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Guerre commerciale: la dernière riposte chinoise entre en vigueur

Décidés en représailles à un dernier décret de Donald Trump visant Pékin, de nouveaux droits de douane chinois s’appliquent à partir de lundi sur tout un éventail de produits agricoles américains.Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, le président des Etats-Unis a annoncé une série de droits de douane à l’égard de ses principaux partenaires commerciaux, parmi lesquels la Chine, le Canada et le Mexique, pays selon lui inefficaces dans leur réponse à l’immigration illégale et aux flux de fentanyl.La Chine est par ailleurs le pays présentant le plus important excédent commercial avec les Etats-Unis pour les biens.Après avoir imposé des droits de douane supplémentaires de 10% à l’encontre de tous les produits chinois, Donald Trump a décidé le 3 mars de les porter à 20%.”Fortement mécontente”, la Chine avait riposté dans la foulée, en annonçant des taxes du même type contre des produits issus de l’agriculture américaine, et ce à compter de ce lundi.Poulet, blé, maïs et coton entrant en Chine seront davantage taxés (15%) que sorgho, soja, porc, boeuf, produits de la mer, fruits, légumes et produits laitiers (10%).Des experts estiment que cette réaction chinoise vise la base électorale du milliardaire républicain, tout en restant suffisamment modérée pour rendre encore possible un accord commercial.Les tensions commerciales sino-américaines s’ajoutent aux difficultés rencontrées par les autorités chinoises dans leur tentative de stabiliser l’économie du pays, marquée par une consommation morose, une crise persistante du secteur immobilier ou encore un taux de chômage élevé chez les jeunes.- “Environnement externe de plus en plus complexe” -Les taxes décidées par Washington pourraient porter un coup sévère aux exportations chinoises, qui ont largement contribué l’an dernier à la croissance du géant asiatique.Des experts estiment que les conséquences des mesures américaines pourraient ne pas être visibles immédiatement. Mais ne serait-ce que du côté des exportations chinoises, celles-ci ont déjà ralenti en janvier et février à un niveau plus marqué que prévu, à 2,3% sur un an, contre 10,7% en décembre.”Comme les exportations sont confrontées à un risque de diminution en raison de la guerre commerciale qui se dessine, la politique fiscale doit devenir plus proactive”, juge Zhiwei Zhang, président et économiste en chef chez Pinpoint Asset Management.Alors que le bras de fer commercial se poursuit entre Pékin et Washington, la Chine organise ces jours-ci les “Deux Sessions”, son principal événement politique de l’année, agrégeant dans la capitale des milliers de délégués venus de tout le pays.Lors d’un discours face à eux mercredi, le Premier ministre Li Qiang a dévoilé la stratégie du gouvernement en matière économique pour 2025, mentionnant un “environnement externe de plus en plus complexe”.M. Li a également dévoilé un objectif de croissance d'”environ 5%”, le même qu’en 2024.De nombreux économistes considèrent toutefois que cet horizon reste ambitieux au regard des difficultés que connaît la Chine sur le plan économique.”Si les dépenses fiscales recommencent bientôt à augmenter, alors cela pourrait plus que compenser l’impact à court terme des droits de douane sur la croissance”, estime Julian Evans-Pritchard de Capital Economics.”Toutefois, étant donné les vents contraires” à l’oeuvre de manière générale, “nous ne sommes pas encore convaincus qu’un soutien fiscal sera suffisant pour aboutir à davantage qu’un coup de pouce de courte durée”, ajoute-t-il.

Canada: Mark Carney élu pour remplacer le Premier ministre Justin Trudeau

Le parti au pouvoir au Canada a élu dimanche Mark Carney comme nouveau chef et futur Premier ministre, au moment où le pays fait face à “des jours sombres” en raison des menaces de son puissant voisin, les Etats-Unis de Donald Trump.Après avoir été longuement ovationné par les militants, Mark Carney n’a pas perdu de temps pour dénoncer les attaques du président républicain. “Les Américains veulent nos ressources, notre eau, notre terre, notre pays”, a prévenu Mark Carney, lors de son discours de victoire.Le président américain a lancé une guerre commerciale avec son voisin en imposant des droits de douane sur des produits canadiens et ne cesse de dire qu’il souhaite que le Canada devienne le “51e Etat américain”. “Ce sont des jours sombres, des jours sombres provoqués par un pays (les États-Unis) auquel nous ne pouvons plus faire confiance”, a poursuivi le nouveau dirigeant, estimant qu’il ne fallait “pas laisser Trump gagner”.L’ancien banquier central de 59 ans, novice en politique, a promis de “bâtir une nouvelle économie et de créer de nouvelles relations commerciales”.Il deviendra officiellement Premier ministre dans les jours qui viennent après une passation de pouvoir avec Justin Trudeau, qui avait annoncé sa démission début janvier, après près de dix ans au pouvoir.M. Carney pourrait cependant ne pas rester en poste très longtemps, puisque le Canada doit organiser des élections au plus tard en octobre. Mais elles pourraient être déclenchées plus tôt.- “Nouveau visage” -Dimanche, Mark Carney a obtenu 85,9% du vote des militants du parti libéral, loin devant l’ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland qui a recueilli 8% des voix.Tout au long de sa campagne, il n’a cessé de marteler qu’il était la personne idoine pour affronter le président américain jugeant que “toute sa carrière l’avait préparé à cela”.Dans le centre des congrès de la capitale Ottawa, où de grands drapeaux canadiens ont été installés sous des spots rouges, la couleur du parti, les militants ont exulté à l’annonce des résultats.Pour Sean Cruz, militant, ce vote est synonyme d’espoir “c’est un bon résultat. Nous avons besoin d’un nouveau visage au gouvernement et d’un nouveau visage au sein du parti libéral”.Luzminda Longkines, toute de rouge vêtue, se réjouit d’avoir un parti fort face aux conservateurs qui affirment que le “pays est cassé”. “Mais c’est faux et Donald Trump vient d’unir le pays, nous avons maintenant un ennemi commun!”Dans son discours d’adieu, Justin Trudeau a lui aussi mis en garde le pays estimant que les attaques de Donald Trump représentaient un “défi existentiel” pour le pays. “La liberté n’est pas un acquis, même le Canada n’est pas un acquis”, a-t-il lancé.- Elections en ligne de mire -Tout en affrontant les assauts américains, Mark Carney, originaire de l’ouest canadien, devra rapidement rassembler son parti en vue des prochaines élections.”Il est considéré comme le seul candidat qui donne aux libéraux une chance de remporter les prochaines élections”, estime Cameron D. Anderson de l’Université Western Ontario. Jusqu’ici les électeurs canadiens semblaient rejeter des libéraux usés et impopulaires et jugés responsables de la forte inflation, de la crise du logement et des services publics. Mais l’arrivée de Donald Trump a rebattu les cartes politiques.Mark Carney, qui se définit comme un centriste, était jusqu’à tout récemment envoyé spécial des Nations Unies pour le financement de l’action climatique.Économiste sorti à la fois de Harvard aux Etats-Unis et d’Oxford au Royaume-Uni, il a fait fortune en tant que banquier d’affaires chez Goldman Sachs avant de diriger la Banque du Canada puis la Banque d’Angleterre.Selon un sondage de l’institut Angus Reid publié mercredi, M. Carney est le choix préféré des Canadiens pour affronter M. Trump, avec 43% des personnes interrogées qui le plébiscitent contre 34% pour le chef de file des conservateurs, Pierre Poilievre.Ce dernier, qui avait le vent en poupe ces derniers mois, semble perdre du terrain dans ce nouveau contexte politique même si le parti conservateur reste légèrement en tête des intentions de vote.

Droits de douane de Trump: le Mexique serre les rangs autour de Sheinbaum qui se dit “optimiste”

En première ligne face aux menaces douanières de Donald Trump, la présidente mexicaine de gauche Claudia Sheinbaum s’est déclarée “optimisme” quant à leur abandon définitif en se félicitant que le dialogue ait “prévalu”, dimanche lors d’un rassemblement populaire.Le gouvernement des Etats-Unis “a annoncé qu’il imposerait des tarifs douaniers réciproques à tous les pays du monde”, ce qui ne concerne pas le Mexique, lié par un traité de libre-échange avec Washington, a déclaré Mme Sheinbaum devant 350.000 personnes (chiffres officiels) sur Zocalo, la plus grande place d’Amérique latine dans le centre de Mexico.Initialement, l’ex-maire de Mexico avait convoqué cette “assemblée informative” pour annoncer des représailles “douanières et non-douanières” aux taxes à 25% imposées par Trump sur les exportations mexicaines mardi.Les droits de douane ont été suspendus jusqu’au 2 avril après un accord entre les deux chefs d’Etat qui se sont parlés jeudi au téléphone.”Le dialogue a prévalu”, s’est félicitée la dirigeante de gauche, dont près de 80% de l’opinion soutient l’action, selon les enquêtes.”Nous ne pouvons pas céder sur notre souveraineté et notre peuple ne peut pas être affecté par des décisions que prennent des gouvernements étrangers ou des hégémonies étrangères”, a-t-elle ajouté.Mme Sheinbaum était entourée des poids lourds du parti de gauche au pouvoir Morena, largement majoritaire au Parlement et dans une majorité des 32 Etats.Exceptionnellement, des gouverneurs de l’opposition ont aussi participé à ce grand rassemblement populaire de la gauche au pouvoir.”Je suis Panista (NDLR: du parti de la droite libérale-conservatrice Parti d’action nationale, PAN) et je suis Mexicain”, avait écrit l’un de ces gouverneurs invités au rassemblement, Mauricio Kuri, de l’Etat de Queretaro.”Nous avons demandé l’unité nationale pour faire face aux défis et j’agirai en conséquence, en acceptant cette invitation”, avait-il indiqué sur X.- “Des c…face à Trump”-“Tu n’es pas seule”, a crié la foule réunie sous un soleil de plomb, à l’unisson d’une des dirigeantes les plus populaires au monde dans son pays. “Claudia s’est bien défendue avec Trump. Comme elle le dit elle-même, il faut avoir du calme et de la patience”, a déclaré à l’AFP Perla Aquino, employée de 45 ans, sous des banderoles du parti Morena au pouvoir.”Elle a les couilles pour faire face au magnat américain”, résumait sans précaution de langage Claudia Cabrera, une psychologue de 29 ans.M. Trump accuse le Mexique et le Canada, ses deux partenaires au sein du traité de libre-échange d’Amérique du Nord, de ne pas lutter suffisamment contre le trafic de fentanyl et l’immigration clandestine vers les Etats-Unis.Le Mexique est le premier partenaire commercial mondial des Etats-Unis, destination de plus de 80% de ses exportations.Mme Sheibaum a par ailleurs confirmé que le Mexique élirait à partir du moins de juin ses juges et ses magistrats, une première mondiale.C’est le résultat d’une réforme du pouvoir judiciaire, critiquée par l’opposition mexicaine et par l’administration de l’ancien président américain Joe Biden lors de sa promulgation en septembre dernier.

Le parti au pouvoir au Canada tourne la page Trudeau

Le vote a pris fin dimanchepour la course à la direction du Parti libéral du Canada, avec un ancien banquier central, novice en politique favori pour remplacer Justin Trudeau au poste de Premier ministre chargé de faire face aux menaces de Donald Trump.Mark Carney, 59 ans, est donné largement favori de ce vote des militants du parti de centre-gauche au pouvoir. Après près de 10 ans comme Premier ministre, Justin Trudeau, très impopulaire, avait annoncé sa démission en janvier en plein chaos politique.Le parti a annoncé que 150.000 personnes avaient participé au vote. Les résultats doivent être connus au plus tard à 19h00 (23H00 GMT).Le vainqueur sera ensuite appelé à devenir Premier ministre. Mais il faudra probablement attendre quelques jours pour qu’une passation de pouvoir ait lieu entre les deux hommes, une fois le gouvernement formé.L’ancien directeur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre a largement devancé ses adversaires en termes de soutien au sein du pays et de fonds levés. Ces dernières semaines, une seule question a dominé les débats: qui est la bonne personne pour affronter Donald Trump et ses attaques? “Nous sommes confrontés à la crise la plus grave de notre vie… tout, dans ma vie, m’a préparé à ce moment”, a déclaré Mark Carney pour son dernier meeting vendredi.C’est ce message d’homme d’expérience habitué à gérer des crises, martelé tout au long de sa campagne, qui semble avoir porté ses fruits au moment où le pays est bouleversé par une crise historique avec son puissant voisin. Le président américain a lancé une guerre commerciale en imposant des droits de douane sur des produits canadiens et ne cesse de dire qu’il souhaite que le Canada devienne le “51e Etat américain”. Des attaques qui exaspèrent les Canadiens dont beaucoup renoncent à leur voyage au sud de la frontière et boycottent les produits américains.Peu avant l’annonce des résultats dimanche, dans un discours d’adieu, Justin Trudeau a d’ailleurs qualifié les menaces de Donald Trump de “défi existentiel” pour le pays. “La liberté n’est pas un acquis, même le Canada n’est pas un acquis”, a-t-il mis en garde.- “L’heure est grave” -Au centre des congrès de la capitale Ottawa, où de grands drapeaux canadiens ont été accrochés, les militants se pressaient dans l’après-midi.Venu avec son maillot de hockey, Greg MacEachern, estime auprès de l’AFP que “l’heure est grave” et “que les gens ont pris cette élection très, très au sérieux” dans ce contexte.Luzminda Longkines, toute de rouge vêtue, la couleur des libéraux, veut un parti fort face aux conservateurs qui affirment que le “pays est cassé”. “Mais c’est faux et Donald Trump vient d’unir le pays, nous avons maintenant un ennemi commun.”Mark Carney, qui n’a jamais été élu, séduit grâce à “son expérience économique et son sérieux”, explique Stéphanie Chouinard, professeure de sciences politiques au Collège militaire royal du Canada.”Il connaît très bien les systèmes financiers internationaux et les forces et les faiblesses de l’économie canadienne”, ajoute-t-elle.D’après les analystes, les chances sont donc très minces pour sa principale adversaire, Chrystia Freeland. L’ex-ministre des Finances de M. Trudeau a quitté le gouvernement avec fracas, affichant ses désaccords sur la façon de gérer le relation avec Donald Trump.Mais quel que soit le vainqueur, tout en affrontant les assauts américains, il devra rapidement rassembler son parti en vue des prochaines élections.Celles-ci doivent se tenir au plus tard en octobre mais pourraient être déclenchées plus rapidement que cela et elles promettent d’être plus disputées qu’attendues.Selon un sondage de l’institut Angus Reid publié mercredi, M. Carney est le choix préféré des Canadiens pour affronter M. Trump, avec 43% des personnes interrogées qui le plébiscitent contre 34% pour le chef de file des conservateurs, Pierre Poilievre.Ce dernier, qui avait le vent en poupe ces derniers mois, semble perdre du terrain dans ce nouveau contexte politique même si le parti conservateur reste légèrement en tête des intentions de vote.”Sa rhétorique populiste”, qui rappelle celle de Donald Trump, dérange une partie des Canadiens, explique Daniel Béland, professeur de sciences politiques à l’Université McGill de Montréal.

Bourgogne: maigres recettes pour les enchères des vins des Hospices de Nuits

Freinée par un nombre de lots historiquement bas, la 64e vente des vins des Hospices de Nuits-Saint-Georges (Côte d’Or), petite sÅ“ur des prestigieuses enchères des Hospices de Beaune, a engrangé dimanche moins de 900.000 euros, une chute de 61% par rapport à l’an dernier.Le total des recettes (856.950 euros) se situe largement en retrait par rapport à 2024 (2,3 M EUR) et loin derrière le record de 2023 (3,6 M EUR), maigre récolte oblige.Organisée pour la première fois par iDealwine, leader mondial des enchères en ligne de vin, la vente ne présentait en effet que 36 pièces et demi (une pièce est un fût de 228 litres soit 288 bouteilles), contre 150 l’an dernier. Le nombre de lots représente “un record à la baisse”, a indiqué à l’AFP Jean-Marc Moron, régisseur des quelque 12 hectares de vignes que possèdent les Hospices. La récolte 2024, comme ailleurs en Bourgogne, a en effet été durement affectée par les aléas climatiques: “on a eu l’an dernier le double de pluie sur les vignes de Nuits”, a expliqué M. Moron. Les enchères des Hospices de Beaune (Côte d’Or), grande sÅ“ur des Hospices de Nuits, avaient elles aussi été marquées, en novembre dernier, par un sévère recul de ses recettes (14 millions d’euros contre 23,3 en 2023).Rareté oblige, le prix moyen de la pièce vendue aux enchères de Nuits a cependant bondi de plus de 40% par rapport à l’an dernier, à 22.422 euros, frôlant le record de 2022 (22.807 euros). Une nouvelle confirmation de l’engouement continue pour les bourgognes.”Nous sommes très heureux du résultat de la vente, nous espérions une petite augmentation sur les prix des pièces et nous avons eu une belle surprise avec des records” sur certains lots, a réagi Guillaume Koch, directeur des Hospices civils de Beaune, qui chapeautent également celles de Nuits.Poussée par les harangues des parrains de la vente, l’actrice Chantal Ladesou et le patineur artistique Philippe Candeloro, la vente de la “pièce de charité”, dont le fruit revient traditionnellement à une autre Å“uvre caritative que les Hospices, a été adjugée 50.900 euros. Le précédent plus-haut de l’an dernier avait atteint 68.630 euros. Cette pièce a été vendue au profit de l’association “Coucou nous voilou”, qui Å“uvre à améliorer le quotidien des enfants et adolescents hospitalisés. Un magnifique coffret de deux bouteilles de la maison Delaunay, des fabuleux millésimes 1955 et 1959, a également été adjugé (2.000 euros) au profit de cette association. C’était la première fois dans l’histoire des enchères que des bouteilles étaient vendues.Outre l’association caritative Coucou nous voilou, les recettes reviennent à l’hôpital et la maison de retraite gérés par les Hospices de Nuits qui, comme Beaune, sont un “hôpital vigneron”: les investissements de modernisation ne reçoivent aucune aide de l’État et sont financées grâce aux vignes apportées en dons au fil des siècles.

Abandon d’un grand projet photovoltaïque en Guyane: l’autonomie énergétique reste l’objectif

L’abandon d’un projet photovoltaïque phare en Guyane marque une volonté dans le département amazonien de concentrer les investissements sur la sécurisation du réseau et son rééquilibrage territorial, plutôt que sur la production.TotalEnergies, porteur du projet depuis 2019, a justifié samedi son retrait par le contenu du projet révisé de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) de la Guyane pour 2023-2028.La centrale photovoltaïque Maya, qui devait voir le jour près de Cayenne (est), combinait une centrale solaire et des batteries de stockage mais le groupe gazier et pétrolier a jeté l’éponge.D’après le document consulté par l’AFP, le projet révisé de PPE maintient cependant des ambitions en matière de développement de l’énergie solaire en Guyane, et d’autonomie énergétique du département, qui abrite le pas de tir aérospatial de Kourou.Pour l’instant en phase de consultation publique, ouverte du 10 février au 10 mai, le document qui a déjà pris du retard, devrait être validé par décret début 2026, selon la collectivité territoriale de Guyane.Son objectif principal est d’atteindre une production électrique 100% décarbonée d’ici 2027 pour les communes du littoral reliées au réseau de distribution. Après plusieurs mois de travaux en comité technique, les grandes orientations du texte ont été présentées aux porteurs de projet privés le 10 février. Lors de cette présentation, à laquelle l’AFP a assisté, les énergéticiens ont dénoncé un manque de concertation et déploré que le texte soit déjà largement ficelé à l’avance et modifiable seulement “à la marge”, a notamment pointé Arnaud Flament, directeur de Voltalia Guyane et président du syndicat des énergéticiens de Guyane. Déjà largement consacré dans la dernière programmation énergétique 2016-2023, le développement du photovoltaïque comme source de production d’électricité est à nouveau plébiscité dans la nouvelle feuille de route énergétique guyanaise 2023-2028, d’après le document. Actuellement, le solaire fournit 114 MW, soit un tiers de l’énergie produite en Guyane : la prochaine PPE vise 150 MW d’énergie solaire en 2028 et 175 MW en 2033. Cette source de production est celle qui est censée connaître la plus grande augmentation, aucun projet hydroélectrique n’étant prévu et les autres restant marginales, selon le projet de PPE révisée. En revanche, les autorités guyanaises, engagées dans un rattrapage infrastructurel de l’ouest du département, orientent les projets vers cette partie du territoire. Ainsi, aucun projet de production de puissance pilotable autour de Cayenne, situé à l’est, n’est inscrit dans la PPE 2023-2028. Ce qui justifie, selon TotalEnergies, l’abandon de Maya qui devait être implanté à 15km de la ville-capitale et fournir 20 MW. “Compte tenu de la structure du réseau de transport alimentant l’agglomération de Cayenne, (…), les 20 MW de garantie ne sont pas nécessaires”, justifie la collectivité territoriale de Guyane (CTG) dans la PPE. D’autant qu’une centrale électrique EDF d’une puissance de 120 MW, fonctionnant au biocarburant, est en cours de construction au Larivot, également près de Cayenne. Ce projet de 600 millions d’euros, un temps contesté en justice, doit entré en service en 2026, pour “sécuriser l’approvisionnement en énergie” et non “servir de base de production d’électricité pour la Guyane”, assure EDF.Mais, pour les énergéticiens, la centrale du Larivot vient concurrencer les projets de renouvelables privés du territoire. Par ailleurs, la planification énergétique envisagée concentre davantage les investissements sur la sécurisation du réseau, fragile en raison d’un faible maillage, que sur la production d’énergie, toujours selon le document. Des investissements très importants vont être engagés pour stabiliser la distribution, en doublant notamment l’unique ligne haute tension de 90 volts qui alimente l’Ouest du territoire et la ville de Saint-Laurent-du-Maroni, régulièrement sujette aux coupures de courant.La mise en service de cette nouvelle ligne est prévue pour 2033. Deux postes sources seront également construits dans l’Ouest pour “sécuriser l’alimentation” dans cette partie de la Guyane.Au total, d’ici 2033, il est prévu en Guyane 5,716 milliards d’euros d’investissements et d’exploitation-maintenance, répartis entre les collectivités et les entreprises.Avec comme objectif pour ce département français en Amérique du Sud : être autonome en production d’énergie et faire en sorte que cette production soit à 100% assurée par des énergies renouvelables, contre 72% en 2023.

Le Canada change de Premier ministre en pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis

Le parti au pouvoir au Canada s’apprête dimanche à choisir un ancien banquier central, novice en politique, pour remplacer Justin Trudeau au poste de Premier ministre chargé de faire face aux menaces de Donald Trump. Mark Carney, 59 ans, est donné largement favori du scrutin qui se termine dimanche pour remplacer Justin Trudeau à la tête du parti libéral (centre gauche). Après près de dix ans au pouvoir, ce dernier avait annoncé sa démission en janvier en plein chaos politique.Environ 400.000 membres du parti libéral sont inscrits pour le vote, qui se termine à 15H00 (20H00 GMT) avec un résultat attendu en fin d’après-midi.Le vainqueur sera ensuite appelé à devenir Premier ministre. Mais il faudra probablement attendre quelques jours pour qu’une passation de pouvoir ait lieu entre les deux hommes, une fois le gouvernement formé.L’ancien directeur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre a largement devancé ses adversaires en termes de soutien au sein du pays et de fonds levés. Ces dernières semaines, une seule question a dominé les débats: qui est la bonne personne pour affronter Donald Trump et ses attaques? “Nous sommes confrontés à la crise la plus grave de notre vie… tout, dans ma vie, m’a préparé à ce moment”, a déclaré Mark Carney pour son dernier meeting vendredi.C’est ce message d’homme d’expérience habitué à gérer des crises, martelé tout au long de sa campagne, qui semble avoir porté ses fruits au moment où le pays est bouleversé par une crise historique avec son puissant voisin. Le président américain a lancé une guerre commerciale en imposant des droits de douane sur des produits canadiens et ne cesse de dire qu’il souhaite que le Canada devienne le “51e Etat américain”. Des attaques qui exaspèrent les Canadiens dont beaucoup renoncent à leur voyage au sud de la frontière et boycottent les produits américains.- Élections en vue -Pour cette journée d’élection qui marque la fin de la décennie Trudeau, Luciana Bordignon, membre du parti libéral, a fait le déplacement à Ottawa depuis Vancouver, dans l’ouest. “J’espère que nous allons avoir un bon chef”, glisse-t-elle à l’AFP, parlant d’un choix “important”. Dans la salle où seront annoncés les résultats, de grands drapeaux canadiens et partout du rouge, la couleur des libéraux canadiens.Luzminda Longkines veut un parti fort face aux conservateurs qui affirment que le “pays est cassé”. “Mais c’est faux et Donald Trump vient d’unir le pays, nous avons maintenant un ennemi commun.”Mark Carney séduit grâce à “son expérience économique et son sérieux”, explique Stéphanie Chouinard, professeure de sciences politiques au Collège militaire royal du Canada.”Il connaît très bien les systèmes financiers internationaux et les forces et les faiblesses de l’économie canadienne”, ajoute-t-elle.D’après les analystes, les chances sont donc très minces pour sa principale adversaire, Chrystia Freeland. L’ex-ministre des Finances de M. Trudeau a quitté le gouvernement avec fracas, affichant ses désaccords sur la façon de gérer Donald Trump.Mais quel que soit le vainqueur, tout en affrontant les assauts américains, il devra rapidement rassembler son parti en vue des prochaines élections.Celles-ci doivent se tenir au plus tard en octobre mais pourraient être déclenchées plus rapidement que cela et elles promettent d’être plus disputées qu’attendues.Très impopulaires et jugés responsables notamment de la forte inflation et de la crise du logement, les libéraux, qui affichaient plus de 20 points de retard en janvier dans les intentions de vote, sont aujourd’hui au coude-à-coude avec les conservateurs.Selon un sondage de l’institut Angus Reid publié mercredi, M. Carney est le choix préféré des Canadiens pour affronter M. Trump, avec 43% des personnes interrogées qui le plébiscitent contre 34% pour le chef de file des conservateurs, Pierre Poilievre.Ce dernier, qui avait le vent en poupe ces derniers mois, semble perdre du terrain dans ce nouveau contexte politique. “Sa rhétorique populiste”, qui rappelle celle de Donald Trump, dérange une partie des Canadiens, explique Daniel Béland, professeur de sciences politiques à l’Université McGill de Montréal.A l’inverse, l’expérience internationale de M. Carney et son côté calme, “presque ennuyeux”, est rassurant pour de nombreux Canadiens. 

Réduite à peau de chagrin, la construction navale américaine ragaillardie par Trump

Industriels et experts admettent que la construction navale a besoin d’un coup de fouet aux Etats-Unis, après des décennies d’attrition post-Guerre froide, et attendent désormais les détails du plan de Donald Trump pour “ressusciter” cette industrie.”C’est un moment historique”, s’est réjoui Matt Paxton, président du Shipbuilders Council of America (SCA), qui représente plus de 150 entreprises américaines de chantiers navals.L’annonce présidentielle mardi devant le Congrès s’inscrit dans un contexte favorable, avec le dépôt fin 2024 d’un projet de loi biparti pour revigorer l’industrie.”Nous construisions tellement de navires”, a déclaré Donald Trump, annonçant la création d’un Bureau de la construction navale rattaché à la Maison Blanche. “Mais nous allons en fabriquer très vite, très bientôt”, a-t-il poursuivi, promettant des “avantages fiscaux spéciaux”.Sans autre détail à ce stade.”Nous attendons d’en savoir davantage. La construction navale représente clairement une faiblesse industrielle des Etats-Unis”, relève à l’AFP Cynthia Cook, directrice au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS). Mais, ajoute-t-elle, “on ne peut pas régler immédiatement le problème en déversant de l’argent”.Selon le cabinet McKinsey, la production américaine a diminué de 85% depuis les années 1950 et le nombre de chantiers navals pouvant construire de grands navires a chuté de plus de 80%.- Miettes -Dans les années 1970, 5% des navires commerciaux fabriqués dans le monde (en tonnage brut) l’étaient aux Etats-Unis.Leur part n’est plus que d’environ 1%, une gouttelette face à la Chine (50%), à la Corée du Sud (26%) et au Japon (14%).”Nous avons besoin d’une solution pour combler ces écarts”, souligne Mme Cook, relevant que Séoul et Tokyo sont néanmoins des “alliés” des Etats-Unis.”Je reconnais totalement que la capacité des chantiers navals américains n’est plus ce qu’elle était”, déclarait en février Matt Paxton devant une commission parlementaire.”Notre marché a radicalement changé depuis la Seconde Guerre mondiale, lorsque les priorités des administrations, républicaines comme démocrates, ont taillé les programmes” de défense, relevait-il, identifiant un tournant après la chute de l’Union soviétique.La flotte de l’US Navy est passée, selon lui, de 471 navires en 1992 à 295 actuellement.D’après son plan 2025, elle souhaite 390 navires en 2054, ce qui signifierait l’achat de 364 nouveaux vaisseaux en incluant le désarmement des unités vétustes, selon le Bureau du Congrès pour le budget (CBO), qui a chiffré le coût annuel autour de 40 milliards de dollars.Pour M. Paxton, l’administration Trump devrait concevoir une “stratégie industrielle complète (…) pour avoir une vision holistique” de la situation et optimiser les contrats, puis réduire le poids administratif et réglementaire pour accélérer le processus.”Quasiment chaque gros programme (…) est en retard, hors budget ou irrémédiablement hors des clous”, constatait le sénateur républicain Roger Wicker, à l’audition fin février de John Phelan, désigné ministre de la Marine américaine.- Pénurie -Pour les industriels, les nombreux changements exigés par la Navy pendant la construction génèrent retards et dépassements budgétaires.Autre volet crucial: la pénurie de main-d’oeuvre, estimée autour de 20% pour des effectifs de plus de 100.000 personnes.La pandémie a entraîné, comme dans la construction aéronautique, une vague de départs en retraite, un creux dans la formation et des bifurcations de carrières.Et, avec un chômage au plus bas, les salaires sont moins compétitifs face à d’autres emplois moins “exigeants physiquement”.Ces entreprises produisent et entretiennent les navires gouvernementaux – US Navy, Garde-Côtes, armée de Terre, Administration océanique et atmosphérique nationale (NOAA) – ainsi que les quelque 40.000 navires commerciaux américains.Les navires à propulsion nucléaire sont entretenus par quatre infrastructures gouvernementales.La construction navale contribue, directement et indirectement, à plus de 40 milliards de dollars au Produit intérieur brut (PIB) américain.Elle est “robuste” et fabrique “beaucoup de navires, très sophistiqués”, mais principalement pour le marché domestique, a relevé M. Paxton, avançant que Donald Trump souhaitait probablement que les Etats-Unis retrouvent une place sur le marché international.Mais la concurrence y est vive car ce secteur reçoit moult subventions et avantages fiscaux, surtout en Chine, relèvent plusieurs sources.”Nous travaillons en collaboration avec le gouvernement pour augmenter la capacité industrielle et accélérer la production de nos chantiers navals pour répondre à la hausse générationnelle de la demande”, a commenté un porte-parole de Huntington Ingalls Industries (HII), groupe figurant dans le trio de tête des industriels américains.

Restaurants: les plateformes tentent de contrer le fléau des réservations non honorées par les clients

Une baisse de 20 à 30% des réservations non honorées par les clients tant redoutées des restaurateurs, c’est la promesse des plateformes type TheFork qui ont déployé ces derniers mois une série d’outils, utilisant notamment de l’intelligence artificielle.Le site de réservation TheFork, qui revendique 55.000 restaurants clients dans 12 pays, a dégainé fin 2024 une solution radicale : la suppression des comptes des clients affichant quatre réservations non honorées.Résultat : “des centaines de profils ont été désactivés et le phénomène de +no-show+ (réservations non honorées, ndlr) a baissé de 10% depuis la mise en place de cette mesure”, selon Damien Rodière, le directeur général.”Avant on utilisait la carotte maintenant c’est le bâton! C’est un phénomène qui concerne tous les marchés même si on constate qu’il y a moins de +no-show+ en Europe du Nord”, estime auprès de l’AFP le dirigeant de cette plateforme qui appartient à TripAdvisor.Si le phénomène des réservations non honorées, ou “lapins”, a toujours existé, il s’est nettement accéléré depuis le Covid, au point qu’en 2022 une centaine de restaurateurs se sont fendus d’une tribune dans des médias spécialisés.”Produits gâchés, cuisine perturbée, service parasité, organisation ébranlée, chiffre d’affaires impacté… Un +no show+, une réservation pour deux, quatre, huit ou vingt qui n’est pas honorée, et c’est tout un resto qui paie”, déplorait le texte.”Je resignerai aujourd’hui car rien n’a changé”, estime Billy Pham, co-fondateur de Bao Family, un groupe de restaurants chinois tendance à Paris et Marseille.”On veut pouvoir continuer à proposer l’option de la réservation aux consommateurs, le problème, c’est que malheureusement, il y en a qui continuent à ne pas jouer le jeu”, déplore l’entrepreneur.”On estime que 70% des restaurateurs font face à des +no-shows+ et que 10% des réservations sont en moyenne non honorées, ce qui représente jusqu’à 15% du chiffre d’affaires. Sur un secteur où les marges sont faibles, c’est extrêmement problématique”, résume Thomas Jeanjean, patron de Zenchef, un logiciel de gestion qui équipe 25.000 restaurants en France et dans le nord de l’Europe.Les motifs: un oubli la plupart du temps, un imprévu et, de plus en plus souvent, la multi-réservation.-CB et Prédictions -Pour les tête-en-l’air, les plateformes ont mis en place des rappels par mail et SMS, avec des possibilités très simples d’annulation, qui selon TheFork font baisser de 30% les “lapins”.”L’autre solution, c’est la liste d’attente, qui permet de remplir les tables même s’il y a des annulations”, indique Thomas Jeanjean.”On a également mis en place un outil qui permet de prédire les +no-shows+, on va dire au restaurateur : attention, cette personne a déjà fait plusieurs +no-shows+ dans votre restaurant ou bien, il y a un fort risque de +no-show+ car elle a trois réservations en parallèle le même soir”, détaille-t-il.Cet outil utilise l’intelligence artificielle, comme chez le concurrent TheFork :”on a développé un score qui prédit le risque de +no-show+. Si le client est à risque, on peut activer le rappel automatique et combiner différentes solutions comme demander l’empreinte de carte bleue”, explique Damien Rodière.Pour les plateformes, prendre l’empreinte de carte bleue avec possibilité de débiter le client qui n’honore pas sa réservation reste l’outil le plus efficace, mais les Français sont réticents.”On a essayé de mettre en place l’empreinte de carte bancaire mais on a constaté que ça représentait une baisse des réservations, car ce n’est pas rentré dans les mÅ“urs, surtout dans des établissements comme les nôtres où le ticket moyen est assez bas”, déplore Billy Pham.Pascal Mousset, qui gère plusieurs restaurants à Paris et est dirigeant syndical au GHR, l’un des principaux organismes patronaux du secteur, confirme : “les établissements haut de gamme peuvent l’exiger parce qu’ils sont pleins à l’année et c’est difficile d’avoir une table chez eux, mais il y a une grande réticence des clients. Moi, je la demande à partir de cinq clients”.”C’est vrai que les plateformes sont performantes mais elles ne disent pas assez le coût de ces outils pour les restaurateurs”, déplore-t-il, pointant une importante augmentation de leurs tarifs en 2025.

Le Nigeria veut profiter du cours élevé du cacao pour redynamiser sa production locale

Les prix élevés des matières premières suscitent un regain d’intérêt pour le secteur nigérian du cacao, en souffrance depuis longtemps, alors que les poids lourds traditionnels que sont le Ghana et la Côte d’Ivoire sont confrontés à des problèmes de production.Une récente injection de 40,5 millions de dollars dans l’entreprise agroalimentaire nigériane Johnvents par l’agence  de financement du développement du gouvernement britannique (BII) a fait les gros titres le mois dernier, tandis que plusieurs entreprises locales ont exprimé leur intention d’investir davantage ou augmenter leur production cette année, indique à l’AFP Patrick Adebola, directeur exécutif de l’Institut nigérian de recherche sur le cacao (Cocoa Research Institute of Nigeria).”Les gens qui veulent créer de nouvelles plantations et ceux qui veulent réhabiliter les anciennes” sont attentifs, relève M. Adebola, qui vit à Ibadan (sud-ouest) et estime que “les agriculteurs n’ont jamais eu autant de chance”.Le gouvernement a fixé un objectif de production ambitieux de 500.000 tonnes pour la saison 2024-2025, peu réaliste à si court terme selon M. Adebola, mais envisageable pour les années suivantes.Cela pourrait permettre au Nigeria, septième producteur mondial de cacao, de se rapprocher du Ghana, deuxième producteur actuel, qui lutte avec le premier producteur, la Côte d’Ivoire, contre des baisses de production liées aux intempéries et à des maladies affectant les cultures.Jusqu’à présent, le cacao nigérian a été largement épargné par les effets les plus néfastes du changement climatique.Selon les données les plus récentes de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Nigeria a produit 280.000 tonnes de cacao en 2023, loin derrière les 650.000 tonnes du Ghana.La Côte d’Ivoire est largement en tête avec plus de 2 millions de tonnes produites en 2023.La production de cacao au Nigeria a décliné depuis les années 1970 en raison des investissements dans le pétrole, qui se sont faits au détriment de l’agriculture. – Risques environnementauxLes cours mondiaux du cacao ont explosé l’année dernière, atteignant un pic de 12.500 dollars la tonne en décembre. En février dernier, les prix tournaient autour de 8.000 dollars, largement au-dessus des prix des années précédentes qui oscillaient entre 2.000 et 3.000 dollars.”Les individus se lancent dans la production de cacao à tous les niveaux… pour s’assurer de bénéficier des prix actuels”, a expliqué Adeola Adegoke, président de l’Association des producteurs de cacao du Nigeria, ajoutant que “le gouvernement tire parti de cette situation pour améliorer la qualité de l’agriculture”.La création en 2022 d’un Comité national de gestion du cacao est un signe de l’intérêt des autorités pour ce secteur longtemps non régulé, estime M. Adegoke.Mais l’expansion des cultures pourrait comporter des risques environnementaux.Les efforts de modernisation de l’agriculture ont favorisé les plantations de cacao en plein soleil et en monoculture plutôt que des méthodes agroforestières plus durables, a averti une étude récente publiée dans la revue Agroforestry Systems.Par ailleurs, une grande partie du cacao nigérian est cultivé par de petits exploitants qui n’ont pas les moyens d’investir pour augmenter leur production.Peter Okunde, agriculteur dans l’Etat d’Ogun (sud-ouest), a expliqué à l’AFP qu’il manquait à la fois de capitaux et de terres pour étendre sa plantation de cacao de quatre hectares.La terre “est le principal instrument dont les agriculteurs ont besoin… ainsi que l’argent pour la cultiver”, a souligné M. Okunde.Pour John Alamu, directeur général du groupe Johnvents, “le problème n’est pas la superficie des terres”.Notant que le Nigeria dispose de 1,4 million d’hectares consacrés à la production de cacao, soit plus que les 1,1 million d’hectares du Ghana, il a affirmé à la chaîne CNBC Africa qu’une approche plus globale était nécessaire.D’autres gouvernements ont soutenu les agriculteurs en “fournissant des plants, en formant aux bonnes pratiques agronomiques et en mettant l’accent sur l’agriculture durable”, a-t-il insisté.