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Catastrophe écologique au Brésil: un procès géant contre BHP s’est achevé à Londres

Les dommages pourraient se compter en dizaines de milliards de livres: le procès contre le géant minier australien BHP, jugé pour la rupture dévastatrice d’un barrage de résidus toxiques en 2015 au Brésil, s’est achevé jeudi à Londres. Des centaines de milliers de victimes réclament réparation.Experts et victimes se sont succédé depuis fin octobre devant la Haute Cour de Londres, chargée de déterminer la responsabilité de BHP dans cette affaire titanesque, qui avait créé un émoi considérable.”Je rendrai mon jugement dès que possible”, a simplement déclaré la juge Finola O’Farrell en conclusion du procès. La décision n’est toutefois pas attendue avant juin ou juillet et les éventuels dommages et intérêts devront attendre un deuxième procès, peut-être en octobre 2026.Pour les avocats des demandeurs, “BHP était au courant, pratiquement dès le début, du risque sérieux que représentait le barrage de résidus de Mariana pour les communautés environnantes et l’environnement”.Mais “les entreprises essaient simplement de payer le moins possible”, a affirmé jeudi l’un d’eux, Tom Goodhead, à l’AFP.Le 5 novembre 2015, la rupture du barrage minier de Fundao, près de la ville de Mariana, dans l’Etat du Minas Gerais (sud-est du Brésil), avait entraîné une gigantesque coulée de boue de déchets toxiques sur 650 kilomètres le long du fleuve Rio Doce, jusqu’à l’océan Atlantique.- Forêt tropicale -Le barrage était exploité par Samarco, dont BHP et la compagnie brésilienne Vale étaient copropriétaires.La catastrophe a fait 19 morts, privé plus de 600 personnes de leur foyer, tué des milliers d’animaux et dévasté des zones de forêt tropicale protégée.BHP avait à l’époque deux sièges, dont un à Londres, ce qui explique cet énorme procès civil dans la capitale britannique.L’entreprise, qui affirme que l’eau du fleuve a retrouvé sa qualité depuis les faits, reconnaît une “tragédie” mais estime avoir démontré, lors du procès à Londres, qu’elle a su “privilégier la sécurité et agir de manière responsable”.Elle assure aussi que plus de 430.000 personnes ont déjà reçu une compensation au Brésil, où les autorités ont annoncé en octobre un nouvel accord d’indemnisation de l’ordre de 30 milliards de dollars avec BHP et Vale.”Nous respectons la procédure de Londres. Nous continuons notre défense ici, mais nous considérons que le Brésil est le meilleur endroit pour aborder toutes ces questions”, a affirmé à l’AFP jeudi Fernanda Lavarello, une dirigeante de BHP au Brésil.Les victimes espèrent obtenir davantage de la justice britannique. Elles soutiennent que la majorité des 620.000 plaignants au procès de Londres (dont 46 municipalités brésiliennes, des entreprises et plusieurs peuples autochtones) ne sont pas couverts par l’accord brésilien.- 36 milliards de livres -Le montant des dommages et intérêts réclamés dans la capitale britannique promet d’être énorme: il est évalué à 36 milliards de livres (soit 43 milliards d’euros ou 46 milliards de dollars) par les avocats des plaignants.Mariana est “la ville la plus touchée”, mais “malheureusement, les sommes accordées” au Brésil aux municipalités “ont été très basses”, a affirmé le maire Juliano Duarte jeudi à l’AFP, indiquant qu’une grande partie des indemnisations est attribuée “au gouvernement fédéral et au gouvernement de l’État”.”Nous espérons une meilleure justice à Londres, recevoir des sommes proportionnées à l’ampleur de la tragédie et nous espérons également que le paiement ne sera pas étalé sur 20 ans, comme cela est le cas au Brésil”, ajoute-t-il.Un peu plus loin, Pamela Fernandes, la mère d’Emanuele Vitoria, une petite fille de cinq ans qui a perdu la vie, dit être à Londres “pour la justice” car “pour moi, au Brésil, justice n’a pas été rendue”.Elle s’étrangle de la relaxe en novembre de BHP et Vale sur le plan pénal par un tribunal brésilien, pour absence de preuves sur leur responsabilité dans la rupture du barrage.Mais les vies perdues “sont des preuves”, assène-t-elle, pour qui il y a, au Brésil, “un manque d’intérêt, un manque d’effort. Ou alors c’est l’argent qui parle plus fort”.

Cryptomonnaies: la famille Trump discute d’une possible participation dans Binance US (médias)

Des émissaires de la famille Trump ont discuté avec le géant des cryptomonnaies Binance d’une prise de participation dans la plateforme américaine du groupe, Binance US, rapporte jeudi le Wall Street Journal, information démentie par le fondateur.Selon le quotidien financier, des contacts auraient été initiés par Binance pour relancer son activité aux Etats-Unis.Sous la pression des autorités, notamment du gendarme américain des marchés financiers (SEC), Binance US avait cessé, en 2023, d’accepter des dépôts et retraits en dollars. Seules les transactions en cryptomonnaies étaient encore possibles sur la plateforme, un développement qui a ralenti l’activité de Binance US.Mi-février, le groupe a levé cette restriction, actant sa mise en conformité avec la réglementation américaine.En novembre 2023, le groupe Binance, dont Binance US est la filiale, a en effet passé un accord avec le gouvernement américain pour éviter un procès.La première Bourse d’échange de cryptomonnaies au monde était accusée de violation de la législation américaine sur le blanchiment, permettant à des organisations criminelles de faire transiter des fonds par sa plateforme.Dans le cadre de cet accord, le patron Changpeng Zhao a démissionné et Binance a versé quelque 4,3 milliards de dollars d’amendes à deux agences du Trésor américain.La peine de “CZ”, son surnom, qui avait plaidé coupable, a été fixée, en avril 2024, à quatre mois de prison. Il a été remis en liberté fin septembre.Ecarté de toute fonctions opérationnelles, Changpeng Zhao reste actionnaire majoritaire de Binance.Il a démenti jeudi s’être entretenu sur une prise de participation dans Binance US.”Il semble que la raison d’être de cet article (du Wall Street Journal) soit d’attaquer le président et les cryptos”, a commenté le milliardaire, sur X (ex-Twitter).Selon le Wall Street Journal, Steve Witkoff, aujourd’hui émissaire de Donald Trump au Moyen-Orient et dans le dossier ukrainien, aurait participé aux discussions.Le fonds émirati MGX a annoncé mercredi avoir pris une participation au capital de Binance, à hauteur de deux milliards de dollars, versés en cryptomonnaies.Initialement hostile aux devises numériques, Donald Trump a changé son fusil d’épaule durant la dernière campagne présidentielle, au point de s’autoproclamer premier soutien de cette industrie.L’ancien promoteur immobilier a prêté son nom à une nouvelle plateforme d’échanges, baptisée World Libery Financial, et a même lancé sa propre monnaie dématérialisée, le Trump, quelques heures avant son investiture.

Algues vertes: l’Etat devra faire plus contre la pollution aux nitrates

Des mesures “insuffisantes” contre les algues vertes, qui prolifèrent depuis des décennies sur le littoral breton: le tribunal administratif de Rennes, saisi par l’association Eau et Rivières de Bretagne (ERB), a “enjoint” jeudi au préfet de Bretagne de renforcer son action contre les pollutions aux nitrates.Depuis 1971, des tonnes d’algues vertes s’échouent chaque année sur les plages bretonnes. En pourrissant, elles dégagent du sulfure d’hydrogène, un gaz mortel en cas d’exposition à de fortes concentrations.”Les mesures mises en Å“uvre par le préfet de la région Bretagne sont insuffisantes pour lutter contre les échouages d’algues vertes sur le littoral breton”, résume le tribunal dans un communiqué.Saisi de deux recours déposés par ERB, le tribunal laisse au préfet “un délai de dix mois (pour prendre) toutes les mesures nécessaires pour permettre de réduire effectivement la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole sur le territoire breton, notamment en se dotant d’outils de contrôle permettant un pilotage effectif des actions menées”.Le même délai est donné au préfet pour mettre en oeuvre “toutes les mesures utiles de nature à réparer le préjudice écologique résultant de la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole”.”L’Etat prend acte de (cette) décision”, a déclaré dans un communiqué la préfecture de Bretagne, disant examiner “les réponses à y apporter et les conditions d’un éventuel appel”.”La lutte contre la pollution par les nitrates” est déjà “engagée” par l’Etat, avec “de nouvelles actions lancées récemment”, a-t-elle estimé.- Une “première” -La reconnaissance du préjudice écologique “est une première”, a jugé le porte-parole d’ERB, Arnaud Clugery, saluant une décision “beaucoup plus large” que celles rendues antérieurement.En octobre 2022, ERB avait déposé deux recours contre l’État pour “pallie(r) les insuffisances de sa politique de gestion des pollutions azotées”. L’association avait demandé au tribunal de laisser à l’Etat un délai d’un mois pour agir et de lui imposer des astreintes d’un million d’euros par mois de retard.Elle n’a pas été suivie sur ce point par le tribunal.ERB espérait suivre l’exemple de l’association Les Amis de la Terre, qui a fait condamner l’Etat à des dizaines de millions d’euros d’astreinte pour ses manquements dans la lutte contre la pollution de l’air.Une déception, a reconnu Arnaud Clugery, précisant que ERB ne s’interdit pas de ressaisir le tribunal dans 10 mois.Le deuxième recours portait sur une demande de “réparation des préjudices écologiques et moraux”, le préjudice moral étant chiffré par l’association à 3,2 millions d’euros. Le tribunal a condamné l’Etat à verser 5.000 euros à Eau et Rivières de Bretagne.- Elevage intensif -En novembre 2022, la justice a écarté la responsabilité de l’Etat et débouté la famille de Jean-René Auffray, un joggeur mort en 2016 dans une vasière envahie d’algues vertes, à l’embouchure du Gouessant (Côtes d’Armor).Début mars, un lien de causalité entre la mort d’un sanglier en septembre 2024 sur une plage proche de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) a pu être établi avec “l’inhalation d’H2S, gaz émanant de la putréfaction des algues vertes”, selon le parquet de Brest.Dans ce même estuaire, 36 sangliers avaient été mortellement intoxiqués en 2011.Selon un rapport de la Cour des comptes de 2021, cette prolifération d’algues vertes est “à plus de 90% d’origine agricole” dans cette région où le recours aux engrais azotés a fortement progressé à partir des années 1960, et qui compte aujourd’hui 140.000 emplois dans l’agroalimentaire.La France en est à son septième programme d’action régional depuis 2010, “aux effets incertains sur la qualité des eaux”, selon la Cour des comptes.En juillet 2023, le tribunal administratif de Rennes avait fixé un délai de quatre mois à l’État pour renforcer la lutte contre les algues vertes, dans le cadre d’une autre procédure menée par Eau et Rivières de Bretagne.

Birmanie: la culture du pavot à opium, rare refuge pour une population en détresse

“Nous n’avons pas le choix”: acculé par la guerre civile, Aung Hla a abandonné la culture du riz pour le pavot à opium, l’un des derniers secteurs en état de marche en Birmanie, en proie aux trafics en tous genres.”Si quelqu’un d’autre avait été à ma place, il aurait fait la même chose”, se justifie l’agriculteur de 35 ans, originaire de Moe Bye, dans l’Etat Shan (est).Il survit avec un salaire de misère en travaillant, à contre-coeur, dans un marché aux mains d’organisations criminelles qui transforment la résine d’opium en héroïne, vendue dans le monde entier.”Tout le monde pense que ceux qui cultivent le pavot à opium sont riches, mais nous essayons simplement de nous en sortir”, souffle-t-il. “Si la guerre prenait fin, la culture du pavot disparaîtrait.”Depuis le coup d’Etat de février 2021, la Birmanie a sombré dans une spirale de violences, la junte au pouvoir combattant des dizaines d’organisations armées issues de minorités ethniques et de groupes pro-démocratie.Le conflit a détruit les moyens de subsistance de nombreux Birmans, devenus vulnérables face au risque de famine, et au manque d’accès aux soins et à l’éducation.- Premier producteur mondial -Environ 20 millions d’habitants, soit plus d’un tiers de la population, ont besoin d’une aide humanitaire, ont recensé les Nations unies fin décembre.Dans ce contexte, certains n’ont pas eu d’autre choix que de se tourner vers des marchés illicites pour joindre les deux bouts.Dans les collines de Pekon, dans l’Etat Shan, la plus grande région de Birmanie pour le pavot, les travailleurs agricoles sillonnent les champs de septembre à février pour extraire la résine d’opium, récoltée à l’aide d’une entaille sur le bulbe de la fleur.Ce liquide laiteux sert à produire de la morphine et de l’héroïne, destinée à l’exportation — un marché ultra lucratif pour les trafiquants, qui prospèrent en toute impunité, selon les experts.La Birmanie est devenue en 2023 le premier producteur mondial d’opium, dépassant l’Afghanistan où le gouvernement taliban a lancé une vaste campagne de répression contre cette culture, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).La plante génère des revenus estimés entre 589 millions de dollars et 1,57 milliard de dollars, soit entre 0,9% et 2,4% du produit intérieur brut de 2023, a estimé l’ONUDC.”La culture du pavot s’est développée parce que la population locale a du mal à gagner sa vie”, explique Aung Naing, 48 ans, dont plus d’une vingtaine d’années dédiée à la culture du pavot. “La plupart des agriculteurs sont des personnes déplacées”, explique-t-il. “Ceux qui ne peuvent plus vivre dans leurs villages et ont fui dans la jungle travaillent dans les champs de pavot.”- Escalade du conflit -Le pavot rapporte un peu plus que le maïs ou les pommes de terre, qui sont vulnérables aux maladies par temps de pluie, note-t-il.Mais sa culture est plus coûteuse que le riz, en raison de la main-d’oeuvre requise, des engrais et des faibles rendements, ce qui affecte les bénéfices.”Comment je peux devenir riche comme ça?”, s’interroge Aung Naing, qui explique réaliser un profit d’à peine 30 dollars par kilo de résine.De plus, le marché s’est contracté en 2024: la production a baissé de 1.080 tonnes à 995 tonnes, selon l’UNODC, qui a relevé l’impact de l’escalade du conflit civil, et la saturation du marché régional de l’héroïne, après trois années de hausse de la production. La junte n’a pas encore bombardé la région, explique Aung Naing, mais “nous travaillons dans les champs de pavot avec la peur au ventre. Nous ne nous sentons pas en sécurité.”Pour Shwe Khine, 43 ans, la situation aurait été totalement différente si la guerre n’avait pas éclaté.”Si notre pays était en paix et que des industries offraient de nombreuses opportunités d’emploi dans la région, nous ne planterions pas de pavots dans les champs, même si on nous le demandait”, assure l’agricultrice.sjc-bur-ah-jts/vgu/cn 

L’Ukraine et les droits de douane dominent le G7

Le Canada, pays hôte du G7, a appelé jeudi à soutenir l’Ukraine contre “l’agression” russe, au moment où l’approche américaine plus conciliante à l’égard de Moscou divise le club des grandes démocraties industrialisées.Les ministres des Affaires étrangères du G7 sont réunis pour trois jours de discussions à Charlevoix au Québec, dans un hôtel qui surplombe le fleuve Saint-Laurent.L’unité du groupe – Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon – est fortement ébranlée par le retour de Donald Trump, qui s’est rapproché de manière spectaculaire de Vladimir Poutine et impose des droits de douane à ses proches alliés.Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, est le premier haut responsable du nouveau pouvoir américain à fouler le sol canadien depuis que les tensions sont extrêmement fortes entre les deux pays.Pour son premier échange avec Mélanie Joly, la ministre des Affaires étrangères canadienne, ils ont échangé une bise et se sont serré la main avant de s’asseoir à côté des drapeaux américain et canadien. Ils n’ont pas répondu aux questions de la presse.Peu après, en ouvrant la session formelle du G7, Mélanie Joly a déclaré qu’elle espérait trouver des moyens pour que les puissances “continuent à soutenir l’Ukraine face à l’agression illégale de la Russie.””Nous voulons tous voir une paix juste et durable en Ukraine”, a-t-elle déclaré.- “Répit” -L’Ukraine est le sujet numéro un de ce sommet multilatéral, deux jours après le feu vert de Kiev à la proposition américaine d’un cessez-le-feu de 30 jours, plus de trois ans après l’invasion russe.Mais jeudi, le Kremlin a critiqué l’idée d’un tel cessez-le-feu, estimant que cela constituerait “un répit” pour l’armée ukrainienne, en difficulté sur le front.Washington presse Moscou d’accepter une trêve “sans conditions”, comme gage de bonne volonté.Toutefois le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, a martelé que la Russie souhaitait non pas un cessez-le-feu temporaire mais un règlement “à long terme” qui tienne compte des “intérêts” et des “préoccupations” russes.M. Rubio a déclaré qu’il ferait pression sur le G7 pour que la déclaration finale évite tout langage “hostile” à l’égard de la Russie.Le pivot de Donald Trump vers la Russie a provoqué une onde de choc en Europe et au-delà. Et a conduit les Européens à accélérer les discussions sur un avenir de défense sans les États-Unis.Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a déclaré que le G7 devait s’attacher à “faire en sorte que l’Ukraine soit dans la position la plus forte possible pour garantir une paix juste et durable”.- “Menaces commerciales” -Mais toutes ces discussions sont compliquées par le niveau de tension très fortes entre les Etats-Unis et le reste du G7, notamment en raison de la guerre commerciale lancée par le président américain depuis son retour à la Maison Blanche.Jeudi, il a menacé la France et l’Union européenne d’imposer des droits de douane à 200% sur leurs champagne, vins et autres alcools, si les tarifs douaniers à venir de l’UE de 50% sur le whisky américain ne sont pas retirés.La veille, des droits de douane de 25% imposés par M. Trump sont entrés en vigueur sur les importations d’acier et d’aluminium, entraînant des représailles immédiates de nombreux pays.Cette guerre commerciale se double pour le Canada de menace plus lourde: Donald Trump veut le voir devenir le “51e Etat” américain.Marco Rubio a toutefois estimé que le G7 n’était pas “une réunion sur la façon dont nous allons prendre le contrôle du Canada”.”Vous arrivez dans notre pays, vous respectez nos coutumes et notre façon de faire, et bien entendu notre souveraineté”, a averti Mélanie Joly la veille de la rencontre.Le gouvernement canadien compte mettre à profit la réunion pour appeler les dirigeants européens à prendre au sérieux les menaces américaines.Les droits de douane sur l’acier et l’aluminium sont liés à des préoccupations de sécurité nationale, a estimé Marco Rubio mercredi.”Je pense qu’il est tout à fait possible de prendre ces mesures tout en traitant de manière constructive avec nos alliés et nos amis”, a déclaré M. Rubio.

La flamboyante Donatella quitte la direction artistique de Versace

Une page se tourne: Donatella Versace va céder la direction artistique de la maison milanaise cofondée par son frère Gianni, qu’elle dirige depuis 28 ans, à Dario Vitale, qui arrive de chez Miu Miu, a annoncé jeudi le propriétaire de la marque, Capri Holdings.”La directrice artistique Donatella Versace deviendra l’ambassadrice en chef de la marque à partir du 1er avril 2025″, a précisé le groupe dans un communiqué, précisant que M. Vitale prendrait ses fonctions de directeur artistique à la même date. “Ce fut le plus grand honneur de ma vie que de perpétuer l’héritage de mon frère Gianni. Il était le véritable génie, mais j’espère avoir un peu de son esprit et de sa ténacité”, a affirmé Donatella Versace, qui aura 70 ans en mai.A son nouveau poste, cette figure haute en couleurs, immédiatement reconnaissable avec ses cheveux blond platine, supervisera les activités philanthropiques de la marque, dont le symbole est une tête de Méduse.Ce remaniement survient alors que les spéculations vont bon train sur un rachat de la maison cofondée en 1978 par Gianni Versace, auquel Donatella avait succédé après son assassinat à Miami Beach en 1997, par son rival milanais Prada, un groupe dont fait partie Miu Miu.Ce rachat mettrait fin au contrôle de la famille Versace sur la direction artistique de la marque, réputée pour ses tenues ostentatoires et dénudées destinées à la jet-set.Dario Vitale Å“uvre depuis plusieurs années chez Miu Miu, dont il a été promu directeur du design en 2023, permettant à cette petite sÅ“ur rebelle de la marque Prada de réaliser une année record en 2024. Miu Miu, qui cible une clientèle plus jeune, a été fondée en 1993 par la styliste Miuccia Prada, petite-fille du fondateur du groupe.Versace, qui possède 230 boutiques en nom propre à travers le monde, dispose d’un “héritage unique qui a traversé les décennies et a façonné l’histoire de la mode”, a réagi M. Vitale, dont le nom avait été cité pour succéder chez Gucci à Sabato de Sarno, débarqué après seulement deux ans. – “Talent rare” -“Versace est ce qu’elle est aujourd’hui grâce à Donatella Versace et à la passion qu’elle a apportée à son rôle chaque jour pendant près de trente ans. Les valeurs universelles qu’elle défend et son amour pour la créativité sans compromis ont ancré Versace bien au-delà d’une marque ou d’une entreprise”, a commenté pour sa part le directeur général Emmanuel Gintzburger.Quant à son successeur, c’est “un talent rare, qui respecte profondément l’essence et les valeurs de Versace et comprend clairement son potentiel de croissance “, a-t-il ajouté, se disant “convaincu que son expérience et sa vision apporteront une nouvelle perspective à la marque”.Pour Luca Solca, analyste du cabinet Bernstein, ce changement pourrait être une “bonne nouvelle” pour Versace. “Même les meilleurs stylistes, comme tous les artistes, tendent à devenir prévisibles au fil du temps”, explique-t-il à l’AFP, ce qui n’est pas bon “dans un marché où les marques se disputent l’attention des consommateurs en multipliant les nouveautés”.L’agence Bloomberg a rapporté au début du mois que Capri Holdings, également propriétaire de Jimmy Choo et Michael Kors, demandait près de 1,5 milliard d’euros pour céder Versace, qui lui appartient depuis 2018. Quelques jours après le sortie de cette information, le président et directeur exécutif de Prada, Patrizio Bertelli, également mari de Miuccia Prada, s’est déclaré “très prudent” quant à un éventuel rachat de Versace par son groupe.”Je suis très prudent à ce sujet, la priorité est de se concentrer sur le développement de nos marques”, avait-il fait valoir dans un entretien au quotidien italien La Repubblica. “Si des opportunités se présentent, nous les étudions, mais nous n’avons pas de calendrier précis”, avait-il ajouté. “Un processus de concentration et de consolidation” du secteur de la mode en Italie serait “salutaire”, selon lui.

Taxe sur les billets d’avion: Ryanair quitte un aéroport dans la Marne

La compagnie aérienne irlandaise Ryanair va supprimer les deux lignes qu’elle exploitait au départ d’un aéroport dans la Marne, invoquant l’augmentation de la taxe sur les billets d’avion en France prévue dans le budget 2025, a annoncé jeudi le département.La disparition prévue à partir du 29 mars de ces deux lignes reliant l’aéroport de Vatry à Porto (Portugal) et Marrakech (Maroc) “aura des conséquences néfastes pour l’ensemble de notre territoire”, a prévenu le département de la Marne dans un communiqué de presse.Ces deux lignes représentaient 85% du trafic passagers de l’aéroport l’an dernier, soit 74.000 passagers sur 86.000, a précisé le département.”La décision à courte vue du gouvernement français de plus que doubler les taxes passagers, qui étaient déjà excessives, à compter du 1er mars, ne pouvait pas arriver à un plus mauvais moment”, a écrit Ryanair dans un courrier du 21 février adressé au directeur de l’aéroport de Vatry et dont l’AFP s’est procuré jeudi une copie.”Par conséquent, Ryanair a été contraint de revoir ses capacités en France” avant la saison été-hiver 2025, en vue d’en transférer certaines vers d’autres pays de son réseau présentant des coûts moins élevés, a poursuivi la compagnie aérienne.La décision de Ryanair “concernerait plusieurs aéroports” régionaux en France, selon le département de la Marne.La compagnie n’avait pas réagi jeudi en début d’après-midi aux sollicitations de l’AFP.”La France est à contre-courant”, alors que d’autres pays en Europe réduisent leurs taxes sur l’aviation, avait estimé début février le patron de Ryanair Michael O’Leary lors d’une conférence de presse à Lisbonne.La loi de finances 2025 du gouvernement comprend une augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), passée à 7,4 euros contre 2,63 euros auparavant pour les vols intérieurs ou vers l’Europe. L’Union des aéroports français (UAF) a mis en garde mercredi contre le risque de voir les compagnies aériennes à bas coûts, qui pèsent plus de 99% de l’activité de Beauvais, Carcassonne, Béziers et Nîmes, se détourner de la France en raison de l’augmentation de cette taxe.Le gouvernement ne compte pas revenir sur cette hausse applicable depuis le 1er mars, a déclaré vendredi dernier le ministre des Transports Philippe Tabarot, tout en indiquant n’être pas favorable à ce qu’elle devienne pérenne.

Wall Street sans grand entrain, les droits de douane continuent de peser

La Bourse de New York a ouvert en baisse jeudi, quelque peu retenue par les nouveaux développements de la guerre commerciale lancée par Donald Trump, malgré des données d’inflation meilleures qu’attendu par les analystes.Dans les premiers échanges, le Dow Jones reculait de 0,25%, l’indice Nasdaq de 0,28% et l’indice élargi S&P 500 de 0,17%.

Catastrophe écologique au Brésil: fin d’un procès géant à Londres contre BHP

Les dommages pourraient se compter en dizaines de milliards de livres: le dernier jour du procès contre le géant minier australien BHP, jugé pour la rupture dévastatrice d’un barrage de résidus toxiques en 2015 au Brésil, a débuté jeudi à Londres. Des centaines de milliers de victimes réclament réparation.Experts et victimes se sont succédé depuis fin octobre devant la Haute Cour de Londres, chargée de déterminer la responsabilité de BHP dans cette affaire titanesque, qui avait créé un émoi considérable.La décision n’est pas attendue avant juin ou juillet et les éventuels dommages et intérêts devront attendre un deuxième procès, peut-être en octobre 2026.Pour les avocats des demandeurs, “BHP était au courant, pratiquement dès le début, du risque sérieux que représentait le barrage de résidus de Mariana pour les communautés environnantes et l’environnement”.Mais “les entreprises essaient simplement de payer le moins possible”, a affirmé jeudi l’un d’eux, Tom Goodhead, à l’AFP.Le 5 novembre 2015, la rupture du barrage minier de Fundao, près de la ville de Mariana, dans l’Etat du Minas Gerais (sud-est du Brésil), avait entraîné une gigantesque coulée de boue de déchets toxiques sur 650 kilomètres le long du fleuve Rio Doce, jusqu’à l’océan Atlantique.- Forêt tropicale -Le barrage était exploité par Samarco, dont BHP et la compagnie brésilienne Vale étaient copropriétaires.La catastrophe a provoqué 19 morts, privé plus de 600 personnes de leur foyer, tué des milliers d’animaux et dévasté des zones de forêt tropicale protégée.BHP avait à l’époque deux sièges, dont un à Londres, ce qui explique cet énorme procès civil dans la capitale britannique.L’entreprise, qui affirme que l’eau du fleuve a retrouvé sa qualité depuis les faits, reconnaît une “tragédie” mais estime avoir démontré, lors du procès à Londres, qu’elle a su “privilégier la sécurité et agir de manière responsable”.Elle assure aussi que plus de 430.000 personnes ont déjà reçu une compensation au Brésil, où les autorités ont annoncé en octobre un nouvel accord d’indemnisation de l’ordre de 30 milliards de dollars avec BHP et Vale.”Nous respectons la procédure de Londres. Nous continuons notre défense ici, mais nous considérons que le Brésil est le meilleur endroit pour aborder toutes ces questions”, a affirmé à l’AFP jeudi Fernanda Lavarello, une dirigeante de BHP au Brésil.Les victimes espèrent obtenir davantage de la justice britannique. Elles soutiennent que la majorité des 620.000 plaignants au procès de Londres (dont 46 municipalités brésiliennes, des entreprises et plusieurs peuples autochtones) ne sont pas couverts par l’accord brésilien.- 36 milliards de livres -Le montant des dommages et intérêts réclamés dans la capitale britannique promet d’être énorme: il est évalué à 36 milliards de livres (soit 43 milliards d’euros ou 46 milliards de dollars) par les avocats des plaignants.Mariana est “la ville la plus touchée”, mais “malheureusement, les sommes accordées” au Brésil aux municipalités “ont été très basses”, a affirmé le maire Juliano Duarte jeudi à l’AFP, indiquant qu’une grande partie des indemnisations est attribuée “au gouvernement fédéral et au gouvernement de l’État”.”Nous espérons une meilleure justice à Londres, recevoir des sommes proportionnées à l’ampleur de la tragédie et nous espérons également que le paiement ne sera pas étalé sur 20 ans, comme cela est le cas au Brésil”, ajoute-t-il.Un peu plus loin, Pamela Fernandes, la mère d’Emanuele Vitoria, une petite fille de cinq ans qui a perdu la vie, dit être à Londres “pour la justice” car “pour moi, au Brésil, justice n’a pas été rendue”.Elle s’étrangle de la relaxe en novembre de BHP et Vale sur le plan pénal par un tribunal brésilien, pour absence de preuves sur leur responsabilité dans la rupture du barrage.Mais les vies perdues “sont des preuves”, assène-t-elle, pour qui il y a, au Brésil, “un manque d’intérêt, un manque d’effort. Ou alors c’est l’argent, qui parle plus fort”.

Enquêtes après des plaintes de L214 sur des élevages porcins fournissant E.Leclerc

Deux enquêtes ont été ouvertes, une par le parquet de Saint-Malo et l’autre à Saint-Brieuc, après des plaintes pour maltraitance animale déposées par l’association animaliste L214 contre huit élevages porcins en Bretagne fournissant l’enseigne E.Leclerc, qui dit “vérifier ces informations afin de prendre toutes les mesures nécessaires”. “Je vous indique avoir, après examen de la plainte, prescrit l’ouverture d’une enquête”, a déclaré à l’AFP Fabrice Tremel, procureur de la République de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Le procureur de Saint-Brieuc Julien Wattebled a également annoncé à l’AFP l’ouverture d’une enquête et des “premiers contrôles” dès jeudi matin.Consultées par l’AFP, sept plaintes ont été déposées mercredi par L214 auprès du parquet de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) et une auprès du parquet de Saint-Malo contre huit propriétaires d’élevages, tous situés dans les Côtes-d’Armor.”Le fait que ce soit huit élevages distincts montre qu’il ne s’agit pas d’anomalies isolées mais bien d’une cruauté structurelle, institutionnelle, presque cautionnée par Leclerc”, déclare auprès de l’AFP Ambre Bernard, chargée de campagne contre l’élevage intensif pour L214.Prises et filmées en octobre et novembre 2024, les photos et vidéos diffusées jeudi par l’association montrent notamment des cadavres de porcelets en état de décomposition avancée, abandonnés au milieu des animaux, et des animaux ayant pour la plupart la queue coupée.Dans une déclaration transmise jeudi à l’AFP, Kermené, filiale de l’enseigne E.Leclerc spécialisée dans la transformation de produits carnés, dit “condamner fermement toute pratique contraire au bien-être animal. Les faits rapportés, s’ils sont avérés, sont inacceptables et ne correspondent en aucun cas aux engagements de notre enseigne en matière d’éthique et de respect des normes d’élevage”.Elle indique “vérifier actuellement ces informations afin de prendre toutes les mesures nécessaires. La première d’entre elles étant de mettre fin sans délai et de manière définitive à toute collaboration avec tout éleveur de notre réseau de fournisseurs qui serait concerné”.- “cadre réglementaire strict” -En mars 2024, L214 avait déposé plainte contre un éleveur possédant deux élevages porcins dans le Morbihan fournissant E.Leclerc, rappelle Ambre Bernard.”La réponse de Leclerc a été à chaque fois de dire que ce sont des exceptions et nous arrêtons de travailler avec ces élevages”, explique-t-elle. “Mais nous ne voulons plus entendre leurs excuses, nous voulons un engagement ferme contre ces pratiques illégales.”Jeudi, Kermené indique que “dès les premières alertes en mars 2024”, il a lancé un “audit indépendant” et mis “en place des actions correctives”. Il souligne également que “les éleveurs français évoluent dans un cadre réglementaire strict” et que “le respect de cette réglementation relève aussi de la responsabilité des pouvoirs publics, dont le rôle est d’assurer une supervision efficace et rigoureuse du secteur”.De son côté, l’interprofession Inaporc, qui rassemble éleveurs et transformateurs, a qualifié les photos et vidéos de L214 d'”images mises en scène et sorties de leur contexte, ne reflétant en rien la réalité des élevages de porcs en France, afin de créer le trouble et manipuler l’opinion publique”.L214 assure que dans les huit élevages visés jeudi, les porcelets “subissent des mutilations comme la coupe systématique de la queue sans anesthésie”.L214, qui entend réduire la maltraitance animale en faisant évoluer la réglementation, vise à terme la disparition de l’élevage, de la pêche et de l’abattage d’animaux au profit d’une alimentation entièrement végétale. L’association dénonce ainsi l’absence d'”accès à l’extérieur” des porcs ou le placement dans des cages étroites des truies dans les élevages visés.”Au-delà de la plainte pénale, nous visons une réaction de E.Leclerc car ce sont eux qui font la donne dans l’industrie en brassant des volumes complètement faramineux: ils doivent pousser les éleveurs dans la bonne direction”, plaide Mme Bernard.En septembre 2024, le parquet de Saint-Brieuc avait indiqué ouvrir une enquête préliminaire à la suite d’une plainte de L214 “pour maltraitance animale” visant un élevage porcin des Côtes d’Armor, dont les cochons étaient ensuite abattus dans un abattoir E.Leclerc.Le 20 février, L214 avait aussi porté plainte contre deux élevages porcins partenaires du distributeur alimentaire Lidl France.all-mas-kd-mb/laf/jp