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Un texte pour éviter la paralysie budgétaire avance au Congrès américain

La Chambre américaine des représentants, à majorité républicaine, a adopté mardi un texte budgétaire provisoire afin d’éloigner à septembre la perspective d’une paralysie de l’Etat fédéral, le fameux “shutdown”, que Donald Trump souhaite fortement éviter.Le texte, approuvé à la chambre basse avec 217 voix pour et 213 voix contre, se dirige désormais vers le Sénat, où il devra être également adopté avant la date limite de vendredi soir minuit.Au vu de leur courte majorité, les républicains de la Chambre des représentants avançaient sur le fil du rasoir, mais leur chef, Mike Johnson, avait affiché son optimisme avant le vote. “On peut le faire de notre propre côté”, sans l’aide des voix démocrates, avait-t-il assuré, tout en appelant les démocrates à être “responsables” et à voter en faveur de la proposition des républicains.Un seul démocrate s’est joint finalement aux républicains, alors que le chef de la minorité démocrate à la chambre basse, Hakeem Jeffries, avait affirmé qu’aucun ne voterait en faveur du texte, qualifié d’attaque “sur les anciens combattants, les séniors, et les familles”, en raison de coupes prévues dans certaines dépenses publiques.Après le vote, Mike Johnson a dénoncé dans un communiqué le fait que selon lui les démocrates soient “prêts à jouer la montre sur le financement du gouvernement, dans une tentative vaine de bloquer le programme +l’Amérique d’abord+” de Donald Trump.- Vents contraires -Face au risque de voir quelques républicains voter contre et faire échouer le texte, Donald Trump s’était personnellement impliqué et avait appelé au téléphone de potentiels réfractaires. Samedi, il leur avait déjà lancé un avertissement: “PAS DE DISSIDENCE”.Avec des indices boursiers en chute et des craintes grandissantes de récession, Donald Trump fait face aux premiers vents contraires de son second mandat en matière économique. Et il sait qu’une paralysie de l’Etat fédéral n’arrangerait rien.Le Congrès a jusqu’à minuit dans la nuit de vendredi à samedi pour adopter un budget temporaire.Sans quoi, des centaines de milliers de fonctionnaires se trouveront au chômage technique, sans paie. Le trafic aérien sera perturbé, comme le versement de certaines aides alimentaires aux familles à bas revenus, entre autres conséquences.Une situation à risque que Donald Trump souhaite éviter un mois et demi seulement après son retour à la Maison Blanche.Le républicain se souvient sûrement que lors de son premier mandat, un litige avec les démocrates sur le financement de la construction de son mur à la frontière avec le Mexique avait provoqué une paralysie partielle de l’Etat fédéral pendant 35 jours.- “Chèque en blanc” à Musk -Face à la perspective d’un nouveau “shutdown”, républicains et démocrates se rejettent la faute.”Les démocrates détestent tellement ce que le président Trump soutient et ce que le peuple américain soutient, qu’ils sont prêts à paralyser notre gouvernement”, a déclaré l’élue républicaine Lisa McClain lors d’une conférence de presse avant le vote.La démocrate Rosa DeLauro a dénoncé de son côté un texte qui “fera mal aux Américains travaillant dur”, notamment sur la question du logement.”Ce chèque en blanc au milliardaire non élu Elon Musk échoue à faire baisser les coûts pour se loger, et à la place, coupe plus de 700 millions de dollars de subventions pour les loyers des Américains à bas revenus et travailleurs”, a déclaré l’élue dans un communiqué.Car le risque de paralysie budgétaire arrive sur fond de coupes claires dans les dépenses publiques américaines, menées sous l’égide d’Elon Musk.L’homme le plus riche du monde, patron notamment de Tesla et SpaceX, est devenu lors de la campagne de 2024 un allié et important soutien financier de Donald Trump.A la tête d’une commission à l’efficacité gouvernementale (Doge), Elon Musk s’est lancé dans le démantèlement de plusieurs agences gouvernementales, qu’il accuse de fraude et de gestion dispendieuse, et le limogeage de dizaines de milliers de fonctionnaires.

Wall Street toujours freinée par les incertitudes sur les droits de douane

La Bourse de New York a terminé en baisse modérée mardi, au lendemain d’une forte chute, les investisseurs naviguant à vue au gré des déclarations de Donald Trump sur les droits de douane, causant ainsi une certaine aversion au risque sur le marché.Le Dow Jones a perdu 1,14%, l’indice Nasdaq a reculé de 0,18% et l’indice élargi S&P 500 a lâché 0,76%.La place new-yorkaise a évolué en dents de scie mardi, peinant à trouver une direction claire durant la séance et au lendemain du lourd repli du Nasdaq (-4,00%) provoqué par les inquiétudes croissantes sur la possibilité d’une récession aux Etats-Unis.”La volatilité n’est pas un phénomène nouveau sur ces trois dernières semaines, et elle est en grande partie due à l’incertitude entourant des éléments tels que les tarifs douaniers”, observe auprès de l’AFP Art Hogan de B. Riley Wealth Management.Donald Trump a proféré mardi de nouvelles menaces commerciales contre le Canada, annonçant entre autres doubler à 50% le taux des droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens.Plus tard, après s’être livré à un va-et-vient avec Ottawa, le président à décidé de renoncer au doublement de ces taxes, a confirmé le conseiller de Donald Trump en charge des questions commerciales, Peter Navarro.”Pour la première fois en trois semaines, il semble que nous ayons quelques bonnes nouvelles et qu’une fenêtre soit ouverte dans les négociations avec le Canada”, souligne M. Hogan.Toutefois, Washington a effectué de nombreux revirements ces derniers jours, des mesures ayant été “annoncées puis modifiées, puis annoncées à nouveau et encore modifiées”, ajoute l’analyste.”Plus (l’administration) continuera à appliquer cette méthode politique, plus les consommateurs seront dans l’incertitude et réduiront leurs dépenses et moins les entreprises américaines (…) développeront leurs activités”, selon M. Hogan. Ainsi, “plus l’incertitude persiste, plus les investisseurs seront disposés à retirer de l’argent de la table”, résume-t-il.Côté indicateurs, Wall Street a peu réagi au rapport JOLTS du ministère américain du Travail qui a mis en évidence une hausse des offres d’emplois en janvier, légèrement supérieure aux prévisions des économistes.Les investisseurs attendent désormais la publication, mercredi avant l’ouverture, de l’indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis pour le mois de février.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est tendu à 4,28%, contre 4,21% lundi en clôture.Ailleurs à la cote, le Nasdaq a quelque peu rattrapé ses pertes de la veille grâce à certaines capitalisations géantes du secteur technologique, comme la star des semi-conducteurs Nvidia (+1,66%).Le pionnier des véhicules électriques Tesla reprenait aussi quelques couleurs (+3,79%) au lendemain de sa chute vertigineuse. Lundi, le titre avait dégringolé de plus de 15% lors de sa pire séance en Bourse depuis 2020, le constructeur souffrant notamment d’un plongeon de ses ventes.La compagnie aérienne à bas prix Southwest Airlines s’est envolée (+8,34%) après avoir annoncé la fin de sa politique de bagages en soute gratuits. Les passagers devront désormais payer un supplément dès la première valise, alors que deux bagages étaient auparavant inclus dans le prix du billet, à l’exception de certains voyageurs réguliers.Le titre de son homologue Delta Air Lines a décroché (-7,25%) après l’annonce de prévisions de résultats abaissées pour le premier trimestre, en raison notamment d’une “mollesse” de la demande aux États-Unis.Face à la baisse de la confiance des consommateurs, les actions liées au tourisme ont chuté, à l’instar de Airbnb (-5,08%), Expedia (-7,28%) ou encore Booking (-2,19%).

Rejets toxiques à Mourenx: Sanofi, mis en examen pour une partie des faits, conteste les infractions

Une victoire d’étape en demi-teinte pour les plaignants: Sanofi a été mis en examen fin 2024 pour plusieurs infractions qu’il conteste dans l’enquête sur les rejets toxiques de son usine à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques) mais échappe à ce stade au principal grief, la mise en danger d’autrui.Le parquet de Paris a confirmé l’information obtenue par l’AFP de source proche du dossier selon laquelle Sanofi a été mise en examen le 28 novembre pour un délit, obstacle à un contrôle administratif environnemental, et pour deux infractions contraventionnelles, exploitation irrégulière d’une installation ainsi que non-déclaration d’accident ou d’incident industriel.Dans le détail, le groupe se voit ainsi reprocher, selon le parquet, de n’avoir, entre 2012 et 2018, pas respecté les limites d’émission du bromopropane, un composé organique volatil (COV) ou encore d’avoir tardé à informer les inspecteurs de l’environnement de ces rejets de bromopropane.Sollicité par l’AFP, Sanofi a indiqué “contester” les infractions qui lui valent sa mise en examen et avoir “mis en avant toute une série d’éléments démontrant qu’il n’y a pas eu de dépassement des seuils réglementaires”.Le groupe a en revanche été placé, à ce stade, sous le statut de témoin assisté pour l’infraction la plus lourde, mise en danger d’autrui. Sanofi a avancé mardi “plusieurs études indépendantes (qui) ont conclu à une absence d’impact sanitaire lié à de possibles émissions pour les salariés et les riverains.”L’association France Nature Environnement (FNE) avait révélé ces rejets toxiques hors normes en 2018 de bromopropane et de valproate de sodium, principe actif de la Dépakine, un médicament anti-épileptique accusé d’être à l’origine de troubles neuro-développementaux chez les enfants.”Sanofi ne contrôlait pas ses trois colonnes (de l’usine), mais une seule (…). Les deux autres ont envoyé ces quantités astronomiques de polluants dans l’air”, accusait l’association.L’usine avait été mise à l’arrêt immédiatement après les révélations de FNE, avant de reprendre sa production par étapes, sous contraintes environnementales et contrôles accrus. En juin 2020, la Fédération nationale des industries chimiques CGT, le Syndicat CGT des industries chimiques Sisteron et Mourenx et l’Union locale CGT de Mourenx, Bassin de Lacq-Orthez et environs avaient déposé une plainte avec constitution de partie civile.L’information judiciaire au pôle santé publique de Paris avait été ouverte en août 2022.- “Troubles neurocomportementaux” -“On peut démontrer que certains des riverains ont été contaminés par la Dépakine”, soutient mardi Me Charles Joseph-Oudin, avocat d’une riveraine partie civile et de l’Association des victimes de la Dépakine (Apesac).Une quinzaine de riverains sont en train de se constituer partie civile dans ce dossier, selon le conseil.Me Oudin a déjà déposé plainte en novembre 2023 pour une mère de deux enfants “atteints de troubles neurocomportementaux” qui travaillait, lors de ses grossesses, “en face” de l’usine.”Je regrette que la mise en danger de la vie d’autrui n’ait pas été retenue car cela a engendré de graves dommages sur les personnes directement exposées ou leur descendance”, a réagi auprès de l’AFP Marine Martin, présidente de l’Apesac et figure emblématique des victimes de la Dépakine.En avril 2024, la justice administrative a contraint Sanofi à réaliser une étude des risques sanitaires autour de Mourenx.Dans une autre information judiciaire, ouverte en 2016 et portant sur le coeur du scandale de la Dépakine et de ses impacts éventuels sur la santé, le groupe est mis en examen pour tromperie aggravée et blessures involontaires depuis 2020. En juin 2023, la Cour de cassation avait validé la prescription d’un certain nombre de plaintes, un “fort affaiblissement” du dossier selon une source proche de celui-ci.Dans les procédures ouvertes à l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam), “120 millions d’euros d’argent public ont déjà été engagés en lieu et place de Sanofi” pour près de 2.000 victimes, selon Me Oudin.”Il n’y a pas de lien entre la procédure judiciaire sur les émissions de bromopropane du site de Mourenx et les autres procédures judiciaires liées à la prescription de valproate de sodium”, a souligné Sanofi dans sa réaction.Selon des estimations des autorités sanitaires françaises, la molécule serait responsable de malformations chez 2.150 à 4.100 enfants et de troubles neurodéveloppementaux chez 16.600 à 30.400 enfants.ngu-gd-jpa-pan/mat

L’Europe doit se réarmer, “le temps des illusions est révolu”

“Le temps des illusions est révolu” et l’Union européenne doit augmenter significativement ses dépenses d’armement, a affirmé mardi à Strasbourg la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.”Il nous faut une augmentation très rapide des capacités de défense européennes. Et il nous la faut maintenant!”, a-t-elle lancé devant le Parlement européen.”Le moment est venu pour créer une défense commune”, a ajouté la responsable allemande en présentant les résultats du dernier sommet européen des 27 consacré à la défense du continent.Sur ce point, Mme von der Leyen a salué le consensus des pays de l’UE sur la nécessité de renforcer les capacités de défense de l’Union: c’était “absolument impensable il y a encore quelques semaines”.Les remises en cause de l’engagement américain en Europe et particulièrement en Ukraine qui ont suivi le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ont agi comme un électrochoc.”L’ordre de sécurité européen est ébranlé et nombre de nos illusions sont brisées”, a ainsi déclaré la présidente de la Commission européenne. Dans ce contexte, l’Europe est appelée à “assumer davantage sa propre défense” a-t-elle souligné.La Commission européenne a présenté un plan pour “réarmer l’Europe” qui vise à mobiliser quelque 800 milliards d’euros sur quatre ans dont 150 milliards de prêts mis à disposition des 27 par l’UE.”Ces prêts devraient financer des achats auprès de producteurs européens, afin de contribuer à stimuler notre propre industrie de la défense”, a insisté Mme von der Leyen, semblant reprendre à son compte une demande exprimée de longue date par certains Etats membres, dont la France,  pour “acheter européen”.Elle n’a donné aucune indication sur le fait  de savoir si cela inclurait – ou non – des sociétés de pays non-membres de l’UE tels que le Royaume-Uni, la Norvège, la Suisse, ou la Turquie.- Vers un grand emprunt? – Elle a également insisté sur la nécessité de regrouper les commandes d’armement entre Etats membres afin de faire des économies d’échelle et de favoriser l’interopérabilité de ces armements.”On épargnerait beaucoup l’argent du contribuable en agissant ensemble de manière coordonnée : on a 17 modèles de tanks dans l’Union européenne, aux Etats Unis il n’y a qu’un seul modèle”, a ainsi affirmé lors du débat le chef de file des chrétiens démocrates (PPE) au Parlement européen, l’eurodéputé allemand Manfred Weber.”Les contrats devraient être pluriannuels, afin de donner à l’industrie la prévisibilité dont elle a besoin”, a également affirmé Mme von der Leyen.Les dirigeants des 27 ont donné leur feu vert à ce plan et la Commission va maintenant présenter des propositions concrètes avant un prochain sommet de l’UE prévu la semaine prochaine à Bruxelles. A cette occasion, les dirigeants européens “vont continuer à travailler en vue de construire notre dissuasion pour renforcer la sécurité de notre continent”, a promis de son côté Antonio Costa, le président du Conseil européen qui rassemble les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE.Dans le débat qui a suivi, des députés ont réclamé d’aller plus loin en termes financiers en lançant un grand emprunt européen, un outil déjà utilisé lors de la pandémie de Covid, a souligné l’eurodéputée française Valérie Hayer, cheffe de file des centristes (Renew) à Strasbourg.Mais la présidente de la Commission européenne s’est jusqu’à présent montrée réticente à une telle initiative.

Le Nigeria avance prudemment pour réguler les cryptomonnaies

Le Nigeria, leader des cryptomonnaies en Afrique, tente tant bien que mal de réguler le secteur des actifs numériques après des années d’absence de réglementation claire et malgré la réputation délétère de son secteur financier.Pendant longtemps, les autorités et les régulateurs nigérians ont été méfiants envers les cryptomonnaies, en dépit de leur utilisation croissante dans le pays le plus peuplé d’Afrique, mais ils tentent depuis un an d’établir un cadre formel.En 2023 et en 2024, le pays le plus peuplé d’Afrique s’est classé deuxième au niveau mondial sur un indice d’adoption des cryptomonnaies établi par Chainalysis, une société mondiale d’analyse de cet actif numérique.Emomotimi Agama, directeur général de la Commission des valeurs mobilières du Nigeria (SEC), a confirmé à l’AFP en août les efforts de la commission pour clarifier les règles régissant l’utilisation des actifs numériques.Au cours du même mois, la SEC a accordé un “accord de principe” à deux plateformes d’échange de cryptomonnaies, Busha Digital Limited et Quidax Technologies Limited, leur permettant de commencer leurs opérations.”Nous pensons que cette mesure réglementaire est un bon début qui bénéficiera au marché à long terme en établissant confiance et stabilité”, a déclaré à l’AFP Buchi Okoro, cofondateur et président-directeur général de Quidax Technologies Limited.”L’accord de la SEC a envoyé un message clair aux investisseurs potentiels en cryptomonnaies, en mettant en avant la protection des clients”, a-t-il poursuivi.Mais l’élan réglementaire du gouvernement est quelque peu freiné par le scepticisme des investisseurs, refroidis par les innombrables scandales de fraude qui émergent régulièrement dans ce pays connu pour son manque de transparence et ses arnaques. En décembre, la Commission des crimes économiques et financiers du Nigeria (EFCC) a déclaré avoir arrêté 792 suspects, dont plusieurs étrangers, à Lagos “pour leur implication présumée dans des fraudes liées aux investissements en cryptomonnaies et des arnaques aux sentiments”.Le mois précédent, la SEC a publié un avis contre Marino FX Limited qui avait prétendu être enregistrée auprès de la commission en tant que bourse de cryptomonnaies. – Binance – Le Parlement nigérian travaille à un projet de loi sur les investissements et les titres, qui permettrait d’établir un cadre réglementaire pour toutes les monnaies numériques au Nigeria.Avant les élections générales de février 2023, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu, alors candidat à la présidentielle du parti au pouvoir le Congrès des progressistes (APC), avait promis d’établir un environnement réglementaire qui encouragerait l’adoption des actifs numériques.Cependant, quelques mois après sa prise de fonction en mai 2023, M.Tinubu a imposé de nouvelles restrictions aux plateformes de cryptomonnaies pour lutter contre la dévaluation du naira, la monnaie locale, ce qui a forcé Binance, la plus grande bourse d’actifs numériques au monde, à suspendre ses opérations en naira. De nombreux clients ont rapidement vidé leurs portefeuilles, craignant que leurs fonds ne soient bloqués. Les autorités ont arrêté, poursuivi en justice puis relâché l’un des deux dirigeants de Binance qui s’était rendu dans le pays pour négocier avec le gouvernement.L’administration fiscale du Nigeria a toujours une action en justice en cours contre Binance pour un montant de 81,5 milliards de dollars (75,2 milliards d’euros).- Opportunité à venir-“Malgré les vents contraires auxquels nous avons été confrontés au fil des années, nous avons réellement constaté un revirement dans l’approche du gouvernement à l’égard de l’innovation dans le secteur”, a indiqué à l’AFP Laolu Biyi Samuel, cofondateur de Busha Digital Limited.Pour lui, l’environnement réglementaire global au Nigeria est sur la bonne voie.Les États-Unis ayant récemment créé une “réserve stratégique de bitcoins”, les experts estiment que l’appétit du Nigeria pour les actifs numériques pourrait constituer une nouvelle opportunité économique.Cependant, certains craignent que les cryptomonnaies restent un moyen de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme dans le pays.”La clarté réglementaire et les politiques devraient être prioritaires maintenant”, a déclaré à l’AFP Obinna Iwuno, président de l’Association Blockchain du Nigeria (SiBAN).”Il n’est pas trop tard pour commencer à discuter d’une stratégie nationale sur le bitcoin et de plans d’action”, a-t-il ajouté.

Le ton monte à nouveau entre Trump et le Canada

Donald Trump, pour qui l’annexion du Canada est une idée fixe depuis son retour au pouvoir, a redoublé d’agressivité commerciale mardi contre Ottawa, tandis que les autorités canadiennes ont promis de répliquer à toute surenchère de droits de douane.Le président américain a souhaité mardi, à sa manière, la bienvenue au nouveau Premier ministre canadien Mark Carney.Réagissant à l’annonce par la province canadienne de l’Ontario d’une surtaxe sur les exportations d’électricité vers trois Etats américains, il a annoncé sur son réseau Truth Social qu’il doublait à 50%, contre 25% auparavant, les droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens, devant entrer en vigueur mercredi.Le Canada “devra réagir” si Donald Trump met à exécution cette menace, a indiqué mardi à l’AFP une source gouvernementale haut placée.Le président américain a par la suite publié un autre message plein de colère sur Truth Social, assurant, à propos des menaces sur l’électricité, que le Canada allait “payer pour ça un prix si lourd que les livres d’histoire en parleront pendant de nombreuses années.”- “La seule chose sensée” -Avec cette annonce, le président américain frappe au coeur les échanges commerciaux entre deux pays intimement liés sur le plan économique, et jusqu’alors étroitement alliés sur le plan diplomatique.50% de l’aluminium et 20% de l’acier importés aux Etats-Unis proviennent du Canada, selon le cabinet EY-Parthenon. “Augmenter le prix de matières premières cruciales pour l’industrie américaine, qui emploie 10 millions de personnes, c’est ce que ferait un ennemi des Etats-Unis”, a critiqué sur X mardi l’économiste et ancien ministre des Finances américain Larry Summers.M. Trump a par ailleurs écrit qu’il imposerait le 2 avril de telles taxes douanières sur les voitures que cela “mettrait à l’arrêt définitivement l’industrie automobile au Canada”.La “seule chose sensée” à faire pour le pays est de devenir le “51ème Etat américain”, ce qui mettrait fin de facto à la guerre commerciale, a répété le responsable républicain de 78 ans.Le futur chef du gouvernement canadien Mark Carney a assuré mardi que la riposte de son pays aurait “un impact maximal sur les Etats-Unis et un impact minimum sur le Canada”.”Nous maintiendrons nos droits de douane jusqu’à ce que les Américains nous montrent du respect”, a-t-il déclaré sur X.”Le Canada n’est pas à vendre”, a également répondu sur CNBC mardi Doug Ford, le Premier ministre de l’Ontario, la province canadienne la plus peuplée.M. Ford a assuré que la seule solution était d’abandonner cette guerre commerciale, “parce que cela renforcera nos deux pays. Nous sommes votre plus important client, nous achetons plus de produits américains que n’importe quel autre pays dans le monde”.Donald Trump, dans le même message sur Truth Social mercredi, écrit que si les Canadiens devenaient américains, “il n’y aurait plus de droits de douane, ni rien d’autre. Les Canadiens paieraient significativement moins d’impôts, ils seraient plus en sécurité (…) qu’avant.”- “Artificielle” -Il a qualifié d'”artificielle” la frontière séparant les deux pays.Depuis son investiture le 20 janvier, Donald Trump a multiplié les annonces fracassantes et les revirements tout aussi spectaculaires en matière de droits de douane, ce qui fait tanguer la finance et l’économie mondiales.Le Canada est peu à peu apparu comme la cible privilégiée de la rhétorique commerciale agressive et des visées expansionnistes du président américain, qui convoite également le Groenland ainsi que le canal de Panama.L’ancien promoteur immobilier n’a de cesse de clamer son “amour” pour les droits de douane qui, selon lui, doivent permettre à la fois de rapatrier des usines aux Etats-Unis et de réduire le déficit, quitte à causer des “perturbations” financières passagères.Cet “âge d’or” protectionniste vanté par le milliardaire convainc de moins en moins les investisseurs, qui spéculent désormais sur une récession aux Etats-Unis, chose impensable il y a quelques semaines à peine.Mardi, les indices vedettes de la Bourse de New York, le Dow Jones et le Nasdaq, continuaient de s’enfoncer après avoir subi de lourdes pertes lundi.La première puissance mondiale importe environ la moitié de l’acier et de l’aluminium qu’elle utilise, pour l’automobile, l’aviation, la pétrochimie ou les produits de consommation de base, comme les conserves.

Le Congrès américain s’affaire pour éviter la paralysie budgétaire

La Chambre américaine des représentants doit se prononcer mardi sur un texte budgétaire provisoire pour l’année 2025 qui permettrait à l’administration Trump d’éviter une paralysie de l’Etat fédéral, le fameux “shutdown”, avant la date limite de vendredi soir.Le vote est attendu en fin d’après-midi à Washington et une issue favorable ouvrirait la voie à l’adoption du texte au Sénat dans les jours suivants.Au vu de leur courte majorité, les républicains de la Chambre des représentants savent qu’ils sont sur le fil du rasoir, mais leur chef, Mike Johnson, a affiché son optimisme mardi. “Nous aurons les voix” nécessaires pour faire passer le texte, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse mardi.”On peut le faire de notre propre côté”, sans l’aide des voix démocrates, a-t-il assuré, tout en appelant les démocrates à être “responsables” et à voter en faveur de la proposition des républicains.Mais le chef de la minorité démocrate à la chambre basse, Hakeem Jeffries, a assuré qu’aucun élu de son camp ne voterait mardi en faveur de ce texte, qualifié d’attaque “sur les anciens combattants les séniors, et les familles”, en raison de coupes prévues dans certaines dépenses publiques.”Inacceptable”, a jugé Hakeem Jeffries. – “Pas de dissidence” -Face au risque de voir quelques républicains voter contre et faire échouer le texte dès la première étape, Mike Johnson s’affaire en coulisses depuis plusieurs jours, et peut compter sur l’appui de Donald Trump.Le président a appelé au cours du week-end les élus républicains à voter en faveur du texte, et leur a lancé comme un avertissement: “PAS DE DISSIDENCE”.Avec des indices boursiers en chute et des craintes grandissantes de récession, Donald Trump fait face aux premiers vents contraires de son second mandat en matière économique. Et il sait qu’une paralysie de l’Etat fédéral n’arrangerait rien.Le Congrès a jusqu’à minuit dans la nuit de vendredi à samedi pour adopter un budget temporaire.Sans quoi, des centaines de milliers de fonctionnaires se trouveront au chômage technique, sans paie. Le trafic aérien sera perturbé, comme le versement de certaines d’aides alimentaires aux familles à bas revenus, entre autres conséquences.Une situation à risque que Donald Trump souhaite éviter un mois et demi seulement après son retour à la Maison Blanche.Le républicain se souvient sûrement que lors de son premier mandat, un litige avec les démocrates sur le financement de la construction de son mur à la frontière avec le Mexique avait provoqué une paralysie partielle de l’Etat fédéral pendant 35 jours.- Coupes claires -Face à la perspective d’un nouveau “shutdown”, républicains et démocrates se rejettent la faute.”Les démocrates détestent tellement ce que le président Trump soutient et ce que le peuple américain soutient, qu’ils sont prêts à paralyser notre gouvernement”, a déclaré l’élue républicaine Lisa McClain lors d’une conférence de presse.La démocrate Rosa DeLauro a dénoncé de son côté un texte qui “fera mal aux Américains travaillant dur”, notamment sur la question du logement.”Ce chèque en blanc au milliardaire non élu Elon Musk échoue à faire baisser les coûts pour se loger, et à la place, coupe plus de 700 millions de dollars de subventions pour les loyers des Américains à bas revenus et travailleurs”, a déclaré l’élue dans un communiqué.Car le risque de paralysie budgétaire arrive sur fond de coupes claires dans les dépenses publiques américaines, menées sous l’égide d’Elon Musk.L’homme le plus riche du monde, patron notamment de Tesla et SpaceX, est devenu lors de la campagne de 2024 un allié et important soutien financier de Donald Trump.A la tête d’une commission à l’efficacité gouvernementale (Doge), Elon Musk s’est lancé dans le démantèlement de plusieurs agences gouvernementales, qu’il accuse de fraude et de gestion dispendieuse, et le limogeage de dizaines de milliers de fonctionnaires.Avant le vote mardi, les démocrates ont présenté leur propre version d’un texte budgétaire qui garderait le même niveau de dépenses publiques et repousserait à avril, plutôt que septembre comme le souhaitent les républicains, la date limite pour l’adoption d’un budget plein pour l’année 2025.

La Bourse de Paris termine en nette baisse face aux droits de douane

La Bourse de Paris a terminé en nette baisse mardi, les investisseurs digérant de nouvelles annonces de droits de douane de Donald Trump contre le Canada, sur fond d’inquiétudes sur l’économie américaine.Le CAC 40, l’indice vedette de la place de Paris, a terminé en baisse de 1,31%, soit une perte de 105,69 points, pour s’établir à 7.941,91 points. Il termine ainsi sous la barre des 8.000 points pour la première fois depuis plus d’un mois.Les indices européens sont “retournés à la réalité”, commente Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, interrogée par l’AFP.”Les craintes à propos de l’économie américaine sont de plus en plus poussées, et l’on ajoute à cela une incertitude très forte avec les droits de douane” de Donald Trump qui “se répercute sur les indices boursiers”, poursuit-elle.Donald Trump a proféré mardi de nouvelles menaces commerciales contre le Canada, annonçant entre autres doubler à 50% le taux des droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens qui doivent entrer en vigueur mercredi.Le président américain a par ailleurs assuré sur sa plateforme Truth Social qu’il imposerait le 2 avril de telles taxes douanières sur les voitures et que cela “mettra à l’arrêt définitivement l’industrie automobile au Canada”, estimant une nouvelle fois que la “seule chose sensée” à faire pour le pays était de devenir le “51e Etat américain”, ce qui mettrait fin de facto à la guerre commerciale.La semaine passée, les places européennes avaient trouvé un certain soutien dans “l’euphorie autour du plan d’investissement allemand avec l’espoir qu’il pourrait relancer la croissance en Europe”, note par ailleurs Mme de Montpellier.Mais les Verts allemands ont menacé lundi de torpiller le plan d’investissements géant du futur gouvernement de Friedrich Merz, dont ils critiquent les lacunes.”La parenthèse enchantée en Europe se termine pour le moment, tant que le plan allemand n’est pas voté”, poursuit l’économique de ING.Stellantis en queue de pelotonLe constructeur automobile Stellantis, très présent au Mexique, a perdu 5,30% à 11,32 euros, soit la plus forte baisse sur le CAC 40 mardi.”Les valeurs qui sont exposées aux droits de douane sont celles qui souffrent le plus”, explique Charlotte de Montpellier.

Rejets toxiques à Mourenx: Sanofi mis en examen pour une partie des faits

Une victoire d’étape en demi-teinte pour les plaignants: Sanofi a été mis en examen fin 2024 pour plusieurs infractions dans l’enquête sur les rejets toxiques de son usine à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), produisant le médicament Dépakine, mais échappe à ce stade au principal grief, la mise en danger d’autrui.Le parquet de Paris a confirmé l’information obtenue par l’AFP de source proche du dossier selon laquelle Sanofi a été mise en examen le 28 novembre pour un délit, obstacle à un contrôle administratif environnemental, et pour deux infractions contraventionnelles, exploitation irrégulière d’une installation ainsi que non-déclaration d’accident ou d’incident par l’exploitant d’une installation classée.Dans le détail, le groupe se voit ainsi reprocher, selon le parquet, de n’avoir, entre 2012 et 2018, pas respecté les limites d’émission du bromopropane, un composé organique volatil (COV) ou encore d’avoir tardé à informer les inspecteurs de l’environnement de ces rejets de bromopropane.Le groupe a en revanche été placé, à ce stade, sous le statut de témoin assisté pour l’infraction la plus lourde, mise en danger d’autrui, selon le parquet.Sollicité par l’AFP, Sanofi n’a pas réagi dans l’immédiat.L’association France Nature Environnement (FNE) avait révélé ces rejets toxiques hors normes en 2018 de bromopropane et de valproate de sodium, principe actif de la Dépakine, un médicament anti-épileptique accusé d’être à l’origine de troubles neuro-développementaux chez les enfants.”Si ces dépassements ont été possibles, c’est parce que Sanofi ne contrôlait pas ses trois colonnes (de l’usine), mais une seule. Jamais contrôlées, les deux autres ont envoyé ces quantités astronomiques de polluants dans l’air”, accusait l’association.L’usine avait été mise à l’arrêt immédiatement après les révélations de FNE, avant de reprendre sa production par étapes, sous contraintes environnementales et contrôles accrus. En juin 2020, la Fédération nationale des industries chimiques CGT, le Syndicat CGT des industries chimiques Sisteron et Mourenx et l’Union locale CGT de Mourenx, Bassin de Lacq-Orthez et environs avaient déposé une plainte avec constitution de partie civile pour obtenir la saisie d’un juge d’instruction du pôle santé publique du tribunal de Paris.L’information judiciaire avait été ouverte en août 2022.- “Troubles neurocomportementaux” -Lors de la révélation par l’AFP de l’ouverture de ces investigations, quelques mois plus tard, Sanofi avait indiqué que “le procédé de fabrication du valproate de sodium” générait “certaines émissions atmosphériques pour lesquelles aucun seuil n’était fixé jusqu’en 2018″.”C’est uniquement à partir de 2018 qu’un arrêté préfectoral a établi des seuils d’émissions de valproate de sodium”, ajoutait le groupe, indiquant qu’il avait “entrepris un large programme d’investissements sur son installation de Mourenx qui répond à toutes les prescriptions préfectorales en matière d’émissions”.”On peut démontrer que certains des riverains ont été contaminés par la Dépakine”, soutient mardi Me Charles Joseph-Oudin, avocat d’une riveraine partie civile et de l’Association des victimes de la Dépakine (Apesac).Une quinzaine de riverains sont en train de se constituer parties civiles dans ce dossier, selon le conseil.Il a déjà déposé plainte en novembre 2023 pour une mère de deux enfants “atteints de troubles neurocomportementaux” qui travaillait, lors de ses grossesses, “en face” de l’usine.En avril 2024, le tribunal administratif de Pau a contraint Sanofi à réaliser une étude des risques sanitaires sur la population autour du site de Mourenx.Cette mise en examen arrive dans un “contexte judiciaire qui devient très tendu pour les laboratoires Sanofi”, estime aussi Me Oudin.Dans une autre information judiciaire, ouverte en 2016 et portant sur le coeur du scandale de la Dépakine et ses impacts éventuels sur la santé, le groupe est mis en examen pour tromperie aggravée et blessures involontaires depuis 2020. En juin 2023, la Cour de cassation avait toutefois estimé prescrites un certain nombre de plaintes, un “fort affaiblissement” du dossier selon une source proche de celui-ci.Dans les procédures ouvertes à l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam), “120 millions d’euros d’argent public ont déjà été engagés en lieu et place de Sanofi” pour près de 2.000 victimes, selon Me Oudin.Selon des estimations des autorités sanitaires françaises, la molécule serait responsable de malformations chez 2.150 à 4.100 enfants et de troubles neurodéveloppementaux chez 16.600 à 30.400 enfants.