AFP Business

Pétrole: dernière salve de l’Opep+ attendue avant une pause

C’est devenu un rendez-vous mensuel: en pleine reconquête de parts de marché, Ryad, Moscou et six autres producteurs de pétrole de l’Opep+ se réunissent dimanche pour, selon toute attente, augmenter une nouvelle fois leurs quotas.La rencontre des huit ministres de l’Energie, prévue en ligne, doit fixer l’objectif pour septembre et parachever une série de hausses entamée en avril.Début juillet, ils avaient déjoué les pronostics en accélérant le rythme à 548.000 barils par jour (b/j), contre 411.000 les mois précédents. Ils devraient poursuivre sur cette cadence, de l’avis des analystes interrogés par l’AFP.Cette hausse est “largement prise en compte dans les prix”, selon Giovanni Staunovo d’UBS, qui ne prévoit pas de remous à la réouverture des marchés lundi. Le cours du Brent, référence mondiale, évolue actuellement autour de 70 dollars. On est loin des sommets à 120 dollars atteints au printemps 2022 à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine mais l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) préfèrent désormais se concentrer sur la reconquête du terrain.Ils ont opéré ce tournant ces dernières mois après avoir longtemps lutté contre l’érosion des prix en organisant une raréfaction de l’offre via plusieurs coupes de production.C’est l’une d’elles, de 2,2 millions de barils par jour consentie par l’Arabie saoudite, la Russie, l’Irak, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l’Algérie et Oman qui est actuellement réintroduite sur le marché. – “Trouver un équilibre” -Une hausse de 548.000 b/j signerait le retour complet de cette tranche, avant des horizons plus incertains.”Notre scénario de base parie sur le fait que le groupe marquera ensuite une pause dans ses hausses”, avance Warren Patterson, chez ING. Les prix de l’or noir ont mieux résisté que ce qu’avaient anticipé les observateurs au début de la réouverture des vannes en avril, soutenus par une demande estivale traditionnellement forte et une prime de risque géopolitique élevée, notamment depuis la guerre entre l’Iran et Israël. De plus, entre mars et juin, l’augmentation effective de la production a été moindre que celle des quotas affichés sur la même période, soulignait récemment M. Staunovo dans une note.Mais “le marché devrait connaître un excédent (d’offre de pétrole) important à partir du quatrième trimestre de cette année, et l’Opep+ devra veiller à ne pas aggraver cet excédent”, juge M. Patterson.”L’alliance s’efforce de trouver un équilibre entre regagner des parts de marché et éviter une chute brutale des cours du pétrole” afin de ne pas faire fondre ses bénéfices, ajoute Tamas Varga, de PVM. L’Arabie saoudite, son membre le plus influent, compte particulièrement sur la rente pétrolière pour financer ses projets d’investissement et de modernisation du pays. Pour l’instant, le retour des autres coupes de production (environ 3,7 millions b/j) doit être discuté lors de la prochaine réunion ministérielle de l’Opep+ fin novembre, avec cette fois l’ensemble des 22 membres. – Environnement instable -Bousculé du côté de la demande par la politique commerciale erratique menée par Donald Trump et du côté de l’offre par les tumultes géopolitiques mondiaux qui menacent l’approvisionnement, l’avenir du marché pétrolier est difficile à prédire pour les experts. Dernier rebondissement en date, le président américain a donné mardi un délai de “dix jours” à Moscou pour mettre un terme au conflit en Ukraine, sous peine de sanctions américaines contre la Russie.”Nous allons imposer des droits de douane et d’autres choses”, a averti le milliardaire républicain, qui avait précédemment évoqué une surtaxe indirecte de 100% sur les pays qui achètent des produits russes, notamment des hydrocarbures, afin d’assécher les revenus de Moscou.Le locataire de la Maison Blanche a notamment ciblé l’Inde, deuxième importateur de barils russes avec environ 1,6 million barils quotidiens depuis le début de l’année. Cela pourrait inciter l’Opep+ à poursuivre son offensive. Mais elle “ne réagira qu’en cas de perturbations réelles de l’offre”, estime Giovanni Staunovo.

La Turquie a commencé à fournir du gaz naturel azerbaïdjanais à la Syrie

La Turquie a commencé samedi, comme annoncé, à fournir du gaz naturel en provenance d’Azerbaïdjan à la Syrie, dont l’infrastructure a été ravagée par une longue guerre civile. Le nouveau pouvoir islamiste syrien, qui a renversé Bachar al-Assad en décembre 2024, cherche à reconstruire le pays, ravagé par près de 14 années de guerre civile et où les coupures de courant peuvent durer plus de 20 heures par jour.Le lancement samedi de l’exportation du gaz naturel d’Azerbaïdjan vers Alep via Kilis, dans la province du même nom située au sud-est de la Turquie, près de la frontière syrienne, avait été annoncé en milieu de semaine par le ministre turc de l’Énergie Alparslan Bayraktar. S’exprimant lors d’une cérémonie à Kilis samedi, à laquelle ont assisté les ministre syrien de l’Énergie, le ministre de l’Économie de l’Azerbaïdjan ainsi que le directeur du fonds de développement du Qatar, M. Bayraktar a déclaré que cette initiative contribuerait à un retour à la normale en Syrie.”Dans la phase initiale, jusqu’à deux milliards de mètres cubes de gaz naturel par an pourraient être exportés vers la Syrie”, a-t-il déclaré.Damas a précisé que le gaz serait utilisé pour produire de l’électricité. “Le gaz permettra d’activer une centrale électrique d’une capacité d’environ 1.200 mégawatts, répondant aux besoins en électricité d’environ cinq millions de foyers et apportant une contribution significative à la normalisation de la vie quotidienne en Syrie”, a expliqué M. Bayraktar.”Nous acheminons le gaz naturel jusqu’à Alep, et d’Alep à Homs. Cela permettra de remettre en service les centrales électriques de la zone dans un avenir proche”, a-t-il ajouté. Cette initiative s’inscrit dans le programme qatari visant à financer l’approvisionnement en gaz pour la production d’électricité en Syrie, dont une première phase a été lancée en mars via la Jordanie et a permis de fournir 400 mégawatts d’électricité par jour.

Trump renvoie la cheffe des statistiques après de mauvais chiffres de l’emploi

Donald Trump a demandé vendredi le renvoi de la cheffe de la principale agence de statistiques économiques des Etats-Unis après la publication de mauvais chiffres de l’emploi, une annonce qui a stupéfié certains économistes et scandalisé ses opposants. “Je viens d’apprendre que les +chiffres de l’emploi+ de notre pays sont réalisés par une personne nommée par Joe Biden, Dr. Erika McEntarfer, (…) qui a truqué les chiffres de l’emploi avant l’élection pour augmenter les chances de victoire de Kamala” (Harris, sa rivale à la dernière élection présidentielle), a affirmé le chef de l’Etat sur sa plateforme Truth Social.”J’ai demandé à mon équipe de renvoyer cette personne (…), IMMEDIATEMENT. Elle sera remplacée par quelqu’un de beaucoup plus compétent et qualifié”, a-t-il ajouté.Dans un deuxième message, Donald Trump a dénoncé des chiffres, selon lui, “TRUQUES pour donner une mauvaise image des républicains et de MOI-MEME”, sans avancer de preuves de cette manipulation.Plus tard, lors d’un échange avec la presse, il a lancé: “Nous avons besoin de personnes à qui nous pouvons faire confiance”, puis a à nouveau accusé la responsable d’avoir gonflé les chiffres dans le passé au profit de la précédente administration, celle du démocrate Joe Biden.Erika McEntarfer est la commissaire du Bureau fédéral des statistiques, un organisme qui publie les chiffres de référence sur l’emploi, la productivité et les prix aux Etats-Unis. “Le renvoi totalement infondé d’Erika McEntarfer, qui m’a succédé, est un précédent dangereux et sape la mission du Bureau”, a critiqué son prédécesseur à ce poste, William Beach, sur X, qui avait officié pendant le précédent mandat de Donald Trump.- “Pays autoritaires” -“Renvoyer la responsable d’une agence gouvernementale stratégique parce que vous n’aimez pas les chiffres qu’elle produit (…) c’est ce qui arrive dans des pays autoritaires, pas dans des pays démocratiques”, a dénoncé Larry Summers, ancien ministre des Finances du président démocrate Bill Clinton puis conseiller de Barack Obama, sur la même plateforme.”Il nous faut des économistes sérieux dans ces positions, pas des laquais qui vous diront ce que vous voulez entendre”, a protesté le sénateur de gauche Bernie Sanders à l’attention de Donald Trump, également sur X.La fédération américaine d’économistes NABE a quant à elle “fermement condamné” ce renvoi. “Les révisions importantes des chiffres de l’emploi ces dernières années ne reflètent pas une manipulation, mais plutôt la diminution des ressources allouées aux agences statistiques”, a-t-elle indiqué dans un communiqué.Vendredi matin, le rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis a surpris en peignant un tableau plus sombre qu’attendu de l’état du marché du travail, à l’heure où les experts prédisent un ralentissement sous l’effet de l’offensive douanière du président américain.En particulier, le nombre d’emplois censés avoir été créés pendant les mois de mai et de juin a été fortement révisé à la baisse. Les chiffres corrigés (19.000 en mai et 14.000 en juin) s’affichent ainsi au plus bas depuis la pandémie de Covid-19.Les corrections sont “bien supérieures à la normale”, est-il relevé dans le rapport. Ce sont 258.000 créations d’emplois qui se sont évaporées des statistiques sur ces deux mois.Ce rapport “change la donne” en montrant que “le marché du travail se détériore rapidement”, selon l’économiste de la banque Navy Federal Credit Union, Heather Long.- Démission à la Fed -Les chiffres mettent à mal le discours triomphaliste de Donald Trump sur l’économie américaine, alors que plusieurs sondages font état d’une baisse de sa cote de confiance.Il ne cesse d’affirmer que l’économie est rugissante, tout en appelant avec insistance la banque centrale des Etats-Unis (Fed) à la soutenir davantage en diminuant les taux d’intérêt.Plus tôt dans la semaine, la Réserve fédérale a encore préféré laisser ses taux inchangés pour la cinquième fois de suite, une décision marquée par la rare opposition de deux gouverneurs.Une autre gouverneure, Adriana Kugler, a elle annoncé sa démission vendredi, et le président américain s’est dit “très heureux” de pouvoir ainsi faire entrer une nouvelle personne au comité fixant les taux d’intérêt, pendant un échange avec des journalistes.Il a ensuite écrit sur son réseau Truth Social que le patron de la Fed Jerome Powell, qu’il n’a de cesse d’accabler, “devrait démissionner” lui aussi.

Les droits de douane de Trump fâchent les marchés, des pays espèrent encore des ristournes

L’officialisation des nouveaux droits de douane américains a fait tanguer les Bourses vendredi, inquiètes pour l’avenir, même si le report de leur application au 7 août conduit plusieurs pays à négocier jusqu’au dernier moment avec Donald Trump pour éviter des surtaxes trop importantes.En souhaitant “restructurer le commerce mondial au bénéfice des salariés américains” par des droits de douane allant de 10% à 41% à l’encontre de quelque 70 partenaires commerciaux, Washington plonge une nouvelle fois l’économie mondiale dans une grande incertitude.Si certains pays asiatiques se félicitent des accords trouvés, d’autres, comme la Suisse, sont encore sous le choc de ces nouvelles barrières commerciales parfois prohibitives.Les marchés financiers ont mal réagi vendredi à cette nouvelle donne. Les places européennes ont clôturé en forte baisse, avec par exemple Paris à -2,91%. Wall Street s’inscrivait dans la même dynamique, terminant la séance en baisse pour ses trois indices.Les Bourses s’inquiètent de plus en plus des effets sur l’économie, notamment américaine, alors même qu’un nouveau signe de ralentissement est apparu vendredi, avec un taux de chômage en légère hausse en juillet, à 4,2%, et des embauches qui ralentissent plus qu’attendu, ce qui a aussi pesé sur les marchés américains.Donald Trump, partisan d’un protectionnisme décomplexé, a signé jeudi soir le décret d’application des droits de douane en accordant un répit de quelques jours.Ces nouvelles taxes sur les importations prendront effet, pour l’essentiel des pays, le 7 août, et non ce vendredi 1er août comme attendu initialement, afin de permettre aux douanes de s’organiser pour leur collecte, assure la Maison Blanche.Ce report offre aussi une fenêtre pour d’ultimes pourparlers, veulent croire plusieurs pays. – La Suisse surprise, pas l’UE -L’Afrique du Sud est ainsi engagée dans des “négociations intensives”, a déclaré son président, Cyril Ramaphosa, face aux 30% imposés par Washington qui menacent, selon la banque centrale du pays, 100.000 emplois.Taïwan, avec son industrie des puces électroniques, est frappé d’une surtaxe de 20% mais “s’efforcera d’obtenir un niveau raisonnable de droits de douane”, a déclaré son président Lai Ching-te.La Suisse a elle été surprise par une surtaxe de 39% sur ses produits importés aux États-Unis, un chiffre bien supérieur à celui qui frappe l’Union européenne. Son gouvernement, malgré son “grand regret”, “aspire toujours à trouver une solution négociée”.Pour d’autres pays, pas de surprise. La surtaxe affichée dans le décret est celle obtenue après des mois de négociations avec Washington, qui a cherché à obtenir d’eux le plus de concessions possibles, sans subir de représailles.L’Union européenne (UE), le Japon ou la Corée du Sud voient ainsi leurs produits taxés à hauteur de 15%, et le Royaume-Uni de 10%.- Mesure politique -De nombreux secteurs s’inquiètent. En Allemagne, celui de la bière, déjà en perte de vitesse, craint pour ses exportations, qui représentent près d’un cinquième des ventes. En France, la filière viticole anticipe jusqu’à un milliard d’euros de perte en chiffre d’affaires et appelle la Commission européenne à poursuivre les négociations, dans l’espoir d’être exempté de cette surtaxe.La Chine, en négociations avec les États-Unis pour prolonger leur trêve commerciale courant jusqu’au 12 août, a dénoncé vendredi un protectionnisme qui nuit à “toutes les parties”.Ces droits de douane sont aussi un moyen de pression politique pour Donald Trump. Le Brésil, coupable aux yeux du locataire de la Maison Blanche de poursuivre en justice son allié d’extrême droite, l’ancien président Jair Bolsonaro, va voir ses produits entrant aux États-Unis taxé à 50%.Quant au Canada, le voisin et allié de Washington, il a appris jeudi soir que les droits de douane appliqués à ses produits allaient passer de 25% à 35% dès ce vendredi, sauf s’ils sont couverts par l’accord de libre-échange entre les trois pays d’Amérique du Nord (ACEUM). Ces derniers représentent cependant l’immense majorité des produits canadiens entrant aux Etats-Unis, ce qui atténue fortement le choc potentiel qu’aurait pu provoquer cette surtaxe.Le Mexique a de son côté obtenu un sursis de 90 jours.Certains semblent néanmoins satisfaits des accords conclus, comme le Bangladesh, la Malaisie ou la Thaïlande, où le gouvernement parle d’une “approche gagnant-gagnant”.

USA: Tesla condamné à payer 242 millions de dollars pour un accident mortel lié à la conduite autonome

Le constructeur automobile américain Tesla a été jugé vendredi partiellement responsable d’un accident mortel survenu en avril 2019 en Floride ayant impliqué l’un de ses véhicules, une Model S, disposant de l’option “Autopilot”, selon un avocat des plaignants.Les huit membres d’un jury populaire ont décidé vendredi, à l’issue d’un procès devant un tribunal civil fédéral de Miami (Floride), d’attribuer aux plaignants une indemnisation totale de 328 millions de dollars, a expliqué à l’AFP Darren Jeffrey Rousso, du cabinet Rousso Boumel, qui représentait des ayant-droits.Il a expliqué que le jury avait fixé les dommages relevant de Tesla à 200 millions de dollars.Les jurés ont également attribué 59 millions de dollars aux ayant-droits de Naibel Benavides Leon et 69 millions à son petit-ami Dillon Angulo, au titre du préjudice pour souffrances endurées. Deux tiers de cette somme sont à la charge de l’auteur du sinistre et un tiers revient à Tesla.Ces éléments ont été confirmés par la base de données des décisions judiciaires des tribunaux fédéraux américains.Le groupe d’Austin (Texas) devrait au final être redevable de 242 millions de dollars, a expliqué M. Rousso.”Justice a été rendue. Le jury a entendu toutes les preuves et a abouti à un verdict juste et équitable pour nos clients”, a-t-il estimé.D’après la plainte déposée contre Tesla en avril 2021, le SUV Chevrolet Tahoe dans lequel le couple circulait le 25 avril 2019 à Key Largo (Floride) a été percuté à pleine vitesse par la Model S faute d’avoir été repéré par le dispositif d’aide à la conduite “Autopilot”.La jeune femme, âgée de 22 ans au moment de son décès, a été propulsée sur plusieurs dizaines de mètres, poursuit la plainte. Dillon Angulo a été blessé, mais aucun détail sur son état n’est disponible à ce stade.”Le verdict d’aujourd’hui est une erreur et ne fait que provoquer un retour en arrière de la sécurité automobile et menace les efforts de Tesla et de l’industrie (automobile) dans son ensemble pour concevoir et mettre en oeuvre une technologie qui sauve des vies”, a réagi le constructeur dans une déclaration transmise à l’AFP.Il a affirmé avoir l’intention de faire appel “étant données les importantes erreurs et irrégularités juridiques lors du procès”.Le jury “a conclu que le conducteur était très largement responsable du tragique accident” mais les éléments du dossier “ont prouvé que ce conducteur était seul responsable parce qu’il roulait en excès de vitesse, avec le pied sur l’accélérateur – ce qui a désactivé Autopilot – tandis qu’il cherchait à récupérer le téléphone qu’il avait fait tomber et sans avoir les yeux sur la rue”, a argué Tesla.”Aucune voiture en 2019, et aucune actuellement, n’aurait pu éviter l’accident”, a martelé le constructeur.”C’est une fiction concoctée par les avocats des plaignants de blâmer la voiture quand le conducteur – dès le premier jour – a reconnu et accepté sa responsabilité” de l’accident, a-t-il ajouté.

Wall Street clôture en berne, minée par l’emploi américain 

La Bourse de New York a terminé en berne vendredi, particulièrement déçue des derniers chiffres de l’emploi aux Etats-Unis, dans un contexte d’officialisation des nouveaux droits de douane imposés par Washington à ses partenaires commerciaux.Le Dow Jones a perdu 1,23%, l’indice Nasdaq a chuté de 2,24% et l’indice élargi S&P 500 a reculé de 1,60%.”Les investisseurs commencent à s’inquiéter du fait que l’économie (américaine) s’affaiblit plus rapidement qu’on ne le pensait”, commente auprès de l’AFP Sam Stovall, de CFRA.En cause: la santé du marché de l’emploi américain s’est dégradée en juillet, avec un taux de chômage en progression à 4,2%, contre 4,1% en juin.Les créations d’emplois se sont, elles, établies à 73.000 le mois précédent, et celles du mois de mai et juin ont été fortement révisées à la baisse, à des niveaux plus vus depuis la pandémie de Covid-19.”À mon avis, les chiffres de l’emploi d’aujourd’hui ont été TRUQUES pour donner une mauvaise image des Républicains et de MOI-MEME”, s’est plaint Donald Trump sur son réseau Truth Social.Selon Patrick O’Hare, de Briefing.com, “le marché pense que la Fed (banque centrale américaine, ndlr) devra baisser ses taux” lors de sa prochaine réunion en septembre.Dans ce contexte, les taux obligataires ont dégringolé. Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans se détendait fortement à 4,21%, contre 4,37% à la clôture jeudi. Le deux ans, plus sensible à la conjoncture monétaire, chutait à 3,68%, contre 3,95%”Les événements se succèdent et ils provoquent une correction rapide” du marché, souligne M. Stovall.En parallèle, Donald Trump a en effet signé jeudi soir le décret d’application de ses droits de douane en accordant un répit de quelques jours. Ces derniers doivent désormais entrer en vigueur le 7 août.L’Union européenne (UE), le Japon ou la Corée du Sud voient ainsi leurs produits taxés à hauteur de 15%, et le Royaume-Uni de 10%. Le taux monte à 30% pour l’Afrique du Sud et à 39% pour la Suisse.Ottawa, l’une des cibles privilégiées de Donald Trump, voit les droits de douane des produits canadiens, non couverts par un accord préexistant, augmenter à 35%.Le Mexique a décroché un sursis de 90 jours tandis que la Chine négocie toujours avec Washington, avant la fin de la trêve courant jusqu’au 12 août pour ses produits.”La tempête commerciale n’est pas terminée et d’autres défis nous attendent”, commente Sam Stovall.Cette salve de nouvelles a failli éclipser les résultats trimestriels de deux géants technologiques, Apple et Amazon. La firme à la pomme a reculé de 2,50% à 202,38 dollars malgré des résultats nettement supérieurs aux attentes pour le troisième trimestre de son exercice comptable décalé, dopés par l’iPhone.Le bénéfice net du groupe s’affiche à 23,4 milliards de dollars (+9% sur un an). Rapporté par action, donnée scrutée par le marché, il atteint 1,57 dollar, contre 1,42 projeté par les analystes, selon un consensus établi par FactSet.Le géant américain du commerce en ligne Amazon (-8,27% à 214,75 dollars) a particulièrement souffert de prévisions jugées décevantes par le marché malgré un bond de 35% de son bénéfice net au deuxième trimestre, à 18,2 milliards de dollars.Le réseau social Reddit (+17,32% à 188,41 dollars) a bondi après avoir publié des résultats supérieurs aux attentes, notamment un bénéfice net par action de 45 cents, là où les analystes tablaient sur 19 cents.Les groupes pétroliers américains ExxonMobil (-1,84%) et Chevron (-0,24%) ont terminé dans le rouge après avoir subi un recul de leurs résultats au deuxième trimestre dans le sillage du reflux des cours du pétrole et du gaz naturel.Les deux entreprises sont malgré tout parvenues à dépasser les attentes du marché.

Trump veut limoger la responsable des statistiques de l’emploi après de mauvais chiffres

Le président américain Donald Trump a demandé vendredi le renvoi d’une responsable des statistiques après la publication de chiffres de l’emploi montrant une nette dégradation des conditions sur le marché du travail ces derniers mois. “Je viens d’apprendre que les +chiffres de l’emploi+ de notre pays sont réalisés par une personne nommée par Joe Biden, Dr. Erika McEntarfer, (…) qui a truqué les chiffres de l’emploi avant l’élection pour augmenter les chances de victoire de Kamala” (Harris, sa rivale à la dernière élection présidentielle), affirme le chef de l’Etat sur sa plateforme Truth Social.”J’ai demandé à mon équipe de renvoyer cette personne nommée par Biden, IMMEDIATEMENT. Elle sera remplacée par quelqu’un de beaucoup plus compétent et qualifié”, a-t-il ajouté.Il enchaîne en affirmant que “des chiffres à ce point importants doivent être justes et exacts, ils ne peuvent pas être manipulés à des fins politiques”.Vendredi matin, le rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis a surpris en peignant un tableau plus sombre qu’attendu de l’état du marché du travail, à l’heure où les experts prédisent un ralentissement sous l’effet de l’offensive douanière de Donald Trump.La première économie mondiale a créé 73.000 emplois en juillet, selon le document publié par le ministère du Travail. “Un choc !” a commenté Donald Trump dans son message.Surtout, le nombre d’emplois censés avoir été créés pendant les mois de mai et de juin a été fortement révisé à la baisse. Les chiffres corrigés (19.000 en mai et 14.000 en juin) s’affichent ainsi au plus bas depuis la pandémie de Covid-19.Les corrections sont “bien supérieures à la normale”, est-il relevé dans le rapport. Ce sont 258.000 créations d’emplois qui se sont évaporées des statistiques sur ces deux mois.Le taux de chômage a légèrement progressé à 4,2%, contre 4,1% en juin.- Dissensions à la Fed -L’exécutif américain ne cesse d’affirmer que l’économie est rugissante, tout en appelant avec insistance la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale des Etats-Unis, à la soutenir davantage en diminuant les taux d’intérêt.”L’économie PETE LE FEU sous +Trump+ malgré la Fed qui joue aussi un jeu, cette fois avec les taux d’intérêt”, dénonce encore Donald Trump vendredi. Plus tôt dans la semaine, la Réserve fédérale a encore préféré laisser ses taux inchangés. C’était la cinquième fois de suite, en autant de réunions depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.La décision a été marquée par la rare opposition de deux gouverneurs, qui plaidaient pour des diminutions de taux pour soutenir l’activité et le marché du travail. Ils ont publié des communiqués exposant leur position vendredi, juste avant la publication des chiffres de l’emploi.Une baisse des taux aurait “protégé de manière préventive” l’économie et le marché du travail, y argumente la gouverneure Michelle Bowman. Son collègue Christopher Waller considère de son côté que l’approche attentiste de la Fed est “excessivement prudente”.- Nouvelle donne -Les analystes ont été surpris par l’ampleur des corrections dans le rapport sur l’emploi, sans pour autant mettre en doute la réalité des nouveaux chiffres.Ce rapport “change la donne” en montrant que “le marché du travail se détériore rapidement”, selon l’économiste de la banque Navy Federal Credit Union, Heather Long.Les États-Unis n’ont “créé en moyenne que 35.000 emplois au cours des trois derniers mois”, souligne-t-elle, ajoutant que la Réserve fédérale devait “sérieusement envisager une baisse des taux en septembre” pour soutenir l’économie.Les projections des investisseurs sur le niveau futur des taux directeurs de la banque centrale ont immédiatement changé après la publication du rapport. Ils sont plus nombreux à miser sur une baisse des taux lors de la réunion de septembre, ce qui a fait baisser les taux d’emprunt de l’État fédéral et le dollar.Heather Long considère qu’il devient urgent de lever les incertitudes entourant l’offensive protectionniste du gouvernement: “Plus cette instabilité tarifaire durera, plus ce contexte de faible recrutement risque de se transformer en licenciements.”Selon Jamie Cox, du groupe Harris Financial, le président de la Fed Jerome “Powell va regretter d’avoir laissé les taux inchangés cette semaine”. La Fed, ajoute-t-il, “devra baisser les taux en septembre et cela pourrait être d’un demi-point d’un coup pour rattraper le temps perdu”.

Droits de douane: la filière des vins et spiritueux français appelle à “poursuivre les négociations”

La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) français a déploré vendredi l’entrée en vigueur à compter du 7 août d’un droit de douane de 15% sur les produits européens, et appelé la France et l’Union européenne à “la poursuite des négociations”.Le président américain Donald Trump a signé jeudi le décret imposant une hausse des droits de douane pour des dizaines de pays.A ce stade, l’Union européenne n’a pas obtenu d’exception pour les vins (dont les champagnes) et spiritueux, un secteur particulièrement sensible pour des pays comme la France et l’Italie.”L’impact de ce droit sera d’autant plus brutal qu’il va de pair avec le recul du dollar américain aux États-Unis”, a déploré le président de la FEVS Gabriel Picard, vendredi, dans un communiqué.Il a estimé que cet effet combiné “pourrait aboutir à une réduction d’un quart” des ventes de vins et spiritueux aux États-Unis, “soit une perte d’un milliard d’euros”.Une baisse des exportations aurait par ailleurs “des effets sur les 600.000 emplois directs et indirects de la filière des vins et spiritueux” en France, selon la fédération, qui ne chiffre pas les pertes anticipées.”Nous saluons les efforts déjà fournis pour tenter d’obtenir l’exclusion des vins et spiritueux de ce droit de 15%”, a déclaré Gabriel Picard. “Mais la situation ne peut rester en l’état”, a-t-il poursuivi, estimant que “les négociations devraient se poursuivre”.”On espère pouvoir bénéficier d’une exemption et on harangue nos responsables politiques français pour qu’ils puissent obtenir de la Commission [européenne] cette négociation-là”, a déclaré de son côté le président du syndicat des vignerons indépendants de France, Jean-Marie Fabre, vendredi sur RMC.- “Marché stratégique” -La Commission européenne a indiqué jeudi poursuivre les négociations avec les États-Unis pour tenter d’obtenir des exemptions des droits de douane sur les vins et spiritueux à l’avenir, mais s’attend à ce qu’ils soient touchés par les taxes américaines de 15% à ce stade.Toutefois, côté gouvernement français, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a assuré vendredi sur Franceinfo que la France “n'[allait] pas [s’] arrêter là”, précisant vouloir “obtenir des garanties sur les vins et spiritueux”.”Les États-Unis sont un marché stratégique pour la filière viticole française et bien sûr pour le champagne en particulier”, a rappelé à l’AFP Maxime Toubart, coprésident du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC).En 2024, les États-Unis recevaient 10% des exportations de champagne en volume et plus de 14% du chiffre d’affaires de la filière, soit 820 millions d’euros, selon le CIVC.Avec un impact certain sur les prix pour le consommateur final américain, une surtaxe de 15% devrait faire baisser la consommation de champagne aux États-Unis, a prévenu M. Toubart, “mais on ne peut pas mesurer aujourd’hui concrètement le nombre de bouteilles que l’on va perdre”.Il est “évident” aussi que cela aurait des incidences sur l’emploi dans la filière, aux États-Unis comme en France, a-t-il ajouté.Les petits producteurs de champagne notamment, qui ont les reins moins solides que les grandes maisons, risquent de souffrir le plus, prévient aussi Yves Couvreur, un administrateur de la Fédération des vignerons indépendants de Champagne.”Pour la plupart de nos vignerons c’est impossible d’assumer les 15% possibles d’augmentation” des taxes américaines, selon M. Couvreur, interrogé vendredi par l’AFP.Selon M. Toubart, certains clients aux États-Unis ont anticipé les surtaxes en commandant davantage de bouteilles à la fin de l’année dernière, mais d’autres étaient “plutôt dans l’attente” d’y voir plus clair, donc il n’y a pas eu un effet d’aubaine flagrant pour le champagne ces derniers mois.

La Bourse de Paris recule après la hausse des droits de douane et du chômage aux Etats-Unis

La Bourse de Paris a fortement reculé vendredi, sous le poids des hausses de droits de douane officialisées par Donald Trump aux Etats-Unis et de signes de dégradation du marché de l’emploi dans la première économie mondiale.Le CAC 40 a perdu 2,91% à 7.546,16 points, en recul de 225,81 points. Sur l’ensemble de la semaine l’indice vedette parisien a reculé de 3,68%.”Les droits de douane et les chiffres moroses de l’emploi aux Etats-Unis pèsent sur le moral des investisseurs”, a résumé Kathleen Brooks, analyste pour XTB.Le président américain Donald Trump a signé jeudi le décret fixant le montant des nouveaux droits de douane qui toucheront plusieurs dizaines de pays, allant de 10% à 41%, bousculant l’ordre économique mondial.Les produits de l’Union européenne (UE), du Japon et de Corée du Sud seront taxés à hauteur de 15%, ceux du Royaume-Uni à 10%. Le Canada voit les droits de douane appliqués à ses produits passer finalement de 25% à 35%, sauf s’ils sont couverts par l’accord de libre-échange entre les trois pays d’Amérique du Nord.Ces annonces provoquent “une inquiétude croissante sur les marchés”, d’autant qu’à “tout moment, Trump peut revenir dessus”, explique à l’AFP Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM.A cela s’est ajoutée, à la mi-séance, la publication d’un rapport sur l’emploi aux Etats-Unis, première économie mondiale, qui a fait état d’une dégradation du marché du travail dans le pays, faisant craindre un ralentissement économique.Surtout, les créations d’emplois pendant les mois de mai et de juin ont été fortement révisées à la baisse. Les chiffres corrigés (19.000 en mai et 14.000 en juin) s’affichent ainsi au plus bas depuis la pandémie de Covid-19. Cette publication “contredit le discours sur la résilience de l’économie américaine” face à la politique protectionniste de Donald Trump, relève Kathleen Brooks.Enfin, les investisseurs parisiens ont dû digérer plusieurs résultats décevants.Teleperformance dégringoleLe géant mondial des centres d’appels Teleperformance a plongé de 20,65% à 68,02 euros, au lendemain de la publication de ses résultats du premier semestre faisant état d’une nette baisse de son bénéfice.Axa à la peineL’assureur Axa a chuté de 7,85% à 39,33 euros, après la publication d’un bénéfice net en repli de 2% sur le premier semestre.Profits en baisse pour Saint-GobainLe géant français des matériaux de construction Saint-Gobain (-9,29% à 90,98 euros) a annoncé jeudi une baisse de 1,9% de son bénéfice net au premier semestre, liée à une hausse des impôts sur les résultats.Engie sans énergieL’action du groupe d’énergie Engie a cédé 2,45% à 19,15 euros. Sur le premier semestre 2025, l’entreprise a dégagé un bénéfice net récurrent en repli de 19% à 3,1 milliards d’euros.