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La Bourse de Paris rattrapée par les tensions commerciales

La Bourse de Paris évolue en baisse jeudi, dans un contexte de tensions commerciales mondiales qui s’aggravent, en réaction à la politique douanière protectionniste de Donald Trump.Le CAC 40 perdait 0,22%, vers 08H50 GMT, à 7.971,63 points, en recul de 17,33 points. La veille, l’indice avait pris 0,59%, à 7.988,96 points.”Les inquiétudes liées aux taxes douanières sont vives, en particulier après l’annonce de diverses mesures de représailles contre les États-Unis”, ont commenté les analystes de Deutsche Bank.L’Union européenne (UE), la Chine et le Canada ont annoncé des mesures de rétorsion pour répondre aux droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium imposés par Donald Trump, entrés en vigueur mercredi.Ce dernier a ensuite promis de “répliquer”, soulignant au passage que les droits de douane dits “réciproques”, qui doivent entrer en vigueur le 2 avril, pourraient être “un peu plus que réciproques”.Cela “augmente le risque d’une nouvelle escalade dans la guerre commerciale mondiale”, a estimé John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.Dans ce contexte, les titres des entreprises automobiles, particulièrement exposées à l’acier, reculaient. Vers 08H50 GMT, Stellantis reculait de 2,04% à 11,03 euros et Renault de 2,27% à 47,26 euros. Côté équipementiers, Valeo chutait de 4,03% à 9,76 euros, OPMobility perdait 1,36% à 10,19 euros et Forvia 2,60% à 8,48 euros.”Ces droits de douane marquent la fin d’une ère de libre-échange qui a bénéficié aux économies mondiales”, a expliqué Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote Bank.”Les réactions des pays concernés conduisent à l’isolement des États-Unis, ce qui n’est bénéfique ni pour les entreprises américaines ni pour les autres nations”, a ajouté Andreas Lipkow, analyste indépendant.Autre point d’attention des investisseurs européens: le plan d’investissement massif du futur chancelier allemand Friedrich Merz.Le conservateur défend jeudi devant les députés ce programme bien accueilli par les marchés, jugé crucial pour réarmer et moderniser l’Allemagne à un moment où le virage stratégique des Etats-Unis contraint l’Europe à prendre en main sa sécurité.Ce paquet inédit de plusieurs centaines de milliards d’euros, qui nécessite un amendement à la Constitution et donc une majorité des deux tiers pour être adopté, constitue la pierre angulaire de son probable gouvernement avec les sociaux-démocrates du SPD.Les investisseurs prendront enfin connaissance vers 11H00 (heure de Paris) des chiffres de la production industrielle dans la zone euro pour le mois de janvier.Côté obligataire, le taux d’intérêt de l’emprunt à dix ans français atteignait 3,57% vers 08H50 GMT, contre 3,55% la veille en clôture. Son équivalent allemand, référence en Europe, atteignait 2,88%.Euronext acquiert un fournisseur de logiciel norvégienLe gestionnaire de la Bourse de Paris Euronext (+0,56% à 125,40 euros) a annoncé jeudi l’acquisition, pour près de 400 millions d’euros, de la société norvégienne Admincontrol, qui développe des plateformes numériques de partage de données sensibles au sein des entreprises. 

Enquête après une plainte de L214 sur des élevages porcins fournissant E.Leclerc

Une enquête a été ouverte par le parquet de Saint-Malo après une plainte pour maltraitance animale déposée par l’association animaliste L214 contre des élevages porcins en Bretagne fournissant l’enseigne E.Leclerc, qui dit “vérifier ces informations afin de prendre toutes les mesures nécessaires”. “Je vous indique avoir, après examen de la plainte, prescrit l’ouverture d’une enquête”, a déclaré à l’AFP Fabrice Tremel, procureur de la République de Saint-Malo.Consultées par l’AFP, sept plaintes ont été déposées mercredi par L214 auprès du parquet de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) et une auprès du parquet de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) contre huit propriétaires d’élevages, tous situés dans les Côtes-d’Armor.”Le fait que ce soit huit élevages distincts montre qu’il ne s’agit pas d’anomalies isolées mais bien d’une cruauté structurelle, institutionnelle, presque cautionnée par Leclerc”, déclare auprès de l’AFP Ambre Bernard, chargée de campagne contre l’élevage intensif pour L214.Prises et filmées en octobre et novembre 2024, les photos et vidéos diffusées jeudi par l’association montrent des cochons vivant sur leur lisier, des truies enfermées dans des cages étroites, et des cadavres de porcelets en état de décomposition avancée, abandonnés au milieu des animaux.Dans une déclaration transmise jeudi à l’AFP, Kermené, filiale de l’enseigne E.Leclerc spécialisée dans la transformation de produits carnés, dit “condamner fermement toute pratique contraire au bien-être animal. Les faits rapportés, s’ils sont avérés, sont inacceptables et ne correspondent en aucun cas aux engagements de notre enseigne en matière d’éthique et de respect des normes d’élevage”.Elle indique “vérifier actuellement ces informations afin de prendre toutes les mesures nécessaires. La première d’entre elles étant de mettre fin sans délai et de manière définitive à toute collaboration avec tout éleveur de notre réseau de fournisseurs qui serait concerné”.- “cadre réglementaire strict” -En mars 2024, L214 avait déposé plainte contre un éleveur possédant deux élevages porcins dans le Morbihan fournissant E.Leclerc, rappelle Ambre Bernard.”La réponse de Leclerc a été à chaque fois de dire que ce sont des exceptions et nous arrêtons de travailler avec ces élevages”, explique-t-elle. “Mais nous ne voulons plus entendre leurs excuses, nous voulons un engagement ferme contre ces pratiques illégales.”Jeudi, Kermené indique que “dès les premières alertes en mars 2024”, il a lancé un “audit indépendant” et mis “en place des actions correctives”. Il souligne également que “les éleveurs français évoluent dans un cadre réglementaire strict” et que “le respect de cette réglementation relève aussi de la responsabilité des pouvoirs publics, dont le rôle est d’assurer une supervision efficace et rigoureuse du secteur”.De son côté, l’interprofession Inaporc, qui rassemble éleveurs et transformateurs, a qualifié les photos et vidéos de L214 d'”images mises en scène et sorties de leur contexte, ne reflétant en rien la réalité des élevages de porcs en France, afin de créer le trouble et manipuler l’opinion publique”.Selon L214, dans les huit élevages visés jeudi, les porcelets ont été mutilés sans anesthésie et les porcs “passent leur vie enfermés dans des bâtiments, sans aucun accès à l’extérieur”. Encagées, les truies ne peuvent pas se retourner “pendant la moitié de leur existence”, accuse l’association.”Au-delà de la plainte pénale, nous visons une réaction de E.Leclerc car ce sont eux qui font la donne dans l’industrie en brassant des volumes complètement faramineux: ils doivent pousser les éleveurs dans la bonne direction”, plaide Mme Bernard.En septembre 2024, le parquet de Saint-Brieuc avait indiqué ouvrir une enquête préliminaire à la suite d’une plainte de L214 “pour maltraitance animale” visant un élevage porcin des Côtes d’Armor, dont les cochons étaient ensuite abattus dans un abattoir E.Leclerc.Le 20 février, L214 avait aussi porté plainte contre deux élevages porcins partenaires du distributeur alimentaire Lidl France.

Les Bourses européennes ouvrent en baisse

Les marchés boursiers européens ont ouvert dans le rouge jeudi, plombés par les tensions commerciales mondiales qui s’aggravent, en réaction à la politique douanière protectionniste de Donald Trump aux Etats-Unis.Vers 08H05 GMT, dans les premiers échanges, Francfort cédait 0,43%, Paris 0,15% et Londres 0,16%. Milan perdait 0,64%.

Lip-Bu Tan prend la tête d’Intel, géant américain des puces en difficulté face à l’IA

Intel, le géant américain des semi-conducteurs mis en difficulté par son retard dans l’intelligence artificielle (IA), a annoncé mercredi avoir choisi Lip-Bu Tan, un ancien membre de son conseil d’administration, comme nouveau directeur général.L’année dernière, la société de Santa Clara, dans la Silicon Valley, a lancé un plan social pour licencier 15% de son personnel, a perdu sa place au sein du célèbre indice Dow Jones (remplacée par sa concurrente Nvidia) et a congédié Pat Gelsinger, le patron qui avait lancé une vaste réorganisation en 2021.M. Tan dirigeait auparavant Cadence Design Systems, qui produit des logiciels utilisés par tous les grands concepteurs de puces, y compris Intel. Intel cherchait un remplaçant à Pat Gelsinger depuis son départ en décembre dernier. L’annonce a fait bondir son titre de plus de 10% à Wall Street, lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.”J’admire Intel depuis longtemps”, a déclaré M. Tan dans un message aux employés publié sur le site du groupe, notant cependant que “les succès passés ne préjugent pas des succès futurs”.”Le rythme du changement continue de s’accélérer et la concurrence est intense. Vous le comprenez mieux que quiconque, et je sais que ces quelques années ont été difficiles pour vous tous et vos équipes”, a-t-il ajouté.Il devient le quatrième directeur général d’Intel en sept ans. Brian Krzanich avait démissionné en 2018, à la suite de révélations sur une relation inappropriée avec une employée. Bob Swan a pris le relai en 2019, mais il a quitté ses fonctions deux ans plus tard, après qu’Intel a pris du retard dans la fabrication des puces. Pat Gelsinger lui a succédé en 2021.Aucun n’a réussi à préparer Intel au tournant de l’IA.Portés par l’avènement de l’IA générative depuis le succès de ChatGPT, la plupart des grands noms des semi-conducteurs se sont envolés en Bourse, Nvidia en tête.Mais Intel a vu sa capitalisation amputée de plus de moitié (-57%) en 2024.- Retards -Géant historique des puces, le groupe californien accuse un fort retard dans les composants électroniques de pointe nécessaires aux modèles d’IA générative, comme les processeurs graphiques de son concurrent Nvidia.”Dans les domaines où nous avons le vent en poupe, nous devons redoubler d’efforts et renforcer notre avantage”, a souligné M. Tan, qui va aussi revenir au conseil d’administration d’Intel.”Dans les domaines où nous sommes en retard sur la concurrence, nous devons prendre des risques calculés pour nous démarquer et faire un bond en avant. Et dans les domaines où nos progrès ont été plus lents que prévu, nous devons trouver des moyens d’accélérer le rythme.”Fin février, Intel a annoncé retarder de plusieurs années la construction d’usines de semi-conducteurs dans l’Etat américain de l’Ohio, à cause d’une demande insuffisante des clients, alors que les Etats-Unis essaient de relocaliser la production de ces composants essentiels à de nombreuses industries.Les deux usines, qui vont coûter 28 milliards de dollars, doivent désormais être terminées en 2030 et 2031, alors que la production aurait dû commencer dès cette année.L’entreprise a reçu l’année dernière des subventions de l’ancien gouvernement pour construire des usines aux Etats-Unis, dont 20 milliards de dollars en mars et près de 8 milliards en novembre, justifiées par sa capacité à disposer, sur le territoire américain, de l’ensemble de la chaîne de production de puces de dernière génération, de la fonderie à l’emballage.Intel a fini l’année 2024 avec des résultats meilleurs qu’escomptés, mais des perspectives jugées trop faibles par le marché.Au quatrième trimestre, son chiffre d’affaires est ressorti à 14,3 milliards de dollars, en baisse de 7% sur un an, mais légèrement au-dessus de ses prévisions et de celles du marché.Pour le trimestre en cours, il prévoit des revenus compris entre 11,7 et 12,7 milliards de dollars – une fourchette inférieure aux attentes des analystes – et une perte nette de 270 millions.”Nos perspectives pour le premier trimestre reflètent la tendance faible en cette saison, amplifiée par les incertitudes macroéconomiques, les stocks à résorber et la concurrence accrue”, avait expliqué l’ancien co-directeur général par intérim, cité dans le communiqué de résultats trimestriels fin janvier.

Le rebond des valeurs technologiques tire Wall Street

La Bourse de New York a terminé globalement en hausse mercredi, effectuant un rebond technique après plusieurs séances consécutives en baisse, soutenue en particulier par les valeurs de la tech.Le Dow Jones a reculé de 0,20% tandis que l’indice Nasdaq a gagné 1,22% et l’indice élargi S&P 500 a pris 0,49%.Il s’agit d’une “correction technique”, estime auprès de l’AFP Karl Haeling, de LBBW, assurant qu’il “y a eu tellement de ventes que le marché est un peu épuisé à l’heure actuelle”.Sur une semaine glissante, les trois principaux indices de Wall Street ont lâché autour de 4%.”Les valeurs technologiques ont été les plus touchées, et ce sont elles qui rebondissent le plus” ce mercredi, ajoute l’analyste.En bonne place parmi ces facteurs de progression, le pionnier des véhicules électriques Tesla a bondi (+7,59%) après que Trump a volé au secours de la marque dirigée par son allié Elon Musk mardi à la Maison Blanche. Lundi, l’action de Tesla avait dégringolé de plus de 15% lors de sa pire séance en Bourse depuis 2020, le constructeur souffrant notamment d’un plongeon de ses ventes.Les géants du secteur de la tech ont pour la plupart avancé mercredi: Meta a gagné 2,29%, Microsoft 0,74%, Alphabet 1,82%, Amazon 1,17% et Nvidia s’est envolé de 6,43%. Seul Apple a fini dans le rouge (-1,75%).La publication, avant séance, des derniers chiffres de l’inflation aux Etats-Unis “a constitué un répit bienvenu pour un marché qui a connu une période difficile ces derniers temps et qui aurait besoin d’un peu de soutien de la part de données favorables”, a écrit Jose Torres, d’Interactive Brokers.L’indice des prix à la consommation – mesurant l’évolution d’un panier de biens et services – a augmenté en février de 2,8% en rythme annuel, contre 3% en janvier, selon le ministère américain du Travail. Sur un mois, l’indice a aussi ralenti à 0,2% (contre +0,5%).Les analystes s’attendaient plutôt à une hausse de 2,9% en glissement annuel et de 0,3% sur un mois, selon le consensus publié par MarketWatch.Pour Karl Haeling, ces données ont toutefois pu “être prises avec des pincettes”, certains investisseurs les considérant comme déjà “de vieilles nouvelles” car il y avait peu de nouveaux droits de douane effectifs en février.”Les données de mars que nous obtiendrons en avril seront le début de données plus significatives pour voir quel est l’effet des surtaxes”, estime M. Haeling.Les spécialistes s’attendent à voir les prix commencer à grimper sur le marché intérieur américain à mesure que les droits de douane entrent en vigueur.L’Union européenne (UE), la Chine et le Canada ont annoncé mercredi des représailles pour répondre aux droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium imposés à minuit par Donald Trump, ce qui a poussé le président américain à promettre de nouvelles mesures de rétorsion.Donald Trump a ensuite promis de “répliquer”, soulignant au passage que les droits de douane dits “réciproques”, qui doivent entrer en vigueur le 2 avril, pourraient être “un peu plus que réciproques” dans certains cas.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est tendu à 4,31%, contre 4,28% mardi en clôture.Ailleurs à la cote, les compagnies aériennes ont souffert: American Airlines a perdu 4,62%, JetBlue 3,57%, United Airlines 4,73%, Delta 2,96%.Elles sont affectées par les incertitudes macroéconomiques, mais aussi des accidents spectaculaires et des incendies, contraignant plusieurs d’entre elles à abaisser leurs prévisions pour le premier trimestre.Le géant historique des puces Intel a été recherché (+4,55%) après des informations de l’agence Reuters selon lesquelles Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) a approché d’autres géant du secteur comme Nvidia, Broadcom ou Advanced Micro Devices (AMD), afin d’assurer conjointement l’exploitation d’usines d’Intel.

Océans: l’Ifremer s’interroge quant au financement américain du programme Argo

Le PDG de l’Ifremer s’est interrogé mercredi quant à l’avenir du programme international d’observation des océans Argo, financé à 56% par les États-Unis, appelant à un “effort financier européen” pour pallier une “éventuelle déficience” américaine.Lancé au début des années 2000, le réseau 4.000 flotteurs Argo dérivant sur toutes les mers du globe, plongeant jusqu’à 2.000 mètres de profondeur, permet de mesurer la température et la salinité en temps quasi réel. Les données issues des flotteurs permettent de surveiller et comprendre le fonctionnement de l’océan, de ses écosystèmes et son rôle sur le climat, qu’il s’agisse du stockage de chaleur ou de la montée du niveau de la mer.”C’est le thermomètre de l’océan, c’est ça qui prend le pouls de l’océan”, a résumé à l’AFP François Houllier, PDG de l’Ifremer, institut qui coordonne un des trois centres mondiaux du réseau Argo.”Les États-Unis vont-ils continuer de financer Argo à la hauteur antérieure ? Sinon, à quelle hauteur vont-ils le faire ?”, s’est-il interrogé, après les licenciements massifs au sein de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).”Ces flotteurs ont une durée de vie de 5 ans. Ça veut dire que tous les 6 mois, il y en a 10% qui deviennent obsolètes et qu’il faut les renouveler. Dans 6 mois, la question qui se pose, c’est comment allons-nous renouveler tous ensemble ces flotteurs à l’échelle mondiale?”, a-t-il ajouté.Troisième contributeur après les États-Unis (56%) et l’Australie (7,5%), la France opère 6,9% des 4.137 flotteurs Argo, dont le coût total est estimé à 40 millions de dollars par an (36,7 millions d’euros). “S’il y a une nécessité d’adaptation et qu’on veut pallier une éventuelle déficience de nos collègues américains, il faut mettre des efforts financiers. C’est plutôt à l’échelle de l’Europe que ce genre de choses-là devrait être fait”, a plaidé M. Houllier.M. Houllier a également fait part d’inquiétudes “sur les flux de données”, aujourd’hui en du programme Argo, même si “pour l’instant, à ma connaissance, il n’y a pas de flux de données qui a été altéré.”Sans ces flotteurs, “on se prive de regarder la réalité, et donc c’est la négation de la science elle-même”, a-t-il ajouté.Les données d’Argo sont citées dans plus de 6.000 publications scientifiques et 500 thèses de doctorat, selon le site internet du programme.

Le vieil acier au coeur d’une nouvelle guerre commerciale

Les droits de douane de 25% sur l’acier importé aux Etats-Unis devenus effectifs mercredi compliquent la donne sur ce marché stratégique pour les gratte-ciels ou l’automobile, déstabilisé par le manque de compétitivité de la filière historique des hauts-fourneaux face aux recycleurs d’acier.Que s’est-il passé lors du premier mandat Trump?Lors de son premier passage à la Maison Blanche (2017-2021), le président américain avait déjà imposé des droits de 25% sur l’acier, et de 10% sur l’aluminium, pour tenter de protéger l’industrie américaine et ses électeurs, dont beaucoup viennent de la Rust Belt industrielle dans le Middle West. Les 12 derniers hauts-fourneaux en service aux Etats-Unis appartiennent à US Steel, basé à Pittsburgh (Pennsylvanie), et Cleveland Cliffs (Ohio).Mais cette mesure a eu un impact très limité, souligne Ruben Nizard, économiste chez l’assureur Credit Coface. Certes, les importations américaines d’acier ont baissé de 24% sur la période et celles d’aluminium de 31% selon un bilan de la commission du commerce internationale américaine. “Mais aucun bénéfice clair n’est apparu ni en termes d’emploi ni en terme de production, et les prix ont augmenté”, nourrissant l’inflation, souligne Ruben Nizard.De fait, “l’acier européen plat est aujourd’hui à 600 dollars la tonne et l’acier américain à 900 dollars”, complète Marcel Genet du cabinet Laplace Conseil, spécialisé dans l’acier.Qui exporte de l’acier vers les Etats-Unis?La planète a produit 1,84 milliard de tonnes d’acier brut l’an passé (-0,9% par rapport à 2023), dont plus de la moitié (1 milliard) vient de Chine, premier sidérurgiste mondial, selon le dernier bilan de l’association World Steel portant sur 71 pays représentant 98% de la production mondiale.Les Etats-Unis sont le quatrième producteur mondial, avec 79,5 millions de tonnes (-2,4%). Ils sont parallèlement le deuxième importateur mondial, avec 26,4 millions de tonnes importées en 2023, juste derrière l’Union européenne (39,2 millions). Les Etats-Unis s’approvisionnent en premier lieu au Canada, avec 5,95 millions de tonnes importées en 2024, selon le ministère américain du commerce. Derrière, arrivent le Brésil (4,08 millions) et l’UE (3,89 millions). Le Mexique fournit 3,19 millions de tonnes, la Corée du Sud 2,5 millions, devant le Vietnam, le Japon et Taiwan, tous autour d’un million, et la Chine environ 470.000 tonnes.Les grands constructeurs automobiles américains Ford, General Motors et Stellantis (Chrysler, Jeep, Dodge, etc), très implantés au Canada et au Mexique, ont répété mercredi que des droits de douane sur l’acier de ces deux pays augmenteraient “fortement” les prix pour les constructeurs, les fournisseurs et, in fine, les automobilistes.Pourquoi Trump parle-t-il de concurrence déloyale ?Les prix mondiaux de l’acier avaient beaucoup baissé depuis un an en raison d’une surcapacité mondiale, évaluée par l’OCDE entre 500 et 560  millions de tonnes. La majorité vient de Chine ou de sidérurgistes chinois installés en Asie du sud-est qui inondent les marchés, se plaignent les industriels européens et américains qui soupçonnent la Chine de subventionner massivement sa production.L’économie de l’acier, traditionnellement cyclique, est désormais face à un problème “structurel” de surcapacité, soulignent des experts.Une analyse toutefois contestée par certains, comme Marcel Genet, pour qui les problèmes de l’acier viennent surtout de la non compétitivité des vieux hauts-fourneaux qui produisent de l’acier dit “primaire” à base de minerai de fer et de charbon, face à l’acier issu de ferrailles recyclées dans des fours électriques, beaucoup moins coûteux.”Les entreprises intégrées à hauts-fourneaux traditionnelles n’ont pas les moyens de financer leur transition énergétique, c’est-à-dire le remplacement du charbon (par du gaz ou de l’hydrogène, NDLR), sans aide massive de leurs Etats respectifs”, dit-il.De plus, les sidérurgies européenne et nord-américaine sont maintenues sous tension par la baisse de leurs exportations d’acier depuis 50 ans, alors que les pays émergents ont développé progressivement leurs filières, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, souligne Marcel Genet.US Steel, en difficulté, a fait l’objet d’une tentative de rachat par Nippon Steel, bloquée par Joe Biden. Donald Trump, de son côté, a récemment déclaré que Nippon Steel pourrait plutôt “investir” dans U.S. Steel.En Europe, où il reste une cinquantaine de hauts-fourneaux selon Marcel Genet, l’allemand ThyssenKrupp a annoncé des milliers de suppressions d’emplois. La plupart des hauts-fourneaux fonctionnent d’ailleurs à moins de 70% de leur capacité et ont annoncé la suspension de leurs projets d’investissement massif dans la décarbonation.

Les représailles se multiplient face aux droits de douane de Trump, qui surenchérit

L’Union européenne (UE), la Chine et le Canada ont annoncé mercredi des représailles pour répondre aux droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium imposés à minuit par Donald Trump, ce qui a poussé le président américain à promettre de nouvelles mesures de rétorsion.La Commission européenne a fait savoir qu’elle allait taxer une série de produits américains allant des bateaux au bourbon en passant par les motos, à partir du 1er avril.L’UE “regrette profondément” les mesures décidées par le président Trump, a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, estimant que la réplique européenne était “forte mais proportionnée”.Le représentant à la Maison Blanche pour le commerce (USTR), Jamieson Greer, a dénoncé les représailles européennes, estimant que Bruxelles était “déconnectée de la réalité”.Donald Trump a ensuite promis de “répliquer”, accusant de nouveau l’Union européenne d’avoir été créée pour “profiter des Etats-Unis”. “Nous allons gagner cette bataille financière” contre l’UE, qui cherche selon lui à “s’en prendre aux entreprises américaines.”Les Etats-Unis “ne se laisseront plus maltraiter” par leurs partenaires commerciaux, a repris le président américain, soulignant au passage que les droits de douane dits “réciproques”, qui doivent entrer en vigueur le 2 avril, pourraient être “un peu plus que réciproques” dans certains cas.Ceux-ci visent à taxer les produits provenant d’un pays lorsqu’ils entrent aux Etats-Unis au même niveau que le sont les produits américains arrivant dans ce pays.- “Protéger ses intérêts” -La Chine a de son côté affirmé être prête à prendre “toutes les mesures nécessaires pour protéger ses droits et intérêts légitimes”, même si le marché américain n’est pas essentiel à ses exportations d’acier et aluminium.Le Canada, premier fournisseur des Etats-Unis pour l’acier et l’aluminium, a dénoncé de nouvelles taxes jugées “injustifiées et déraisonnables” par son ministre des Finances, Dominic LeBlanc.Il a ainsi annoncé que 25% de droits de douane seraient imposés sur près de 30 milliards de dollars canadiens (18 milliards d’euros) d’importations américaines, concernant notamment les équipements sportifs, les produits en fonte ou les ordinateurs.Le futur Premier ministre canadien, Mark Carney, s’est cependant dit “prêt à (s)’asseoir avec le président Trump” pour discuter d’une “approche commune et beaucoup plus globale pour le commerce”.Le président américain avait déjà taxé les importations d’acier et d’aluminium durant son premier mandat (2017-2021), mais ces nouvelles taxes se veulent “sans exception et sans exemption”, avait-il assuré lors de leur annonce, début février.Le but affiché par le locataire de la Maison Blanche est de protéger l’industrie sidérurgique américaine, qui voit sa production baisser d’année en année, confrontée à une concurrence de plus en plus vigoureuse, provenant notamment d’Asie.- Outil protéiforme pour Trump -Ces nouvelles taxes vont plus loin que celles du premier mandat de M. Trump en couvrant aussi toute une gamme de produits transformés.Les Etats-Unis importent environ la moitié de l’acier et de l’aluminium utilisés dans le pays, pour des secteurs aussi variés que l’automobile ou l’aviation, la pétrochimie ou les produits de consommation de base, telles les boites de conserve.Depuis le début de son mandat, Donald Trump a fait un usage extensif des droits de douane, les utilisant à la fois comme outil de négociations, incitation à l’implantation d’entreprises dans le pays et source de revenus pour les finances fédérales.Il a d’abord annoncé que les importations en provenance du Canada et du Mexique seraient taxées à hauteur de 25%, et que les produits chinois seraient frappés par des droits de douane additionnels de 20%, accusant ces trois pays de ne pas agir suffisamment pour lutter contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde cause d’une grave crise sanitaire aux Etats-Unis.Mais les produits canadiens et mexicains importés aux Etats-Unis et respectant le cahier des charges de l’accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (Aceum) – soit une large part des échanges avec ces deux pays -, ont finalement été exemptés jusqu’au 2 avril, date d’entrée en vigueur des droits de douane dits “réciproques”.Les droits de douane visant les produits chinois ont en revanche été maintenus, poussant Pékin à annoncer des représailles, en particulier sur des produits agricoles provenant d’Etats américains ayant largement voté pour Donald Trump.D’autres matières premières, telles que le bois de construction ou les produits laitiers canadiens, ont été menacées et M. Trump a régulièrement répété, depuis sa prise de fonction le 20 janvier, son intention d’imposer des droits de douane aux importations européennes.

Ketchup, motos, bateaux: comment l’UE taxe-t-elle aujourd’hui les produits américains?

Voici un état des lieux des droits de douane frappant aujourd’hui les produits américains importés dans l’Union européenne, avant la réplique promise par la Commission européenne à la hausse des droits de douane par Washington sur acier et aluminium. En 2023, 31% des exportations américaines vers l’UE, en valeur, étaient soumises à des droits de douane, selon les données les plus récentes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le reste n’est pas taxé en vertu d’accords.Si le taux tarifaire moyen est d’environ 1% de part et d’autre, selon la Commission européenne, il n’y a pas de symétrie systématique entre les régimes douaniers. En conséquence, certains droits de douane de l’UE sont plus élevés que ceux des États-Unis sur les mêmes produits, et d’autres plus bas.- 10 milliards d’euros de droits de douane en jeu -Premier client et deuxième fournisseur en biens de l’UE, les Etats-Unis sont un partenaire économique majeur des Vingt-sept.En 2024, le bloc a exporté 531,6 milliards d’euros de marchandises vers les États-Unis et en a importé 333,4 milliards d’euros. L’UE a perçu environ 3 milliards d’euros de droits de douanes sur les produits américains importés dans le bloc en 2023, selon la Commission, affirmant également que, en sens inverse, les États-Unis en avaient perçu 7 milliards d’euros la même année.- La majorité à 0% -En 2023, presque 70% des importations américaines entraient dans l’UE “duty free”, selon l’outil “Tariff analysis online” de l’OMC.Etaient ainsi exemptés de frais douaniers la quasi totalité des hydrocarbures (pétrole brut, gaz naturel liquéfié, charbon…) et l’intégralité des produits pharmaceutiques. Ces secteurs pèsent lourd dans la balance commerciale de l’UE vis-à-vis des Etats-Unis, occupant les deux premiers postes de dépenses. Le bourbon, cité comme pouvant être visés par les droits de douane “forts mais proportionnés” promis par la Commission à partir du 1er avril, n’est aujourd’hui pas taxé non plus à l’entrée dans l’UE, son plus gros marché à l’export. – Ketchup, miel, caviar -Seulement 1% des exportations américaines vers l’UE étaient soumises en 2023 à des droits de douanes supérieurs à 10%.Derrière les produits à base de tabac, biens les plus taxés toutes catégories confondues, on retrouve plusieurs denrées alimentaires: le ketchup, soumis à un droit de 10,2%, le miel naturel (17,3%), les cornichons (17,6%) ou le caviar (20%).Avec 32% de droits de douane, certains moûts de raisin pouvant être utilisés pour produire des vins sans alcool sont le produit alimentaire américain le plus taxé.- Harley, tracteurs, bateaux -Cibles, sous le premier mandat de Donald Trump, de lourdes taxes additionnelles, ensuite levées, les motos du célèbre constructeur Harley-Davidson exportées vers l’UE étaient soumises en 2023 à 6% de droits de douane, selon la base de l’OMC.Les voitures américaines se voient elles imposer 10% de droits de douane. C’est 15 points de pourcentage de moins que les taxes pratiquées de l’autre côté de l’Atlantique par les douanes américaines sur les véhicules utilitaires et les pick-ups européens, des segments stratégiques pour les constructeurs américains et très protégés.D’autres moyens de transport comme les tracteurs (16%), les vélos à roulement à billes (14%) ou encore les caravanes motorisées (10%) sont également taxés à un niveau relativement important.Les bateaux, dans le viseur de la riposte douanière de Bruxelles, étaient soumis en 2023 à des taxes inférieures à 5%.

Les représailles se multiplient face aux droits de douane de Trump

L’Union européenne (UE), la Chine et le Canada ont annoncé mercredi des représailles pour répondre aux droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium voulus par Donald Trump et qui sont devenus effectifs à minuit.Pour Ottawa, il s’agit de répondre à ces nouvelles taxes jugées “injustifiées et déraisonnables”, selon le ministre des Finances, Dominic LeBlanc, qui a annoncé 25% de droits de douane sur près de 30 milliards de dollars canadiens (18 milliards d’euros) d’importations américaines, concernant notamment les équipements sportifs, les produits en fonte ou les ordinateurs.Le futur Premier ministre canadien, Mark Carney, s’est cependant dit “prêt à (s)’asseoir avec le président Trump” pour discuter d’une “approche commune et beaucoup plus globale pour le commerce”.Le Canada, premier fournisseur des Etats-Unis pour l’acier et l’aluminium, a rejoint Bruxelles et Pékin, qui avaient un peu plus tôt annoncé des représailles. La Chine a assuré être prête à prendre “toutes les mesures nécessaires pour protéger ses droits et intérêts légitimes”, même si le marché américain n’est pas essentiel à ses exportations d’acier et aluminium.La Commission européenne a de son côté annoncé qu’elle allait taxer une série de produits américains allant des bateaux au bourbon en passant par les motos, à partir du 1er avril.L’UE “regrette profondément” les mesures décidées par le président Trump, a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, estimant que la réplique européenne était “forte mais proportionnée”. Le représentant à la Maison Blanche pour le commerce (USTR), Jamieson Greer, a ensuite dénoncé les représailles européennes, estimant que Bruxelles était “déconnectée de la réalité”.Il a accusé l’UE d’avoir “rejeté les tentatives des précédents gouvernements américains pour lutter efficacement ensemble contre la surproduction mondiale d’acier et d’aluminium”, insistant sur le fait que “les actions punitives de l’UE ne prennent pas en compte les impératifs de sécurité nationale des Etats-Unis, et de fait la sécurité internationale”.Le président américain avait déjà taxé les importations d’acier et d’aluminium durant son premier mandat (2017-2021), mais ces nouvelles taxes se veulent “sans exception et sans exemption”, avait-il assuré lors de leur annonce, début février.- Outil protéiforme pour Trump -Le but affiché par le locataire de la Maison Blanche est de protéger l’industrie sidérurgique américaine, qui voit sa production baisser d’année en année, confrontée à une concurrence de plus en plus vigoureuse, provenant notamment d’Asie.Ces nouvelles taxes vont plus loin que celles du premier mandat de M. Trump en couvrant aussi toute une gamme de produits transformés.Les Etats-Unis importent environ la moitié de l’acier et de l’aluminium utilisés dans le pays, pour des secteurs aussi variés que l’automobile ou l’aviation, la pétrochimie ou les produits de consommation de base, telles les conserves.Depuis le début de son mandat, Donald Trump a fait un usage extensif des droits de douane, les utilisant à la fois comme outil de négociations, incitation à l’implantation d’entreprises dans le pays et source de revenus pour les finances fédérales.Il a d’abord annoncé que les importations en provenance du Canada et du Mexique seraient taxées à hauteur de 25%, et que les produits chinois seraient frappés par des droits de douane additionnels de 20%, accusant ces trois pays de ne pas agir suffisamment pour lutter contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde cause d’une grave crise sanitaire aux Etats-Unis.Mais les produits canadiens et mexicains importés aux Etats-Unis et respectant le cahier des charges de l’accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (Aceum) – soit une large part des échanges avec ces deux pays -, ont finalement été exemptés jusqu’au 2 avril, date d’entrée en vigueur des droits de douane dits “réciproques”.Ceux-ci visent à taxer les produits provenant d’un pays lorsqu’ils entrent aux Etats-Unis au même niveau que le sont les produits américains arrivant dans ce pays.Les droits de douane visant les produits chinois ont en revanche été maintenus poussant Pékin à annoncer des représailles, en particulier sur des produits agricoles provenant d’Etats américains ayant largement voté pour Donald Trump.D’autres matières premières, telles que le bois de construction ou les produits laitiers canadiens, ont été menacées et M. Trump a régulièrement répété, depuis sa prise de fonction le 20 janvier, son intention d’imposer des droits de douane aux importations européennes.