AFP Business

Avec le retrait américain, l’OMS doit réduire son budget de 20%

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) va devoir diminuer son budget d’un cinquième suite à la décision des Etats-Unis – son principal contributeur – de se retirer, et doit désormais réduire ses missions et son personnel, a déclaré son directeur dans un courriel interne consulté par l’AFP samedi.L’agence de santé de l’ONU fait face à un manque à gagner de près de 600 millions de dollars en 2025 et n’a “pas d’autre choix” que de commencer à faire des coupes dans les dépenses, a expliqué Tedros Adhanom Ghebreyesus dans ce message envoyé vendredi au personnel. “Ces mesures s’appliqueront d’abord au niveau du siège, en commençant par les hauts dirigeants, mais affecteront tous les niveaux et toutes les régions”, a-t-il ajouté.En plus de déclencher le retrait de son pays de l’OMS, le président américain Donald Trump a décidé de geler pratiquement toute l’aide étrangère américaine, y compris d’importants programmes visant à améliorer la santé dans le monde. Les Etats-Unis avaient déjà entamé les démarches pour quitter l’OMS lors du premier mandat de M. Trump en 2020. Celui-ci a justifié sa décision en janvier par l’écart des contributions financières américaines et chinoises, accusant l’organisation d'”arnaquer” son pays.En conséquence, M. Tedros avait déjà prévenu fin janvier que l’OMS allait prendre des mesures d’économie.Les Etats-Unis étaient de loin le plus grand contributeur au budget de l’OMS: sur le dernier cycle budgétaire de deux ans, pour 2022-23, ils ont apporté 16,3% des 7,89 milliards de dollars de budget total de l’organisation.  Avant-même la défection américaine, l’OMS était déjà confrontée à des contraintes financières, et avait commencé voici plus de neuf mois à travailler sur des mesures pour améliorer son efficacité, remarque aussi son dirigeant. – Situation critique -Mais “l’annonce des États-Unis, combinée à des réductions récentes de l’aide publique au développement de certains pays pour financer une augmentation des dépenses de défense, a rendu notre situation beaucoup plus critique”, a encore expliqué M. Tedros. En février, le conseil exécutif de l’OMS avait réduit le budget proposé pour 2026-2027 de 5,3 à 4,9 milliards de dollars. “Depuis lors, les perspectives de l’aide au développement se sont détériorées”, a rappelé M. Tedros. Et “nous avons donc proposé aux Etats membres un budget encore réduit de 4,2 milliards de dollars, soit une baisse de 21% par rapport au budget initialement proposé”. La majorité du financement américain provenait de contributions volontaires pour des projets spécifiques, plutôt que d’une participation fixe. Depuis sa prise de fonction en 2017, le directeur de l’OMS s’est donné pour mission de réformer les finances de l’organisation et de la rendre moins dépendante d’une poignée de grands contributeurs traditionnels. L’organisation est ainsi désormais en partie financée par la philanthropie et les dons du grand public, et a modifié l’équilibre entre les contributions volontaires rigides des pays, qui constituent actuellement la majeure partie de ses revenus, et les cotisations plus souples des membres.Mi-mars, M. Tedros avait tiré la sonnette d’alarme quant aux conséquences, pour la vie de millions de gens dans le monde, des coupes dans l’aide américaine à l’étranger.Les combats menés depuis des années contre certaines pathologies en seraient gravement affectés, avait-il mis en garde, citant la rougeole, la polio, ou encore le sida. Pour cette dernière maladie, les décisions américaines “pourraient annuler 20 années de progrès, entraînant plus de 10 millions de cas supplémentaires de VIH et 3 millions de décès liés au VIH, soit trois fois plus de décès que l’année dernière”, avait-il souligné. 

Le ministère du Commerce extérieur dénonce des “ingérences inacceptables” américaines visant des entreprises françaises

Le ministère français du Commerce extérieur a dénoncé samedi des “ingérences américaines” après l’envoi d’une lettre de l’ambassade des Etats-Unis à Paris à plusieurs entreprises françaises leur demandant si elles mettaient en place des programmes internes de lutte contre les discriminations.”Les ingérences américaines dans les politiques d’inclusion des entreprises françaises, comme les menaces de droits de douanes injustifiés, sont inacceptables”, indique le ministère dans un communiqué transmis à l’AFP. “La France et l’Europe défendront leurs entreprises, leurs consommateurs, mais aussi leurs valeurs”, assure également le ministère.Plusieurs entreprises françaises ont reçu un courrier de l’ambassade des Etats-Unis les interrogeant sur l’existence de programmes internes de lutte contre les discriminations, ce qui pourrait les empêcher de travailler avec l’Etat américain. Les destinataires du courrier ont été informés du fait que “le décret 14173”, pris par Donald Trump dès le premier jour de son retour à la Maison Blanche pour mettre fin aux programmes promouvant l’égalité des chances au sein de l’Etat fédéral, “s’applique également obligatoirement à tous les fournisseurs et prestataires du gouvernement américain”, comme le montre un document révélé vendredi par Le Figaro. Les entreprises liées par un contrat commercial à l’Etat américain seraient dans l’obligation de rompre avec les politiques de discrimination positive éventuellement mises en place.”Cette pratique reflète les valeurs du nouveau gouvernement américain” avait réagi vendredi l’entourage du ministre de l’Economie Eric Lombard. “Ce ne sont pas les nôtres”, ajoutait le cabinet de Bercy dans sa réaction transmise à la presse, précisant que “le ministre le rappellera à ses homologues au sein du gouvernement américain”.Interrogée par l’AFP, l’ambassade des Etats-Unis à Paris n’a pas réagi dans l’immédiat.  

Venezuela: le dollar au noir s’envole, la peur de la crise revient

“Tout augmente. C’est insupportable”: le taux du dollar au marché noir s’envole au Venezuela, ravivant le spectre de l’hyperinflation et de la pénurie des pires années de la crise qui a poussé des millions d’habitants à émigrer.Alors que l’incertitude règne face au durcissement des sanctions américaines contre le secteur du pétrole, le cours du “dollar noir” a franchi cette semaine la barre symbolique des 100 bolivares. Longtemps contenu, l’écart avec le taux officiel de 69,5 bolivares est aujourd’hui saisissant: près de 50% de plus.Cette grande disparité exerce une forte pression sur les prix, car les commerces sont obligés d’utiliser le taux officiel sous peine d’amendes, voire de fermeture. Elle souligne aussi une perte de confiance dans la monnaie locale.”Cela nous affecte parce que cette hausse du dollar fait tout augmenter. La nourriture augmente (…) les transports augmentent, tout augmente. C’est insupportable”, résume à l’AFP Darwin Contreras, un commerçant de 40 ans qui entrevoit le spectre de l’hyperinflation vécue entre 2018 et 2021, avec un pic historique à 130.000% la première année.Le fossé entre les taux a commencé à se creuser au second semestre 2024, atteignant alors environ 20%.- “Effet Chevron” -Pour les experts, la décision du président américain Donald Trump de révoquer la licence accordée au pétrolier Chevron pour opérer au Venezuela, malgré les sanctions, a déjà un impact, même si cette mesure ne doit s’appliquer que le 27 mai.Environ 25% de la production pétrolière vénézuélienne, actuellement autour de 900.000 barils par jour, provient des opérations de Chevron, selon le cabinet Aristimuño Herrera & Asociados.”Chevron est l’un des principaux fournisseurs de devises dans le secteur bancaire”, explique à l’AFP César Aristimuño. Or, rien qu’en 2024, l’Etat a injecté quelque cinq milliards de dollars sur les marchés pour soutenir le bolivar, d’après les données de son cabinet.”L’annonce” du départ de Chevron “a immédiatement suscité une grande inquiétude au Venezuela”, affirme M. Aristimuño.Et avec elle une hausse de la demande de dollars, les Vénézuéliens cherchant une valeur refuge.”La demande a été très forte ces dernières semaines. Aujourd’hui, la demande dépasse largement l’offre”, note César Aristimuño, décrivant un “effet Chevron”. Au Venezuela, le marché noir est né pendant les années où existait un contrôle des changes strict, qui a été presque aboli avec la dollarisation informelle de l’économie.- “Dollar de guerre” des “gringos” -Le président Nicolas Maduro a en effet dû autoriser la circulation du billet vert des “gringos”, l’ennemi américain honni, pour faire face aux problèmes de pénurie et à l’hyperinflation qui minaient le pays.La dollarisation a permis de sortir de sept ans de récession entre 2013 et 2020, durant lesquelles le PIB s’est contracté de 80%.M. Maduro, dont la réélection en 2024 n’est pas reconnue par les Etats-Unis, a admis vendredi que la demande de dollars sur le marché formel avait augmenté de 40%.”Le dollar de guerre” est “un vieil ennemi de l’économie vénézuélienne”, a-t-il déclaré à la télévision nationale. “Nous devons faire tout ce qu’il faut pour surmonter la perturbation créée par les deux annonces de guerre économique du gouvernement des Etats-Unis contre le Venezuela”, soit la révocation de la licence de Chevron et l’annonce américaine de droits de douane de 25% pour les pays acheteurs de pétrole vénézuélien.Si les consommateurs détenant des dollars peuvent les échanger contre plus de bolivares, ils subissent aussi l’augmentation des prix, tirés vers le haut.La Banque centrale n’a pas publié de chiffre d’inflation depuis octobre, mais des estimations indépendantes situent l’indice interannuel à 117% jusqu’en février.Les commerçants, quant à eux, essuient des pertes. Ils sont obligés d’accepter les paiements au taux officiel, et “essayer de compenser ces pertes en ajustant les prix en dollars peut ne pas suffire”, avertit la société Albusdata.”Le fait d’accepter, de facturer au taux parallèle est très délicat. Il est parfois même préférable de perdre le fournisseur (…) ou simplement de se retirer du marché”, relève Diego Rodriguez, commerçant de 39 ans.”Je veux croire que les organismes compétents prendront des mesures d’une manière ou d’une autre”, dit-il. “Quand elles (les autorités) injectaient des dollars (sur le marché pour augmenter l’offre), il y avait une différence très minime” entre les taux, “sur laquelle il était possible de travailler”.

Après le retrait américain annoncé, l’OMS doit couper son budget de 20%

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a proposé de réduire d’un cinquième son budget suite à la décision des États-Unis, son principal contributeur, de se retirer, et doit désormais réduire ses missions et son personnel, a déclaré son directeur dans un email interne consulté par l’AFP samedi.L’OMS fait face à un manque à gagner de près de 600 millions de dollars en 2025 et n’a “pas d’autre choix” que de commencer à faire des coupes, a ainsi expliqué le directeur général de l’institution, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans le message envoyé vendredi au personnel de l’agence de santé de l’ONU. En plus de déclencher le retrait de son pays après son entrée à la Maison Blanche en janvier, le président Donald Trump a décidé de geler pratiquement toute l’aide étrangère américaine, y compris d’importants programmes visant à améliorer la santé dans le monde. Les Etats-Unis avaient déjà entamé les démarches pour quitter l’OMS lors du premier mandat de M. Trump en 2020.Celui-ci a justifié sa décision en janvier par l’écart des contributions financières américaines et chinoises, accusant l’organisation d'”arnaquer” son pays.En conséquence, M. Tedros avait déjà prévenu fin janvier que l’OMS allait prendre des mesures d’économie.Les États-Unis étaient de loin le plus grand contributeur au budget de l’OMS: sur le dernier cycle budgétaire de deux ans, pour 2022-23, ils ont apporté 16,3% des 7,89 milliards de dollars de budget total de l’organisation.  “Des réductions drastiques de l’aide publique au développement par les États-Unis et d’autres pays causent d’énormes perturbations pour des pays, des ONG et des agences des Nations Unies, y compris l’OMS”, a souligné M. Tedros dans son email. Avant-même le début du processus de retrait américain, l’OMS était déjà confrontée à des contraintes financières, et avait commencé voici plus de neuf mois à travailler sur des mesures pour améliorer son efficacité, remarque aussi son dirigeant. Mais “l’annonce des États-Unis, combinée à des réductions récentes de l’aide publique au développement de certains pays pour financer une augmentation des dépenses de défense, a rendu notre situation beaucoup plus critique”, a encore expliqué M. Tedros. “Bien que nous ayons réalisé des économies de coûts substantielles, les conditions économiques et géopolitiques actuelles rendent la mobilisation des ressources particulièrement difficile”, écrit-il. En février, le conseil exécutif de l’OMS avait réduit le budget proposé pour 2026-2027 de 5,3 à 4,9 milliards de dollars. “Depuis lors, les perspectives de l’aide au développement se sont détériorées”, a rappelé M. Tedros. Et “nous avons donc proposé aux États membres un budget encore réduit de 4,2 milliards de dollars, soit une baisse de 21 % par rapport au budget initialement proposé”. La majorité du financement américain provenait de contributions volontaires pour des projets spécifiques, plutôt que d’une participation fixe. “Malgré tous nos efforts, nous en sommes maintenant au point où nous n’avons d’autre choix que de réduire le périmètre de notre travail et de notre personnel”, conclut M. Tedros. Et de préciser: “ces mesures s’appliqueront d’abord au niveau du siège, en commençant par les hauts dirigeants, mais affectera tous les niveaux et toutes les régions”.

Indonésie: pour le commerce, le ramadan n’a pas tenu ses promesses

Les commerçants de Tanah Abang à Jakarta, le plus grand marché de textile d’Asie du Sud-Est, attendaient beaucoup du mois du ramadan mais victimes de la concurrence du commerce en ligne et dans un climat de morosité économique, beaucoup d’échoppes ont baissé le rideau.”Il y en a beaucoup qui ne sont plus assez forts. Ils n’en peuvent plus”, explique Toni Sar, un commerçant de 49 ans installé dans le marché et qui distribue ses vêtements par correspondance dans 27 provinces de l’archipel.Tout autour, sur les rideaux métalliques, de nombreuses échoppes affichent les mêmes avis de fermeture temporaire pour non-paiement des loyers.Les Indonésiens regardent normalement peu à la dépense quand arrivent le ramadan puis les congés de l’Aïd-el Fitr qui marquent la fin du mois sacré.Mais cette année les caisses sonnent vide pour des professionnels déjà fortement touchés par la crise du Covid et désormais dans l’incapacité de faire face aux plateformes en ligne.M. Toni l’assure, son chiffre d’affaires est en baisse de 50% par rapport à l’an passé. Mais le commerçant se veut encore optimiste et mise sur les derniers jours précédant l’Aïd pour se refaire.Ardino Putra, 33 ans, indique de son côté que ses ventes sur l’année ont chuté de 20%, passant de 2,5 milliards de roupies (139.000 euros) en 2025 à 2 milliards de roupies cette année.”Peut-être à cause de facteurs économiques, et peut-être aussi à cause de l’influence des boutiques en ligne”, avance-t-il comme début d’explication.Et dans le même temps, ses charges restent les mêmes. “Il faudrait réduire (…) le loyer et les charges. Nos mensualités restent les mêmes (…) mais nos ventes sont faibles.”Le président Prabowo Subianto, en fonction depuis octobre dernier, a promis de pousser la croissance de l’économie indonésienne de 5 à 8%. Mais les perspectives économiques restent incertaines. La banque centrale indonésienne a été contrainte en janvier de réduire ses taux d’intérêt pour tenter de stimuler la croissance tandis que la roupie s’est affaiblie.Les grands programmes engagés par Prabowo, comme les repas gratuits pour les scolaires, pèsent sur les finances publiques, conduisant le président à décider de coupes budgétaires qui inquiètent la population et ont déclenché des manifestations.”Les premiers mois du gouvernement Prabowo sont une source d’inquiétude”, analyse Gareth Leather, économiste pour l’Asie chez Capital Economics.- Taxer les plateformes -Dévorant les parts du marché traditionnel, le commerce en ligne est lui en plein essor en Indonésie et devrait passer de près de 53 milliards de dollars (49 mds EUR) en 2023 à 87 milliards de dollars (80 mds EUR) en 2028, selon l’Administration américaine du commerce international.”C’est excellent, le ramadan est la meilleure période”, confie Yaya Azmi, étudiante de 22 ans, qui s’apprête à lancer un “live” sur TikTok depuis le marché. Elle est venue spécialement de Malaisie pour y trouver des vêtements islamiques bon marché qu’elle va vendre en ligne.La jeune femme assure que ses revenus ont été multipliés par cinq au cours du mois du jeûne musulman grâce aux commandes passées sur TikTok et Telegram.Face à cette dégradation de leurs affaires, de nombreux détaillants comme Ria Angrenni, 37 ans, appellent le gouvernement à taxer davantage les plateformes en ligne. Ils dénoncent une concurrence déloyale alors qu’en plus de leur loyer, ils doivent s’acquitter de frais de service d’un million de roupies (56 euros) par mois.Mais face à une tendance inexorable, le mot d’ordre doit être l’adaptation, estime l’Association indonésienne des employeurs.”Il ne faut pas s’étonner que les commerçants traditionnels souffrent d’un manque de performances de vente”, souligne sa présidente Shinta Kamdani.”Aujourd’hui, les millennials et la génération Z constituent la plus grande clientèle indonésienne. Ils sont davantage attirés par les méthodes modernes de commerce”, ajoute-t-elle.Mais sur le marché de Tanah Abang, malgré les nombreux stands fermés, M. Toni veut lui encore y croire: “Je dois tenir bon. Où puis-je aller ailleurs?”.

L’explorateur Bertrand Piccard en mission pour rendre la décarbonation “désirable”

Les révolutions aéronautiques sont souvent portées par des explorateurs, les industries capitalisant ensuite sur ce qu’elles jugeaient impossible, et il en sera de même pour la décarbonation, déclare à l’AFP le Suisse Bertrand Piccard qui avait réussi le premier tour du monde en ballon en 1999.Explorateur, psychiatre et président de la Fondation Solar Impulse, il a été invité cette semaine au sommet annuel d’Airbus sur les innovations dans l’aviation, qui vit une nouvelle révolution, celle de la décarbonation, dans un contexte morose pour l’écologie.La fondation de Bertrand Piccard et celle d’Airbus ont signé à cette occasion un partenariat de trois ans visant à stimuler le progrès en matière de durabilité.”Ce n’est pas Concorde qui a passé le mur du son la première fois, c’est (le pilote d’essai américain) Chuck Yeager qui l’a fait en 1947. Et une fois qu’il a franchi le mur du son, l’industrie a pu fabriquer des avions supersoniques” à la fin des années 1960, rappelle Bertrand Piccard, 67 ans. “Dans l’Histoire, ce n’est jamais l’industrie qui prend le risque d’être un pionnier. Il faut toujours un explorateur au début. Ensuite, l’industrie peut capitaliser sur son succès”, ajoute-t-il.- “Rendre désirable” -C’est comme cela qu’il voit aujourd’hui le combat pour l’hydrogène alors qu’Airbus a remis à plus tard le développement de son avion à hydrogène 100% électrique qui verra le jour vers 2040-2045 et non en 2035 ; l’industrie n’est pas prête à remplir les réservoirs plus tôt. “Mon but c’est de montrer qu’avec de l’hydrogène, on peut faire un tour du monde, sans escale, sans émission. Il faut le rendre désirable”, s’enthousiasme Bertrand Piccard. En 1999, il avait réalisé avec le pilote britannique Brian Jones le premier tour du monde en ballon sans escale en 21 jours. Autre tour du monde, cette fois-ci aux manettes de l’avion fonctionnant uniquement à l’énergie solaire Solar Impulse en plusieurs escales, entre mars 2015 et juillet 2016, avec le Suisse André Borschberg.Son nouveau projet Climate Impulse, un avion avec l’hydrogène vert pour carburant, doit faire son premier vol en 2026. “Il faut sortir de l’idée que la décarbonation c’est cher et sacrificiel, il faut montrer qu’en modernisant, on sera plus compétitifs. Ce sera mieux pour la santé et la qualité de l’air et c’est aussi une question de coût- on aura moins de gaspillage financier, d’énergie et de ressources”, souligne-t-il. “Dans l’aviation, on n’est pas encore rentable en décarbonant, mais par contre on est déjà rentable en étant efficient, les avions consomment 80% de moins de carburant qu’il y a 40 ou 50 ans”, ajoute-t-il. – Argument pour Trump -L’efficience, c’est un argument auquel pourrait être sensible Donald Trump qui est sorti de l’accord de Paris sur le climat et promeut les énergies fossiles à tout-va, estime Bertrand Piccard. “Il y a beaucoup de solutions qui sont des solutions de bon sens, et qui marcheraient même s’il n’y avait pas de changement climatique. C’est ce discours qu’on doit tenir à Trump: c’est un meilleur business d’être efficient”.Il ne faut pas non plus sous-estimer les Chinois qui n’apparaissent pas comme les champions du monde en écologie mais pourraient faciliter l’avènement de l’avion à hydrogène, souligne-t-il. “Quand on voit le photovoltaïque, si le prix s’est écroulé, c’est parce que les Chinois ont commencé à produire en masse. S’ils se mettent à produire de l’hydrogène en masse, cela va faire du bien au monde entier”, conclut Bertrand Piccard. 

En Bretagne, la vanille fleurit dans d’anciennes serres à tomates

La vanille deviendra-t-elle un jour un produit typiquement breton, au même titre que la galette-saucisse ou le beurre salé? Trois producteurs des Côtes-d’Armor ont en tout cas déjà commencé à récolter et commercialiser les précieuses gousses.Ce pari débute en 2019. Comme chaque année, les maraîchers de l’association de coopératives Prince de Bretagne sont rassemblés par Florian Josselin, responsable de l’innovation, pour faire un état des lieux des recherches sur l’acclimatation de diverses cultures. Au menu cette fois, le safran, le chou kale et la fameuse vanille de l’île de la Réunion.Trois maraîchers sont immédiatement séduits par l’idée de pouvoir cultiver cette liane tropicale dans leurs serres à tomates vieillissantes. Comme “il faut quatre ans avant d’obtenir les premières gousses commercialisables”, ils décident de se lancer dans l’aventure par leurs propres moyens, sans attendre le résultat des premiers essais de la station expérimentale de Pleumeur-Gautier (Côtes-d’Armor), explique l’un d’eux, Pierre Guyomar.Les premiers plants viables de Vanilla planifolia arrivent de la Réunion l’année suivante. “Pendant trois ans, il a fallu bouturer et rebouturer pour développer de belles touffes” de cette plante de la famille des orchidées, fragile et qui déteste les excès de température ou de lumière, souligne Pierre Guyomar.Les maraîchers bretons procèdent empiriquement, en s’appuyant sur leur expertise de la production de légumes sous serres.Pour acclimater la liane, qui pousse presque sans effort dans les sous-bois de l’océan Indien, ils ont aussi bénéficié du micro-climat exceptionnellement tempéré de cette bande côtière, qui ne connaît “ni gel ni canicule”, relève Florian Josselin.- Échanges de bons procédés -Une fois les lianes bien développées, les maraîchers n’avaient plus qu’à déclencher la floraison en abaissant la température de la serre de quelques degrés et en taillant pour générer un stress. Comme à la Réunion ou Madagascar, il leur faut ensuite polliniser chaque fleur à la main, une par une à l’aide d’un cure-dents. Une opération baptisée “mariage”, indispensable pour que se développent les gousses de vanille, fruit de la plante.Difficulté supplémentaire, les “marieurs” doivent être mobilisés sept jours sur sept pendant la période de floraison car la fleur de vanillier n’est ouverte que le matin et sera tombée dès le lendemain si elle n’a pas été pollinisée.Les gousses qui se formeront doivent rester au minimum neuf mois sur la liane pour que leur concentration en vanilline, la molécule qui donne à la vanille son arôme unique, soit parfaite.Atout des maraîchers bretons sur leurs collègues d’outre-mer: dans leurs serres bien tempérées, ils n’ont à craindre ni champignon ni insecte ravageur ni vol. “On va donc pouvoir cueillir les gousses à un stade de maturité optimal”, gage de qualité, lance M. Guyomar.Les gousses vertes une fois récoltées, reste à les transformer en vanille commercialisable. Un processus délicat d’ébouillantement, de séchage et d’affinage pour lequel les producteurs bretons ont bénéficié des conseils de collègues de la Réunion.En retour, les maraîchers aident depuis 2022 des vanilliculteurs réunionnais, confrontés à une chute drastique de la production en raison du changement climatique, à installer des serres et des ombrières permettant de mieux réguler les conditions de chaleur et d’humidité.”C’est du gagnant-gagnant”, se réjouit M. Guyomar.Les premières gousses costarmoricaines ont été commercialisées fin 2024 et les maraîchers espèrent que leur vanille, censée produire pendant sept ans, s’avèrera rentable.”Mais il y a encore énormément de choses à apprendre”, estime Pierre Guyomar.”Moi j’ai trop fécondé il y a deux ans, j’ai perdu la moitié de ma culture”, témoigne son collègue Hervé Gorieu, maraîcher à Paimpol. “Pour la relancer, je n’ai fait aucune floraison cette année afin qu’elle se renforce”, explique-t-il.D’où l’importance des essais en cours à la station de Pleumeur-Gautier pour déterminer le nombre optimal de fleurs à féconder sur un plant, souligne Florian Josselin.Des expérimentations similaires ont déjà permis à cinq producteurs bretons de commercialiser des agrumes (citron caviar, yuzu, kumquat) et “on travaille sur le fruit de la passion, une autre liane qui s’adapte très bien dans les vieilles serres également, sans chauffage”, ajoute l’expert.

Gastronomie: les affûteurs de couteaux, des artisans aussi rares qu’indispensables

Ils entretiennent, aiguisent et sont capables de redonner vie aux lames les plus émoussées: de plus en plus rares, les affûteurs-rémouleurs n’en restent pas moins indispensables dans le quotidien des cuisiniers. “Un couteau qui coupe, c’est un couteau avec lequel, paradoxalement, on a moins de risques de se blesser. Parce que, quand on n’est pas sûr de son couteau, on force un peu, et c’est là qu’on a des soucis”, explique à l’AFP le chef Jérôme Banctel, à la tête du restaurant trois étoiles Le Gabriel, à Paris.”Les cuisiniers recherchent des artisans compétents pour bien entretenir leurs couteaux, parce qu’un couteau, ça a un certain prix. Et surtout, ils aiment leurs couteaux”, souligne par ailleurs l’affûteur parisien Flavien Walterscheid, qui travaille régulièrement pour le chef étoilé. Pas question donc de confier ses outils à n’importe qui. Dans la capitale, la question est rapidement réglée: ces artisans se comptent sur les doigts de la main et possèdent chacun leur méthode, que ce soit sur le fond ou sur la forme, parfois très loin de l’image du rémouleur qui arpentait les villages avec sa camionnette.- “Oiseau de nuit” -Initialement dans le bâtiment, Flavien Walterscheid s’est reconverti il y a cinq ans. Autodidacte, il a créé un concept sans doute “unique au monde”: un bar à couteaux. Il s’agit d’un bar à vin situé dans le 3e arrondissement qui lui sert aussi d’atelier.S’il travaille essentiellement sur du “backstand” (ponceuse à bandes), le trentenaire est spécialiste de l’affûtage sur pierre japonaise, qu’il réserve aux “lames d’exception”. “L’emploi de la pierre, ça respecte vraiment le produit en lui-même”, estime-t-il.De son côté, Élian Delétrain travaille sur une meule à bandes abrasives dans son atelier, une cave située dans le 14e arrondissement, où ses clients lui apportent couteaux, ciseaux de couture, sécateurs et même parfois sabres et katanas.L’homme de 27 ans, qui se décrit comme un “oiseau de nuit”, propose également d’aller chercher les couteaux tard le soir après le service et de les ramener comme neuf le lendemain au petit matin. Au volant de son atelier-mobile, une camionnette aménagée, Michel (qui n’a pas souhaité donner son nom) sillonne quant à lui Paris et l’ouest parisien sous le nom de “Titi Rémouleur”. Béret vissé sur la tête, cet ancien ingénieur de 59 ans se rend chez ses clients, des restaurateurs, bouchers, maisons de couture mais aussi quelques ministères, comme Matignon. Il se sert d’une meule à eau. “Ce n’est plus tellement utilisé maintenant, parce que ça prend énormément de temps. Mais ça permet un travail très net et plus durable”, affirme-t-il. – Seconde vie -Des profils très variés, qui ont tous la passion du métier. Michel s’est récemment reconverti “pour pouvoir travailler de ses mains” et il ne regrette rien. “Quand j’étais au bureau, je comptais les années avant de m’arrêter. Maintenant, ce n’est même plus dans ma tête”, assure-t-il. “Ce n’est pas un métier qu’on fait pour l’argent. Moi, j’aime trop les couteaux”, explique de son côté Élian Delétrain. “Même quand j’en ai 50 à faire, je mets mes écouteurs et je suis dans un autre monde”, poursuit-il. “Quand tu sais décrocher le regard de ce que tu fais, il y a un côté qui est très méditatif”, abonde Flavien Walterscheid. Ce dernier souligne également la satisfaction de pouvoir donner une seconde vie à ces outils si précieux, dont certains valent des centaines d’euros. “Il y a des gens qui jettent leurs couteaux en pensant qu’ils ne sont plus bons”, regrette-t-il.Mais tout est possible, assure l’affûteur, en prenant l’exemple d’un couteau abîmé après avoir perdu la bataille contre un homard. Affûté, “on n’aura plus un éminceur, on aura un trancheur, mais on aura un truc qui sera toujours là”.”Ça ne sert à rien de jeter. Après, il faut juste les confier à des gens qui savent le faire”, conclut-il.

Famille, impôts, hypothèques: Aux Etats-Unis, ces migrants bien installés face aux expulsions

Fin février, Erik Payán ouvre son petit magasin de pneus à Cleveland, au Texas, comme il le fait depuis des années. Mais cette fois-là, en plein après-midi, la police américaine de l’immigration débarque. Armés et visages couverts, les agents l’emmènent. “Ils m’ont eu”, dit-il ensuite à sa femme Alejandrina Morales au téléphone. Une scène pas inhabituelle aux Etats-Unis, mais sur laquelle les lumières se braquent davantage désormais avec Donald Trump à la tête du pays, le président républicain brandissant une rhétorique et une politique antimigrants particulièrement violente.”J’ai comme un goût amer dans la bouche”, confie Alejandrina Morales. “J’ai pleuré, mais pleurer n’allait pas servir à grand-chose”, continue cette femme de 55 ans qui aide son mari dans le magasin.”Je vais me battre, je vais défendre mon mari”, se souvient-elle avoir pensé. Depuis, elle a, comme d’autres, partagé leur histoire sur les réseaux sociaux. Et, avec l’aide d’une avocate, Erik Payán a été libéré.Le gouvernement affirme vouloir faire la chasse aux “criminels” issus des gangs d’Amérique latine, mais il évoque rarement le cas de nombreux travailleurs ordinaires comme Erik Payán. Ce Mexicain de 51 ans en a passé 20 aux Etats-Unis. D’abord arrivé en toute légalité, il est resté en dépit de l’expiration de son visa de travail, installé dans le sud du Texas avec sa femme et ses trois filles, la dernière étant née sur le sol américain.Principal soutien financier de la famille, Erik Payán détient une licence pour son magasin, paie des impôts et même une hypothèque, comme beaucoup d’Américains, mais aussi d’immigrés. – “Le juge qui décide” -Les derniers chiffres officiels évaluaient à environ 11 millions le nombre de personnes sans papiers aux Etats-Unis en 2022. Ce nombre avoisinerait désormais les 14 millions, selon un rapport publié en février par l’ONG Migration Policy Institute.Depuis sa campagne, Donald Trump promet des expulsions rapides et massives. Mais l’avocate spécialisée Silvia Mintz rappelle que la loi américaine ne fonctionne pas ainsi.”Toute personne se trouvant aux Etats-Unis a droit à un procès équitable et c’est le juge qui décide si elle doit être détenue ou expulsée. Le plus important est que les gens sachent qu’ils ont plusieurs options”, explique la juriste. Avec un dossier solide, elle a réussi à faire libérer Erik Payán sous caution, après 27 jours de détention. Il entame à présent un combat administratif pour sa régularisation.Selon Silvia Mintz, les personnes sans papiers peuvent rester en démontrant leur ancrage dans le pays et le soutien qu’elles apportent à leur famille. Autre option: leurs enfants nés aux Etats-Unis, et donc citoyens américains, peuvent, lorsqu’ils atteignent l’âge de 21 ans, obtenir la régularisation de leurs parents.- “Reconnaître leur contribution” -Les personnes en situation irrégulière ont payé près de 97 milliards de dollars d’impôts en 2022, selon les estimations de l’organisation Americans for Tax Fairness. Directeur de l’ONG Fiel, qui travaille avec les migrants, César Espinosa pointe ce qu’il considère comme une hypocrisie.”Ils doivent payer énormément d’impôts, mais la loi leur interdit d’en bénéficier”, souligne-t-il, en référence notamment aux systèmes publics d’assistance sociale.Selon le militant, les Américains doivent “reconnaître la contribution des migrants”. Le pays devrait aussi, dit-il, “travailler à une réforme de l’immigration pour que d’autres gens aient accès au rêve américain”. Pendant sa détention, Erik Payán a parfois dormi dans des endroits froids et a attrapé un mauvais rhume. Il est heureux d’avoir retrouvé son magasin, devant lequel ses clients klaxonnent pour fêter son retour.Sa femme est la première à le célébrer, disant avoir perdu ce “goût amer dans la bouche”. “Ils avaient pris le capitaine de mon bateau et j’ai dû ramer seule.”

Menacés par Trump, les ouvriers canadiens de l’automobile déterminés à se battre pour leurs emplois

Fini l’effroi, la stupeur. Les ouvriers canadiens de l’automobile n’en peuvent plus des menaces américaines sur leur secteur et sont maintenant décidés à ne rien lâcher et à se battre pour leurs emplois.Le déplacement des postes et des usines aux Etats-Unis, en réaction aux droits de douane promis par Donald Trump? “Cela ne va pas arriver”, martèle Jeff Gray, responsable syndical pour les usines de General Motors à Oshawa.Cette ville industrielle, située à quelque 50 kilomètres à l’est de Toronto, a vu son développement étroitement lié depuis près d’un siècle à celui de l’usine locale de la firme américaine.La grande majorité de la filière automobile canadienne est implantée dans cette région du sud de l’Ontario (centre), la plus grande province du pays.Ici, 500.000 emplois dépendent de ce secteur fortement intégré.Alors, tous racontent le coup de massue qui s’est abattu sur la région depuis la première annonce de Donald Trump sur les droits de douane peu après son élection. Car tous les experts prédisent une catastrophe industrielle et des licenciements à la pelle si le président américain met ses menaces à exécution.Mais après des semaines à ronger leur frein, à se sentir “anxieux”, l’atmosphère a changé ces derniers temps, explique Jeff Gray du syndicat Unifor. Les ouvriers en ont “assez d’être provoqués”. “On en a marre d’être menacés. On est déterminés.””Nous allons nous battre. On ne va pas perdre un seul emploi automobile en Ontario”, affirme Jeff Gray d’un ton déterminé, parlant même de stopper physiquement les entreprises automobiles si nécessaire pour les empêcher de retirer des équipements des usines canadiennes.- “Quels sont les plans de Trump?” -Comme de nombreuses industries prises dans la guerre commerciale de Donald Trump, l’avenir du secteur automobile canadien est très incertain.Après l’acier et l’aluminium, le président américain a annoncé mercredi des droits de douane supplémentaires de 25% sur toutes les automobiles et les pièces fabriquées hors des États-Unis, dès le 2 avril prochain.La taxe sur les véhicules assemblés au Canada pourrait en réalité être inférieure, étant donné le processus de fabrication hautement intégré en Amérique du Nord, avec des pièces individuelles traversant plusieurs fois la frontière pendant l’assemblage.En 2023, le Canada a produit plus 1,5 million de véhicules, dont 93% ont été exportés aux États-Unis, pour une valeur totale de 51 milliards de dollars canadiens (32 milliards d’euros), selon des chiffres de l’institut officiel Statistique Canada. “Je ne sais pas quels sont les plans de Trump”, constate Robert Romano, le secrétaire financier du syndicat.”Je ne suis pas sûr qu’il sache lui-même quels sont ses projets avec tout ça… Construire des voitures en Amérique du Nord a toujours été un lien entre les États-Unis et le Canada. Aujourd’hui, cela nous dresse les uns contre les autres”, ajoute-t-il.À son apogée dans les années 1980, l’usine employait 25.000 personnes. L’équipe de hockey locale de la ville de 200.000 habitants s’appelle “The Generals”, en l’honneur de General Motors.Parlant d’une “folie”, Flavio Volpe, le président de la fédération des fabricants de pièces automobiles du Canada (APMA), estime que l’impact de ces taxes sera tel que l’industrie automobile pourrait devoir être mise à l’arrêt complètement pendant plusieurs jours.Jeff Gray, dont l’arrière-grand-père fut l’un des membres fondateurs du syndicat en 1937, l’affirme: personne n’est “intéressé par une nouvelle carrière”.”Nous avons besoin que le gouvernement canadien intervienne et soutienne nos entreprises et nos travailleurs pour s’assurer que ces usines ne disparaissent jamais.”