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Crédits auto: un scandale à plusieurs milliards devant la Cour suprême britannique

La Cour suprême britannique a commencé à examiner mardi une affaire de ventes abusives sur certains crédits auto, susceptible d’ouvrir la voie à une énorme vague d’indemnisations, qui pourrait se compter en dizaines de milliards de livres pour les banques britanniques.La plus haute juridiction du pays se penche sur trois dossiers, dans lesquels des acheteurs de voitures à crédit ont payé sans s’en rendre compte, en plus du prix du véhicule et du prêt, une commission rétrocédée par la banque au concessionnaire, considéré comme courtier dans l’opération.Il s’agit de trois affaires dans lesquelles “les demandeurs étaient des consommateurs financièrement peu avertis avec des revenus relativement faibles”, opposés au groupe sud-africain FirstRand Bank et à la banque britannique Close Brothers, indique la Cour suprême dans un résumé de l’affaire.L’un d’eux, Marcus Johnson, avait acheté à crédit, en juillet 2017, une Suzuki Swift à un concessionnaire de Cardiff, au Pays de Galles, pour un total de 6.500 livres (près de 7.800 euros), sans se rendre compte que la somme comprenait une commission de plus de 1.600 livres.L’audience durera trois jours, puis il faudra plusieurs mois aux juges pour se prononcer. Si la Cour suprême donne raison aux emprunteurs, comme l’a fait précédemment la Cour d’Appel, sa décision s’imposera aux dossiers comparables, qui sont légion dans le pays.- Commission cachée -Desmond Gourde, 56 ans, est venu témoigner mardi de sa propre affaire devant la Cour suprême. Lui a obtenu un remboursement, mais cet homme à la silhouette élancée est venu pour “soutenir tous ceux qui veulent récupérer” l’argent perdu, assure-t-il à l’AFP.Ce superviseur dans une compagnie de bus londonienne avait acheté en 2018 une Honda Jazz d’occasion pour plus de 8.000 livres, intérêts compris. La commission, dans son cas, était de près de 800 livres.”Je n’avais aucune idée de l’existence d’une commission. J’ai simplement demandé le financement, signé les papiers, mais personne ne m’a parlé de cette commission”, insiste-t-il.Comme lui, des millions de conducteurs pourraient être concernés, pour peu qu’ils aient acheté, entre 2007 et 2021, une voiture avec un crédit assorti d’une “commission discrétionnaire”. Les banques autorisaient les vendeurs automobiles à ajuster le taux d’intérêt proposé aux clients: plus il était élevé, plus la rétribution était importante.”Je suppose que le concessionnaire automobile vous regardait en estimant combien vous pouviez payer, et fixait (le taux) en fonction de cela”, explique à l’AFP Kavon Hussain, l’un des avocats des emprunteurs.- Indemnisation collective -Le gendarme britannique des marchés financiers (la FCA) a interdit en 2021 ce type de commissions.Le régulateur, qui a ouvert une enquête, envisage d’ordonner un programme d’indemnisation collective, qui permettrait aux personnes concernées d’obtenir réparation sans passer par des plaintes individuelles. Mais il attend lui aussi la décision de la Cour suprême avant de se décider.Sam Ward, un enquêteur privé qui a travaillé sur de nombreux dossiers similaires, assure à l’AFP que c’est tout un système qui avait été mis en place. “Plus le réseau de concessionnaires était étendu, plus les commissions étaient importantes.””Nous avons identifié un réseau de concessionnaires qui a perçu 39 millions de livres de commissions d’avance avant même d’avoir vendu une seule police de financement automobile”, indique-t-il.L’association de consommateurs Which! estime que les réparations pourraient coûter au secteur jusqu’à 16 milliards de livres, mais certains analystes pensent que la facture serait en réalité bien plus lourde: ceux d’HSBC ont ainsi évoqué la somme astronomique de 44 milliards de livres (53 milliards d’euros).Les banques parties au procès devant la Cour suprême, contactées par l’AFP, n’ont pas souhaité s’exprimer à ce stade.Mais les établissements bancaires britanniques ont, ces derniers mois, mis de côté des sommes considérables en prévision de leur exposition dans cette affaire.La britannique Close Brothers, qui a provisionné 165 millions de livres, avait assuré qu’en dépit de “l’incertitude” à court terme liée à cette affaire, le groupe “reste résilient”.

Le monde fourbit ses armes avant les nouveaux droits de douane de Trump

Les partenaires économiques des Etats-Unis préparent leur riposte avant l’annonce attendue mercredi de nouveaux droits de douanes par Donald Trump qui a promis d’être “gentil”, laissant planer le doute sur l’ampleur de cette nouvelle phase de sa guerre commerciale.Tout le monde passe en revue ses options et attend de savoir précisément ce que va décider le locataire de la Maison Blanche, qui, fidèle à son approche transactionnelle et déstabilisatrice, a soufflé le chaud et le froid.”Nous ne voulons pas nécessairement prendre des mesures de représailles”, mais “nous disposons d’un plan solide pour le faire si nécessaire”, a prévenu la cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen.”Nos contre-mesures ont été évaluées et analysées: par exemple, comment nous réagirions à un droit de douane de 10% ou comment nous réagirions à taux de 25%”, a résumé le ministre taïwanais des Affaires économiques Kuo Jyh-huei. “Tous les scénarios ont été analysés et évalués pour identifier les réponses appropriées”.Certains tentent l’apaisement en espérant  l’exemption, comme le Vietnam qui a annoncé réduire ses droits de douane sur une série de biens.Le Japon a annoncé créer un millier de “guichets de consultation” pour aider les entreprises, tout en poursuivant ses efforts pour obtenir une exemption.Londres travaille aussi “d’arrache-pied sur un accord économique, sur lequel nous avons fait des progrès rapides (…) mais il est probable qu’il y aura des droits de douane”, a dit mardi le Premier ministre britannique Keir Starmer.Ces postures tentent de répondre au flou entretenu par Donald Trump, y compris sur le moment de l’annonce. Selon certains médias américains, il prévoit une annonce en grande pompe mercredi depuis la Maison Blanche, entouré des membres de son gouvernement. “Nous allons être très gentils”, a assuré lundi le président américain, tout en promettant que son initiative permettrait une “renaissance” de l’Amérique.- Taux “plus bas” -Les autres pays “ont profité de nous, et nous allons être très sympas, en comparaison de ce qu’ils nous ont fait”, a-t-il répété, en assurant que les droits de douane américains seraient “plus bas”, et dans certains cas “nettement plus bas” que ceux imposés par d’autres Etats.Il semble ainsi atténuer sa menace de droits de douane strictement “réciproques”, qui verraient les Etats-Unis taxer toute marchandise importée de la même manière que le pays dont elle provient taxe les produits américains.Les Bourses asiatiques et européennes, qui avaient nettement reculé lundi du fait de l’incertitude, ont un peu rebondi mardi, mais les investisseurs restent dans l’expectative. “On pourrait appeler cela le calme avant ce qui pourrait être (…) le coup de massue des droits de douane”, commente Stephen Innes, analyste chez SPI AM.D’autant qu’une engrenage n’est pas à exclure: la Chine et le Canada ont déjà imposé des droits sur des produits américains, sans compter la menace européenne.D’après un sondage réalisé dans sept pays européens, dont le Royaume-Uni, entre le 6 et le 24 mars, une majorité des personnes interrogées soutiennent l’idée de droits de douanes de représailles sur les produits américains.Les assauts de Washington contre le libre-échange poussent aussi les Etats à réaliser des rapprochements stratégiques afin de peser face à la première puissance mondiale. Pendant le week-end, Pékin, Tokyo et Séoul ont ainsi annoncé vouloir “accélérer” leurs négociations en vue d’un accord de libre-échange. Des responsables européens ont de leur côté souhaité un renforcement des liens UE-Canada.- Automobile -Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a déjà augmenté les droits de douane sur certains produits entrant aux Etats-Unis. Il a visé ceux qui viennent de Chine, une partie de ceux en provenance des voisins mexicain et canadien, de même que l’acier et l’aluminium, quelle que soit leur origine.Et les droits de douanes réciproques ne sont pas le dernier assaut attendu cette semaine: dès jeudi, à 04H01 GMT, Washington prévoit également d’imposer 25% de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l’étranger, ainsi que les pièces détachées entrant dans la composition des véhicules assemblés aux Etats-Unis.Le fait que les Etats-Unis importent plus qu’ils n’exportent est une obsession pour Donald  Trump. C’est la démonstration, selon lui, que les autres pays abusent de l’accès au marché américain, sans faire preuve de la même ouverture chez eux.Il compte aussi sur les rentrées de taxes douanières pour résorber le déficit budgétaire.

Trump signe un décret contre les revendeurs qui font exploser les prix des billets de concert

Le chanteur Kid Rock à ses côtés, Donald Trump a signé lundi un décret pour limiter le prix des billets des concerts et spectacles en ciblant les organismes de revente, accusés de “gangréner” l’industrie en imposant des “frais exorbitants”.”Les revendeurs de billets utilisent des robots et d’autres moyens déloyaux pour acquérir de grandes quantités de billets à valeur nominale, puis les revendre à un prix exorbitant sur le marché secondaire”, dénonce le texte signé par Donald Trump dans le bureau ovale. Kid Rock se tenait debout à ses côtés, vêtu d’une tenue aux couleurs du drapeau américain. Le décret ordonne à différentes organes d’Etat – procureur général, Commission du commerce fédéral (FTS), Secrétariat au Trésor – d’utiliser “tous les moyens légaux pour résoudre” cette situation, soulignant que l’envolée des prix de revente ne profite pas aux artistes mais aux revendeurs, alors que parfois, le prix payé par le spectateur est 70 fois supérieur au prix affiché.Ces institutions sont appelées à remettre d’ici six mois un rapport à la Maison Blanche recensant les mesures prises et proposant des mesures normatives en faveur des spectateurs.Live Nation, géant de l’organisation des concerts, a affirmé soutenir le décret. “Les robots et les revendeurs de billets empêchent les fans d’obtenir des billets aux prix fixés par les artistes, et nous remercions le président Trump de s’attaquer à eux”, a souligné l’entreprise dans un communiqué. Kid Rock faisait partie des invités aux festivités organisées autour de l’investiture de Donald Trump le 20 janvier dernier. 

Europa Park, une entreprise familiale allemande devenue géant des loisirs

Il teste tous les manèges et “crie, bien sûr” dans les grands huit. A 75 ans, Roland Mack dirige le parc d’attractions allemand Europa Park, une entreprise familiale devenue géant des loisirs, qui célèbre ses 50 ans.En 2024, plus de six millions de visiteurs ont franchi la porte de ce parc d’attractions situé dans le sud-ouest de l’Allemagne, à Rust, un village tout proche de la frontière française, à 60 kilomètres au sud de Strasbourg. C’est le deuxième parc en Europe en matière de fréquentation derrière Disneyland Paris (10,4 millions de visiteurs en 2023).Plus de 5.000 personnes y travaillent, dont les fils et petits-enfants du fondateur du parc, Franz Mack.En 1975, celui-ci créait Europa Park, pensé à l’origine comme une vitrine pour présenter les trains fantômes et grands huit conçus par l’entreprise familiale, Mack Rides.Cinquante ans plus tard, Mack Rides fabrique toujours des manèges à Waldkirch, à une quarantaine de kilomètres du parc. Ils rejoignent des parcs d’attractions un peu partout dans le monde, comme Disneyland Paris ou le parc Astérix.Quant à Europa Park, en 50 ans, la fréquentation a été multipliée par 24, le nombre d’employés par 100 et la superficie par 16. Le parc s’étend désormais sur 95 hectares, divisé en 17 quartiers inspirés par l’architecture et la culture de pays européens.- L’Europe pour inspiration – Un thème, l’Europe, qui s’est imposé pour ce parc situé au carrefour de la France, de l’Allemagne et de la Suisse. Cela “tient au fait que nous vivons dans la région des trois frontières” et qu'”il n’y avait encore jamais eu de parc à thème sur le thème de l’Europe dans le monde”, explique Roland Mack, qui a participé à la création du parc aux côtés de son père. Il avait alors 25 ans.Rafting en Suède, bobsleigh en Suisse ou promenade en bateau en Hollande, une centaine d’attractions sont proposées avec régulièrement des nouveautés comme le Voltron, terrifiant grand huit inauguré l’an dernier dans le quartier croate.”Je suis toujours le premier à tester les attractions, cela fait partie du jeu, le boulanger goûte aussi son propre pain”, affirme Roland Mack.”Bien sûr, je crie” dans les grands huit, reconnaît le septuagénaire mais les manèges “ne doivent pas faire peur”, plutôt “apporter du plaisir” et créer “de beaux souvenirs”.”Mon père disait toujours que si, en sortant d’une attraction, on veut la refaire immédiatement, c’est la meilleure attraction qui soit”, sourit Roland Mack.Elu neuf fois meilleur parc de loisirs du monde lors des Golden Ticket Awards, Europa Park s’est considérablement développé, devenant une destination touristique avec six hôtels et de nombreux restaurants dont l’un – “Ammolite – The Lighthouse Restaurant” détient deux étoiles Michelin.- Rester innovant -En 2019, un parc aquatique, Rulantica, a en outre été créé, qui peut accueillir jusqu’à 6.000 visiteurs par jour. Et pour célébrer les 50 ans du parc, un film d’animation intitulé “Super grand prix”, avec pour héros les mascottes d’Europa Park sortira dans les salles de cinéma.Si l’entreprise ne communique pas sur son chiffre d’affaires, celui-ci est de “plusieurs centaines de millions” d’euros, indique Roland Mack, ce qui lui permet de continuer à investir.Malgré la pandémie de coronavirus qui a ébranlé le secteur, et de violents incendies en 2018 et 2023 qui ont détruit plusieurs attractions à Europa Park, le dirigeant se veut confiant dans l’avenir, à condition de rester “innovant”.”Mon plus grand souhait, c’est de garder l’entreprise dans les mains de la famille”, assure Roland Mack.A ses côtés, aux commandes de l’entreprise, se trouve son frère Jürgen. Ses fils Michael et Thomas et sa fille Ann-Kathrin assument aussi des responsabilités tandis que Frederik Mack, fils de Jürgen, occupe le poste de directeur des ressources humaines.”C’est rare dans les grands parcs, mais c’est ce qui fait l’atmosphère d’Europa Park, que la famille se consacre à 100% à cette entreprise.”Si proche de cette entreprise que Roland Mack habite même dans le parc, “entre Blanche-Neige et la Belle au bois dormant”. “Europa Park, c’est ma vie”.

Trump, Milei: les dirigeants s’emparent des cryptos… pour le pire

Le récent soutien apporté aux cryptomonnaies par Donald Trump ou par l’Argentin Javier Milei a entraîné des pertes de plusieurs milliards de dollars pour les investisseurs, fragilisant un secteur encore en quête de légitimité, avertissent des chercheurs interrogés par l’AFP.En Argentine, tout est parti mi-février d’un simple message sur X du président ultralibéral sur le lancement d’une cryptomonnaie, le “Libra”, prétendant stimuler la croissance de l’économie en finançant des PME.En quelques heures, le cours de ce jeton a bondi de quelques cents, à près de 5 dollars, puis s’est écroulé brutalement, quand une poignée des détenteurs initiaux a décidé de revendre, empochant des dizaines de millions. Avec des pertes colossales pour une majorité d’autres investisseurs.M. Milei, qui a ensuite rétracté son soutien au “Libra”, a récusé toute responsabilité. “Si tu vas au casino et que tu perds de l’argent, de quoi tu peux te plaindre si tu savais qu’il y avait ces risques?”, s’est-il défendu.”Par effet de halo, c’est toute la crypto qui s’est retrouvé éclaboussée”, déplore Claire Balva, directrice stratégie pour la fintech Deblock.Car si un soutien politique peut en principe doper la légitimité du secteur, “tout conflit qui en découle, tout piratage, toute attaque spéculative” peut avoir “un effet contreproductif”, explique à l’AFP Larisa Yarovaya, qui dirige le Centre for Digital Finance à la Southampton Business School, en Angleterre.- La chute après l’euphorie -C’est ce qui s’est passé quand Donald Trump a lui-même lancé, avant son investiture à la présidence des Etats-Unis, une cryptomonnaie d’un genre très particulier, baptisée memecoin, un type de jeton hypervolatile basé sur une personnalité ou un phénomène viral, avec le seul objectif de s’amuser et de spéculer.Après l’euphorie des débuts, la crypto “Trump” a chuté, faisant perdre plus de 2 milliards de dollars cumulés à environ 810.000 acheteurs, d’après le cabinet Chainalysis pour le New York Times.L’opération aurait en revanche rapporté au moins 350 millions de dollars au milliardaire américain, estime le Financial Times.Ce n’est donc pas un hasard si l’un des colanceurs du “Libra”, l’Américain Hayden Davis, confie cyniquement s’être inspiré du succès de Donald Trump.Ironie du sort, le bitcoin, la première cryptomonnaie, a été lancé en 2008 pour justement s’affranchir de tout pouvoir central, en s’appuyant sur une technologie mettant à contribution des ordinateurs du monde entier pour valider les opérations, la “blockchain”.Mais en l’absence d’autorité centralisée, les crypto-investisseurs s’en remettent “aux personnes qui soutiennent ces produits”, souligne auprès de l’AFP Maximilian Brichta, de l’Université de Californie du Sud. Ce qui est d’autant plus efficace avec “ces dirigeants au capital social incroyable”.- “Fraude pure et simple” -Autrefois féroce critique des cryptos, Donald Trump est ainsi devenu leur plus fervent défenseur, faisant s’envoler les cours, notamment celui du bitcoin, après son élection. Ils sont retombés depuis.Le milliardaire président propose plusieurs produits liés aux monnaies numériques, notamment à travers sa propre plateforme d’échanges, alimentant les accusations de conflits d’intérêt.Dans la foulée de Donald Trump, la Centrafrique, deuxième pays à adopter le bitcoin comme monnaie officielle après le Salvador, a elle aussi lancé son memecoin, le “Car”, initialement perçu comme une arnaque par les acteurs du secteur. Son cours a chuté de plus de 90% quelques heures à peine après son lancement.Nombre de traders surfent sur ces vagues, quitte à utiliser des programmes automatisés pour acheter les nouvelles monnaies le plus tôt possible puis les revendre en engrangeant le maximum de bénéfices.Afin d’éviter les manipulations de cours, “lors du lancement d’une cryptomonnaie, les bonnes pratiques veulent que les premiers investisseurs, qui entrent avant le grand public, détiennent une part très minoritaire de l’offre et soient soumis à une période de blocage de plusieurs années”, détaille Claire Balva.Sauf qu’au lancement du “Libra” en février, “plus de 80%” des jetons disponibles se trouvaient entre les mains d'”une poignée de gros détenteurs”, qui “pouvaient tout liquider à tout moment”, ce qui constitue, relève Claire Balva, “soit une imprudence monumentale, soit une fraude pure et simple”.

Quand industriels canadiens et européens se serrent les coudes face à Donald Trump

Faire entrer le Canada dans l’Union Européenne ? “Ce serait génial”, imagine Chris Wyatt, directeur des ventes d’une petite aciérie de l’Ontario résolu à se rapprocher du Vieux Continent afin de survivre à la guerre commerciale lancée par Donald Trump.L’entrepreneur canadien a pris son bâton de pèlerin. A la foire de Hanovre, en Allemagne, plus grand salon mondial des technologies industrielles, Chris Wyatt va à la chasse aux clients, muni de flyers et d’un tout petit stand, au milieu des grands noms de la robotique ou des machines.Le rendez-vous, qui attire cette semaine plus de 4.000 exposants d’une soixantaine de pays, coïncide avec l’entrée en vigueur, mercredi, de nouveaux droits de douanes sur les produits entrant aux Etats-Unis.Signal hautement politique, le Canada est l’invité d’honneur de cette édition : “Bienvenue chez des amis (…) nous sommes à vos côtés”, a lancé le chancelier allemand Olaf Scholz lors de l’inauguration, soulignant le front uni entre Européens et Canadiens face à l’administration Trump.- Menace sur les valves -Kubes Steel, l’entreprise de Chris Wyatt, exporte chez son voisin américain 80% de sa production, de l’acier sur mesure pour l’industrie sidérurgique ou le secteur nucléaire.Mais depuis le 12 mars, des droits de douane de 25% s’appliquent sur les importations américaines d’acier. Donald Trump a menacé de les porter à 50% contre Ottawa.”Nous sommes bien sûr préoccupés et il y a une grande incertitude. Nos grands projets sont mis sur la touche”, s’inquiète le responsable dont la société emploie 80 personnes.Lundi, il a notamment pris contact sur le salon avec des entreprises espagnoles de transport, peut-être de futurs clients.Sans aller jusqu’à évoquer l’adhésion du Canada à l’UE – hypothèse avancée avec humour par certains commentateurs ces dernières semaines-, Olaf Scholz a appelé à renforcer les liens commerciaux entre deux entités qui “se complètent presque idéalement” dans la construction de machines, l’IA, les énergies renouvelables ou l’électromobilité.Une solidarité économique pour mieux résister à la vague de droits de douane qui fait trembler l’industrie allemande, déjà en crise. L’administration américaine s’apprête ainsi à taxer à hauteur de 25% les importations de voitures étrangères, secteur phare pour la première économie européenne.Une sombre nouvelle pour Milko Konzelmann, patron d’une entreprise familiale allemande qui vend un quart de sa production aux États-Unis.A Hanovre, la société expose de petites pièces plastique roses et violettes ainsi que des valves couleur acier, de précieux composants pour les moteurs des voitures qui pourraient tomber sous le coup des nouvelles barrières douanières.- “Je vais perdre de l’argent” -M. Konzelmann attend de “voir combien de temps Donald Trump maintient cette stratégie”, qu’il qualifie de “but contre son camp”.Si elle n’a d’autre choix, l’entreprise de Löchgau, dans l’ouest de l’Allemagne, se tournera davantage vers les pays asiatiques, dont les industriels sont présents en nombre sur le salon de Hanovre.Pourquoi ne pas déplacer la production de Konzelmann aux États-Unis? “Cela prendrait des années, c’est une grande décision à prendre pour une entreprise moyenne” de 300 salariés, explique le patron.”L’ambiance est pesante” dans le secteur automobile, confirme Oke Beckmann de GP Joule, fournisseur d’énergie allemand et producteur d’installations renouvelables, qui conseille notamment les constructeurs automobiles.Dell, IBM, Microsoft, Nvidia… les industriels américains ne se cachent pas dans les allées de la foire et certains assument même crânement la politique douanière de Donald Trump, obsédé par l’idée de rééquilibrer les échanges commerciaux des Etats-Unis avec l’Europe.”Nous devons être en mesure de rivaliser et nous ne pouvons pas jouer à un jeu où Européens et Asiatiques nous vendent mais ne nous achètent rien”, assure ainsi Ryan Mosher, venu vendre ses compresseurs à airs.Représentant de Conrader, une PME de Pennsylvanie, il reste néanmoins lucide sur les conséquences des droits de douanes : “je vais perdre pas mal d’argent”.Tout aussi réaliste, Suzanne Stewart, une industrielle du Texas, reconnaît que pour fabriquer ses toiles tissées en métal, son entreprise a besoin d’importer des matériaux. Les droits de douane, “c’est une situation un peu étrange pour nous. Pour certains produits, cela nous oblige à utiliser des produits fabriqués aux États-Unis, mais en réalité, tout n’est pas disponible aux États-Unis”.

La Bourse de Paris en petite hausse, avant les annonces douanières de Trump

La Bourse de Paris tente un rebond technique mardi, au lendemain d’une nette baisse, les investisseurs restant vigilants dans l’attente des annonces de Donald Trump sur les détails des droits de douane imposés par les Etats-Unis à ses partenaires commerciaux dès le 2 avril.Vers 09H40, l’indice vedette de la place de Paris, le CAC 40, prenait 0,39%, soit un gain de 30,06 points, pour s’établir à 7.820,77 points.Lundi, il avait terminé en nette baisse de 1,58%, s’établissant à 7.790,71 points, inquiet des prochaines annonces de Donald Trump sur de fortes hausses de droits de douane américains.Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB, note un important “changement en une journée”: “les actions européennes ont rebondi au début du nouveau trimestre et les indices sont dans un océan de vert”.”L’attention est désormais portée sur l’annonce des droits de douane réciproques des États-Unis prévue pour demain”, poursuit-elle.Le président américain doit annoncer mercredi, voire dès mardi soir, des droits de douane strictement “réciproques”, pour taxer toute marchandise importée de la même manière que le pays dont elle provient taxe les produits américains.Cette nouvelle batterie de tarifs douaniers vient après l’imposition de droits de douane sur l’acier et l’aluminium.Donald Trump, qui aime à souffler le chaud et le froid, a promis lundi qu’il serait “très gentil” avec les partenaires commerciaux des Etats-Unis, tout en promettant que son initiative permettrait une “renaissance” de l’Amérique.”Les marchés espèrent une décision claire, qui permettrait aux investisseurs de passer à autre chose”, estime Mme Brooks.”Jusqu’à ce que nous en sachions davantage, les marchés (…) sont en mode attente”, souligne Marcus Widén, économiste au sein du cabinet de services financiers Seb.Amundi se rapproche de Victory CapitalLe gérant d’actifs Amundi et l’américain Victory Capital ont annoncé mardi la finalisation de la fusion de leurs activités aux Etats-Unis.Amundi “distribuera les solutions de gestion active de Victory Capital auprès de sa base de clientèle non américaine” et “sera le fournisseur pour Victory Capital aux Etats-Unis, de solutions d’investissement gérées hors des Etats-Unis”, peut-on lire dans le communiqué.”En contrepartie de l’apport d’Amundi US à Victory Capital, Amundi a reçu 17,6 millions d’actions, soit 21,2% du capital de Victory Capital”, indique le gérant d’actifs.Vers 09H40, Amundi prenait 0,42% à 72,30 euros.

Malaisie: plus de 100 blessés dans un incendie après une fuite sur un gazoduc

Une fuite sur un gazoduc en Malaisie a provoqué mardi un gigantesque brasier qui a blessé plus d’une centaine de personnes en pleines célébrations de l’Aïd, ont annoncé les autorités.Les pompiers de l’Etat du Selangor (ouest) ont évoqué dans un communiqué “une fuite sur un gazoduc s’étendant sur approximativement 500 mètres, avec des flammes s’élevant à une hauteur considérable”.Plus de 100 personnes ont été blessées mais aucun mort n’est à déplorer, ont indiqué les pompiers à l’AFP, ajoutant sans plus de précisions que 50 logements avaient été touchés par l’incendie.L’infrastructure concernée appartient à la compagnie publique Petronas, selon le communiqué, qui précise que l’arrivée de gaz dans l’installation a été coupée.Des habitants qui célébraient l’Aïd, fête musulmane qui marque la fin du ramadan et donne lieu à des jours fériés en Malaisie, où l’islam est majoritaire, ont dû fuir la zone.”Tout à coup, nous avons entendu une forte détonation, puis le chaos total”, a témoigné une personne résidant à 200 mètres du foyer, citée par le quotidien The Star.”Nous avons immédiatement quitté la maison et avons vu d’autres habitants partir aussi”.Des vidéos partagées sur internet montrent des flammes monter dans le ciel à partir de ce qui semble être une explosion. Sur d’autres images, une zone résidentielle est envahie par la fumée tandis qu’un feu fait rage à l’arrière-plan, et que des véhicules apparaissent fondus. Le dirigeant du Selangor, Amirudin Shari, a indiqué sur Facebook qu’un centre d’aide temporaire avait été mis en place dans une mosquée des environs. Le responsable a invité les habitants à rester à l’écart de la zone touchée par l’incendie pour la durée de l’enquête et des opérations de secours.

Amérique latine: déjà fragilisée par la Chine, la sidérurgie redoute l’effet des taxes Trump

En 2024, la plus grande aciérie du Chili a fermé ses portes, terrassée par l’acier bon marché en provenance de Chine. Six mois plus tard, les droits de douane imposés de Donald Trump menacent 1,4 million d’emplois dans l’industrie sidérurgique en Amérique latine.En septembre dernier, les hauts fourneaux de Huachipato, au sud-est de Santiago, se sont éteints, mettant un terme à 75 ans de production d’acier.L’acier chinois étant 40% moins cher que le chilien, la concurrence était devenue impossible malgré les surtaxes imposées par les autorités.Déjà menacée par la Chine, l’industrie latino-américaine de l’acier doit maintenant faire face aux 25% de taxes à l’importation que le président américain Donald Trump lui impose depuis le 12 mars dernier.Comme lors de son premier mandat (2017-2021), M. Trump aspire à protéger l’industrie américaine de l’acier en renchérissant le métal importé.Mais avec ces taxes, les producteurs latino-américains ne perdront pas seulement accès au marché américain, ils risquent également de voir les arrivées d’acier chinois redoubler dans leur propre région.Ezequiel Tavernelli, directeur exécutif de l’association Alacero, qui regroupe les producteurs latino-américains, prévoit ainsi “une inondation d’acier due au détournement du commerce de cet acier qui allait aux Etats-Unis (…) vers des régions moins protégées (et) avec moins de capacité de défense”, comme l’Amérique latine.De façon générale, “le principal problème de notre région, tout comme celui des Etats-Unis, réside dans la surcapacité de (production d’) acier mondial”, souligne-t-il.Et “l’un des pays qui a la plus grande surcapacité et qui inonde nos marchés d’acier est la Chine, et en plus elle le fait de manière déloyale”, avec des prix en dessous du coût de revient grâce à des subventions allant de l’énergie aux crédits, souligne le dirigeant.Sur une production mondiale annuelle de 2,48 milliards de tonnes d’acier, la Chine produit 1,14 milliard de tonnes, soit plus de 45%. Selon Alacero, le géant asiatique déverse sur le marché international quelque 140 millions de tonnes à des prix cassés, soit 23% des 600 millions de tonnes de surcapacité mondiale.- “Régionalisation” -Les Etats-Unis importent 25 millions de tonnes d’acier par an. Le Canada est leur principal fournisseur, suivi du Brésil et du Mexique, chacun avec des produits différenciés destinés à l’automobile ou la construction.L’industrie américaine de l’acier “a besoin de s’approvisionner” en produits avec “des technologies spéciales (…), des aciers qu’elle a toujours achetés en Amérique latine, tant au Mexique qu’au Brésil”, entre autres, veut croire M. Tavernelli.Il soutient que la “régionalisation” de la chaîne de production, avec les Etats-Unis faisant appel à l’acier produit par ses voisins, est “la meilleure action de défense contre le commerce déloyal de la Chine et des pays d’Asie du Sud-Est”.Dans la même veine, au Mexique, la Chambre nationale de l’Industrie du Fer et de l’Acier (Canacero) a rappelé en février “le haut niveau d’intégration productive” entre les industries mexicaine et américaine, et a déclaré que “le bénéfice régional doit être une priorité face à la menace de l’excès de capacité de la Chine et de l’Asie du Sud-Est”.Même son de cloche du côté de la Chambre argentine de l’Acier (CAA), qui dit comprendre la “nécessité de mettre en place des mesures de défense contre la concurrence déloyale face à l’avancée de la Chine en tant que principal producteur d’acier au monde”, tout en appelant à une réponse “coordonnée”.- Fermetures -Depuis trois ans, la production d’acier en Amérique latine est en repli constant. En 2024, elle a atteint 56 millions de tonnes pour une consommation de 73 millions de tonnes. Et la part de la Chine dans le total consommé dans la région est de plus en plus grande. En 2000, la Chine exportait en Amérique latine moins de 100.000 tonnes d’acier par an. “Aujourd’hui, elle est au-dessus de 14 millions” de tonnes, et “la croissance est exponentielle”, souligne M. Tavernelli.Dans ce contexte, le risque est important qu’il y ait d’autres Huachipato, avec “des entreprises historiques (…) avec une grande expertise, (qui) perdent et doivent fermer”, avertit-il.

Les Bourses européennes ouvrent en hausse

Les Bourses européenne tentent un rebond mardi après les pertes de la veille, à l’approche d’une nouvelle salve de droits de douane de l’administration américaine le 2 avril.Dans les premiers échanges, Paris prenait 0,82%, Francfort 0,99%, Londres 1,01% et Milan 0,86%.