Turquie: “la méfiance” d’une ex-combattante du PKK face aux autorités

Le rugissement d’un avion de chasse dans le ciel de Diyarbakir interrompt brièvement son récit. “Essayez donc d’expliquer la paix aux gens… La méfiance persiste”.Face à un thé, en tee-shirt bleu et jeans sur la place principale de la plus grande ville à majorité kurde de Turquie (sud-est), Yüksel Genç secoue ses boucles auburn en confiant ses doutes sur le processus de paix entre Ankara et les combattants du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan.”La guérilla est sincère, mais elle pense que l’Etat ne l’est pas et que l’exécutif ne lui fait pas confiance”, affirme l’ancienne combattante. Après 41 ans de lutte armée qui ont fait au moins 40.000 morts, le mouvement a annoncé sa dissolution à l’appel de son chef historique, Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999.À 50 ans, YÜksel Genç, qui a purgé de nombreuses années de prison, continue son combat par la plume pour faire valoir les droits des Kurdes qui représentent environ 20% de la population turque.Elle a rejoint le PKK en 1995 à l’âge de 20 ans alors qu’elle commençait l’université à Istanbul. “À cette époque beaucoup de villages kurdes étaient incendiés, des assassinats jamais élucidés. On se sentait coincé, sans autre choix que rejoindre la guérilla”, justifie-t-elle, évoquant “une terrible répression” des autorités contre la communauté kurde.Quatre ans plus tard, en février 1999, le fondateur et chef historique du PKK Abdullah Öcalan est arrêté à Nairobi au terme d’un exil à travers plusieurs pays.”La capture d’Öcalan a provoqué une immense colère au sein de la guérilla, une rage profonde. Avec le sentiment que la cause kurde serait anéantie. Ce climat aurait pu déclencher une grande vague de violence en Turquie”.Mais Öcalan prône l’apaisement avec les autorités et appelle des combattants à se rendre en formant deux “groupes de paix et de solution démocratique”, espérant qu’Ankara répondra à ce geste.- “Sans arme” -Yüksel Genç fait partie du premier – “trois femmes et cinq hommes” – à se rendre le 1er octobre 1999. Un second suit en novembre.”Monsieur Öcalan pensait que la solution à la question kurde en Turquie était désormais possible sans arme, par la voie démocratique. Que notre arrivée symboliserait la bonne volonté” du PKK. “Qu’elle persuaderait l’Etat de négocier”.Elle admet le caractère “sacrificiel” de cette reddition dans le village de Semdinli (sud-est), au terme d’une longue marche dans les montagnes, guettés par “des milliers” de militaires “postés entre les rochers”. Transférés à Van, les combattants sont arrêtés cinq jours plus tard. Yüksel Genç passe cinq ans et demi en détention.”Pour nous ces groupes de paix, c’était une mission. La solution devait passer par le dialogue”, défend-elle sans rancoeur pour les ordres du chef qui l’ont envoyée derrière les barreaux.Plusieurs fois poursuivie, arrêtée et de nouveau incarcérée trois ans et demi pour ses écrits, la quinquagénaire, journaliste associée au think tank “Sosyo Politik” à Diyarbakir, constate que “travailler pour la paix en Turquie a un coût”.”Malheureusement, les efforts du PKK pour devenir une organisation pacifique ont échoué”. L’arrivée de l’AKP du président Recep Tayyip Erdogan au pouvoir “qui remplace le vieux système et l’esprit militaire” suscite l’espérance d’une nouvelle donne dans les années 2000, et un nouvel appel d’Öcalan à cesser le feu. Sans effet.Aujourd’hui? “L’Etat est impliqué dans le processus. Mais parler de négociation reste extrêmement difficile”, estime-t-elle.”Le PKK, comme en 1999, évolue vers la lutte non-violente. Déposer les armes n’est pas la fin du combat. Le Parti se prépare à devenir une organisation politique”, avance-t-elle. Mais “on a le sentiment d’avoir entamé un processus beaucoup plus difficile”.- “Un océan d’insécurité”-Yüksel Genç ne parle pas d’espoir: “La vie nous apprend à être réaliste: il n’y a guère de différences entre les sentiments de la population et ceux de la guérilla: des années d’expérience ont généré un océan d’insécurité. La guérilla ne semble pas faire confiance à l’Etat”.”Elle a montré son courage en déposant les armes sans avoir été vaincue. Mais elle ne voit pas de résultat concrets”.En face, le gouvernement, qui a initié le processus de paix à l’automne dernier, n’a rien annoncé, rien promis, remarque-t-elle. “Pourquoi les prisonniers malades ne sont-ils pas libérés? Et ceux qui ont purgé leur peine? Pourquoi ne profitent-ils pas du climat de paix?”. Et Abdullah Öcalan est toujours détenu à l’isolement au large d’Istanbul.Le nombre de détenus considérés comme membres ou proches du PKK n’est pas divulgué par les autorités. “Le fait qu’Öcalan ne soit toujours pas en situation de conduire le processus vers une solution politique démocratique est un handicap majeur du point de vue de la guérilla”, insiste-t-elle.”Même notre quotidien reste complètement façonné par les contraintes sécuritaires, dans toute la région. La présence militaire, les barrages, tout ça devrait changer”. 

Bangladesh’s Yunus seeks unity with fresh political talks

Bangladesh’s interim leader held a second day of marathon talks Sunday with multiple parties seeking to build unity and calm intense political power struggles, party leaders and officials said.Muhammad Yunus, the 84-year-old Nobel Peace Prize winner who is leading the caretaker government as its chief adviser until elections are held, has called for rival parties to give him their full support.The South Asian nation of around 170 million people has been in political turmoil since former prime minister Sheikh Hasina was ousted by a student-led revolt in August 2024, ending her iron-fisted rule of 15 years.Yunus met around 20 party leaders on Sunday, after talks that stretched late into Saturday evening with the major political parties, including those who have protested against the government this month. Mamunul Haque, leader of the Islamist Khelafat-e-Majlish party, was among those who spoke to Yunus on Sunday in discussions that he said focused on “the ongoing crisis”. – ‘Broader unity’ -After a week of escalation during which rival parties protested on the streets of the capital Dhaka, the government led by Yunus warned on Saturday that political power struggles risked jeopardising gains that have been made.”Broader unity is essential to maintain national stability, organise free and fair elections, justice, and reform, and permanently prevent the return of authoritarianism in the country,” it said in a statement.Yunus on Saturday met with the key Bangladesh Nationalist Party (BNP), seen as the election front-runners, who are pushing hard for polls to be held by December.According to Bangladeshi media and military sources, army chief General Waker-Uz-Zaman also said this week that elections should be held by December, aligning with BNP demands.Microfinance pioneer Yunus, who returned from exile at the behest of protesters in August 2024, says he has a duty to implement democratic reforms before elections he has vowed will take place by June 2026 at the latest.The caretaker government has formed multiple reform commissions providing a long list of recommendations — and is now seeking the backing of political parties.Yunus has said polls could be held as early as December but that holding them later — with the deadline of June — would give the government more time for reform. – ‘May further deteriorate’ -But Mujahidul Islam Selim, a veteran leftist politician, said he told Yunus that the interim government was not required to complete all reforms.”We urged them to leave fundamental reforms to the people”, Selim said Sunday.”If they delay solving problems, the opposite may happen — the situation may further deteriorate.”Yunus last held an all-party meeting — to discuss efforts to overhaul Bangladesh’s democratic system — on February 15. Some parties cited frustration at the lack of contact.”We told him that if only he had engaged with political parties more frequently, nobody would mind delaying the election by a few weeks,” Saiful Haque, of the Biplobi Workers Party, told reporters after his meeting.Sources in his office and a key political ally said on Thursday that Yunus had threatened to quit, but his cabinet said he would not step down early.On Saturday, the government warned that it had faced “unreasonable demands, deliberately provocative and jurisdictionally overreaching statements”, which it said had been “continuously obstructing” its work.Bangladesh’s tax authority workers ended a two-week partial strike on Sunday after they said the interim government would address their demands to stop an overhaul of the body.Security forces had surrounded the national tax authority headquarters, after government orders to reform the National Board of Revenue (NBR) sparked fury from employees.Yunus also met with leaders of Jamaat-e-Islami, the Muslim-majority nation’s largest Islamist party, and the National Citizen Party (NCP) made up of many students who spearheaded the uprising that ended Hasina’s rule.NCP leader Nahid Islam warned on Saturday that rival parties were pushing for swift elections to skip reforms and “assume power”, and that he believed there were “indications” that a “military-backed government could re-emerge”.

Nouvelle-Calédonie: “C’est moi” qui m’occupe du dossier, réaffirme Valls

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a affirmé dimanche être toujours chargé des discussions sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, au lendemain de l’annonce par un député d’une “initiative” imminente du président Emmanuel Macron pour relancer le dialogue.”Celui qui s’occupe, à la demande du chef du gouvernement, du dossier de la Nouvelle-Calédonie, c’est le ministre des Outre-mer. C’est moi. Il n’y en a pas d’autre”, a martelé Manuel Valls sur LCI.Le ministre était interrogé sur les propos samedi du député Renaissance Nicolas Metzdorf, figure du camp non-indépendantiste dans l’archipel, selon lesquels Emmanuel Macron prendrait “une initiative dans les prochains jours afin de relancer les discussions”. Le parlementaire avait fait cette déclaration après avoir été reçu vendredi à l’Elysée par le chef de l’Etat.”Que Nicolas Metzdorf s’exprime. Il n’est pas porte-parole, que je le sache, ni du président de la République ni du gouvernement”, a relevé Manuel Valls.L’ancien Premier ministre a présidé début mai un conclave de trois jours dans un hôtel de Bourail (centre de la Nouvelle-Calédonie) pour mettre indépendantistes et non-indépendantistes d’accord sur un nouveau statut pour l’archipel, frappé en 2024 par des violences qui ont fait 14 morts et des milliards d’euros de dégâts.Ces négociations se sont conclues sans accord. La frange dure des non-indépendantistes, dont fait partie Nicolas Metzdorf, a estimé que le projet de “souveraineté avec la France” présenté par Manuel Valls équivalait à “l’indépendance” du territoire océanien.”Il y a eu, oui, un échec des discussions et des négociations” mais “le fil du dialogue n’est pas rompu”, a estimé Manuel Valls dimanche.Le ministre a réfuté être “désavoué par quiconque”.”Qu’il y ait des initiatives qui soient prises – mais pas du type de celle annoncée par Nicolas Metzdorf – et qu’à un moment on se retrouve avec le chef de l’Etat, (…) cela a toujours été dit”, a-t-il relevé.Mais “je ne suis pas venu au gouvernement, à la demande de François Bayrou, pour faire ou refaire ce qui a été fait par le passé et qui a échoué. Les discours radicaux, le passage en force, la disqualification de l’Etat, entre autres, ont conduit évidemment aux violences, inacceptables bien sûr”, a ajouté Manuel Valls.Ces émeutes étaient survenues sur fond de mobilisation contre un projet d’élargissement du corps électoral au scrutin provincial calédonien, contesté par les indépendantistes qui accusaient l’exécutif français de vouloir minorer la population kanak.

L’Iran, des ovnis, le flop américain… cinq souvenirs de Cannes

Le Festival de Cannes a rangé son tapis rouge samedi soir, après deux semaines de compétition marquées par le sacre du cinéaste iranien Jafar Panahi et un certain renouvellement de son palmarès.Deux films ovnis primés, une jeune actrice française qui crève l’écran, le flop du cinéma américain mais aussi le énième prix des frères Dardenne: retour sur cette 78e édition, dont la cérémonie de clôture a attiré jusqu’à 2,3 millions de téléspectateurs devant la chaîne de télévision française France 2, soit moins que l’an passé (2,5 millions en moyenne).- Appel à “la liberté” en Iran – En décernant la Palme d’or à “Un simple accident”, le jury a sacré une oeuvre qui, par sa seule existence, défie les règles draconiennes imposées par la République islamique d’Iran.Le film a été tourné clandestinement par un dissident, ses principales actrices y apparaissent sans voile et il porte une dénonciation frontale des tortures infligées dans les prisons et de la corruption dans le pays. Après “Les Graines du figuier sauvage” de Mohammad Rasoulof, prix spécial en 2024, le festival confirme sa vocation à défendre le cinéma iranien de combat face à la censure et à offrir une puissante chambre d’écho aux dissidents.”Le plus important en ce moment, c’est notre pays et c’est la liberté de notre pays”, a déclaré Panahi en recevant son prix devant le gratin du cinéma mondial.Dimanche, la Palme a provoqué des vagues diplomatiques: l’Iran a convoqué le chargé d’affaires français à Téhéran pour protester contre des propos “insultants” de Paris. Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, avait évoqué sur X la “résistance contre l’oppression du régime iranien”.- La révélation Nadia Melliti -Avant de prêter sa silhouette athlétique à “La petite dernière” d’Hafsia Herzi, elle n’avait jamais fait de théâtre ni de cinéma. A 23 ans, Nadia Melliti, repérée lors d’un casting sauvage, a reçu le prix d’interprétation féminine pour son rôle, incarné tout en délicatesse, de jeune femme musulmane découvrant son homosexualité.Nadia Melliti est elle-même issue d’une famille immigrée et poursuit des études dans une filière sportive.Pour Hafsia Herzi, le choix de cette actrice s’est imposé comme “une évidence” lorsqu’elle a vu la photo de la jeune femme, laquelle “s’est abandonnée complètement au personnage”.D’autres actrices débutantes ont été révélées à Cannes, comme la Française Adèle Exarchopoulos en 2013 dans “La vie d’Adèle” ou la Belge Emilie Dequenne en 1999 dans “Rosetta”.  – Flop américain -Les plus grandes stars du cinéma hollywoodien, dont Robert de Niro et Denzel Washington qui ont reçu des Palmes d’or d’honneur, ont fait briller les marches.Mais, dans les salles du palais des Festivals, les Américains ont fait un bide. Les grosses productions, comme “Eddington” d’Ari Aster avec Joaquin Phoenix ou “Die, My Love” de Lynne Ramsay avec Jennifer Lawrence, sont reparties les mains vides. Invité pour assurer le spectacle hors compétition, Tom Cruise n’a pas emballé la critique avec son “Mission: Impossible”, présenté comme le dernier de la série mais pas le meilleur.Quant à “Highest 2 Lowest” de Spike Lee et avec Denzel Washington, c’est l’un des films les plus moqués par les critiques: “une croûte” pour Libération, un “nanar” pour Première.- Deux “ovnis” -Deux films inclassables ont eu les faveurs du palmarès: “Sirat” du franco-espagnol Oliver Laxe, prix du jury, et “Résurrection” du Chinois Bi Gan, prix spécial.Epopée lunaire dans un décor à la “Mad Max”, le premier saisit d’emblée le spectacteur: une rave party dans le désert marocain est interrompue par l’armée et quelques teufeurs s’échappent, avec un père de famille à la recherche de sa fille. S’ensuit une longue déambulation sous substances sur fond de guerre et d’Apocalypse. Le second est un hommage quasi-religieux à un siècle de 7e art. Ce long-métrage poétique et sensoriel de 02H40, qui fourmille de trouvailles esthétiques et de plans-séquences, brosse l’histoire du cinéma au XXe siècle.Encensé comme “ovni” par la présidente du jury, Juliette Binoche, le film est totalement hermétique et prétentieux pour d’autres. Ceux-là pourront fermer les yeux pour se laisser bercer par la bande-son, signée du duo électro français M83.- Eternels Dardenne -Luc et Jean-Pierre Dardenne sont repartis de Cannes avec une septième récompense en dix sélections en compétition: le prix du scénario pour “Jeunes Mères”, qui suit les destins de mères adolescentes tentant de sortir de la précarité, dans la pure veine de leur cinéma social.Avec, en outre, des prix d’interprétation pour deux de leurs acteurs (Émilie Dequenne pour “Rosetta” en 1999 et Olivier Gourmet pour “Le Fils” en 2002), ils creusent encore, à plus de 70 ans, leur avance en tête du classement des cinéastes les plus primés sur la Croisette, devant l’Américain Francis Ford Coppola ou le Britannique Ken Loach.fbe-jra-jt-pel/reb/gvy

L’Iran, des ovnis, le flop américain… cinq souvenirs de Cannes

Le Festival de Cannes a rangé son tapis rouge samedi soir, après deux semaines de compétition marquées par le sacre du cinéaste iranien Jafar Panahi et un certain renouvellement de son palmarès.Deux films ovnis primés, une jeune actrice française qui crève l’écran, le flop du cinéma américain mais aussi le énième prix des frères Dardenne: retour sur cette 78e édition, dont la cérémonie de clôture a attiré jusqu’à 2,3 millions de téléspectateurs devant la chaîne de télévision française France 2, soit moins que l’an passé (2,5 millions en moyenne).- Appel à “la liberté” en Iran – En décernant la Palme d’or à “Un simple accident”, le jury a sacré une oeuvre qui, par sa seule existence, défie les règles draconiennes imposées par la République islamique d’Iran.Le film a été tourné clandestinement par un dissident, ses principales actrices y apparaissent sans voile et il porte une dénonciation frontale des tortures infligées dans les prisons et de la corruption dans le pays. Après “Les Graines du figuier sauvage” de Mohammad Rasoulof, prix spécial en 2024, le festival confirme sa vocation à défendre le cinéma iranien de combat face à la censure et à offrir une puissante chambre d’écho aux dissidents.”Le plus important en ce moment, c’est notre pays et c’est la liberté de notre pays”, a déclaré Panahi en recevant son prix devant le gratin du cinéma mondial.Dimanche, la Palme a provoqué des vagues diplomatiques: l’Iran a convoqué le chargé d’affaires français à Téhéran pour protester contre des propos “insultants” de Paris. Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, avait évoqué sur X la “résistance contre l’oppression du régime iranien”.- La révélation Nadia Melliti -Avant de prêter sa silhouette athlétique à “La petite dernière” d’Hafsia Herzi, elle n’avait jamais fait de théâtre ni de cinéma. A 23 ans, Nadia Melliti, repérée lors d’un casting sauvage, a reçu le prix d’interprétation féminine pour son rôle, incarné tout en délicatesse, de jeune femme musulmane découvrant son homosexualité.Nadia Melliti est elle-même issue d’une famille immigrée et poursuit des études dans une filière sportive.Pour Hafsia Herzi, le choix de cette actrice s’est imposé comme “une évidence” lorsqu’elle a vu la photo de la jeune femme, laquelle “s’est abandonnée complètement au personnage”.D’autres actrices débutantes ont été révélées à Cannes, comme la Française Adèle Exarchopoulos en 2013 dans “La vie d’Adèle” ou la Belge Emilie Dequenne en 1999 dans “Rosetta”.  – Flop américain -Les plus grandes stars du cinéma hollywoodien, dont Robert de Niro et Denzel Washington qui ont reçu des Palmes d’or d’honneur, ont fait briller les marches.Mais, dans les salles du palais des Festivals, les Américains ont fait un bide. Les grosses productions, comme “Eddington” d’Ari Aster avec Joaquin Phoenix ou “Die, My Love” de Lynne Ramsay avec Jennifer Lawrence, sont reparties les mains vides. Invité pour assurer le spectacle hors compétition, Tom Cruise n’a pas emballé la critique avec son “Mission: Impossible”, présenté comme le dernier de la série mais pas le meilleur.Quant à “Highest 2 Lowest” de Spike Lee et avec Denzel Washington, c’est l’un des films les plus moqués par les critiques: “une croûte” pour Libération, un “nanar” pour Première.- Deux “ovnis” -Deux films inclassables ont eu les faveurs du palmarès: “Sirat” du franco-espagnol Oliver Laxe, prix du jury, et “Résurrection” du Chinois Bi Gan, prix spécial.Epopée lunaire dans un décor à la “Mad Max”, le premier saisit d’emblée le spectacteur: une rave party dans le désert marocain est interrompue par l’armée et quelques teufeurs s’échappent, avec un père de famille à la recherche de sa fille. S’ensuit une longue déambulation sous substances sur fond de guerre et d’Apocalypse. Le second est un hommage quasi-religieux à un siècle de 7e art. Ce long-métrage poétique et sensoriel de 02H40, qui fourmille de trouvailles esthétiques et de plans-séquences, brosse l’histoire du cinéma au XXe siècle.Encensé comme “ovni” par la présidente du jury, Juliette Binoche, le film est totalement hermétique et prétentieux pour d’autres. Ceux-là pourront fermer les yeux pour se laisser bercer par la bande-son, signée du duo électro français M83.- Eternels Dardenne -Luc et Jean-Pierre Dardenne sont repartis de Cannes avec une septième récompense en dix sélections en compétition: le prix du scénario pour “Jeunes Mères”, qui suit les destins de mères adolescentes tentant de sortir de la précarité, dans la pure veine de leur cinéma social.Avec, en outre, des prix d’interprétation pour deux de leurs acteurs (Émilie Dequenne pour “Rosetta” en 1999 et Olivier Gourmet pour “Le Fils” en 2002), ils creusent encore, à plus de 70 ans, leur avance en tête du classement des cinéastes les plus primés sur la Croisette, devant l’Américain Francis Ford Coppola ou le Britannique Ken Loach.fbe-jra-jt-pel/reb/gvy

La Syrie va aider Washington à retrouver des Américains disparus

Le pouvoir syrien d’Ahmad al-Chareh a accepté d’aider les Etats-Unis à retrouver les Américains disparus pendant la guerre civile en Syrie, a indiqué dimanche un émissaire américain.Cette annonce est intervenue au lendemain de la levée formelle par les Etats-Unis des sanctions imposées à la Syrie sous l’ex-président Bachar al-Assad, renversé en décembre par une coalition de groupes rebelles islamistes dirigée par M. Chareh.Depuis, les relations entre le nouveau pouvoir syrien et les Etats-Unis se sont progressivement améliorées, menant à une rencontre le 13 mai entre le président Donald Trump et M. Chareh à Ryad.”Un grand pas en avant. Le nouveau gouvernement syrien a accepté d’aider les Etats-Unis à localiser et à rapatrier les citoyens américains ou leurs dépouilles. Les familles d’Austin Tice, Majd Kamalmaz et Kayla Mueller doivent pouvoir tourner la page”, a écrit sur X l’envoyé spécial pour la Syrie, Tom Barrack.La guerre en Syrie a été déclenchée en 2011 par la répression dans le sang de manifestations prodémocratie dans le sillage du Printemps arabe. Elle s’est ensuite complexifiée avec l’intervention de plusieurs acteurs régionaux et internationaux et des groupes jihadistes.En 2014, le groupe jihadiste Etat islamique (EI) s’est emparé de vastes régions en Syrie et en Irak voisin, avant d’être défait, respectivement en 2019 et 2017, avec l’aide de la coalition antijihadiste dirigée par les Etats-Unis.   De nombreux otages occidentaux ont été enlevés par l’EI en Syrie, dont certains ont été exécutés, d’autres libérés. Mais le sort de plusieurs otages reste inconnu.- Tice, Kamalmaz, Mueller – Le journaliste Austin Tice, qui travaillait pour l’Agence France-Presse, McClatchy News, le Washington Post, CBS et d’autres médias, a été enlevé en août 2012 par des hommes armés près de Damas. Son enlèvement n’a jamais été revendiqué et sa mère a vu M. Chareh à Damas en janvier.Kayla Mueller, une humanitaire qui travaillait avec le Danish Refugee Council, a été enlevée à Alep (nord) en août 2013. L’EI a affirmé que l’otage, alors âgée de 26 ans, avait été tuée près de Raqa (nord) en 2015 dans des raids de la coalition antijihadiste.Mais lors de son premier mandat, Donald Trump a affirmé en 2019 qu’elle avait été “gardée captive puis tuée” par le chef de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, lui-même abattu dans une opération américaine cette année-là. Le corps de l’Américaine n’a jamais été retrouvé.Majd Kamalmaz, un psychologue américain né en Syrie, est disparu depuis son arrestation à un point de contrôle en 2017.Le président Trump a “clairement indiqué que rapatrier les citoyens américains ou honorer dignement leurs dépouilles était une priorité absolue. Le nouveau gouvernement syrien va nous aider dans cet engagement”, a affirmé l’émissaire américain.M. Chareh a dirigé Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, groupe jihadiste rival de l’EI. HTS a été dissous après la chute de Bachar al-Assad.- Aide du Qatar -Selon une source syrienne au fait des discussions syro-américaines, outre ceux d’Austin Tice, Majd Kamalmaz et Kayla Mueller “il y a 11 noms sur la liste de Washington, des Syriens ayant la nationalité américaine”. Elle n’a pas fourni d’autres détails sur cette liste.De son côté, et “sur demande des Etats-Unis, une mission du Qatar a commencé à rechercher les restes d’Américains dans le nord de la Syrie tués par l’EI”, a-t-elle ajouté. Le 11 mai, les forces de sécurité du Qatar ont annoncé, selon l’agence officielle qatarie QNA, “la découverte des restes de 30 personnes qui auraient été enlevées et tuées par l’EI à Dabiq”, au nord d’Alep.”Ces efforts font partie d’une opération internationale menée en réponse à une demande officielle du FBI”, et “en pleine coordination” avec Damas, a précisé QNA.En 2022, un membre de l’EI, El Shafee el-Sheikh, a été condamné à la prison en vie aux Etats-Unis pour son rôle dans la mort des journalistes américains James Foley et Steven Sotloff ainsi que des travailleurs humanitaires Peter Kassig et Kayla Mueller, également américains.- Nouveaux chefs de la sécurité -Dans un contexte de rapprochement avec l’Occident et d’allégement progressif des sanctions contre Damas, les autorités syriennes avaient annoncé samedi une “réorganisation” du ministère de l’Intérieur, notamment pour lutter contre les trafics de drogue et d’êtres humains. Dimanche, le ministère syrien de l’Intérieur a nommé des chefs de la sécurité dans 12 provinces du pays. Il n’a pas donné beaucoup de détails sur les personnes choisies, mais certaines exerçaient des fonctions au sein de HTS qui a renversé le pouvoir de Bachar al-Assad en décembre.