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Les produits du monde entier visés par une surtaxe de 10% à l’entrée des Etats-Unis

Une grande partie des produits que les Etats-Unis importent du reste du monde sont visés depuis samedi par des droits de douane additionnels de 10% décidés par Donald Trump, une déflagration pour le commerce mondial qui doit s’amplifier dans les jours qui suivent.Ce plancher universel de 10%, dont certains produits sont exemptés, s’additionne aux taxes douanières qui existaient au préalable.Certains biens sont toutefois pour l’heure exemptés: pétrole, gaz, cuivre, or, argent, platine, palladium, bois de construction, semiconducteurs, produits pharmaceutiques, ou encore minéraux introuvables sur le sol américain. L’acier, l’aluminium et les voitures importés ne sont pas non plus concernés, mais ils sont déjà visés par un taux de 25% de taxes douanières.Et le Canada et le Mexique, soumis à un autre régime, paient déjà un nouveau tribut à la guerre commerciale initiée par le président américain Donald Trump.L’addition sera nettement plus lourde dès le 9 avril pour les pays qui exportent plus vers les Etats-Unis qu’ils n’importent de produits américains. +54% au total pour la Chine (visée en plusieurs temps), +20% pour l’Union européenne (UE), +46% pour le Vietnam, +24% pour le Japon…Cela représentera quelque 80 pays et territoires, en comptant les 27 pays du bloc européen, selon un document officiel publié vendredi par le gouvernement américain. Le Bangladesh a convoqué une réunion d’urgence samedi pour répondre aux craintes du secteur textile de son pays, deuxième plus grand fabricant de vêtements au monde qui  exporte 20% de ses produits  prêts à l’emploi aux Etats-Unis.La liste des plus taxés a été raccourcie: elle ne comprend plus les îles françaises de Saint-Pierre-et-Miquelon – que la Maison Blanche avait présentées comme étant visées par +50% de droits de douane -, ni les territoires australiens des îles Heard et McDonald, dans la région subantarctique, qui abritent seulement des colonies de manchots.Leur présence avait suscité un mélange de stupéfaction et de moqueries concernant la méthodologie de l’administration américaine.- Des milliers de milliards partis en fumée -L’ONU commerce et développement (Cnuced) s’est inquiétée vendredi de trouver toujours dans la liste les pays plus pauvres de la planète.L’organisation internationale a souligné que les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement n’étaient responsables, respectivement, que de 1,6% et 0,4% du déficit commercial américain.Ces pays, a-t-elle observé, “ne contribueront ni à rééquilibrer le déficit commercial ni à générer des recettes significatives”.L’annonce mercredi de Donald Trump, justifiée par l'”urgence nationale” de réduire le déficit américain, a foudroyé l’économie mondiale. Les barrières douanières promises seront aussi hautes, selon les économistes, que dans les années 1930 aux Etats-Unis, à une époque où les flux étaient éminemment plus faibles et les pays moins dépendants de la production des autres.Face à la riposte annoncée par Pékin (+34% sur les produits américains dès le 10 avril) et aux craintes d’une spirale négative pour l’économie mondiale, les marchés financiers se sont effondrés.En deux jours, la place américaine a vu s’envoler plus de 6.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, selon l’indice Dow Jones US Total Stock Market.”Sachez que je ne changerai jamais de politique. C’est un bon moment pour devenir riche, plus riche que jamais!”, a fanfaronné vendredi le président américain, sur sa plateforme Truth Social.Il a par ailleurs exhorté le président de la Réserve fédérale (Fed) à baisser les taux d’intérêt, estimant que c’était le moment “parfait” grâce aux progrès observés sur certains prix (pétrole, oeufs) depuis son retour au pouvoir en janvier.Quelques minutes plus tard, le président de l’institution monétaire a pourtant brossé un tableau plutôt sombre des perspectives pour l’économie américaine, avec les droits de douane: potentiellement plus d’inflation, moins de croissance et plus de chômage.

Une feuille de route pour financer le programme de Trump débattue au Sénat

Le Sénat américain vote samedi pour adopter une faramineuse résolution budgétaire, préambule à l’adoption de mesures-phares de Donald Trump, mais qui fait face à des dissensions dans le camp républicain et aux incertitudes sur l’avenir économique du pays.La chambre haute à majorité républicaine devrait adopter le texte dans la journée de samedi après une session marathon de vote toute la nuit, en raison des nombreux amendements ajoutés par les démocrates.La résolution n’est pas un budget en soi, mais une feuille de route sur les niveaux de dépenses à atteindre pour l’Etat fédéral.Une version similaire du texte devra ensuite être adoptée à la Chambre des représentants, et une fois cette étape franchie, les élus des deux chambres pourront entamer le travail de fond en commissions sur le contenu du budget lui-même.Mais le gouffre entre la résolution du Sénat et celle voulue par les responsables de la Chambre des représentants présage d’une impasse législative.Car si la première prévoit des coupes dans les dépenses publiques à hauteur de quatre milliards de dollars, la seconde approcherait plutôt les 1.500 milliards de dollars, dans le sillage du démantèlement de vastes pans de l’administration fédérale par Elon Musk et sa commission Doge.- Crédits d’impôt -Depuis son retour à la Maison Blanche fin janvier, Donald Trump a signé une kyrielle de décrets exécutifs. Mais pour concrétiser certains points de son programme, il devra passer par le Congrès.En haut de la liste de ses priorités: les vastes crédits d’impôts adoptés lors de son premier mandat, qui expirent à la fin de l’année et qu’il souhaite rendre permanents.”Echouer à prolonger cet allégement fiscal entraînerait une hausse de 2.600 milliards de dollars d’impôts sur ceux qui gagnent moins de 400.000 dollars par an”, a prévenu jeudi le chef de la majorité républicaine au Sénat, John Thune.Selon des analystes indépendants, cette pérennisation entraînerait cependant un surcoût pour les finances publiques de plus de 4.000 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années.Le Cato Institute, de tendance libertarienne, a qualifié la résolution dans son ensemble de “naufrage fiscal”.A cet onéreux volet de dépenses du budget, vient s’ajouter une incertitude sur le volet recettes: les droits de douane annoncés mercredi par Donald Trump sur le reste du monde ont plongé les places boursières dans le rouge et alimenté les craintes de récession pour la première économie mondiale.- “Poison” -De leur côté, les démocrates s’opposent en bloc au texte, qui selon eux prépare le terrain à d’importantes coupes dans des programmes publics comme Medicaid, l’assurance santé pour les Américains aux revenus modestes.”Le texte républicain aujourd’hui devant le Sénat est un poison”, a lancé depuis l’hémicycle vendredi le chef de la minorité démocrate, Chuck Schumer.L’opposition dénonce aussi la guerre commerciale entamée par le président.”Pendant que l’économie s’enflamme à cause des droits de douane irresponsables de Donald Trump, le texte que les républicains s’efforcent d’adopter est en substance un renflouement pour eux et les grandes entreprises”, a accusé le sénateur démocrate Ron Wyden lors d’une conférence de presse jeudi.L’impasse législative qui s’annonce pourrait cependant durer de nombreuses semaines, voire de nombreux mois, et retarder considérablement la mise en place du programme de Donald Trump. Et ce alors que la campagne pour les élections de mi-mandat pointe déjà le bout de son nez.

SNCF: un influent collectif de contrôleurs soutient la grève des 9 au 11 mai

Un collectif influent a rejoint samedi l’appel à la grève des contrôleurs de TGV lancé par le syndicat SUD-Rail pour les 9, 10 et 11 mai, en plein pont du 8-Mai, la direction se disant pour sa part “très confiante” de pouvoir faire rouler les trains.Le Collectif national ASCT (CNA), “va appuyer les dates de mobilisation prévues par SUD-Rail les 9, 10 et 11 mai 2025”, a annoncé samedi sur son site ce groupe informel de contrôleurs à l’initiative des grèves très suivies de Noël 2022 et de février 2024.Le dialogue social s’est tendu ces dernières semaines à la SNCF sous l’impulsion de SUD-Rail.Ce syndicat, troisième du groupe mais deuxième chez les contrôleurs, est le seul à ce jour à appeler à la grève.SUD-Rail critique notamment les changements de planning constants à la dernière minute. Il réclame, outre des plannings mieux anticipés, une augmentation de 100 euros par mois de la prime de travail des contrôleurs.Le syndicat a aussi appelé jeudi les conducteurs à se mettre en grève de leur côté le 7 mai.Du côté de la direction de SNCF, on se dit toutefois “très confiant” que les voyageurs auront leur train.”On a fait des avancées très concrètes (…) et ce dialogue social, je suis très confiant, va permettre à tous les Français de voyager en sérénité dans les prochaines semaines”, a déclaré samedi le PDG de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet, sur France Inter”On change un peu de contexte, on est maintenant en concurrence (…) et on ne peut vraiment pas se permettre une grève”, a-t-il ajouté.”Mes clients d’aujourd’hui iraient tout simplement chez mes concurrents. Et puis on a un petit risque: c’est qu’ils ne reviennent pas”, a mis en garde M. Fanichet.Il a aussi évoqué l’impact négatif d’une grève pour les investissements dans les rames ou dans le réseau mais aussi le risque de “moins de dividendes pour l’ensemble des cheminots”.”Aujourd’hui, dans le TGV, on fait de l’aménagement du territoire c’est-à-dire que les lignes bénéficiaires, le Paris-Marseille par exemple, paye des lignes déficitaires”, a défendu au passage le dirigeant, citant l’exemple de l’axe sur lequel Trenitalia se lance en juin.”On se sent vraiment seul aujourd’hui sur cet aménagement du territoire”, a-t-il ajouté, posant la question de la refonte de ce modèle dans le contexte concurrentiel.

Le Premier ministre indien Modi conclut des accords de défense et sur l’énergie avec le Sri Lanka

Le Premier ministre indien Narendra Modi a signé des accords de défense et sur l’énergie avec le Sri Lanka samedi, lors d’une visite sur l’île où la Chine étend son influence.M. Modi est le premier dirigeant étranger à se rendre au Sri Lanka depuis l’arrivée au pouvoir d’Anura Kumara Dissanayake, qui est lui le premier président de gauche du petit état insulaire.Les deux hommes ont conclu un accord de coopération en matière de défense sur cinq ans. Celui-ci doit permettre à des militaires srilankais de s’entraîner en Inde, en plus de prévoir des partages de renseignements et de technologies.”Nous croyons que nos intérêts sécuritaires sont alignés”, a réagi M. Modi depuis le bureau de M. Dissanayake à Colombo, au cours d’une cérémonie télévisée.”J’ai répété notre position au Premier ministre Modi, selon laquelle nous ne laisserons pas le territoire du Sri Lanka être utilisé par quiconque pour saper la sécurité de l’Inde”, a affirmé le président Dissanayake.New Delhi s’oppose notamment à ce que des navires de recherche chinois mouillent dans des ports du Sri Lanka, les accusant de se livrer à des activités d’espionnage militaire. Pékin a toujours démenti.L’Inde considère que le Sri Lanka tombe dans sa sphère d’influence géopolitique alors que la Chine, principal bailleur de fonds de l’île, y renforce sa présence.Pékin détenait plus de la moitié des 14 milliards de dollars (13 mds d’euros) de la dette publique bilatérale du Sri Lanka lorsque ce dernier a fait défaut en 2022, en pleine débâcle financière.Incapable de rembourser un prêt consenti par Pékin pour sa construction, le Sri Lanka a par ailleurs cédé en 2017 à la Chine son port de Hambantota (sud) pour 1,12 milliard de dollars (1 milliard d’euros), dans le cadre d’un bail de 99 ans.Samedi, MM. Modi et Dissanayake ont également lancé la construction d’une centrale solaire d’une capacité de 120 mégawatts.Le projet, à naître dans le district de Trinquemalay (nord-est), était à l’arrêt depuis plusieurs années, avant de redémarrer grâce à l’aide de New Delhi.Mais Pékin est lui aussi présent dans le secteur de l’énergie srilankais: Colombo a conclu en janvier un accord avec une entreprise publique chinoise qui investira 3,7 milliards de dollars dans une raffinerie de pétrole dans le sud de l’île, ce qui s’annonce comme l’investissement étranger le plus important de l’histoire du Sri Lanka.

Les marchés mondiaux dégringolent face au soufflet des droits de douane

Les marchés mondiaux ont succombé à l’affolement vendredi, les investisseurs laissant éclater leurs craintes quant à l’état de l’économie américaine en raison de la vaste offensive commerciale lancée par le président américain Donald Trump à laquelle a répondu la Chine.Après une séance chaotique jeudi, les Bourses mondiales ont continué de plonger vendredi après les annonces de Pékin imposant en réponse aux mesures américaines des droits de douane de 34% sur toutes les importations de biens américains à partir du 10 avril.A Wall Street, le Dow Jones a perdu 5,50%, l’indice Nasdaq a fondu de 5,82%, soit une chute de 22% depuis son record en décembre dernier, et l’indice élargi S&P 500 a lâché 5,97%, sa pire séance en Bourse depuis la crise du Covid-19 en 2020.En deux jours, la place américaine a laissé s’envoler plus de 6.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, selon l’indice Dow Jones US Total Stock Market.En Europe, la Bourse de Paris a dévissé de 4,26%, effaçant tous ses gains de l’année, peu après avoir perdu plus de 5%. Les Bourses de Francfort et Londres ont toutes deux chuté de 4,95% et Milan de 6,53%, leurs plus fortes chutes depuis le début de la pandémie de Covid-19 en mars 2020. La Bourse suisse a dégringolé de 5,14% et Madrid de 5,83%.”Il se peut que les marchés ne réagissent pas suffisamment, surtout si ces tarifs s’avèrent définitifs, compte tenu des répercussions potentielles sur la consommation et le commerce au niveau mondial”, juge Matt Burdett, de Thornburg Investment Management.Pour Steve Sosnick, d’Interactive Brokers, “les dernières fois que le sentiment du marché a changé de manière aussi brutale, c’était à cause d’évènements exogènes comme le Covid-19 et le 11-septembre”. “Cette fois, c’est strictement la politique” de l’administration Trump qui en est la raison, ajoute auprès de l’AFP l’analyste. Et “les mesures de rétorsion de la Chine annoncent le début d’une escalade” entre les deux géants économiques de la planète, souligne Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés à IG France. Tout “ce que le marché craint”.Le retour du spectre de la récessionLors d’un discours vendredi, Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine, a dit que les “conséquences économiques” des droits de douane allaient “probablement” être plus étendues qu’anticipé.M. Powell a cité “une plus forte inflation et une croissance ralentie”, mais aussi un “risque accru pour l’emploi”.”Il est trop tôt pour dire quelle est la politique monétaire appropriée”, a ajouté le patron de la Fed, une façon de dire qu’il n’entendait pas faire bouger les taux dans ce contexte, malgré les appels de Donald Trump, qui plaide pour un abaissement des taux.L’onde de choc provoquée par les annonces de droits de douane américaines a ravivé les craintes d’une possible “récession aux États-Unis et à plus grande échelle”, souligne Guillaume Chaloin, directeur de la gestion actions de Delubac AM.Les cours du pétrole, très sensibles aux évolutions de la consommation mondiale, ont été touchés de plein de fouet, évoluant à leur plus bas niveau depuis quatre ans. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, a perdu 6,50%, à 65,58 dollars, son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), a chuté de 7,41% à 61,99 dollars.A Londres, Shell a dévissé de 7,47% et BP de 7,43%. A Paris, TotalEnergies a abandonné 6,24%. A Milan, Eni a perdu 4,53%. Outre Atlantique, Exxon Mobil (-7,20%), Chevron (-8,22%), ConocoPhilips (-9,41%) ont dégringolé.Le marché obligataire recherchéFace au chaos commercial, les investisseurs se ruent vers toute valeur refuge qui leur permettrait de constituer une réserve de valeur, avec en premier lieu le marché de la dette, qui garantit un rendement aux investisseurs, et est aussi l’un des grands gagnants de la guerre commerciale.Les taux d’emprunt souverains se détendent très nettement, signe de l’appétit des investisseurs.Le taux auquel les États-Unis empruntent à échéance dix ans atteignait 3,99% vers 21H10 GMT contre 4,03% à la clôture jeudi. L’équivalent allemand passait de 2,65% à 2,57%, le français de 3,37% à 3,33%. 

Droits de douane: Wall Street dégringole de près de 6% à la clôture

La Bourse New York a chuté vendredi de près de 6%, pour la deuxième séance consécutive, les investisseurs laissant éclater leurs craintes quant à l’état de l’économie américaine en raison de la vaste offensive commerciale lancée par le président américain Donald Trump.Le Dow Jones a perdu 5,50%, l’indice Nasdaq a fondu de 5,82%, soit une chute de 22% depuis son record en décembre dernier, et l’indice élargi S&P 500 a lâché 5,97%, sa pire séance en Bourse depuis la crise du Covid-19 en 2020.En deux jours, la place américaine a laissé s’envoler plus de 6.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, selon l’indice Dow Jones US Total Stock Market.Jeudi, le Dow Jones avait perdu 3,98%, l’indice Nasdaq 5,97% et le S&P 500 chuté de 4,84%.”Il se peut que les marchés ne réagissent pas suffisamment, surtout si ces tarifs s’avèrent définitifs, compte tenu des répercussions potentielles sur la consommation et le commerce au niveau mondial”, juge Matt Burdett, de Thornburg Investment ManagementSigne de la nervosité des investisseurs, l’indice de volatilité Vix, surnommé indice de la peur, a atteint un plus haut en séance depuis la pandémie de Covid-19, à environ 45 points.Vendredi, “la première chose qui a vraiment mis les marchés dans une mauvaise posture a été la nouvelle de la riposte de la Chine” sur le sujet des droits de douane, souligne auprès de l’AFP Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.L’exécutif américain a menacé ses partenaires commerciaux de surtaxes encore plus lourdes en cas de riposte à ses nouveaux droits de douane, mis en place au nom de l'”urgence nationale” de réduire le déficit commercial de la première économie mondiale.Mais Pékin a annoncé vendredi imposer à son tour des droits de douane supplémentaires de 34% sur les produits américains dès le 10 avril, “en plus du taux des droits de douane actuellement applicables”.”Le deuxième élément principal” qui a lourdement lesté la place américaine sont les déclarations du président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell, selon Steve Sosnick.Le patron de l’institution monétaire américaine a dit lors d’un discours vendredi que les “conséquences économiques” des droits de douane allaient “probablement” être plus étendues qu’anticipé.M. Powell a cité “une plus forte inflation et une croissance ralentie”, mais aussi un “risque accru pour l’emploi”.”Il est trop tôt pour dire quelle est la politique monétaire appropriée”, a ajouté le patron de la Fed, une façon de dire qu’il n’entendait pas faire bouger les taux dans ce contexte.”Ce serait le moment PARFAIT pour que le président de la Fed Jerome Powell baisse les taux d’intérêt”, avait pourtant lancé quelques minutes plus tôt Donald Trump sur sa plateforme Truth Social.Ces inquiétudes ont éclipsé la publication, avant séance, du taux de chômage aux Etats-Unis. Celui-ci a légèrement progressé en mars aux Etats-Unis, pour le deuxième mois d’affilée, a annoncé vendredi le ministère du Travail, montant à 4,2%, après 4,1% en février et 4% en janvier.Les créations d’emplois ont été beaucoup plus importantes qu’anticipé: 228.000 contre 140.000 créations envisagées par les analystes.Dans ce contexte, le marché obligataire continuait à jouer son rôle de valeur refuge: le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est encore détendu à 3,99%, contre 4,03% à la clôture la veille. Conséquence de la détente des taux d’emprunts des Etats: “les valeurs financières se font attaquer”, remarque Guillaume Chaloin, directeur de la gestion actions de Delubac AM.  “Comme les valeurs bancaires reposent sur le prix de l’argent”, la baisse des taux d’emprunts long est “beaucoup moins favorable au business des banques et leurs marges”, poussant ainsi les valeurs bancaires dans le rouge, poursuit-il. JPMorgan Chase a perdu 7,48%, Bank of America 7,60%, Citigroup 7,80%.Ailleurs à la cote, les valeurs du secteur technologique, qui avaient tiré Wall Street ces dernières années, ont souffert: le pionnier des voitures électriques Tesla a lâché 10,42%, les géants des puces Intel et Nvidia ont respectivement perdu 11,50% et 7,36%, tandis que le groupe d’analyse de données Palantir a perdu 11,47%.

La hausse des droits de douane “frappe les vulnérables et les pauvres” dénonce l’ONU commerce et développement

La hausse des droits de douanes dans le monde, déclenchée le président américain Donald Trump, va “frapper les vulnérables et les pauvres” le plus durement, a dénoncé vendredi Rebeca Grynspan, secrétaire générale de l’ONU commerce et développement (CNUCED).”L’heure est à la coopération, et non à l’escalade”, a souligné Mme Grynspan, ajoutant que “les règles du commerce mondial doivent évoluer pour tenir compte des défis actuels, mais elles doivent le faire en plaçant la prévisibilité et le développement au cÅ“ur de leurs préoccupations, afin de protéger les plus vulnérables”.Sur près de 200 partenaires commerciaux des États-Unis, une dizaine génèrent à eux seuls près de 90% de leur déficit commercial, souligne la Cnuced dans un communiqué. Les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement – responsables de seulement 1,6% et 0,4%, respectivement, du déficit américain – sont pourtant eux aussi touchés par l’annonce par Donald Trump le 2 avril de droits de douanes, parfois très lourds, sur un très grand nombre de pays et sur la base d’un calcul qui laisse les économistes perplexes. Ces pays pauvres “ne contribueront ni à rééquilibrer le déficit commercial ni à générer des recettes significatives”, souligne la Cnuced.”De nombreuses économies à faible revenu sont désormais confrontées à une ‘tempête parfaite’ de conditions extérieures qui se détériorent, de niveaux d’endettement insoutenables et de ralentissement de la croissance intérieure”, ajoute l’agence onusienne.Plus généralement, elle met en garde contre les conséquences négatives pour l’économie mondiale.”Dans une économie mondiale à faible croissance et fortement endettée, la hausse des droits de douane risque d’affaiblir les investissements et les flux commerciaux, ajoutant de l’incertitude à un contexte déjà fragile”, poursuit le communiqué. “Cela pourrait éroder la confiance, ralentir l’investissement et menacer les acquis du développement, en particulier dans les économies les plus vulnérables”, ajoute la Cnuced.Vendredi, la Chine a choisi de riposter à l’offensive du président américain en  annonçant des droits de douane supplémentaires de 34% sur les produits américains dès le 10 avril, “en plus du taux des droits de douane actuellement applicables”.L’Union européenne n’a pas annoncé de mesures en représailles aux droits de douanes de 20% brandis par Donald Trump, mais a répété son engagement à mener des “négociations sérieuses”.Signe d’une grande fébrilité, les marchés financiers ont continué de s’enfoncer vendredi pour la deuxième journée consécutive partout dans le monde.

TikTok: Trump reporte encore l’échéance, ByteDance évoque des “questions clefs” à résoudre

Donald Trump a annoncé vendredi qu’il reportait de 75 jours supplémentaires la date limite fixée pour la vente du réseau social TikTok, la maison mère du réseau social, ByteDance, faisant état de “questions clefs” encore à résoudre.Le président américain avait déjà reporté une première fois, de 75 jours fin janvier, l’entrée en vigueur d’une loi votée en 2024 par le Congrès et qui impose à ByteDance d’en céder le contrôle sous peine d’interdiction aux Etats-Unis.Ce texte visait à empêcher que les autorités chinoises ne puissent mettre la main sur des données personnelles d’utilisateurs de TikTok aux Etats-Unis ou ne soient en mesure d’influencer l’opinion américaine via le puissant algorithme du réseau social.L’échéance est désormais déplacée au 19 juin.La cession de la filiale américaine de TikTok nécessite le feu vert de ByteDance mais aussi des autorités chinoises, qui n’ont, ni l’une, ni l’autre, validé jusqu’à présent l’idée même d’une vente.”Des questions clefs doivent encore être résolues”, a prévenu vendredi le groupe chinois, confirmant des discussions mais rappelant que toute transaction devrait être “approuvée en conformité avec la loi chinoise”.La tonalité de ces communications contraste avec l’assurance affichée par Donald Trump et son vice-président JD Vance, chargé du dossier à la Maison Blanche, qui avaient affirmé à plusieurs reprises ces derniers jours qu’un accord final serait trouvé avant la date limite du 5 avril.”Nous espérons poursuivre, dans un esprit constructif, notre travail avec la Chine qui, de ce que j’entends, n’est pas ravie des droits de douane réciproques” imposés au pays par Donald Trump, a écrit le chef de l’Etat dans un message posté sur son réseau Truth Social.Cette nouvelle taxe de 34% s’ajoute, dans le cas de la Chine, aux 20% déjà en vigueur, ce qui porte le total de droits supplémentaires à 54%.- “Monnaie d’échange” -La Chine a riposté et annoncé vendredi la mise en place d’une taxe de 34% sur les produits américains importés dès le 10 avril.”Le report (de la date limite) permet de maintenir TikTok en vie et d’accréditer l’idée que les droits de douane font leur effet” et incitent la Chine à une inflexion, a commenté Jeremy Goldman, analyste du cabinet Emarketer.”Trump peut continuer à utiliser TikTok comme une monnaie d’échange dans sa saga géopolitique avec la Chine”, a-t-il poursuivi.”Nous ne voulons pas que TikTok disparaisse”, a redit Donald Trump, qui après avoir tenté de forcer la cession de la plateforme en 2020, s’est posé, depuis la dernière campagne présidentielle américaine, en sauveur du réseau social aux 170 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis.”Nous sommes impatients de travailler avec TikTok et la Chine pour finaliser cette opération”, qui “nécessite davantage de travail pour s’assurer de la signature de tous les accords nécessaires”, a décrit l’ancien promoteur immobilier.Selon plusieurs médias américains, des discussions sont en cours, avec comme scénario central la scission de TikTok de sa maison mère.Les actionnaires de ByteDance se verraient alors confier des actions de cette nouvelle entité à concurrence de leur participation actuelle dans le géant chinois.Selon TikTok lui-même, environ 60% du capital de ByteDance est aux mains d’investisseurs non chinois, ce qui reviendrait à ce que la plateforme vidéo ne soit plus contrôlée majoritairement par une entreprise chinoise, principale exigence du Congrès.Si ce scénario l’emportait, il écarterait tout paiement et éviterait aussi l’entrée au capital d’un ou plusieurs prétendants qui se sont manifestés ces derniers mois pour racheter TikTok.Cette liste comprend notamment le “Project Liberty” de l’entrepreneur Frank McCourt, propriétaire de l’Olympique de Marseille, le YouTubeur MrBeast ou la startup d’intelligence artificielle (IA) générative Perplexity AI.Ces derniers jours, se sont aussi manifestés, selon des médias américains, Amazon et Walmart, qui avaient présenté, en 2020, une offre conjointe avec Microsoft pour racheter TikTok, proposition restée lettre morte.Quelques acteurs américains, notamment le spécialiste de l’informatique à distance (cloud) Oracle, qui héberge déjà les serveurs de TikTok aux Etats-Unis, ou la société d’investissement Blackstone, pourraient prendre une participation minoritaire, selon des médias américains.Mais l’enjeu est tout autant financier que technologique avec, au centre du dossier, le fameux algorithme de recommandation de TikTok, qui explique la popularité de l’application.Or, c’est bien au contrôle de ce programme par une entité chinoise que voulait mettre fin le Congrès.Le New York Times a suggéré que la nouvelle entité pourrait obtenir une licence auprès de ByteDance pour l’exploiter.

Deuxième journée de très forte baisse du pétrole, face aux attaques douanières

Les cours du pétrole ont terminé en très forte baisse pour la deuxième journée consécutive, tombant vendredi à leur plus bas niveau depuis 2021, les opérateurs s’inquiétant de l’impact sur l’économie mondiale de la guerre commerciale lancée par Washington.”Il existe une forte corrélation entre la croissance du PIB mondial et la demande de pétrole”, relève Rob Thummel, de Tortoise Capital. Or “les tensions douanières actuelles créent des incertitudes quant aux perspectives de croissance économique mondiale”, ajoute l’analyste.Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en juin, a perdu 6,50%, à 65,58 dollars, à son plus bas depuis août 2021.Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en mai, a chuté de 7,41% à 61,99 dollars, à son niveau le plus faible depuis avril 2021.Jeudi, le Brent avait déjà perdu 6,42% et le WTI 6,64%.La Chine, premier importateur de pétrole mondial, a annoncé vendredi imposer à son tour des droits de douane supplémentaires de 34% sur les produits américains dès le 10 avril, “en plus du taux des droits de douane actuellement applicables”.Cette riposte fait suite à l’imposition, par la Maison Blanche, de droits de douane massifs sur l’ensemble de ses partenaires commerciaux. Ces nouvelles surtaxes sont particulièrement punitives pour la Chine, qui verra ainsi au total les taxes sur ses produits atteindre 54%.Pour Donald Trump, l’annonce chinoise traduit la “panique” de Pékin. L’exécutif américain avait prévenu les partenaires commerciaux des Etats-Unis de ne pas riposter à ses droits de douane, au risque de subir des surtaxes additionnelles sur leurs produits.Les craintes entourant les conséquences pour l’économie mondiale de cette guerre commerciale de grande ampleur “combinées à l’augmentation de l’offre de brut de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) augmentent le risque d’une surabondance de l’offre sur le marché mondial du pétrole”, souligne Rob Thummel.L’Opep+ va “mettre en Å“uvre un ajustement de la production de 411.000 barils par jour” en mai 2025, selon un communiqué paru jeudi. Une décision qui continue de surprendre les marchés vendredi et à faire chuter les cours.Le marché anticipait plutôt “une hausse de 135.000 barils par jour en mai, conforme au calendrier” de retour progressif sur 18 mois de 2,2 millions de barils quotidiens retenus par huit membres de l’Opep+, souligne Mukesh Sahdev, analyste chez Rystad Energy.

Droits de douane: comment l’UE peut répliquer à Trump ?

Taxation des produits américains, comme les motos Harley-Davidson, ciblage des champions des services comme Google ou Meta, exclusion des appels d’offre… L’UE dispose d’une vaste palette pour riposter aux droits de douane de Donald Trump.- Å’il pour Å“il – Mi-mars, l’Union européenne a choisi de montrer les muscles dès l’entrée en vigueur des droits de douane américains de 25% sur l’acier et l’aluminium. Ces mesures touchent 26 milliards d’euros d’exportations européennes. L’UE a listé des biens américains, pour le même montant, qui seront taxés à partir de mi-avril.Sont visées des marques emblématiques comme Harley-Davidson, des denrées agricoles comme le soja ou la viande, mais aussi des appareils ménagers comme les réfrigérateurs ou les tondeuses à gazon. Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a déclaré vendredi à ses homologues américains que les nouveaux droits de douane de 20% imposés par le président Donald Trump à l’Union européenne étaient “injustifiés”, tout en réitérant l’engagement de l’UE à mener des “négociations sérieuses”. Après un échange “franc” de deux heures avec le secrétaire américain au Commerce Howard Lutnick et le représentant de la Maison-Blanche au Commerce Jamieson Greer, M. Sefcovic a déclaré sur X: “J’ai été clair: les droits de douane américains sont préjudiciables et injustifiés. Les relations commerciales (entre l’UE et les États-Unis, NDLR) ont besoin d’une nouvelle approche. L’UE s’est engagée à mener des négociations sérieuses, mais elle est également prête à défendre ses intérêts.” La Commission prépare une nouvelle série de contre-mesures en réponse aux nouveaux droits de douanes américains de 20% annoncés cette semaine pour l’UE par le président Trump.”Nous essayons d’être intelligents et de frapper là où ça fait mal”, explique un fonctionnaire européen, reconnaissant cibler par exemple des produits provenant d’Etats républicains comme la Louisiane, la Géorgie, le Nebraska ou l’Arkansas.Les Européens estiment que Washington se tire une balle dans le pied, en alimentant une flambée des prix qui fera mal aux consommateurs américains. “Les Etats-Unis imposent des droits de douane sur tout et tout le monde, y compris sur les bananes et le café qu’ils ne produisent pas. Ce n’est pas très intelligent”, souligne le fonctionnaire européen. “Nous aimons le soja, mais nous pouvons l’obtenir au Brésil. Nous n’avons pas besoin de le faire venir des Etats-Unis. Nous aimons les Harley Davidson, mais nous pouvons aussi acheter des Yamaha. Il existe des alternatives et nous ne nous faisons pas mal”, précise-t-il.- Cibler les champions des services -Les Vingt-Sept envisagent “d’attaquer les services numériques” américains, a affirmé jeudi la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, en précisant qu’il pourrait s’agir de taxer des services numériques qui aujourd’hui ne le sont pas.Les États-Unis affichaient avec l’UE un excédent de 109 milliards d’euros dans les services. Ils sont dominants dans la finance (banques, marchés boursiers, cartes de paiement…) et le numérique avec Microsoft, Amazon, Google ou Meta.”S’ils s’en prennent à notre excédent de biens, nous nous intéresserons à leur excédent dans les services”, a prévenu un fonctionnaire de l’UE.”On est en train d’en parler, et dans ces cas-là, il faut que la riposte soit rendue publique au moment où elle est complète”, a expliqué le ministre français des Finances, Eric Lombard, sur BFMTV/RMC vendredi. “C’est un signal qui a été adressé à nos amis américains. Mais on travaille sur un paquet de ripostes qui peut aller tout à fait au-delà des droits de douane”, a-t-il ajouté.- Au-delà des taxes -“On a des outils de réglementation sur des éléments que je ne veux pas détailler”, a indiqué M. Lombard. “Les normes, les échanges de données, des outils fiscaux”… Des mesures peuvent toucher des entreprises alors qu’elles “n’ont pas d’impact sur le coût des produits en Europe”, a-t-il insisté.L’UE s’est par ailleurs dotée en 2023 d’un instrument européen commun qui vise à punir tout pays utilisant des armes économiques pour faire pression sur elle. Ce nouvel instrument, dit “anticoercition”, a été pensé comme un outil de dissuasion, à activer après épuisement des voies diplomatiques.Il autorise différents types de représailles: gel de l’accès aux marchés publics, blocage d’autorisations de mise sur le marché de certains produits, blocage d’investissements… La riposte à M. Trump pourrait concerner “l’accès à nos marchés publics”, a d’ailleurs affirmé Mme Primas.- Calme et unité -L’avantage de l’outil anticoercition est qu’il permet à l’Europe de riposter sans obtenir un soutien unanime des Etats membres, car il confie plus de pouvoir à la Commission.”Nous sommes prêts à mettre en Å“uvre des contre-mesures fermes, percutantes mais proportionnées”, a averti jeudi soir le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic. Forte de son immense marché intérieur de 450 millions de consommateurs, l’UE se montre sereine.Jusqu’à présent, les Vingt-Sept n’ont montré aucun signe de division, malgré leurs intérêts nationaux divergents. “L’Europe a tout ce qu’il faut pour traverser cette tempête. Si vous vous en prenez à l’un d’entre nous, vous vous en prenez à nous tous. C’est pourquoi nous resterons unis”, a affirmé la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.