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Les taxis à l’arrêt pour un quatrième jour de mobilisation

Des milliers de taxis ont manifesté jeudi pour le quatrième jour consécutif contre une nouvelle convention régissant le transport de patients mais aussi contre la concurrence des VTC.1.700 taxis se sont mobilisés dans l’Hexagone dont 960 à Paris, a-t-on indiqué de source policière.A Pau (Pyrénées-Atlantiques), devenu l’un des centres de la mobilisation parce qu’elle est la ville du Premier ministre François Bayrou, des centaines de taxis selon leurs représentants, 100 selon la police, se sont encore mobilisés jeudi.L’intersyndicale des taxis a demandé la nomination d’un médiateur, jeudi après-midi dans un communiqué.- “Geler” pour le PS -Elle avait entamé lundi une mobilisation massive pour protester contre un projet de nouvelle tarification de l’Assurance maladie sur les transports de malades par des chauffeurs de taxi conventionnés. Approuvée le 16 mai par le gouvernement dans un arrêté, elle doit entrer en vigueur le 1er octobre.L’objectif est de contrôler la croissance des dépenses de transport sanitaire, qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (avec un bond de 45% depuis 2019).Mais ces trajets vers les hôpitaux ou cabinets médicaux représentent la majorité du chiffre d’affaires de nombreux chauffeurs, surtout dans les petites villes.Des représentants des taxis ont été reçus par les cabinets de leurs différents ministères de tutelle, mais ils demandent à être reçus par M. Bayrou.A Pau, des taxis ont rencontré Olivier Faure, patron des députés PS, présent jeudi dans la ville pour dédicacer son dernier livre.”On a affaire à des gens civilisés, qui ne vont pas manger le ministre ni sauter sur les tables mais qui demandent simplement à être entendus, et à ce qu’une discussion puisse reprendre”, a commenté Olivier Faure sur BFMTV à l’issue de la rencontre.”Je souhaite qu’on puisse geler cette convention, qui n’est pas d’ailleurs entrée en vigueur. Ca suppose que d’ici là, il y ait une vraie discussion”, a poursuivi Olivier Faure.Dans les Bouches-du-Rhône, plus de 300 taxis étaient mobilisés jeudi selon la préfecture de police.Ils bloquaient à nouveau une des principales artères du centre-ville de Marseille, rejoints par des taxis des Alpes-Maritimes, du Var ou encore plus loin des Hautes-Alpes; comme ce taxi qui avait glissé sous son pare-brise un tract disant : “taxi et transport sanitaire en danger de mort”.A Paris, 650 taxis venus de toute la France ont bloqué le boulevard Raspail, près du ministère des Transports, selon la police. Un barrage filtrant a aussi été mis en place à l’entrée de l’aéroport Charles-de-Gaulle, avant qu’une cinquantaine de taxis ne partent en opération escargot. D’autres ont ralenti la circulation aux abords du parc Disneyland Paris.- “Plus le choix” -Des chauffeurs marseillais se disent jeudi prêts à poursuivre le mouvement autant de temps qu’il faudra malgré les pertes de chiffre d’affaires, qu’ils estiment pour eux entre 1.000 et 2.600 euros sur l’échelle d’une semaine.”Maintenant, on n’a plus le choix. On est tous ensemble. Moi, je serai là jusqu’au bout”, a lancé à l’AFP Thibault Lafontaine, militaire à la retraite et vice-président de l’Union des taxis du 83 (Var).”On a des exemples assez poignants de gens qu’on transporte qui vous expliquent qu’ils ont un hôpital à 20 km, mais qu’il ne peut pas les soigner”, a expliqué Thibault Lafontaine. “Donc les gens font 150 km. Et donc c’est pour ça que ça a augmenté. Si ça a augmenté, c’est parce que la population vieillit, la population est plus malade et on a détruit le système de santé”.Les taxis marseillais ont prévu de distribuer des tracts vendredi devant des hôpitaux.Le climat s’est tendu à plusieurs reprises avec les forces de l’ordre mais aussi avec les conducteurs de voitures de transport avec chauffeur (VTC).De nombreux taxis manifestent en effet contre la concurrence des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), coordonnés par des plateformes comme Uber. Le ministère des Transports a proposé mercredi un contrôle renforcé des VTC. Le syndicat de VTC Union-Indépendants a appelé de son côté dans un communiqué à “l’apaisement”, après avoir constaté des “blocages, menaces, et parfois même dégradations de véhicules”.

Anthropic sort Claude 4, son nouveau modèle d’IA doué en programmation informatique

La start-up d’intelligence artificielle (IA) Anthropic a lancé jeudi sa nouvelle famille de modèles d’IA générative, Claude 4, censés démontrer sa capacité à rivaliser avec les assistants IA stars du secteur, de manière plus responsable que ses concurrents.”Claude Opus 4 est le meilleur modèle de codage au monde”, a assuré d’emblée Dario Amodei, patron et cofondateur d’Anthropic, à l’ouverture de la première conférence de l’entreprise pour les développeurs.”Opus 4″, le modèle le plus puissant de la start-up, et “Sonnet 4” sont tous les deux des modèles hybrides: ils peuvent fournir des réponses instantanées ou exécuter des tâches plus longues en arrière plan, comme la programmation informatique ou l’analyse de données techniques pour rédiger un rapport intelligible.L’année 2023 a été marquée par la course aux interfaces concurrentes de ChatGPT. Ces assistants IA ont, depuis, gagné en “raison” –ils prennent plus de temps à répondre et affichent les étapes de leur réflexion– et en autonomie.La Silicon Valley est désormais concentrée sur les “agents IA”, qui accomplissent des tâches au nom de l’utilisateur.Anthropic avait été pionnier dans ce domaine avec la sortie de “Computer use” à l’automne 2024, qui permet à Claude d’utiliser les ordinateurs comme un humain: il navigue sur internet, sélectionne des boutons sur un site, saisit du texte et manie différents logiciels.”Les agents peuvent véritablement transformer l’imagination humaine en réalité tangible à une échelle sans précédent, et c’est particulièrement important pour les développeurs comme vous”, a déclaré Mike Krieger, directeur produit d’Anthropic, et cofondateur d’Instagram.Il a évoqué les débuts de l’application de partage de photos, avant qu’elle soit rachetée par Facebook, quand sa petite équipe devait choisir entre concevoir un nouvelle fonctionnalité ou améliorer l’application mobile, par exemple.”Avec les agents IA, les start-up peuvent désormais mener des expériences en parallèle, s’améliorer grâce aux retours d’utilisateurs et construire des produits plus rapidement que jamais”, a souligné M. Krieger.”Pour les entrepreneurs, les agents IA peuvent aussi faire office de directeur financier ou chef produit, tant qu’ils ne sont pas prêts à recruter des personnes à ce niveau”, a-t-il ajouté, précisant qu’il passe lui-même “beaucoup plus de temps avec Claude” qu’avec son épouse.Fondée par d’anciens ingénieurs d’OpenAI, Anthropic promeut de manière ostensible un développement responsable de l’intelligence artificielle.La start-up de San Francisco semble pour l’instant concentrer ses efforts sur des modèles performants en programmation informatique pour les entreprises.Contrairement à ChatGPT, Gemini (Google) ou Meta AI, Claude ne génère pas d’images et est très limité en termes de fonctions multimodales (compréhension et génération de différents médias, comme le son ou la vidéo).

La guerre douanière freinera les efforts en matière de climat, avertit la DG de la COP30

La guerre douanière risque de nuire au commerce des technologies comme les panneaux solaires et les véhicules électriques, et freinera la lutte contre le dérèglement climatique, avertit Ana Toni, la directrice générale de la prochaine conférence de l’ONU sur le climat, dans un entretien à l’AFP.La COP30 se tiendra en novembre dans la ville amazonienne de Belem au Brésil, pays dont Mme Toni est secrétaire nationale pour le changement climatique. Elle a répondu à l’AFP lors d’une réunion préparatoire des pays d’Amérique latine à Panama. QUESTION: La guerre douanière déclenchée par le président américain Donald Trump nuira-t-elle à la lutte contre le réchauffement climatique?REPONSE: Le commerce est un instrument économique très important et nous devons l’utiliser pour aider les pays à atténuer ou à s’adapter le plus rapidement possible [aux effets du changement climatique, NDLR]. Beaucoup de nos bus électriques [en Amérique latine] viennent de Chine ou d’autres continents, c’est une bonne technologie à faible émission de carbone qu’il nous fallait encourager et soutenir. Q : Que signifie pour le monde le fait que Trump veuille retirer les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat conclu en 2015 ? R : Le peuple américain n’est pas plus en sécurité parce que son président a décidé de quitter l’accord de Paris. Les Latino-Américains ne sont pas plus en sécurité parce que le président Trump a fait ce qu’il a fait. Nous avons vu ce qui s’est passé à Los Angeles — cet incendie qui a détruit tant de maisons, nous pouvons voir maintenant ce qu’ils traversent. Je pense qu’ils (l’administration américaine) le regretteront, mais travaillons avec les institutions américaines et les citoyens des États-Unis qui souhaitent poursuivre l’action sur le changement climatique. Le changement climatique est une guerre (…) chaque jour, des gens meurent à cause de la chaleur, de la sécheresse, des inondations. Les molécules de carbone n’ont pas de passeport. Elles ne comprennent pas nos différences géopolitiques. Nous ne pouvons pas dire que ce carbone vient du Panama, du Brésil ou de Chine. Si nous ne faisons pas cela ensemble, dans un cadre multilatéral (…) nous ne pourrons pas lutter contre le changement climatique. Q : Comment l’Amérique latine peut-elle mieux s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique et que fait-elle pour limiter les émissions de carbone ? R : L’Amérique latine n’attend pas que les pays occidentaux, ou les pays développés, viennent l’aider. Nos dirigeants savent que nous sommes une région très vulnérable (…) De nombreux pays souffrent déjà. Seuls cinq pays d’Amérique latine ont, à ce jour, communiqué leurs nouveaux objectifs pour 2035 — les fameuses CDN (“contributions déterminées au niveau national”, soit les feuilles de route climatiques prévues par l’accord de Paris). Nous espérons donc que tous les pays d’Amérique latine viendront à la COP30 avec leurs contributions nationales, pour affirmer que l’Amérique latine est consciente de ses problèmes, mais fait aussi partie de la solution. C’est dans cette région que nous avons une abondance de ressources naturelles, de forêts, d’énergies renouvelables, donc nous faisons partie de la solution, mais nous devons lancer cette nouvelle économie pour en faire bénéficier les populations et la planète. Q : De quoi la région a-t-elle besoin pour y parvenir ? R : L’Amérique latine est déjà en tête dans de nombreux domaines. Par exemple, au Brésil, nous luttons contre la déforestation (de l’Amazonie) avec d’autres pays. Mais il est vrai que nous avons besoin de soutien, notamment financier, pour voir si nous pouvons avancer plus vite en matière de transition énergétique. La question du financement sera un sujet très important pour nous à la COP30. 

Le G7 Finances cherche le consensus à l’approche de la fin des négociations

Les argentiers du G7 se lancent dans les derniers pourparlers jeudi au Canada pour trouver un langage commun et présenter un front uni malgré les dissensions fortes au sein du groupe sur des sujets aussi importants que les droits de douane ou l’Ukraine.La présidence canadienne, qui avait invité le ministre ukrainien des Finances pour envoyer un “message fort au monde”, a fixé comme priorités de ce G7 Finances de “restaurer la stabilité et la croissance” et de renouveler un soutien sans faille à Kiev.Selon plusieurs sources diplomatiques interrogées par l’AFP, les pays sont en train de travailler sur un communiqué final qui sera publié dans la journée. La veille, une autre source prenant part aux négociations avait affirmé que des membres étaient prêts à y renoncer si cela générait une nouvelle source de crispation avec les Américains.”L’ambiance des réunions était positive et constructive”, a déclaré à l’AFP le commissaire européen à l’Economie, Valdis Dombrovskis, estimant que les discussions “progressaient bien”.Selon lui, les fonctionnaires ont avancé sur de nombreux sujets, notamment concernant les déséquilibres de l’économie mondiale mais aussi en ce qui concerne la réponse à l’agression russe en Ukraine.”L’ambiance était chaleureuse. On a parlé entre amis et alliés”, a déclaré à l’AFP le ministre des Finances français Eric Lombard. “Nous ne sommes pas d’accord sur tout mais on a parlé de tout”.Il se félicite notamment d’une “avancée nette” sur le soutien à l’Ukraine et la question d’augmenter la pression sur Moscou.- “Main tendue” -Pour leur dernier jour de discussions à Banff au coeur des Rocheuses canadiennes, les ministres des Finances des sept économies avancées – Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni – plancheront sur la criminalité financière et l’intelligence artificielle.Des sujets peu conflictuels au regard des nombreux points d’achoppement apparus entre les différentes nations du G7 depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.En imposant des droits de douane d’au moins 10% sur la plupart des produits entrant aux Etats-Unis, le président américain remet en question le multilatéralisme et menace le monde d’un ralentissement économique général.Même si elle n’était pas directement abordée en session plénière, la question des taxes douanières constitue la toile de fond de toutes les discussions. Et c’est le sujet mis en avant par tous les ministres lors de leur rencontre avec Scott Bessent, le secrétaire américain au Trésor.”Nous devons résoudre les différends commerciaux actuels le plus rapidement possible, dans l’intérêt de tous”, a déclaré jeudi le ministre allemand des Finances, Lars Klingbeil, à la presse.”Notre main est tendue”, a-t-il ajouté, notant que les droits de douane américains menacent l’emploi et la croissance des deux côtés de l’Atlantique. “Nous devons trouver des solutions communes.”- “Sanctions plus fortes” -Autre priorité de ce G7 pour le Canada et les Européens, et point de tensions avec les Américains ces dernières semaines: l’Ukraine, dont la reconstruction était au programme des sessions communes.Invité spécial à Banff, le ministre ukrainien des Finances, Sergii Marchenko, a plaidé pour que des “sanctions plus fortes” soient prises à l’encontre de la Russie, afin de pousser Moscou à faire taire les armes.Il y a un an, une réunion du G7 Finances avait permis d’avancer vers un accord pour utiliser les intérêts générés par les avoirs souverains russes qui ont été gelés en représailles de l’invasion par la Russie de l’Ukraine en février 2022. La tonalité finale de cette réunion de Banff sera aussi scrutée de près car elle est vue comme une répétition à moins d’un mois du sommet qui réunira les dirigeants des pays, également dans les Rocheuses canadiennes du 15 au 17 juin.A cette occasion, pour la première fois depuis son retour au pouvoir, le Canada recevra Donald Trump qui ne cesse de répéter qu’il rêve d’annexer son voisin du nord.

La Bourse de Paris conclut en baisse une séance tournée vers le budget des Etats-Unis

La Bourse de Paris a terminé en baisse de 0,58% jeudi, à l’issue d’une séance marquée par les indices d’activité en zone euro et les inquiétudes du marché quant à la trajectoire du déficit public américain.L’indice vedette CAC 40 a perdu 46,05 points pour s’établir à 7.864,44 points à la clôture. La veille, il avait perdu 0,40%.”La séance a débuté avec des PMI en zone euro plutôt mixte”, a commenté Marine Mazet, stratégiste taux chez Nomura.Baromètre de l’activité économique du secteur privé, l’indice PMI Flash pour la zone euro en mai s’est contracté pour la première fois depuis cinq mois, plombée par la faiblesse du secteur des services.”Cette composante service a surpris à la baisse”, mais c’est un soulagement pour les investisseurs puisque c’est “l’inflation sur les services qui a fait peur à la Banque centrale (BCE) pendant très longtemps”, explique Marine Mazet.”C’est sur cette composante de l’indice que l’on peut voir les prémices d’un ralentissement économique”, qui alimente les espoirs d’un desserrement des taux d’intérêt de la BCE, a poursuivi la stratégiste.Ainsi, sur le marché obligataire européen, le rendement des obligations allemandes à 10 ans restait stable, à 2,64% jeudi, au même niveau que la veille à la clôture, malgré un environnement de marché tendu en raison des inquiétudes sur le déficit des Etats-Unis. Son équivalent français était à 3,32%, contre 3,31% mercredi.”Le projet de loi budgétaire aux Etats-Unis remet la lumière sur le risque fiscal” et les sujets de déficit public des Etats, a expliqué Marine Mazet.Dans le détail, la Chambre américaine des représentants a adopté jeudi le mégaprojet de loi budgétaire voulu par Donald Trump, qui espère concrétiser certaines promesses phares de campagne comme la prolongation de gigantesques crédits d’impôt de son premier mandat.Selon différents analystes indépendants, le texte pourrait accroître le déficit de l’Etat fédéral de 2.000 milliards à 4.000 milliards de dollars sur la prochaine décennie.Le taux d’intérêt de l’emprunt américain à échéance trente ans s’est hissé en séance jusqu’à 5,15%, atteignant des niveaux comparables à ceux connus au début de la crise financière de 2007. Vers 16H45 GMT, il s’établissait à 5,06%, contre 5,09% la veille en clôture.Elior recherchéLe groupe de restauration collective Elior a terminé en hausse de 3,84% à 2,81 euros l’action, affichant la meilleure progression de la séance sur l’indice élargi SBF 120. Le titre était recherché après que le groupe a annoncé avoir dégagé un bénéfice net de 43 millions d’euros entre octobre et mars, contre un million d’euros un an plus tôt.Elior a toutefois révisé à la baisse son objectif de croissance organique du chiffre d’affaires.

Travailleurs sans-papiers: très attendue, la nouvelle liste des métiers en tension enfin publiée

Agriculture, aide à domicile, hôtellerie ou restauration: la liste actualisée des métiers en tension, permettant de régulariser des travailleurs étrangers, a été publiée jeudi au Journal officiel, après plusieurs reports.Transmise par le gouvernement aux partenaires sociaux le 21 février, cette mise à jour, prévue chaque année selon la loi immigration de janvier 2024, devait être publiée fin février avant d’être repoussée plusieurs fois. La dernière version date de 2021.Établie région par région, cette liste énumère les quelque 80 métiers en manque de main d’oeuvre, grâce auxquels les travailleurs étrangers peuvent prétendre à un titre de séjour en justifiant de douze mois de bulletins de salaire au cours de vingt-quatre derniers mois et trois ans de résidence en France. Cette disposition, censée incarner le volet social de la loi portée par l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, est applicable jusqu’à fin 2026. Elle doit permettre à des patrons ayant des difficultés à recruter de garder leurs employés et d’écarter le risque d’une condamnation – l’emploi d’une personne en situation irrégulière est passible de 30.000 euros d’amende et cinq ans d’emprisonnement.Parmi les “métiers et zones géographiques caractérisés par des difficultés de recrutement” figurent notamment en bonne place les “agriculteurs salariés”, “aides à domicile et aides ménagères”, “aides de cuisine”, “cuisiniers”, “employés de maison et personnels de ménage”, “maraîchers/horticulteurs salariés”, ainsi que les employés de l’hôtellerie et du secteur du bâtiment.- “Des choses étonnantes” -“Enfin ! Ca faisait des mois et même des années qu’on l’attendait. Je pense à tous ces employeurs et ces salariés sous alias qui attendaient cette liste pour déposer leur dossier de demande de régularisation. C’est un soulagement pour eux”, a réagi Franck Trouet, délégué général du Groupement des hôtelleries et restaurations (GHR) auprès de l’AFP. “On reconnaît que l’hôtellerie restauration, premier recruteur de France est un secteur en tension. C’est une avancée, même s’il y a des choses étonnantes: à Paris seul le métier de cuisinier figure dans la liste, mais pas celui d’aide cuisinier, plongeur ou de serveur”, s’étonne M. Trouet.Selon France Travail, le besoin de main d’oeuvre dans ce secteur en 2025 est estimé à 336.000 emplois (CDI et CDD de plus de six mois) avec des “difficultés” de recrutement pour la moitié d’entre eux.Déplorant d’avoir découvert la liste définitive jeudi matin “comme tout le monde”, la secrétaire nationale de la CFDT en charge des politiques migratoires Lydie Nicol a dénoncé auprès de l’AFP “une concertation qui n’en a eu que le nom”.”Cette liste tombe au moment où il faudrait déjà discuter de sa mise à jour annuelle (…) ce qui prouve que le gouvernement joue la montre afin de ne pas mettre en oeuvre la seule mesure de la loi immigration permettant d’améliorer la régularisation par le travail”, a estimé la représentante syndicale.L’U2P (union des entreprises de proximité) regrette que “les requêtes de nombreuses professions de l’alimentation (boucheries, boulangeries, charcuteries, poissonneries…) qui font pourtant face à d’importantes difficultés de recrutement, voire à de véritables pénuries de personnel (…) n’aient pas été retenues dans la liste finale”. “Cette absence de prise en compte va porter un préjudice important aux entreprises concernées”, prévient l’organisation professionnelle qui appelle le gouvernement à “réviser” sa copie.”Cette liste est issue des tensions entre le ministre du Travail et celui de l’Intérieur et ne prend pas en compte toute la réalité des besoins de main d’oeuvre et de formation”, a pointé de son côté Gérard Ré, secrétaire confédéral de la CGT. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, chantre d’une baisse de l’immigration, a répété que les employeurs devaient recruter des étrangers en situation régulière au chômage. Cette liste “articule les exigences du marché du travail, les réalités humaines et les priorités économiques du pays”, a indiqué dans un communiqué la ministre chargée du Travail Astrid Panosyan-Bouvet. 

En Syrie, vent d’optimisme après la levée des sanctions

Dans son bureau de change et de transferts au coeur de Damas, Anas al-Chammaa attend impatiemment de pouvoir effectuer à nouveau des virements, après la levée des sanctions occidentales qui avaient isolé la Syrie du reste du monde ces dernières années.L’annonce d’une levée des sanctions par Washington la semaine dernière, puis par l’Union européenne mardi, a provoqué un vent d’optimisme dans le pays où la livre syrienne s’est un peu redressée sur le marché noir, même si le chemin d’une relance économique est encore long.”Sous les sanctions, le secteur bancaire s’est effondré, nous avons été complètement coupés du monde et réduits à l’isolement”, explique Anas al-Chammaa, 45 ans.Durant les 14 ans de guerre civile, les sanctions occidentales concernaient toute entité traitant avec des institutions financières liées à l’ancien pouvoir.A présent, il espère que “l’économie syrienne commencera à se redresser (..), que les commerçants pourront à nouveau transférer directement des fonds vers l’étranger sans difficultés, et les expatriés envoyer de l’argent à leurs familles”.Le système bancaire syrien était exclu des marchés internationaux après le gel des avoirs de la Banque centrale et l’interdiction de toute interaction avec celle-ci.Depuis l’annonce par Donald Trump de la levée des sanctions, la livre syrienne s’est redressée, s’échangeant à 8.500 livres pour un dollar sur le marché noir, après avoir frôlé les 13.000 livres pour un dollar. Mais pour les experts, il s’agit d’une amélioration ponctuelle due à l’effet psychologique de la levée des sanctions.- “En un clic” -Mohammad Al-Halabi, 25 ans, un diplômé en économie, espère que cette levée des sanctions mettra fin aux transferts via le marché noir, pour lesquels près du tiers de la somme est prélevé en commission.”Avec la levée des sanctions, les transferts se feront désormais en un clic, comme dans n’importe quel autre pays”, se réjouit-il.Les nouvelles autorités islamistes, qui ont renversé en décembre Bachar al-Assad, ont hérité d’un pays exangue, épuisé par la guerre civile et les sanctions imposées au pouvoir précédent.Elles comptent sur le soutien de leurs alliés et des pays occidentaux pour lancer la phase de reconstruction, dont le coût est estimé par l’ONU à plus de 400 milliards de dollars.Mercredi soir, le président intérimaire Ahmad al-Chareh a en a appelé “aux entreprises européennes souhaitant investir en Syrie”, affirmant que son pays, “important couloir économique entre l’Orient et l’Occident”, constitue aujourd’hui “une opportunité d’investissement prometteuse”.Mais les experts économiques tempèrent l’optimisme ambiant, estimant que les autorités doivent encore mettre en place un cadre propice à l’investissement, garantir la transparence des grands contrats et faire le nécessaire pour reconnecter le système bancaire syrien au système financier mondial. “Avec la fin des sanctions générales, on peut s’attendre à une accélération de la reconstruction des infrastructures, routes, hôpitaux, écoles”, explique l’économiste Benjamin Fève à l’AFP. Selon lui, l’Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie, alliés du nouveau gouvernement syrien, devraient intensifier leurs échanges et leurs investissements, notamment dans la reconstruction.Mais d’autres secteurs clés, tels que l’énergie ou la finance, nécessiteront “des investissements colossaux et bien plus de temps” dans un processus “qui pourrait encore prendre plusieurs mois”, ajoute-t-il.- Netflix et Tik Tok -“Avant que les banques européennes puissent renouer (..) avec les banques syriennes, elles devront évaluer les normes syriennes en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme – un domaine dans lequel la Syrie accuse un retard significatif”, prévient M. Fève.Et à ce jour, aucune nouvelle loi sur l’investissement n’a été adoptée, ni aucune réforme économique annoncée, après des décennies de corruption institutionnelle ayant contribué à la dégradation du climat des affaires.Un homme d’affaires syrien basé entre Dubaï et Damas, qui a requis l’anonymat, affirme à l’AFP qu’il souhaite depuis la chute d’Assad investir davantage en Syrie. “J’ai frappé à de nombreuses portes, mais je n’ai pas réussi à savoir quelles démarches suivre, ni quelles lois ou règlements s’appliquent”, dit-il.Dans sa boutique d’électronique à Damas, Zouhair Fawwal, 36 ans, ne s’attend pas à des changements immédiats dans son quotidien. “Tout ce que je souhaite pour l’instant, c’est que des applications comme Netflix ou TikTok fonctionnent enfin en Syrie”, confie-t-il avec un sourire.

Trump jubile des progrès au Congrès de sa “grande et belle loi” budgétaire

Donald Trump a salué jeudi le passage à la Chambre américaine des représentants de son mégaprojet de loi budgétaire, qui comprend notamment l’extension des gigantesques crédits d’impôt de son premier mandat.”La grande et belle loi a été adoptée à la Chambre des représentants! C’est sans doute le texte législatif le plus important qui sera signé dans l’histoire de notre pays”, a assuré le président américain sur sa plateforme Truth Social.Le texte se dirige à présent vers le Sénat, où les élus républicains ont déjà signalé leur intention d’apporter d’importantes modifications. La navette parlementaire devrait donc se prolonger, sans certitude sur la date à laquelle ce projet de loi emblématique pour Donald Trump sera parachevé.”Maintenant, il est temps pour nos amis au Sénat des Etats-Unis de se mettre au travail, et d’envoyer DÈS QUE POSSIBLE cette loi sur mon bureau” pour promulgation, a exhorté le milliardaire républicain.Pressé d’offrir une victoire législative au président, le chef de la Chambre des représentants – l’élu républicain Mike Johnson – avait prévu un vote en pleine nuit à Washington. Et la chambre basse, à majorité républicaine, a finalement adopté le texte au petit matin de justesse avec215 voix pour et 214 contre – dont deux républicains.”Cette grande et belle loi est la législation la plus importante qu’un parti ait jamais adoptée”, a assuré juste avant le vote le “speaker”, qui faisait face à de nombreuses dissensions au sein de sa fine majorité.- Medicaid -Pour Donald Trump, l’enjeu est en premier lieu l’extension des gigantesques crédits d’impôt datant de son premier mandat et qui arrivent à expiration à la fin de l’année.Selon différents analystes indépendants, les prolonger pourrait accroître le déficit de l’Etat fédéral de 2.000 milliards à 4.000 milliards de dollars sur la prochaine décennie.Le projet de loi prévoit aussi de supprimer l’imposition sur les pourboires, une promesse de campagne du républicain dans un pays où de nombreux travailleurs dépendent de ceux-ci comme principale source de revenu.Pour compenser en partie le creusement du déficit, les républicains ont prévu d’importantes coupes dans certaines dépenses publiques.Au premier rang desquelles, Medicaid, l’assurance santé dont dépendent plus de 70 millions d’Américains aux revenus modestes.Selon l’analyse du CBO, une agence parlementaire non-partisane, les coupes actuellement prévues dans ce programme public menacent de priver d’assurance santé plus de 7,6 millions de personnes d’ici 2034.Le plus grand programme public d’aide alimentaire, Snap, serait aussi sévèrement touché.Le CBO prédit ainsi que le projet de loi augmenterait les revenus chez les 10% des ménages les plus aisés, tandis que les 10% des ménages les plus pauvres verraient leurs revenus baisser.Le projet de loi prévoit aussi la suppression de nombreuses incitations fiscales aux énergies renouvelables, adoptées sous Joe Biden. – “Arnaque fiscale” -Les démocrates se sont opposés en bloc au texte.”L’arnaque fiscale du Parti républicain arrache des soins de santé et de l’aide alimentaire des mains de millions de gens afin de donner des crédits d’impôt aux riches”, a dénoncé après le vote le chef des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries.Chez certains élus républicains modérés, on craint aussi que des coupes trop importantes dans des programmes publics populaires fassent peser un risque électoral majeur, à un an et demi des législatives de mi-mandat.Mais ce sont surtout les élus ultraconservateurs, partisans d’une réduction de la dette publique, qui s’étranglaient devant les chiffres pharaoniques de la “grande et belle loi” et menaçaient de voter contre.Ils n’étaient pas les seuls inquiets. Le rendement à 10 ans des bons du Trésor américain a atteint mercredi son plus haut niveau depuis février, sur fond de craintes des investisseurs d’un creusement trop important du déficit fédéral.Après avoir obtenu quelques concessions, les élus réfractaires se sont finalement quasiment tous rangés derrière le texte.Donald Trump s’était personnellement investi pour les convaincre, se rendant au Capitole pour les rencontrer et recevant quelques-uns d’entre eux mercredi à la Maison Blanche.Le président et le “speaker” Mike Johnson auront finalement réussi leur pari, avant l’épreuve du Sénat. Le texte devrait ainsi revenir à la Chambre des représentants avec un tout nouveau visage.

Wall Street en hausse mais les investisseurs restent méfiants à cause du budget

La Bourse de New York évoluait en hausse jeudi, après un net recul la veille, les investisseurs restant toutefois sur leurs gardes à cause du parcours parlementaire du mégaprojet de loi budgétaire de Donald Trump, qui fait craindre un nouveau bond de la dette publique aux Etats-Unis.Vers 14H05 GMT, le Dow Jones grappillait 0,09%, l’indice Nasdaq prenait 0,83% et l’indice élargi S&P 500 gagnait 0,27%.”L’attention (des investisseurs) se porte sur les rendements obligataires et sur le déficit budgétaire”, résume auprès de l’AFP Karl Haeling, de LBBW.La Chambre américaine des représentants a adopté jeudi le mégaprojet de loi budgétaire voulu par Donald Trump, qui espère concrétiser certaines promesses phare de campagne comme la prolongation de gigantesques crédits d’impôt de son premier mandat.Le texte se dirige à présent vers le Sénat, où les élus républicains ont déjà annoncé leur intention d’apporter d’importantes modifications. La navette parlementaire devrait donc se prolonger, sans certitude sur la date à laquelle ce ce projet de loi emblématique pour le président américain sera parachevé.”L’adoption du projet de loi par la Chambre des représentants n’a pas stimulé le marché boursier, en partie parce qu’elle était attendue et qu’elle avait été prise en compte”, souligne Patrick O’Hare, de Briefing.com.Wall Street garde cependant toujours les yeux rivés sur le marché obligataire, qui s’inquiète de l’impact sur le déficit américain du mégaprojet de loi de M. Trump.Selon différents analystes indépendants, prolonger les crédits d’impôt pourrait accroître le déficit de l’Etat fédéral de 2.000 milliards à 4.000 milliards de dollars sur la prochaine décennie.Cette perspective, couplée à une “faible” vente aux enchères d’obligations à 20 ans mercredi, a tendu le marché obligataire américain, souligne M. Haeling.Les taux de l’emprunt américain à trente ans se hissaient vers 14H00 GMT à 5,11%, contre 5,09% la veille en clôture, atteignant des niveaux comparables à ceux connus au début de la crise financière de 2007.Le taux de référence à dix ans était lui aussi en hausse, à 4,59%, un niveau inédit depuis janvier.Toute nouvelle flambée des taux pourrait lester la place américaine car “lorsque les rendements évoluent, les actions sont pour l’instant susceptibles de suivre de manière inverse”, écrit M. O’Hare.”Si les rendements obligataires augmentent, cela fait grimper le coût des hypothèques et ralentit l’économie dans une certaine mesure”, explique M. Haeling.Côté indicateurs, les demandes hebdomadaires d’allocation chômage sont ressorties en légère baisse par rapport à la période précédente (-2.000) et en deçà aux attentes des analystes.Les ventes de logements anciens ont pour leur part reculé en avril aux Etats-Unis, plus qu’attendu par les analystes.Au tableau des valeurs, l’équipementier sportif américain Nike avançait (+1,88%) après que la chaîne de télévision américaine CNBC a assuré que ses produits retrouveraient le chemin d’Amazon, où ils avaient largement disparu depuis 2019.Par ailleurs, Nike a annoncé à l’AFP augmenter dès le 1er juin ses prix sur de nombreux articles aux Etats-Unis, sans lier cette décision à un facteur en particulier. Ce relèvement s’inscrit dans le contexte des nouveaux droits de douane.Le géant américain des technologies Alphabet – maison mère de Google – était recherché (+3,97%) après avoir annoncé l’ajout de publicités à ses modes de recherche en ligne renforcés à l’intelligence artificielle (IA), alors que son moteur longtemps dominant est menacé par la concurrence des services d’IA générative comme ChatGPT.La chaîne de pièces détachées automobiles Advance Auto Parts s’envolait de plus de 44% après avoir annoncé une perte nette pour le premier trimestre bien moins importante qu’attendu. Rapportée par action, celle-ci est ressortie à 22 cents alors que les analystes tablaient sur 82 cents.

Wall Street méfiante face au budget américain

La Bourse de New York a ouvert en ordre dispersé jeudi, les investisseurs restant sur leurs gardes face au parcours parlementaire du mégaprojet de loi budgétaire de Donald Trump, qui fait craindre un nouveau bond de la dette publique aux Etats-Unis.Dans les premiers échanges, le Dow Jones reculait de 0,27%, l’indice Nasdaq grappillait 0,08% et l’indice élargi S&P 500 perdait 0,12%.