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Sanofi: l’investissement massif aux Etats-Unis passe mal en France

Sanofi a essuyé de vives critiques jeudi en France au lendemain de sa décision d’investir massivement aux États-Unis, Bercy y voyant un “mauvais signal” et les syndicats redoutant un “désengagement industriel et social” du secteur pharmaceutique en Europe.”L’ampleur des investissements aux États-Unis, c’est sûr que c’est un mauvais signal à un moment où nous considérons et nous sommes convaincus que (…) l’Europe et la France, c’est l’endroit où il faut investir”, a déclaré le ministre de l’Économie Eric Lombard sur BFM Business.Le groupe tricolore a annoncé mercredi vouloir investir “au moins 20 milliards de dollars aux États-Unis” sur cinq ans, consacrés à “une augmentation significative des dépenses de recherche et développement” dans ce pays et “à la production américaine”.Sanofi est l’un des derniers géants pharmaceutiques à vouloir y renforcer sa présence, répondant aux pressions du président des États-Unis.”Parce que Trump s’agite, Sanofi sort les chiffres”, a fulminé Fabien Mallet, CGT Sanofi France, interrogé par l’AFP, anticipant que “la recherche va basculer aux États-Unis”.”En investissant massivement aux États-Unis, le groupe cherche à se positionner comme un acteur domestique , ce qui pourrait constituer un avantage stratégique dans les négociations tarifaires à venir”, a commenté à l’AFP Adrien Chantereine, expert du secteur pharmaceutique de Circle Strategy.Avec ses menaces de droits de douane sur les importations de médicaments, le nouveau pouvoir à Washington a déjà fait changer de pied d’autres grands noms du secteur : Eli Lilly, Johnson & Johnson, Novartis ou encore Roche se sont dits prêts à lancer des investissements de très grande envergure aux États-Unis.-“Perte totale de souveraineté”-Sanofi, “20 milliards pour les USA : qui dit mieux?”, a ironisé la CGT du groupe dans un communiqué, ajoutant que “c’est la France qui finance et c’est l’Amérique qui encaisse” et que “ce n’est pas un virage, c’est une délocalisation massive de la recherche” aux États-Unis.L’industrie pharmaceutique, jusqu’ici épargnée par le protectionnisme, voit le climat changer depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et ses menaces de droits de douane pour accélérer la relocalisation de la production.Le président américain a aussi affiché son intention de réduire les prix des médicaments de 50 à 80%. Cette mesure affecterait les marges bénéficiaires des fabricants, mais “cela n’a pas empêché Sanofi de lâcher un investissement aussi massif en si peu de temps” outre-Atlantique, s’est étonné Adil Bensetra, de la CFDT.Avec leur choix stratégique tourné vers le marché américain, les laboratoires “n’ont même pas laissé le temps aux Européens de trouver une solution alternative”, s’est indigné le syndicaliste, redoutant “une perte totale de notre souveraineté sanitaire dans les 4 à 6 ans”.En avril, profitant des menaces latentes de Donald Tump, les dirigeants d’une trentaine de champions pharmaceutiques ont écrit à la Commission européenne pour réclamer un cadre plus attractif en matière de prix des médicaments et de fiscalité.Pour Sanofi, le “rééquilibrage géographique apparaît cohérent” à M. Chantereine, vu qu’il génère la moitié de son chiffre d’affaires aux États-Unis et y réalise 25 % de sa production.Le groupe a aussi cédé tout récemment la moitié de sa filiale de produits sans ordonnance, dont le Doliprane au fonds d’investissement américain CD&R.”En dix ans, il a détruit des milliers d’emplois à travers quatre plans de licenciements. Il vend le Doliprane aux Américains, veut se séparer du site d’Amilly mais compte investir 20 milliards aux USA. Que fait l’Etat? Rien!”, a condamné mercredi sur X le rapporteur de la commission d’enquête du Sénat sur les aides publiques aux grandes entreprises, le communiste Fabien Gay, rappelant qu'”en dix ans, Sanofi a obtenu plus d’un milliard de crédit impôt recherche”.Sanofi, qui investit plus de 2,5 milliards d’euros chaque année en France, a reconnu devant cette commission une réduction d’environ un millier d’emplois dans la R&D en France sur dix ans, mais insisté sur l’absence de licenciements.Si aucune réduction des investissements en France n’a été annoncée à ce stade, “un basculement progressif des priorités vers les zones les plus stratégiques et rentables est plausible à moyen terme”, a estimé M. Chantereine.

La Bourse de Paris grappille du terrain après des indicateurs économiques américains

La Bourse de Paris a terminé en légère hausse de 0,21% jeudi, à l’issue d’une séance marquée par la publication d’indicateurs économiques aux États-Unis qui alimentent les espoirs de baisses de taux de la banque centrale américaine (Fed).L’indice vedette CAC 40 a pris 16,68 points pour s’établir à 7.853,47 points à la clôture. Mercredi, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,47%, à 7.836,79 points.Depuis son dernier point bas du 9 avril, dans un marché alors lesté par l’entrée en vigueur des droits de douane imposés par l’administration Trump, le CAC 40 a regagné près de 15%.”L’inflation [aux États-Unis] montre des signaux de ralentissement et les taux obligataires baissent, pointant vers la possibilité pour la banque centrale américaine (Fed) de baisser ses taux” au cours de l’année, commente Nicolas Forest, responsable des investissements au sein de la société Candriam.Sur le marché obligataire, le taux d’emprunt de l’État français à échéance 10 ans a terminé à 3,29% à la clôture, contre 3,38% la veille. Une détente de 0,9 point de pourcentage est considérée comme notable sur ce marché.Engie (+3,57% à 18,30 euros) a confirmé jeudi ses perspectives pour l’année 2025 après une “solide” performance opérationnelle et financière au premier trimestre, dans un contexte de normalisation des conditions de marché et malgré un environnement économique “incertain”.L’industriel français Vallourec (-1,50% à 17,05 euros), qui sort d’une cure d’assainissement drastique et devrait verser en 2025 son premier dividende en dix ans, a vu son bénéfice net reculer au premier trimestre.L’action de l’éditeur français de jeux vidéo Ubisoft a dégringolé de 18,20% à 9,55 euros l’action, dans le sillage de la publication des résultats de l’exercice décalé 2024-25 du groupe, jugés décevant.Le distributeur de meubles et d’objets de décoration Maisons du Monde, qui a fait état jeudi d’une nouvelle baisse de ses ventes au premier trimestre 2025, a chuté de 9,64% à 2,53 euros, même s’il compte toujours renouer avec la croissance au deuxième semestre.

ArcelorMittal veut rassurer sur sa présence à Dunkerque, mais maintient son plan social

Sous pression sociale et politique, le sidérurgiste ArcelorMittal a donné jeudi des gages sur sa volonté de pérenniser ses sites d’acier français, en réaffirmant son “intention” d’investir dans la décarbonation à Dunkerque (Nord), sans toutefois abandonner son projet de plan social en France.Sous réserve que Bruxelles concrétise ses mesures de protection de l’acier européen, le groupe a confirmé dans un communiqué “son intention d’investir dans un premier four électrique, sur son site de Dunkerque, pour un montant d’environ 1,2 milliard d’euros”.Une manière de couper court aux rumeurs de désengagement de l’industriel en France, alors que la CFDT a encore évoqué cette semaine une “désindustrialisation silencieuse”, reprochant au groupe de “réduire à peau de chagrin les investissements de maintien de l’outil” industriel tout en percevant des aides publiques.Pour une décision ferme et définitive, il faudra toutefois attendre “après l’été”, selon le président d’ArcelorMittal France, Alain Le Grix de la Salle, qui attend de l’Europe “des mesures de défense commerciale pour limiter les importations à 15% du marché et un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières”.”Ces mesures nous permettront de rétablir une concurrence équitable sur le marché européen de l’acier et donc de jouer à armes égales”, a-t-il déclaré lors d’un point presse en ligne.Il a en revanche écarté tout abandon du projet de plan de suppressions de 636 postes pour la France, dans les fonctions support et dans la production: “ce sont deux sujets qui sont distincts. Les suppressions de postes actuellement sont destinées à rendre la compétitivité des sites de Dunkerque”, a-t-il déclaré. “C’est une fumisterie !”, a réagi, très remonté, Gaëtan Lecocq, de la CGT de Dunkerque, site le plus menacé, avec près de 300 suppressions de postes annoncées, qui y voit “une opération de communication” pour contrer “le mouvement en train de monter socialement et politiquement”.- Un financement qui reste à définir -Plusieurs partis de gauche ont déposé ces derniers jours des propositions de loi de nationalisation, comme le réclame notamment la CGT, une option écartée jeudi par le président de la République Emmanuel Macron.Dans un échange avec les titres de presse quotidienne régionale, il a estimé qu’ArcelorMittal avait “essentiellement un problème de concurrence déloyale venant d’Asie, lié à nos réglementations et nos exigences CO2. La réponse pour faire ça, c’est créer les conditions d’une concurrence loyale.”Fin 2024, ArcelorMittal avait suspendu son projet d’investissement –à hauteur de 1,8 milliard d’euros dont plus de 800 millions d’aide promise par l’Etat– dans la décarbonation de ses hauts fourneaux de Dunkerque, en arguant de la non compétitivité de l’acier produit en Europe.Le projet prévoyait la construction à Dunkerque de deux fours électriques et d’une unité de réduction directe du fer (DRI) avec du gaz ou de l’hydrogène qui permet de produire de l’acier décarboné sans charbon fossile.Avec le coût actuel du gaz, “il n’y a pas de modèle économique pour le DRI”, a déclaré le patron d’ArcelorMittal France. Concernant l’annonce d’un four au lieu de deux prévus initialement, il a souligné que ce plan était “évolutif”.Compte tenu du changement de périmètre, “on ne sera pas en mesure d’utiliser les 850 millions d’euros” (d’aides de l’Etat) (…), donc le financement du four électrique “reste à finaliser”, a-t-il précisé.L’acier européen est pris en étau entre la baisse de la consommation sur le Vieux Continent, la concurrence jugée déloyale d’acier à bas prix venu de Chine notamment, les prix de l’énergie trop élevés en Europe et les nouvelles taxes douanières.Le sidérurgiste a d’ailleurs annoncé ces dernières semaines un plan d’économies pour tenter de regagner sa compétitivité en Europe avec le transfert d’activités support surtout vers l’Inde portant au total sur 1.400 postes de ses sites d’Europe de l’ouest. Jeudi, le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a salué un “premier pas décisif pour la pérennisation de la filière sidérurgique” en indiquant qu’il “continue le combat” avec le Commissaire européen Stéphane Séjourné.Le président de la région Hauts de France Xavier Bertrand est resté plus prudent: “1,2 milliard”, “ça ne lève pas toutes les interrogations, toutes les inquiétudes”, a-t-il dit. A Dunkerque, le maire Patrice Vergriete a aussi salué “un signal positif” et assuré “rester vigilant”. Interrogé par l’AFP, Guillaume de Goÿs, président d’Aluminium de France, industriel voisin du Dunkerquois, s’est félicité du fait qu’ArcelorMittal “avance”, afin de pouvoir “mettre en place un travail commun” sur la capture et le transport du CO2 dans la région.ngu-zl-bj-im/jum/nth

A69: premier succès au Parlement pour les défenseurs de la reprise du chantier

Les élus pro-A69 engagent le bras de fer au Parlement: le Sénat a largement adopté jeudi un texte atypique pour tenter d’obtenir par la loi la reprise du chantier de l’autoroute Toulouse-Castres, en dépit de sérieuses interrogations juridiques et de l’opposition résolue des écologistes.Les parlementaires parviendront-ils à court-circuiter la suite de la procédure judiciaire entourant le projet? Les deux sénateurs du Tarn, Marie-Lise Housseau et Philippe Folliot, ont en tout cas obtenu une première victoire en faisant adopter confortablement en première lecture une loi dite de “validation”.La démarche entend permettre aux parlementaires de “reprendre la main”, après l’annulation par le tribunal administratif de Toulouse de l’autorisation de construire cette portion d’autoroute de 53 km, entraînant la suspension du chantier entamé en 2023.L’objectif, “proposer une porte de sortie pour faire en sorte d’arrêter cette situation ubuesque et stopper cette gabegie”, a lancé M. Folliot.Le Sénat, dominé par une alliance droite-centristes, l’a soutenu à 252 voix contre 33, les oppositions émanant des rangs écologistes et de la plupart des communistes. L’Assemblée nationale prendra le relais dès le 2 juin à l’initiative des députés du Tarn, avec de bonnes chances d’adoption définitive.- “Urgence” de “désenclavement” -Concrètement, il s’agit de faire “valider” par la loi deux arrêtés relatif à l’autorisation environnementale du projet, au motif qu’il répond à une raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM), nécessaire pour justifier aux yeux de la justice les atteintes portées à l’environnement par un tel chantier.Le Sénat répond ainsi “à une situation d’urgence” pour “éviter les conséquences dramatiques d’un arrêt du projet”, a martelé le sénateur Horizons Franck Dhersin, rapporteur du texte.En effet, les défenseurs du texte plaident pour le “désenclavement” d’un bassin d’environ 100.000 personnes (Castres-Mazamet) et veulent donner des perspectives aux acteurs économiques locaux.Or selon Marie-Lise Housseau, l’arrêt du projet, qui devait s’achever en 2025, entraînerait des “dommages irrémédiables” pour le Tarn, département “qui se sent humilié, méprisé et nié dans ses choix de développement”.Au-delà du bien-fondé du projet, les débats les plus nourris ont concerné la forme de cette initiative, avec de sérieuses interrogations sur sa conformité à la Constitution.”Le législateur crée un précédent grave en tentant d’influencer une Cour de justice”, s’est alarmé l’écologiste Jacques Fernique.Interrogé par l’AFP depuis Soual, commune située sur le tracé de l’A69 dans le Tarn, Thomas Digard, militant du collectif La Voie est libre (LVEL) d’opposants à cette autoroute, s’est dit “écoeuré” par cette démarche parlementaire, lancée selon lui pour “passer en force” après avoir “perdu sur le terrain juridique”.- “Message trouble” -A l’opposé, les soutiens du texte ont méticuleusement défendu les nombreux “motifs impérieux d’intérêt général” démontrant selon eu la conformité du texte à la loi fondamentale: socioéconomiques, politiques, environnementaux, relatifs aux finances publiques ou encore à la sécurité routière.Mais certains législateurs n’ont pu masquer leur inconfort face à une proposition de loi au format inhabituel, débattue à quelques jours de l’examen par la cour administrative d’appel de Toulouse d’un premier recours contre l’arrêt des travaux, le 21 mai.”Nous ne devons pas procéder à du cas par cas législatif”, a reconnu le communiste Jean-Pierre Corbisez, pourtant favorable. Le Sénat “envoie un message trouble”, a abondé le socialiste Hervé Gillé, dont le groupe n’a pas participé au vote malgré quelques soutiens de sénateurs notamment occitans.Cette position du PS a offusqué les dirigeants des Ecologistes et de La France insoumise, Marine Tondelier et Manuel Bompard. Pour la première, les socialistes n’ont “même pas daigné (…) respecter le programme du NFP”. “Une trahison complète” pour le second.Autre fait marquant, la position de “sagesse” du gouvernement, ni favorable ni défavorable, exprimée pour “n’interférer ni dans la procédure juridictionnelle en cours, ni dans le travail parlementaire”, a expliqué le ministre des Transports Philippe Tabarot, qui soutient pourtant vivement le projet comme de nombreux ministres.L’enjeu final sur ce texte sera probablement de savoir si le Conseil constitutionnel le censure ou non. “Le Conseil sera évidemment saisi”, a confirmé à l’AFP le sénateur écologiste Ronan Dantec, qui a dénonce “une loi de posture”.

Japon: Don Quijote, le roi du discount, mise sur la “chasse aux trésors” des touristes

Dans les allées étroites d’un grand magasin de Tokyo, des centaines de touristes se pressent pour remplir leur panier de snacks, gadgets et autres souvenirs en tout genre, alimentant les caisses de “Don Quijote”, le roi du “discount” nippon.Cire d’épilation pour narines, chips, tongs, déguisements grotesques ou électroménager compact: à Don Quijote – aussi surnommé “Donki” – les rayons débordent de produits aussi variés qu’insolites.La chaîne de magasins à prix réduits fondée dans les années 1980 par Takao Yasuda a cassé les codes du commerce de détail au Japon avec ses horaires d’ouverture nocturnes et son ambiance chaotique.Inspiré par le personnage idéaliste de Don Quichotte auquel il s’identifie, M. Yasuda s’était donné “pour objectif de dépasser les grands supermarchés de l’époque grâce à de nouvelles idées et approches innovantes”, raconte à l’AFP Motoki Hata, responsable clientèle chez Don Quijote.L’expérience d’achat est pensée comme une véritable “chasse aux trésors”, explique-t-il debout devant une pile de biscuits chocolatés.”Les clients finissent par acheter autre chose que ce qu’ils étaient venus chercher”, ajoute M. Hata. – “Shopping ludique” -Cette expérience de “shopping ludique”, où l’on trouve même un rayon pour adultes caché derrière un rideau, séduit de nombreux étrangers, tirant avantage de l’affaiblissement du yen et des prix bon marché de l’enseigne.”J’ai l’impression d’avoir acheté beaucoup de choses pour seulement 70 dollars”, se réjouit auprès de l’AFP Garett Bryan, un Américain de 27 ans, tenant un sac rempli de souvenirs.”C’est le genre de magasin où tu peux acheter tout ce que tu veux. Mais il faut quand même se demander si tu en as vraiment besoin”, tempère Bruno Bosi, venu lui du Brésil. Au dernier étage du magasin, une longue file d’attente s’étend jusqu’aux caisses avec détaxe. Don Quijote prévoit d’ailleurs d’ouvrir deux nouveaux magasins l’an prochain, dédiés aux étrangers, avec une offre de produits détaxés.”Les touristes adorent faire du shopping, acheter des souvenirs” et surtout “ils aiment tout acheter en une seule fois (…) pour profiter du reste de leur voyage l’esprit tranquille”, explique à l’AFP Paul Kraft, fondateur du cabinet de conseil JapanIQ.Outre la clientèle d’Asie de l’Est, “depuis le Covid, les clients venant d’Europe et des Etats-Unis ont aussi beaucoup augmenté”, explique M. Hata, ajoutant que cette affluence mondiale a contribué à une hausse du chiffre d’affaires, désormais “environ 1,7 fois supérieur à celui d’avant la pandémie”.Don Quijote est la principale enseigne du groupe japonais Pan Pacific International Holdings (PPIH), dont le chiffre d’affaires des magasins “discount” a atteint 8 milliards d’euros (1.318,6 milliards de yens) pour l’année fiscale 2024, soit une augmentation d’environ 12% en un an.Les ventes détaxées ont rapporté 722 millions d’euros (117,3 milliards de yens) grâce notamment aux visiteurs sud-coréens (28,3%), chinois (18,5%) et venus de l’Asean (18,3%).- Modèle “inimitable” -Don Quijote s’efforce aussi d’accroître et fidéliser sa clientèle locale alors que la hausse des prix à la consommation au Japon (hors produits frais) a accéléré en mars de 3,2% sur un an.”Ce qui attire (les Japonais), c’est la disponibilité des produits et la promesse de faire une bonne affaire, ce qui est très précieux en ce moment”, ajoute Paul Kraft.L’inflation a poussé certains consommateurs à choisir l’enseigne pour des produits comme les cosmétiques ou l’électroménager.”C’est moins cher qu’ailleurs et il y a aussi des marques”, déclare à l’AFP Mme Kuroki, une habitante de Tokyo qui vient y faire ses achats une à deux fois par semaine.Shoji Raku, 20 ans, y achète quant à lui “du shampooing, de l’électronique et tout ce que l’on ne trouve pas ailleurs”.L’enseigne a ouvert 24 boutiques Don Quijote et assimilées lors de l’année fiscale 2024 et compte 501 boutiques au Japon.Mais l’ombre jetée par la guerre commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump plane sur la stratégie d’expansion de la firme, qui s’appuie sur 110 magasins à l’international, sous d’autres entités, dont 64 en Amérique du Nord.”Je pense que (les tarifs douaniers) pourraient certainement affecter (l’enseigne), car ils importent des produits du Japon”, affirme M. Kraft.”Mais une chose est sûre: je ne parierai jamais contre Don Quijote. Personne ne s’adapte aussi vite qu’eux dans le secteur au Japon (…) car ils donnent beaucoup d’autonomie à leurs magasins”, insiste-t-il.Face à des concurrents de la grande distribution comme Aeon au Japon ou Amazon sur internet, l’enseigne se distingue par son modèle économique à contre-courant et presque “inimitable”, selon Paul Kraft.”En termes de quantité de produits, nous ne pouvons pas rivaliser avec Amazon ou Rakuten, mais notre concept repose sur la capacité à offrir des produits inattendus, (…) que les clients vont découvrir et apprécier”, affirme Motoki Hata. “C’est cela notre force.”

Le secteur des cryptomonnaies fait l’éloge de Trump et réclame une clarté réglementaire

Le début de mandat du président Donald Trump a fait l’objet de critiques élogieuses lors d’une conférence mondiale sur les cryptomonnaies cette semaine, mais les principaux avocats du secteur réclament une clarté réglementaire.”De façon générale, ces trois mois ont été très encourageants”, a souligné mercredi Lewis Cohen, avocat spécialisé dans les actifs numériques au sein d’un cabinet new-yorkais Cahill Gordon & Reindel.Celui-ci s’exprimait à l’occasion de Consensus, la conférence sur les cryptomonnaies la plus ancienne au monde et organisée cette année à Toronto, la plus grande ville du Canada.Le fils de de Donald Trump, Eric, qui promeut sa propre entreprise de cryptomonnaie, doit s’adresser à la conférence jeudi alors que de plus en plus de questions se posent sur un éventuel conflit d’intérêts avec son père à la Maison Blanche.Eric Trump est très impliqué dans le secteur en tant que cofondateur et dirigeant d’American Bitcoin, ainsi qu’à travers des projets soutenus par sa famille.La cryptomonnaie $TRUMP, lancée par Donald Trump, a vu sa valeur grimper en flèche lors de l’annonce d’un dîner qui doit être tenu le 22 mai par le président dans l’un de ses clubs de golf, auquel seuls les principaux détenteurs de sa cryptomonnaie seront invités.Les investisseurs américains du secteur ont été les principaux soutiens de la campagne présidentielle de Trump, contribuant à hauteur de millions de dollars dans l’espoir de mettre fin au profond scepticisme de l’administration démocrate précédente à l’égard des monnaies numériques.Les participants à la conférence n’ont pas caché leur mépris pour la présidence de Joe Biden, qui avait mis en place des restrictions sur les banques détenant des cryptomonnaies.Le retour de Donald Trump a donné “une chance de réinitialiser les relations” entre le secteur et Washington, a estimé Annemarie Tierney, une experte en réglementation qui a déjà travaillé à l’Autorité de régulation des marchés financiers, la SEC.Le président a nommé à la tête de la SEC un partisan de ces actifs financiers d’un nouveau genre et, sous sa conduite, l’organisme a abandonné les poursuites judiciaires de grands noms comme les plateformes d’échange Coinbase ou Kraken. “C’est l’une des choses les plus importantes que la SEC ait faites. Je ne pensais pas voir cela un jour”, a souligné Annemarie Tierney.- “Règles de conduite” -Les détracteurs des cryptomonnaies mettent en garde contre le fait que les actifs numériques sont avant tout des investissements spéculatifs avec une utilité réelle discutable, et qui pourraient causer des dommages considérables en cas d’effondrement du marché.Mais ses partisans y voient une révolution financière qui réduit la dépendance à l’égard des autorités centralisées et une alternative aux systèmes bancaires traditionnels.Certains affirment que le succès des cryptomonnaies au niveau local serait étouffé par une réglementation qui favorise la domination des grandes institutions financière dans le secteur.Mais pour Connor Spelliscy, qui dirige l’organisation à but non lucratif Decentralization Research Center, les plateformes de cryptomonnaie bénéficieraient d’une action réglementaire rapide.”Il est très important que nous établissions des règles de conduite pour l’industrie avant que la Chambre des représentants ne change de camp”, a-t-il déclaré, faisant écho à l’opinion largement répandue selon laquelle les démocrates, actuellement minoritaires aux deux chambres du Congrès, sont plus hostiles au secteur.Deux projets de loi sur les cryptomonnaies sont actuellement examinés.Celui sur les “stablecoins”, qui vise à réglementer ces pièces de monnaie numériques privées indexées sur le dollar américain, est considéré comme moins controversé. Mais il est retardé par les démocrates, furieux de l’augmentation des avoirs de Donald Trump dans le secteur pendant son mandat.Le second projet de loi, plus épineux, vise à créer un cadre réglementaire pour l’ensemble du marché des actifs numériques, à l’instar d’un marché boursier pour les cryptomonnaies.”L’administration actuelle doit mettre ces règles par écrit”, a estimé Annemarie Tierney. “Nous devons mettre en place un cadre solide sur le plan réglementaire”.

Le cognac reste une pomme de discorde entre Paris et Pékin après une rencontre

Le cognac français reste “à ce stade” soumis à des sanctions chinoises, a affirmé jeudi le ministre de l’Economie Eric Lombard après une réunion avec le vice-Premier ministre chinois, He Lifeng, qui a lui appelé à un climat d’affaires “plus équitable” entre les deux pays.Les discussions entre la France et la Chine concernant le contentieux sur le cognac français n’ont pas permis d’aboutir à une solution “à ce stade”, a affirmé jeudi le ministre français à l’issue d’une réunion avec le dirigeant chinois.”Mais je sais néanmoins pour en avoir longuement parlé avec son excellence He Lifeng que la porte de la discussion reste ouverte”, a-t-il poursuivi, à l’heure où des sanctions chinoises contre ce secteur affectent durement la filière française.Après avoir mené ces derniers jours pour la Chine des négociations à Genève avec les Etats-Unis sur le dossier des droits de douane punitifs, He Lifeng achevait jeudi une visite de trois jours en France au cours desquels il s’est notamment entretenu avec des représentants d’entreprises de la cosmétique, de la pharmacie et de l’aéronautique, et a visité une ferme dans l’Eure. Jeudi s’est tenu la 10e édition du dialogue économique et financier de haut niveau franco-chinois auquel, outre He Lifeng et Eric Lombard, a aussi participé la ministre française de l’Agriculture Annie Genevard, sur fond de conflit persistant autour des sanctions chinoises sur l’industrie du cognac.Des mesures antidumping temporaires de Pékin imposent depuis mi-novembre aux importateurs de brandys européens (eaux-de-vie de vin, essentiellement du cognac) de déposer auprès des douanes chinoises une caution, en représailles à une procédure européenne visant les subventions d’État dont bénéficient les véhicules électriques fabriqués en Chine.- 1,4 milliard d’exportations -Ces mesures ont porté un coup en France à la filière cognac, qui affirme perdre 50 millions d’euros par mois depuis leur instauration.”J’ai souhaité insister sur l’importance pour nous de revenir à la solution qui prévalait avant 2024″, Eric Lombard, rappelant que le cognac représente 1,4 milliard d’euros d’exportations annuelles françaises vers la Chine.”Il s’agit pour la France d’un sujet de première importance”, a-t-il encore dit devant la presse.La Chine représente à elle seule un quart des exportations de cognac, selon le Bureau national français interprofessionnel du cognac.La réponse du dirigeant chinois sur ce sujet a été brève, He Lifeng se contentant de dire qu'”à la demande de l’industrie nationale chinoise, la Chine a ouvert une enquête antidumping sur le brandy originaire de l’Union européenne, conformément à la loi”. “L’autorité chargée de l’enquête prendra une décision sur la base des faits”, a-t-il poursuivi.La Chine suspecte les producteurs français de baisser excessivement le prix de leurs produits pour faciliter l’accès au marché chinois, une accusation que la France rejette fermement.Pékin a déjà infléchi sa position ces dernières semaines en repoussant de trois mois l’application définitive de droits de douane supplémentaires, à l’issue d’une visite du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.He Lifeng a toutefois dit souhaiter que “les entreprises françaises augmentent leurs investissements en Chine”, tout comme il a appelé les entreprises chinoises à “investir” et “faire des affaires en France”. Il s’est aussi dit ouvert à la coopération dans les domaines de l’intelligence artificielle, la transition climatique, les services financiers, le nucléaire et l’agriculture.Le dirigeant chinois s’est montré en revanche plus offensif au sujet du climat des affaires: son pays “espère que la France offrira un climat (…) plus équitable, plus juste et plus prévisible”, a-t-il affirmé.Outre le conflit sur le cognac, la France n’exporte par ailleurs plus de viande bovine vers la Chine depuis fin 2024, du fait d’un embargo total décrété par Pékin, lié à la fièvre catarrhale ovine (FCO), une maladie non transmissible à l’homme qui affecte essentiellement les ovins mais aussi les bovins.La viande bovine française est “bienvenue” sur le marché chinois, avait déclaré mardi le vice-Premier ministre chinois lors d’une visite dans une ferme bovine à Harquency (Eure), sans donner ni calendrier ni détails sur la levée des restrictions actuelles.

Washington et Téhéran se rapprochent d’un accord, dit Trump dans le Golfe

Washington et Téhéran se rapprochent d’un accord sur le nucléaire, a affirmé jeudi Donald Trump au Qatar, avant dernière étape d’une tournée dans le Golfe ponctuée de déclarations-choc sur les crises régionales, le président américain assurant vouloir “mettre fin aux conflits”.Il a fait ces déclarations à Doha avant d’atterrir plus tard jeudi à Abou Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis, dernière étape de sa tournée dans le Golfe entamée mardi en Arabie saoudite.”Je pense qu’on se rapproche de la conclusion d’un accord”, a dit Donald Trump depuis Doha, faisant reculer les cours du pétrole.Quelques heures plus tôt, Ali Shamkhani, un conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, avait dit à la chaîne américaine NBC que Téhéran était prêt à accepter un accord avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire, en échange de la levée immédiate des sanctions, alors que les deux pays ont tenu quatre cycles de discussions ces dernières semaines.”En tant que président, ma priorité est de mettre fin aux conflits”, a-t-il dit devant les militaires américains sur la base d’al-Udeid au Qatar tout en affirmant qu’il “n’hésiterait jamais à déployer la force américaine, si nécessaire, pour défendre les Etats-Unis d’Amérique ou ses partenaires”.- Gaza -Il a répété en outre jeudi que les Etats-Unis voulaient prendre le contrôle de la bande de Gaza, ravagée par 19 mois de guerre entre Israël le mouvement islamiste palestinien Hamas, et en faire une “zone de liberté”.”Je pense que je serais fier que les Etats-Unis l’aient, la prennent, et en fassent une zone de liberté”, a déclaré le président depuis le Qatar.Il a par ailleurs averti les Houthis que Washington pouvait “reprendre l’offensive” contre ces rebelles yéménites, après un cessez-le-feu ayant suspendu le 6 mai les bombardements américains lancés depuis des semaines.”Nous traitons avec les Houthis, et je pense que c’est un succès, mais une attaque peut survenir demain, et dans ce cas, nous reprendrons l’offensive”, a affirmé le président américain, alors que les Houthis sont supposés ne plus attaquer les intérêts américains en mer Rouge. Mardi, M. Trump avait créé la surprise en annonçant la levée des sanctions visant la Syrie. Le lendemain, il rencontrait le président Ahmad al-Chareh, ancien jihadiste qui a pris le pouvoir après avoir renversé Bachar al-Assad.Le président américain a aussi affirmé qu’il pourrait se rendre en Turquie si les premiers pourparlers directs entre la Russie et l’Ukraine progressaient. “Vous savez, si quelque chose se passait, j’irais vendredi”. Dans l’avion qui l’a mené à Abou Dhabi, Donald Trump a dit que “rien ne se passera” sur l’Ukraine tant qu’il n’aura pas rencontré son homologue russe Vladimir Poutine, qui ne s’est pas rendu aux pourparlers avec Kiev en Turquie.Sa tournée dans le Golfe -région clé de la rivalité stratégique entre les Etats-Unis et la Chine- est le premier déplacement international important de Donald Trump.- Milliards -Comme pendant son premier mandat, il a boudé les alliés occidentaux au profit des richissimes monarchies pétrolières et gazières.Mais alors qu’en 2017 il était aussi allé en Israël, il ne fera pas le voyage cette fois, ce qui, selon les analystes, confirme un froid avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.Donald Trump ne devrait pas repartir des Emirats arabes unis, où il a été accueilli à l’aéroport par le président, cheikh Mohammed ben Zayed, sans avoir glané des promesses d’investissements et de commandes, notamment dans le domaine de l’Intelligence artificielle, après celles déjà engrangées à Doha et Ryad.L’Arabie saoudite a par exemple promis 600 milliards de dollars d’investissements, tandis que la compagnie Qatar Airways a passé une gigantesque commande à l’avionneur américain Boeing pour 200 milliards de dollars.Des commandes aux montants aussi faramineux que difficilement vérifiables sur le long terme.”C’est une tournée historique. Il n’y a jamais eu de tournée pouvant rapporter, au total, 3.500 à 4.000 milliards de dollars en seulement quatre ou cinq jours”, a-t-il affirmé jeudi. A al-Udeid, la plus grande base aérienne américaine du Moyen-Orient, Donald Trump a assuré que le Qatar allait “investir 10 milliards pour soutenir cette imposante base dans les années à venir”. L’ancien promoteur immobilier a aussi très clairement confirmé la rupture avec la diplomatie de l’ancien président démocrate Joe Biden, faite en partie d’appels au respect des droits humains et à la démocratie. Ces notions n’ont pas été mises en avant dans le Golfe par le président républicain.

Sri Lanka: la difficile reconquête des terres agricoles polluées par le sel de mer

Sameera Dilshan appartient à l’élite de la police srilankaise. Avec quatre de ses hommes, il a hérité d’une mission inédite: remettre en culture des champs pollués par le sel de la mer, un phénomène ancien qui s’accélère avec le changement climatique.A deux heures de route au sud de la capitale Colombo, voici Katakurunda, un des camps de la redoutée “Special Task Force” (STF).Pendant que ses collègues s’entraînent au maintien de l’ordre sous la chaleur humide des côtes de l’océan Indien tout proche, le commando-paysan de la police bine, arrache et arrose.Son objectif ? Ressusciter une rizière déclarée morte il y a près de quarante ans à cause de la salinité de son sol.Un projet modèle dont l’importance stratégique justifie qu’il ait été confié à l’élite des forces de l’ordre, dans un pays où près de 8% de la totalité des terres arables sont affectées par une salinité excessive.”Cette plantation a démarré en 2022 dans le cadre d’une initiative du gouvernement pour développer la sécurité alimentaire”, explique le sous-officier.”On nous a donné ces terres marécageuses pour essayer d’y cultiver de la noix de coco selon une pratique agricole utilisée en Thaïlande ou en Indonésie”, ajoute-t-il.Cette méthode “Sorjan” consiste à remodeler les terres agricoles en y creusant des bassins pour l’élevage piscicole ou les cultures résistantes aux inondations, pendant que leurs bords surélevés sont réservés aux variétés plus fragiles.- “Rendements menacés” -“C’est un système de production efficace et résistant aux aléas du climat, qui optimise l’utilisation des terres, leur productivité et augmente les profits des agriculteurs”, résume Buddhi Marambe, enseignant à l’université de Peradeniya.”Nous entretenons 360 cocotiers (…) ainsi que des citrouilles, des calebasses et du concombre”, décrit Sameera Dilshan. “Dans deux ans et demi, nous saurons si c’est un succès ou pas”.Selon un rapport publié en 2024 par l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture (FAO), l’eau salée des mers et des océans affecte 10,7% des terres de la planète, jusqu’à les rendre incultivables.Il remonte les cours d’eau à marée haute, s’incruste dans les sols à l’évaporation et contamine les nappes phréatiques utilisées pour leur irrigation.   Le réchauffement de la planète, qui accroît l’aridité des sols, réduit les ressources en eau et fait monter le niveau des mers, devrait faire passer la part de ces terres “salées” de 24 à 32% de la superficie mondiale d’ici à la fin du siècle, estime la FAO.Ces phénomènes “menacent la productivité agricole et réduisent le rendement des récoltes dans les zones salées”, avertit l’institution.Le Sri Lanka n’échappe pas à la règle.Selon le Pr. Marambe, 223.000 hectares, dont la moitié de rizières, sont aujourd’hui affectés par leur salinité au Sri Lanka.- “Pénuries” -Au sud de la plantation expérimentale des policiers de la STF, le village de Parappuwa en est entouré.Ici, à quelques kilomètres à vol d’oiseau de l’océan, seule une infime partie des rizières est encore cultivée. “Tout est pollué par le sel qui remonte à marée haute”, constate Gamini Piyal Wijesinghe, le doigt pointé sur un petit ruisseau.”Au total, 18 anicots (barrages) ont été construits pour empêcher l’eau de mer de remonter. Mais ils n’ont pas été construits correctement”, peste-t-il, “l’eau peut passer au travers”.Alors lorsqu’il a quitté l’armée, ce fils de riziculteur s’est reconverti dans la restauration. D’autres agriculteurs du coin ont fait le choix de la cannelle ou l’hévéa (arbre-caoutchouc).”La cannelle marche plutôt bien, mais nos revenus ont nettement baissé depuis que nous ne faisons plus de riz”, confirme le chef de l’association locale des agriculteurs, W.D. Jayaratne. “En plus, nous avons connu des pénuries de riz”.Et l’avenir s’annonce sombre. “La salinité de l’eau augmente. Il y a aussi les insectes”, poursuit le même, “partout il n’y a que des problèmes”.Les autorités semblent avoir pris conscience de la menace.Dans le district de Kalutara, elles offrent gratuitement aux paysans des terres abandonnées pour les remettre en culture.”Nous avons déjà alloué 400 hectares, on envisage d’aller jusqu’à 1.000 d’ici deux ans”, assure le chef du district, Janaka Gunawardana. “Il y a une forte demande pour la noix de coco, ça va créer des revenus pour notre population”.- Variétés résistantes -A Katukurunda, Aruna Priyankara Perera n’a pas longtemps hésité avant de sauter sur l’occasion.”J’ai acquis deux hectares à côté de mon hôtel pour copier l’expérience menée par les STF”, dit-il devant son champ fraîchement planté de cocotiers et de citrouilles. “La terre est gratuite pendant deux ans, il faut juste prouver qu’elle est cultivée”.Elément de base du régime alimentaire local, le riz fait l’objet de toutes les attentions des autorités.”La salinité des sols est un problème majeur au Sri Lanka”, alerte le Pr. Marambe. “Nous avons testé avec succès plusieurs variétés prometteuses de riz résistant à la salinité et aux inondations”.L’enjeu est de taille.Une récente étude menée dans l’estuaire de la rivière Bentota, dans le sud-ouest de l’île, a relevé que la moitié des riziculteurs locaux avaient perdu tous leurs revenus à cause de la pollution saline.Plus grave, c’est la sécurité alimentaire du Sri Lanka qui est désormais menacée. La production de riz a atteint son plus bas niveau depuis 2019 lors de la dernière récolte (de septembre à mars).”Si nous ne nous retroussons pas tous les manches pour remettre en culture et en production les zones polluées par le sel”, avertit le Pr. Buddhi Marambe, “l’avenir sera de plus en plus sombre”.

ArcelorMittal redit son “intention” d’investir 1,2 milliard d’euros à Dunkerque, mais maintient son plan social

Le sidérurgiste ArcelorMittal a réaffirmé jeudi son “intention” d’investir dans la décarbonation de son site de Dunkerque (Nord) à hauteur de 1,2 milliard d’euros, sous réserve que Bruxelles concrétise ses mesures de protection de l’acier européen, sans toutefois remettre en cause les suppression de postes annoncées en France.Le groupe confirme “son intention d’investir dans un premier four électrique, sur son site de Dunkerque, pour un montant d’environ 1,2 milliard d’euros”, compte tenu des mesures prises par Bruxelles qui vont “dans la bonne direction”, a indiqué le groupe dans un communiqué.Pour une décision ferme et définitive, il faudra attendre “après l’été”, selon le président d’ArcelorMittal France, Alain Le Grix de la Salle.”Les mesures que nous attendons sont de deux ordres (…): des mesures de défense commerciale pour limiter les importations à 15% du marché et un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. Ces mesures nous permettront de rétablir une concurrence équitable sur le marché européen de l’acier et donc de jouer à armes égales”, a-t-il déclaré lors d’un point presse en ligne, estimant qu’elles “devraient être en place prochainement, dans les mois à venir, après l’été”.”Donc, je ne parlerai pas de conditionnalité, c’est une intention, mais on veut vraiment donner le sens et la confiance que l’on a sur le fait de dire que très très prochainement, on va décider et on va confirmer”, a-t-il ajouté.Il a en revanche écarté tout abandon du projet de plan de supressions de 636 postes pour la France, dans les fonctions support et la production : “ce sont deux sujets qui sont distincts. Les suppressions de postes actuellement sont destinées à rendre la compétitivité des sites de Dunkerque. Et là, on parle et on confirme notre intention (d’investir) pour donner de la visibilité, parce qu’on est beaucoup plus confiant qu’il y a deux ou trois mois”, a-t-il déclaré. Fin 2024, ArcelorMittal avait suspendu son projet d’investissement massif – à hauteur de 1,8 milliard d’euros dont plus de 800 millions d’aide promise par l’Etat – dans la décarbonation de ses hauts fourneaux de Dunkerque, en arguant de la non compétitivité de l’acier produit en Europe.L’acier européen est pris en étau entre la baisse de la consommation sur le Vieux Continent, la concurrence jugée déloyale d’acier à bas prix venu de Chine notamment, les prix de l’énergie élevés en Europe et, désormais, les nouvelles taxes douanières décrétées par les Etats-Unis.