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Soupçons d’abus de biens sociaux: l’homme d’affaires Michel Ohayon et d’ex-subordonnés en garde à vue

Des mouvements de fonds suspects alimentant des interrogations sur ses faillites en cascade d’enseignes commerciales prestigieuses: Michel Ohayon et au moins quatre ex-subordonnés sont en garde à vue mercredi à Paris dans une information judiciaire sur des soupçons d’abus de bien social et de banqueroute.L’homme d’affaires bordelais avait bâti un empire commercial, fragilisé dès septembre 2022 par la liquidation, à Lille, de Camaïeu (2.600 salariés).Il avait dû céder Gap France et Go Sport, placées en redressement judiciaire peu après. Sa holding, la Financière immobilière bordelaise (FIB), était dès 2023 en cessation de paiements, avec 500 millions d’euros de passif.Une source proche du dossier a indiqué à l’AFP qu’outre Michel Ohayon, sont en garde à vue Wilhelm Hubner, ex-dirigeant de la filiale distribution, Hermione People & Brands (HPB) ; Samuel Alimi, ex-vice-président de cette filiale ; Charles-David Ohayon, fils de Michel et ex-dirigeant de certaines filiales, et enfin Jonathan Szejner, qui avait succédé à M. Hubner.L’avocat de Michel Ohayon, Me Olivier Pardo, n’a pas souhaité commenter et a indiqué “réserver toute action en justice en raison des fuites dans la presse”.Sollicité, l’avocat de Wilhelm Hubner n’a pas répondu à l’AFP, tandis que celle de Samuel Alimi n’a pas souhaité commenter.Le parquet de Paris et de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) a “confirmé que des personnes sont entendues en garde à vue ce mercredi, sur commission rogatoire” de la juge d’instruction chargée de l’information judiciaire ouverte le 19 avril 2023 pour abus de biens sociaux, banqueroute, escroquerie aggravée, blanchiment en bande organisée.Les parquets de Lille, Grenoble et Bordeaux s’étaient dessaisis au profit de la Junalco des signalements, notamment en provenance de commissaires au compte, et plaintes reçus à la fin de 2022 et début 2023 sur des soupçons de détournements commis au préjudice des enseignes de Gap, Camaïeu, Go Sport et Campus Academy.Selon une source proche du dossier, les soupçons d’abus de biens sociaux et de banqueroute sont au coeur de l’enquête des juges d’instruction parisiens, avec en toile de fond la question de savoir si ces faits ont permis un enrichissement illicite de Michel Ohayon.Plus de 300 ex-salariés de Camaïeu ont assigné il y a quelques semaines quatre sociétés de la galaxie Ohayon, dont la FIB et HPB, dans le cadre d’une action en responsabilité civile.L’assignation, qu’a pu consulter l’AFP, dénonce “le financement de prestations ou de missions en tout genre octroyé à d’autres sociétés du groupe, en rien justifié” et qui “a clairement servi à favoriser d’autres sociétés du groupe, au détriment de (Camaïeu)”, entraînant sa faillite.Dans le cadre de l’information judiciaire, des perquisitions ont été menées en février 2024, notamment aux bureaux et au domicile parisien de Michel Ohayon, avaient indiqué des sources proches du dossier.A Grenoble, l’une des enquêtes initiales concernait un possible abus de bien social au préjudice de Go Sport, et avait pour origine un signalement des commissaires aux comptes.Libération avait indiqué que les enquêteurs s’intéressaient à deux “ponctions” suspectes sur la trésorerie de Go Sport, totalisant plus de 50 millions d’euros, alors que l’entreprise avait bénéficié de deux prêts garantis par l’Etat, d’un montant de 55 millions d’euros, pour l’aider à surmonter ses difficultés au moment de la crise Covid.- Accumulation d’ennuis -Ces dernières années, les ennuis s’accumulent pour Michel Ohayon. La FIB a été placée en février 2023 en redressement judiciaire, à sa demande, par le tribunal de commerce de Bordeaux.C’est avec cette société que ce fils de marchand de tissus, arrivé en Gironde enfant depuis le Maroc, a bâti un vaste empire commercial et immobilier à partir des années 1980.Outre Camaïeu, Gap France et Go Sport, son royaume a aussi pu comprendre, entre autres, l’enseigne de jouets La Grande Récré (repris par le concurrent JouéClub), les cafés Legal (cédés et en liquidation judiciaire) et plusieurs palaces. Les trois filiales de la FIB propriétaires de ces établissements avaient été placées en redressement début 2023, assignées devant le tribunal de commerce de Bordeaux par leur principal créancier, Bank of China, faute d’avoir remboursé plus de 200 millions d’euros d’emprunts.Elles ont été sorties du redressement judiciaire en mars 2024.Le même mois, le tribunal de commerce de Bordeaux a homologué le plan de sauvegarde présenté par M. Ohayon pour la vingtaine de magasins Galerie Lafayette qu’il détient en province.gd-mk-jpa-kau/mat/vmt

Wall Street ouvre en nette baisse avant les droits de douane

La Bourse de New York a ouvert en baisse mercredi, nerveuse en ce “jour de la libération” lors duquel Donald Trump est censé inaugurer de nouveaux droits de douane américains qui pourraient faire chavirer l’économie mondiale.Dans les premiers échanges, le Dow Jones reculait de 0,80%, l’indice Nasdaq perdait 1,43% et l’indice élargi S&P 500 lâchait 1,06%.

“Le jour de la libération”: Trump prêt à lancer une bataille commerciale mondiale

Donald Trump doit lancer mercredi la mère de toutes les batailles commerciales avec de nouveaux droits de douane censés inaugurer un “âge d’or” de l’Amérique mais qui pourraient faire chavirer l’économie mondiale.”C’est le jour de la libération en Amérique”, a lancé le président américain mercredi sur son réseau Truth Social, en faisant référence à son projet promis pendant sa campagne électorale, dont la teneur autant que l’ampleur restent mystérieuses.Les nouvelles taxes doivent être détaillées mercredi à 16H00 heure locale (20H00 GMT) à la Maison Blanche. Juste après la fermeture de la Bourse de New York, qui a déjà commencé à tanguer comme d’autres places à travers le monde.Mercredi, les marchés boursiers mondiaux retenaient d’ailleurs leur souffle avant les annonces du président américain. A la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a clôturé en petite hausse de 0,28%. La Bourse de Séoul a, elle, lâché 0,62%.L’exécutif américain n’a pas commenté les diverses options circulant dans la presse ces derniers jours. Les Etats-Unis imposeront-ils une taxe unique de 20% sur toutes les importations? Des droits de douane taillés sur mesure selon les pays d’où proviennent les marchandises?Ou opteront-ils pour un prélèvement plus modéré concentré sur un groupe restreint d’Etats, hypothèse révélée par le Wall Street Journal?L’impact sur l’économie mondiale pourrait dans tous les cas être phénoménal. En 2024, les importations des Etats-Unis ont atteint quelque 3.300 milliards de dollars, un montant supérieur au Produit intérieur brut annuel de la France.”Ca ne sera pas bon pour l’économie mondiale, ça ne sera pas bon pour ceux qui imposent des droits de douane ni pour ceux qui ripostent. Cela va perturber le monde du commerce tel que nous le connaissons”, a souligné la dirigeante de la Banque centrale européenne Christine Lagarde, sur la radio irlandaise Newstalk, mercredi.- “Très gentil” -Le président républicain de 78 ans a semé le doute en assurant lundi qu’il serait “très gentil” avec les partenaires commerciaux des Etats-Unis. Lesquels tentent de se préparer en mêlant discours de fermeté, ouverture au dialogue et gestes d’apaisement.Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney a ainsi dit que son pays serait “très réfléchi” quand il s’agira de répliquer aux “mesures injustifiées du gouvernement américain”.Le Premier ministre britannique Keir Starmer a, lui, affirmé mercredi que Londres se tenait préparé “à adopter une approche sereine et pragmatique”.”Nos décisions seront toujours guidées par notre intérêt national, et c’est pourquoi nous nous sommes préparés à toutes les éventualités et n’exclurons aucune éventualité”, a-t-il fait valoir devant les députés.De son côté, l’Union européenne ripostera aux nouveaux droits de douane “avant la fin du mois d’avril”, a indiqué au même moment la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas, évoquant deux vagues de réponses de la part de l’UE dans les prochaines semaines.Certains espèrent un traitement indulgent, comme le Vietnam qui a annoncé réduire ses droits de douane sur une série de biens.D’autres grands exportateurs tentent de forger des alliances afin de peser face à Washington. Pékin, Tokyo et Séoul veulent par exemple “accélérer” leurs négociations en vue d’un accord de libre-échange. – Baguette magique -Politiquement, le président américain ne peut se permettre une reculade complète. Le milliardaire a en effet vendu les droits de douane – en anglais “tariffs”, “le plus beau mot du dictionnaire” selon lui – comme une baguette magique capable de réindustrialiser l’Amérique, de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire.Fasciné par le protectionnisme en vigueur aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle et au début du XXème, Donald Trump, élu sur une promesse de faire baisser le coût de la vie, a jusqu’ici balayé les risques d’inflation et de déroute boursière pointés du doigt par des économistes.Depuis son retour à la Maison Blanche, le républicain a déjà augmenté les droits de douane sur les produits venant de Chine, sur une partie des marchandises en provenance des voisins mexicain et canadien, de même que sur tout l’acier et l’aluminium entrant aux Etats-Unis.Dès mardi, le gouvernement mexicain a abaissé sa prévision de croissance pour 2025, invoquant les incertitudes liées aux “tensions commerciales” avec son principal partenaire économique. Le PIB mexicain est attendu dans une fourchette de 1,5% à 2,3%, contre 2% à 3% précédemment.Jeudi, à 04H01 GMT, Washington prévoit également d’imposer 25% de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l’étranger, ainsi que les pièces détachées.

Au Nigeria, le président remplace les dirigeants de la compagnie pétrolière nationale

Le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, a limogé l’ensemble des dirigeants de la compagnie pétrolière nationale, la NNPC, a annoncé l’un de ses porte-parole mercredi, alors que le pays, premier producteur de pétrole du continent africain, fait face à une baisse de sa production de brut depuis plusieurs années.Mele Kyari, directeur général de la Nigerian National Petroleum Company (NNPC) Limited, ainsi que le président de la société, Pius Akinyelure, un proche allié de M. Tinubu, ont été remerciés. M. Kyari a été immédiatement remplacé par Bayo Ojulari, ancien directeur général de la filiale nigériane du géant pétrolier et gazier britannique Shell.”La restructuration du conseil d’administration (de la NNPC, NDLR) est cruciale pour améliorer l’efficacité opérationnelle, rétablir la confiance des investisseurs, stimuler le contenu local, favoriser la croissance économique et faire progresser la commercialisation et la diversification du gaz”, a déclaré mercredi le conseiller en communication de M. Tinubu, Bayo Onanuga.La NNPC fait l’objet depuis longtemps d’allégations de corruption, d’ingérence politique et de mauvaise gestion.La production de pétrole nigériane a baissé ces dernières années, tombant en 2023 à moins d’un million de barils par jour, loin des 2 millions souhaités par le gouvernement d’ici 2027. La compagnie pétrolière d’État est censée contribuer à hauteur d’au moins 10% de la production quotidienne du pays d’ici 2027. “Le président Tinubu s’attend à ce que le nouveau conseil d’administration fasse passer la part de la NNPC dans la production de pétrole brut à 200.000 barils (par jour, NDLR) d’ici 2027 et à 500.000 barils (par jour) d’ici 2030”, a précisé M. Onanuga.Une source au sein de la présidence a indiqué à l’AFP, sous requête d’anonymat, que M. Tinubu était préoccupé par la “crise de confiance” entre la compagnie nationale et les acteurs privés du secteur pétrolier. Mais une autre source proche de la présidence a insisté sur le fait que ces remplacements à la tête de la compagnie ne constituaient pas une sanction contre l’ancien conseil d’administration. Le chef de l’Etat “veut ouvrir un nouveau chapitre de la vie de l’entreprise”, a ajouté cette source.- Limogeages “attendus” -Selon l’économiste Kelvin Emmanuel, ces limogeages étaient “attendus depuis longtemps”, car le géant pétrolier a “largement sous-performé” sous la direction du conseil d’administration sortant.En août, la NNPC avait publié un bénéfice annuel record de 3.300 milliards de nairas (environ 2 milliards de dollars) pour 2023, mais elle avait signalé quelques semaines plus tard que “les difficultés financières avaient exercé une pression considérable sur l’entreprise”.  “L’échec de NNPC a une incidence directe sur les difficultés économiques du Nigeria”, a souligné M. Emmanuel.A son arrivée au pouvoir en mai 2023, le président Tinubu a engagé des réformes structurelles – telles que la fin des subventions sur l’essence et la libéralisation de la monnaie nationale – afin d’attirer les investissements étrangers.Mais les effets immédiats ont été une inflation au-dessus de 30% en 2024 et un effondrement du naira, plongeant le pays dans sa pire crise économique depuis trois décennies.”Cette décision soudaine, le moment choisi pour l’annonce… pourraient effrayer un peu les investisseurs”, a estimé auprès de l’AFP Ikemesit Effiong, du cabinet de conseil en risques SBM Intelligence, basé à Lagos, la capitale économique du Nigeria.- Divisions politico-ethniques -M. Ojulari, tout nouveau directeur général de la NNPC, a récemment dirigé le consortium Renaissance composé de Petrolin, de l’homme d’affaires béninois-gabonais Samuel Dossou-Aworet ainsi que de quatre compagnies pétrolières nigérianes, pour acquérir les actifs onshore de Shell au Nigeria.Même s’ils ne sont pas originaires de la même région du Nigeria, MM. Tinubu et Ojulari sont tous deux des musulmans de l’ethnie yoruba. La nomination de M. Ojulari pourrait provoquer une réaction de l’opposition, qui a déjà accusé le président Tinubu de poursuivre un programme ethnique en vue de renforcer ses chances de réélection.Le Nigeria est divisé en deux parties: le sud, à majorité chrétienne, et le nord, à majorité musulmane.  Selon M. Effiong, la nomination de M. Ojulari “va provoquer des réactions, en particulier de la part des politiciens du nord” principalement issus de l’ethnie haoussa.

Mort de Jean-Yves Haberer, qui a mené le Crédit Lyonnais à la quasi-faillite

Un parcours académique et professionnel brillant, jusqu’à la chute: Jean-Yves Haberer, mort lundi à 92 ans, a été un grand commis de l’Etat avant de prendre les rênes du Crédit Lyonnais à la fin des années 1980 et de le mener à la quasi-faillite.Patron du Crédit Lyonnais de 1988 à 1993, Jean-Yves Haberer a lancé le groupe –public, à l’époque– dans une politique de forte expansion européenne, avec des conséquences funestes.Il avait été condamné en février 2005 à 18 mois d’emprisonnement avec sursis pour présentation de comptes inexacts, diffusion de fausses informations, destinées à dissimuler l’ampleur abyssale du déficit de l’établissement.Son décès a été annoncé par la famille dans le carnet du Figaro de mercrediNé le 17 décembre 1932 à Mazagan (El Jadida) au Maroc, Jean-Yves Haberer affiche un parcours académique et professionnel sans faute: Sciences Po Paris, ENA (dans la promotion de Jacques Chirac), puis Inspection des Finances. Il côtoie la politique, comme directeur de cabinet de Michel Debré, successivement ministre de l’Economie et des Finances, des Affaires étrangères et de la Défense, entre 1966 et 1969. En 1978, il accède à la tête du sanctuaire de l’administration des finances, le Trésor.Jean-Yves Haberer quitte les arcanes des cabinets ministériels et du Trésor pour un nouveau monde: celui de la banque d’affaires. Nommé président de Paribas en 1982, sur proposition du ministre de l’Economie de l’époque, Jacques Delors, il garde cette fonction quatre ans. En 1986, avec le retour de la droite au gouvernement et la privatisation de Paribas, M. Haberer est “remercié”.En 1988, le retour des socialistes aux affaires sera aussi celui de Jean-Yves Haberer, nommé président du Crédit Lyonnais par le nouveau ministre de l’Economie Pierre Bérégovoy.- “Crazy Lyonnais” -Jean-Yves Haberer lance alors le Crédit Lyonnais dans une politique de forte expansion. Son objectif: réaliser une banque à “l’allemande”, sur le modèle de la Deutsche Bank, en multipliant les prises de participation au capital des entreprises clientes pour faciliter leur développement.Entre 1988 et 1993, le Crédit Lyonnais multiplie ses participations par cinq. Dans le secteur public, il entre notamment au capital de Framatome, Usinor-Sacilor, Rhône-Poulenc, l’Aérospatiale. Certains dénoncent alors “le bras financier de Bercy”, “la banque à qui le pouvoir dit de dire oui” (allusion au slogan publicitaire de la banque à l’époque: “le pouvoir de dire oui”).Dans le privé, il soutient Bolloré, Lyonnaise de Eaux-Dumez, Bouygues, le Club Méditerranée, Hachette, Thomson-CSF-Finance, Pinault etc. Mais la situation économique se dégrade et des opérations en France comme à l’étranger creusent les comptes de la banque: Pelège, Adidas, Maxwell, Olympia and York, Fiorini etc.Surnommée par les Américains “Crazy Lyonnais”, la banque se retrouve empêtrée dans le marasme immobilier –elle est beaucoup plus engagée que les autres sur ce secteur– tout en devant faire face aux conséquences des erreurs de sa filiale néerlandaise, devenue propriétaire de la Metro Goldwyn Mayer (MGM).En 1993, le Crédit lyonnais est l’une des trois grandes banques françaises mais est en quasi-faillite. M. Haberer cède son poste et part au Crédit national, qu’il doit quitter cinq mois plus tard, sa réputation ternie par les déboires du Crédit Lyonnais.Après deux plans de sauvetage, la création d’une structure de défaisance (baptisée CDR, qui regroupe les actifs en difficulté), des ennuis judiciaires aux Etats-Unis ou avec Bernard Tapie, des recapitalisations, le Lyonnais est privatisé en 1999 puis vendu au Crédit agricole en 2003.En 2005, le Crédit Lyonnais, devenu un simple réseau de détail, change son nom en LCL. Au final, ses déboires auront coûté plus de 8 milliards d’euros, à la charge du contribuable.Après son départ, Jean-Yves Haberer avait reconnu des “erreurs”, tout en se qualifiant de “bouc émissaire”, soumis à des “persécutions politiques et médiatiques”.fmp/jbo/rhl

Avenir industriel de Fos: ouverture d’un débat public global, une première en France

Comment concilier développement économique, décarbonation et préservation du cadre de vie ? La Commission nationale du débat public (CNDP) donne mercredi le coup d’envoi de trois mois de discussions sur l’avenir de la région de Fos-Berre, deuxième zone industrielle la plus polluante de France située à 50 km de Marseille.Réunions publiques, débats mobiles, ateliers, ciné-débats, webinaires: inauguré mercredi soir à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), épicentre de la zone industrialo-portuaire choisie par l’Etat pour devenir, avec Dunkerque (Nord), une des premières “zones industrielles bas carbone” de France, ce débat global inédit se poursuivra jusqu’au 13 juillet.Pas moins de 17 rencontres sont déjà prévues dans 13 villes des Bouches-du-Rhône, du Gard et des Alpes-de-Haute-Provence. Selon la CNDP, une quarantaine de projets industriels (hydrogène, acier, chimie…) ou d’infrastructures (électricité, transport, logistique…) devraient contribuer à la transition de ce territoire, situé notamment sur les emprises du Grand Port de Marseille et qui produit un quart des émissions industrielles de CO2 en France.Au total, près de 20 milliards d’euros d’investissements potentiels sont attendus, avec à la clé la promesse de 10.000 emplois directs.”C’est inédit, c’est la première fois qu’est organisé en France un débat d’une telle ampleur, géographique mais aussi thématique”, a souligné le préfet des Bouches-du-Rhône, Georges-François Leclerc.Les échanges seront organisés autour d’ateliers “filières” (industrie verte, acier, projets portuaires, aéronautiques, logistiques…) et de rencontres territoriales ou thématiques allant de la “transition industrielle et décarbonation” aux “risques naturels et technologiques”, en passant par le “financement et la gouvernance”, l'”énergie et l’électricité”, la “mobilité et les transports”…”Il s’agit du premier débat public global qui porte sur plusieurs projets d’aménagement ou d’équipement sur un même territoire délimité et homogène”, a confirmé le président de la CNDP, Marc Papinutti, lors d’une conférence de presse à la veille du lancement.- “Pas un référendum “-“La solution de facilité aurait été de découper le grand projet Fos-Berre en autant de segments, et d’obtenir à chaque fois de petites victoires démocratiques”, a relevé M. Leclerc, également préfet de région. Mais, “à aucun moment, la population n’aurait eu une vision d’ensemble, ce qui aurait sans doute engendré un sentiment de frustration”, a-t-il noté.Parmi les principaux enjeux figurent la sécurisation de l’approvisionnement électrique, qui devrait passer par la construction d’une ligne à très haute tension (THT), mais aussi la préservation d’espaces naturels particulièrement riches en biodiversité.”On ne peut plus penser compétitivité des territoires sans acceptabilité de la part de ceux qui y travaillent et y vivent”, a affirmé le préfet.Des réunions publiques sont ainsi prévues à Beaucaire (Gard) et Arles (Bouches-du-Rhône), où l’opposition à une ligne THT aérienne de 65 km, traversant une partie de la Camargue, reste très vive malgré la présentation d’un tracé “de moindre impact”.Une contre-expertise indépendante relative à l’enfouissement total ou partiel de cette ligne sera prochainement publiée, tout comme les études d’impact environnemental réalisées notamment sur la plaine de Crau, qui abrite la dernière steppe protégée d’Europe, ou l’Etang de Berre, entouré de quatre sites Natura 2000.”Toutes les études alternatives seront publiées et prises en compte”, a assuré la présidente du Débat public Fos-Berre Provence, Audrey Richard-Ferroudji, en soulignant “l’importance de refléter, en toute indépendance, neutralité et transparence, l’ensemble des positions et argumentations exprimées par chacun lors des débats”.Mais “il ne s’agit pas d’un référendum”, a-t-elle insisté. “Les propositions alternatives seront discutées. Suite à cela, les décideurs, l’Etat et RTE (gestionnaire du réseau électrique), se positionneront.” La CNDP devra publier avant le 13 septembre son compte-rendu du débat. Les porteurs de projets auront trois mois pour y répondre.

Face aux menaces grandissantes, la Grèce lance la refonte la “plus importante” de son armée

La Grèce, membre de l’Otan, lance la refonte de son armée “la plus importante” de son histoire moderne à laquelle elle va consacrer quelque 25 milliards d’euros, a annoncé mercredi le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, dans un contexte de défis grandissants pour la sécurité de l’Europe.Devant le Parlement, le chef du gouvernement conservateur a insisté sur l'”environnement international incertain” dans lequel baigne ce pays méditerranéen voisin de la Turquie et qui est l’un des pays de l’Otan qui consacrent plus de 3% de son PIB aux dépenses de défense.Cette vaste refonte est “la transformation la plus importante des Forces armées dans l’histoire moderne du pays”, a-t-il assuré.”De l’Arctique à la mer Égée, les équilibres se modifient”, a insisté M. Mitsotakis devant les députés. “Cela implique de nouveaux défis pour l’ensemble du continent européen (…) mais aussi pour des pays comme le nôtre”, a-t-il ajouté, évoquant un pays “petit peut-être en superficie” mais selon lui “grand en importance et en dynamisme” en raison surtout de sa position géographique stratégique en Méditerranée orientale, aux frontières extérieures de l’Union européenne.Il a souligné la nécessité pour la Grèce de “rester forte, stable et indépendante dans un monde qui change à un rythme imprévisible”.Le Premier ministre conservateur n’a pas détaillé le calendrier de cette réforme mais selon des sources ministérielles, ces 25 milliards d’euros d’investissements doivent s’étaler d’ici 2036.La France, l’Allemagne et la Pologne ont récemment annoncé vouloir renforcer leurs armées au moment où la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a assuré que l’Union européenne devait augmenter significativement ses dépenses d’armement dans un contexte géopolitique tendu.Outre l’acquisition de 20 avions de combat F-35, pour lesquels un accord a déjà été signé, Athènes veut renforcer son dôme antiaérien actuel avec des armes nouvelles, des drones navals et aériens, ou des radars.- “Bouclier d’Achille” -Ce “Bouclier d’Achille”, comme l’a présenté M. Mitsotakis, doit renforcer la défense antimissile et antiaérienne ainsi que des systèmes antidrones.Athènes a déjà doublé son budget de la défense pour 2025 par rapport à 2024, à 6,13 milliards d’euros.La Grèce, qui entretient des relations acrimonieuses avec son partenaire au sein de l’Otan, la Turquie, est l’un des quatre pays de l’Alliance qui consacrent plus de 3% de son PIB aux dépenses de défense, derrière la Pologne, l’Estonie et la Lettonie.Située aux frontières extérieures de l’Union européenne, elle cherche ces dernières années à renforcer sa position géopolitique en Méditerranée orientale, proche des zones conflictuelles du Moyen-Orient.”Historiquement, la Grèce a servi et continuera de servir d’avant-poste pour l’Europe, qui actuellement cherche à réorganiser sa défense dans une conjoncture internationale difficile”, explique à l’AFP Maria Gavouneli, professeure de droit international à l’université d’Athènes.Athènes a toujours justifié sa course aux armements par ses différends historiques avec Ankara, en particulier la délimitation de la zone exclusive économique (ZEE) en mer Egée qui sépare les deux voisins.- Réorganisation “nécessaire” -La réorganisation de l’armée s’avère “nécessaire”, analyse également Maria Gavouneli, en raison des retards accumulés dans la modernisation de ses armements et munitions “durant la crise économique de la dernière décennie et le gel des dépenses publiques”. En novembre dernier, le ministre de la Défense Nikos Dendias avait évoqué la prochaine acquisition de quatre systèmes de drones différents et le fusionnement des unités de l’armée.Le pays a signé ces dernières années des accords en matière de défense avec la France, les Etats-Unis et Israël.Après une crise des relations greco-turques en 2021, la Grèce avait signé avec la France un accord de coopération militaire en commandant 24 appareils Rafale et trois frégates de défense et d’intervention (FDI), baptisées Belharra à l’export, pour un montant total de plus de 5,5 milliards d’euros.Une quatrième frégate sera construite dans les chantiers navals de Grèce, une valeur ajoutée pour le renforcement de l’industrie de défense du pays.

Trump prêt à lancer la mère de toutes les batailles commerciales

Donald Trump doit lancer mercredi la mère de toutes les batailles commerciales, celle qu’il ne cesse de promettre depuis sa campagne, avec de nouveaux droits de douanes censés inaugurer un “âge d’or” de l’Amérique mais qui pourraient faire chavirer l’économie mondiale.L’imprévisible président américain était encore occupé mardi, selon sa porte-parole, à “peaufiner” son projet, dont la teneur autant que l’ampleur restent mystérieuses.”Demain, c’en sera fini de dépouiller l’Amérique”, a déclaré Karoline Leavitt, indiquant que les nouvelles taxes entreraient en vigueur “immédiatement”.Elles doivent être exposées mercredi, “jour de la libération”, selon Donald Trump, à 16H00 heure locale (20H00 GMT) à la Maison Blanche. Donc juste après la fermeture de la Bourse de New York, qui a déjà commencé à tanguer comme d’autres places à travers le monde.Mercredi matin, les marchés retenaient leur souffle avant les annonces du président américain. A la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a clôturé en petite hausse de 0,28%. La Bourse de Séoul a, elle, lâché 0,62%.Même ambivalence sur les places chinoises: vers 07H15 GMT, l’indice hongkongais Hang Seng reculait de 0,02%, l’indice composite de Shanghai grignotait quelque 0,05% et celui de Shenzhen 0,09%.De leur côté, les marchés européens étaient en repli dans les premiers échanges. La Bourse de Paris perdait 0,63%, Francfort 0,74%, Londres 0,23% et Milan 0,62%.L’exécutif américain n’a pas commenté les diverses options circulant dans la presse à moins de 24 heures de l’annonce.Les Etats-Unis imposeront-ils une taxe unique de 20% sur toutes les importations? Des droits de douanes taillés sur mesure selon les pays d’où proviennent les marchandises? Ou opteront-ils pour un prélèvement plus modéré concentré sur un groupe restreint d’Etats, hypothèse révélée par le Wall Street Journal?L’impact sur l’économie mondiale pourrait être phénoménal. En 2024, les importations des Etats-Unis ont atteint quelque 3.300 milliards de dollars, un montant supérieur au Produit intérieur brut annuel de la France.- “Très gentil” -Le républicain de 78 ans a semé le doute en assurant lundi qu’il serait “très gentil” avec les partenaires commerciaux des Etats-Unis.Lesquels tentent de se préparer en mêlant discours de fermeté, ouverture au dialogue et gestes d’apaisement.Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney a dit que son pays serait “très réfléchi” quand il s’agira de répliquer aux “mesures injustifiées du gouvernement américain”.”Nous ne voulons pas nécessairement prendre des mesures de représailles”, mais “nous disposons d’un plan solide pour le faire si nécessaire”, a de son côté prévenu la cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen.Certains espèrent un traitement indulgent, comme le Vietnam qui a annoncé réduire ses droits de douane sur une série de biens.Londres travaille aussi “d’arrache-pied” pour arriver à un traité commercial bilatéral avec Washington, permettant d’éviter un matraquage douanier, “mais il est probable qu’il y aura des droits de douane”, a dit le Premier ministre britannique Keir Starmer.D’autres grands exportateurs tentent de forger des alliances afin de peser face à Washington. Pékin, Tokyo et Séoul veulent par exemple “accélérer” leurs négociations en vue d’un accord de libre-échange. – Baguette magique -Politiquement, le président américain ne peut se permettre une reculade complète. Il a vendu les droits de douane – en anglais “tariffs”, “le plus beau mot du dictionnaire” selon lui – comme une baguette magique capable de réindustrialiser l’Amérique, de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire.Fasciné par le protectionnisme en vigueur aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle et au début du XXème, Donald Trump, élu sur une promesse de faire baisser le coût de la vie, a jusqu’ici globalement balayé les risques d’inflation et de déroute boursière.Les analystes de Goldman Sachs ont exposé, dans une note, les dangers économiques liés à une avalanche de droits de douane, qui aurait le même impact négatif qu’une hausse d’impôts sur la consommation et le pouvoir d’achat.Depuis son retour à la Maison Blanche, le milliardaire républicain a déjà augmenté les droits de douane sur les produits venant de Chine, sur une partie des marchandises en provenance des voisins mexicain et canadien, de même que sur tout l’acier et l’aluminium entrant aux Etats-Unis.Dès mardi, le gouvernement mexicain a abaissé sa prévision de croissance pour 2025, invoquant les incertitudes liées aux “tensions commerciales” avec son principal partenaire économique. Le PIB mexicain est attendu dans une fourchette de 1,5% à 2,3%, contre 2% à 3% précédemment.Jeudi, à 04H01 GMT, Washington prévoit également d’imposer 25% de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l’étranger, ainsi que les pièces détachées.

Royaume-Uni: l’autorisation de voyage électronique s’impose aux visiteurs européens

Pour la première fois mercredi, les touristes européens qui entrent au Royaume-Uni doivent être munis de leur autorisation de voyage électronique (ETA), un document numérique payant obtenu au préalable, censé renforcer la sécurité aux frontières britanniques.Après avoir imposé en janvier ce système aux ressortissants d’une cinquantaine de pays et territoires, dont les Etats-Unis, le Canada et l’Australie, c’est au tour des voyageurs d’une trentaine de pays européens de devoir se munir de ce sésame pour le Royaume-Uni, qui a quitté l’UE il y a cinq ans avec le Brexit.Tous devront remplir avant leur voyage un questionnaire en ligne, avant de s’acquitter d’une somme de 10 livres (12 euros). Celle-ci sera portée à 16 livres, soit environ 19 euros, à partir du 9 avril.Désormais, toute personne qui se rendra au Royaume-Uni devra soit être munie d’un visa, soit d’une ETA, exigée dans leur gare ou aéroport de départ.”Si vous n’êtes pas un ressortissant d’un pays soumis à un visa, un citoyen britannique ou irlandais, alors nous voulons récolter vos informations avant le départ pour vérifier que vous êtes autorisé à voyager au Royaume-Uni”, a expliqué mardi Phil Douglas, directeur général de la police britannique aux frontières.Cette démarche est “incroyablement facile” à réaliser, et permettra d’accélérer les contrôles des voyageurs à l’arrivée sur le sol britannique via des portiques automatisés, a-t-il assuré.A l’exception de l’Irlande, tous les ressortissants des pays de l’Union européenne (UE), mineurs ou majeurs, sont concernés, sauf ceux munis d’un visa (travail, études…). Leur ETA sera valable deux ans.Pour l’obtenir, ils doivent télécharger une application dédiée, “UK ETA” ou, à défaut, se rendre sur le site du gouvernement britannique, gov.uk.Cette démarche est similaire à celle de l’ESTA américain, dont le prix est équivalent.- “Période transitoire” -Il y aura, selon Phil Douglas, une “période transitoire” avec une forme de tolérance, qui devrait durer jusqu’en “septembre ou en octobre”. Mais “après cela, une personne n’aura plus le droit de monter dans l’avion ou le train pour venir au Royaume-Uni” sans son autorisation électronique.Le gouvernement britannique justifie cette mesure par la nécessité de “sécuriser les frontières”, en “numérisant le système d’immigration”.L’ETA a été lancé en 2023, d’abord pour les citoyens du Qatar, puis dans les autres pays du Golfe.Les ressortissants de pays notamment asiatiques ou africains comme l’Inde, l’Afghanistan, le Cameroun ou l’Egypte, restent eux soumis au traditionnel système de visa.Le gouvernement recommande de demander son ETA au moins trois jours ouvrés avant son voyage, des vérifications supplémentaires étant requises dans certains rares cas.Pour cela, le voyageur doit fournir une photo de son passeport, de son visage, et répondre à une série de questions. La démarche prend moins de dix minutes et l’autorisation de voyage, liée numériquement au passeport, est généralement accordée en quelques instants, selon le ministère britannique de l’Intérieur.Cette autorisation permet de séjourner au Royaume-Uni pendant six mois maximum. Elle autorise un nombre de voyages illimités pendant deux ans, mais la demande doit être renouvelée s’il y a changement de passeport.La plupart des personnes en transit au Royaume-Uni devront également s’en acquitter, sauf celles qui passeront par certains aéroports comme Heathrow ou celui de Manchester, où ils n’ont pas besoin de passer les contrôles aux frontières britanniques à l’atterrissage.L’UE prévoit de mettre en place le même type de système, avec ETIAS (European Travel Information and Authorisation System), une autorisation pour voyager dans 30 pays européens, dont l’entrée en vigueur devrait intervenir en 2026.