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Les industriels européens de la chimie, “en grande difficulté”, demandent à Bruxelles des mesures “immédiates et concrètes”

Les industriels européens de la chimie, “en grande difficulté”, demandent à Bruxelles des mesures “immédiates et concrètes” pour rétablir leur compétitivité, au lendemain de la présentation par la Commission de ses propositions pour aider à la transition verte de l’industrie.A l’approche du Conseil européen de mars, “400 dirigeants d’entreprises” de la chimie “demandent aux chefs d’Etat et de gouvernement des mesures immédiates et concrètes” face à une “crise sans précédent”, indique un communiqué de France Chimie qui relaye cet appel européen.Les industriels ont salué la présentation mercredi par la Commission européenne du “Pacte pour une industrie propre”, soulignant que neuf des dix actions formulées un an auparavant par 15 fédérations industrielles européennes, y sont reprises.”L’ambition de l’UE doit maintenant se traduire en actions”, a déclaré Ilham Kadri, présidente du Conseil international de la chimie (ICCA) et PDG du groupe Syensqo, citée dans le communiqué.Elle a également souligné que “chaque jour, l’Europe perd du terrain et des emplois qualifiés”.Cet appel des chimistes fait écho à celui des industriels européens de l’acier, au chevet desquels plusieurs ministres européens de l’Industrie sont réunis jeudi à Paris pour une réunion de crise et pour demander à Bruxelles d'”accélérer” son soutien à la sidérurgie.L’Union européenne a proposé mercredi de mettre un coup de frein à certains de ses projets sur le climat pour donner un peu d’air aux entreprises, soumises à une concurrence féroce venant des Etats-Unis et de la Chine.”Ce pacte est une première étape qui doit se traduire en actions concrètes sans plus tarder”, a déclaré Frédéric Gauchet, Président de France Chimie.Les industriels ont mis en avant cinq priorités, afin de “restaurer” la compétitivité du secteur: l’accès à une “énergie décarbonée compétitive”, restaurer “la compétitivité des investissements et accélérer l’innovation”, mener un “choc de simplification réglementaire”, rétablir un cadre de “concurrence commerciale équitable avec le reste du monde”, et enfin assurer l’apport d’une “main d’Å“uvre hautement qualifiée”.L’industrie européenne a vu, entre 2023 et 2024, la production manufacturière reculer de 2,6%, ont souligné les industriels.”Nous avons besoin d’actions concrètes, pas de stratégies ni d’engagements vagues. Il faut agir maintenant”, a renchéri Marco Mensink, directeur général du Conseil européen de l’industrie chimique (Cefic).En France, “près de 10% des emplois et une quarantaine de sites sont menacés”, estime France Chimie.

La Bourse de Paris recule, entre résultats et menaces douanières de Trump

La Bourse de Paris cède du terrain jeudi, digérant les résultats du mastodonte Nvidia et d’une série d’entreprises françaises, ainsi que les dernières menaces douanières de Donald Trump visant l’Union européenne.Le CAC 40 cédait vers 9H50 (heure de Paris) 0,76% à 8.082,02 points, en recul de 61,96 points. La veille, l’indice vedette français avait pris 1,15% à 8.143,92 points.Les investisseurs décortiquent les résultats de Nvidia, champion américain des microprocesseurs, deuxième capitalisation mondiale et baromètre de l’intelligence artificielle, publiés mercredi soir.Le groupe a fait mieux qu’attendu au quatrième trimestre de son exercice décalé, avec un bénéfice net de 22,1 milliards de dollars, et s’est montré encourageant quant à la demande de semi-conducteurs.Mais les marchés “espéraient un résultat encore plus important”, estime Jacob Falkencrone, de Saxo Banque.La publication était attendue au tournant, dans un contexte de doutes ces dernières semaines sur les perspectives de croissance réelle des secteurs liés au développement de l’intelligence artificielle. Ce sentiment s’est accru depuis que le chinois DeepSeek a revendiqué le développement d’un modèle aussi performant que ses concurrents américains, avec beaucoup moins de ressources.Dans ce contexte, “les marchés sont de plus en plus difficiles à impressionner”, explique Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.Autre point d’attention: les nouvelles menaces douanières de Donald Trump.Le président américain a annoncé mercredi, à l’occasion de la première réunion de son cabinet à la Maison Blanche, que les produits européens feraient l’objet “prochainement” de 25% de droits de douane.Mais “on ne sait pas encore exactement contre quels secteurs et produits les États-Unis vont prendre des mesures”, relève Andreas Lipkow, analyste indépendant.Les marchés scruteront aussi la publication dans la matinée des “minutes”, compte rendu de la dernière réunion de la Banque centrale européenne (BCE).Dans ce contexte, le taux d’intérêt de l’emprunt à dix ans français atteignait vers 9H50 3,16%, contre 3,14% la veille en clôture. Son équivalent allemand, référence en Europe, restait stable à 2,43%.Les investisseurs digèrent enfin une série de résultats.Eiffage dynamiqueLe groupe de BTP, d’infrastructures et concessions de transport Eiffage (+5,67% à 96,52 euros vers 9h50) a réalisé une année 2024 dynamique, avec une hausse de 2,8% de son bénéfice net (1,04 milliard d’euros) porté par l’activité travaux.Arkema déçoitLe chimiste Arkema cédait 5,45% à 78,85 euros, après un bénéfice net ayant reculé de 15,3% à 354 millions d’euros.EngieL’énergéticien français Engie (+5,60% euros à 17,45 euros) a revu à la hausse ses perspectives pour 2025 après une année marquée par une activité “record” dans les renouvelables et une forte performance opérationnelle et financière, dans un contexte de baisse des prix de l’énergie.SEB dévisseLe groupe d’électroménager SEB perdait, lui, 10,80% à 83,70 euros. L’entreprise a dégagé un bénéfice net en forte baisse pour 2024.

La Poste dévoile ses résultats, ses missions de service public sous pression

La Poste publie jeudi des résultats annuels très attendus, au moment où la Cour des comptes préconise de raboter ses missions de service public, à quelques mois du départ de son patron Philippe Wahl.Durant ses douze années de mandat, qui s’achèveront fin juin, M. Wahl aura eu à relever un défi de taille: compenser les faramineuses pertes liées à la baisse des volumes de courrier, pour maintenir le navire La Poste à flot.En dix ans, les revenus de La Poste se sont effrités de 6,5 milliards d’euros, “soit l’équivalent du chiffre d’affaires mondial d’un autre groupe public, la RATP”, aime rappeler le patron de La Poste.Sa stratégie a consisté à diversifier les activités du groupe: livraison express de colis, portage de repas aux personnes âgées, téléphonie…Le but est d’absorber le repli du courrier et la chute de fréquentation des points de contact de La Poste (17.000 aujourd’hui), divisée par plus deux deux entre 2008 et 2023.La Poste a conquis le marché stratégique du colis, en France et à l’international, avec ses marques Colissimo, DPD France et Geopost.En 2023, 44% de son chiffre d’affaires était réalisé à l’international et 53% porté par l’activité de colis.Mais la rentabilité du groupe, détenu à 66% par la Caisse des dépôts et consignations et à 34% par l’Etat, doit beaucoup à l’assureur CNP Assurances, filiale à 100% de la Banque Postale.En 2023, le groupe affichait un bénéfice net en baisse, à 514 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 34 milliards d’euros, en hausse.- Distribution six jours sur sept -Outre le repli des volumes de missives, La Poste doit également faire face à la sous-compensation par l’Etat des quatre missions de service public qui lui sont confiées : la distribution du courrier et de la presse, l’aménagement du territoire et l’accessibilité bancaire.Cette sous-compensation a coûté à La Poste 1,2 milliard d’euros en 2023, souligne fréquemment M. Wahl.Le 17 février dernier, la Cour des comptes a publié sur son site une note révélant qu’elle avait “analysé la trajectoire financière du groupe La Poste pour les exercices 2019 à 2023” et qu’elle avait formulé des préconisations auprès du Premier ministre.La juridiction financière juge la rentabilité des activités de diversification “insuffisante” tandis que Philippe Wahl défend sa stratégie ayant permis au groupe de “rester profitable” malgré les difficultés.La Cour des comptes recommande d'”adapter les missions de service public au recul de leur usage” et d’ajuster la compensation “à hauteur du déficit comptable qui en résulte”.Pierre Moscovici, dans ce référé adressé à Matignon, conseille de “s’interroger désormais sur la fréquence de distribution du courrier”, soulignant que la France était “l’un des derniers pays” en “6 jours sur 7”.Dans sa réponse, François Bayrou a évoqué des discussions en 2025 lors desquelles seront étudiés “les scénarios d’économies réalisables sur le service universel postal”.Sur l’aménagement du territoire, la Cour des comptes propose “des synergies plus fortes avec le programme France Services” – vraisemblablement l’intégration de bureaux de poste dans les locaux de France Services – pour réaliser des “économies rapides”.Les syndicats, eux, n’ont pas tardé à faire entendre leur mécontentement. Les préconisations de la Cour des comptes “auraient aussi un lourd impact sur les conditions de travail avec un alourdissement de la charge de travail et une recrudescence de l’absentéisme déjà très élevé”, dénonce FO.Sud PTT tance, lui, “une vision particulièrement étroite et focalisée sur les profits […], (une) attitude qui conforte les pouvoirs publics dans la voie de la dégradation des missions”.

Des automobilistes délaissent Tesla depuis l’entrée en politique de Musk

Tom Blackburn était si fier de sa Tesla rouge vif. Mais depuis l’arrivée d’Elon Musk sur la scène politique américaine, il s’est juré de ne plus jamais rien acheter auprès du constructeur automobile.Elon Musk suscite la controverse aux États-Unis en aidant le président Donald Trump à réduire les dépenses publiques du gouvernement fédéral par des mesures jugées illégales ou immorales par ses détracteurs.La polémique pourrait rejaillir sur son entreprise américaine, Tesla, jadis louée par ceux soucieux de protéger l’environnement en achetant des véhicules électriques.”Je suis simplement un peu gêné de la conduire maintenant”, admet à l’AFP M. Blackburn, un avocat à la retraite, à propos de sa voiture achetée il y a plus de dix ans. “Je me suis plutôt désintéressé de Tesla en tant que marque.”En réaction, le Virginien de 76 ans a apposé l’an dernier un autocollant sur sa voiture: “Je l’ai achetée avant de savoir qu’il était fou”. Mais “maintenant, je pense qu’il me faut quelque chose de plus fort”, lance-t-il.Elon Musk est devenu directeur général de Tesla en 2008, supervisant la montée en puissance de la société devenue depuis l’une des plus valorisées en matière de capitalisation boursière.Des experts estiment que les aventures politiques du milliardaire, soutien de partis politiques européens d’extrême droite et relais de théories du complot, pourraient isoler Tesla de sa clientèle habituellement progressiste.”Je pense qu’il (Elon Musk) va avoir un effet préjudiciable de long terme sur la marque”, anticipe Daniel Binns, directeur général Elmwood Brand Consultancy.Tesla doit se “dissocier” d’Elon Musk dans son marketing, affirme-t-il, mettant en garde contre une “tempête” qui pourrait conduire les automobilistes à s’en détourner au bénéfice de constructeurs rivaux.”La marque, sur tant d’aspects, n’est pas alignée avec (sa clientèle) et le marché est rempli de fantastiques concurrents”, analyse M. Binns auprès de l’AFP.Le cours de Tesla s’est effondré de 9% cette semaine avec le recul des ventes en Europe, que des experts analysent en partie par l’image de son patron auprès des acheteurs d’automobiles.”Nous pensons (…) que les problèmes liés à l’image de Musk accentuent les vents contraires”, estime auprès de l’AFP Dan Ives, de Wedbush Securities.”Une activité politique accrue crée en effet un risque pour Tesla, qui pourrait se mettre à dos des consommateurs (…) mais il est trop tôt pour dire qu’il y a un impact sur l’entreprise”, note, moins affirmatif, Seth Goldstein, stratège chez Morningstar.- “Videz votre stock” -Elon Musk a déjà suscité la polémique depuis son rapprochement avec Donald Trump, par exemple par son geste interprété comme un salut nazi lors d’un rassemblement de soutiens du président américain.Kumait Jaroje, un médecin de l’agglomération de Boston, raconte à l’AFP essayer de vendre sa Cybertruck, un pick-up aux lignes futuristes. Cet homme de 40 ans craint d’être agressé, depuis qu’un message antinazi a été laissé sur son véhicule.Le professionnel de santé a soutenu Donald Trump à l’élection présidentielle de novembre. Il a acheté son véhicule l’an dernier et dit avoir été la cible d’insultes ou de queues de poisson par d’autres automobilistes.”J’évite de le conduire”, raconte M. Jaroje. “Tesla est devenu une étiquette désignant les personnes qui aiment Musk, ce qui n’est pas vrai”, clame-t-il.Quelque 54% des Américains ont un point de vue défavorable à propos du milliardaire originaire d’Afrique du Sud, selon une étude du Pew Research Center, une opinion d’autant plus partagée chez les sondés démocrates.Des détracteurs de Musk ont manifesté dans des boutiques du constructeur et encouragé leurs propriétaires à se débarrasser des véhicules pour faire baisser leurs prix, derrière le slogan “Videz votre stock”.La chanteuse américaine Sheryl Crow a vendu sa Tesla en février, en signe de protestation, affirmant en reverser l’argent à NPR, le réseau de radiodiffusion publique des Etats-Unis menacé d’une réduction de son financement gouvernemental.Pour sa part, Luis Garay, un électeur de 68 ans du Maryland s’identifiant comme un indépendant mais ayant voté pour le camp démocrate lors de l’élection, dit à l’AFP pouvoir distinguer Tesla des opinions politiques d’Elon Musk.Margaret Moerchen, une habitante de Washington se décrivant comme progressiste, estime quant à elle que “le fait qu’on conduise une Tesla ne vaut pas soutien à Elon Musk”.Sa Tesla, achetée en 2015 pour aider à réduire les émissions de CO2, explique-t-elle, est aujourd’hui recouverte d’autocollants, entre drapeau arc-en-ciel et messages comme “Vive les véhicules électriques, à bas Musk”.L’astronome de 45 ans affirme qu’elle n’achètera plus chez cette entreprise, au profit de sa rivale Rivian.

Arrêt du chantier ou pas: décision-clé jeudi sur le sort de l’A69

Le bitume n’a pas encore été coulé, mais le tracé est en partie réalisé. La justice administrative doit annoncer jeudi si elle met à l’arrêt le colossal chantier de l’A69 qui déjà s’étend sur des dizaines de kilomètres entre Toulouse et Castres, retoquant alors la première infrastructure routière de cette envergure en France.Sur le terrain, les récurrentes actions et manifestations d’opposition se sont taries dans l’attente de la décision du tribunal administratif de Toulouse. Si deux “écureuils” occupent encore un arbre marqué pour être abattu, les militants contre l’A69 patientent sereinement et se disent “très confiants”.  Il faut dire que par deux fois, la rapporteure publique, dont les avis sont régulièrement suivis, a demandé au tribunal administratif de Toulouse “l’annulation totale” de l’arrêté préfectoral qui a permis d’entamer le chantier en 2023. À l’audience du 18 février, cette magistrate, Mona Rousseau, a réaffirmé que les gains espérés de la future autoroute n’étaient pas suffisants pour établir une “raison impérative d’intérêt public majeur” (RIIPM) justifiant les atteintes à l’environnement commises par le projet.Pour ses promoteurs, cet axe de 53 km vise avant tout à désenclaver “le bassin de vie” du sud du Tarn, qui “a besoin de se connecter aux équipements de la capitale régionale” Toulouse, comme l’aéroport ou les hôpitaux, a souligné Yasser Abdoulhoussen, directeur de projet, chargé du pilotage de l’A69 à la préfecture du Tarn.Aussi, à moins que le tribunal ne décide de reporter sa décision, de ne se prononcer que partiellement ou de s’en remettre au Conseil d’État, deux possibilités s’offrent à lui: annuler ou non l’arrêté préfectoral, ce qui engendrerait soit l’arrêt immédiat du chantier, soit, à l’inverse, la poursuite normale des travaux de l’autoroute dont l’ouverture était initialement prévue fin 2025.Quelle que soit la décision, il y aura un appel puis sans doute un recours devant le Conseil d’État. “Donc on va en parler encore pendant des années”, explique à l’AFP Julien Bétaille, maître de conférences en droit de l’environnement à l’université Toulouse Capitole.- “Sursaut prometteur” -Si les anti-A69 obtiennent gain de cause, ce sera un “message fort pour la justice environnementale”, estime l’une de leurs avocates, Alice Terrasse, qui espère “un sursaut prometteur” du tribunal.”Juridiquement, ce ne serait pas une surprise”, commente M. Bétaille, qui juge que cette décision serait “logique” au regard de “l’évolution de la jurisprudence” et du “contexte de changement climatique, d’érosion de la biodiversité”.Mais “statistiquement”, ce serait une “anomalie”, reprend-il, car “dans tout l’historique de la jurisprudence sur les autoroutes en France, aucun projet autoroutier n’a été annulé pour des raisons environnementales”.Pour l’expert, cela signifierait qu'”un verrou a sauté dans la mentalité du juge administratif”, qui accepterait ainsi “de s’attaquer aux autoroutes”. De fait, ce serait la première fois en France qu’une infrastructure routière d’une telle importance est interrompue par un jugement, et non par une décision politique, comme l’abandon du projet d’A45 Lyon/Saint-Étienne en 2018.Le cas du contournement du village touristique de Beynac, en Dordogne, retoqué par la justice administrative, concerne un ouvrage de moindre envergure, avec un budget initial plus de dix fois inférieur aux 450 millions d’euros que doit coûter l’A69.- “Plusieurs millions d’euros” -Plaidant pour la poursuite du chantier, Atosca, constructeur et futur concessionnaire de l’autoroute, affirme avoir “désormais concrétisé plus de 300 millions d’euros, soit 65% du budget total du chantier”.En outre, l’arrêt du chantier serait coûteux, font valoir l’État et Atosca. Il faudrait stabiliser des ouvrages en cours de réalisation, protéger ceux déjà édifiés, surveiller des matériels entreposés ou encore installer des clôtures autour des bassins et fossés ouverts.Cette sécurisation du chantier, ajoutée à l’application des clauses de suspension du contrat, coûterait plusieurs millions d’euros, ajoutent-ils.Dans l’hypothèse d’une décision favorable à l’État et Atosca, le chantier de l’A69 se poursuivrait au moins jusqu’à une décision en appel, qui prendrait plusieurs mois.Dans ce cas-là, “on prendra acte que la justice n’applique pas le droit et qu’il va falloir se débrouiller autrement”, a déclaré Geoffrey Tarroux, du collectif La Voie est libre. “Mais la lutte continuera.”

Fin de la production chez Audi Bruxelles, symbole du malaise de l’industrie en Europe

L’usine Audi de Bruxelles cessera définitivement sa production vendredi, laissant sans emploi des milliers de salariés, victimes de capacités de production automobile en Europe devenues disproportionnées avec le déclin de la demande.La fermeture de ce site de quelque 3.000 employés, sans repreneur à ce stade, intervient alors que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen doit présenter mercredi son plan d’action pour “soutenir cette industrie dans la transition profonde et disruptive qui s’annonce”.Après une croissance de près de 10% en 2023, le marché mondial a nettement ralenti l’an dernier, avec une progression de 1,7% des nouvelles immatriculations de voitures. Il a même décliné dans de grands pays européens comme l’Allemagne ou la France.En outre, les constructeurs européens se sont laissé distancer en matière d’innovation dans les modèles électriques par les grands constructeurs chinois (BYD et Geely) ou l’américain Tesla, ont relevé ce mois-ci les experts d’Allianz Trade, avec comme conséquence des prix plus élevés.Concernant Audi, filiale du géant allemand Volkswagen, plusieurs arguments ont été évoqués pour expliquer cette fermeture spectaculaire d’une unité de production qui était le plus gros employeur privé dans la capitale de l’UE. En annonçant en juillet dernier qu’il envisageait cette fin d’activité, Audi avait mis en avant une “baisse mondiale” de la demande pour les SUV électriques haut de gamme, du type de son Q8 e-tron, le modèle auquel le site bruxellois était entièrement dédié.La firme allemande avait aussi invoqué des “défis structurels de longue date” sur cet ancien site Volkswagen, progressivement agrandi avec les années mais présentant des coûts logistiques élevés.D’autres voix parmi les responsables syndicaux ou les salariés ont reproché à Audi d’avoir pris tardivement le virage de l’électrification, et d’avoir privilégié un modèle haut de gamme trop cher.”On pousse les gens à acheter des voitures électriques, alors que côté infrastructures on n’est pas prêts”, a aussi déploré Jan Baetens, du syndicat chrétien belge CSC, rappelant l’échéance de 2035 qui doit marquer en principe la fin dans l’UE des ventes de voitures neuves à moteurs thermiques au profit du tout électrique.- “Enrichissant” -Avant cette échéance, la part de marché de l’électrique est censée atteindre 25% dans l’UE cette année, contre une proportion de 15% calculée pour janvier.”On a un problème de demande en ce moment. C’est remarquable d’avoir atteint ces 15% en moins de cinq ans, désormais les véhicules sont disponibles, mais la demande stagne”, soulignait la semaine dernière Sigrid de Vries, directrice générale de l’Association des constructeurs européens (ACEA).En 2024, Audi a livré plus de 164.000 modèles “tout électrique”, soit un recul de 8% sur un an. Le marché chinois, représentant près de 40% de ses livraisons globales (650.000 sur 1,67 million), a décliné de 11%.Comme un symbole de ce déclin, l’usine bruxelloise arrêtera vendredi pour de bon ses chaînes d’assemblage, même si quelque 300 personnes poursuivront pendant plusieurs mois des tâches de comptabilité, ressources humaines, nettoyage ou démontage, d’après la direction.Dans les jours précédant cet arrêt, des dizaines d’employés, ouvriers ou cadres, sont venus vider leur casier en guise d’adieux. “C’était enrichissant, dommage que ça s’arrête”, lâche à l’AFP Florin Tautu, un ingénieur arrivé de Roumanie en 2011, qui était chargé d’adapter l’infrastructure de l’usine aux nouvelles productions. Il est venu récupérer dans un sac plastique des biscuits, une gourde et deux paquets de mouchoirs.Un autre cadre, lui aussi en fin de carrière et très qualifié, se veut optimiste pour la suite. “Les gens qui ont encore un emprunt à rembourser ou des enfants étudiants, eux je les plains”, dit-il en préférant taire son nom.Côté reclassement, la direction assure que les salariés d’Audi seront aidés dans leurs recherches par du personnel dédié dans les agences régionales pour l’emploi.En avril ces agences organiseront un salon où quelque 70 entreprises viendront proposer “plus de 4.000” offres, a indiqué à l’AFP Peter d’Hoore, porte-parole de la direction.

En Asie centrale, la renaissance d’un immense projet soviétique de centrale hydroélectrique

En Asie centrale, pas d’électricité ou d’agriculture sans coopération sur l’eau: après des décennies de rivalités, la construction de l’immense centrale hydroélectrique de Kambar-Ata-1 par le Kirghizstan, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan doit assurer la sécurité énergétique et alimentaire de la région.Fait notable, ce projet, pensé sous l’URSS, a été relancé sans les deux superpuissances voisines que sont la Russie, allié historique, et la Chine, partenaire d’ordinaire incontournable. Il doit permettre de répondre aux pénuries existantes et aux défis causés par le changement climatique.Kambar-Ata-1 est “très important pour l’Asie centrale, sa sécurité alimentaire et énergétique”, a déclaré fin janvier le ministre kirghiz de l’Energie Taalaïbek Ibraev lors d’une visite sur le futur site du chantier, au milieu des montagnes du Kirghizstan, à laquelle a assisté l’AFP.Même enthousiasme quelques jours plus tard lors d’une réunion trilatérale. Pour les ministres ouzbek et kazakh, ce projet “apportera de grands avantages à la région” et “assurera à long-terme la stabilité et le développement de l’Asie centrale”.Des déclarations impensables il y a peu, du fait des rivalités entre nations, mais rendues possibles par un réchauffement des relations en raison d’un déficit hydrique et énergétique croissant insurmontable sans coopération.Mais pour que Kambar-Ata génère de l’électricité à partir des eaux émeraude de la rivière Naryn, il faudra attirer les investisseurs internationaux: au moins 3,5 milliards de dollars sont nécessaires.Les travaux débutant en 2025 vont durer de longues années, à l’instar de la centrale de Rogoun au Tadjikistan, futur plus haut barrage du monde, dont la mise en service est sans cesse repoussée.- “Atténuer l’impact du changement climatique” -L’effondrement économique post-soviétique, la corruption et les conflits avaient tenu à distance les investisseurs et mis un coup d’arrêt aux colossaux projets énergétiques lancé sous l’URSS en Asie centrale, comme Kambar-Ata ou Rogoun.”La chute de l’Union soviétique a détruit les liens hydriques et énergétiques” entre pays centrasiatiques, explique à l’AFP Rassoul Oumbetaliev, spécialiste kirghiz des questions énergétiques.Le défunt président ouzbek “Islam Karimov était constamment opposé à Kambar-Ata-1”, invoquant le spectre d’une “guerre pour les ressources en eau et en énergie”, rappelle l’expert.Dans le système hérité de l’ère soviétique, le Kirghizstan et le Tadjikistan déficitaires en électricité mais situés en amont des fleuves doivent fournir de l’eau au Kazakhstan, à l’Ouzbékistan et au Turkménistan pour l’agriculture.En échange, ceux-ci envoient de l’électricité, mais tous s’accusaient de ne pas respecter leurs engagements.La construction de nouveaux barrages doit résoudre les tensions.D’après M. Oumbetaliev, “Kambar-Ata revêt une grande importance pour le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, qui veulent pendant la saison estivale de l’eau en grande quantité”, qui sera accumulée là-bas.Pour le Kirghizstan, la centrale doit permettre l’export d’électricité vers les pays voisins, voire jusqu’en Afghanistan et au Pakistan. D’autant que le pays utilise d’après la Banque mondiale “moins d’un cinquième de son potentiel hydroélectrique”.Et Kambar-Ata doit pouvoir couvrir le déficit électrique croissant (3,9 milliards de kilowatt-heure en 2024) grâce à sa capacité de production estimée à 5,6 milliards de kilowatt-heure.Tous savent que les pénuries sont appelés à se multiplier, et le phénomène s’aggravera, selon les experts, du fait du changement climatique.Selon la Banque eurasiatique de développement, “construire de nouvelles centrales hydroélectriques tout en rénovant celles existantes atténuera l’impact du changement climatique”. D’après elle, 2023 a été le “point de bascule” dans la prise de conscience des questions hydriques en Asie centrale.- Électricité non rentable -Avec Kambar-Ata-1, qui doit mieux réguler et stocker l’eau, le gouvernement kirghiz attend un effet positif pour les centrales situées en aval.En premier lieu celle de Toktogoul, qui fournit 40% de l’électricité du Kirghizstan.Accroché au coeur de la centrale, un immense bas-relief représente Vladimir Lénine avec une citation de 1920 du fondateur de l’URSS : “Le communisme, c’est le pouvoir des Soviets plus l’électrification de tout le pays”.Le communisme a disparu mais l’électrification n’est toujours pas achevée.Au Kirghizstan, le secteur énergétique n’est pas rentable, vétuste et reste largement subventionné pour contenir les tensions sociales dans un pays à l’économie fragile et prompt à se révolter.Kambar-Ata doit résoudre l’équation, au moins en partie.”Aujourd’hui, le tarif auquel nous vendons ne justifie pas les coûts de production d’électricité. Si nous continuons comme ça, dans 5 à 10 ans, nous n’aurons plus d’électricité. Il faut donc construire la centrale”, a expliqué le ministre kirghiz de l’Energie.

Nvidia fait mieux qu’attendu et rassure sur la demande de semi-conducteurs

Le géant américain des semi-conducteurs Nvidia a de nouveau dépassé les attentes pour les résultats du quatrième trimestre de son exercice décalé, le patron Jensen Huang affirmant que la demande pour sa nouvelle puce Blackwell était “incroyable”.Le groupe de Santa Clara (Californie) a enregistré un bénéfice net de 22,1 milliards de dollars, pour les trois mois allant de novembre à janvier, en hausse de 80%, selon un communiqué publié mercredi.Rapporté par action et hors éléments exceptionnels, donnée la plus suivie par le marché, le bénéfice atteint 89 cents, soit mieux que les 81 cents attendus par les analystes, selon un consensus établi par FactSet.Depuis l’arrivée de ChatGPT, en novembre 2022, la course à l’intelligence artificielle (IA) générative bénéficie à Nvidia, dont les semi-conducteurs, aussi appelés cartes graphiques (GPU), sont les plus recherchés du marché.En trois ans, le chiffre d’affaires de l’entreprise a quasiment quintuplé et Nvidia a dépassé, sur l’exercice comptable qu’elle vient d’achever fin janvier, le seuil symbolique des 100 milliards de dollars.Mais les marchés financiers, qui ont catapulté ce joyau de la tech au deuxième rang des capitalisations boursières mondiales, s’inquiètent régulièrement de la capacité de Nvidia à maintenir la croissance stratosphérique des dernières années.Ces craintes se sont accentuées avec le lancement, fin janvier, de l’interface d’IA générative de la start-up chinoise DeepSeek, développée sans le microprocesseur vedette de Nvidia, le H100, et uniquement avec des puces moins performantes.Le groupe chinois, inconnu du grand public jusqu’ici, affirme également avoir utilisé une fraction de la quantité de semi-conducteurs habituellement utilisés par les grands acteurs de l’IA.DeepSeek a provoqué un séisme à Wall Street et raboté la capitalisation de Nvidia de plusieurs centaines de milliards de dollars.- “Vitesse de la lumière” -Cité dans le communiqué de résultats, Jensen Huang a affirmé que la demande pour son nouveau produit phare, la puce Blackwell, lancée fin 2024, était “incroyable”.Il a expliqué que cette croissance était notamment due à l’émergence de nouveaux programmes d’IA générative qui utilisent la méthode dite de la chaîne de pensée (CoT), prenant un peu plus de temps pour réagir mais fournissant des réponses de meilleure qualité.La demande pour Blackwell est “sans précédent”, a martelé la directrice financière Colette Kress lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats.Nvidia accélère la production de cette nouvelle carte graphique, a expliqué la responsable.”Nos clients vont à toute vitesse pour augmenter la taille de leurs infrastructures et travailler sur la nouvelle génération de modèles”, a poursuivi Colette Kress, estimant qu'”il sera normal pour ces centres de démarrer avec 100.000 GPU ou plus”.Chaque Blackwell coûte, au minimum, 30.000 dollars, selon les modèles.”L’IA avance à la vitesse de la lumière”, a insisté Jensen Huang, évoquant le tournant actuel des agents IA, des logiciels à même d’effectuer plusieurs tâches complexes sur demande de l’utilisateur.Au quatrième trimestre, le chiffre d’affaires a grimpé de 78%, pour monter à 39,3 milliards de dollars.La croissance est tirée, une nouvelle fois, par les centres de stockage de données (data centers), essentiels à l’IA, activité dont les revenus ont progressé de 93% sur un an.Fin janvier, OpenAI, le spécialiste du “cloud” Oracle et la société japonaise d’investissement SoftBank ont annoncé un grand projet, baptisé Stargate, qui prévoit d’engager au moins 500 milliards de dollars dans des infrastructures IA aux Etats-Unis, en partenariat avec Nvidia.”Nvidia a balayé les inquiétudes quant à la production des puces Blackwell et les menaces sur l’explosion de la demande” de capacités de calcul, clés pour le développement de l’IA et fonction des semi-conducteurs utilisés, a commenté Derren Nathan, analyste d’Hargreaves Lansdown.Après avoir initialement reflué après la publication, le cours du titre Nvidia gagnait près de 2% dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de Wall Street.Selon Derren Nathan, le cours de l’action s’est contenté d’une progression mesurée du fait des prévisions de marge publiées mercredi pour le premier trimestre de l’exercice comptable 2026 (de février à avril).Le groupe s’attend à voir le taux de marge brute descendre à une fourchette comprise entre 70,6% et 71,0%, contre 73% au trimestre précédent.La directrice financière a expliqué que Nvidia avait donné la priorité, à court terme, à l’accélération des cadences de production de la puce Blackwell, mais que le taux de marge devrait remonter en fin d’exercice.

L’UE cherche un difficile équilibre entre compétitivité et ambitions climatiques

L’Union européenne a proposé mercredi de mettre un coup de frein à certains de ses projets sur le climat pour donner un peu d’air aux entreprises, soumises à une concurrence féroce venant des Etats-Unis et de la Chine.Sous la pression d’industriels, de Paris et de Berlin, mais au grand dam des ONG, la Commission européenne a proposé la modification de plusieurs textes très ambitieux, dont certains ont été adoptés il y a quelques mois à peine.En faisant cela, l’Europe montre qu’elle “sait se réformer”, a affirmé le commissaire européen Stéphane Séjourné. “Sans tronçonneuse mais avec des hommes et des femmes compétents, qui écoutent les acteurs économiques”, a-t-il lancé, en clin d’oeil à Elon Musk et au président argentin Javier Milei.L’exécutif européen souhaite très concrètement:-  Le report d’un an et la révision du “droit de vigilance” imposé aux industriels. Ce texte exigeait des entreprises qu’elles préviennent et remédient aux violations de droits humains et dommages environnementaux tout au long de leur chaîne de valeur, y compris chez leurs fournisseurs et sous-traitants.- Faire passer de 50.000 à 10.000 le nombre d’entreprises devant se plier à une sorte de comptabilité verte. Le but de cette règle était d’harmoniser la manière dont les entreprises publient leurs données de “durabilité”, mais elle était très critiquée par les lobbies patronaux.La cheffe de l’exécutif européen Ursula von der Leyen avait placé la lutte contre le changement climatique au coeur de son premier mandat. Mais face au risque d’une guerre commerciale avec l’Amérique de Donald Trump, qui menace d’imposer de nouveaux droits de douane au Vieux Continent, elle tourne son attention vers les entreprises.”La France salue le diagnostic clair de la Commission sur les difficultés de l’industrie européenne et les idées novatrices qu’elle propose pour y répondre”, a réagi en soirée le ministère français de l’Economie et des Finances: “le Clean Industrial Deal trace la voie du rebond européen (…) il faut maintenant accélérer son déploiement.”L’organisation patronale française Medef a été moins enthousiaste, qualifiant les annonces d'”insuffisantes”.- Bataille au Parlement – Les propositions de Bruxelles seront soumises à l’approbation du Parlement européen et des Etats membres.Au Parlement, la bataille s’annonce “très difficile”, prédit la centriste Marie-Pierre Vedrenne. Illustration du virage pris par Bruxelles, l’eurodeputée française soutenait il y a encore quelques mois les textes, qu’elle veut aujourd’hui modifier.”Il est vrai qu’en tant qu’élue, quand tu as travaillé pendant cinq ans sur un dossier, ce n’est pas très facile de dire que tu t’es trompée”, confie-t-elle. “Mais je pense que le monde a complètement changé depuis”, assure l’élue.Dans une lettre publiée la semaine dernière, les socialistes ont exhorté la Commission à “revoir” sa copie. Tout comme les ONG environnementales, vent debout contre cette proposition.”C’est du pur délire”, dénonce Amandine Van Den Berghe, de l’ONG ClientEarth. “Changer de cap maintenant pénaliserait fortement les grandes entreprises qui se sont engagées dans la voie du développement durable et qui ont commencé à investir de l’argent et des ressources pour se conformer à la législation”, assure-t-elle.- Mobiliser “jusqu’à 100 milliards d’euros” -L’Europe rétorque qu’elle n’entend pas remettre en cause la lutte contre le changement climatique, ni même son ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.”Nos objectifs climatiques et sociaux restent inchangés”, a assuré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans un discours prononcé face à des industriels, réunis à Anvers.C’est d’ailleurs pourquoi elle a également dévoilé mercredi une stratégie pour soutenir la décarbonation de l’industrie européenne, baptisée “Pacte pour une industrie propre”.Dans ce document d’une vingtaine de pages figurent peu de propositions chiffrées, à part l’objectif de “mobiliser jusqu’à 100 milliards d’euros” pour des projets d’industrie propre. Il comprend aussi une ribambelle d’incitations pour investir dans l’énergie verte, avec une emphase sur le “Made in Europe”.L’UE propose aussi des achats groupés de matières premières essentielles pour l’électronique et les technologies propres, un peu à la manière de ce qu’elle a fait avec les vaccins durant la pandémie.Bruxelles pense avoir une carte à jouer dans ce secteur, face au climatoscepticisme de Donald Trump.”Le fait que les Etats-Unis s’éloignent maintenant de leur programme climatique ne signifie pas que nous devrions faire de même. Au contraire. Cela signifie que nous devons aller de l’avant”, veut croire le commissaire européen à l’Energie, Dan Jørgensen.

Wall Street hésitante avant Nvidia et face aux droits de douane

La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé mercredi, quelque peu froissée par les incertitudes autour des droits de douane, et retenant son souffle avant la publication des résultats du mastodonte Nvidia.Le Dow Jones a perdu 0,43%, l’indice Nasdaq a gagné 0,26% et l’indice élargi S&P 500 a terminé proche de l’équilibre (+0,01%).Les investisseurs évoluent “dans un environnement très incertain”, a observé auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.”Ce sont des incertitudes sur ce que les nouvelles politiques de l’administration Trump signifieront pour l’économie” américaine, selon l’analyste.Mercredi, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick a déclaré que les surtaxes visant le Mexique et le Canada, annoncés début février, puis suspendus jusqu’au 4 mars, devraient finalement être effectives à compter du 2 avril.Quelques jours plus tôt, le président américain Donald Trump avait pourtant assuré que les États-Unis allaient relever leurs droits de douane contre le Canada et le Mexique “à la date prévue”, en dépit des gages apportés par ces deux pays.Par ailleurs, M. Trump a aussi annoncé mercredi, à l’occasion de la première réunion de son cabinet à la Maison Blanche, que les produits européens feraient l’objet “prochainement” de 25% de droits de douane.”Il est difficile pour les investisseurs de se faire une idée réelle de ce qui est dit et de ce qui va être fait”, commente M. Hogan.Selon l’analyste, ce climat d’intertitudes pousse les acteurs du marché vers la “sécurité” du marché obligataire. Le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est encore détendu, à 4,25% contre 4,29% la veille en clôture. Une semaine plus tôt, il s’établissait autour de 4,53%.Côté indicateurs, Wall Street attend désormais de pied ferme la publication vendredi de l’indice des prix PCE, privilégié par la banque centrale américaine (Fed). Cet indice a récemment progressé (à +2,6% sur un an en décembre). L’objectif de la Fed est de le ramener à 2%.La place américaine a aussi retenu son souffle avant la publication des résultats trimestriels de Nvidia, “le nom le plus important de l’univers de l’intelligence artificielle (IA)”, selon M. Hogan.La deuxième capitalisation boursière mondiale a terminé la journée dans le vert (+3,76%), avant d’annoncer après Bourse qu’elle a de nouveau dépassé les attentes pour les résultats du quatrième trimestre de son exercice décalé, le patron Jensen Huang affirmant que la demande pour sa nouvelle puce Blackwell est “incroyable”Le groupe de Santa Clara (Californie) a enregistré un bénéfice net de 22,1 milliards de dollars, pour les trois mois allant de novembre à janvier, en hausse de 80%, selon un communiqué publié mercredi.En attendant les résultats de Nvidia, les valeurs du secteur des semi-conducteurs ont terminé en hausse, à l’image de Broadcom (+5,06%), AMD (+0,74%), Qualcomm (+0,55%), Micron (+4,82%), ou Intel (+2,35%).Ailleurs, à la cote, le géant américain de l’automobile General Motors a pris de la vitesse (+3,75%) après avoir annoncé l’augmentation de son dividende trimestriel et le lancement d’un nouveau programme de rachat d’actions à hauteur de 6 milliards de dollars.Autre mastodonte du secteur, le groupe Stellantis a perdu du terrain (-5,27%) après avoir publié mercredi un bénéfice net en forte baisse sur l’année 2024, à 5,5 milliards d’euros (-70%), pour une marge opérationnelle de 5,5%. Le groupe s’est notamment attaqué au deuxième semestre à ses difficultés en Amérique du Nord, en réduisant ses stocks via des baisses de prix et des pauses dans la production de ses usines.Le pionnier de l’électrique Tesla continuait de reculer (-3,96%) après son plongeon de la veille, dû à des ventes divisées par deux en Europe à cause d’un changement de gamme et possiblement des prises de position de son patron Elon Musk qui feraient fuir les acheteurs.