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Climat: limiter les rots du bétail grâce à une algue, le pari d’une ferme de Tasmanie

C’est une ferme invisible à l’oeil nu, sans irrigation ni fertilisant: au large de Triabunna, en Tasmanie, s’étend une exploitation de 1.800 hectares où l’on cultive l’asparagopsis, une algue destinée à réduire l’impact climatique des animaux d’élevage.Plus d’une quarantaine d’études scientifiques ont établi ses bénéfices, explique la chercheuse Fran Cowley. Sous forme de complément alimentaire intégré au fourrage ou au grain, cette algue rouge, abondante sur le littoral de l’île australienne, peut réduire le méthane que les ruminants émettent par leurs rots et flatulences.Selon l’organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les ruminants, de par leur processus de digestion, produisent environ un tiers des émissions de méthane, le 2e grand gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement climatique actuel.En laboratoire, “si on emploie la mesure la plus précise d’inhibition du méthane, l’asparagopsis est à même de supprimer 95% de la production de méthane des animaux qui en ingèrent”, souligne Mme Cowley, professeure à l’école de Science rurale et environnementale à l’université de Nouvelle-Angleterre.Elle a aussi mené l’expérience la plus longue en la matière, selon elle. Après 200 jours dans des parcs d’engraissement de bovins du Queensland australien, les émissions des animaux ont été réduites de moitié sur la période, par rapport au bétail non supplémenté, d’après des résultats publiés en août 2024.Il s’agit d’une amélioration par rapport à une précédente étude, la plus poussée alors sur le terrain, qui n’avait révélé qu’une réduction de 28% au sein d’un troupeau japonais.Selon Mme Cowley, le bromoforme que contiennent les algues influe sur le système digestif en réduisant rots et flatulences, mais n’a pas d’impact négatif sur la santé des animaux qui en ingèrent, ni sur les produits qui en sont issus.”Le bromoforme peut être cancérigène. Mais il est administré en très faible quantité et entièrement dissous dans la panse, il n’y a aucune accumulation dans le lait ou la viande, dont par ailleurs, ni le goût ni la consistance ne sont affectés”, explique la chercheuse.- Champ de recherche -A Triabunna, dans l’est de la Tasmanie, le PDG de Sea Forest crée dans sa vaste ferme marine des compléments alimentaires à partir des algues, sous forme d’huiles, de pellets et de pierres à lécher.Après une quinzaine d’années dans l’industrie textile, Sam Elsom s’est lancé en 2019, souhaitant devenir “le catalyseur d’une agriculture durable, sans coût supplémentaire pour les éleveurs ou les consommateurs”.Une partie de la production est assurée en pleine mer et une autre sur la terre ferme, dans des bassins alimentés en eau de mer, “un cadre qui permet de contrôler la lumière, la quantité de nutriments, la disponibilité en carbone et surtout (qui est) plus facilement reproductible qu’une concession marine”.Il dit travailler déjà avec Ashgrove, un producteur laitier de Tasmanie, la chaîne de hamburgers Grill’d, présente dans toute l’Australie, et qu’un accord a été signé l’an dernier avec Morrisons, une chaîne britannique de grande distribution.”Nous avons eu aussi des discussions très encourageantes avec des producteurs de produits laitiers en France, nous sommes en train de demander une autorisation pour nos produits auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA)”, précise-t-il.Pour autant, cette solution reste aujourd’hui limitée.”En termes de régulation, il n’y a aucune incitation ni contrainte pour les éleveurs à réduire leurs émissions de méthane, pour le moins en Australie, mais à vrai dire aussi dans le reste du monde”, explique Fran Cowley. “Et les algues restent encore assez chères. Il faudrait en tirer une forte valeur ajoutée pour que ça vaille la peine, mais ce n’est pas le cas pour l’instant”.Que faire en outre pour la vaste majorité des ruminants qui dans le monde sont élevés en plein air?, ajoute-t-elle: “on ne peut pas ajouter ce complément alimentaire dans l’herbe qu’ils broutent”.La chercheuse est cependant optimiste. “C’est un champ de recherche assez nouveau qui a énormément avancé en à peine dix ans, et je m’attends à ce que de nouveaux produits soient créés dans les deux à cinq prochaines années.”

A69: au Sénat, une loi de validation pour relancer un chantier contesté

Suspendu par la justice administrative, le chantier de l’autoroute A69 Toulouse-Castres voit son sort examiné jeudi matin par le Sénat, qui devrait adopter une loi de “validation” pour tenter d’obtenir la reprise des travaux malgré des interrogations juridiques et l’opposition résolue des écologistes.Les parlementaires parviendront-ils à court-circuiter la suite de la procédure judiciaire entourant le projet? C’est tout l’objet de cette initiative atypique lancée à la chambre haute par les deux sénateurs du Tarn, Marie-Lise Housseau et Philippe Folliot.”Nous faisons notre travail de parlementaire en essayant de proposer une porte de sortie pour faire en sorte d’arrêter cette situation ubuesque et stopper cette gabegie”, a lancé M. Folliot dans la matinée, en ouverture des débats. Le vote est attendu à la mi-journée.Sa démarche, portée à l’identique l’Assemblée nationale par les députés du Tarn Jean Terlier (Renaissance) et Philippe Bonnecarrère (non-inscrit), entend permettre aux parlementaires de “reprendre la main”, après l’annulation par le tribunal administratif de Toulouse de l’autorisation de construire cette portion d’autoroute de 53 km, entraînant la suspension du chantier entamé en 2023.Concrètement, il s’agit de faire reconnaître par la loi que ce chantier répond à une raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM), nécessaire pour justifier aux yeux de la justice les atteintes portées à l’environnement par un tel chantier.Le texte de loi tient donc en quelques lignes seulement… Mais il promet des débats très animés, tant sur le fond que sur la forme, avec de sérieuses interrogations sur sa conformité à la Constitution, dénoncée par les oppositions au projet qui y voient une tentative de passage en force, voire de “contournement” de la séparation des pouvoirs.- “Désenclavement” -Les défenseurs du texte, qui défendent le nécessaire “désenclavement” d’un bassin d’environ 100.000 personnes (Castres-Mazamet) et veulent donner des perspectives aux acteurs économiques locaux, peuvent se targuer d’un soutien politique très large.Si le gouvernement ne pourrait “qu’accueillir positivement un vote favorable” du Sénat, selon le ministre des Transports Philippe Tabarot, l’exécutif a préféré ne pas “prendre position” officiellement sur ce texte, pour “n’interférer ni dans la procédure juridictionnelle en cours, ni dans le travail parlementaire”, a-t-il ajouté. Mais “la position du gouvernement n’est plus à prouver sur la nécessité de cette autoroute”, a-t-il pris soin de rappeler, alors que la cour administrative d’appel de Toulouse doit examiner le 21 mai un premier recours contre l’arrêt des travaux.Après l’adoption très probable du texte au Sénat, les députés ont déjà prévu de l’inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 2 juin, lors d’un espace réservé au groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR).Ils peuvent ainsi légitimement envisager une adoption définitive dès cette date, tant le rapport de force leur semble favorable. En effet, seule une partie de la gauche – La France insoumise et Les Ecologistes notamment – s’opposent au texte au Parlement.Ces groupes y sont minoritaires, mais leurs troupes sont en nombre suffisant pour saisir le Conseil constitutionnel en vue d’obtenir la censure du texte.- “Précédent très grave” -“Le Conseil sera évidemment saisi”, a confirmé à l’AFP le sénateur écologiste Ronan Dantec, qui dénonce “une loi de posture qui instaurerait un précédent très grave” pour les futurs projets.Les pro-A69 estiment à l’opposé que leur démarche ne “remet pas à en cause les principes constitutionnels”: elle répond simplement “à une situation d’urgence qui sert à éviter les conséquences dramatiques d’un arrêt du projet”, martèle le sénateur Horizons Franck Dhersin, rapporteur du texte.De nombreux élus suivent avec grande attention l’avenir de cette autoroute, dont la construction devait se terminer fin 2025. Elle conditionne selon eux de nombreux projets d’infrastructures.C’est pourquoi plusieurs élus socialistes d’Occitanie devraient voter pour le texte, à rebours de la position majoritaire du groupe, qui préfère ne pas participer au vote.

La Bourse de Paris, prudente, évolue dans le rouge

La Bourse de Paris est en légère baisse jeudi, accusant le contrecoup de l’optimisme du début de semaine lié aux annonces dessinant une accalmie dans de la guerre commerciale de Donald Trump. L’indice vedette de la place parisienne, le CAC 40, perdait 0,40% vers 10H50 heure de Paris. Mercredi, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,47%, à 7.836,79 points, soit un recul de 37,04 points.”L’enthousiasme autour de la détente commerciale retomb(e) quelque peu”, observe Franklin Pichard, directeur de la recherche chez Kiplink.Une succession d’accords commerciaux entre les Etats-Unis et ses partenaires d’échanges, avec en premier lieu l’annonce lundi de la réduction des surtaxes douanières qu’Etats-Unis et Chine s’imposent mutuellement, avaient relancé l’optimisme sur les marchés. Mais “l’appétit pour l’optimisme commercial commence à montrer des signes d’épuisement”, relève Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.Dans la lignée de la séance de la veille, morose, le soulagement des investisseurs a laissé place à la prudence. Et il existe une crainte “que les prix des actions n’aient trop augmenté, ce qui les rendrait vulnérables à des changements soudains”, commente Patrick Munnelly, analyste chez Tickmill Group.”Des prises de bénéfice après de très bonnes séances sont inévitables”, abonde Christopher Dembik conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM. Ubisoft dégringoleLe géant du secteur enregistre une perte nette de 159 millions d’euros, plombé par le lancement en demi-teinte de “Star Wars Outlaws” l’été dernier et l’arrêt prématuré de son jeu de tir en ligne “XDefiant”, selon ses résultats annoncés mercredi soir.Des données mal accueillies par les investisseurs : le titre de l’éditeur français de jeux vidéo Ubisoft décrochait de 19,79% à 9,34 euros vers 10H00. L’action valait plus de 23 euros il y a un an. Sanofi s’exporteLe géant pharmaceutique Sanofi (+0,61%), dont la moitié des ventes sont américaines, a annoncé mercredi son intention d'”investir au moins 20 milliards de dollars aux Etats-Unis d’ici 2030″, emboîtant le pas à d’autres laboratoires qui ont déjà pris la même initiative pour se prémunir d’éventuels droits de douane.

Les Bourses européennes ouvrent en légère baisse

Les Bourses européennes ont ouvert en légère baisse jeudi, après plusieurs jours d’optimisme grâce à l’évolution de la guerre commerciale, et avant la publication d’indicateurs macroéconomiques et de résultats d’entreprises. Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris perdait 0,33%, celle de Francfort 0,61%, Londres 0,40% et Milan 0,26%.

Trump à Abou Dhabi après avoir été fêté à Ryad et Doha

Déjà fêté en Arabie saoudite et au Qatar, Donald Trump conclut jeudi aux Emirats arabes unis, une tournée dans le Golfe ponctuée de spectaculaires annonces économiques et d’un coup d’éclat sur la Syrie.Il n’est toutefois pas exclu que l’impulsif président américain change ses projets.Il a évoqué mercredi la “possibilité” d’un déplacement en Turquie jeudi si son homologue russe Vladimir Poutine s’y rendait afin de parler de l’issue de la guerre en Ukraine, comme le réclame le président ukrainien Volodymyr Zelensky.S’il ne va pas à Istanbul, Abou Dhabi lui offrira à son tour un accueil plein de pompe, ce à quoi le président américain s’est montré très sensible depuis son arrivée à Ryad mardi.Cette tournée de trois pays du Golfe est le premier déplacement international important de Donald Trump, après son passage à Rome pour les funérailles du pape.- Milliards -Comme pendant son premier mandat, il a boudé les alliés occidentaux traditionnels au profit de ces monarchies pétrolières et gazières, richissimes et de plus en plus influentes sur la scène diplomatique internationale.Mais alors qu’en 2017 il avait profité de son passage dans la région pour aller en Israël, il ne fera pas le voyage cette fois, ce qui, selon les analystes, confirme un froid avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.Donald Trump ne devrait pas repartir des Emirats arabes unis sans avoir glané des promesses d’investissements et de commandes aux montants aussi faramineux que difficilement vérifiables sur le long terme.L’Arabie saoudite a par exemple promis 600 milliards de dollars d’investissements, tandis que la compagnie Qatar Airways a passé une gigantesque commande à l’avionneur américain Boeing pour 200 milliards de dollars.Adepte d’une diplomatie transactionnelle, le président américain estime que l’amitié des Etats-Unis ne va pas sans contreparties sonnantes et trébuchantes.Et s’il a créé la surprise mercredi en annonçant une levée des sanctions pesant sur la Syrie, et même accepté de rencontrer le président islamiste Ahmad al-Chareh, c’est en bonne partie dû à l’insistance du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.- Président syrien “séduisant” -Le dirigeant de fait du royaume saoudien a su répondre aux attentes de faste monarchique et de “deals” spectaculaires du président républicain pour provoquer cette entrevue, la première du genre en 25 ans.Donald Trump en a retiré une excellente impression du chef d’Etat syrien, qui a par le passé figuré sur une liste de jihadistes recherchés par les Etats-Unis, et qu’il a décrit comme un homme “jeune et séduisant”.L’ancien promoteur immobilier a aussi très clairement confirmé la rupture avec la stratégie diplomatique de l’ancien président démocrate Joe Biden, faite en partie d’appels au respect des droits humains et à la démocratie.Ces notions n’ont pas été mises en avant dans le Golfe par le président américain, qui s’est bien gardé, contrairement à son prédécesseur, de commenter l’assassinat en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien en TurquieDans un discours remarqué à Ryad, Donald Trump, dont la famille a de très importants intérêts financiers privés dans le Golfe, a au contraire rejeté toute ingérence dans les affaires intérieures des pays.- Ne pas “sonder les âmes” -“Trop de présidents américains ont été affectés par la notion selon laquelle c’est notre travail de sonder les âmes de dirigeants étrangers et d’utiliser l’action américaine pour faire justice”, a-t-il déclaré.”C’est le travail de Dieu de rendre la justice, le mien est de défendre l’Amérique”, a encore dit l’ancien promoteur immobilier.L’extrait vidéo du discours, qui étrille la doctrine interventionniste chère à des républicains de la vieille école, a été partagé sur X par le vice-président JD Vance.Ce dernier, qui soutient ouvertement des partis d’extrême-droite en Europe, a applaudi “la meilleure explication d’une politique étrangère intelligente et réaliste que j’aie jamais entendue de la part d’un président américain”.

Jennyfer: douze “potentiels repreneurs” ont déposé une offre

Douze offres de reprises ont été déposées au tribunal de commerce de Bobigny pour la marque Jennyfer, placée en liquidation judiciaire fin avril, a indiqué l’avocat des représentants du personnel à l’AFP, confirmant une information du média Fashion Network.Parmi les offres des “douze potentiels repreneurs”, seules deux sont qualifiées de “sérieuses, complètes et documentées” par Stéphane Ducrocq, avocat des représentants du personnel, précisant auprès de l’AFP que leurs offres ne sont “pas satisfaisantes”, l’une comme l’autre détruisant “beaucoup d’emplois”.Contacté, l’avocat de Jennyfer, Pierre-Emmanuel Fender, n’a pas souhaité faire de commentaire. La mieux-disante des offres de reprises propose de sauver “350 emplois”, affirme Stéphane Ducrocq, sur les 999 salariés que compte l’enseigne jusqu’ici. Selon des information du journal Le Monde publiées mercredi soir, une offre qui permettrait de reprendre “plus de 300 personnes” serait portée conjointement par l’enseigne Celio et Salih Hallassi à la tête de la chaîne de prêt-à-porter Pimkie. “On souhaite que les candidats revoient leur offre ou qu’un nouveau candidat sorte du bois”, ajoute Stépane Ducrocq. Le groupe breton de prêt-à-porter Beaumanoir (Cache Cache, Bréal, Bonobo, Morgan, Caroll, Sarenza, La Halle) confirme à l’AFP avoir déposé une offre de reprise concernant “26 points de vente”.  D’après Fashion Network, l’offre de Beaumanoir impliquerait le maintien de 160 postes. L’enseigne fondée en 1984 comptait mi-2024 220 magasins en France et 80 à l’international, notamment en Belgique, et revendique environ 250 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.Les candidats potentiels à la reprise de la marque de prêt-à-porter avaient jusqu’au 13 mai pour se signaler au tribunal de commerce de Bobigny, qui étudiera les offres le 28 mai. La liquidation judiciaire de Jennyfer prononcée fin avril s’inscrit dans un contexte de crise des enseignes de prêt-à-porter. Tombée en redressement judiciaire en juin 2023 en raison de l'”augmentation soudaine des coûts cumulée à une inflation galopante”, elle avait annoncé en sortir il y a moins d’un an, annonçant “un investissement initial de 15 millions d’euros” et “l’arrivée d’un nouvel actionnaire”.Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) était intervenu entre temps, menant à la suppression de 75 postes (60 au siège et 15 dans les entrepôts) sans fermeture de magasins.”L’explosion des coûts, la baisse du pouvoir d’achat, les mutations du marché textile et une concurrence internationale toujours plus agressive ont rendu son modèle économique intenable”, indiquait la direction de Jennyfer après le placement de la marque en liquidation judiciaire, le 30 avril dernier.

Commande record de 96 milliards de dollars du Qatar à Boeing, un signal fort pour l’avionneur

La compagnie aérienne Qatar Airwaysa passé commande portant sur 210 avions pour une valeur de 96 milliards de dollars à Boeing, a annoncé mercredi la Maison Blanche, à l’occasion de la visite de Donald Trump dans l’émirat.C’est un signal fort sur le plan commercial pour l’avionneur américain, qui se redresse progressivement après plusieurs années difficiles, même s’il peine à accélérer production et livraisons.Le titre de Boeing a pris 0,62% sur la séance de mercredi à la Bourse de New York. Il a atteint brièvement son plus haut niveau depuis 15 mois.Si Boeing et ses clients divulguent très rarement le prix des appareils achetés, il s’agit vraisemblablement de la plus grosse commande jamais enregistrée par Boeing en valeur.La plus conséquente en nombre d’appareils avait été passée, en 2023, par la compagnie Air India (220 avions), mais elle portait, en grande majorité sur des monocouloirs 737 MAX, alors que le contrat avec Qatar Airways concerne uniquement des gros porteurs 787 Dreamliner et 777X.”C’est la plus importante commande d’avion dans l’histoire de Boeing”, a assuré Donald Trump, précisant qu’elle représentait “plus de 200 milliards de dollars pour 160 avions, c’est fantastique, c’est un record”.L’écart entre le chiffre communiqué par le chef de l’Etat américain et la Maison Blanche s’explique par la différence entre les commandes fermes (160 avions) et les options (50).Qatar Airways a indiqué s’être engagé définitivement sur 130 Dreamliner et 30 777-9, de la famille des 777X.Le prix catalogue d’un 787 Dreamliner est d’environ 250 millions de dollars et celui d’un 777X aux alentours de 440 millions, ce qui induit un total inférieur aux chiffres communiqués dans tous les cas de figure, la ventilation des options n’ayant pas été précisée.Sollicité par l’AFP, Boeing s’est refusé à commenter l’annonce dans l’immédiat. Contacté, Qatar Airways n’a pas donné suite.Le 777X n’a pas encore reçu sa certification par l’Agence américaine de l’aviation civile (FAA). Il est en phase de tests et le groupe aéronautique table sur une première livraison en 2026.”Cela représente beaucoup d’avions”, a réagi Nicolas Owens, analyste de Morningstar, “mais si vous commandez un avion aujourd’hui, vous ne le recevrez pas avant au moins cinq ans.”Le carnet de commandes de l’avionneur cumulait ainsi, au total, 6.282 appareils à fin avril.- “Signe de confiance” -En proie à des problèmes de qualité depuis plusieurs années, Boeing a été contraint par la FAA de ralentir sa production du 737 MAX début 2024 après un incident en vol début janvier.La séquence a mené au départ, fin 2024, du directeur général Dave Calhoun, remplacé par Kelly Ortberg, un vétéran du secteur, qui a passé l’essentiel de sa carrière chez l’équipementier aérounautique Rockwell Collins.Boeing a également souffert d’une grève de plus de cinquante jours qui a bloqué deux usines cruciales entre mi-septembre et début novembre.”C’est une bonne nouvelle, mais Boeing ne va rien gagner sur ces avions avant longtemps”, a insisté Nicolas Owens, pour qui l’inclusion du 777X est “un signe de confiance émanant d’un client de longue date”. Sur les quatre premiers mois de l’année, le groupe a enregistré 261 commandes nettes.”Ils avaient besoin de se reprendre en main et il semble qu’Ortberg soit en train d’y réussir”, selon Nicolas Owens.La commande de Qatar Airways intervient quelques heures seulement après que les autorités chinoises ont autorisé la reprise des livraisons d’avions Boeing aux clients chinois.Elles avaient été suspendues mi-avril en réponse aux droits de douane imposés par Donald Trump aux produits chinois importés aux Etats-Unis.Les deux pays ont accepté lundi de réduire drastiquement ces tarifs douaniers durant 90 jours, le temps de parvenir à un accord commercial.L’annonce de la commande a été faite mercredi alors que le président américain signait une série d’accords à Doha aux côtés de l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.Certains portaient sur la défense, notamment la fourniture de drones MQ-9B.Lors de sa première étape dans la région, à Ryad, il a créé la surprise en annonçant la levée des sanctions visant la Syrie et en rencontrant son président islamiste, Ahmad al-Chareh. A Doha, Donald Trump a reçu un accueil tout aussi fastueux qu’à Ryad.L’émir du Qatar s’est déplacé à l’aéroport pour l’accueillir, et l’avion présidentiel américain a eu droit à une escorte d’avions de combat qataris.Mais ce passage à Doha a pour arrière-plan un scandale politique.L’opposition démocrate aux Etats-Unis reproche au milliardaire d’avoir accepté “le plus gros pot-de-vin étranger de l’histoire récente”.En cause, un Boeing 747-8 offert à Donald Trump par la famille royale qatarie pour remplacer au moins provisoirement son avion officiel, et pour l’utiliser après son mandat.

Wall Street fait une pause après l’engouement autour de l’accalmie commerciale

La Bourse de New York a terminé sans direction claire mercredi, reprenant son souffle après l’enthousiasme dû à la détente commerciale entre Washington et Pékin et en l’absence de nouveau catalyseur. Le Dow Jones a perdu 0,21%, l’indice Nasdaq a progressé de 0,72% et l’indice élargi S&P 500 a pris 0,10%.La place américaine a connu “une journée calme après l’envolée de la veille”, commente auprès de l’AFP Peter Cardillo, de Spartan Capital Securities.Lundi et mardi, les investisseurs se sont montrés particulièrement enthousiastes face à la pause de 90 jours décidée par la Chine et les États-Unis sur l’essentiel des lourdes surtaxes douanières qu’ils s’imposent, une trêve dans leur éprouvante guerre commerciale, qui a bouleversé les chaînes d’approvisionnement et les marchés mondiaux.Mais “sans nouvelles macroéconomiques” ou “sur le plan commercial”, les acteurs du marché ont décidé mercredi de “faire une pause” dans l’attente d’un nouveau catalyseur, explique M. Cardillo.Selon l’analyste, ce catalyseur pourrait prendre la forme des ventes au détail, un élément “clé” publié jeudi, et qui procurera au marché des informations sur la consommation des ménages américains.Wall Street attend également le même jour l’indice de prix à la production (PPI), puis, à la fin du mois, l’indice PCE – jauge d’inflation privilégiée par la banque centrale américaine (Fed).Le PPI “pourrait fournir des détails essentiels concernant l’impact des droits de douane sur les pressions exercées sur les coûts”, indique dans une note Jose Torres, d’Interactive Brokers.Sur le marché obligataire, le taux d’intérêt des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est tendu à 4,53%, contre 4,47% la veille en clôture.Ailleurs, au tableau des valeurs, “les gains du jour sont tirés par l’indice Nasdaq”, à forte coloration technologique, écrit M. Torres.Plus particulièrement, les géants du secteur des semiconducteurs Nvidia et Advanced Micro Devices (AMD) ont respectivement gagné 4,16% et 4,68% après avoir décroché d’importants contrats auprès de l’Arabie saoudite.Donald Trump s’est rapproché de Ryad mardi, signant un “partenariat économique stratégique”, avec un montant des investissements saoudiens aux États-Unis qui s’élèverait à 600 milliards de dollars selon l’exécutif américain. AMD profitait également de l’annonce d’un programme de rachats d’actions à hauteur de 6 milliards de dollars.Boeing a été recherché (+0,65%) et a même touché un plus haut en séance depuis février 2024 après l’annonce de la commande de la compagnie aérienne Qatar Airways, portant sur 210 avions pour une valeur de 96 milliards de dollars à Boeing.C’est un signal fort sur le plan commercial pour l’avionneur américain, qui se redresse progressivement après plusieurs années difficiles, même s’il peine à accélérer production et livraisons.La marque d’habillement American Eagle Outfitters a plongé de 6,45% après avoir suspendu ses prévisions 2025 en raison de “l’incertitude macroéconomique”.La plateforme de courtage eToro a décollé de 28,85% à 67,94 dollars pour son premier jour de cotation à Wall Street. L’entreprise israélienne, désormais valorisée plus de 5 milliards de dollars, a vu “la lumière au bout du tunnel après la correction des marchés” ce qui l’a poussée à effectuer son introduction en Bourse, a justifié son patron auprès de la chaîne de télévision américaine CNBC.  Le réseau social Reddit s’est envolé (+11,11%), profitant d’un regain d’intérêt de la part des investisseurs.

La France reste la première terre d’investissements étrangers en Europe mais faiblit

La France a gardé en 2024 la première place européenne des investissements étrangers pour la sixième année consécutive, mais souffre des mesures décidées avant l’arrivée de Donald Trump pour renforcer l’attractivité des Etats-Unis, a dévoilé le cabinet de conseil EY mercredi.Avec 1.025 projets d’investissements annoncés par les entreprises étrangères l’an dernier, la France demeure devant le Royaume-Uni qui a attiré 853 annonces de projets d’investissements, et l’Allemagne qui en a enregistré 608, détaille EY dans son baromètre  “baromètre de l’attractivité de la France 2025”.La France affiche malgré sa sixième médaille d’or son plus faible nombre de projets annoncés depuis 2020 et le plus bas nombre d’emplois à la clé de ces projets depuis 2017 (29.000 emplois).Le trio de tête affiche dans son ensemble un net recul du nombre d’investissements annoncés, de l’ordre de 13 à 17%, tout comme les 45 pays européens étudiés par EY.Le baromètre “s’inscrit dans un contexte de contraction assez significative de l’investissement en Europe et d’augmentation de l’attractivité des Etats-Unis pour les entreprises internationales”, relève auprès de l’AFP Marc Lhermitte, associé au cabinet EY.Les nouveaux projets d’investissements ont progressé de 20% sur un an en zone Amérique du nord, écrit EY en se basant sur des données de la Cnuced (Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement), en raison principalement de la percée américaine, là où ils ont baissé de 5% en Europe.- Droits de douane -L’évolution américaine tient davantage à la présidence de Joe Biden qu’à celle de Donald Trump selon EY, l’ex-président américain ayant mis en place des incitations importantes pour les industriels prévoyant de développer des projets d’avenir aux Etats-Unis, à travers notamment l’Inflation Reduction Act (IRA), remis en cause par Donald Trump.Ce dernier mène aussi une bataille pour attirer les entreprises internationales sur son sol avec l’arme des droits de douane, estimant que celles-ci seront incitées à venir produire aux Etats-Unis afin d’éviter d’avoir à payer des surtaxes douanières.Les entreprises américaines investissent en parallèle moins en Europe, et cela s’observe sur les emplois: “en 2021, les entreprises américaines en Europe généraient 113.000 emplois, en 2024 c’est 58.000” met en avant Marc Lhermitte, soit une réduction de moitié.Le baromètre EY précède le sommet Choose France, organisé lundi par l’Elysée au château de Versailles et à l’occasion duquel de nombreuses entreprises étrangères invitées doivent annoncer de nouveaux projets d’investissements.Le gouvernement français, qui tient cette année la huitième édition de ce sommet, se base régulièrement sur le baromètre EY pour justifier sa position de terre d’investissements, favorisée selon lui par les réformes engagées notamment sur la fiscalité et le droit du travail. Ce classement ne montre toutefois qu’une partie de la réalité de l’attractivité, en se focalisant sur le nombre de décisions d’investissements annoncées et pas sur les montants investis ni les projets effectivement menés à terme.  – Extensions de sites -Le baromètre montre par ailleurs un succès mitigé en matière d’emplois créés: la France est troisième avec 29.000 emplois, contre 38.196 au Royaume-Uni et 34.603 en Espagne. La France se singularise aussi en Europe par une grande majorité d’annonces qui concernent des extensions de sites déjà existants plutôt que des projets d’implantations nouvelles. “On rallume la lumière dans un certain nombre d’usines plutôt qu’on ne met en place de nouvelles implantations spectaculaires comme on le fait en Espagne, en Pologne, ou en Allemagne ces dernières années”, résume Marc Lhermitte.Pour les projets industriels, cheval de bataille des pays occidentaux ces dernières années qui tentent de reprendre la main sur les emplois et les savoirs faire longtemps négligés, les nouvelles implantations ne représentent que 15% du total des investissements dans l’industrie. Et les projets industriels ne donnent lieu qu’à 33 emplois en moyenne par site, montre le baromètre, à la dixième place européenne.Malgré ses réformes, la France souffre encore du coût de sa main d’oeuvre et de son instabilité politique, selon un sondage mené par EY auprès de 200 investisseurs internationaux en mars. Elle profite en revanche du niveau de son innovation et de la qualité de sa main d’oeuvre.”Un projet d’investissement sur cinq qui se dirige vers l’Europe atterrit en France”, s’est tout de même félicité mercredi le cabinet du ministre délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, jugeant que “la stratégie de réindustrialisation (…) fonctionne”.

Au tour de Sanofi d’annoncer un investissement majeur aux Etats-Unis

Le géant pharmaceutique français Sanofi, dont la moitié des ventes sont américaines, a annoncé mercredi son intention d'”investir au moins 20 milliards de dollars aux Etats-Unis d’ici 2030″, emboîtant le pas à d’autres laboratoires qui ont déjà pris la même initiative pour se prémunir d’éventuels droits de douane.Le groupe tricolore réalise à peu près la moitié de son chiffre d’affaires aux États-Unis, où seulement 25% de sa production est implantée, répartie dans cinq usines.Son annonce n’est pas vraiment une surprise puisque la direction avait préparé le terrain fin avril en déclarant envisager d’augmenter ses investissements aux Etats-Unis.Elle intervient néanmoins dans un climat d’imprévisibilité et donc d’inquiétude concernant la politique commerciale américaine du médicament.Dans son communiqué diffusé aux Etats-Unis, Sanofi indique qu’il compte augmenter “considérablement ses dépenses de recherche et développement” aux Etats-Unis et d’y “étendre sa capacité de production”, à la fois par “des investissements directs” dans ses sites et par des partenariats avec d’autres fabricants nationaux, afin d’assurer la production de médicaments aux Etats-Unis”.Ces investissements “contribueront à garantir la production de médicaments essentiels aux États-Unis”, a déclaré le patron de Sanofi, Paul Hudson cité dans le communiqué.Il n’est pas précisé quelle proportion des 20 milliards de dollars envisagés correspond à des investissements déjà prévus et quelle part représentent de nouveaux investissements.”Les investissements prévus devraient créer un nombre important d’emplois bien rémunérés” dans les années à venir, assure Sanofi, qui compte 13.000 employés basés aux Etats-Unis.A l’occasion de ses résultats trimestriels et sans trop s’avancer, le directeur financier de Sanofi, François Roger, avait déclaré fin avril que Sanofi évaluait ses besoins de capacité de production aux Etats-Unis où le groupe envisageait “potentiellement des investissements supplémentaires”.”Même avant toute la discussion sur les droits de douane”, Sanofi avait planifié de fabriquer davantage aux Etats-Unis, avait-il souligné, disant surveiller “de près le développement” de la situation liée à l’offensive protectionniste américaine.- Stratégie d’alignement -Avant Sanofi, d’autres grands noms de la pharmacie, comme Eli Lilly, Johnson & Johnson, Merck, Roche et Novartis, avaient déjà annoncé de grands programmes d’investissements outre-Atlantique pour répondre aux attentes de Washington qui exerce des pressions pour encourager le retour des gros laboratoires aux Etats-Unis, grand importateur de médicaments.Cette stratégie d’alignement vise à atténuer les risques de droits de douane et à rester compétitif sur le marché américain, le plus important au monde pour le secteur pharmaceutique.Le prix du médicament y est significativement plus élevé qu’en Europe, du fait d’un système de santé où les assureurs privés jouent un rôle clé dans la fixation des prix.Selon une étude de la Rand Corporation, les Américains payent en moyenne 2,5 fois plus pour les médicaments sur ordonnance que les Français par exemple.Aussi, le président améticain Donald Trump a annoncé lundi un plan pour baisser les prix des médicaments sur ordonnance aux Etats-Unis, afin de les aligner sur les prix les plus bas pratiqués ailleurs dans le monde.Sans avoir suffisamment de détails sur ce plan, il est compliqué pour les experts du secteur d’évaluer un possible impact sur la rentabilité des sociétés pharmaceutiques. Celles-ci échappent pour l’heure aux droits de douane mais la vigilance reste de mise.En parallèle, les laboratoires européens demandent avec insistance des mesures destinées à renforcer la compétitivité du secteur sur le Vieux Continent, dont une révision à la hausse des prix.Les Etats-Unis sont la principale destination des exportations des laboratoires européens: l’an dernier, 38,2% de leurs ventes hors Union européenne y ont été réalisées, générant un excédent commercial record de 74 milliards d’euros, selon des données d’Eurostat.