charge comme des victimes”.En Belgique ou au Royaume-Uni des lois récentes établissent “que les victimes de la traite ne doivent pas être punies pour des infractions commises sous contrainte”, souligne l’organisme onusien.- D’abord auteur ou victime ? -La France commence à avancer sur ce sujet. En janvier, le ministre de la Justice Gérald Darmanin préconisait lui-même dans une circulaire d'”envisager le traitement des procédures sous l’angle de la répression de la traite des êtres humains”.Le parquet de Marseille a donc ouvert une dizaine d’enquêtes comportant un volet traite d’êtres humains sur des réseaux de trafiquants, annonce-t-il à l’AFP. “Il y a un travail de changement de paradigme pour tout le monde, mais sans tomber dans l’excès inverse de déresponsabiliser complètement les jeunes qui viendraient au soleil de Marseille parce qu’on paye mieux qu’ailleurs”, insiste Céline Raignault, procureure-adjointe, en charge de la division Mineurs-Famille.La traite d’êtres humains obéit à des critères précis : la notion de déplacement, de recrutement aux fins d’exploitation, les menaces, violences, l’abus de vulnérabilité et éventuellement le recrutement par voies de télécommunication, énumère-t-elle.Du côté des policiers, il y a une certaine réticence et une difficulté à faire parler ces petites mains du trafic. “Il faut dans la traite d’être humains qu’on ait à faire à des victimes à 100%”, estime Sébastien Lautard, numéro deux de la police marseillaise.”Actuellement, c’est bien beau, c’est des belles idées, mais on n’est pas prêts”, ajoute le commissaire, pour qui “il y a un flou artistique dans le traitement de ces jeunes-là”, notamment le manque d'”un parcours pour sortir du trafic”.”Il n’y a aucun retour possible, à part de les extraire et de prendre soin d’eux”, insiste le directeur d’établissement déjà cité: “il faudrait les mettre à la campagne et les reconsidérer comme des enfants”, faire des choses simples avec eux, des jeux de société, la cuisine pour les sortir d’un mode de fonctionnement qui repose sur la violence où “agresseur, agressé tout se mélange”.Me Frédéric Asdighikian, spécialiste du droit des enfants, se souvient d’un client, un mineur en fuite. Il est revenu brûlé au chalumeau sur le flanc, sa blessure était à vif, pas soignée. “Ils ont l’habitude de cette douleur, on l’avait torturé dans une cave trois jours”.”c’est vraiment de l’esclavage moderne”, estime l’avocat pour qui “il faut qu’on essaie de réfléchir autrement parce que c’est une histoire sans fin”.* prénom modifié