Liste des métiers en tension: des restaurateurs soulagés par cette “première étape”

“C’est un soulagement”: pour Laurent Frechet, qui gère un restaurant dans le centre de Paris, le Zango, la publication jeudi de la liste actualisée des métiers en tension, qui va permettre de régulariser des travailleurs étrangers, répond à une nécessité urgente dans la restauration, où le casse-tête du recrutement est permanent. “Les travailleurs étrangers sont indispensables pour faire tourner nos cuisines”, souligne ce gérant de restaurant, qui préside la branche restauration de l’organisation patronale sectorielle GNI.Établie région par région, la liste énumère les quelque 80 métiers en manque de main-d’Å“uvre en France, grâce auxquels les travailleurs étrangers peuvent prétendre à un titre de séjour en justifiant de 12 mois de bulletins de salaire au cours des 24 derniers mois et trois ans de résidence en France.Dans la restauration, les postes de cuisiniers, serveurs ou aides de cuisine sont notamment concernés.Restaurateur depuis 22 ans, Laurent Frechet explique avoir accompagné “entre six et sept” employés dans leur démarche de régularisation. “Mohamed, un salarié sri-lankais, a mis huit ans à m’avouer que les papiers qu’il m’avait présentés n’étaient pas les siens”, se remémore-t-il, “il a pu être régularisé et travaille toujours dans mon restaurant.”Même scénario pour Sangare Lamine (45 ans) qui, arrivé du Mali en 2002, a d’abord enchaîné les petits boulots, son irrégularité l’empêchant de rester trop longtemps à un même poste. “C’était très compliqué d’être régularisé car les fiches de paie ne suffisaient pas”, se rappelle-t-il auprès de l’AFP.En 2005, il commence comme plongeur à Zango et gravit les échelons. Jusqu’à arriver à la tête de la cuisine. Deux ans après, il est régularisé: “Laurent [Frechet] m’a aidé, il m’a fourni les documents [nécessaires] et m’a donné la chance de monter, jusqu’à devenir chef”, explique M. Lamine avec fierté.- “Ce n’est pas assez” -Didier Roeckel, propriétaire du restaurant La Couronne, à Scherwiller (Bas-Rhin), a lui aussi aidé un employé à renouveler ses papiers.”Les gens de bonne volonté qui veulent travailler sont les bienvenus dans notre métier. Il faut tout simplement faciliter les choses”, affirme-t-il.Son établissement de 170 couverts sur la route des vins d’Alsace compte 25 employés à temps plein et une trentaine d’extras.”Notre métier a toujours fait partie des métiers en tension, mais ce n’était pas reconnu, ce qui était un peu dommage”, souligne M. Roeckel.La nouvelle liste doit permettre à des patrons ayant des difficultés à recruter de garder leurs employés et d’écarter le risque d’une condamnationLa nouvelle liste doit permettre à des patrons ayant des difficultés à recruter de garder leurs employés et d’écarter le risque d’une condamnation – l’emploi d’une personne en situation irrégulière est passible de 30.000 euros d’amende et cinq ans d’emprisonnement.Mais en ÃŽle-de-France, seul le métier de cuisinier y figure pour la restauration.”C’est incompréhensible”, s’étonne le propriétaire d’une grande brasserie parisienne près de la gare Saint-Lazare, à Paris. “On ne trouve pas de plongeurs ou de maîtres d’hôtel”, explique-t-il, installé sur une banquette chic de son établissement.”Donc l’inscription du métier de cuisinier sur la liste des métiers en tension est une avancée, mais ce n’est pas assez”, déplore ce gérant de près de 50 employés de dix nationalités différentes.Pour Benjamin Serra, co-gérant de sept restaurants italiens Prima répartis entre la côte basque et la région toulousaine et comptant 250 salariés, cette nouvelle liste “va dans le bon sens, mais ça ne va pas changer la donne.”D’autant que les métiers de la restauration exigent des compétences spécifiques, qu’il faut parfois transmettre aux nouveaux employés. “Est-ce que les gens qui arrivent sans papiers, est-ce que ces gens-là ont les compétences ? Est-ce qu’ils ont aussi le droit à la formation ? Ou est-ce qu’ils ont juste le droit de venir travailler ?”, s’interroge M. Serra. Selon France Travail, le besoin de main-d’oeuvre dans la restauration en 2025 est estimé à 336.000 emplois (CDI et CDD de plus de six mois) avec des “difficultés” de recrutement pour la moitié d’entre eux.Ayant déjà aidé un de ses employés, malien, à obtenir un titre de séjour au bout de plusieurs années de démarches, le restaurateur près de la gare Saint-Lazare salue tout de même la simplification du processus pour régulariser les travailleurs: “c’est déjà une bonne chose pour nous, et pour eux”.

Retour de l’électricité à Cannes et dans le Sud-Est après des actes de sabotage

Des actes de sabotage ont provoqué un black-out de plusieurs heures samedi sur une partie du Sud-Est de la France, et notamment à Cannes, au dernier jour du Festival dont la clôture se déroulera normalement selon les organisateurs.Peu avant 17H00, l’électricité a été rétablie pour l’ensemble des 160.000 foyers privés de courant, a annoncé le gestionnaire RTE.Cette panne massive a été provoquée, selon le préfet des Alpes-Maritimes Laurent Hottiaux, par des “actes graves de dégradations portant atteinte à l’intégrité des infrastructures électriques”.Dans la nuit, un incendie sur un poste électrique de très haute tension à Tanneron (Var) avait provoqué une première coupure dans le Var et les Alpes-Maritimes. Puis, à 10H00, c’est un pylône électrique situé à Villeneuve-Loubet (Alpes-maritimes) qui a subi des “dégradations majeures”, selon le préfet.Trois des quatre piliers d’un pylône de la ligne à haute tension alimentant la ville de Cannes “ont été sciés”, dans le cadre d'”un acte malveillant”, a précisé le procureur de Grasse Damien Savarzeix à l’AFP. “Tous les moyens sont mobilisés pour identifier, rechercher, interpeller et mettre à disposition de la justice les auteurs de ces actes”, a souligné dans un communiqué le préfet, précisant que la coupure a impacté “toutes les communes du littoral entre Antibes et le Var ainsi que des communes situées davantage dans les terres”.En dépit de la panne, la cérémonie de clôture du 78e festival de Cannes, prévue en fin d’après-midi, pourra se dérouler “dans des conditions normales”, avaient rapidement assuré les organisateurs, précisant que le Palais des Festivals avait “basculé sur un système d’alimentation électrique indépendant”.- Buffet froid -Néanmoins, des projections cannoises prévues au Cineum, un cinéma indépendant du Palais, ont dû être interrompues plus tôt dans la journée. D’autres projections ayant lieu au palais des Festivals avaient été suspendues une quinzaine de minutes dans la matinée.”Je viens de déjeuner au Carlton et ils sont très gentils, ils essaient de faire de leur mieux”, a raconté à l’AFP Melanie Palm, une touriste californienne. “Il n’y a pas d’électricité, donc la glace fond, il n’y a aucun moyen de nettoyer les assiettes et couverts, ils servent de la nourriture froide, il est impossible de servir certains plats !”.Les sapeurs-pompiers des Alpes-Maritimes ont recensé une centaine d’interventions mineures dans le département, principalement sur des pannes d’ascenseur. Les réseaux de télécommunication ont également été impactés par intermittence.La circulation de certains trains régionaux a également été perturbée, avec des suppressions de trains entre Grasse et Cannes et des retards entre Les Arcs et Antibes. Vers 14H30, l’électricité a repris en gare de Cannes, selon la SNCF.En milieu d’après midi, les feux de signalisation avaient été rétablis autour du Palais des festivals et les néons des commerces qui avaient dû rester fermés commençaient à se rallumer.Dans son restaurant libanais, situé à deux pas du Palais des Festivals et très prisé des festivaliers, Eva Ayach se lamentait en début d’après-midi: “Je n’ai eu aucune information, on est en train de perdre beaucoup d’argent car on a perdu le service du midi”. Plongé dans le noir, son restaurant servait pour le déjeuner uniquement des mezzes froids.”Le problème c’est au niveau des cartes bleues et des frigos”, s’inquiétait samedi matin Laurent Aboukrat, 36 ans,  patron de Jamin, un restaurant mediterranéen du centre de Cannes. disant à l’AFP craindre de devoir “tout jeter”.sc-jra-pel-vid-vxm-ngu-alc/ol

Avec son usine des Hautes-Pyrénées, l’espagnol CAF s’impose sur le marché du tramway

Après avoir remporté plusieurs gros contrats en France, l’industriel ferroviaire espagnol CAF progresse sur le marché français des tramways, en concurrençant Alstom, grâce à son usine de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées).”Quand on a des clients comme Marseille, Montpellier ou Tours, sur les tramways, on est désormais en première division. Donc il faut être au niveau de la première division des tramways en France”, a déclaré Alain Picard, le directeur de la filiale française du groupe espagnol.Après avoir connu des difficultés dans les années 1980 et 1990, CAF s’est relancé, d’abord en Amérique latine, a détaillé M. Picard, puis en Europe, où il réalise désormais la majeure partie de son chiffre d’affaires (11% en Espagne et 56% dans le reste du Vieux continent) qui s’établit pour 2024 à 4,2 milliards d’euros.En France, l’implantation du groupe Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles, dont le siège est à Beasain, au Pays basque espagnol, remonte à l’acquisition de l’usine de Bagnères-de-Bigorre entre 2008 et 2010.Ce site industriel, établi en 1862 par les menuiseries Soulé et depuis passé au secteur ferroviaire, est à l’époque moribond. En témoigne l’un de ses bâtiments qui semble aujourd’hui sur le point de s’effondrer — et va être détruit, confie Alain Picard.CAF a ensuite gagné quelques contrats importants: des rames de tramways à Nantes (2010), Besançon (2017) et Saint-Etienne (2017), les futurs Intercités Paris-Clermont et Paris-Toulouse (2019), la rénovation des trains du RER A (2020) et les nouveaux trains du RER B (avec Alstom).- “Persévérant” -Entre-temps, le groupe espagnol a encore accéléré en 2017 son développement en France, en acquérant pour 75 millions d’euros l’usine de Reichshoffen (Bas-Rhin), qu’Alstom devait céder pour obtenir le feu vert de Bruxelles à son rachat de Bombardier Transport.Le site alsacien, doté d’un bureau d’étude et d’environ 900 employés, est aujourd’hui l’une des trois “usines socles” de CAF, explique Alain Picard, avec celles de Beasain et Saragosse. Bagnères-de-Bigorre est quant à elle une “usine satellite” de celle de Saragosse, à quatre heures de route de là.Pour s’implanter en France, “il faut être persévérant”, ajoute le dirigeant. “Mais on y a cru et ce site revit.”CAF est désormais devenu le premier concurrent d’Alstom, qui jouit d’une position ultra dominante sur le marché ferroviaire français, mais a vu filer plusieurs contrats récents aux mains de son rival espagnol: Montpellier (224 millions) et Marseille (57 millions) en 2022, puis Tours en mars, dont le montant n’a pas été dévoilé.Ce succès s’accompagne toutefois d’une pression accrue: CAF accuse des retards de livraison, notamment concernant les rames du RER B et les trains Oxygène dédiés à la ligne Paris-Clermont de la SNCF.Le site de Bagnères doit donc suivre la cadence. “On nous a passé des commandes, il faut que les tramways que nous livrons le soient à temps et soient d’un niveau de qualité remarquable. Bagnères, c’est la vitrine du savoir-faire des tramways de CAF”, souligne M. Picard.Pour cela, le groupe basque a investi 10 millions d’euros sur le site de Bagnères-de-Bigorre et fait grimper les effectifs sur place de 80 à 223 employés en trois ans, afin de pouvoir multiplier les cadences par six.”Aujourd’hui, on monte en cadence, donc on est à un tramway à peu près par mois. On va passer, à la rentrée, à trois, quatre tramways par mois. Ce qui explique les investissements et les recrutements. Et là, ça va dépoter”, explique M. Picard.CAF attend désormais le résultat d’un appel d’offres de la ville de Grenoble et regarde sereinement vers l’avenir. “On est à peu près sûrs que les commandes repartiront après les municipales” de 2026, glisse Alain Picard.

Transport des malades: les taxis menacent de “durcir” le mouvement en cas d’échec de la réunion avec Bayrou

Les chauffeurs de taxis ont menacé de nouvelles actions de blocage, en attendant une réunion de leurs représentants samedi à 17H00 au ministère des Transports en présence de François Bayrou, pour tenter de trouver une issue au conflit qui dure depuis bientôt une semaine en raison d’une nouvelle convention régissant le transport de patients.”On demande le retrait immédiat de cette convention et on demande à retourner autour de la table des négociations”, a déclaré samedi sur France Info, Emmanuelle Cordier, présidente de la Fédération nationale des taxis (FNDT), sans quoi de nouveaux blocages sont à prévoir.”A partir de lundi”, en l’absence d’avancées, les aéroports parisiens de Roissy et Orly “vont être bloqués par les taxis et puis nous allons aussi nous occuper de Roland-Garros”, a déclaré Mme Cordier, le premier tour du tournoi de tennis démarrant dimanche.Aux abords du ministère des Transports, épicentre de la contestation, près duquel ils ont passé la nuit, avec des dizaines, voire quelques centaines de collègues, de nombreux chauffeurs tablaient samedi sur un “durcissement” du mouvement, en cas d’impasse.”Il va falloir continuer à montrer notre mécontentement de façon pacifique, mais avec des blocages de plus en plus durs”, a estimé Noël, chauffeur lyonnais de 60 ans, dont 21 ans de taxi.Si la réunion “ne répond pas aux attentes de tous les artisans qui sont ici”, il est possible que ce durcissement “démarre très tôt, dès l’issue de la réunion”, a estimé, entre deux jets de pétards et concerts d’avertisseurs, Bernard Crebassa, président de la Fédération nationale des artisans du taxi (FNAT).L’intersyndicale des taxis a lancé une mobilisation lundi pour protester contre ce projet qui prévoit une unification des tarifs, aujourd’hui hétérogènes selon les départements. Le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par l’Assurance maladie, puis un tarif kilométrique. Il est conçu pour dissuader les retours à vide ou les temps d’attente trop longs. Cette tarification doit entrer en vigueur le 1er octobre. L’objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (un bond de 45% depuis 2019).D’après le directeur général de l’Assurance maladie Thomas Fatôme, “la très grande majorité des taxis seront gagnants avec ce nouveau modèle, car il s’appuie sur une logique de transporter davantage de patients”.Le remboursement des transports de patients sur prescription est une activité essentielle dans le chiffre d’affaires de certains artisans-taxis.Parmi les manifestants, certains ont expliqué que la nouvelle grille tarifaire allait leur faire perdre une part substantielle de leur chiffre d’affaires. Yves Rubicondo, taxi à Pithiviers (Loiret) avec trois salariés, qui réalise 95% de son chiffre d’affaires avec l’Assurance maladie, pense perdre 25 à 30% de celui-ci.- Concurrence des VTC -Les taxis demandent le retrait de la convention de la CNAM et la nomination d’un médiateur. Mais le gouvernement a déjà assuré vendredi qu’il ne comptait “pas faire machine arrière”.Tout au long de la semaine, des milliers de taxis ont manifesté, participé à des opérations escargot ou mis en place des blocages près des gares et aéroports pour se faire entendre. Les organisations de taxis ont aussi pris pour cible les chauffeurs de VTC, qui travaillent avec des plateformes comme Uber ou Bolt, accusés de concurrence déloyale et de pratiques irrégulières.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a dans ses missions la régulation des taxis, a d’ailleurs demandé aux forces de l’ordre de renforcer les contrôles des véhicules avec chauffeur (VTC).Dans un télégramme adressé jeudi aux préfets et consulté par l’AFP, le ministre de l’Intérieur met en exergue des “incidents récurrents” des derniers mois qui “démontrent la tension entre les taxis et les conducteurs de VTC”.En cause, selon M. Retailleau, “des pratiques irrégulières de la part des VTC et la présence de faux professionnels sur la voie publique”.Le ministre a demandé que les forces de l’ordre utilisent trois nouvelles amendes forfaitaires délictuelles pour exercice illégal du métier de taxi, prise en charge sans réservation et défaut d’inscription au registre VTC.

Transport des malades: les taxis menacent de “durcir” le mouvement en cas d’échec de la réunion avec Bayrou

Les chauffeurs de taxis ont menacé de nouvelles actions de blocage, en attendant une réunion de leurs représentants samedi à 17H00 au ministère des Transports en présence de François Bayrou, pour tenter de trouver une issue au conflit qui dure depuis bientôt une semaine en raison d’une nouvelle convention régissant le transport de patients.”On demande le retrait immédiat de cette convention et on demande à retourner autour de la table des négociations”, a déclaré samedi sur France Info, Emmanuelle Cordier, présidente de la Fédération nationale des taxis (FNDT), sans quoi de nouveaux blocages sont à prévoir.”A partir de lundi”, en l’absence d’avancées, les aéroports parisiens de Roissy et Orly “vont être bloqués par les taxis et puis nous allons aussi nous occuper de Roland-Garros”, a déclaré Mme Cordier, le premier tour du tournoi de tennis démarrant dimanche.Aux abords du ministère des Transports, épicentre de la contestation, près duquel ils ont passé la nuit, avec des dizaines, voire quelques centaines de collègues, de nombreux chauffeurs tablaient samedi sur un “durcissement” du mouvement, en cas d’impasse.”Il va falloir continuer à montrer notre mécontentement de façon pacifique, mais avec des blocages de plus en plus durs”, a estimé Noël, chauffeur lyonnais de 60 ans, dont 21 ans de taxi.Si la réunion “ne répond pas aux attentes de tous les artisans qui sont ici”, il est possible que ce durcissement “démarre très tôt, dès l’issue de la réunion”, a estimé, entre deux jets de pétards et concerts d’avertisseurs, Bernard Crebassa, président de la Fédération nationale des artisans du taxi (FNAT).L’intersyndicale des taxis a lancé une mobilisation lundi pour protester contre ce projet qui prévoit une unification des tarifs, aujourd’hui hétérogènes selon les départements. Le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par l’Assurance maladie, puis un tarif kilométrique. Il est conçu pour dissuader les retours à vide ou les temps d’attente trop longs. Cette tarification doit entrer en vigueur le 1er octobre. L’objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (un bond de 45% depuis 2019).D’après le directeur général de l’Assurance maladie Thomas Fatôme, “la très grande majorité des taxis seront gagnants avec ce nouveau modèle, car il s’appuie sur une logique de transporter davantage de patients”.Le remboursement des transports de patients sur prescription est une activité essentielle dans le chiffre d’affaires de certains artisans-taxis.Parmi les manifestants, certains ont expliqué que la nouvelle grille tarifaire allait leur faire perdre une part substantielle de leur chiffre d’affaires. Yves Rubicondo, taxi à Pithiviers (Loiret) avec trois salariés, qui réalise 95% de son chiffre d’affaires avec l’Assurance maladie, pense perdre 25 à 30% de celui-ci.- Concurrence des VTC -Les taxis demandent le retrait de la convention de la CNAM et la nomination d’un médiateur. Mais le gouvernement a déjà assuré vendredi qu’il ne comptait “pas faire machine arrière”.Tout au long de la semaine, des milliers de taxis ont manifesté, participé à des opérations escargot ou mis en place des blocages près des gares et aéroports pour se faire entendre. Les organisations de taxis ont aussi pris pour cible les chauffeurs de VTC, qui travaillent avec des plateformes comme Uber ou Bolt, accusés de concurrence déloyale et de pratiques irrégulières.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a dans ses missions la régulation des taxis, a d’ailleurs demandé aux forces de l’ordre de renforcer les contrôles des véhicules avec chauffeur (VTC).Dans un télégramme adressé jeudi aux préfets et consulté par l’AFP, le ministre de l’Intérieur met en exergue des “incidents récurrents” des derniers mois qui “démontrent la tension entre les taxis et les conducteurs de VTC”.En cause, selon M. Retailleau, “des pratiques irrégulières de la part des VTC et la présence de faux professionnels sur la voie publique”.Le ministre a demandé que les forces de l’ordre utilisent trois nouvelles amendes forfaitaires délictuelles pour exercice illégal du métier de taxi, prise en charge sans réservation et défaut d’inscription au registre VTC.

Transport des malades: les taxis menacent de “durcir” le mouvement en cas d’échec de la réunion avec Bayrou

Les chauffeurs de taxis ont menacé de nouvelles actions de blocage, en attendant une réunion de leurs représentants samedi à 17H00 au ministère des Transports en présence de François Bayrou, pour tenter de trouver une issue au conflit qui dure depuis bientôt une semaine en raison d’une nouvelle convention régissant le transport de patients.”On demande le retrait immédiat de cette convention et on demande à retourner autour de la table des négociations”, a déclaré samedi sur France Info, Emmanuelle Cordier, présidente de la Fédération nationale des taxis (FNDT), sans quoi de nouveaux blocages sont à prévoir.”A partir de lundi”, en l’absence d’avancées, les aéroports parisiens de Roissy et Orly “vont être bloqués par les taxis et puis nous allons aussi nous occuper de Roland-Garros”, a déclaré Mme Cordier, le premier tour du tournoi de tennis démarrant dimanche.Aux abords du ministère des Transports, épicentre de la contestation, près duquel ils ont passé la nuit, avec des dizaines, voire quelques centaines de collègues, de nombreux chauffeurs tablaient samedi sur un “durcissement” du mouvement, en cas d’impasse.”Il va falloir continuer à montrer notre mécontentement de façon pacifique, mais avec des blocages de plus en plus durs”, a estimé Noël, chauffeur lyonnais de 60 ans, dont 21 ans de taxi.Si la réunion “ne répond pas aux attentes de tous les artisans qui sont ici”, il est possible que ce durcissement “démarre très tôt, dès l’issue de la réunion”, a estimé, entre deux jets de pétards et concerts d’avertisseurs, Bernard Crebassa, président de la Fédération nationale des artisans du taxi (FNAT).L’intersyndicale des taxis a lancé une mobilisation lundi pour protester contre ce projet qui prévoit une unification des tarifs, aujourd’hui hétérogènes selon les départements. Le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par l’Assurance maladie, puis un tarif kilométrique. Il est conçu pour dissuader les retours à vide ou les temps d’attente trop longs. Cette tarification doit entrer en vigueur le 1er octobre. L’objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (un bond de 45% depuis 2019).D’après le directeur général de l’Assurance maladie Thomas Fatôme, “la très grande majorité des taxis seront gagnants avec ce nouveau modèle, car il s’appuie sur une logique de transporter davantage de patients”.Le remboursement des transports de patients sur prescription est une activité essentielle dans le chiffre d’affaires de certains artisans-taxis.Parmi les manifestants, certains ont expliqué que la nouvelle grille tarifaire allait leur faire perdre une part substantielle de leur chiffre d’affaires. Yves Rubicondo, taxi à Pithiviers (Loiret) avec trois salariés, qui réalise 95% de son chiffre d’affaires avec l’Assurance maladie, pense perdre 25 à 30% de celui-ci.- Concurrence des VTC -Les taxis demandent le retrait de la convention de la CNAM et la nomination d’un médiateur. Mais le gouvernement a déjà assuré vendredi qu’il ne comptait “pas faire machine arrière”.Tout au long de la semaine, des milliers de taxis ont manifesté, participé à des opérations escargot ou mis en place des blocages près des gares et aéroports pour se faire entendre. Les organisations de taxis ont aussi pris pour cible les chauffeurs de VTC, qui travaillent avec des plateformes comme Uber ou Bolt, accusés de concurrence déloyale et de pratiques irrégulières.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a dans ses missions la régulation des taxis, a d’ailleurs demandé aux forces de l’ordre de renforcer les contrôles des véhicules avec chauffeur (VTC).Dans un télégramme adressé jeudi aux préfets et consulté par l’AFP, le ministre de l’Intérieur met en exergue des “incidents récurrents” des derniers mois qui “démontrent la tension entre les taxis et les conducteurs de VTC”.En cause, selon M. Retailleau, “des pratiques irrégulières de la part des VTC et la présence de faux professionnels sur la voie publique”.Le ministre a demandé que les forces de l’ordre utilisent trois nouvelles amendes forfaitaires délictuelles pour exercice illégal du métier de taxi, prise en charge sans réservation et défaut d’inscription au registre VTC.

Face aux troubles alimentaires, le long et sinueux chemin de la guérison

Lucie dit que l’anorexie lui a fait “perdre forme humaine”. Elle a aussi plaqué sur son visage un “sourire de façade”, qui depuis des années masque ses batailles, raconte la jeune femme à l’hôpital de jour nantais où elle soigne ses troubles alimentaires.Pendant huit ans, elle a cherché à contrôler son poids, son corps, et maigri jusqu’à “perdre pied”. “C’est la perte d’une forme humaine, de l’énergie, de la vie. À un moment, on perd la vie. C’est ce qu’elle amène, cette maladie”, raconte la jeune femme de 31 ans, chemisier sans manche et cheveux chatains. Hospitalisée en 2020, elle est désormais suivie à l’espace Barbara, centre de soins ambulatoires en addictologie du CHU de Nantes, qui prévoit entre autres consultations psychiatriaques, thérapies familiales, repas thérapeutiques et ateliers créatifs. Installée sur un siège turquoise, Cléo, 18 ans, explique que la maladie a “tout pris”. “Elle dicte nos faits et gestes, devient notre identité”, décrit-elle.Jusqu’au déclic provoqué par son hospitalisation à 14 ans, l’adolescente n’avait “pas conscience de la maladie”. “Quand mon médecin me disait que j’étais malade, je ne le croyais pas. Je partais en lui disant ce qu’il voulait entendre, persuadée que je contrôlais la situation”, raconte Cléo. Les jeunes patientes ont en commun l’expérience du déni et de la dépréciation du corps et de soi, qui ont accompagné leurs troubles des conduites alimentaires (TCA). – “culture du régime” – Environ 80 patientes sont aujourd’hui suivies à l’espace Barbara, pour des parcours de soin de plusieurs mois. Il faut aujourd’hui patienter environ quatre mois pour une première consultation. La demande à Nantes a augmenté de plus de 30% en trois ans, note le CHU, une tendance nationale. En France, près d’un million de personnes souffrent de TCA, selon la Fédération française Anorexie Boulimie, plus particulièrement des jeunes femmes. “Des structures comme celle-là, il y en a peut-être cinq en France, sans compter les hôpitaux temps-plein. Dans les endroits où il n’y a rien, les patients restent d’autant plus souvent dans la nature”, explique le docteur Bruno Rocher, psychiatre responsable de l’espace Barbara. Parmi les explications “probables” à l’augmentation des demandes de consultation, il pointe les effets du confinement et la place des réseaux sociaux dans la vie des adolescents. Sur TikTok, les injonctions à contrôler et à réduire son alimentation pullulent sous le hashtag #skinnytok. “Tu n’es pas moche, tu es juste grosse”, “Ton estomac ne gargouille pas, il t’applaudit”, ânonnent des utilisatrices. La France et la Belgique ont récemment alerté l’Union européenne sur le danger de ces contenus.Sur l’écran de son téléphone, Cléo a vu apparaître de plus en plus de vidéos promouvant la “culture du régime”, filmées par “la +clean girl+, vie parfaite, joli corps, sport, bonne alimentation… On se dit +moi aussi je peux le faire+, et puis ça va beaucoup trop loin”, retrace-t-elle. “C’est sur les réseaux mais plus largement dans la société. On veut être mince, on devient maigre, extrêmement maigre. On pense que ça nous donnera une vie parfaite. Alors que derrière, il y a une maladie, et à un moment donné, une chute”, renchérit Julia, 19 ans. – “lâcher-prise” -A midi, les patientes partagent un “repas thérapeutique”, après lequel il leur est demandé de se reposer. Un soignant s’installe systématiquement à table. “Ce n’est pas que de la surveillance, c’est aussi pour amener de l’échange autour des repas, leur faire lever le nez de leur assiette. C’est un enjeu pour elles que de manger des choses qu’elles n’ont pas vues préparer, sans maîtriser par exemple l’usage de matière grasse”, explique Katia Drouet, infirmière. “Ici, elles se confrontent à ce qui leur fait peur: l’alimentation, l’émotion, le lâcher-prise”, poursuit-elle. Les parcours sont parfois sinueux, une hospitalisation, un accompagnement, une rechute, un nouveau parcours de soin…Après avoir été confrontée “de force” au corps médical il y a sept ans, Camille, 24 ans, a repris du poids, trouvé une “certaine stabilité”. Puis son trouble a refait surface, sous une “autre tournure”. A l’espace Barbara, les patientes doivent se fixer trois objectifs à atteindre tous les trois mois, dont l’un au moins concerne leur alimentation.”Et puis il y a les autres aspects: par exemple, on m’a suggéré de travailler sur le sourire de façade: arriver à ne pas sourire si ça ne va pas”, explique Lucie, dans un sourire fugace. Pour elle, “la peur de la nourriture n’est que la partie émergée de l’iceberg”. 

Battue, agressée sexuellement, couverte d’excréments: une militante ougandaise raconte la torture en Tanzanie

Dénudée, battue au point de ne pouvoir marcher, agressée sexuellement, couverte d’excréments: la militante ougandaise Agather Atuhaire, retrouvée vendredi après avoir été enlevée plusieurs jours en Tanzanie, a raconté à l’AFP les tortures qu’elle dit avoir subies dans ce pays critiqué pour sa répression politique.Cette activiste des droits humains, avocate et journaliste indépendante, lauréate l’an dernier d’un prix international des Femmes de courage reçu des mains de l’ex-Première dame américaine Jill Biden, avait été arrêtée lundi en même temps que le militant kényan Boniface Mwangi à Dar es Salaam, capitale économique tanzanienne.Tous deux étaient venus soutenir le chef de l’opposition tanzanienne Tundu Lissu, qui comparaissait devant la justice pour trahison, des poursuites passibles de la peine de mort.Alors que M. Mwangi a été trouvé jeudi au bord d’une route du nord de la Tanzanie, près de la frontière kényane, Agather Atuhaire explique avoir été déposée vendredi au petit matin par des agents tanzaniens près de la frontière ougandaise. “Ce qui s’est passé en Tanzanie reste en Tanzanie”, s’est-elle entendu dire. “Nous avons des vidéos de toi.”Des vidéos montrant les sévices qu’elle narre avoir subies la nuit de leur arrestation. D’abord “ils ont fait sortir Boni (Boniface Mwangi) de la voiture. Ils ont monté le volume de la radio, qui passait des chansons sur Jésus, du gospel (pour couvrir ses cris). Puis ils ont commencé à le frapper. Il hurlait”, narre-t-elle.Vient ensuite le tour d’Agather Atuhaire, qui explique avoir été dénudée, les mains menottées à ses chevilles, comme semblent le prouver des croûtes sur ses avant-bras et jambes. L’un des agents tanzaniens frappe alors “de toutes ses forces” la plante de ses pieds, tandis qu’un autre introduit quelque chose dans son anus, se souvient-elle.- “Supplice” -“Je ne me souviens plus quelle douleur était la pire. Elles étaient terribles simultanément”, ajoute cette farouche critique du régime – qu’elle qualifie de “criminel” – du président ougandais Yoweri Museveni, arrivé au pouvoir en 1986, deux ans avant sa naissance.Elle raconte également avoir eu le corps couvert d’excréments durant son “supplice”.Des scènes toujours filmées, “pour humilier, instiller la peur, mais aussi vous réduire au silence”, analyse-t-elle. “Mais je ne suis pas ce genre de victime. Ils se sont trompés sur moi. Ce n’est pas à moi d’avoir honte”.Contacté pour commentaire, le gouvernement tanzanien n’avait pas répondu à l’AFP samedi à la mi-journée. Lundi, jour de l’arrestation d’Agather Atuhaire et Boniface Mwangi, la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, candidate à sa réélection en 2027, avait demandé à ses forces de sécurité d’interdire le pays aux “activistes” étrangers “mal élevés” qui tentent de “s’ingérer dans nos affaires”. “Nous ne devons permettre à personne, de l’intérieur ou l’extérieur (de la Tanzanie), de venir ici et de nous perturber”, avait-elle averti. Le lendemain de cette harangue présidentielle, après une nuit de souffrances, alors qu’elle ne “peut plus poser les pieds par terre” à cause des coups reçus, Agather Atuhaire reçoit l’ordre se “mettre debout, faire de l’exercice, sauter”. “J’ai entendu Boni hurler alors qu’ils le forçaient à faire cela.”Les jours suivants, jusqu’à sa libération, la militante assure avoir toujours eu les yeux bandés, constamment dans l’angoisse de ce qui pourrait encore lui arriver.- “Traités pire que des chiens” -“Nous avons tous deux été traités pire que des chiens, enchaînés, les yeux bandés, et avons subi des tortures vraiment horribles”, a confirmé Boniface Mwangi, qui peinait à marcher jeudi à son retour à Nairobi. “La situation en Tanzanie est très mauvaise. Je pense que ce qui nous est arrivé est ce qui arrive à tous les activistes tanzaniens”, a-t-il dénoncé devant la presse devant un aéroport de la capitale kényane.L’opposition tanzanienne et les ONG de défense des droits humains dénoncent la répression politique de l’exécutif. Principal adversaire de Mme Hassan pour la présidentielle de 2027, Tundu Lissu a été arrêté et inculpé début avril pour trahison pour ses “incitations à bloquer les élections”, selon la police. Ses partisans dénoncent des accusations politiques.Le parti de M. Lissu a également été exclu des prochaines scrutins, après avoir refusé de signer un nouveau “code de conduite électoral” qui selon lui n’incluait pas les réformes qu’il exigeait.Agather Atuhaire veut, elle, déposer plainte contre la Tanzanie pour les tortures subies.”Pour moi, la justice, le besoin de justice, dépasse tout, y compris un sentiment de honte que je ne ressens même pas”, a-t-elle assuré à l’AFP.”Bien sûr, c’est difficile. J’ai des douleurs physiques. Je suis sûre que je devrai composer avec la souffrance mentale, psychologique. Mais je ne donnerai à personne, à aucun de ces meurtriers, de ces organisations criminelles que nous avons pour gouvernements, le plaisir” de la voir brisée, a-t-elle lancé.Samedi, le département d’État américain, “profondément préoccupé”, a demandé “une enquête immédiate et approfondie sur les allégations de violations des droits humains” subies par Agather Atuhaire et Boniface Mwangui.