AFP Business

S&P se prononce de nouveau sur la note de la France, avant un été budgétaire ardu

L’agence de notation américaine S&P réévalue vendredi la note souveraine de la France, la situation des finances publiques n’ayant guère changé depuis sa dernière revue en février, quand elle avait décidé d’abaisser sa perspective.Le 28 février, S&P avait en effet assorti sa note AA- (“bonne qualité” de crédit, NDLR) d’une perspective négative. Cela signifie qu’une dégradation est possible sans amélioration notable, l’agence évoquant des finances publiques “sous pression” et “une stratégie budgétaire au-delà de 2025 incertaine”.Or aucun big bang budgétaire n’est survenu depuis. Le Premier ministre François Bayrou doit déjà trouver 40 milliards d’euros l’an prochain entre l’Etat, la Sécurité sociale et les collectivités locales. Il va demander “un effort à tous les Français”, en n’excluant pas une hausse générale de la TVA pour financer des dépenses sociales – la “TVA sociale”.Mais il a admis aussi, mercredi devant le Sénat, “qu’aucune des mesures” qui composeront le plan général de retour à l’équilibre des finances publiques que proposera le gouvernement “avant le 14 juillet”, n’était encore arrêtée.Une méthode de concertation avec les partenaires sociaux et surtout les partis politiques assumée, pour éviter une nouvelle censure parlementaire, mais qui laisse planer l’incertitude sur la force des mesures qui peuvent être prises d’ici fin septembre lors de la présentation des budgets.- “Hors de contrôle” -Lundi, la Cour des comptes avait averti par ailleurs d’un risque de “crise de liquidité” de la Sécurité sociale l’an prochain en raison du dérapage “hors de contrôle” de ses dépenses.Par deux fois devant le Parlement mercredi, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a surpris en affichant fermement l’objectif d’un retour à l’équilibre de la Sécurité sociale en 2029. Un objectif ambitieux, puisque selon les propres prévisions du gouvernement dans le budget de la Sécurité sociale 2025, son déficit s’élèvera encore à 24,1 milliards en 2028, dernière année de prévision disponible.Selon les projections économiques révisées de la Commission européenne, publiées le 19 mai, la France enregistrera le pire déficit public de la zone euro en 2025 et 2026, à respectivement 5,6% et 5,7% du PIB, alors que le gouvernement table encore sur 5,4% en 2025 et 4,6% en 2026, pour revenir sous 3% en 2029.Ces projections de la Commission, souligne Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, “montrent l’extrême insuffisance des mesures déjà votées pour assainir les finances publiques”, tandis que la charge des intérêts annuels de la dette, qui est à 113% du PIB, sont selon lui “presque hors de contrôle” et représentent désormais 5,6% des recettes fiscales en 2025, contre 2% aux Pays Bas ou 2,7% en Allemagne – deux pays notés AAA, la note maximum.- “Laisser du temps” -S&P voudra-t-elle croire aux promesses gouvernementales, même encore floues ou à long terme? Ou appuiera-t-elle sur le bouton de la dégradation? Cela ferait basculer la France dans la catégorie des A (qualité moyenne supérieure, NDLR): “C’est embêtant car beaucoup de fonds et d’investisseurs institutionnels ont des règles strictes et privilégient le double AA, et cela pourrait provoquer une augmentation des taux” de financement de la France, selon Eric Dor.Il estime plutôt que S&P va choisir de “laisser du temps” à la France, en attendant l’issue du conclave sur les retraites et la présentation du budget.C’est aussi l’impression de Charlotte de Montpellier, économiste d’ING : “Je ne pense pas qu’ils vont dégrader. Ils vont attendre de voir ce qui arrivera avec les discussions budgétaires pour 2026, avec cette volonté de faire des économies”.Parmi les autres agences de notation, Fitch, qui classe également la France AA- avec perspective négative, avait confirmé sa notation lors de sa dernière revue mi-mars.Moody’s, qui avait dégradé d’un cran le pays en décembre, la classe Aa3, l’équivalent de AA-, mais avec perspective stable, et n’a pas actualisé cette note lors de sa revue en avril.

Pour Trump, des “juges gauchistes” sapent son offensive douanière

Le président Donald Trump a conspué jeudi la décision d’un tribunal qui a suspendu en première instance une grande part des droits de douane qu’il a imposés ces derniers mois, et espéré pouvoir continuer à agir sans dépendre des parlementaires.Mercredi, le tribunal de commerce international des Etats-Unis (ITC) avait estimé que M. Trump avait outrepassé ses pouvoirs en imposant des surtaxes non ciblées, alors qu’il s’agit d’une prérogative du Congrès.Saisis par des petites entreprises et une coalition d’Etats américains, les magistrats donnaient dix jours à son gouvernement pour revenir en arrière. Cela concernait tant les droits de douane imposés au Canada, au Mexique et à la Chine, que la surtaxe de 10% imposée à quasiment tous les produits importés, quelle que soit leur origine, début avril.Mais moins de 24 heures plus tard, une Cour d’appel a suspendu la décision de première instance, le temps de se prononcer sur le fond.En parallèle, un autre tribunal, à Washington, a estimé que les surtaxes visant le Canada, le Mexique et la Chine étaient “illégales” et ne pouvaient être collectées, assortissant sa décision d’un sursis le temps d’un éventuel appel.Conscient que son répit n’est que temporaire, le président américain a lancé un réquisitoire jeudi soir sur sa plateforme Truth Social.Il a dénoncé une décision de justice “horrible” et “tellement politique” à l’initiative selon lui de “juges gauchistes”.Il a aussi dit espérer que la Cour suprême revienne “rapidement et clairement” sur cette décision.- “Pouvoir présidentiel” -Selon ce jugement, s’est-il ému, “je devrais obtenir l’aval du Congrès pour ces droits de douane. En d’autres termes, des centaines de politiciens devraient siéger à Washington pendant des semaines, voire des mois pour décider ce que nous devons faire payer aux pays qui nous traitent injustement”.”Si elle était maintenue, cette décision détruirait complètement le pouvoir présidentiel – la présidence ne serait plus jamais la même!”, a-t-il encore déploré. Donald Trump s’est aussi agacé de voir la décision de première instance accueillie avec soulagement en dehors des Etats-Unis.Après la décision de l’ITC, la Chine avait pressé Washington d'”annuler totalement les droits de douane unilatéraux injustifiés”, par la voix d’une porte-parole du ministère du Commerce.Le Premier ministre canadien Mark Carney avait lui salué la suspension de ce qu’il considère être des droits de douane “illégaux et injustifiés”.Mais, avait-il ajouté, “nous estimons que notre relation commerciale avec les Etats-Unis est toujours profondément menacée” par les droits de douane non couverts par les récentes décisions de justice – sur l’acier et l’aluminium ainsi que le secteur automobile. – “Inconstitutionnelle” -Dans le détail, les juges de première instance considéraient que le président ne pouvait invoquer la loi d’urgence économique de 1977 (IEEPA) pour instituer par décret “une surtaxe illimitée sur les produits provenant de quasiment tous les pays”, selon la décision que l’AFP a pu consulter.Pour ces magistrats, les décrets adoptés “outrepassent les pouvoirs accordés au président”, ce texte lui permettant seulement “de prendre les sanctions économiques nécessaires en cas d’urgence pour combattre une menace +extraordinaire et inhabituelle+”.Toute interprétation qui lui délègue “une autorité illimitée sur les droits de douane est inconstitutionnelle”, avaient insisté les juges.Dans une opinion écrite accompagnant la décision, l’un des juges avait estimé que cela “constituerait un renoncement du pouvoir législatif au bénéfice d’une autre branche du gouvernement”, ce qui est contraire à la Constitution américaine.Le tribunal se prononçait à la suite de deux plaintes, déposées l’une par une alliance de 12 Etats américains dont l’Arizona, l’Oregon, New York et le Minnesota, l’autre par un groupe d’entreprises américaines, qui reprochaient à Donald Trump de s’arroger des pouvoirs appartenant au Congrès.

A peine suspendus, les droits de douane de Trump maintenus temporairement en appel

Moins de 24 heures après avoir été bloqués en première instance, les droits de douane de Donald Trump ont été maintenus temporairement jeudi par une Cour d’appel aux Etats-Unis, le temps pour elle de se prononcer sur le fond.Mercredi, le tribunal de commerce international des Etats-Unis (ITC) avait estimé que M. Trump avait outrepassé ses pouvoirs en imposant des surtaxes non ciblées, alors qu’il s’agit d’une prérogative du Congrès.Sa décision bloquait dès lors tant les droits de douane imposés au Canada, au Mexique et à la Chine que les droits de douane “réciproques” imposés début avril à l’égard de plusieurs pays.Le gouvernement avait déposé dans la foulée une requête, consultée par l’AFP, annonçant être prêt à se tourner vers la Cour suprême pour obtenir dès vendredi cette suspension temporaire.Mais une Cour d’appel a accédé à la demande du gouvernement, précisant aussi son intention de joindre les deux procédures, initiées d’un côté par des petites entreprises et de l’autre par une coalition d’Etats américains.”Nous sommes très satisfaits de cette décision, nous l’attendions”, s’est félicité Kevin Hassett, le principal conseiller économique de Donald Trump, sur Fox News. “Ils comprennent que nous devons rendre sa grandeur à l’Amérique grâce à des accords commerciaux équitables”, en référence au célèbre slogan du président.Jeudi, un autre tribunal, à Washington, a estimé que les surtaxes visant le Canada, le Mexique et la Chine étaient “illégales” et ne peuvent être collectés, assortissant sa décision d’un sursis le temps d’un éventuel appel.- “Inconstitutionnelle” -Après la décision en première instance mercredi, la Chine avait pressé les Etats-Unis d'”annuler totalement les droits de douane unilatéraux injustifiés”, après la décision de l’ITC, par la voix d’une porte-parole du ministère du Commerce.Le Premier ministre canadien avait de son côté salué la suspension de ces droits de douane “illégaux et injustifiés”, selon lui.Mais “nous estimons que notre relation commerciale avec les Etats-Unis est toujours profondément menacée” par les droits de douane toujours appliqués sur l’acier et l’aluminium ou le secteur automobile, a-t-il ajouté devant le Parlement. Il a dit espérer “renforcer la collaboration avec des partenaires commerciaux fiables et des alliés partout dans le monde”.Dans le détail, les juges de première instance considéraient que le président ne pouvait invoquer la loi d’urgence économique de 1977 (IEEPA) pour instituer par décret “une surtaxe illimitée sur les produits provenant de quasiment tous les pays”, selon la décision que l’AFP a pu consulter.Pour ces magistrats, les décrets adoptés “outrepassent les pouvoirs accordés au président”, ce texte lui permettant seulement “de prendre les sanctions économiques nécessaires en cas d’urgence pour combattre une menace +extraordinaire et inhabituelle+”.Toute interprétation qui lui délègue “une autorité illimitée sur les droits de douane est inconstitutionnelle”, avaient insisté les juges.- “Renoncement” -Dans une opinion écrite accompagnant la décision, l’un des juges avait estimé que cela “constituerait un renoncement du pouvoir législatif au bénéfice d’une autre branche du gouvernement”, ce qui est contraire à la Constitution américaine.Le tribunal se prononçait à la suite de deux plaintes, déposées l’une par une alliance de 12 Etats américains dont l’Arizona, l’Oregon, New York et le Minnesota, l’autre par un groupe d’entreprises américaines, qui reprochaient à Donald Trump de s’arroger des pouvoirs appartenant au Congrès.Le 2 avril, le président Trump avait annoncé des droits de douane dits “réciproques”, censés concerner l’ensemble des pays dans le monde, avant de reculer face à la chute des marchés financiers, accordant une pause de 90 jours – tout en maintenant une surtaxe plancher de 10% -, afin d’ouvrir la porte à des négociations commerciales.Après un bras de fer et une escalade des surtaxes colossales de part et d’autre, Pékin et Washington se sont finalement entendus mi-mai sur un retour à 10% sur les produits américains et 30% sur les produits chinois.Malgré cette accalmie, la porte-parole du ministère chinois du Commerce a encore dénoncé jeudi un protectionnisme américain “qui ne profite à personne”.

Wall Street termine en hausse, s’affranchit des incertitudes commerciales

La Bourse de New York a terminé en hausse jeudi, naviguant entre les rebondissements judiciaires sur les droits de douane imposés par l’administration Trump, et profitant des bons résultats du géant des semiconducteurs Nvidia.Le Dow Jones a avancé de 0,28%, l’indice Nasdaq a gagné 0,39% et l’indice élargi S&P 500 a pris 0,40%.”Il est étrange de se dire qu’un jour où l’actualité a été si riche, il n’y a pas beaucoup de nouvelles qui affectent le marché”, souligne auprès de l’AFP Steve Sosnick, d’Interactive Brokers. Mais selon l’analyste, cela s’explique car beaucoup d’entre elles avaient déjà été anticipées par la place américaine.Moins de 24 heures après avoir été bloqués en première instance, les droits de douane de Donald Trump ont été maintenus temporairement jeudi par une Cour d’appel américaine, le temps pour elle de se prononcer sur le fond.”Le marché boursier n’a pas beaucoup bougé à la suite de cette nouvelle, ce qui peut suggérer qu’il n’est pas surpris par la décision”, notes les analystes de Briefing.com. Mercredi, le tribunal de commerce international des Etats-Unis (ITC) avait estimé que M. Trump avait outrepassé ses pouvoirs en imposant des surtaxes non ciblées, alors qu’il s’agit d’une prérogative du Congrès.Le gouvernement Trump avait fait appel dès mercredi de ce blocage, la Maison Blanche fustigeant jeudi un jugement “manifestement erroné”.”En fin de compte, la décision de la cour d’appel, tout comme celle du Tribunal de commerce international des Etats-Unis, ne fait que renforcer l’idée qu’une incertitude supplémentaire concernant les droits de douane a été injectée dans le marché”, estiment les analystes de Briefing.com.Côté indicateurs, la place américaine a accueilli une nouvelle estimation du PIB américain qui a montré que l’économie a bien reculé au premier trimestre, mais un peu moins qu’initialement estimé.En rythme annualisé, mesure privilégiée par les États-Unis, le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté de 0,2%, contre une première estimation l’évaluant en repli de 0,3%, a rapporté le ministère américain du Commerce.Les demandes hebdomadaires d’allocation chômage sont ressorties en hausse par rapport à la période précédente (+14.000) et au-dessus des attentes des analystes.”En fin de compte, il y a eu beaucoup de de données économiques cette semaine et la plupart se sont révélées correctes, mais sans plus”, ce qui n’a pas particulièrement poussée la place américaine, assure Steve Sosnick. Selon l’analyste, “la seule bonne surprise a été la confiance des consommateurs du Conference Board”, bien supérieure aux attentes.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à 10 ans se détendait à 4,42%, contre 4,48% mercredi en clôture.Ailleurs à la cote, les résultats du géant des semiconducteurs Nvidia, publiés la veille après la fermeture, ont quelque peu tiré la place américaine.Le groupe a été recherché (+3,25% à 139,19 dollars) après avoir dépassé les attentes pour les résultats du premier trimestre de son exercice décalé, grâce notamment à un impact moindre que prévu des restrictions américaines à l’exportation de ses puces vers la Chine.L’entreprise de cosmétiques américaine e.l.f. Beauty s’est envolée (+23,58% à 111,84 dollars) après l’annonce de l’acquisition de Rhode, la marque de produits de beauté de Hailey Bieber, mannequin, entrepreneuse et épouse de Justin Bieber, pour 1 milliard de dollars.Le géant des VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) Uber a reculé nettement (-4,49% à 84,30 dollars) après qu’Elon Musk, le patron de Tesla, a assuré que le constructeur de voitures électriques avait effectué des tests de conduite autonome pour son Model Y dans les rues d’Austin, au Texas.L’avionneur Boeing (+3,32% à 208,18 dollars) a gagné du terrain après avoir dit espérer obtenir le feu vert pour augmenter considérablement la production de son 737 MAX en 2025. Les autorités américaines se sont prononcées le mois dernier en faveur d’une hausse de la fabrication de 787 Dreamliner, un autre appareil de l’entreprise.

Face à l’inconstance de la politique commerciale américaine, les exportateurs chinois toujours sur pause

“Nous restons prudents”: dans l’une des villes portuaires les plus actives du monde, les exportateurs chinois évoquent un horizon flou, alors qu’ils tentent de naviguer dans le maelström commercial déclenché par l’évolution incessante de la politique tarifaire américaine.Les fournisseurs de la ville orientale de Ningbo – qui abrite le troisième plus grand port à conteneurs du monde – sont comme embarqués dans des montagne russes depuis que le président américain Donald Trump a annoncé en avril de lourdes taxes sur presque tous les partenaires commerciaux.Dernier rebondissement en date: mercredi, une cour fédérale américaine a bloqué la plupart des droits de douane américains, y compris ceux imposés à la Chine séparément en utilisant une loi d’urgence, mais cette nouvelle n’a pas offert beaucoup de réconfort.”En raison de l’appel formé par l’administration Trump (après cette décision judiciaire), l’incertitude demeure, donc nous restons prudents”, déclare Han Zhongkai, employé dans une entreprise technologique fabriquant notamment des montres intelligentes.D’autres exportateurs, participant à une foire commerciale transfrontalière à Ningbo, ont eux aussi jugé auprès de l’AFP qu’ils étaient face à un avenir incertain. Leur marchandise est parfois bloquée au port.Après l’annonce des droits de douane de Trump en avril, Pékin et Washington se sont engagés dans une escalade réciproque avec des montants à trois chiffres de chaque côté.”(Les clients américains) ont cessé de commander. Avant cela, de nombreux clients étrangers avaient déjà envoyé leurs marchandises à notre entrepôt et celles-ci étaient prêtes à être expédiées”, témoigne Li Jie, 28 ans, qui travaille pour la compagnie de transport Freight Service Limited.Après l’augmentation des droits de douane, “ils nous ont informés que – pour le moment – nous devions garder les marchandises dans notre entrepôt”.A la foire de Ningbo, des centaines d’exportateurs vendant de tout, des meubles aux petits appareils électroniques et jouets pour bébés, se bousculent pour essayer de capter l’attention de clients potentiels.Malgré la suspension en mai pour 90 jours de la majeure partie des droits de douane, après une réunion entre des responsables chinois et américains à Genève, l’incertitude reste de mise.”Les commandes des États-Unis ont pour l’essentiel été suspendues”, déclare le chef d’entreprise Xiao Chuan, assis à son stand où sont exposées des enseignes LED multicolores en différentes langues.”Une commande était presque prête à être passée, mais  pourrait être retardée en raison des préoccupations sur les droits de douane. Depuis le récent ajustement, les clients adoptent une approche attentiste, incertains quant à la survenue d’autres changements.”- Pas digne de confiance -Face à l’imprévisibilité du marché américain, beaucoup se tournent vers d’autres pays pour écouler leurs marchandises.Les exportations chinoises vers la Thaïlande, l’Indonésie et le Vietnam ont ainsi enregistré une hausse à deux chiffres en avril.”Les pays d’Asie du Sud-Est ont de fait beaucoup gagné. De nombreuses usines transfèrent progressivement leurs approvisionnements hors de Chine, passant des commandes de fabrication” dans ces pays, estime Li Jie.À un dépôt de conteneurs près due port, un employé, affirmant se nommer Huang, assure lui aussi que les fabricants sont en plein processus de diversification.”Le monde ne tourne pas uniquement autour de l’Amérique. Nous trouverons finalement des débouchés alternatifs pour rediriger ces produits”, confie-t-il à l’AFP, entourés de centaines de conteneurs – les roses de la société japonaise ONE, les bleus ciel du danois Maersk et les bordeaux du sud-coréen HMM.Cependant, les volumes de commandes quotidienne ont récemment diminué, reconnait-il. “Bien que les droits de douane aient maintenant été réduits, l’incertitude subsiste concernant d’éventuelles augmentations futures”, explique-t-il.Un pic d’expéditions vers les États-Unis a été observé en mai, lors de la réduction des taxes douanières, mais cela ne pourrait qu’être qu’un sursaut, dû notamment à des commandes en retard.Pour Xiao Chuan, le vendeur d’enseignes lumineuses LED, de nouvelles commandes ne viendront que lorsque la politique tarifaire se sera stabilisée.Selon Huang, les expéditions vers les États-Unis vont probablement se poursuivre, mais avec “des marges de profit plus serrées et des volumes réduits”.”Je ne trouve pas la crédibilité américaine particulièrement digne de confiance ces jours-ci”, juge-t-il. Et d’appuyer: “honnêtement, le gouvernement américain donne souvent l’impression d’opérations bâclées”.

La Bourse de Paris termine en léger recul

La Bourse de Paris a fini en léger recul, après une séance passée à s’interroger sur la portée de la décision de juges fédéraux américains de bloquer l’application des droits de douane imposés par Donald Trump aux États-Unis.Le CAC 40 a perdu 0,11% à 7.779,72 points, en recul de 8,38 points. Mercredi, l’indice vedette parisien avait terminé en baisse de 0,49%.Trois juges du tribunal de commerce international des États-Unis (ITC) ont estimé que les surtaxes que l’administration Trump impose sur ses importations relevaient d’une prérogative du Congrès et que le président américain avait ainsi outrepassé les pouvoirs dont il dispose.Ils ont considéré que le président ne pouvait pas invoquer la loi d’urgence économique de 1977, utilisée pour justifier l’usage de décrets présidentiels, pour “imposer une surtaxe illimitée sur les produits provenant de quasiment tous les pays”.Les Bourses ont d’abord salué cette décision, avec des hausses solides, mais cette “première euphorie s’est dissipée”, résume Andreas Lipkow, analyste indépendant.”Il ne faut pas oublier que ce sont précisément les droits de douane américains tant redoutés qui ont provoqué la fuite de nombreux capitaux vers l’Europe”, a-t-il ajouté.Les places financières du Vieux continent profitent, depuis le début de l’année, d’un regain d’intérêt des investisseurs internationaux, au contraire de leurs homologues américaines, plombées par les incertitudes liées à la politique erratique de Donald Trump.Par ailleurs, le recours en appel du président contre cette décision pourrait “marquer le début d’un long bras de fer entre les tribunaux et la Maison Blanche, et les droits de douane pourraient malgré tout être mis en Å“uvre”, estime Kathleen Brooks, directrice de recherche pour XTB. Cela “explique que la dynamique boursière n’ait pas duré”, a ajouté l’analyste.En bref, il s’agit d’un “soulagement de courte durée, qui introduit une plus grande ambiguïté quant à l’orientation de la politique commerciale future des États-Unis”, estime Gregory Daco, économiste chez EY.Côté obligataire, l’emprunt à dix ans français atteignait 3,17%, contre 3,22% la veille à la clôture.Soitec reprend des couleursSoitec, spécialiste de la conception de matériaux semi-conducteurs, a repris des couleurs jeudi, prenant 3,57% à 46,07 euros, au lendemain d’une violente chute de plus de 20% de son action après l’annonce du retrait de l’ensemble de ses prévisions de résultats pour l’année fiscale en cours.Il a profité, comme l’ensemble du secteur, des bons résultats trimestriels publiés par le champion américain des semi-conducteurs Nvidia, baromètre du secteur.Son compatriote STMicroelectronics a lui pris jusqu’à plus de 4% au cours de la séance, avant de s’essouffler et de finir avec une hausse de 0,81% à 22,53 euros.

Un tribunal américain inflige un camouflet à Trump sur les droits de douane; la Chine veut leur annulation

Des conseillers du président américain Donald Trump ont cherché jeudi à minimiser la portée de la décision d’un tribunal suspendant les droits de douane dits “réciproques” alors que les principaux partenaires commerciaux se sont félicités de la décision, la Chine appelant à les “annuler totalement”.La veille, le tribunal de commerce international des Etats-Unis (ITC) a estimé que M. Trump avait outrepassé ses pouvoirs en imposant ces surtaxes alors qu’il s’agit d’une prérogative du Congrès.Cette décision bloque à la fois les droits de douane imposés au Canada, au Mexique et à la Chine, accusés de ne pas lutter assez contre le trafic de fentanyl, et les surtaxes “réciproques” imposées début avril –dont l’application au-delà d’un plancher de 10% a été repoussée début juillet.Le gouvernement Trump a interjeté appel mercredi, selon un document judiciaire consulté par l’AFP.”Nous verrons ce qui se passera en appel, nous sommes très confiants dans nos chances”, a estimé sur Fox Business le principal conseil économique de M. Trump, Kevin Hassett.”Il n’y a aucun doute qu’il s’agit d’une urgence économique”, a de son côté estimé le conseiller commercial de la Maison Blanche, Peter Navarro, “nous estimons que nous disposons d’arguments solides à faire valoir”.Dans un communiqué publié mercredi, un porte-parole de la Maison Blanche a dénoncé une décision de “juges non élus” qui n’ont “pas le pouvoir de décider comment gérer convenablement une urgence nationale”.De son côté, la Chine a pressé les États-Unis d'”annuler totalement les droits de douane unilatéraux injustifiés”, après la décision de l’ITC, par la voix d’une porte-parole du ministère du Commerce.”Le gouvernement accueille favorablement la décision d’hier”, a de son côté déclaré devant le Parlement canadien le Premier ministre Mark Carney, “elle confirme la position canadienne qui était de considérer ces droits de douane comme illégaux et injustifiés”.Mais “nous estimons que notre relation commerciale avec les Etats-Unis est toujours profondément menacée” par les droits de douane toujours appliqués sur l’acier et l’aluminium ou le secteur automobile, a ajouté M. Carney, qui espère “renforcer notre collaboration avec des partenaires commerciaux fiables et des alliés partout dans le monde”.Dans le détail, les juges considèrent que le président ne peut invoquer la loi d’urgence économique de 1977 (IEEPA) pour instituer par décret “une surtaxe illimitée sur les produits provenant de quasiment tous les pays”, selon le jugement que l’AFP a pu consulter.Pour les magistrats, les décrets adoptés “outrepassent les pouvoirs accordés au président dans le cadre de la loi IEEPA pour réguler les importations”, ce texte lui permettant seulement “de prendre les sanctions économiques nécessaires en cas d’urgence pour combattre une menace +extraordinaire et inhabituelle+”.Toute interprétation qui lui délègue “une autorité illimitée sur les droits de douane est anticonstitutionnelle”, ont insisté les juges.Dans une opinion écrite accompagnant la décision, l’un des juges, qui n’est pas nommé, a estimé que cela “constituerait un renoncement du pouvoir législatif au bénéfice d’une autre branche du gouvernement”, ce qui est contraire à la Constitution américaine.Le tribunal se prononçait suite à deux plaintes, déposées l’une par une alliance de douze Etats américains dont l’Arizona, l’Oregon, New York et le Minnesota, l’autre par un groupe d’entreprises américaines, qui reprochaient à Donald Trump de s’arroger des pouvoirs appartenant au Congrès.Le 2 avril, le président Trump avait annoncé des droits de douane dits “réciproques”, censés concerner l’ensemble des pays dans le monde, avant de reculer face à la chute des marchés financiers, accordant une pause de 90 jours –tout en maintenant une surtaxe-plancher de 10%–, afin d’ouvrir la porte à des négociations commerciales.Le négociateur du Japon Ryosei Akazawa a indiqué jeudi qu’il étudierait la décision judiciaire, peu avant son départ pour Washington pour une quatrième séance de pourparlers en vue d’échapper aux taxes prohibitives plombant les exportations d’automobiles et d’acier de l’archipel.Après un bras de fer et une escalade des surtaxes colossales qu’ils s’imposaient mutuellement, Pékin et Washington se sont finalement entendus mi-mai sur un retour à 10% sur les produits américains et 30% sur les produits chinois.Mais jeudi, après la décision du tribunal de commerce international, la porte-parole du ministère chinois du Commerce a dénoncé un protectionnisme américain “qui ne profite à personne”.

A Damas, ananas, kiwi et mangue sortent de la clandestinité après Assad

Mangues, kiwis, ananas : les étals des souks de Damas regorgent désormais de fruits exotiques, autrefois interdits sous le pouvoir d’Assad, qui les considérait comme des produits de luxe et sanctionnait sévèrement ceux qui les vendaient.”Nous ne cachons plus les ananas, aujourd’hui nous les exposons en pleine vitrine (..) le temps de la peur de l’ananas est terminé”, déclare Marwan Abou Hayla, un vendeur de fruits et légumes de 46 ans.”L’ananas, le kiwi et la mangue étaient tous des fruits introuvables, vendus à des prix exorbitants”, raconte en souriant ce commerçant du souk animé d’Al-Chaalan dans le centre de la capitale syrienne.Pendant des décennies, les fruits tropicaux étaient considérés comme des produits de luxe réservés à une élite. Pour économiser les devises étrangères et soutenir la production locale, leur importation était entravée par les autorités, et leur vente était passible d’amendes, voire de prison. Les services de sécurité perquisitionnaient les magasins à la recherche des contrevenants.Face aux restrictions, les commerçants avaient pris l’habitude de recourir à des circuits parallèles.”On les acheminait en contrebande, notamment par le biais des chauffeurs de taxi, tout comme l’essence et le diesel”, raconte Marwan Abou Hayla, en allusion à la contrebande de ces produits depuis le Liban voisin. “Parfois, ils les cachaient dans le compartiment moteur du véhicule, en petites quantités.”Alors que le kilo d’ananas avoisinait les 300.000 livres syriennes (environ 23 dollars) l’an dernier, il est aujourd’hui vendu autour de 40.000 livres, soit 4 dollars.”L’ananas est devenu comme la pomme de terre ou l’oignon”, affirme-t-il.- “A la télévision” -Depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes qui ont renversé Bachar al-Assad en décembre, l’économie s’est libéralisée et de nombreux produits jadis interdits ou introuvables ont fait leur apparition sur le marché syrien.Le dollar, dont l’usage – et même sa simple mention – était auparavant passible de sanctions, circule désormais librement. Des véhicules récents roulent dans les rues, et le carburant est de nouveau accessible.Ahmed al-Harith, un commerçant de 45 ans, explique que les avocats, les ananas, les kiwis ou les bananes de Somalie sont aujourd’hui largement accessibles, alors que “le prix d’un seul fruit équivalait autrefois au salaire d’un fonctionnaire”.”Je voyais les fruits exotiques plus souvent à la télévision que sur les marchés”, raconte Nour Abed al-Jabbar, une étudiante en médecine de 24 ans, selon laquelle certains “ne savent pas comment éplucher” l’ananas.Mais dans un pays ravagé par quatorze années de guerre, qui ont détruit l’économie et plongé plus de 90 % de la population sous le seuil de pauvreté, les fruits exotiques restent pour certains un luxe inabordable.Elham Amin, une femme au foyer de 50 ans, a bien noté que “les devantures des épiceries sont devenues plus colorées”. Mais elle n’emmène pas ses enfants lorsqu’elle fait les courses, de peur qu’ils réclament ces nouveautés qui ne sont pas à sa portée.”Les conditions de vie sont difficiles, et l’ananas reste un luxe pour une famille comme la nôtre”, confie-t-elle.

Après le recul du ZAN, l’Assemblée approuve la suppression des “zones à faibles émissions”

Saisie du projet de loi de “simplification”,l’Assemblée nationale a approuvé mercredi coup sur coup un recul du principe de “zéro artificialisation nette”, et surtout la suppression des zones à faibles émissions, qui restreignent la circulation des véhicules les plus polluants.Introduite en commission à l’initiative de LR et du RN, la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) a été adoptée par 98 voix contre 51, avec celles de l’alliance RN-UDR, de la droite, de LFI et quelques macronistes.Écologistes et socialistes ont largement voté contre, comme certains députés MoDem et Horizons. Le gouvernement était opposé à la suppression, proposant sans succès, un compromis.Initiées en 2019 pour limiter les émissions de particules fines, les ZFE sont une mesure emblématique de la loi Climat et résilience du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, excluant de leur périmètre certains véhicules très anciens et polluants, identifiés par les vignettes Crit’Air 3 ou plus selon les villes.”La pollution de l’air cause plus de 8.000 décès prématurés chaque année en Ile-de-France”, les ZFE sont “un outil indispensable pour protéger la santé publique et répondre à l’urgence climatique”, a souligné la ville de Paris dans un communiqué, appelant “à rétablir cette mesure essentielle”.Le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet a dénoncé “un vote contre la santé des Français” et celui de Montpellier Michaël Delafosse (PS) “une erreur funeste pour les générations à venir”.Mais les ZFE sont critiquées, jusque dans les rangs du gouvernement, par de nombreux responsables politiques, notamment à droite, qui considèrent qu’elles excluent des catégories de la population ne pouvant acheter des véhicules moins polluants.”Je ne vais pas vous dire que je pleure”, a réagi sur CNews et Europe 1 le ministre (LR) des Transports, Philippe Tabarot.”Le texte tel qu’il a été défini aujourd’hui est dépassé”, a-t-il ajouté, appelant à améliorer le dispositif par “des mesures de bon sens”, mais “certainement pas en montant les Français contre les Français”.Leur suppression “n’est pas une défaite pour l’écologie” mais “pour l’écologie punitive et pour tous ceux qui veulent systématiquement taper sur les Français”, a abondé sur X la patronne des députés RN Marine Le Pen.Le groupe LFI a également salué une “victoire” contre “un dispositif injuste”. Les Insoumis ont proposé “dès 2022 un moratoire sur les ZFE (…) Il est urgent de planifier nos mobilités en mettant de réels moyens dans des alternatives en transports en commun”, ont-ils commenté dans un communiqué.- “Démagogie” -La ministre macroniste de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a tenté, en vain, de faire adopter un compromis, pour sanctuariser le fait que les ZFE ne seraient obligatoires qu’autour de Paris et Lyon, et instaurer toute une batterie d’exceptions à la main des collectivités qui veulent les mettre en place.”Ce ne sera pas possible de le faire même pour ceux qui le souhaitent”, a déploré le ministère dans un communiqué, après le vote de l’Assemblée.L’ancien ministre macroniste des Transports Clément Beaune, désormais Haut-commissaire au Plan, a déploré sur X une “triste semaine de démagogie anti-écolo”, citant également une loi agricole visant entre autres à réintroduire certains néonicotinoïdes, et qui poursuit sa route au Parlement grâce à un coup tactique du bloc central.Concernant la loi simplification, les députés ont aussi adopté mercredi un article pour faciliter l’implantation de vastes centres de données numériques. Mais après son passage en commission, il comporte surtout une révision significative du “zéro artificialisation nette” (ZAN), dispositif de lutte contre la bétonisation d’espaces naturels et agricoles.L’article permet de “dépasser jusqu’à 30%” la limite de surfaces naturelles aménageables, “sans justification”, et prévoit d’exclure du décompte du ZAN les constructions reconnues par décret comme “projet d’intérêt national majeur”.L’Assemblée a aussi adopté un amendement visant à sécuriser la conformité de projets comme celui de l’autoroute A69 – une limitation du “droit aux recours” selon la gauche -, ou un article ambitionnant de simplifier l’implantation d’antenne-relais.Des députés estiment toutefois que certaines dispositions, comme l’abrogation des ZFE, encourent un risque de censure au Conseil constitutionnel, comme cavaliers législatifs (trop éloignés du texte initial).Les votes sur les articles devront être confirmés par celui sur le projet de loi, alors que les débats sur ce texte, morcelés depuis début avril, doivent reprendre mi-juin, avec 623 amendements à étudier.sac-gbh-bl-juc-sde/vk

Le Mauritanien Sidi Ould Tah, élu nouveau super banquier de l’Afrique

L’ancien ministre mauritanien de l’Economie, Sidi Ould Tah, a été élu jeudi président de la Banque africaine de développement (BAD) et va succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de cette institution qui doit faire face au désengagement financier des Etats-Unis. Il n’aura fallu que trois tours de scrutin pour que M. Tah l’emporte, avec 76,18% des voix, devançant largement son rival zambien Samuel Munzele Maimbo qui a recueilli 20,26%. Le Sénégalais Amadou Hott termine troisième avec 3,55% des voix. Fondée en 1964, la BAD qui compte 81 pays membres, dont 54 africains, est l’une des grandes banques multilatérales de développement.Ses ressources proviennent notamment des souscriptions des pays membres, des emprunts effectués sur les marchés internationaux ainsi que des remboursements et revenus des prêts.Pour remporter l’élection qui se déroulait à Abidjan, siège de l’institution, il fallait obtenir une double majorité: celle des votes de tous les pays membres mais aussi celle des pays africains. Et sur ce terrain, M. Tah a obtenu un score fleuve avec 72,37% des suffrages africains. “Je voudrais d’abord remercier l’Afrique pour la confiance. Je vous remercie pour cette confiance dont je mesure la responsabilité et le devoir qui l’accompagne”, a déclaré M. Tah, à l’issue de son élection. “Je veux féliciter le Dr Sidi Ould Tah pour son élection réussie (…) je suis entré dans cette course mû par l’amour pour notre continent et pour offrir une vision pour le futur de l’Afrique. Aujourd’hui les gouverneurs ont choisi le leader qui, selon eux, va donner la vision de l’Afrique que nous voulons à ce moment décisif”, a déclaré M. Maimbo dans un communiqué transmis à l’AFP.   Car le nouveau président de l’institution va être immédiatement confronté à un environnement économique international chamboulé, notamment par les annonces de l’administration Trump.Outre les droits de douane, certaines décisions affectent directement la BAD puisque les Etats-Unis veulent supprimer leur contribution d’un demi-milliard de dollars au fonds de la banque, destiné aux pays à faible revenu du continent.Cinq candidats étaient en lice pour l’élection de jeudi, dans la capitale économique ivoirienne où se trouve le siège de l’institution.- Prestigieux poste – Au fil des tours de vote, M. Tah a rallié les voix de nombreux pays, dans ce scrutin où le poids de chaque Etat actionnaire est pondéré par la hauteur de sa participation au capital de la banque.Les cinq plus gros contributeurs africains: le Nigeria, l’Egypte, l’Algérie, l’Afrique du Sud et le Maroc, étaient particulièrement courtisés, tout comme les Etats-Unis et le Japon, plus gros contributeurs non-régionaux. A la tête de ce prestigieux poste d’une institution qui s’est imposée au niveau international, M. Tah devrait mettre à profit ses dix années à la tête d’une autre institution multilatérale, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea).Il devrait toutefois rester dans la continuité des “High 5”, les cinq priorités établies par le président sortant: éclairer, nourrir, industrialiser, intégrer et améliorer la qualité de vie des populations. “Je suis fier de l’héritage que je laisse derrière moi. Nous avons construit une institution financière de classe mondiale qui va continuer à faire progresser la position de l’Afrique dans un environnement mondial qui évolue rapidement”, a déclaré M. Adesina, mardi, précisant que 565 millions de personnes en Afrique ont bénéficié de projets de la BAD ces dix dernières années.La banque a, par exemple, aidé à la construction de la plus grande station d’épuration d’Afrique, à Gabal el Asfar en Egypte, contribué à la réalisation d’un pont entre Sénégal et Gambie, à l’extension du port de Lomé au Togo, ou encore à des projets d’assainissement au Lesotho et d’accès à l’électricité au Kenya.Pendant les dix ans de gouvernance de l’homme au nÅ“ud papillon, le capital souscrit de l’institution a par ailleurs triplé, passant de 93 à 318 milliards de dollars.