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Retraites: en plein “conclave” des partenaires sociaux, Bayrou ferme la porte aux 62 ans

François Bayrou a clairement fermé la porte dimanche à un retour de l’âge de départ à la retraite à 62 ans, mettant en péril l’avenir du “conclave” sur la réforme de 2023 même si son ministre de l’Economie a tenté de rassurer des partenaires sociaux inquiets.Interrogé sur France Inter et franceinfo sur la possibilité de ce retour à 62 ans, contre 64 ans dans la loi actuelle, le Premier ministre a répondu “non”. “La conférence sociale sait très bien (…) quel est le rapport numérique (…) Je ne crois pas que la question paramétrique (…) c’est-à-dire la question de dire +voilà l’âge pour tout le monde+, je ne crois pas que ce soit la seule piste”, a-t-il ajouté.Un peu plus tard, le ministre de l’Economie Eric Lombard a atténué cette déclaration en affirmant sur BFMTV que “c’est aux partenaires sociaux de décider” de l’issue de ce “conclave”. “La position du gouvernement, c’est que le conclave doit se prononcer et cet engagement du conclave aura une force considérable”, a-t-il assuré, sans reprendre à son compte les déclarations du Premier ministre.Cherchant à s’éviter la censure du Parti socialiste, M. Bayrou avait rouvert en janvier le dossier de la réforme menée par Elisabeth Borne, et confié aux partenaires sociaux la tâche de tenter de parvenir à un nouvel accord.Les concertations des partenaires sociaux ont débuté le 27 février, syndicats et patronat étant censés se réunir chaque jeudi au moins jusqu’à la fin du mois de mai – même si Force ouvrière (FO) a d’emblée claqué la porte. François Bayrou s’est engagé à soumettre un éventuel accord, même partiel, à l’appréciation du Parlement.- Un conclave “hors-sol” -Mais la nouvelle donne internationale ouverte par l’accession de Donald Trump au pouvoir a conduit le président de la République à souhaiter le 5 mars “de nouveaux investissements” et de “nouveaux choix budgétaires”, faisant craindre à une partie du corps social et de la classe politique que le modèle social français en paye le prix.Vendredi, dans Le Figaro, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe a jugé sans ambages le conclave des partenaires sociaux “complètement hors-sol” et “déjà totalement dépassé”, au regard du regain de tensions internationales.Invité à réagir à cette affirmation dimanche, M. Bayrou a fait part de sa “divergence avec Édouard Philippe”, lors de l’émission “Questions politiques” sur France inter, franceinfo et Le Monde.”Édouard Philippe considère que la démocratie sociale et les partenaires sociaux, c’est négligeable (…) Moi je crois qu’on s’est trompé depuis des années en écartant les partenaires sociaux”, a affirmé le patron du MoDem.- “Mépris” -Mais derrière cette passe d’armes, François Bayrou a tout de même semblé préempter l’issue des discussions, sur la question de l’âge de départ, s’attirant les foudres des syndicats et des oppositions.”C’est scandaleux”, a affirmé le négociateur de la CGT sur les retraites Denis Gravouil à l’AFP, son homologue de la CFDT Yvan Ricordeau jugeant lui les propos de M. Bayrou “incompréhensibles”. “Le conclave est fini. Bayrou dit non à l’abrogation de la retraite à 64 ans”, a réagi sur X le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, dénonçant un “foutage de gueule”. Le député socialiste Jérôme Guedj, fer de lance de son parti sur la question des retraites, a critiqué sur le même réseau une “faute” et “un mépris pour les partenaires sociaux”, quand le patron du PS Olivier Faure a martelé que “la défense ne peut servir de prétexte à l’accélération d’une politique de suppression des droits”.Le vice-président du RN Sébastien Chenu a lui aussi jugé que cette sortie signifiait la “fin du conclave”, sur BFMTV, estimant que cela ne plaidait pas en faveur d’un maintien durable de M. Bayrou à Matignon.A l’inverse, le ministre délégué à l’Europe Benjamin Haddad a salué un “discours de vérité” du Premier ministre: “Le contexte géopolitique exige une réflexion sur le financement du réarmement, au niveau national comme européen”, a-t-il écrit sur X.Toujours partie prenante des concertations, la CGT a elle d’ores et déjà appelé fin février à la mobilisation, le 8 puis le 20 mars, “pour gagner l’abrogation de la réforme” de 2023.

Cuba rétablit progressivement le courant après 40h de panne générale

L’électricité revenait progressivement dimanche à Cuba, après une panne générale qui a privé la grande majorité des habitants de courant pendant près de 40 heures, troisième blackout total en moins de six mois. Selon un responsable du ministère de l’Energie et des mines, Lazaro Guerra, le système électrique était “interconnecté” dimanche matin sur une bonne partie de l’île, depuis le port de Mariel, situé à 46 kilomètres de La Havane, dans l’ouest, jusqu’à Guantanamo, dans l’extrême est de l’île. Selon la même source, le réseau électrique produisait dimanche 935 MW dans tout le pays, dont la demande quotidienne se situe en moyenne à environ 3.000 MW. A La Havane, capitale de 2,1 millions d’habitants, environ 19% des foyers avaient retrouvé l’électricité, selon les autorités. “Vraiment, à 5 heures du matin, c’était la ruée, on rechargeait les téléphones, les lampes, on amenait l’eau dans les réservoirs, il y avait un bruit énorme qui réveillait les voisins, bref, c’était un événement!”, a raconté à l’AFP Alex Picart, 60 ans, habitant de Guanabacoa, localité à l’est de La Havane, où le courant est revenu à l’aube.La panne s’est produite en début de soirée vendredi sur une sous-station située dans la banlieue de La Havane, provoquant la déconnexion du réseau électrique dans tout le pays. Le quotidien des 9,7 millions d’habitants s’est vu perturbé samedi, la panne générale privant nombre d’entre eux d’eau et de gaz. Les communications téléphoniques ont été rendues difficiles et les transports publics ont été paralysés. L’île a déjà subi trois pannes généralisées pendant le dernier trimestre 2024. Deux ont duré plusieurs jours et la dernière environ 24 heures. La population est aussi confrontée depuis de longs mois à des coupures quasi quotidiennes de quatre ou cinq heures dans la capitale. Dans les provinces, les délestages peuvent durer 20 heures.Cuba est en proie depuis cinq ans à une profonde crise économique et le réseau électrique vétuste souffre d’avaries fréquentes et de pénuries de combustible. Les huit centrales électriques du pays, presque toutes inaugurées dans les années 1980 et 1990, tombent régulièrement en panne ou doivent être arrêtées pour de la maintenance.Des centrales flottantes et les générateurs, qui complètent le système énergétique national, sont alimentés par des combustibles que Cuba, sous embargo américain depuis 1962, importe difficilement.Face à l’urgence, le gouvernement met les bouchées doubles pour installer au moins 55 parcs solaires de technologie chinoise en 2025. Selon les autorités, ces parcs produiront 1.200 mégawatts, soit 12% du total national.

Les droits de douane, une potion amère pour les brasseurs américains

Que faire quand l’aluminium des canettes vient du Canada et les capsules des bouteilles du Mexique? Les taxes sur les importations de métaux voulues par Donald Trump donnent le tournis aux brasseurs artisanaux américains.La mise en place de 25% de droits de douane sur tout l’acier et l’aluminium entrant aux Etats-Unis a eu un effet inattendu pour le fabricant de la Port City, brassée dans l’est du pays.Il ne sait pas comment il pourra embouteiller sa bière dans les mois qui viennent.”Avec les nouveaux droits de douane (qui font augmenter le prix des canettes), les grands industriels du secteur réorientent une grande partie de leur production vers les bouteilles”, explique à l’AFP Bill Butcher, le fondateur de la brasserie. Résultat: face à l’augmentation de la demande, son fournisseur lui a dit qu’il ne pourrait plus le livrer après le mois de mars. “Beaucoup d’incertitudes, beaucoup de chaos ont été introduits dans notre chaîne logistique”, regrette le brasseur basé en Virginie, non loin de la capitale fédérale, Washington.D’ordinaire, son entreprise a besoin d’environ 90.000 bouteilles par mois – le conditionnement de 70% de sa production, le reste étant vendu sous forme de canettes.- Surcoûts -Une brasserie artisanale des environs, Atlas Brew Works, n’utilise quant à elle que des canettes.Son fondateur Justin Cox estime qu’elles représentent près du tiers du coût de production d’un pack de 24 bières. “Tout cela va finir par rendre nos bières plus chères en rayon”, commente-t-il.Selon le président de la Brewers Association, une organisation qui défend les intérêts des brasseurs artisanaux, Bart Watson, “l’aluminium canadien compte en moyenne pour 10% de la composition de chaque canette vendue aux Etats-Unis”.Et les brasseurs craignent que les surcoûts ne s’arrêtent pas là.Le président américain a multiplié les annonces fracassantes sur les droits de douane depuis son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier. Il a accordé des sursis sur certaines catégories et provenances de produits, offrant un répit aux producteurs de bière qui redoutent de voir le prix de leurs ingrédients augmenter à leur tour. Donald Trump se dit toutefois toujours déterminé à taxer encore bien davantage les biens venant de l’étranger.Bart Watson souligne que les Etats-Unis ont importé pour quelque 230 millions de dollars de malt l’an dernier, la plupart destiné aux brasseurs artisanaux.”L’essentiel de l’orge (céréale très souvent transformée en malt pour la bière) produite aux Etats-Unis est pré-acheté par les grands groupes ou fléché à l’export vers le Mexique”, explique-t-il.- “Impossible de prévoir” -Pour sa bière Port City, Bill Butcher achète depuis 15 ans du malt canadien, tandis que les capsules des bouteilles viennent du Mexique.Les droits de douane sont payés par les importateurs basés aux Etats-Unis. Les brasseurs se préparent ainsi à encaisser le surcoût.Mais “c’est impossible pour nous de prévoir notre activité, notre production, si on ne sait pas combien nos achats vont coûter”, dit le brasseur de Virginie.Pour le responsable de la logistique de l’entreprise, Brendan Chaney, les droits de douane peuvent être utiles quand ils sont ciblés.Mais la perspective de nouvelles taxes sur tous les produits crée selon lui un vent de panique “similaire à celui qu’on a connu il y a cinq ans, quand le Covid est arrivé” et a désorganisé les chaînes d’approvisionnement.Les brasseurs artisanaux soulignent qu’il n’ont pas de grandes capacités de stockage – et encore moins les liquidités nécessaires – pour engranger emballages et ingrédients avant qu’ils ne deviennent plus chers.A cela s’ajoute l’incertitude sur le prix des canettes, soumises aux cours mondiaux: quand les brasseries commandent, elles ne savent pas combien elles seront facturées à la réception, plusieurs semaines plus tard. Pour le patron d’Atlas Brew Works, Justin Cox, “il ne nous reste qu’à nous asseoir, observer (ce qui arrive) et espérer que les choses s’améliorent avant notre prochaine commande”.

Courant rétabli au Panama après un blackout national de plusieurs heures

Le courant était rétabli dimanche au Panama, après un blackout nocturne au niveau national qui a plongé le pays d’Amérique centrale dans le noir pendant plusieurs heures.La panne de courant, qui s’est produite peu avant minuit samedi soir, a été causée par une anomalie dans une centrale électrique privée, a annoncé le président panaméen José Raul Mulino.Sur X, la société publique d’électricité ETESA a indiqué que le courant avait été rétabli dans tout le pays à 06H08 dimanche (11H08 GMT).Le service d’eau potable avait également été interrompu dans tout le pays en raison du manque d’électricité dans les usines de traitement de l’eau, selon l’Institut national des aqueducs et des égouts (Idaan).De brèves coupures de courant sont fréquentes au Panama.Selon le président, un rapport sur les causes de l’incident montre que la panne était due à un “dommage” dans “un générateur électrique privé” qui a provoqué l’activation d’un système de protection du réseau.M. Mulino a partagé sur son compte X une vidéo montrant un foyer d’incendie dans une centrale électrique de la province de Panama Ouest.Face à cet incident, “nous agirons en conséquence. Ras-le-bol de ce service exécrable”, a-t-il écrit.

Cinq ans après le confinement, le télétravail est plébiscité mais ses effets interrogent

Mis en place à grande échelle au printemps 2020 pour ralentir la progression du Covid-19 tout en permettant la continuité de l’activité, le télétravail est apprécié de ses bénéficiaires mais ses effets interrogent, notamment sur la santé.Avant le premier confinement, qui a débuté le 17 mars, “95% de la boîte était en présentiel et le télétravail n’était pas du tout ni une option ni une hypothèse”, se souvient Xavier Duhamel, qui dirige une équipe de veille des médias au sein d’une société de communication.Le passage en distanciel est soudainement devenu possible pour des métiers qui ne l’avaient pas envisagé jusque-là, grâce à différents outils comme l’internet haut débit ou des logiciels de conférence en ligne.”Assez rapidement, notre support informatique a mis en place des outils techniques, principalement le VPN par exemple, qui est indispensable pour avoir un environnement de travail sécurisé”, détaille M. Duhamel, dont le service est aujourd’hui “passé en 100% télétravail avec la possibilité pour ceux qui veulent de venir en présentiel”.Comme les salariés de son service soit commencent à cinq heures du matin, soit finissent à minuit, le travail à distance “a apporté vraiment un confort aux salariés”, affirme-t-il.Autre avantage, il a permis “d’étendre notre vivier de recrutement à toute la France” avec des collaborateurs recrutés en Alsace, en Normandie ou à Toulouse.”Le télétravail, ça m’a changé la vie”, s’enthousiasme aussi Karima, qui travaille comme assistante administrative commerciale dans une entreprise d’édition technique pour l’automobile et l’industrie située à Olivet, près d’Orléans.”Je dors une heure de plus, je suis moins fatiguée, je n’ai pas de transport” les jours de travail à domicile, explique cette femme de 52 ans qui a “beaucoup d’appels à passer” et aussi “des tâches qui demandent un peu de concentration”.”Mon chef m’avait dit lors d’un entretien que j’avais eu des meilleurs résultats quand on était en télétravail tout le temps”, rapporte-t-elle.- “surcharge d’informations” -Après avoir atteint des pics autour de 30% durant la crise du Covid, la pratique du télétravail s’est ancrée dans les entreprises, avec plus d’un salarié sur cinq du secteur privé concerné début 2024 et une moyenne de 1,9 jour de travail à distance par semaine, selon une récente étude de l’Insee et de la Dares.La majorité des salariés en restent toutefois exclus: il concerne 63% des cadres, mais 0% des ouvriers et 10% des employés, d’après la même source.Selon une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) parue lundi, 82% des cadres, dont les deux tiers sont en télétravail au moins un jour par semaine, sont opposés à sa suppression.Plébiscité, le télétravail n’en fait pas moins peser une charge mentale accrue sur les femmes, selon la Dares. Les femmes ont aussi plus souvent tendance à travailler quand elles sont malades: leur proportion de jours travaillés sur l’ensemble des jours de maladie est ainsi nettement plus élevée quand elles télétravaillent que quand elles sont en présentiel (52% contre 39%), alors qu’il n’y a pratiquement pas d’écart chez les hommes.La présidente de l’Association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH), Audrey Richard, estime auprès de l’AFP qu’il serait aussi intéressant d’aller regarder le lien entre le télétravail et la dégradation de la santé mentale des salariés. Pas tant sur la question de l’isolement car cinq ans après, il y a consensus sur le fait que deux jours par semaine est “le mieux, le plus approprié pour le collectif”.”C’est davantage la surcharge d’informations, de mails qui arrivent, de notifications…” via Teams, WhatsApp, Zoom, etc…, dit-elle, observant que “le télétravail a amené à changer les outils, qu’on soit à la maison ou en entreprise”.”La multitude d’outils est là, la façon ultra-rapide d’interagir est là. Quid de l’impact sur la santé mentale ?”, questionne ainsi Mme Richard en rappelant que ce sujet est la grande cause nationale 2025.

Trois mois après le cyclone Chido, l’économie de Mayotte peine à se relancer

Depuis la plage de Hamjago, dans le nord de Mayotte, Halifa Massoundi regarde une bouée jaune qui flotte à la surface du lagon. C’est là que le prestataire nautique avait l’habitude de jeter l’ancre de son semi-rigide. Mais le cyclone Chido a fait sombrer son outil de travail.”Tous les bateaux qu’on voit ici se sont retournés. Il n’y en a plus que trois qui fonctionnent”, décrit-il, en désignant la vingtaine d’embarcations à moteur amarrées.Privé de son bateau, il craint pour l’avenir de sa société, Rand O Palma, qui a cessé les sorties en mer depuis le passage le 14 décembre du cyclone, qui a fait au moins 40 morts dans cet archipel français de l’océan Indien.”J’espère qu’on pourra repartir d’ici fin avril”, explique l’auto-entrepreneur, qui a lancé une cagnotte pour financer les 10.500 euros de réparation, son assurance ne prenant pas en charge les dégâts.A Mayotte, 101e département français, le cyclone Chido est venu abîmer un tissu économique déjà fragilisé par les pertes dues au Covid-19, à la sécheresse et aux barrages routiers érigés, début 2024, pour protester contre l’insécurité et l’immigration.Cette “accumulation des crises” freine la reprise de l’activité dans tous les secteurs, a indiqué à l’AFP Bibi Chanfi, conseillère départementale chargée du développement économique.– “On va dans le mur” –”De nombreuses entreprises à l’heure actuelle sont en grosse difficulté en termes de trésorerie. L’activité reprend plus lentement que ce qu’on aurait imaginé”, souligne la vice-présidente de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Mayotte, Nadine Haffidou, précisant que 80% des entreprises mahoraises sont sinistrées. En cause notamment, la perte des outils de production, qui tardent à être remplacés faute de recettes. Bibi Chanfi met aussi en avant les problèmes d’approvisionnement. Le port de Longoni, sur la côte nord de la Grande-Terre, par lequel transitent le matériel de réparation et les marchandises, a été touché par le cyclone. “L’activité portuaire est complètement ralentie”, explique la conseillère départementale.Une situation que subit le magasin de meubles dans lequel travaille Nadjida, rue du Commerce, à Mamoudzou. “En janvier, la marchandise était bloquée”, raconte la vendeuse. Au-dessus d’elle, le plafond porte encore les stigmates de l’eau qui s’est infiltrée pendant Chido.Si la plupart des devantures voisines de la rue commerçante ont repris des couleurs, plusieurs toits sont toujours éventrés, comme celui de l’agence de communication Inadcom.Ordinateurs, caméras, mobilier, studio d’enregistrement… L’entreprise a tout perdu dans la tempête, conduisant ses 17 salariés au chômage technique.Déjà en difficulté avant Chido à cause de retards de paiement de la part de clients, Zamir Saïd Ali, le cofondateur, “ne voit pas le bout”. S’il a évalué les dégâts à 120.000 euros, son assurance n’en propose que 30.000 de dédommagement. Avec cinq mois de travaux estimés pour relancer pleinement l’activité, il s’inquiète pour l’avenir de son agence: “On va dans le mur (…). On a de quoi encore tourner peut-être un mois.”– Les aides tardent à arriver  –Plusieurs mesures de soutien ont été mises en place par l’État, dont une aide financière exceptionnelle équivalent à 20% du chiffre d’affaire mensuel de 2022, ou encore le chômage partiel.Mais pour l'”activité partielle, la quasi-totalité des entreprises n’a pas été remboursée jusqu’à maintenant”, affirme Nadine Haffidou. L’aide financière exceptionnelle non plus n’a pas encore été reçue entièrement.Inadcom étant inéligible à cette dernière faute d’être à jour dans le paiement de ses cotisations, Zamir Saïd Ali juge “les dispositifs pas à la hauteur” pour sauver les entreprises et le chômage partiel “insuffisant”. De son côté, Rand O Palma a “reçu seulement 1.500 euros”, note Halifa Massoundi.Pour relancer l’économie, le département a revu en hausse l’aide à l’investissement qu’il octroie annuellement via un appel à projets. Si l’enveloppe habituelle est de 3 millions d’euros, Bibi Chanfi précise que ce sont 10 millions d’euros qui seront distribués cette année, car “il faut investir au plus vite pour reprendre le travail”.

Droits de douane: Shein continuera de vendre aux Etats-Unis, selon son dirigeant

Les droits de douane américains n’empêcheront pas la plateforme en ligne de prêt-à-porter Shein de vendre ses produits aux Etats-Unis, soutient Donald Tang, son président exécutif, dans un entretien à l’AFP.De passage en France, le dirigeant du groupe fondé en Chine mais basé à Singapour, souvent critiqué par des ONG pour son empreinte environnementale ou le respect des droits de l’homme chez ses fournisseurs, assure aussi que son entreprise n’a pas recours au travail forcé.Droits de douane: les clients ne seront “pas affectés””Nous ne nous focalisons pas sur la politique douanière”, assure Donald Tang. “Nous trouverons le moyen de fournir (aux clients) nos produits quoi qu’il arrive, car notre modèle économique nous permet de continuer à le faire.”Pourtant Pékin est dans la ligne de mire du président américain Donald Trump, qui a imposé une surtaxe de 20% sur les produits importés de Chine. Washington fait aussi planer des doutes sur le maintien de l’exemption de droits de douane dont bénéficient les colis importés d’une valeur inférieure à 800 dollars. Cette règle a longtemps fait le jeu de Shein ou son concurrent Temu, qui expédient des dizaines de milliards de dollars d’articles depuis leurs réseaux d’usines en Chine.Shein va faire “tout ce qui est en son pouvoir” pour que ses 90 millions de clients américains “ne soient pas affectés”, promet Donald Tang.Il reste vague sur les mesures que le groupe pourrait mettre en place mais rappelle que même pendant la pandémie de Covid, Shein a “réussi à livrer chaque paquet de chaque commande aux consommateurs, sans augmenter nos prix”.”Tolérance zéro” sur le travail forcéComme nombre de géants du textile, Shein est régulièrement accusé de tirer profit de l’exploitation de la minorité musulmane ouïghoure dans les champs de coton et ateliers de la région du Xinjiang, dans l’ouest de la Chine.”Nous avons une politique de tolérance zéro concernant le travail forcé”, assure pourtant Donald Tang, qui ajoute que Shein a mis en place un “code de conduite conforme à la Convention de l’Organisation internationale du travail”.”Lorsque nous intégrons une usine parmi nos fournisseurs, nous discutons de ce code de conduite”, affirme-t-il. “Nous faisons appel à des auditeurs de renommée internationale qui effectuent des visites inopinées dans les usines.”Des audits insuffisants, estime David Hachfeld de l’ONG Public Eye, à l’origine d’une enquête sur Shein. Elle a montré que chez certains sous-traitants, “la semaine typique pour la plupart des travailleurs est de 75 heures, avec un jour et demi de repos par mois”, souligne-t-il.Toute entreprise ayant des activités au Xinjiang doit avoir réalisé des contrôles en matière de droits humains pour éviter toute violation, rappelle de son côté Amnesty International: “Si Shein n’a pas pris cette mesure cruciale, elle devrait suspendre ses activités au Xinjiang. À l’inverse, si l’entreprise est convaincue d’avoir éliminé ces risques, elle devrait divulguer publiquement comment cela a été vérifié”, écrit l’ONG dans un courriel à l’AFP.Bourse et environnementShein devrait se lancer en Bourse cette année, et Londres semble favorite pour l’accueillir. Mais Donald Tang refuse de divulguer le calendrier et les modalités de l’opération. Il explique seulement être persuadé que cela permettra au groupe de “faire de la transparence une exigence, et non une option. Cela nous permettra d’obtenir la plus grande confiance du public, essentielle à notre croissance à long terme”.Début janvier, un député britannique s’est justement dit “horrifié” par le manque de transparence de la plateforme sur l’origine de ses produits. Donald Tang affirme à l’AFP que Shein a répondu par la suite aux questions.La marque tente en tout cas de soigner son image, avec l’annonce l’an dernier d’une enveloppe de 200 millions d’euros pour des partenariats en Europe liés à la circularité et au recyclage. “Nous avons rencontré différentes entreprises à Paris et dans d’autres villes de France et échangé avec des leaders” du secteur, dit Donald Tang, sans donner de nom.A l’heure où la France comme l’Union européenne étudient la façon de réduire les déchets de la fast-fashion, ces ambitions seront-elles suffisantes? En 2023, l’ONG Les Amis de la Terre avait épinglé l’entreprise qui, “avec un ajout moyen de 7.200 nouveaux modèles par jour”, émet “entre 15.000 et 20.000 tonnes de CO2” quotidiennement.

Trump rend l’environnement économique encore plus “incertain” que le Covid, selon la BCE

Les offensives politiques de Donald Trump sont synonymes d’encore plus “d’incertitudes” qu’à l’époque de la pandémie de Covid-19 pour l’environnement économique mondial, estime le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) dans un entretien dimanche au Sunday Times.Dans ses projections de l’inflation, la BCE doit “prendre en compte l’incertitude de l’environnement actuel, qui est encore plus élevée qu’elle ne l’était pendant la pandémie”, dit Luis de Guindos.La perspective de droits de douane imposés par les États-Unis, et les répliques de leurs partenaires commerciaux, provoquent “beaucoup d’incertitudes” et rend “la situation actuelle très volatile”, ajoute le numéro deux de Christine Lagarde.”On dirait que chaque jour, une nouvelle taxe est imposée, ou qu’une taxe annoncée est retirée”, résume l’ex-ministre espagnol de l’Economie.Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain a lancé toute une série d’offensives commerciales contre ses alliés comme ses concurrents, affirmant que les Etats-Unis étaient injustement traités dans les échanges internationaux.”Une guerre commerciale serait une situation perdante-perdante pour tout le monde” car elle pénaliserait la croissance via l’augmentation des prix, souligne Luis de Guindos.Outre les droits de douane, “la dérégulation” financière voulue par l’administration Trump est une autre “source d’incertitude”, tout comme la réduction des impôts sur les bénéfices des entreprises, qui “pourrait affecter les flux de capitaux à travers l’Atlantique”, estime-t-il.Face à la remise en cause de l’engagement militaire, le plan de réarmement de la Commission européenne, qui vise une augmentation des dépenses des Etats membres à hauteur de 1,5% du PIB, est “certainement une décision dans la bonne direction”, mais l’absence de “détails” empêche pour l’heure “une évaluation précise de son impact sur l’économie”, souligne Luis de Guindos.Malgré le contexte d'”incertitudes”, “le processus de désinflation est sur la bonne voie”, assure-t-il, confiant dans la perspective que l’inflation “convergera de manière durable” vers l’objectif de 2% “d’ici la fin de cette année ou le début de l’année prochaine”.L’institut définit la stabilité des prix à ce niveau, qui renforce la confiance des ménages et entreprises pour consommer et investir.

Le géant chinois Baidu lance deux modèles d’IA gratuits pour concurrencer DeepSeek

Le géant chinois de l’internet Baidu a mis en ligne dimanche deux nouveaux modèles d’intelligence artificielle générative gratuits, intégrés à son robot conversationnel Ernie Bot, alors que le secteur fait l’objet d’une concurrence féroce.Cette annonce intervient deux mois après que la start-up chinoise DeepSeek a bouleversé le monde de la tech avec son puissant robot conversationnel développé à bas coûts et fonctionnant avec moins de ressources.Dimanche, Baidu a annoncé dans un message sur le réseau social WeChat avoir lancé son dernier modèle d’IA, X1,  qui, selon l’entreprise, offre des performances similaires à celles de DeepSeek mais à un coût inférieur, ainsi qu’un nouveau modèle de base, Ernie 4.5.Ernie 4.5 “surpasse” le modèle GPT-4.5 de l’américain OpenAI dans “plusieurs tests de référence”, tandis qu’Ernie X1 présente “des capacités accrues en matière de compréhension, de planification, de réflexion et d’évolution”, a affirmé Baidu.Les deux outils gratuits, qui ont été sortis avec deux semaines d’avance sur le calendrier initial, sont disponibles par l’intermédiaire du robot conversationnel de Baidu, Ernie Bot.Jusque-là, les utilisateurs devaient payer un abonnement mensuel pour accéder aux derniers modèles d’IA de l’entreprise. Baidu a aussi fait part de sa volonté, suivant l’exemple de DeepSeek, de passer les modèles d’IA de son robot conversationnel en open source à partir du 30 juin.Baidu a été l’une des premières entreprises chinoises à déployer une plateforme d’IA générative en 2023, mais les robots conversationnels de sociétés rivales comme ByteDance, propriétaire de TikTok, ou Moonshot AI, ont rapidement saturé le marché.DeepSeek a, elle, rebattu les cartes en lançant en janvier un modèle qui se veut aussi performant que les américains comme ChatGPT, pour un coût de développement bien moindre.Des entreprises chinoises et des agences gouvernementales se sont ainsi empressées d’intégrer à leurs propres outils le logiciel de DeepSeek, rendu accessible au public.Baidu a par exemple intégré le modèle de raisonnement R1 de DeepSeek à son moteur de recherche traditionnel.En février, Tencent, propriétaire de WeChat, a aussi mis en ligne un nouveau modèle d’IA qui, selon lui, répond aux requêtes plus rapidement que DeepSeek, tout en utilisant la technologie de son rival pour sa plateforme de messagerie.Le même mois, Alibaba a annoncé investir 52 milliards de dollars sur les trois prochaines années pour développer l’IA. L’entreprise a également rendu disponible ce mois-ci une nouvelle version de son assistant recourant à l’intelligence artificielle.

Réserve stratégique de bitcoins: à quoi ressemblera le “Fort Knox numérique” de Trump ?

Aussi spectaculaire qu’attendue, l’annonce d’une réserve stratégique en bitcoins aux États-Unis témoigne du soutien concret de Donald Trump aux cryptomonnaies. Explications sur ce que l’administration américaine qualifie elle-même de “Fort Knox numérique”, qui pourrait insuffler un vent de légitimité à ce secteur décrié.- Que prévoit le décret de Donald Trump ? -Le président américain a signé le 6 mars un décret instituant une “réserve stratégique” alimentée par 200.000 bitcoins saisis dans des affaires civiles et pénales aux Etats-Unis -environ 17 milliards de dollars- conservés pour une durée illimitée.Le conseiller de la Maison Blanche aux cryptomonnaies, David Sacks compare ce stock à celui des lingots d’or entreposés sur la base militaire de Fort Knox aux Etats-Unis.De telles réserves d’or permettent traditionnellement aux Etats de se couvrir en cas de coup dur, de stabiliser leur devise ou servent de garantie pour des prêts et des transactions. Le bitcoin permettra de diversifier les réserves américaines.En dehors de l’or, des réserves stratégiques sont aussi mises en place pour garantir qu’un pays dispose de ressources essentielles face à une crise ou une pénurie -par exemple du gaz ou du pétrole, mais aussi du riz en Asie. – Pourquoi la crypto-sphère est-elle déçue ? -Le secteur regrette qu’aucune politique d’achats publics ne soit prévue dans l’immédiat. Le texte se réserve cependant la possibilité d’acquérir des bitcoins supplémentaires si cela n’impose pas “de coûts supplémentaires aux contribuables américains”.Les Etats-Unis sont par ailleurs “légalement tenus de restituer les bitcoins des utilisateurs identifiés comme victimes du piratage” de la plateforme d’échange Bitfinex en 2016, ce qui pourrait amputer de près de  moitié la réserve américaine, indique à l’AFP, Dessislava Aubert, analyste pour la société Kaiko.De plus, le décret prévoit d’inclure d’autres “actifs numériques” mais ne précise pas lesquels, ce qui déçoit le secteur.Donald Trump avait pourtant identifié début mars quatre autres cryptomonnaies en plus du bitcoin: l’ether, la deuxième plus importante, mais aussi trois plus petites (XRP, Solana et Cardano).- Quelles craintes entourent le projet ? -Les détracteurs du projet soulignent que les cryptomonnaies sont des actifs spéculatifs et risqués, sans valeur intrinsèque, contrairement à l’or.David Sacks considère cependant qu’en stockant ses actifs sur la durée, le gouvernement américain se préserve de ces fluctuations à court terme.Facilement transférable et divisible, le bitcoin est “un actif rare (ses émissions sont limitées à 21 millions d’unités, ndlr) beaucoup plus adapté au monde d’aujourd’hui”, qui permet de s’affranchir du dollar, estime pour sa part Stéphane Ifrah, directeur de l’investissement chez Coinhouse, interrogé par l’AFP.Pour l’ingénieure Molly White, éminente critique des cryptomonnaies, qui répondait à l’AFP, cette réserve n’a d’autre intérêt que “de susciter l’intérêt pour l’industrie de la crypto”, pour qui sa création s’avère “très rentable”.Se pose d’ailleurs la question des conflits d’intérêt pour le président américain, fervent défenseur des cryptomonnaies durant sa campagne, en partie financée par cette industrie.Le Wall Street Journal rapporte que la famille Trump discute d’une possible prise de participation dans la plateforme Binance -information démentie par le fondateur.Donald Trump a lui-même lancé juste avant son investiture sa propre devise numérique, qui aurait rapporté 350 millions de dollars selon le Financial Times.- Et ailleurs ? -Nombre d’Etats procèdent régulièrement à des ventes d’actifs numériques saisis dans des affaires judiciaires, déstabilisant parfois les cours, comme à l’été 2024 lorsque le gouvernement allemand s’est délesté de 50.000 bitcoins.Certains achètent et revendent déjà proactivement des cryptomonnaies, comme le Salvador, qui avait fait du bitcoin l’une de ses monnaies officielles, avant de revenir en arrière en début d’année face à l’échec de son adoption par ses habitants.Le Bhoutan détient pour sa part près de 900 millions de dollars en bitcoins, une somme modeste si ce n’est qu’elle équivaut à près de 30% du PIB de ce petit royaume.D’autres pays comme le Brésil envisagent de créer une réserve nationale en cryptomonnaies, quand à l’inverse, la banque centrale suisse vient de rejeter l’idée d’inclure le bitcoin comme actif de réserve.