Le procès en appel de l’attentat contre un couple de policiers à Magnanville s’ouvre lundi
Le procès en appel de Mohamed Lamine Aberouz, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans pour complicité dans l’assassinat d’un couple de policiers à leur domicile de Magnanville (Yvelines) en juin 2016, s’ouvre lundi à Paris.Tout au long de son premier procès, en octobre 2023, l’accusé a clamé son innocence en soutenant n’être aucunement impliqué dans l’attentat perpétré, au nom du groupe Etat islamique, par son ami d’enfance Larossi Abballa, assassin de Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing, à leur domicile, devant leur fils de 3 ans.”C’est pour notre client l’audience de la dernière chance. Il est face à deux issues : l’acquittement ou la condamnation indue pour un crime qu’il n’a pas commis, près de neuf ans après les faits”, ont expliqué ses conseils, Mes Vincent Brengarth et Nino Arnaud.”L’accusé est un des islamistes français les plus dangereux”, estime au contraire Me Thibault de Montbrial, qui défend la famille de la policière.Mohamed Lamine Aberouz, 31 ans aujourd’hui, avait été reconnu coupable de tous les chefs d’accusation à son encontre, dont complicité d’assassinats terroristes sur personne dépositaire de l’autorité publique.”Les faits sont d’une gravité extrême. La famille de Jessica Schneider attend la confirmation de la première condamnation, qui est parfaitement motivée”, a confié Me de Montbrial à l’AFP.”Ce moment n’apportera pas toutes les réponses aux nombreuses interrogations qui subsistent, mais il constitue un passage nécessaire sur le chemin de la vérité et de la mémoire”, a souligné dans un communiqué Me Pauline Dufourq, avocate de la famille de Jean-Baptiste Salvaing.Le soir du 13 juin 2016, Jessica Schneider, 36 ans, fonctionnaire de police au commissariat de Mantes-la-Jolie, a été égorgée sous les yeux de son fils à son domicile. Un peu plus tard, son compagnon, Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant au commissariat des Mureaux, a été poignardé de neuf coups de couteau alors qu’il s’apprêtait à rentrer chez lui. Il a eu le temps de donner l’alerte avant de succomber.Mohamed Lamine Aberouz affirme qu’il n’était pas présent sur la scène du crime le soir de l’attentat. “Le seul coupable”, a-t-il assuré lors du premier procès, est Larossi Abballa, abattu lors de l’assaut des policiers du RAID pour libérer l’enfant du couple retenu en otage. – “Un méchant” et “un gentil” -Une trace ADN de l’accusé retrouvée sur l’ordinateur du couple avait été au centre des débats à l’automne 2023, devant la cour d’assises spéciale de Paris.”L’ADN de l’accusé sur les lieux est clair et net et localisé à un endroit cohérent avec sa participation”, estime Me de Montbrial.La défense de Mohamed Lamine Aberouz avait soutenu quant à elle que cette trace provenait d’un “transfert” d’ADN entre la voiture de Larossi Abballa, où ont aussi été isolées des traces génétiques appartenant à l’accusé, et l’ordinateur des victimes. Cette thèse avait été jugée “peu probable” par des experts qui ne l’avaient cependant pas totalement exclue.”La juridiction de première instance n’a pas su tirer les conclusions des doutes très forts sur la trace ADN retrouvée au domicile des victimes, alors que rien ne corrobore la présence de notre client”, affirment Mes Brengarth et Arnaud.”On ne demande pas à une juridiction d’écrire l’histoire d’une complicité éventuelle mais de la démontrer, ce qui n’a pas été fait. Raisonner autrement, c’est faire le choix de l’arbitraire et créer les conditions de l’erreur judiciaire”, ont-ils insisté.Larossi Abballa, “totalement acquis à la cause de l’Etat islamique”, selon la cour de première instance, était un proche du frère aîné de Mohamed Lamine Aberouz, Charaf-Din Aberouz, condamné en 2013 à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste.Souvent présent à l’audience lors du procès de son frère cadet, Charaf-Din Aberouz, initialement poursuivi dans le dossier Magnanville avant de bénéficier d’un non-lieu, est actuellement mis en examen pour menaces de mort contre l’avocat défendant la famille de Jessica Schneider.Seul rescapé de la tragédie, l’enfant du couple, qui vit chez sa tante paternelle, avait évoqué devant une psychologue la présence d’un “méchant” et d’un “gentil”, l’un qui voulait le “tuer” et l’autre qui avait répondu: “non, pas encore”.A la barre, sa tante a expliqué que l’enfant “n’a pas donné de précisions sur la deuxième personne, si elle était sur un écran ou si c’était une personne physique”.Le procès en appel est prévu jusqu’au 20 juin.
Logiciels malveillants: 20 mandats d’arrêt et 300 serveurs mis hors ligne
Europol et Eurojust ont annoncé vendredi un nouveau coup de filet dans le monde des logiciels malveillants qui servent à déployer des rançongiciels, débouchant sur 20 mandats d’arrêt et la mise hors service de quelques 300 serveurs.Les mandats d’arrêt visent en grande majorité des ressortissants russes, ont indiqué les autorités en Allemagne, où l’opération internationale, qui s’est déroulée cette semaine, s’est notamment concentrée.Environ 50 des serveurs mis hors service se trouvaient dans ce pays, qui a notamment ouvert des enquêtes pour suspicion d’extorsion en bande organisée et pour appartenance à une organisation criminelle à l’étranger.”Sur cette base, les autorités allemandes ont pu obtenir conjointement des mandats d’arrêt internationaux contre 20 acteurs, en grande majorité des ressortissants russes, et lancer les mesures de recherche correspondantes”, ont déclaré le parquet général de Francfort en charge de la lutte contre la cybercriminalité et l’Office fédéral de police criminelle.Le coup de filet est un nouveau volet de Endgame, la plus grande opération jamais réalisée contre ce type de logiciels malveillants, d’après Europol, l’agence européenne de police.Il a été réalisé en collaboration avec les autorités judiciaires des Pays-Bas, France, Danemark, Royaume-Uni, Canada et États-Unis, avec le soutien d’Europol et d’Eurojust.Lors d’un premier coup de filet, réalisé en mai 2024, quatre personnes avaient été arrêtées et plus de 100 serveurs mis hors ligne.Endgame, une opération à long terme et à grande échelle, a pour objectif de neutraliser un type de logiciel utilisé pour insérer d’autres maliciels dans un système cible.Ces logiciels sont utilisés pour la première infection et servent de porte d’entrée aux cybercriminels pour infecter discrètement les systèmes des victimes, puis télécharger d’autres logiciels malveillants.Cela se produit par exemple pour espionner des données ou crypter le système dans le but d’extorquer une rançon.- “Frapper à nouveau” -Cette année, lors de “Endgame 2.0″, les mesures ont ciblé les logiciels qui ont été mis en place pour remplacer ceux qui avaient été supprimés par les autorités en 2024, a précisé Eurojust, l’unité de coopération judiciaire de l’Union européenne.”Cette nouvelle phase démontre la capacité des forces de l’ordre à s’adapter et à frapper à nouveau, même si les cybercriminels se réorganisent”, s’est félicitée Catherine de Bolle, directrice exécutive d’Europol.”En perturbant les services sur lesquels les criminels s’appuient pour déployer des rançongiciels, nous agissons à la source”, a-t-elle ajouté.L’opération a permis de retirer du réseau “les variantes de logiciels malveillants les plus influentes actuellement” et “d’identifier les auteurs qui les ont créées”, ont affirmé les autorités allemandes.Par ailleurs, 3,5 millions d’euros en cryptomonnaie ont été saisis, privant ainsi les criminels d’une part importante de leur base financière, ont-elles souligné.
Congrès PS: Olivier Faure défend l’union de la gauche, les yeux rivés sur 2027
A cinq jours du premier tour du congrès du PS, Olivier Faure met toutes ses forces dans la bataille pour défendre son bilan et l’union de la gauche non mélenchoniste pour 2027, avec en ligne de mire la prochaine présidentielle, où il se pose en potentiel candidat. Le patron des socialistes multiplie, comme ses concurrents Nicolas Mayer-Rossignol et Boris Vallaud, les déplacements dans les fédérations socialistes, alors que le résultat du vote est plus que jamais incertain.Avec pour objectif de défendre sa proposition d’une plateforme commune de la gauche non mélenchoniste, allant de Raphaël Glucksmann à François Ruffin, en vue d’une candidature commune pour 2027, mais sans Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, avec qui il a pris ses distances depuis plusieurs mois.Olivier Faure, qui a pris la tête du PS en 2018 après le champ de ruine laissé par le quinquennat Hollande et a été l’un des initiateurs de l’alliance Nupes en 2022, puis du Nouveau Front populaire en 2024, continue de porter l’idée d’une union large à gauche pour contrer “la vague réactionnaire et identitaire qui monte”.Mais Nicolas Mayer-Rossignol accuse le premier secrétaire, député de Seine-et-Marne, de manquer de clarté sur les alliances à venir avec LFI.De son côté, le camp fauriste se dit “concentré” et “plus organisé” qu’au congrès de Marseille, où le premier secrétaire avait été réélu sur le fil, et affirme ne pas “ressentir de vague de dégagisme”. L’ancien Premier ministre Lionel Jospin, figure de la gauche, a toutefois annoncé vendredi qu’il soutiendrait Nicolas Mayer-Rossignol. Et le chef des députés PS Boris Vallaud, qui a lâché le premier secrétaire pour se lancer lui aussi dans la bataille, en déplorant un parti “divisé”, risque de lui faire perdre des voix. Olivier Faure argumente d’avoir remis le PS “au coeur de la gauche” (le nom de sa motion). Et s’il a fait opérer à son parti un revirement, en refusant de censurer le gouvernement Bayrou sur le budget en début d’année, il n’exclut pas une nouvelle censure prochainement, sur les retraites ou le futur budget.”A un an des municipales, on appelle les militants à faire preuve de continuité, avec ceux qui ont la confiance des autres partenaires à gauche”, souligne l’eurodéputé Pierre Jouvet, jugeant qu'”avoir un leader qui commence à être reconnu et respecté, ça compte”.- “climat de tensions” -Car le patron des socialistes, longtemps sur la réserve, s’est peu à peu installé dans le paysage de gauche. Plus présent dans les médias, il a multiplié les rencontres avec les Français, et vient de sortir un livre, “Je reviens te chercher”, où il se dévoile plus intimement, évoquant notamment son père d’extrême droite. “Ça permet aux militants, et plus largement aux Français de connaître plus en sincérité et en profondeur qui il est”, insiste Pierre Jouvet. Et d’affiner une stature de présidentiable, même si le patron du PS s’en défend.”Il se présidentialise”, confirme le président du Parti radical de gauche Guillaume Lacroix. “Il est persuadé de s’être mis au barycentre de la gauche, en disant +je suis compatible avec l’extrême gauche mais je n’accepte pas tout+, et +je suis compatible avec les sociaux-démocrates, mais je n’accepte pas tout+”.Reste qu’en interne, Olivier Faure est loin de faire l’unanimité: ses détracteurs critiquent une “gestion clanique” du parti, et affirment qu’il n’a “pas d’idéologie, pas de travail, pas de méthode”. “Il a créé un climat de tensions et d’agressivité”, assène la présidente d’Occitanie, Carole Delga. “Quelle est sa position politique, personne ne le sait, c’est en fonction des saisons”, tacle-t-elle encore.Le député Arthur Delaporte, qui a un temps jugé son image “affaiblie”, remarque toutefois que “pendant le NFP Olivier Faure a réussi à incarner l’union plus que pendant la Nupes” et “génère désormais de la fierté militante”. Une socialiste, qui a fait le choix de soutenir Boris Vallaud, assure qu’il est certes “très à l’écoute”, mais “il est arrivé au bout de ce qu’il pouvait faire. Il y a une telle haine anti-Olivier”.