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ArcelorMittal: les salariés à Paris, pour l’emploi et le futur de la sidérurgie

Préserver leur emploi et un avenir pour l’acier français: quelques centaines de salariés d’ArcelorMittal de toute la France se sont rassemblés mardi en région parisienne, pour mettre la pression sur la direction française du sidérurgiste, qui envisage de supprimer plus de 600 postes et entame les discussions sur les contours de ce plan social.”On est venu manifester notre mécontentement, on ne comprend pas les 600 licenciements”, a déclaré à l’AFP Francis Carru, du site de Dunkerque, le plus menacé, devant l’entrée du siège français du sidérurgiste, qui avait des airs de forteresse, avec des dizaines de CRS devant l’entrée.Il craint “pour (son) emploi et les emplois futurs”, redoutant une fermeture de site”, pure et simple.”Mittal mène la même politique partout: il n’investit pas, récolte des aides publiques en milliards et verse des dividendes à ses actionnaires”, a estimé Fabien Segaud, représentant syndical au Comité social et économique central d’Aperam, la filiale inox d’ArcelorMittal, venu de Gueugnon (Saône-et-Loire) “soutenir” ses collègues des hauts fourneaux.Gaétan Lecocq, de la CGT d’ArcelorMittal Dunkerque, avait appelé dans les cortèges du 1er-Mai à profiter du CSE central convoqué mardi, premier round de négociations, pour mobiliser contre un “tsunami industriel, social” à venir.”On refuse totalement ce PSE”, a-t-il déclaré à l’AFP, souhaitant “tout faire pour stopper le processus”. Des salariés sont venus mardi de Dunkerque (Nord), mais aussi Florange (Moselle), Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), Basse-Indre (Loire Atlantique) ou du Luxembourg.Une proposition de loi de nationalisation déposée”ArcelorMittal est en train, clairement, d’organiser la délocalisation de la production depuis des années, et là, on est face à une urgence, c’est vraiment une question de semaines”, a déclaré la députée LFI de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé, qui a déposé le matin même une proposition de loi de nationalisation d’ArcelorMittal.”La question qui est posée, c’est l’existence de la sidérurgie dans ce pays, tout simplement, (…) on n’a aucune assurance qu’Arcelor se contente des suppressions d’emplois qu’il vient d’annoncer”, a renchéri Eric Cocquerel, député LFI de Seine-saint-Denis, venu soutenir les métallos.C’est impossible d’imaginer que la France ne produise plus d’acier”, a-t-il ajouté, demandant au sidérurgiste une “feuille de route très claire”.Du côté de la CFDT, sa secrétaire générale Marylise Léon a estimé mardi, au micro de franceinfo, “qu’à ce stade, il faut suspendre ce PSE et demander des comptes à ArcelorMittal […] sur ce qui a été fait de l’ensemble des aides déversées à cette entreprise, qui sont à plus 300 millions d’euros”, La décarbonation en suspensAu coeur du maintien d’une industrie sidérurgique en France, la poursuite ou non des projets de décarbonation du groupe. Fin 2024, ArcelorMittal a suspendu sa décision finale d’investissement – à hauteur de 1,8 milliard d’euros dont plus de 800 millions d’aide promise par l’Etat – pour décarboner les haut fourneaux de Dunkerque, en arguant de la non compétitivité de l’acier produit en Europe.Après de meilleurs résultats que prévu au premier trimestre, ArcelorMittal a fait pression sur la Commission européenne, demandant une application “rapide” du plan européen pour l’acier pour regagner en compétitivité, avant d’annoncer s’il investit ou non.Lors d’une réunion avec les représentants des salariés et les élus, mardi dernier, le ministre de l’Industrie a aussi fait part de son intention de “demander à la Commission européenne d’avancer pour rétablir les conditions économiques acceptables pour la production d’acier en Europe”, selon le ministère.Mais les investissements massifs dans la décarbonation de l’acier en France sont déjà enterrés, estime Gaëtan Lecocq: “il y avait cinq emplois qui étaient dédiés à la nouvelle ligne haute tension entre la centrale nucléaire de Gravelines et notre usine à Dunkerque”(Nord), pour préparer le raccordement d’un futur four électrique, et “ces cinq emplois sont supprimés” affirme-t-il.

Confidentialité des données: une action collective lancée en France contre Apple

Deux cabinets d’avocats ont lancé mardi une action collective en France contre Apple concernant des enregistrements d’utilisateurs non consentis par son assistant vocal Siri, dans le sillage du procès qui s’est conclu début 2025 aux Etats-Unis par l’indemnisation des plaignants.”L’idée, c’est de déposer (…) des actions individuelles coordonnées, conjointes, et d’être le plus nombreux possible pour réclamer à Apple un dédommagement”, a indiqué à l’AFP l’avocat Julien Bayou, ancien dirigeant du parti écologiste EELV, à l’origine de cette initiative avec son équipe et celle du cabinet Phaos.Il appelle les détenteurs d’un appareil Apple disposant de Siri ces dix dernières années à se joindre à l’action collective via un site internet dédié – ecoutesabusives.fr – jusqu’à la fin du mois de juin.A l’issue de l’examen des dossiers, les avocats lanceront “une mise en demeure et une tentative de conciliation” avec Apple. Si elle échoue, “nous irons en justice”, a assuré Julien Bayou, confirmant une information du Parisien.Aux États-Unis, le géant américain a accepté le 2 janvier de payer 95 millions de dollars pour mettre fin à des poursuites de consommateurs américains qui l’accusaient depuis 2019 d’avoir enregistré à leur insu leurs conversations privées via Siri.Dans cet accord, il est précisé que “Apple a toujours nié et continue de nier tout acte répréhensible et toute responsabilité présumés”.Contacté par l’AFP, Apple n’a pas souhaité réagir sur l’action menée en France, renvoyant à des déclarations diffusées en janvier où l’entreprise assurait que Siri avait été “conçu pour protéger la vie privée des utilisateurs”.”Apple ne conserve pas les enregistrements audio des interactions avec Siri, à moins que l’utilisateur ne donne explicitement son accord pour améliorer Siri”, y indiquait également le géant californien.Si cette action collective a pour but d’indemniser les utilisateurs français, Julien Bayou estime que des mouvements similaires pourraient s’enclencher ailleurs dans l’Union européenne.Alors qu’aux Etats-Unis, le montant – encore en discussion –  pourrait tourner autour de quelques dizaines de dollars par plaignant selon lui, il espère que les règles européennes de protection des données (RGPD), plus protectrices, permettent “d’obtenir une réparation de préjudice plus importante”.L’avocat, qui espère réunir plusieurs milliers d’utilisateurs, plaide pour un remboursement à hauteur du prix de l’appareil, voire davantage “en fonction du profil du plaignant” et de la sensibilité des données personnelles concernées, si elles proviennent d’un médecin ou d’un militaire par exemple.En février, le groupe américain a également été visé à Paris par un signalement et une plainte déposés par la Ligue des droits de l’homme (LDH) pour violation de la vie privée en raison d’enregistrements de conversations privées via Siri à l’insu des utilisateurs.

La plus grande usine de e-méthanol en Europe ouvre au Danemark

La production, balbutiante, de e-méthanol, molécule centrale pour décarboner le transport et réduire les émissions de gaz à effet de serre, franchit un premier cap mardi avec l’ouverture au Danemark de la plus grande usine en Europe.”Nous maîtrisons toute la chaîne jusqu’au produit fini qui est ensuite utilisé pour les carburants synthétiques, mais aussi dans l’industrie chimique avec Lego et (le géant pharmaceutique) Novo Nordisk”, explique à l’AFP Jaime Casasus Bribian, responsable chez European Energy, co-propriétaire avec le japonais Mitsui de l’usine.Posé en pleine campagne, à côté du plus grand champ de panneaux solaires d’Europe du Nord et d’une importante station de transformation électrique, l’établissement doit produire jusqu’à 42.000 tonnes, soit 50 millions de litres, de e-méthanol par an.Le site a reçu une subvention de 53 millions d’euros du Fonds d’investissement vert danois.Il fournira le géant du transport maritime Maersk, va être utilisé pour la production de certaines des fameuses briques en plastique de Lego et par Novo Nordisk pour ses stylos à insuline.Le seul groupe Maersk aurait besoin de deux millions de tonnes de méthanol vert par an à l’horizon 2030 s’il veut décarboner de 10% de sa flotte, selon ses propres estimations.Laura Maersk, son premier porte-conteneur à naviguer au e-méthanol viendra se ravitailler au port voisin d’Aabenraa une fois par trimestre et ce carburant lui permettra de tenir un mois.Si European Energy se targue d’être pionnier, la production qui va sortir de son usine reste donc minime.”C’est une initiative encourageante quant au potentiel de développement de la filière”, estime auprès de l’AFP Yann Lesestre, auteur d’un “Observatoire international des e-fuels”, pour le Bureau français des e-fuels, qui la juge cependant trop confidentielle pour être classée parmi les projets qui comptent.”Le retour d’expérience du projet va être intéressant pour vérifier le bon fonctionnement des technologies à une échelle commerciale”, note-t-il.- La Chine en tête -Selon ce rapport, la filière européenne d’e-méthanol rassemble 19% des capacités en projet dans le monde – contre 60% pour la Chine. Le site du chinois Jiangsu Sailboat est opérationnel depuis 2023 et produit 100.000 tonnes.Le Danemark, pionnier des énergies renouvelables et notamment de l’éolien, se félicite d’avoir développé le projet si rapidement, puisqu’il s’est écoulé à peine deux ans entre la délivrance du permis de construire et l’ouverture de l’usine.”C’est une étape très, très importante pour la transition vers l’augmentation de la capacité de production”, assure Camilla Holbech, directrice énergies renouvelables, PtX (transition vers les énergies propres) et coopération internationale au sein de l’association Green Power Denmark, qui rassemble les professionnels danois du secteur.”Notre stratégie consiste à grandir par paliers, la prochaine usine sera trois fois plus grande”, confirme Jaime Casasus Bribian, responsable chez European Energy.”Il est très important de passer aux carburants verts, car nous pouvons ainsi décarboner des secteurs qui ne peuvent a priori pas fonctionner à l’électricité”, au premier rang desquels le transport maritime, insiste Mme Holbech.Entre cette nouvelle industrie et une industrie des combustibles fossiles plus que matures, l’écart de prix à combler est conséquent, ce qui explique le nombre de projets à plus petite échelle, estime-t-elle.La production de e-méthanol pourrait devenir aussi rentable que celle des combustibles fossiles en 2040 à condition que soient réalisés des investissements massifs, selon un rapport de Green Power Danemark.Les deux autres projets d’e-méthanol opérationnels, aux Etats-Unis et en Chine, utilisent du carbone recyclé alors que le projet danois utilise du carbone biogénique, c’est-à-dire contenu dans les matières biosourcées (bois, coton..), selon l’étude du Bureau français des e-fuels. Le e-méthanol ou méthanol vert est produit en mélangeant du dioxyde de carbone (CO2) biogénique et de l’hydrogène vert, lui-même produit par électrolyse, c’est-à-dire la décomposition des molécules d’eau à l’aide d’un courant électrique, issu de sources d’énergie renouvelables. A Kassø, il provient de panneaux solaires.

La Bourse de Paris prudente malgré la trêve commerciale

La Bourse de Paris hésite mardi, restant prudente devant les incertitudes commerciales, l’enthousiasme de la veille après l’annonce d’une trêve entre les Etats-Unis et la Chine sur ce terrain retombant légèrement.L’indice vedette de la place parisienne, le CAC 40, prenait 0,15% vers 09H45 heure de Paris, avec un gain de 11,63 points, pour s’établir à 7.861,73 points. Lundi, il avait terminé en hausse de 1,37% pour s’établir à 7.850,10 points.Les Etats-Unis et la Chine ont mis sur pause lundi leur guerre commerciale en annonçant la suspension pour 90 jours de la majeure partie des droits de douane prohibitifs qu’ils s’étaient mutuellement imposés et qui ont ébranlé l’économie mondiale.”L’optimisme grandit à l’idée que l’accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine marque la fin d’un conflit douanier de grande ampleur”, commente Patrick Munnelly, stratégiste chez Tickmill Group.Concrètement, les deux premières puissances économiques mondiales acceptent de réduire largement – à 30% pour Washington et 10% pour Pékin – les surtaxes qu’ils s’étaient mutuellement imposés, contre respectivement 145% et 125% après l’escalade initiée par Donald Trump début avril.Mais après la hausse des marchés lundi, l’enthousiasme semble déjà retomber pour faire place à la prudence.”Rappelons que ce n’est qu’un armistice, pas un traité de paix”, relève Neil Wilson, de Saxo Markets.”L’euphorie des dernières semaines reposait en grande partie sur l’espoir que Washington et Pékin parviennent à des concessions substantielles dans leur guerre commerciale”, rappelle Jochen Stanzl, chez CMC Markets. “Une fois que cet espoir a été en partie réalisé, la question se pose désormais de savoir s’il existe encore de nouveaux catalyseurs pour faire monter les cours.”Et “les conséquences du conflit commercial lancé par Trump devraient continuer à peser durablement sur les marchés mondiaux”, note M. Munnelly.Carmat palpiteLa société Carmat, qui produit et commercialise un cÅ“ur artificiel, a annoncé lundi la finalisation du recrutement pour son essai clinique Eficas et l’accord des autorités françaises pour 21 implantations supplémentaires de sa prothèse commercialisée sous la marque Aeson.Une avancée saluée par les investisseurs, le titre Carmat s’adjugeant 5,12% à 0,84 euros vers 09H45 heure de Paris.

Trump entame en Arabie saoudite une tournée dans le Golfe

Donald Trump est arrivé mardi en Arabie saoudite, première étape d’une tournée dans le Golfe qui doit lui permettre de moissonner de gros contrats, mais qui ne pourra ignorer les nombreux et brûlants sujets diplomatiques dans la région.L’avion du président américain, escorté avant d’atterrir par plusieurs F-15 saoudiens, s’est posé peu avant 09h50 (06h50 GMT) à Ryad. Il se rendra ensuite au Qatar et dans les Emirats arabes unis, dans le cadre de ce premier déplacement majeur à l’étranger depuis le début de son second mandat. Huit ans plus tôt, Donald Trump avait déjà choisi le royaume saoudien pour son premier voyage à l’international. La décision de faire passer, encore une fois, les riches monarchies pétrolières et gazières du Golfe avant ses alliés occidentaux reflète leur rôle géopolitique croissant, mais aussi les priorités économiques du président américain. Ryad, Doha et Abou Dhabi devraient lui réserver un accueil royal, accompagné d’annonces de contrats mirobolants, de la défense à l’aviation, en passant par l’énergie ou l’intelligence artificielle.Une moisson bienvenue pour le président américain, dont la politique économique faite d’attaques puis de volte-face commerciales laisse ses concitoyens de plus en plus sceptiques. Cette visite s’inscrit dans une séquence diplomatique frénétique pour Washington.Le président américain revendique un rôle déterminant dans la conclusion d’un cessez-le-feu entre l’Inde et le Pakistan, et se dit prêt à aller en Turquie à la rencontre des présidents ukrainien et russe pour faire avancer les négociations sur une cessation des hostilités en Ukraine.Il a aussi obtenu la libération d’un otage américain à Gaza.- “Mille milliards” -Washington a également mené des pourparlers dimanche avec l’Iran sur le dossier nucléaire, et conclu un accord de cessez-le-feu avec les rebelles houthis au Yémen. Face à une diplomatie américaine très active mais pas toujours lisible, les Etats du Golfe chercheront à comprendre, voire à influencer, la position de Donald Trump sur les grands sujets régionaux, dont Gaza et la Syrie. Mais la priorité sera bel et bien économique. “Des sources à la Maison Blanche ont indiqué que le président se concentrera sur des deals”, écrit Daniel B. Shapiro, chercheur au sein du think tank Atlantic Council. En janvier, le prince héritier saoudien et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, s’était engagé à injecter 600 milliards de dollars dans le commerce et les investissements aux Etats-Unis. “Je demanderai au prince héritier – un type formidable – d’arrondir ça à mille milliards”, avait alors répondu le président américain. Selon un responsable saoudien proche du ministère de la Défense, Ryad, soucieux de préserver les liens de défense avce le grand allié américain, cherche notamment à verrouiller des livraisons de chasseurs F-35 et de systèmes de défense antiaérienne.- “Relation transactionnelle” -“Nous demanderons à ce que les livraisons aient lieu pendant le mandat de Trump”, a-t-il précisé à l’AFP sous couvert d’anonymat.A Ryad, les avis sont partagés parmi les habitants interrogés par l’AFP.  “Cette visite aboutira à des décisions politiques importantes pour la région et dans l’intérêt des pays arabes et musulmans”, pense Khalifa Oneizi, un Saoudien de 47 ans. D’autres sont plus sceptiques: “Je ne suis pas optimiste sur cette visite ni sur ses résultats”, confie Hamad Shahrani, 62 ans.Alors que la guerre continue de faire rage à Gaza, la normalisation avec Israël semble exclue de l’agenda, Ryad assurant qu’aucun progrès n’est envisageable sans l’établissement d’un Etat palestinien.La question des droits humains ne devrait pas non plus troubler le déplacement.”C’est une relation très transactionnelle, dans laquelle les droits humains ne comptent absolument pas”, estime Andreas Krieg, spécialiste du Moyen-Orient.Avant même d’avoir atterri dans le Golfe, M. Trump a déjà suscité la controverse: il lui est reproché d’avoir accepté un Boeing 747-8 offert par la famille royale du Qatar pour remplacer les actuels Air Force One, et l’utiliser après son mandat.Face aux critiques, le président américain a répliqué que l’avion était un “cadeau temporaire”.

ArcelorMittal : les salariés à Paris, pour “stopper” le plan social

Des salariés d’ArcelorMittal de toute la France, sont attendus mardi en région parisienne, pour mettre la pression sur la direction française du sidérurgiste, qui envisage de supprimer plus de 600 postes et entame les discussions sur les contours de ce plan social, que la CGT souhaite “stopper”.Gaétan Lecocq, de la CGT d’ArcelorMittal Dunkerque, site le plus menacé, avait appelé dans les cortèges du 1er-Mai à profiter du CSE central convoqué mardi, premier round de négociations, pour mobiliser contre un “tsunami industriel, social” à venir.”On refuse totalement ce PSE”, a-t-il déclaré à l’AFP, souhaitant “tout faire pour stopper le processus”, alors que des salariés sont attendus en provenance de Dunkerque (Nord), mais aussi Florange (Moselle), Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), Basse-Indre (Loire Atlantique) ou Luxembourg.Le sort des métallos mobilise dans la classe politique, de la gauche qui réclame, comme la CGT, une nationalisation des hauts fourneaux français, à l’ancien ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, qui a estimé qu’il fallait “tout” faire pour sauver ArcelorMittal à Dunkerque, sans exclure une nationalisation “temporaire” et “de dernier recours” si l’entreprise ne remplissait pas ses obligations.Au coeur du maintien d’une industrie sidérurgique en France, la poursuite ou non des projets de décarbonation du groupe. Fin 2024, ArcelorMittal a suspendu sa décision finale d’investissement -à hauteur de 1,8 milliard d’euros dont plus de 800 millions d’aide promise par l’Etat – pour décarboner les haut fourneaux de Dunkerque, en arguant de la non compétitivité de l’acier produit en Europe.Après de meilleurs résultats que prévu au premier trimestre, Arcelor Mittal a fait pression sur la Commission européenne, demandant une application “rapide” du plan européen pour l’acier pour regagner en compétitivité, avant d’annoncer s’il investit ou non.Lors d’une réunion avec les représentants des salariés et les élus, mardi dernier, le ministre de l’Industrie a aussi fait part de son intention de “demander à la Commision européenne d’avancer pour rétablir les conditions économiques acceptables pour la production d’acier en Europe”, selon le ministère.Mais les investissements massifs dans la décarbonation de l’acier en France sont déjà enterrés, estime Gaëtan Lecocq, pour qui les dirigeants “ne la feront pas”: “il y avait cinq emplois qui étaient dédiés à la nouvelle ligne haute tension entre la centrale nucléaire de Gravelines et notre usine à Dunkerque”, pour préparer le raccordement d’un futur four électrique, et “ces cinq emplois sont supprimés” affirme-t-il.

Xi Jinping vante les liens Chine-Amérique latine face au “harcèlement” américain

Le président chinois Xi Jinping a promis mardi aux dirigeants d’Amérique latine de renforcer ses liens avec la région, dans un contexte international marqué par la “confrontation” et le “harcèlement”, une claire critique des États-Unis.Il s’exprimait lors de la cérémonie d’ouverture d’une importante réunion ministérielle entre la Chine et des pays latino-américains et des Caraïbes, à laquelle participe notamment le président brésilien Lula.Le géant asiatique a intensifié ces dernières années sa coopération avec les pays d’Amérique latine et espère qu’ils feront front commun avec lui face à l’actuelle campagne de droits de douane de Donald Trump.La région est devenue un champ de bataille diplomatique entre Pékin et Washington et les nations latino-américaines subissent régulièrement les pressions américaines pour choisir leur camp.S’adressant aux dirigeants et chefs de la diplomatie de pays membres de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (Celac), qui regroupe 33 nations, Xi Jinping a vanté les relations anciennes de Pékin avec la région.”Bien que la Chine et l’Amérique latine et les Caraïbes soient très éloignées, les deux parties ont une longue histoire d’échanges amicaux”, a-t-il assuré.”Ce n’est que dans l’unité et par la coopération que les pays peuvent préserver la paix et la stabilité mondiales, ainsi que promouvoir le développement et la prospérité dans le monde entier”, a déclaré M. Xi.Il a promis que la Chine débloquerait un crédit de 66 milliards de yuans (8,3 milliards d’euros) en faveur du “développement” des pays d’Amérique latine et des Caraïbes.Cette somme rentre dans le cadre d’un large ensemble d’initiatives visant à renforcer la coopération, notamment dans les domaines des infrastructures et de l’énergie propre.La Chine collaborera aussi avec l’Amérique latine dans la lutte antiterroriste et le crime organisé transnational, a déclaré Xi Jinping, tout en renforçant les échanges humains par le biais de bourses d’études et de programmes de formation.- “Isolement” -Ces propos du président chinois interviennent au lendemain de l’annonce par Washington et Pékin d’un accord visant à réduire drastiquement, pendant 90 jours, les droits de douane punitifs qu’ils s’imposent mutuellement.Cette décision marque une importante désescalade dans leur guerre commerciale bilatérale.Dans le cadre de cet accord, les États-Unis ont accepté d’abaisser leurs surtaxes douanières sur les produits chinois à 30%, tandis que la Chine réduira les siens à 10% sur les biens importés américains.”Personne ne peut gagner une guerre des droits de douane ou une guerre commerciale”, a affirmé mardi Xi Jinping. “Le harcèlement et l’hégémonisme ne mènent qu’à l’isolement”, a-t-il souligné.Parmi les principaux dirigeants latino-américains présents à Pékin figurent, outre Luiz Inacio Lula da Silva, arrivé samedi à Pékin pour une visite d’État de cinq jours, les présidents chilien Gabriel Boric et colombien Gustavo Petro.Ce dernier avait annoncé la semaine dernière qu’il signerait une lettre d’intention pour que son pays rejoigne les “Nouvelles routes de la soie”.- Charge contre Washington -Axe central de la stratégie de Pékin depuis 2013 pour accroître son influence internationale, ce programme, de son nom officiel “La Ceinture et la Route”, a été rejoint par plus d’une centaine de pays. Il vise notamment à construire des infrastructures maritimes, routières et ferroviaires – en particulier dans les nations en développement.Les deux tiers des pays latino-américains y ont déjà adhéré.Sans nommer les États-Unis, M. Petro a fustigé mardi la politique américaine en matière d’économie, de traitement des migrants ou encore la position climatosceptique de Washington, appelant à une diplomatie prenant davantage en compte les intérêts latino-américains.Ce dialogue “pourrait être exempt d’autoritarisme et d’impérialisme, un échange d’égal à égal entre civilisations, où l’Europe et l’Afrique joueraient sans aucun doute un rôle fondamental d’un côté, et la Chine et l’Asie de l’autre”, a-t-il déclaré dans son discours.De son côté, le président chilien Gabriel Boric a affirmé qu’il était “temps de faire un bond en avant” dans les relations économiques entre son pays et la Chine.Signe du poids grandissant de la Chine en Amérique latine: dans plusieurs pays de la région comme le Brésil, le Pérou ou le Chili, le géant asiatique a supplanté les États-Unis comme premier partenaire commercial.ll-oho-isk-ehl/cn 

L’ère de Jean-Laurent Bonnafé à la tête de BNP Paribas partie pour se poursuivre

L’ère de Jean-Laurent Bonnafé, à la tête de BNP Paribas depuis 2011, est partie pour se poursuivre quelques années de plus avec le renouvellement attendu mardi de son mandat en tant qu’administrateur et l’extension à 68 ans de la limite d’âge impartie au directeur général de la banque.Cet homme discret, né en 1961, atteindra en 2026 la limite d’âge actuelle de 65 ans et l’Assemblée générale des actionnaires de BNP Paribas doit voter de telles résolutions.Pour Jean Lemierre, le président de la banque, maintenir Jean-Laurent Bonnafé est une mesure de bon sens: “Jean-Laurent est quelqu’un qui a une très bonne réflexion stratégique sur la banque et qui la met en oeuvre. Prévoir les enjeux long terme en même temps que l’exécution, c’est remarquable”, dit à l’AFP celui qui travaille en tandem avec lui depuis 2014.Ingénieur formé à Polytechnique, passionné de mathématiques, Jean-Laurent Bonnafé a commencé sa carrière dans le service public: au ministère de l’Industrie d’abord, puis quelques mois comme conseiller technique au cabinet du ministre du Commerce extérieur.En 1993, il entre à la BNP, à la direction des Grandes entreprises. Quatre ans plus tard, en 1997, il devient responsable de la stratégie et du développement. Lors de la fusion de BNP avec Paribas en 2000, il copilote le processus d’intégration des deux banques.Ce père de deux enfants aux cheveux blancs toujours bien coiffés et aux fines lunettes – qu’il passe son temps à remonter – entre au Comité exécutif de BNP Paribas en 2002, chargé notamment d’intégrer la banque belge Fortis de 2009 à 2010, après la crise des subprimes, avant de prendre en 2011 la direction générale.”Il a fait preuve d’une extrême résilience à cette crise-là et à d’autres crises qui ont eu lieu depuis lors”, raconte Maxime Jadot, président du conseil d’administration de l’entité belge du groupe, BNP Paribas Fortis.Sous sa houlette, la banque, condamnée en 2014 à une sanction faramineuse de 6,6 milliards d’euros de la part des Etats-Unis pour avoir commercé en dollars avec des pays sous embargo américain, notamment le Soudan, l’Iran et Cuba entre 2002 et 2009, parvient à limiter la casse en matière d’image.- “Flèche en acier trempé” -Après la crise du Covid, BNP Paribas doit faire face depuis plusieurs années aux attaques répétées des associations de défense de l’environnement, qui l’accusent de continuer à financer les énergies fossiles.Questionné il y a un an lors de l’assemblée générale par des associations sur la politique climat de la banque, il rétorque en disant que BNP Paribas n’est “pas l’ONU”, tout en rappelant la stratégie RSE de la banque, très affirmée selon lui.Jean-Laurent Bonnafé, qui ne cherche pas la lumière, exprime au besoin ses opinions de manière tranchante. M. Jadot estime que le banquier pourrait être comparé à “une flèche en acier trempé” car “il va droit au but et très loin”, tout en faisant preuve de “résilience”.Du côté syndical cette image fait sourire.Il est “perçu comme un mercenaire” par certains salariés, estime un acteur du monde syndical: quelqu’un qui est là pour “bien gérer la banque, moyennant rétribution et qui est prêt à réaliser absolument tout ce qu’on lui demande”.”S’il a un mandat du conseil d’administration pour faire une économie qui peut avoir des conséquences sociales, il l’appliquera de la même manière”, assure cette personne qui tient à garder l’anonymat.Selon un grand patron français, client de BNP, “il n’y a pas l’épaisseur d’un papier à cigarette” entre Jean-Laurent Bonnafé et Jean Lemierre, dit-il à l’AFP pour décrire le duo qui oeuvre à la tête de la première banque française.Ses collaborateurs soulignent sa proximité avec les clients, qu’il rencontre aussi souvent qu’il le peut.”C’est un homme très simple, très pédagogue, avec lequel discuter est toujours un vrai régal”, confirme le président de Vinci Xavier Huillard à l’AFP. “Il a à la fois une culture économique et une connaissance très large et très profonde des métiers de la finance.”Forte de recettes et d’un bénéfice en hausse en 2024, BNP Paribas a confirmé ses objectifs pour 2026. Elle compte finaliser en 2025 l’acquisition de la filiale de gestion d’actifs de son compatriote Axa.  

Une agence de l’ONU juge la Russie responsable de la destruction du MH17, des pays demandent réparation

L’agence de l’ONU pour l’aviation civile a estimé lundi que la Russie était responsable du crash du MH17 en 2014 au-dessus de l’Ukraine, suscitant aussitôt des appels à des “réparations” pour les familles des victimes.Le 17 juillet 2014, le Boeing 777, qui reliait Amsterdam à Kuala Lumpur, a été abattu par un missile sol-air BUK de fabrication russe au-dessus du territoire aux mains des séparatistes prorusses, tuant 298 passagers et membres d’équipage.Parmi eux, 196 Néerlandais, 43 Malaisiens et 38 Australiens. Un tribunal néerlandais a condamné, par contumace, en 2022, trois hommes à la perpétuité pour meurtre et pour avoir joué un rôle dans la destruction de l’avion.Mais la Russie a toujours nié toute implication dans l’incident.”La Fédération de Russie n’a pas respecté ses obligations en vertu du droit aérien international lors de la destruction du MH17 de la Malaysia Airlines en 2014″, a estimé l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), dans un communiqué publié lundi.Pour sa “première décision” concernant un différend entre Etats membres, le Conseil de cette organisation, basée à Montréal au Canada, a jugé que les plaintes déposées par l’Australie et les Pays-Bas étaient “fondées en fait et en droit”.”Cette décision indique clairement à la communauté internationale que les États ne peuvent pas violer le droit international sans conséquences”, a estimé le gouvernement néerlandais. L’Australie parlant d’un “moment historique”.- “Négociations” -Dans ces deux pays, les plus touchés par ce drame, les autorités se sont engagées à continuer de traquer envers et contre tout les responsables du crash du vol MH17. En 2023, les enquêteurs internationaux ont suspendu leurs investigations, estimant qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour poursuivre davantage de suspects.”Il s’agit d’un moment historique dans la quête de vérité, de justice et de responsabilité pour les victimes de l’accident du vol MH17, leurs familles et leurs proches”, a déclaré le gouvernement australien dans un communiqué après l’annonce de l’OACI.Le gouvernement australien demande de prendre rapidement des mesures pour remédier à cette violation. “Nous demandons à la Russie d’assumer enfin sa responsabilité dans cet horrible acte de violence et de réparer sa conduite flagrante, comme l’exige le droit international”, a-t-il ajouté.De son côté, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, s’est félicité de cette décision, estimant que cela ne pourrait pas “effacer le chagrin et la souffrance” des proches des victimes mais qu’il s’agissait d'”un pas important vers la vérité et la justice”.Selon le gouvernement néerlandais, “dans les semaines à venir, le Conseil de l’OACI examinera la manière dont la réparation juridique devrait avoir lieu”.Canberra et Amsterdam demandent donc au Conseil de l’OACI d’imposer à la Russie “d’entamer des négociations avec les Pays-Bas et l’Australie sur cette question et de superviser ce processus”, a ajouté la même source.L’équipe d’enquêteurs internationaux des Pays-Bas, d’Australie, de Malaisie, de Belgique et d’Ukraine avait conclu en 2023 qu’il existait de “fortes indications” selon lesquelles le président russe Vladimir Poutine avait approuvé la fourniture du missile qui a abattu l’avion.

En quête de contrats, Trump attendu dans le Golfe sur fond d’offensive diplomatique américaine

En pleine offensive diplomatique américaine, Donald Trump entame mardi une tournée en Arabie saoudite, au Qatar et aux Emirats arabes unis, où des contrats semblent plus à portée de main que des accords sur les grands conflits au Moyen-Orient. Il s’agit du premier déplacement majeur à l’étranger du président américain depuis le début de son second mandat, décrit par la Maison-Blanche comme un “retour historique” dans la région. Huit ans plus tôt, M. Trump avait déjà choisi le royaume saoudien pour son premier voyage à l’international. La décision de faire passer, encore une fois, les riches monarchies du Golfe avant ses alliés occidentaux reflète leur rôle géopolitique croissant, mais aussi les priorités économiques du président américain. Ryad, Doha et Abou Dhabi devraient lui réserver un accueil royal, accompagné d’annonces de contrats mirobolants, de la défense à l’aviation, en passant par l’énergie ou l’intelligence artificielle. Cette visite s’inscrit dans une séquence diplomatique intense pour la Maison-Blanche, qui revendique un rôle déterminant dans la conclusion d’un cessez-le-feu entre l’Inde et le Pakistan, et a obtenu la libération d’un otage américain à Gaza.- “Mille milliards” -Washington a également mené des pourparlers dimanche avec l’Iran sur le dossier nucléaire, et conclu un accord de cessez-le-feu avec les rebelles houthis au Yémen. Face à une diplomatie américaine jugée peu lisible, les Etats du Golfe chercheront à comprendre, voire à influencer, la position de Donald Trump sur les grands sujets régionaux. Mais la priorité semble être la conclusion d’accords économiques. “Des sources à la Maison Blanche ont indiqué que le président se concentrera sur des deals”, écrit Daniel B. Shapiro, chercheur au sein du think tank Atlantic Council. “Cela signifie des opportunités pour augmenter les investissements de ces pays riches aux Etats-Unis”, ajoute-t-il. En janvier, le prince héritier saoudien et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, s’était engagé à injecter 600 milliards de dollars dans des projets aux Etats-Unis. “Je demanderai au prince héritier – un type formidable – d’arrondir ça à mille milliards. Je pense qu’ils le feront, parce que nous avons été très bons avec eux”, avait alors répondu le président américain. Selon un responsable saoudien proche du ministère de la Défense, Ryad cherche notamment à sécuriser des livraisons de chasseurs F-35 et de systèmes de défense antiaérienne.- “Relation transactionnelle” -“Nous demanderons à ce que les livraisons aient lieu pendant le mandat de Trump”, a-t-il précisé à l’AFP sous couvert d’anonymat.A Ryad, les avis sont partagés parmi les habitants interrogés par l’AFP.  “Cette visite aboutira à des décisions politiques importantes pour la région et dans l’intérêt des pays arabes et musulmans”, pense Khalifa Oneizi, un Saoudien de 47 ans. D’autres sont plus sceptiques: “Je ne suis pas optimiste sur cette visite ni sur ses résultats”, confie Hamad Shahrani, 62 ans.Alors que la guerre continue de faire rage à Gaza, la normalisation avec Israël semble exclue de l’agenda, Ryad assurant qu’aucun progrès n’est envisageable sans l’établissement d’un Etat palestinien.La question des droits humains ne devrait pas non plus troubler le déplacement.”C’est une relation très transactionnelle, dans laquelle les droits humains ne comptent absolument pas”, estime Andreas Krieg, spécialiste du Moyen-Orient.Avant même d’avoir atterri dans le Golfe, M. Trump a déjà suscité la controverse: il lui est reproché d’avoir accepté un Boeing 747-8 offert par la famille royale du Qatar pour remplacer les actuels Air Force One, et l’utiliser après son mandat.Face aux critiques, le président américain a répliqué que l’avion était un “cadeau temporaire”.