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Royaume-Uni: coupes attendues dans les aides sociales, fronde chez les travaillistes

Desservi par une croissance molle et soucieux d’assainir les finances publiques, le gouvernement britannique de centre gauche doit présenter mardi une réforme des aides sociales qui affecterait notamment les personnes handicapées ou malades, suscitant une fronde dans le camp travailliste.La ministre du Travail Liz Kendall a été désignée pour informer mardi de ces coupes drastiques, jugées indispensables sur fond de stagnation depuis des mois de l’économie britannique, ce qui restreint la marge budgétaire du gouvernement.Or l’exécutif a promis de rééquilibrer les comptes sans nouvelles hausses d’impôts, après la très impopulaire augmentation des cotisations sociales annoncée en octobre.Et le retour aux affaires de Donald Trump complique encore la situation, entre ses droits de douane qui ébranlent l’économie et sa politique diplomatique illisible poussant les Occidentaux, Royaume-Uni compris, à accroître leur dépenses militaires.”Le monde a changé”, a résumé la semaine dernière la ministre des Finances Rachel Reeves, qui doit faire le 26 mars un discours très attendu sur les finances publiques.Parmi les mesures attendues pour mardi, la plus contestée consisterait à durcir les critères d’éligibilité à une aide destinée aux personnes handicapées ou malades, la Personal Independence Payment (PIP), dont bénéficient 3,6 millions de personnes.- “Anxiété et dépression” -L’idée fait bondir les députés travaillistes les plus à gauche, dans la majorité des cas de manière anonyme, un élu parlant par exemple dans le quotidien The Guardian d'”horreur absolue”.Le gouvernement défend sa réforme par la nécessité de redessiner un système de protection sociale qui “coûte trop cher” et enferme dans les allocations chômage des personnes qui pourraient travailler, selon Rachel Reeves.Le Royaume-Uni a dépensé 296,3 milliards de livres en aides sociales en 2023/24, soit 11% de son PIB, d’après les calculs de l’Office for Budget Responsibility, qui contrôle les dépenses du pays.Selon un porte-parole du Premier ministre Keir Starmer, le nombre des bénéficiaires du PIP ne cesse d’augmenter et finira par être insoutenable. Il souligne que, depuis le Covid, beaucoup d’entre eux déclarent désormais “l’anxiété et la dépression comme principale affection”.”Nous devons nous assurer que le PIP va aux bonnes personnes”, a-t-il ajouté — des propos qui renvoient à ceux du ministre de la Santé Wes Streeting, selon lequel les médecins “surdiagnostiquent” les troubles mentaux.”Mon gouvernement essaie de faire deux choses très incompatibles: réparer notre système de protection sociale défaillant et faire des économies. Ce n’est pas possible”, explique à l’AFP Clive Lewis, le député de Norwich, aux positions progressistes.”Et c’est doublement impossible si nous voulons adhérer aux valeurs travaillistes pour lesquelles les gens ont élu ce gouvernement”, ajoute-t-il.- “Conséquences tragiques” -Interrogée par l’AFP, la députée d’York, Rachael Maskell, met en garde contre les “conséquences tragiques” de telles coupes dans les aides sociales, qui placeraient les personnes handicapées “dans une situation de pauvreté encore plus grande”.”Nous savons qu’il y aura toujours des personnes qui ne peuvent pas travailler en raison de la nature de leur handicap et de leur état de santé et ces personnes seront protégées”, a déclaré lundi la ministre Liz Kendall.Les Britanniques restent plutôt divisés sur la question, selon un sondage YouGov lundi : 53% considèrent que les critères pour recevoir des prestations ne sont pas assez stricts. Mais 45% pensent que les personnes handicapées perçoivent trop peu.En amont du plan présenté mardi, le gouvernement de Keir Starmer a multiplié ces derniers jours les annonces politiquement moins coûteuses, destinées à relancer l’économie du Royaume-Uni, notamment des plans pour réduire la bureaucratie et supprimer des établissements publics et des régulateurs jugés inutiles.

Allemagne: Friedrich Merz soumet son “bazooka” d’investissements au vote des députés

Les députés allemands se prononcent mardi sur le plan d’investissements géants de Friedrich Merz, un tournant majeur pour le pays qui veut dépenser sans compter pour se réarmer et se moderniser afin d’affronter les bouleversements du monde.”La situation s’est encore aggravée de façon dramatique ces dernières semaines”, a plaidé avant le vote le probable futur chancelier qui s’apprête à enterrer le dogme de l’orthodoxie budgétaire dont il a toujours été un fervent défenseur.Et d’évoquer le revirement stratégique des Etats-Unis de Donald Trump, qui se rapprochent de la Russie au détriment de l’Ukraine, et l’urgence pour l’Europe d’accroître son indépendance vis-à-vis de Washington en matière de défense.Le “bazooka” d’investissements proposé par le chef des conservateurs quelques jours seulement après sa victoire aux législatives du 23 février, est la pierre angulaire du futur gouvernement qu’il a entrepris de former avec le Parti social-démocrate (SPD).Pour faire entrer la rigoureuse Allemagne dans cette nouvelle ère de la dépense, il lui faut amender la Loi fondamentale. Les débats au Bundestag, la chambre basse du Parlement, doivent débuter à 10H00 (09H00 GMT), avec un vote dans la foulée.Le texte prévoit un assouplissement des règles d’endettement inscrites dans la constitution pour les dépenses militaires et pour les régions.S’ajoute un fonds spécial de 500 milliards d’euros sur 12 ans pour moderniser les infrastructures et relancer la première économie européenne en récession depuis deux ans, dont, sous la pression des écologistes, 100 milliards affectés à la protection du climat.- Signal fort -Les sommes en jeu sont colossales et auront des répercussions bien au-delà de l’Allemagne, représentant 1.000 à 1.500 milliards d’euros, selon les calculs, injectés dans l’économie au cours de la prochaine décennie.Il s’agit d'”un signal fort montrant que l’Allemagne prend au sérieux sa propre sécurité, la sécurité de l’Ukraine et la sécurité de l’Europe”, a loué lundi la cheffe de la diplomatie sortante Annalena Baerbock (Verts).Pour cette journée historique, le chef de l’Etat français Emmanuel Macron sera à Berlin et rencontrera dans la soirée le chancelier sortant Olaf Scholz, ainsi que Friedrich Merz.Le plan permettra aussi le déblocage d’un soutien militaire en suspens de 3 milliards d’euros pour l’Ukraine. Selon le porte-parole du gouvernement allemande, des munitions d’artillerie pourraient alors être livrées “dans les prochaines semaines”. Lundi, Friedrich Merz s’est déclaré “confiant” d’obtenir la majorité des deux-tiers des voix nécessaires, grâce au soutien du SPD et des Verts, qui se sont in extremis ralliés au projet.- “Gestion extrêmement économe”Le chef des conservateurs de 69 ans veut faire voter les lois par le Bundestag sortant, car les partis des extrêmes, de droite et de gauche, détiendront une minorité de blocage dans le nouvel hémicycle qui se constituera le 25 mars. “Mais avec 31 voix, l’avance n’est pas si grande”, souligne Der Spiegel. D’autant que le spectaculaire virage budgétaire de Friedrich Merz n’est pas sans créer des remous au sein même de son camp politique.”Il existe une incertitude notable”, a abondé lundi la politologue Ursula Münch de l’académie de formation politique de Tützing (sud).En cas d’échec, ce serait “une débâcle pour la coalition en train de se former” et pour Friedrich Merz, a-t-elle jugé.S’il franchit l’obstacle, le conservateur devra encore passer vendredi le test du Bundesrat, la chambre haute qui représente les régions. Or l’aval de quelques Länder n’est pas encore assuré. Puis il devra boucler les négociations avec les sociaux-démocrates pour former la coalition qu’il veut mettre sur pied d’ici Pâques, le 21 avril.Ces discussion n’ont rien d’évident car les dépenses d’investissement massives vont s’accompagner d’économies à tous les niveaux et de réformes majeures mettant à l’épreuve la future grande coalition.”Les temps paradisiaques, où chaque souhait était possible, sont révolus”, a prévenu Friedrich Merz, qui promet une “une gestion budgétaire extrêmement économe”.Evoquant des pourparlers jusqu’ici “très constructifs”, le secrétaire général du SPD Matthias Miersch a lui assuré que les différents groupes de travail pourront comme prévu rendre leur copie lundi 24 mars.

Nucléaire: l’Elysée vise désormais 2038 pour la mise en service du premier réacteur EPR2

L’Elysée vise désormais l’horizon 2038 au lieu de 2035 pour la mise en service du premier des six futurs réacteurs EPR2 voulus par Emmanuel Macron, une relance nucléaire qui devrait s’appuyer sur un prêt de l’Etat à taux préférentiel et un renforcement de la souveraineté en uranium.Le président de la République avait annoncé en février 2022 un programme de construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires et une option pour 8 autres avec une mise en service vers 2035 pour le premier d’entre eux, à Penly. Mais un audit gouvernemental de février 2022 mentionnait déjà l’horizon 2037. L’Elysée évoque désormais d'”ici 2038″ pour la “première mise en service”, selon le communiqué de la Présidence diffusé à l’issue d’un conseil de politique nucléaire (CPN) autour d’Emmanuel Macron, le 4e depuis 2022.Aux conditions de 2020, le coût du programme estimé à 51,7 milliards d’euros en 2022 s’élève désormais à 67,4 milliards, ce qui revient à 79,9 milliards aux conditions plus récentes de 2023, selon un rapport de la Cour des comptes de janvier sur la base d’un chiffrage d’EDF fin 2023. Sans attendre le devis définitif de l’électricien EDF, le CPN a esquissé “les grands principes du schéma de financement” du programme qui doit permettre à la France, avec les énergies renouvelables, de réduire sa dépendance aux énergies fossiles importées.Il serait notamment “basé sur un prêt de l’État bonifié couvrant au moins la moitié des coûts de construction”, selon le scenario du modèle de financement de la centrale tchèque de Dukovany essentiellement par un prêt de l’Etat à taux zéro, validé par l’Union européenne.- “Moins d’urgence” -En France, il serait assorti d’un contrat sur la production nucléaire à un prix garanti par l’Etat de 100 euros maximum du mégawattheure. Concrètement, si l’électricité d’EDF est vendue sur les marchés au-delà, EDF doit verser des recettes à l’Etat ; en-dessous, c’est l’Etat qui compense EDF.L’idée est de “finaliser dans les prochaines semaines les discussions entre l’État et EDF et d’initier rapidement les échanges avec la Commission européenne, dans la perspective d’une décision finale d’investissement d’EDF en 2026”, au lieu de fin 2025, pour cette étape clé préalable au lancement du chantier. Pourquoi ce décalage? “Il y a moins d’urgence alors autant prendre du temps pour réussir le programme”, souligne une source proche d’EDF. Le temps des menaces des pénuries d’électricité en 2022 dans le sillage de la guerre en Ukraine semble bien loin: “depuis, la production d’EDF est revenue au niveau d’avant crise énergétique, les efforts de sobriété ont porté leurs fruits, et comme la demande d’électricité n’augmente pas au niveau envisagé, il n’y a pas d’urgence”, ajoute cette source. Pour Greenpeace, “l’Elysée persiste dans sa fuite en avant” concernant son programme nucléaire “en dépit de tout bon sens économique, industriel et environnemental”.- “Relancer la recherche” -EDF l’a indiqué fin février, elle préfère se donner encore “plusieurs mois” pour présenter un devis optimisé. L’objectif pour l’électricien et son unique actionnaire, l’Etat, est d’éviter le scénario de Flamanville, le chantier de l’EPR normand émaillé de retards et de surcoûts.Dans un contexte de regain d’intérêt pour l’atome dans le monde, le CPN s’est penché sur l’approvisionnement en uranium. Il valide ainsi “le plan d’action visant à sécuriser l’amont du cycle (extraction et transformation de l’uranium, NDLR) et le soutien que l’État apportera à Orano (ex-Areva, NDLR) sur l’approvisionnement” de la France “à moyen et long terme”. Des annonces qui “s’inscrivent dans la continuité des investissements lancés dans l’amont ces derniers mois”, a salué Orano.Le CPN a aussi “lancé des travaux préparatoires” en vue de “relancer la recherche sur la fermeture du cycle, qui permettra à terme de se passer des importations d’uranium naturel” en réutilisant le combustible usé, dans la deuxième moitié du siècle.Sur la question des mini-réacteurs (SMR ou small modular reactors), le CPN a appelé le CEA “à engager des discussions” avec les start-up qui développent les projets les plus avancés en vue d’implantation sur ses sites nucléaires à Marcoule et Cadarache.

Wall Street termine dans le vert, la reprise se prolonge

La Bourse de New York a progressé lundi, bénéficiant d’une deuxième séance consécutive de rebond technique après son fort recul, les investisseurs restant dans l’attente de la réunion de la banque centrale américaine (Fed), qui débute mardi.Le Dow Jones a avancé de 0,85%, l’indice Nasdaq a pris 0,31% et l’indice élargi S&P 500 a gagné 0,64%.Une nouvelle fois, la dynamique haussière de la place américaine “est principalement due à des facteurs techniques” alors que le “marché est survendu”, explique à l’AFP Karl Haeling, de LBBW.Après plusieurs sessions en nette baisse, l’indice élargi S&P 500 est entré jeudi en zone de correction, c’est-à-dire qu’il a perdu 10% depuis son plus haut de l’année atteint le 19 février.Lundi, “le marché a bien absorbé” plusieurs “éléments baissiers” arrivés avant l’ouverture de Wall Street, selon M. Haeling.Le président américain Donald Trump a notamment affirmé dans la nuit de dimanche à lundi n’avoir “aucune intention” d’assouplir les surtaxes de 25% imposées aux partenaires commerciaux des Etats-Unis sur l’acier et l’aluminium. Quelques heures plus tôt, le secrétaire au Trésor Scott Bessent avait assuré à la télévision américaine que “les corrections sont saines” et qu’il n’y avait “pas de garanties” que les Etats-Unis évitent une récession.Côté indicateurs, la consommation des ménages aux Etats-Unis est repartie à la hausse en février, mais moins qu’attendu par les marchés, après un net recul le mois précédent, selon des données officielles publiées lundi.Les ventes au détail se sont élevées à 722,7 milliards de dollars en février, en progression de 0,2% par rapport à janvier, qui avait accusé une baisse prononcée de 1,2% (contre 0,9% comme précédemment annoncé), selon les données du ministère du Commerce. Les investisseurs attendent désormais la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) mardi et mercredi.La Fed devrait opter pour le statu quo, tiraillée entre le risque de rebond de l’inflation et les premiers signes de vacillement de l’activité économique, avec l’avalanche de nouveaux droits de douane déclenchée par le président américain.”Il y a un risque que la déclaration de politique générale soit très prudente quant à un nouvel assouplissement de la politique en raison de l’incertitude concernant les droits de douane”, estime Karl Haeling.Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’établissait à 4,30%, contre 4,31% vendredi en clôture.Au tableau des valeurs, le géant pétrolier américain Chevron a gagné 1,08% après avoir annoncé l’achat d’environ 5% des actions de l’entreprise pétrolière Hess Corporation.Chevron a annoncé fin 2023 le rachat de Hess pour 53 milliards de dollars, mais le groupe est en arbitrage avec ExxonMobil sur un important champ pétrolier au Guyana. Le groupe de prêt-à-porter Guess s’est envolé (+30,10%) après l’annonce d’une proposition de rachat de la marque par une société d’investissement, synonyme de potentiel retrait de la cote.Le géant agroalimentaire Pepsico a été recherché (+1,85%) après avoir annoncé le rachat de la marque de soda à faible teneur en sucre Poppi pour environ 1,7 milliard de dollars.Le spécialiste de la vente à crédit en ligne Affirm a cédé du terrain (-4,23%) après des informations du média américain CNBC assurant que l’entreprise ne verrait pas son partenariat avec le géant de la grande distribution Walmart renouvelé. C’est son concurrent Klarna, qui va prochainement faire son entrée en Bourse, qui prendra sa relève.Le géant américain des puces électroniques Intel a bondi (+6,82%) après la publication de documents faisant état de l’achat de 25 millions de dollars de ses actions par son nouveau patron, Lip-Bu Tan.

La Bourse de Paris soutenue par les plans économiques allemand et chinois

La Bourse de Paris a terminé en hausse de 0,57% lundi, à la faveur d’un plan de relance en Chine pour relancer sa consommation intérieur et d’un plan d’investissements géant pour réarmer et moderniser l’Allemagne.L’indice vedette CAC 40 a avancé de 45,70 points et s’est établi à 8.073,98 points à la clôture. Vendredi, il avait achevé la séance en hausse de 1,13%.”Le regain de visibilité en Europe après les annonces de réorientations stratégiques” allemandes favorise les marchés, commente Mabrouk Chetouane, responsable de la stratégie de marché de Natixis IM.Le futur chancelier Friedrich Merz est en bonne voie pour faire adopter mardi par les députés un plan d’investissements géant, en assouplissant la discipline budgétaire de la première économie européenne.Les regards se sont aussi tournés vers la Chine, “où les responsables ont annoncé des mesures visant à stabiliser les marchés boursiers et immobiliers, à augmenter les salaires et à encourager un taux de natalité plus élevé”, commente Patrick Munnelly, analyste de Tickmill Group.Les investisseurs attendent enfin de prendre connaissance mercredi soir de la prochaine décision de politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed). “Le marché n’attend aucune baisse des taux” de l’institution américaine “mais une inflexion dans la reconnaissance qu’il y a une dégradation du contexte macroéconomique aux Etats-Unis”, résume Mabrouk Chetouane. “On est à une frontière dans le cycle économique”, commente-t-il, après que les craintes qu’une récession ne gagne la première puissance économique du globe ait gagné les marchés dernièrement.”L’appréciation de la Fed” sur le trajectoire de l’économie américaine “sera déterminante  au cours de cette années 2025”, a-t-il poursuivi.Sur le marché obligataire, le taux allemand à 10 ans se détendait à 2,82% après avoir terminé à 2,87% vendredi et le taux français à même échéance à 3,49% après 3,57% à la dernière clôture.Esso flambeLe producteur de carburants Esso a bondi de 9,59% à 144,00 euros, dans le sillage de la hausse des prix du pétrole après les mesures de relance en Chine, le marché anticipant une hausse de la demande chinoise. La Chine est le premier importateur de pétrole mondial.

Syrie: les donateurs s’engagent sur une aide, en baisse, de 5,8 milliards d’euros

Une conférence de pays donateurs s’est engagée lundi à fournir 5,8 milliards d’euros d’aide à la reconstruction de la Syrie, moins que son engagement précédent, faute de l’apport des États-Unis.Cette neuvième édition a accueilli pour la première fois des représentants des autorités en place à Damas, après la prise du pouvoir par une coalition dirigée par Ahmad al-Chareh qui a mis fin à plus d’un demi-siècle de règne sans partage du clan Assad. “J’ai l’honneur de vous annoncer que tous ensemble, nous nous sommes engagés sur un total de 5,8 milliards d’euros, 4,2 milliards d’euros en dons et 1,6 en prêts”, a déclaré la commissaire européenne pour la Méditerranée Dubravka Suica, au terme de la neuvième édition de cette conférence internationale.Ce chiffre est nettement inférieur à l’engagement pris par cette même conférence l’an dernier, qui avait atteint 7,5 milliards d’euros. Les États-Unis étaient alors, selon l’ONU, le premier fournisseur d’aide internationale à la Syrie, qui soit exsangue de près de 15 ans de guerre civile.Les États-Unis de Donald Trump ont décidé la suspension de leur aide internationale, y compris celle attribuée à la Syrie.”Pendant les 14 dernières années, les États-Unis ont fourni davantage d’assistance pour le peuple syrien que n’importe quelle autre nation, soit plus de 18,3 milliards de dollars”, a rappelé Natasha Franceschi, la représentante américaine à cette conférence.Elle a indiqué que son pays continuerait à fournir une aide, “conformément aux lois américaines”, mais que Washington s’attendait désormais à ce que les autres pays prennent le relais. Elle n’a toutefois fourni aucun chiffre.L’Union européenne s’est engagée de son côté à fournir près de 2,5 milliards d’euros, soit davantage que son engagement précédent.- Transition difficile -La transition reste difficile dans ce pays divisé entre plusieurs communautés religieuses. Des massacres ont été commis ces dernières semaines dans l’ouest, les pires violences depuis l’arrivée de cette coalition menée par le groupe islamiste sunnite Hayat Tahrir al-Cham (HTS).C’est le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, qui a pris la parole lundi au nom de son pays.”Le temps de la tyrannie est terminé. Il ne peut pas revenir. Nous ne ménagerons aucun de nos efforts pour traduire en justice quiconque a perpétré un tel crime, a du sang sur les mains”, a assuré le chef de la diplomatie syrienne, selon une traduction simultanée de son discours prononcé en arabe.Les forces de sécurité, des groupes armés alliés ou des djihadistes étrangers ont été rendus responsables de ces violences qui ont fait, selon une ONG, près de 1.400 morts dans la population civile, principalement au sein de la communauté alaouite, une branche du chiisme, dont est issu l’ancien président Bachar al-Assad.Les Vingt-Sept, qui ont très vite après le 8 décembre décidé de soutenir la transition en Syrie, veulent y voir un phénomène isolé.”Nous condamnons avec force ces attaques, particulièrement celles ciblant les civils. Elles doivent être traitées rapidement et de manière décisive”, a insisté la cheffe de la diplomatie Kaja Kallas, tout en saluant la création d’une commission d’enquête.- “Créer le chaos” -Interrogée plus tôt en conférence de presse sur l’éventualité d’interrompre la levée progressive des sanctions décidée fin février par l’UE, Mme Kallas a assuré que ce processus devait être maintenu, car sinon le risque était de “créer la chaos” dans tout le pays.Si la communauté internationale n’aide pas la Syrie à “se remettre sur pied”, une nouvelle vague migratoire est à craindre, a mis en garde lundi à Bruxelles Mirjana Spoljaric, la présidente du Comité international de la Croix-Rouge.Les 27 sont toutefois prêts à reconsidérer leur décision sur les sanctions, si d’autres violences de ce type devaient se reproduire, ont averti des diplomates.En attendant, les besoins sont énormes. “Après 14 ans de guerre, l’économie syrienne a perdu quelque 800 milliards de dollars de son Produit intérieur brut (PIB), les infrastructures pour des services essentiels ont été détruites”, a déploré le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, dans un message vidéo adressée à la conférence.

Nucléaire: l’Elysée vise désormais 2038 pour la mise en service du premier réacteur EPR2

L’Elysée a annoncé qu’il visait désormais l’horizon 2038 au lieu de 2035 pour la mise en service du premier des six futurs réacteurs EPR2 voulus par Emmanuel Macron, une relance nucléaire qui devrait s’appuyer sur un prêt de l’Etat à taux préférentiel et un renforcement de la souveraineté en uranium.  Le président de la République avait annoncé en février 2022 un programme de construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires et une option pour 8 autres avec une mise en service vers 2035 pour le premier d’entre eux, à Penly. Mais un audit gouvernemental de février 2022 mentionnait déjà l’horizon 2037 pour les premières mises en service. L’Elysée évoque désormais d'”ici 2038″ pour la “première mise en service”, selon le communiqué de la présidence diffusé à l’issue d’un conseil de politique nucléaire (CPN) autour d’Emmanuel Macron, le 4e depuis 2022.Aux conditions de 2020, le coût estimé à 51,7 milliards d’euros en 2022 est à présent évalué à 67,4 milliards, ce qui revient à 79,9 milliards aux conditions plus récentes de 2023, selon un rapport de la Cour des comptes de janvier sur la base d’un chiffrage d’EDF de fin 2023. Le mois dernier, le ministre chargé de l’Energie Marc Ferracci avait fixé les ordres de grandeur, en évoquant un coût “en-dessous de 100 milliards d’euros”, tenant compte notamment de l’inflation.Pour connaître le chiffre définitif, il faudra patienter: EDF a indiqué le 20 février que la présentation du devis complet du programme prendrait encore “plusieurs mois”.- “Moins d’urgence” -Alors comment financer ces réacteurs qui doivent permettre à la France, avec les énergies renouvelables, de réduire sa dépendance aux énergies fossiles importées?Lundi, les participants ont “examiné les grands principes du schéma de financement” de ce programme, précisant qu’il serait notamment “basé sur un prêt de l’État bonifié couvrant au moins la moitié des coûts de construction”, selon la présidence. Un tel modèle a déjà été validé par l’Union européenne pour le financement de la centrale tchèque de Dukovany essentiellement par un prêt de l’Etat à taux zéro.En France, il serait assorti d’un contrat sur la production nucléaire à un prix garanti par l’Etat de 100 euros maximum du mégawattheure, selon le communiqué. Concrètement, si l’électricité nucléaire d’EDF est vendue sur les marchés au-delà de ce seuil, EDF doit verser des recettes à l’Etat ; en-dessous, c’est l’Etat qui compense EDF. L’Elysée espère “finaliser dans les prochaines semaines les discussions entre l’État et EDF” et “initier rapidement les échanges avec la Commission européenne, dans la perspective d’une décision finale d’investissement d’EDF en 2026”, au lieu de fin 2025, pour cette étape clé préalable au lancement du chantier. Pourquoi ce décalage? “Il y a moins d’urgence alors autant prendre du temps pour réussir le programme”, souligne une source proche d’EDF. Car le contexte est bien différent du spectre des pénuries d’électricité en 2022 dans le sillage de la guerre en Ukraine: “depuis, la production d’EDF est revenue au niveau d’avant crise énergétique, les efforts de sobriété ont porté leurs fruits, et comme la demande d’électricité n’augmente pas au niveau envisagé, il n’y a pas d’urgence”, ajoute la même source. – “Relancer la recherche” -L’objectif d’EDF et de son unique actionnaire, l’Etat, est bien d’éviter la répétition du scénario de Flamanville, le chantier de l’EPR normand émaillé d’une série de dérapages de coûts et de calendrier. D’où le rappel du conseil de politique nucléaire sur “la nécessité pour EDF de consolider la maîtrise industrielle du programme”.Au moment où l’atome connaît un regain d’intérêt dans le monde, le CPN s’est également penché sur le risque de “tensions importantes” sur la demande d’uranium qui sert à fabriquer le combustible nucléaire, et a validé “le soutien que l’État apportera à Orano (ex-Areva, NDLR) sur l’approvisionnement en uranium de la France à moyen et long terme”.Le Conseil de politique nucléaire a aussi “lancé des travaux préparatoires” en vue de “relancer la recherche sur la fermeture du cycle, qui permettra à terme de se passer des importations d’uranium naturel”, dans la deuxième moitié du siècle. Sur la question des mini-réacteurs (SMR ou small modular reactors), le CPN a appelé le CEA “à engager des discussions” avec les start-up qui développent les projets les plus avancés en vue d’implantation sur ses sites nucléaires dans le sud à Marcoule et Cadarache 

Dans les abysses, l’appétit minier a lancé une course pour nommer une faune et une flore méconnues

Dans les profondeurs froides et obscures du Pacifique, l’immense plancher océanique est constellé de galets riches en métaux convoités par l’industrie, au milieu d’une multitude d’espèces étranges, quasi totalement inconnues de la science.D’un côté, l’industrie minière se bat pour obtenir le droit d’excaver les fonds marins de la zone de Clarion Clipperton (CCZ), immense plaine à plus de 3.000 mètres de profondeur, entre Hawaï et le Mexique. De l’autre, des chercheurs, en grande partie financés par les entreprises, s’y précipitent pour identifier et cartographier des milliers d’espèces mystérieuses.La zone, longtemps perçue comme un désert sous-marin, est désormais connue pour abriter une faune et une flore abondantes: un concombre de mer géant surnommé “l’écureuil gélatineux”, une crevette aux longues pattes velues, des vers ou des éponges flottantes attachées aux rochers.C’est l’intérêt pour les “nodules”, ces “galets de métaux” comme le cobalt et le manganèse, recherchés pour les batteries, les panneaux solaires ou les écrans tactiles, qui a ouvert la voie à l’exploration scientifique. “Nous avons une bien meilleure compréhension de cette partie du monde que si nous n’avions pas essayé de l’exploiter”, admet Tammy Horton, du Centre océanographique national du Royaume-Uni (NOC).Mais pour les défenseurs de l’environnement, cette biodiversité est le véritable trésor de ces abysses. Et elle risque de disparaître avant même d’être découverte, sous l’énorme panache de sédiments millénaires que l’exploitation minière soulèverait.Les nodules eux-mêmes lui offre un habitat unique, sorte de jardins de corail en miniature.Les scientifiques ont prélevé des échantillons avec des appareils de collecte lancés depuis des navires et ont déployé des véhicules télécommandés pour prendre des photos. Un cliché peut dévoiler une seule ophiure, animal ressemblant à une étoile de mer, mais il est rare que les chercheurs voient deux fois la même créature. Il existe “un nombre considérable d’espèces rares “, rendant cette région comparable à l’Amazonie, a déclaré Tammy Horton.- Long et méticuleux -Environ 90% des 5.000 espèces animales recensées dans la CCZ étaient nouvelles pour la science, selon le premier bilan publié en 2023 dans la revue Nature Ecology and Evolution.L’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), fondée sous l’égide de l’ONU, s’est fixé pour objectif de décrire plus d’un millier d’espèces d’ici à 2030 dans les régions convoitées par l’industrie. Chaque animal doit être esquissé, disséqué et doté d’un “code-barres” moléculaire, sorte d’empreinte ADN pour permettre à d’autres chercheurs de l’identifier. Il a fallu un an à Tammy Horton et une équipe pour décrire 27 amphipodes, sorte de petit crustacé, sur plus d’une centaine encore sans nom.Mais l’AIFM, censée finaliser cette année son code minier, est pressée d’aller plus vite, alors que l’entreprise canadienne The Metals Company prévoit de soumettre la toute première demande d’exploitation en juin.Pour l’association Fauna & Flora, l’exploitation risque de perturber la chaîne alimentaire, voire accentuer le changement climatique en libérant le carbone contenue dans les sédiments, source de réchauffement supplémentaire. – Souvenirs de la guerre froide -Le plus ancien site minier expérimental est une bande de fond excavée dans le plus grand secret en 1979.Selon Daniel Jones, autre professeur du NOC qui a fouillé les archives pour le localiser, l’expérimentation est née d’une complexe manigance de la CIA pour récupérer un sous-marin nucléaire russe.Après avoir fait semblant de mener une exploration minière en guise de couverture, la CIA avait décidé de louer le navire pour une véritable tentative, raconte Daniel Jones, qui a retrouvé une vieille photo de la machine d’environ huit mètres de large qui a raclé les fonds.Son équipe s’est rendue sur place en 2023 et a constaté que les traces, plus de 40 ans après, étaient encore visibles sur le plancher océanique.Il y avait “les premiers indices d’un rétablissement biologique” le long des sillons, a déclaré M. Jones, mais la densité de population animale n’avait pas retrouvé sa densité normale.Les nodules eux-mêmes se sont probablement formés il y a des millions d’années: des fragments solides – dent de requin, os d’oreille de poisson – se sont déposés sur les fonds, puis agrandis à un rythme infiniment lent par l’accumulation de minéraux dans l’eau.Mais selon le Conseil consultatif des académies européennes des sciences (EASAC), le besoin en nodules pour la transition énergétique a été exagéré.Une fois lancée, l’exploitation des grands fonds marins sera difficile à arrêter, met en garde Michael Norton, directeur de l’environnement à l’EASAC: “C’est une voie à sens unique. Une fois engagé, on ne fait plus demi-tour de son plein gré”.

En Allemagne, un paysan péruvien devant la justice face à un géant de l’énergie

Dix ans après le début de son combat judiciaire, un paysan péruvien a fait face lundi devant la justice allemande au géant de l’énergie RWE, à qui il demande de réparer les effets du changement climatique dans les Andes.Pour cette affaire emblématique, très suivie par les défenseurs de l’environnement, Saul Luciano Lliuya a fait le déplacement au tribunal de Hamm, dans le nord-ouest de l’Allemagne, loin de sa ferme de Huaraz, dans l’ouest du Pérou.Selon l’ONG Germanwatch, qui soutient l’agriculteur, sa maison est menacée par la fonte des glaciers des Andes, qui ont déjà fait “remonter dangereusement à plusieurs reprises” le niveau du lac Palcacocha situé au-dessus de sa ville.”Les glaciers sont en train de fondre, de disparaître petit à petit”, a dit l’agriculteur de 44 ans, père de deux enfants, lundi avant l’audience.”Certains lacs comme celui de Palcacocha sont devenus un risque pour moi et pour plus de 50.000 personnes qui vivent dans cette zone”, a-t-il déclaré devant un décor en carton représentant des glaciers.M. Lliuya et Germanwatch demandent à RWE, l’un des principaux groupes énergétiques d’Allemagne, de participer symboliquement aux travaux pour réduire le niveau d’eau du lac.- Quote-part des émissions -Motif: bien qu’il n’ait aucune centrale au Pérou, le conglomérat fait partie des trois plus grands émetteurs de gaz à effet de serre en Europe, et est responsable de 0,47% des émissions mondiales, selon un rapport.Les plaignants exigent donc de RWE une quote-part correspondante de 17.000 euros aux 3,5 millions d’euros de travaux.La première journée d’audience a été consacrée à l’analyse des risques climatiques dans la région de Huaraz, et notamment celui d’un débordement du lac glaciaire, a expliqué un avocat du camp des plaignants.Les réponses des deux experts mandatés par le tribunal à des questions essentiellement géologiques sont cruciales pour la suite de l’affaire.Le tribunal doit en effet d’abord évaluer le risque de crue pour la maison de M. Lliuya. Si celui-ci est considéré comme sérieux, il examinera ensuite dans quelle mesure le changement climatique et les émissions de RWE contribuent à une potentielle inondation.Selon Noah Walker-Crawford, chercheur de la Londons School of Economics engagé auprès des plaignants, les experts “reconnaissent qu’il existe un risque” que la maison du paysan subisse une inondation en raison de “la fonte des glaciers”.Une deuxième et dernière journée d’audience est prévue mercredi. Une décision est possible dès ce jour mais “il est plus probable” que les juges se prononcent “d’ici trois ou quatre semaines”, a estimé Noah Walker-Crawford.Fin 2017, l’agriculteur avait obtenu un premier succès lorsque sa requête avait été jugée recevable en appel, après avoir été retoquée en première instance.Cette décision avait suscité l’espoir des militants de l’environnement d’en faire un cas précurseur de “justice climatique mondiale”, concept politique selon lequel le Nord pollueur doit dédommager les pays du Sud victimes de la pollution.Depuis, la procédure a avancé lentement, ralentie notamment par la pandémie de Covid-19.”Je n’aurais jamais pensé que cela prendrait autant de temps”, a dit avant le procès Saul Luciano Lliuya, qui a déposé plainte il y a près de dix ans.- “Juridiquement inadmissible” -De son côté, l’énergéticien allemand juge la requête “juridiquement inadmissible”.Pour le groupe qui exploite en Allemagne plusieurs mines de lignite, un minerai très polluant, il n’est “pas possible d’attribuer juridiquement les effets spécifiques d’un changement climatique à un seul émetteur”.Le groupe soutient notamment qu’il a toujours respecté les réglementations nationales sur les émissions de gaz à effet de serre et s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. RWE s’est notamment engagé à cesser la production d’électricité au charbon d’ici à 2030 dans le bassin rhénan, tout en investissant massivement dans l’éolien et le solaire.Avec cette procédure, Germanwatch dit vouloir faire “pression” pour forcer les responsables politiques “à agir et à dire que, oui, les grands émetteurs sur cette planète doivent finalement contribuer sur le principe de pollueur-payeur”, a déclaré lundi Christoph Bals, directeur politique de l’ONG.Les litiges contre gouvernements et sociétés polluantes se multiplient ces dernières années.

Terres rares: face au monopole chinois, une usine de recyclage franco-japonaise en construction en France

Pour échapper au monopole chinois sur les métaux stratégiques, la startup lyonnaise Carester a posé lundi la première pierre d’une usine de recyclage de terres rares à Lacq (sud-ouest), pour alimenter les filières de l’automobile ou des éoliennes, avec des financements japonais et français.Objectif affiché, la souveraineté. L’usine Caremag, permettra “de se doter d’une technologie sur laquelle la Chine est en position monopolistique puisqu’elle fournit 98% du marché européen”, a indiqué la ministre de la transition écologique Agnès Pannier-Runacher, qui a soutenu le projet dès sa conception lorsqu’elle était ministre de l’Industrie.Les terres rares et les aimants permanents, qui résistent à la démagnétisation, jouent un rôle-clé dans la transition énergétique, mais aussi dans l’industrie électronique, pour les moteurs de véhicules électriques, les générateurs d’éoliennes, la robotique ou les pompes.L’usine commencera de produire fin 2026, début 2027. A terme, elle devrait employer 92 personnes pour recycler 2.000 tonnes par an d’aimants permanents afin de produire quelque 800 tonnes de terres rares légères (néodyme et praséodyme). Elle devrait aussi raffiner 5.000 tonnes de concentrés miniers pour produire 600 tonnes de terres rares lourdes séparées (oxydes de dysprosium et terbium), soit environ 15% de la production mondiale actuelle. Au total, le projet a reçu 216 millions d’euros de financements japonais et français.Quelque 110 millions sont apportés par les sociétés japonaises partenaires Jogmec (organisation publique pour la sécurité des métaux et de l’énergie) et le trader en métaux Iwatani. Et 106 millions d’euros viennent de l’Etat français sous forme de subventions et avances remboursables dans le cadre des appels à projets France Relance et France 2030, ainsi qu’un crédit d’impôt industrie verte.Selon l’entreprise, ce sera le premier recycleur européen de terres rares et le plus gros producteur occidental de terres rares lourdes séparées.La construction, autorisée depuis 2023, “représente une avancée majeure vers l’indépendance de l’Europe en terres rares pour les aimants permanents”, a déclaré le président de Carester, Frédéric Carencotte au cours d’un bref entretien téléphonique avec l’AFP.- “partenaires long terme” -“Pour contrecarrer le risque de dumping” sur les prix, venant notamment d’industriels chinois désireux de maintenir leur monopole mondial, l’entreprise a “trouvé des partenaires long terme”, avec une “vision commune”, associant notamment l’Etat japonais et l’Etat français, a ajouté M. Carencotte.Côté européen, le groupe automobile Stellantis a ainsi signé un contrat s’engageant à acheter une partie de la production, a indiqué M. Carencotte.Côté japonais, “50% de la production” sera vendu à la société de trading japonaise partenaire, charge à elle de vendre les oxydes de terres rares lourdes produits par Caremag à “un ou des partenaires industriels japonais”, a-t-il ajouté, sans donner de nom.De son côté, Mme Pannier-Runacher a fait référence à “un partenariat stratégique de long terme comme on a su en construire avec Toyota à Valenciennes”.Sur le plan environnemental, la future usine promet des standards élevés: “Mon usine ne rejettera pas d’effluents liquides”, a assuré M. Carencotte à l’AFP. Ainsi du nitrate d’ammonium, coproduit des opérations, sera reconcentré et vendu comme fertilisant, et 80% des rejets directs de CO2 seront recyclés, a-t-il indiqué.”L’objectif n’est pas que d’extraire des métaux rares, mais également de les transformer et de les recycler”, avait indiqué dimanche le ministre de l’Industrie Marc Ferracci dans un entretien à la Tribune, consacré au développement de l’exploitation du sous-sol minier français.Ainsi en France, trois autres projets industriels visent le recyclage d’aimants permanents.La start-up MagREEsource a inauguré en juin, en Isère, la première usine-test d’Europe produisant des aimants permanents à partir d’aimants recyclés, à hauteur de 50 tonnes par an.Le groupe belge Solvay exploite par ailleurs, à La Rochelle, une usine de fabrication de produits de performance à base de terres rares. Il doit prochainement lancer la production des premières tonnes d’oxydes de terres rares pour des aimants permanents.Le groupe minier Orano a aussi lancé en 2022 le projet Magnolia, ayant pour ambition de structurer un outil industriel de fabrication d’aimants permanents haute- performance.