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Pollution aux microplastiques: un compromis pour durcir la loi en Europe

Commission européenne, eurodéputés et Etats membres sont parvenus à un compromis dans la nuit de mardi à mercredi pour durcir la législation contre la pollution aux microplastiques qui envahissent fleuves, plages et océans. Cet accord devrait permettre d’adopter définitivement ce nouveau règlement d’ici quelques mois.L’UE entend endiguer en particulier la pollution liée aux fuites de granulés de plastique, des “pellets” aussi surnommés “larmes de sirènes”, qui mesurent jusqu’à 5 mm et qui une fois fondus constituent un matériau clé pour produire des composants et des objets plastiques.En pratique, les industriels qui produisent, transportent ou transforment ces granulés devront établir des plans d’évaluation des risques afin de contenir les fuites éventuelles et engager rapidement des opérations de nettoyage le cas échéant.Les grandes entreprises qui produisent ou transportent plus de 1.500 tonnes de microplastiques par an devront régulièrement obtenir une certification auprès d’un organisme indépendant, et risquent des sanctions en cas d’insuffisances.Pour les petites entreprises, ces obligations sont allégées: celles qui produisent plus de 1.500 tonnes devront obtenir une certification unique dans les cinq ans suivant l’entrée en vigueur de la loi, celles qui produisent moins n’auront qu’une simple auto-déclaration à remplir.L’intégration ou non des petites entreprises à cette loi était la principale pomme de discorde ces derniers jours.En pleine politique de “simplification” pour alléger les charges administratives des entreprises, la Commission voulait exempter les petites entreprises de certification. La France plaidait au contraire pour les y contraindre dès 1.000 tonnes de production annuelle.Un compromis a été trouvé avec un seuil relevé à 1.500 tonnes et des modalités différentes de certifications entre grandes et petites entreprises.Du côté des organisations environnementales, le collectif Rethink Plastic a salué le “leadership” de l’Union européenne dans la lutte contre la pollution aux microplastiques.Mais des “délais” et des “exemptions arbitraires” pour les petites entreprises “risquent de limiter l’impact” de la loi, regrette Amy Youngman, de l’Environmental Investigation Agency (EIA), l’une de ces ONG.Autre point sensible entre les Etats européens, le transport maritime a bien été intégré à ce règlement, malgré les réticences de certains pays comme Chypre, Malte, la Croatie ou la Grèce, dont l’économie est tournée vers la mer.D’après des estimations, entre 52.140 et 184.290 tonnes de granulés ont été perdues dans la nature en 2019 au sein de l’Union européenne.Et selon Bruxelles, le transport maritime représentait environ 38% de tous les pellets transportés dans l’UE en 2022.En cas de pollution, la persistance d’un granulé de plastique dans l’eau peut être mesurée sur des décennies car ces pellets ne sont pas biodégradables.

Désendettement de la France: le gouvernement va dépenser 5 milliards d’euros en moins

La ministre française des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a annoncé mercredi un effort supplémentaire de réduction de la dépense, de 5 milliards d’euros, pour “tenir” les objectifs de désendettement du gouvernement, dont une partie pourrait être réallouée au secteur défense.”Il y a 5 milliards d’euros d’efforts de plus sur la dépense que nous allons faire dans les toutes prochaines semaines, pour que nous puissions tenir la ligne, tenir ce chemin de désendettement, parce que c’est la seule condition pour qu’aujourd’hui, demain, on arrête d’augmenter la dette et que nous nous redonnions des marges”, a déclaré la ministre au micro de RMC.”C’est un effort supplémentaire de réduction de la dépense de 5 milliards, on va dépenser 5 milliards d’euros en moins”, a précisé Amélie de Montchalin à l’AFP.”Comme la croissance baisse, comme on a moins de recettes et comme certains ministères ont de nouveaux besoins, si on veut tenir la cible de déficit, il faut qu’il y ait 5 milliards de dépenses qu’on avait prévu de faire, qu’on ne va pas faire à l’endroit où on voulait les faire, soit parce qu’elles n’auront pas lieu du tout, soit parce qu’on les aura réallouées”, a-t-elle détaillé.”Ces 5 milliards d’euros que nous allons soit annuler, soit repousser, soit réorienter, c’est notre réponse à un monde instable. C’est la manière de faire face quoi qu’il arrive à ce monde instable”, a déclaré Amélie de Montchalin sur RMC.Elle a notamment souligné l’importance pour le gouvernement d’avoir “les moyens de soutenir l’Ukraine, de réarmer notre pays”: “dans ces 5 milliards, il y a une partie qui va aller à nos dépenses essentielles de défense”, a indiqué la ministre.Mme de Montchalin avait indiqué lundi que 9,1 milliards d’euros avaient été mis en réserve. C’est “comme quand un ménage met de côté pour les jours difficiles […] Nous avons mis 9 milliards d’euros de réserve de côté, on va en prendre 5.Une conférence sur les finances publiques est prévue le 15 avril afin d’identifier les risques de dérapage et prendre des mesures correctives éventuelles.Le gouvernement entend réduire le déficit public à 5,4% en 2025, après 5,8% l’an dernier, avec l’ambition de passer sous le maximum européen de 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2029.Avant même la tempête douanière déclenchée le 2 avril, les incertitudes internationales ont conduit la Banque de France à réduire de 0,2 point à 0,7% sa prévision de croissance pour 2025.A la question de la journaliste de RMC “est-ce que vous maintenez la volonté et la promesse de ramener le déficit à 5,4% du PIB en 2025 contre 5,8% l’an dernier, et est-ce que vous espérez toujours que l’on puisse atteindre ou passer dessous les 3% d’ici 2029?”, Amélie de Montchalin a répondu “oui”.Evoquant “la maladie endémique du déficit”, elle a souligné que sa “doctrine, partagée par le ministre de l’Economie Eric Lombard, est “le quoi qu’il arrive: que notre pays puisse faire face ensemble à ses priorités existentielles, la défense, la santé, l’éducation”.

Le Japon ouvre davantage ses réserves stratégiques de riz pour contrer l’envolée des prix

Le Japon va continuer àdébloquer ses réserves stratégiques de riz jusqu’en juillet pour tenter d’enrayer l’envolée des prix, a annoncé le ministre nippon de l’Agriculture mercredi.”Afin de stabiliser les prix du riz qui ont flambé, le gouvernement va écouler sa réserve chaque mois jusqu’à cet été”, lorsque la nouvelle récolte de riz entrera sur le marché, a indiqué le ministre Taku Eto.Après une multiplication des prix quasiment par deux en un an, le gouvernement a commencé le mois dernier à mettre aux enchères son stock stratégique de riz pour la première fois depuis la constitution de la réserve en 1995.Cette flambée des prix découle de facteurs complexes, dont une demande accrue – avec les achats paniques déclenchés en août par un avertissement au “mégaséisme”, et la mauvaise récolte 2023 (consommée l’an dernier) pénalisée par de fortes chaleurs, ce qui a réduit l’offre.Facteur aggravant du problème, certains négociants ont tenté de faire du profit en attendant le moment opportun pour vendre leurs stocks de riz, selon les autorités.Le gouvernement a pour l’heure sorti quelque 210.000 tonnes de sa réserve.La prochaine vente aux enchères, de 100.000 tonnes, doit avoir lieu la semaine du 21 avril.Le prix au détail de cinq kilogrammes de riz était la semaine dernière de 4.206 yens (26,2 euros), en hausse de 104,5% par rapport à la même semaine l’an dernier.Le gouvernement japonais a également annoncé en mars vouloir multiplier par huit les exportations de cette céréale, pour atteindre 350.000 tonnes d’ici 2030.Le nouvel objectif d’exportations est à inscrire au sein d’une politique nationale de longue date visant à renforcer les exportations de cette denrée et rendre la riziculture plus efficace à mesure que vieillit la population du pays.La Maison Blanche a elle-même mobilisé l’exemple du riz nippon en annonçant des droits de douane additionnels de 24% sur les produits japonais entrant aux Etats-Unis, en vigueur depuis mercredi. Selon Washington, le Japon applique une taxe commerciale de 700% sur les importations de riz américains – une affirmation jugée “incompréhensible” par le ministre Taku Eto.La consommation de riz nippon a quasiment été divisée par deux ces 60 dernières années au gré des changements d’habitudes alimentaires, qui laissent de nos jours davantage de place au pain ou aux nouilles.

Guerre commerciale: les marchés mondiaux de nouveau en proie à la panique

La panique s’empare à nouveau des marchés mondiaux mercredi en pleine escalade des tensions commerciales, Donald Trump imposant depuis mercredi de nouvelles surtaxes à 60 pays, dont un taux colossal total de 104% contre la Chine.”La dernière colère douanière de Trump frappe comme une boule de démolition macroéconomique, réduisant à néant ce qu’il restait d’appétit pour le risque et plongeant à nouveau les marchés dans un mode de panique totale”, commente Stephen Innes, analyste chez SPI AM.Le président des Etats-Unis Donald Trump impose depuis mercredi matin à des dizaines de partenaires commerciaux une nouvelle salve de droits de douane à l’importation, dont un taux monumental pour la Chine.La Maison Blanche a rendu public un décret présidentiel “amendé” faisant grimper de “34%” à “84%” la taxation qui sera perçue par Washington sur les importations en provenance de Pékin. Cela porte à 104% le taux total imposé à la Chine depuis 04H00 GMT.”Les deux premières économies mondiales sont désormais coincées dans une guerre commerciale, et aucune des deux nations ne semble prête à céder”, note Susannah Streeter, responsable des marchés financiers, Hargreaves Lansdown.”Alors que le monde attend de savoir quel côté pliera en premier”, poursuit-elle, les Bourses asiatiques plongent de concert. La Bourse de Taïwan a clôturé en dégringolade de 5,8%, et à Tokyo, l’indice vedette Nikkei a terminé sur une chute de 3,93%.La situation est plus nuancée en Chine, avec l’indice Hang Seng à Hong Kong qui perdait 0,38% dans les derniers échanges, quand l’indice composite de Shanghai prenait 1,31% et celui de Shenzhen 1,22%, soutenus par les banques et firmes d’investissements étatiques aiguillonnées par Pékin.En Europe, vers 07H15 GMT, la Bourse de Paris dévissait de 2,40%, Francfort de 2,44%, Londres de 2,34% et Milan de 2,85%. La Bourse suisse lâchait 3,62%.Ventes paniques sur le marché de la detteLa volatilité extrême et la nervosité s’est aussi emparée du marché des obligations d’Etat, ces morceaux de dettes d’un pays avec différents horizons de remboursement.”Les marchés obligataires américains connaissent une vente massive incroyable”, souligne Jim Reid, “la preuve qu’ils perdent leur statut traditionnel de valeur refuge”.Plus une obligation est recherchée par les investisseurs, plus son taux va baisser. Ils cherchent en revanche à être mieux rémunérés lorsqu’ils jugent la dette d’un Etat plus risquée.Aux Etats-Unis, le rendement à 10 ans des bons du Trésor a grimpé à 4,38% vers 07H15 GMT, contre 4,29% mardi en clôture.Ces derniers jours, les obligations d’Etat étaient plébiscitées car perçues comme plus sûres avec un rendement garanti pour les investisseurs. Mais les récents “mouvements suggèrent que certaines positions sont abandonnées pour couvrir des pertes ailleurs sur les marchés”, estime Susannah Streeter.Le même phénomène avait été observé pour l’or, considéré comme la valeur refuge par excellence en temps de crise, qui avait décroché de son sommet historique atteint début avril, les investisseurs ayant été contraints de liquider leurs positions pour essuyer leurs pertes sur d’autres marchés.Face au chaos de la guerre commerciale, les achats d’or reprenaient toutefois mercredi, l’once d’or gagnant 1,84% à 3.038,20 dollars vers 07H15 GMT.Focus sur le yuanLe yuan offshore, qui circule en dehors de Chine continentale, a touché mardi son plus bas jamais enregistré face au billet vert depuis l’ouverture des échanges en 2010, à 7,4290 yuans pour un dollar.Pour Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank, la Chine pourrait “laisser le yuan se déprécier pour absorber une partie du coût des droits de douane” de Donald Trump.”Cela aggrave les craintes que les États-Unis et la Chine ne finissent par se retrouver dans une spirale d’escalade” des tensions, affirme Jim Reid, économiste pour la Deutsche Bank.Mme Ozkardeskaya s’attend à “des baisses de taux, des injections de liquidités et d’autres mesures qui s’enchaîneront les unes après les autres”.La Banque centrale indienne a d’ailleurs abaissé mercredi ses taux d’intérêt, espérant ainsi stimuler son économie dans la tempête de la guerre commerciale.Le pétrole pris dans la tourmenteLes prix du pétrole n’échappent pas à la tourmente, les deux références mondiales du brut ayant dégringolé d’environ 18% depuis le début du mois, évoluant désormais à leur plus bas niveau en plus de quatre ans.Vers 07H15 GMT, le Brent de la mer du Nord cédait 2,57% à 61,20 dollars le baril, quand son équivalent américain, le WTI perdait 2,88% à 57,86 dollars le baril.De quoi refléter “le scepticisme quant à une désescalade à court terme”, note John Plassard, de Mirabaud.

Le fisc américain va partager des données avec les services de l’immigration

Les autorités fiscales américaines ont conclu un accord avec les services de l’immigration en vue de leur fournir des informations sensibles sur les contribuables, ce qui pourrait faciliter l’expulsion de migrants, selon des documents judiciaires.Cet accord représente une victoire pour le gouvernement de Donald Trump qui a lancé une politique radicale de lutte contre l’immigration depuis son retour au pouvoir en janvier.Le fisc américain (IRS) permet à des millions de migrants clandestins de payer leurs impôts, ce qui est perçu par les intéressés comme un moyen de renforcer leur quête de papiers et contribue à alimenter le budget fédéral.Le service des impôts dispose de données telles que l’adresse, les revenus et les situations familiales des contribuables, qui sont strictement protégées par la loi fédérale. Mais aux termes de l’accord conclu lundi, selon les documents judiciaires, la police fédérale de l’immigration (ICE) peut réclamer à l’IRS des informations sur les personnes sur lesquelles elle enquête ou qui ont déjà reçu l’ordre de quitter le territoire.Le ministère de la sécurité intérieure (DHS), qui coiffe ICE, peut “légalement demander des informations relatives aux individus faisant l’objet d’une enquête pénale et l’IRS est tenu de les fournir”, selon ces documents.Dans ces circonstances, le Washington Post révèle mardi que la directrice par interim du fisc américain Melanie Krause a décidé de quitter l’IRS.Interrogé par l’AFP, le ministère des Finances s’est limité à confirmer son départ. “Melanie Krause a dirigé l’IRS au cours d’une période de transformation extraordinaire. Nous lui souhaitons du succès dans ses prochaines fonctions”, écrit une porte-parole.Melanie Krause était la troisième dirigeante du fisc américain depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.D’après les médias américains, des organisations de défense des droits des migrants avaient saisi la justice le mois dernier pour empêcher l’IRS de livrer des informations sensibles à ICE. Ce sont les documents judiciaires fournis par l’administration américaine dans le cadre de cette procédure qui ont révélé l’existence de l’accord.”Si l’accord reste en place, il fournira une feuille de route aux forces fédérales de maintien de l’ordre pour accéder à des informations confidentielles sans obtenir de décision judiciaire comme le prévoit la loi”, a réagi sur CNN Nandan Joshi, avocat de l’association Public Citizen.

Droits de douane: les Bourses européennes attendues en forte baisse à l’ouverture

Les Bourses européennes se dirigent vers une ouverture en forte baisse mercredi, avec l’entrée en vigueur de surtaxes américaines à 60 pays, dont un taux total de 104% appliqué contre la Chine.”Les indices européens devraient ouvrir en baisse (…) après que le président Trump a confirmé que les droits de douane sur la Chine augmenteraient à 104% à partir d’aujourd’hui, ce qui soulève des inquiétudes quant à une récession mondiale”, commente John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.Le contrat à terme de l’indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40, qui reflète les échanges se déroulant avant l’ouverture, chutait de 3,59% une quarantaine de minutes avant l’ouverture des marchés européens (à 07H00 GMT).Celui du Dax de Francfort dégringolait de 3,57%, le FTSE 100 à Londres de 2,51% et la Bourse de Milan de 3,52%.Le président des Etats-Unis Donald Trump impose depuis mercredi matin à des dizaines de partenaires commerciaux une nouvelle salve de droits de douane à l’importation, dont un taux monumental de plus de 100% pour la Chine, provoquant une forte poussée de fièvre entre les deux premières puissances mondiales.”Les espoirs de voir Donald Trump revenir sur les droits de douane avant leur mise en vigueur ont été anéantis -tout comme le sentiment sur les marchés financiers mondiaux”, note Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.Pour la Chine, la Maison Blanche a rendu public un décret présidentiel “amendé” faisant grimper de “34%” à “84%” la taxation qui sera perçue par Washington sur les importations en provenance de Pékin. Si on y ajoute les 20% déjà en vigueur, cela porte à 104% le taux imposé à la Chine depuis 04H00 GMT.Les Bourses asiatiques ont accéléré leur chute. A Tokyo, l’indice vedette Nikkei plongeait de 3,38% vers 06H15 GMT. La Bourse de Taïwan a clôturé en baisse de 5,8%.En Chine, l’indice Hang Seng perdait 0,63% vers 06H15 GMT, mais l’indice composite de Shanghai prenait 0,79% et celui de Shenzhen 1,16%, soutenus par les banques et firmes d’investissements étatiques aiguillonnées par Pékin.”Rappelons cependant que le président américain est – serait ? – ouvert à des négociations avec des dizaines de pays, dont la Corée du Sud et le Japon, en vue de réduire ou d’éliminer les droits de douane les plus élevés”, note John Plassard.

Cigales ou fourmis, des Américains face aux droits de douane

Certains s’achètent le dernier iPhone avant que son prix ne s’envole, d’autres font le dos rond et surveillent encore plus qu’avant leurs dépenses: les consommateurs américains se préparent à affronter les surtaxes massives de Donald Trump sur les produits étrangers.Sur le parking d’un magasin près de la capitale Washington, une sexagénaire range ses courses dans sa voiture. “J’ai dépensé 50 dollars, d’habitude c’est le double”, dit-elle à l’AFP.”Les prix vont continuer à augmenter avec les droits de douane, et j’aurai besoin de cet argent pour acheter de la nourriture la semaine prochaine et la suivante”, explique cette retraitée qui a préféré rester anonyme.Son chariot est modérément rempli, en sortant de Costco, une chaîne connue pour vendre de gros volumes à prix cassés. “Je vis dans un appartement. Je ne peux pas faire de réserves. Je n’ai ni la place ni l’argent”, raconte-t-elle.Les Etats-Unis entrent mercredi dans une phase majeure de l’offensive lancée par le président Donald Trump sur les droits de douane, avec des surtaxes massives ciblées sur certains pays producteurs.Cela touchera les appareils électroniques fabriqués en Chine (+104% en cumulé sur les produits chinois), les vêtements confectionnés au Vietnam (+46% de droits de douane), la vanille de Madagascar (+47%), le thé du Japon (+24%), le riz au jasmin de Thaïlande (+36%) ou encore le vin européen (+20%).- “Mauvais” -Dans la banlieue de Washington, Charles pousse son chariot avec empressement. “Les droits de douane sont mauvais, qu’ils soient mis en place par des démocrates ou des républicains”, lance l’homme de 59 ans qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.Il anticipe la nouvelle vague à sa manière: “J’achète un iPhone demain.”Keith Taylor, lui, l’a fait il y a quelques jours. “Je n’achèterai pas d’autre appareil électronique tant que la situation ne sera pas stabilisée.”Avant de grimper dans son SUV rutilant, cet employé d’une start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle explique faire plus attention à ses dépenses depuis quelques mois: éviter certaines enseignes, surveiller les promotions…Un peu plus loin, dans un magasin de l’enseigne japonaise Uniqlo, Elisabeth Bradley, 40 ans, se considère comme “privilégiée”.Directrice d’une agence numérique, elle pense pouvoir encaisser des hausses de prix: “Ce n’est pas le cas de beaucoup de gens”.Mais elle aussi a commencé à ajuster sa manière de consommer.Elle a fait l’acquisition d’une voiture électrique du constructeur suédois Volvo il y a deux semaines pour éviter la surtaxe. Et envisage d’acheter des vêtements à l’avance pour ses enfants parce que “ça va devenir plus cher”.- “Beaucoup de bruit” -Dans un quartier populaire de New York, à la sortie d’un autre Costco, Anastasia Nevin dit être déjà “en mode survie”.”J’ai deux enfants. j’essaie juste de m’en sortir. C’est dur”, confie-t-elle, s’imaginant réduire ses achats si les prix continuent à augmenter.Les ménages américains ont été essorés par la forte inflation post-Covid. Les prix ne sont pas descendus depuis et ont juste augmenté moins vite. “C’est déjà très difficile, donc imaginez ce que ça va donner”, souffle Sauad.D’autres consommateurs ne redoutent toutefois pas l’orage annoncé.”Je suis doué avec les courses, je sais trouver les bonnes affaires”, assure un homme dans la banlieue de Washington. “Il faut juste rester calme et voir ce qui arrive”, temporise un autre client de Costco.”Je fais confiance à Dieu pour pourvoir à mes besoins”, sourit une femme.Une jeune femme qui vient d’acheter un grand carton de couches pour son bébé de six mois ne pense pas que l’inflation sera pire que sous Joe Biden, le prédécesseur de Donald Trump. “Il y a beaucoup de bruit autour de cette histoire”, estime-t-elle, convaincue que le président se sert avant tout des droits de douane comme levier de négociation “pour obtenir de meilleures conditions” commerciales des autres pays, et donc que les droits de douane devraient par la suite descendre.A New York, Jean Brown considère aussi que “cela ne sera pas si catastrophique”. “Les prix changent tout le temps. Il faut juste s’adapter.”

Dans la vallée du verre, le flacon de parfum se verdit grâce à l’électricité

A intervalles rapides, les gouttes de verre incandescentes tombent pour donner naissance aux flacons de parfum mythiques de Lancôme, Chanel ou Guerlain, des écrins désormais un peu plus écologiques grâce à l’arrivée d’un four électrique dans la verrerie normande du Courval.Une chaleur infernale règne près du four qui fond en continu à 1.400 degrés un mélange de matières premières (sable, calcaire…) et de calcin (verre broyé). De là, la matière en fusion, plus brûlante que la lave, s’écoule vers les machines de formage qui donnent vie à des flacons expédiés dans le monde entier.Nichée depuis 400 ans dans la vallée de la Bresle, la verrerie de Pochet du Courval (groupe Pochet) à Hodeng-au-Bosc (Seine-Maritime) produit chaque jour 1 million de flacons et pots pour le parfum et la beauté. Ils étaient jusqu’à peu tous issus de trois fours à gaz, dont la combustion rejette des émissions réchauffantes pour l’atmosphère.Depuis-mi février, l’un d’entre eux a cédé la place à un four électrique, le premier en France dédié au flaconnage de luxe, spécialité du territoire surnommé la “Glass vallée”. En plus d’être alimenté en électricité bas carbone, “il consomme deux fois moins d’énergie (…) tout en offrant une capacité supérieure”, 66 tonnes par jour contre 50 pour un four à gaz, assure André Frézel, directeur technique du groupe.Alors que l’industrie en France et en Europe peine à électrifier rapidement ses fours et chaudières biberonnés aux énergies fossiles, le groupe familial spécialiste de l’emballage pour l’industrie du luxe (1.650 salariés dans le verre), maintient le cap de la décarbonation, “à rebours”, dit-il, de la conjoncture.Le groupe fabrique et décore des contenants pour Dior, Chanel, Lancôme ou encore Jean-Paul Gaultier… Certains sont devenus iconiques, comme le flacon aux Abeilles de la maison Guerlain, conçu en 1853 pour l’impératrice Eugénie.Près de 200 ans plus tard, Pochet entend répondre aux exigences nouvelles des maisons de luxe en faveur d’une meilleure performance climatique. Le secteur verrier, très dépendant du gaz, représente dans son ensemble 3% des émissions industrielles françaises de gaz à effet de serre, en rejetant en moyenne 500 kg de CO2 par tonne de verre produit, selon la fédération des industries du verre.Pour réduire l’énergie nécessaire à la fusion, Pochet intègre déjà 15% de verre recyclé. Il vise une réduction de 50% toutes ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2033 par rapport à 2014. – L’électricité, arme de compétitivité -Cette petite révolution a nécessité 7 mois de chantier et 12.000 heures de formation pour maîtriser le nouvel outil. “Le gaz chauffe vite et fort, mais refroidit vite”, tandis que l’électricité “chauffe fort, lentement et refroidit lentement”, explique Benoît Marszalek, directeur des opérations de Pochet du Courval.Avec un investissement de 40 millions d’euros, dont 6 millions de subventions publiques, ce choix était loin d’être évident au vu de la hausse des prix de l’énergie “depuis la guerre en Ukraine”, reconnaît-il.Un accord d’achat d’électricité avec une centrale solaire lui garantit des prix stables, pas suffisant néanmoins pour couvrir tous ses besoins en électricité décarbonée. D’où l’appel du directeur général du groupe, Xavier Gagey: “il nous faut un coût de l’électricité abordable”.En clair, si le groupe veut installer un deuxième four, EDF doit faire des efforts et l’Etat donner des “signaux clairs” aux industriels qui se décarbonent. “Nos concurrents asiatiques et américains payent l’énergie deux à quatre fois moins cher qu’en France, alors que nous avons une centrale nucléaire à 40 kilomètres” à Penly, relève M. Gagey.  Depuis plus d’une décennie, les clients d’EDF les plus voraces en électricité, de l’aluminium à la chimie, paient leur électricité à prix cassé en France, mais ce dispositif s’éteint en 2026.Et les négociations entre EDF et ces industriels pour le remplacer butent sur le tarif pour des contrats à long terme, jugé excessif par ces “électro-intensifs”, pour rester compétitifs. Xavier Gagey craint in fine que les entreprises plus petites comme Pochet soient moins bien loties que les géants de l’acier ou du ciment. “Nous devons être prises en compte, sinon la décarbonation est en péril”, avertit-il. 

Les surtaxes de Trump à l’importation frappent 60 pays, plus de 100% pour la Chine

Le président des Etats-Unis Donald Trump impose depuis mercredi à des dizaines de pays une nouvelle salve de droits de douane à l’importation, dont un taux monumental de plus de 100% à la Chine, provoquant une forte poussée de fièvre entre les deux premières puissances mondiales.Cette surtaxe supplémentaire — par exemple de 20% pour l’Union européenne — a fait replonger les Bourses en Asie.Pour l’adversaire et rival chinois, la Maison Blanche a rendu public un décret “amendé” par Donald Trump faisant grimper de “34%” à “84%” la taxation en principe dorénavant perçue par Washington sur les importations en provenance de Pékin. Cet amendement avait été annoncé après la riposte chinoise à la hausse à 34%, Pékin comptant pour sa part relever de 34 points ses droits de douane sur les produits importés des Etats-Unis à compter de jeudi.Côté américain, si on ajoute les 20% déjà en vigueur, cela porte à 104% le taux imposé à la Chine depuis 04H00 GMT. Un niveau totalement prohibitif.”La Chine n’acceptera jamais cela”, avait menacé mardi un porte-parole du ministère du Commerce.  – Affolement -Malgré un léger rebond mardi soir, les marchés boursiers sur toute la planète sont affolés par la guerre commerciale mondiale que Donald Trump a déclenchée.Vers 06H00 GMT, l’indice vedette Nikkei à Tokyo a plongé de 4,43% et le yen a progressé de 1,1% face à un dollar affaibli, au plus bas depuis octobre. D’autres places en Asie, Séoul, Hong Kong, sont en nette baisse (-1,98% et -1,84%) et Taipei a plongé de 5,8% à la clôture. Les Bourses chinoises de Shanghai et Shenzen étaient en revanche légèrement dans le vert dans l’après-midi.Le pétrole est aussi au plus bas depuis quatre ans autour de 60 dollars le baril et le won sud-coréen a glissé jusqu’à un niveau jamais atteint depuis 2009.Il faut dire que la Corée du Sud est très dépendante de ses exportations, surtout pour ses automobiles qui se vendent énormément sur l’immense marché de son allié américain.En urgence, Séoul a donc annoncé deux milliards de dollars d’aide à ses constructeurs, à la suite de l’imposition d’une surtaxation américaine de 25%.Première banque centrale à réagir, celle de la Nouvelle-Zélande a réduit ses taux d’intérêt de 25 points de base à 3,5%. La Banque centrale indienne a suivi en invoquant une conjoncture mondiale “difficile” et abaissé ses taux d’intérêt à 6%. A l’échelle mondiale, une première salve de droits de douane de +10% était entrée en vigueur samedi sur l’ensemble des importations des Etats-Unis.A l’exception des 104% contre la Chine, les nouvelles surtaxes frappent quelque 60 partenaires commerciaux à hauteur de 11% à 50%.L’UE, première partenaire commerciale des Etats-Unis, subit +20%, le Vietnam 46%.Hanoi fait partie de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), qui compte les États-Unis comme principal marché d’exportation: les dix pays ont appelé mercredi à “agir avec audace” pour répondre au risque de guerre commerciale.Face à la panique, le président Trump se veut rassurant.Il a promis “des accords sur mesure, pas du prêt-à-porter, mais de la haute couture”, d’abord avec les alliés asiatiques de l’Amérique, Japon et Corée du Sud en tête.Lors d’un dîner avec des caciques du Parti républicain, le milliardaire conservateur qui bouleverse l’ordre économique libéral mondial s’est félicité que des dizaines d’Etats – y compris Pékin d’après lui – “fassent tout” pour trouver un accord avec Washington.- “Lécher le cul” -“Ces pays nous appellent pour nous lécher le cul”, a-t-il plastronné.Pour l’UE, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a exhorté à “éviter l’escalade”, lors d’un entretien téléphonique avec le Premier ministre chinois Li Qiang. Tout en plaidant pour “une résolution négociée”.L’UE devrait présenter sa réponse “en début de semaine prochaine”, selon un porte-parole. Mais selon une liste qu’a consultée l’AFP, le bourbon ne sera pas concerné par la surtaxe de 25% que Bruxelles propose d’imposer sur des produits américains.Pour le président français Emmanuel Macron, “l’objectif est d’arriver à une situation où le président Trump revienne sur sa décision”.Considérée comme plus proche de Donald Trump, la Première ministre italienne d’extrême droite Giorgia Meloni a annoncé mardi soir qu’elle se rendrait à Washington le 17 avril.Après un rebond des places mondiales mardi, l’indice Dow Jones avait terminé en baisse de 0,84%. Paris avait auparavant regagné 2,50%, Londres 2,71% et Tokyo 6,02%.Cette guerre commerciale déclenchée par M. Trump pourrait saper l’économie mondiale, avec des risques d’inflation, de chômage et de baisse de croissance, avertissent des analystes.Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit “particulièrement inquiet pour les pays en développement les plus vulnérables sur lesquels les impacts seront plus dévastateurs”.burs-nr/fz

Taxer les engrais russes, le projet de l’UE qui inquiète les agriculteurs

Dans le bras de fer qui l’oppose à Moscou, l’Union européenne voudrait surtaxer à partir de juillet les millions de tonnes d’engrais qui arrivent de Russie chaque année. Mais le sujet est inflammable pour les agriculteurs du continent, qui craignent une explosion des prix.Car l’Europe est dopée aux engrais russes. Avec 6,2 millions de tonnes en 2024, et déjà près de 2 millions depuis début 2025, le “made in” Russie représente un quart des importations de fertilisants, selon les données de la Commission européenne.”L’origine russe est la plus compétitive en termes de prix, et en raison d’une logistique bien établie” pour approvisionner l’UE, explique Dominique Dejonckheere, au Copa-Cogeca, l’organisation des syndicats agricoles européens.Plus de trois ans après l’invasion russe de l’Ukraine, l’Union européenne a décidé de taper du poing sur la table. Bruxelles veut priver la Russie d’une manne qui finance son effort de guerre. L’UE entend aussi empêcher les Russes de passer par ces engrais pour exporter leur gaz naturel, principale matière première utilisée dans la fabrication de ces fertilisants azotés.Pour couper le robinet, des taxes sur les engrais russes comme bélarusses pourraient donc entrer en vigueur à partir de l’été, avec une augmentation progressive durant trois ans. Approuvées mi-mars par les États membres, elles doivent encore être débattues en mai au Parlement européen.A la Commission, on assure que tout a été fait pour qu’elles n’affectent pas les prix de l’ensemble des engrais sur le marché.L’exécutif européen insiste sur la progressivité des taxes et promet d’intervenir si les prix grimpent. En cas d’inflation, la Commission pourrait suspendre les taxes douanières sur les engrais d’autres régions: Maghreb, Asie Centrale, États-Unis, Trinité-et-Tobago ou Nigeria…Surtout, l’Union vise une augmentation de la production européenne. L’annonce de la taxation des engrais russes est d’ailleurs applaudie par les industriels de l’UE.Le lobby européen Fertilizers Europe voudrait même des taxes plus rapides, car ses producteurs sont “exposés depuis des années à des importations à des prix artificiellement bas en provenance de la Russie et du Bélarus”, dénonce-t-il.- “Dans le rouge” -Du côté des agriculteurs, on fait en revanche la grimace. Le risque d’augmentation des prix est “une grande source d’inquiétude”, prévient Amaury Poncelet, céréalier et betteravier à Berloz dans le centre de la Belgique.”Certains collègues sont déjà dans le rouge. On comprend qu’il faut aider l’Ukraine et emmerder les Russes, mais au bout de la chaîne, c’est nous”, souligne-t-il.En mars, le Copa-Cogeca a tiré la sonnette d’alarme dans un communiqué.”La proposition de la Commission n’est pas suffisamment équilibrée, on a le sentiment que les agriculteurs sont les oubliés”, regrette Dominique Dejonckheere.Le lobby agricole plaide pour un report d’un an des taxes ou des dérogations autorisant l’épandage d’autres produits: les effluents d’élevage.Le moment venu, les syndicats n’excluent pas un mouvement de protestation “si les prix des engrais se mettent à augmenter fortement et que la Commission n’est pas capable de réagir rapidement”.L’exécutif européen, déjà confronté à un vaste mouvement de colère agricole à la fin du précédent mandat, surveille donc le sujet comme le lait sur le feu.Le 19 mai, une réunion de l’observatoire européen du marché des engrais, avec industriels, agriculteurs et responsables européens devrait permettre de prendre la température.Au Parlement, la rapporteuse du texte, la Lettone Inese Vaidere (PPE, droite) se veut rassurante. “La situation est sous contrôle”, “nos agriculteurs ne seront pas très affectés” car il y a des capacités européennes et de “nombreux autres pays prêts à nous fournir des engrais”, affirme cette élue.Mais des divergences se manifestent jusque dans son propre groupe. L’eurodéputée française Céline Imart, également exploitante céréalière, plaide pour reporter la taxation des engrais russes à 2026 ou pour une baisse des tarifs douaniers immédiate sur les importations d’autres pays, sans attendre une éventuelle inflation.”Bien sûr qu’il faut réduire la dépendance aux engrais russes”, mais “les agriculteurs payent toujours le prix sans rien demander, ils s’en prennent plein la tête”, estime-t-elle.