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Ciblés par Trump, le Canada et l’UE vantent la force de leurs liens

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants de l’Union européenne ont célébré mercredi à Bruxelles l'”amitié” qui les lie, en pleine offensive commerciale de Donald Trump, qui impose de nouveaux droits de douane aux partenaires économiques des Etats-Unis.Au lendemain de sa participation au sommet de l’IA à Paris, Justin Trudeau a été reçu par Ursula von der Leyen et Antonio Costa, qui président respectivement la Commission européenne et le Conseil européen -l’instance représentant les 27 pays membres de l’UE-.Une manière, pour Ottawa comme pour le bloc européen, de montrer la solidité de leurs liens et l’importance de diversifier les relations commerciales pour compenser l’ambiance conflictuelle avec les Etats-Unis et leur président.”Les amis sont là pour les amis”, a lâché M. Trudeau devant la presse à son arrivée à la réunion à Bruxelles.”La confiance est indispensable dans un monde imprévisible”, a déclaré de son côté Mme von der Leyen, qualifiant l’UE et le Canada de “bons alliés” et d'”amis de confiance”.Dans une nouvelle étape de la guerre commerciale déclenchée depuis qu’il a pris ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump a signé lundi un décret fixant au 12 mars la date d’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium. “Sans exception”, a-t-il assuré.Ceux-ci viendront se cumuler aux 25% déjà imposés, mais actuellement en pause, sur les produits mexicains et canadiens, qui seront donc alors taxés à hauteur de 50% à compter du 12 mars, a précisé mercredi la Maison Blanche à l’AFP.Mardi, Justin Trudeau avait promis une réponse “ferme” si nécessaire, dans des termes similaires à ceux de Mme von der Leyen qui a dénoncé au nom de l’UE des droits de douane “injustifiés”.Pour Ignacio Garcia, du groupe de réflexion bruxellois Bruegel, “la situation ne va pas s’améliorer” avec Washington sous l’ère Trump et cela ne laisse à l’UE “aucune autre option” que d'”investir dans le développement de marchés alternatifs”.Tant l’UE qu’Ottawa ont de gros intérêts économiques à défendre aux Etats-Unis, ce pays absorbant 77% des exportations du Canada, un chiffre qui oscille autour de 20% pour celles de l’Union européenne.- Mexique, Inde, Afrique du Sud… – La perspective d’une guerre commerciale avec Washington a conduit l’UE à élargir ses horizons depuis la réélection du milliardaire républicain en novembre.Ces dernières semaines, le bloc européen a annoncé un accord commercial renforcé avec le Mexique, la reprise des négociations sur un accord de libre-échange avec la Malaisie et un nouvel accord avec le bloc sud-américain du Mercosur.L’UE a également adopté une position plus conciliante à l’égard de la Chine et promis d’approfondir ses relations avec l’Inde, qui sera la destination du premier voyage officiel du second mandat de Mme von der Leyen.Lundi, Antonio Costa a par ailleurs discuté avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa d’un renforcement des liens avec l’Afrique du Sud, elle-même empêtrée dans un différend avec Donald Trump à propos d’une loi prétendument raciste à l’égard des fermiers blancs.Dans cette conversation téléphonique, M. Costa a présenté l’UE comme un “partenaire fiable et prévisible”, dans une allusion assez claire au caractère imprévisible de l’occupant de la Maison blanche.Selon un haut responsable européen, le message envoyé par Bruxelles peut se résumer ainsi : “Nous pouvons commercer avec le monde entier. Si vous fermez vos marchés, nous avons d’autres partenaires.”Nouvelle illustration mardi : le président du Conseil européen a confirmé l’organisation en avril du premier sommet UE-Asie centrale, à Samarcande (Ouzbékistan), à l’occasion d’un échange au téléphone avec le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev. Cette région du monde est dans la sphère d’influence de Moscou et son sous-sol est riche en minerais, ce qui présente aussi un intérêt économique pour les Européens.Avec le Canada, l’UE dispose déjà d’un accord de libre-échange et les producteurs d’aluminium du Québec, très dépendants de leurs clients américains, pourraient voir en elle une issue de secours.”Nous pourrions déplacer certains volumes vers l’Union européenne, où il n’y a pas de droits de douane et où ils ont besoin de métal”, a dit à l’AFP Jean Simard, le patron de l’Association de l’aluminium du Canada.

Le chef du Pentagone trace les lignes rouges de Trump sur l’Ukraine et l’Otan

Le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth a clairement tracé mercredi à Bruxelles les lignes rouges de Donald Trump sur l’Otan et l’Ukraine, appelant l’Europe à s’engager avec plus de détermination.Dans une brève allocution à la tonalité résolument combative, il a jugé mercredi “irréaliste” d’envisager un retour de l’Ukraine à ses frontières d’avant 2014, c’est-à-dire comprenant la Crimée. De même, une adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique à l’issue de négociations de paix, n’est “pas réaliste”, a souligné l’ancien chroniqueur de Fox News. Le nouveau locataire de la Maison Blanche veut la paix en Ukraine et la fin du “massacre”, a rappelé Pete Hegseth devant les 31 autres ministres de la défense de l’Otan, et leur collègue ukrainien Roustem Oumerov. Mais pour cela, il faut que les Européens s’engagent beaucoup plus sur le terrain, mais aussi financièrement. Pas question par exemple pour les Etats-Unis de déployer des soldats en Ukraine dans le cadre d’un accord de paix, a-t-il souligné.Il appartiendra aux Européens et à d’autres pays de trouver les garanties de sécurité “robustes”, qui seront nécessaires au maintien d’une paix “durable” en Ukraine, a averti Pete Hegseth.”Si des troupes de maintien de la paix sont déployées à un certain moment, elles devront l’être dans le cadre d’une mission qui ne soit pas de l’Otan et non couvertes par l’article 5″ de l’Alliance, qui prévoit l’assistance des membres de l’Otan, en cas d’attaque contre l’un d’entre eux.Les pays européens devront à l’avenir assurer l'”écrasante” part de l’aide civile et militaire à l’Ukraine, a-t-il encore lancé.Les Etats-Unis comptent faire leur part, a-t-il expliqué, en contribuant à faire baisser le prix de l’énergie, principale ressource de la Russie, pour la contraindre à s’asseoir à la table de négociations.Avant même le début de cette réunion, le nouveau chef du Pentagone avait donné le ton: “l’Otan doit être plus forte (…) pas un club de diplomates”, avait-t-il lancé sur X.Les pays européens de l’Otan espéraient des indications sur l’engagement américain en Europe et aux côtés de l’Ukraine, et sur les conditions d’une paix durable. Ils ont obtenu en partie gain de cause. “Secrétaire Hegseth, nous vous entendons”, a déclaré le ministre britannique de la Défense, John Healey, qui présidait mercredi cette réunion du groupe de contact sur l’Ukraine.- J.D Vance à Munich -Les Européens redoutent aussi qu’un éventuel accord de paix entre l’Ukraine et la Russie, que Donald Trump a promis d’obtenir au plus vite, ne se fasse sans eux et au détriment de Kiev.”Il y a une convergence de vues sur le fait que nous devons être sûrs, tout d’abord que l’Ukraine arrive en position de force pour démarrer des négociations” de paix, a assuré mercredi devant la presse le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, après de premiers contacts avec la nouvelle administration Trump, dont M. Hegseth. Concernant l’engagement accru des Européens en Ukraine, certains y sont prêts, comme la France et le Royaume-Uni, y compris avec l’envoi de troupes pour garantir un éventuel accord de paix, selon un diplomate de l’Otan. Européens et Américains ont eu l’occasion de se jauger au cours de ce premier contact à l’Otan, qui sera suivi par le déplacement du vice-président américain J.D Vance à Munich, en Allemagne, où il rencontrera vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky en marge de la conférence sur la sécurité.Le nouveau chef du Pentagone a également mis la pression sur les Européens pour qu’ils partagent davantage le “fardeau” des dépenses militaires au sein de l’Alliance atlantique.Donald Trump a fixé la barre très haut en réclamant des Alliés européens qu’ils doublent, au minimum, leurs dépenses militaires.Pour le nouveau président américain, les pays de l’Otan doivent consacrer 5% de leur Produit intérieur brut (PIB) à ces dépenses, quand ils ne sont encore que 23 à dépenser 2% de leur PIB en armements. “Et je pense qu’il a raison”, a dit M. Hegseth devant ses collègues de l’Otan.Mais pour la plupart des Alliés européens, à l’exception de la Pologne, la “marche” est trop haute, selon un diplomate de l’Otan, même si la plupart d’entre eux ne contestent pas la nécessité de dépenser plus.Mark Rutte l’a maintes fois rappelé: il faut dépenser plus, probablement “au-dessus de 3%”, a-t-il dit mercredi, sans toutefois fixer un chiffre définitif. 

L’Assemblée nationale près de clore la page budgétaire, mais pour quoi faire ?

Les députés s’apprêtent à rejeter mercredi une dernière motion de censure sur le budget de la Sécurité sociale, un vote décisif avant de clore la page budgétaire 2025 et un nouveau succès à l’actif de François Bayrou, dans une Assemblée toujours guettée par la paralysie.Quatre mois après la présentation du budget en Conseil des ministres, une petite semaine après l’adoption définitive du budget de l’Etat, le rejet attendu de la motion de censure déposée par LFI permettra l’adoption en nouvelle lecture du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), celui-là même qui avait fait chuter Michel Barnier en décembre.Comme lors des trois précédentes motions de censure sur le projet de loi de finances (PLF) et le PLFSS, le PS ne prévoit pas de joindre ses voix à celles des Insoumis, invoquant la nécessité de doter la France d’un budget, même si celui-ci n’est “pas juste”. Le RN ne devrait pas non plus censurer le texte.La pression est montée d’un cran sur François Bayrou mercredi lors des Questions au gouvernement, lorsque le député LFI Paul Vannier a appelé ses collègues à la censure, face aux “mensonges” de François Bayrou sur l’affaire des violences au collège-lycée Bétharram. Mais cela ne devrait pas influer sur le vote du PS, selon une source groupe.Le Sénat se saisira à son tour du texte en séance lundi et mardi, avec comme objectif pour le gouvernement une adoption conforme qui vaudrait adoption définitive. Dans le cas contraire, le PLFSS devrait revenir à l’Assemblée pour une ultime lecture.- “Tâche immense” -Passé à la moulinette de la censure, et des concessions accordées aux oppositions mais aussi à la majorité, le budget de la Sécu prévoit désormais une hausse des dépenses d’Assurance maladie de 3,4% en 2025, contre 2,6% initialement prévu, notamment parce que le gouvernement Bayrou a rallongé d’un milliard d’euros l’enveloppe de l’hôpital.Le déficit devrait lui s’élever à plus de 22 milliards d’euros, au lieu de 16 milliards. Le gouvernement a dû renoncer à une hausse des tickets modérateurs (reste à charge du patient après le remboursement de l’assurance maladie), accepter de revoir à la baisse les efforts demandés aux entreprises concernant les exonérations de cotisations sociales, et faire le deuil de la désindexation des retraites sur l’inflation.L’idée d’instaurer sept heures de travail annuelles supplémentaires non rémunérées n’a pas non plus fait florès, après avoir été adoptée au Sénat.Un budget qui in fine ne satisfait personne, ce qui a fait dire au Premier ministre lundi qu’il faudrait “dès le lendemain de l’adoption des budgets” trouver les voies et moyens d’un “retour à l’équilibre”, une “tâche immense” pour l’avenir.D’autant plus que l’objectif affiché de ramener le déficit public à 5,4% du PIB cette année “ne pourra pas être tenu”, a affirmé sur Public Sénat le député centriste Charles de Courson, rapporteur de la commission des Finances à l’Assemblée.- “Piège à retardement” -Dans la majorité, pas plus que dans les oppositions, la clôture de cette longue période d’incertitudes ne devrait donner lieu à des marques de joie excessives.A gauche, l’épisode a profondément divisé le Nouveau Front populaire, et laisse un goût amer aux socialistes qui ont renoncé à la censure, parfois “la mort dans l’âme” face à un gouvernement engagé dans un virage à droite, que ce soit sur le droit du sol ou la justice des mineurs.Le groupe PS déposera une motion de censure en début de semaine prochaine, pour protester contre la “trumpisation et la lepénisation des esprits”.Du côté du Rassemblement national, les cadres se réjouissent d’avoir obtenu “des victoires” grâce à la censure, tout en appelant plus que jamais à un “changement de dirigeants”. Si le parti de Marine Le Pen donne le sentiment de ne pas vouloir censurer le gouvernement avant qu’une nouvelle dissolution ne soit possible, c’est-à-dire à partir de cet été, un changement de pied est toujours possible.Dans la majorité, quelques-uns se félicitent que le PS ait renoué avec la “responsabilité”.Mais beaucoup craignent que la suite soit un purgatoire, avec une Assemblée toujours divisée en trois blocs et condamnée de ce fait à la paralysie. “Chacun a bien compris que cette législature ne servirait strictement à rien”, bougonne un cadre du groupe Ensemble pour la République.”Aujourd’hui, je ne vois pas quel texte structurant on peut mettre sur la table”, abonde un député LR, qui craint à l’inverse que le fait d’avoir rouvert le débat sur les retraites ne soit un “piège à retardement”.

Wall Street ouvre en net recul, crispée par l’inflation américaine

La Bourse de New York a ouvert en nette baisse mercredi, échaudée par un chiffre d’inflation aux Etats-Unis plus élevé que prévu qui pourrait retarder les perspectives de baisse de taux de la banque centrale américaine (Fed).Dans les premiers échanges à Wall Street, le Dow Jones reculait de 0,78%, l’indice Nasdaq de 1,04% et l’indice élargi S&P 500 de 0,94%.

Macron et Modi affichent leur proximité à Marseille

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi ont affiché mercredi à Marseille leur proximité et le partenariat entre leurs pays, symbole selon Paris de l'”indépendance” française à l’heure de la confrontation entre les Etats-Unis et la Chine.Arrivés mardi soir dans la deuxième ville de France, et après un dîner tardif dans un restaurant trois étoiles à Cassis, près de Marseille sur la côte méditerranéenne, les deux hommes d’Etat ont enchaîné mercredi au pas de course les étapes, sans s’adresser à la presse ni annoncer de nouveaux projets communs.Ils ont d’abord rendu hommage aux soldats indiens morts en France pendant la Première Guerre mondiale, au cimetière militaire marseillais de Mazargues.Ils ont ensuite inauguré le consulat général d’Inde dans la cité phocéenne, acclamés par une petite foule d’expatriés indiens, avant de se rendre au siège du géant mondial du transport maritime CMA CGM, sur le port de Marseille, où le PDG Rodolphe Saadé leur a présenté le “fleet center”, le centre de navigation d’où est gérée la flotte de l’armateur, soulignant les liens de la compagnie avec l’Inde.L’occasion d’évoquer le corridor Imec, projet de transport maritime et ferroviaire reliant l’Inde à l’Europe via le Moyen-Orient, qui se veut une alternative aux nouvelles “routes de la soie chinoises”.Dans de brefs échanges à bâtons rompus, Emmanuel Macron a estimé devant son invité que Marseille “peut clairement être le point d’entrée vers le marché européen” dans le cadre d’Imec, qu’il avait qualifié mardi de “catalyseur formidable” en clôture d’un forum d’affaires franco-indien, promettant de “mobiliser des projets concrets et des investissements”.MM. Macron et Modi ont ensuite visité le chantier monumental du réacteur expérimental de fusion nucléaire Iter, à Saint-Paul-lès-Durance, jouxtant le site nucléaire du CEA de Cadarache, à 70 km de Marseille.Ce projet international qui vise à révolutionner la production d’énergie implique la France et l’Inde mais aussi d’autres pays dont la Russie, la Chine ou encore les Etats-Unis.”C’est un projet unique aussi car ce sont des pays qui en matière géopolitique font face à des tensions mais ici ils travaillent ensemble. C’est un modèle: ici on laisse les passeports à l’accueil”, a dit à l’AFP le directeur général du site, l’Italien Pietro Barabaschi. – “Intimité particulière” -Mais alors que l’Elysée avait évoqué de possibles nouveaux projets de coopération portuaire, énergétique ou dans le nucléaire civil, aucune annonce n’a été faite. Pas plus que dans les négociations à plusieurs milliards d’euros sur l’achat par New Delhi d’avions de chasse français Rafale version marine et de sous-marins Scorpène.En emmenant Narendra Modi dans sa “ville de cÅ“ur” après avoir coprésidé le sommet sur l’intelligence artificielle à Paris, Emmanuel Macron voulait soigner sa relation avec le pays le plus peuplé de la planète, déjà invité au défilé du 14-Juillet en 2023.”L’Inde et la France sont deux grandes puissances et ont une intimité particulière”, a expliqué le président français dimanche dans une interview télévisée. “Nous voulons travailler avec les Etats-Unis d’Amérique” et “avec la Chine, mais on ne veut dépendre de personne”, a-t-il insisté, en mettant en avant sa “stratégie indopacifique”.Mardi, Narendra Modi a assuré que ce “partenariat ne se limite pas” aux relations bilatérales. “Nous travaillons ensemble pour trouver des solutions aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés”, et “renforcer notre coopération dans tous les domaines”, a-t-il dit.Pour un ancien ministre français, c’est une “bonne intuition” d’Emmanuel Macron, car “Modi, à la tête d’une puissance en devenir, a trouvé une position d’équilibre entre Américains, Chinois et Russes”.”Il y a une constance rhétorique de la France à vouloir se poser en pont entre le Nord et le Sud”, estime Bertrand Badie, professeur à Sciences-Po.Mais ce spécialiste des relations internationales prévient aussi qu’à force de vouloir afficher sa proximité avec New Delhi, “cela oblige Macron à passer sous silence la politique intérieure” du Premier ministre ultranationaliste hindou, décrié par ses opposants et des défenseurs des droits humains pour sa dérive autocratique.De Marseille, Narendra Modi s’est envolé en début d’après-midi pour les Etats-Unis, à la rencontre du nouveau président américain Donald Trump.

Le chef du Pentagone à Bruxelles, les Européens sous pression

Le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth rencontre les membres de l’Otan mercredi à Bruxelles, pour accentuer la pression sur les alliés européens de Washington concernant le financement de l’Alliance et l’Ukraine.Avant le début de cette réunion, le secrétaire général de l’Alliance Mark Rutte a souligné, comme M. Hegseth la veille, la nécessité pour les Européens de dépenser “considérablement plus” pour leur défense.”Nous devons faire beaucoup plus pour avoir ce dont nous avons besoin pour la dissuasion et la défense (…) afin que le fardeau soit partagé de façon plus équitable”, a-t-il déclaré.A son arrivée au siège de l’Alliance atlantique, Pete Hegseth a donné le ton de son tout premier déplacement à Bruxelles : “l’Otan doit être plus forte (…) pas un club de diplomates”, a-t-il lancé sur X.Les pays européens membres de cette organisation espèrent de leur côté des indications sur l’engagement américain en Europe et aux côtés de l’Ukraine, après une série de déclarations tonitruantes du président Donald Trump.Les Européens redoutent aussi qu’un éventuel accord de paix entre l’Ukraine et la Russie, que Donald Trump a promis d’obtenir au plus vite, ne se fasse sans eux et au détriment de Kiev.”Il y a une convergence de vues sur le fait que nous devons être sûrs, tout d’abord que l’Ukraine arrive en position de force pour démarrer des négociations” de paix, a-t-il affirmé mercredi après, a-t-il précisé, de premiers contacts avec la nouvelle administration Trump. Et, en second lieu, de s’assurer que quelque soit le résultat de ces discussions, il soit “durable” sans le risque que la Russie lance une nouvelle attaque quelques années plus tard, a-t-il ajouté.Mercredi après-midi, Pete Hegseth participera à une réunion du groupe de contact qui coordonne le soutien militaire à l’Ukraine, depuis l’invasion russe de ce pays il y a presque trois ans.Comme à l’Otan jeudi, il y doit appeler les Européens à accroître leur “leadership”, selon le Pentagone.Certains y sont prêts, comme la France ou le Royaume-Uni, y compris avec l’envoi de troupes en Ukraine pour garantir un éventuel accord de paix, selon un diplomate de l’Otan. Ces pays espèrent que les Etats-Unis resteront à leurs côtés et feront pression sur la Russie pour qu’elle vienne à la table de négociations, a expliqué cette source diplomatique.Européens et Américains vont surtout se jauger au cours de ce premier contact à l’Otan, qui sera suivi par le déplacement du vice-président américain J.D Vance à Munich, en Allemagne, où il rencontrera vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky en marge de la conférence sur la sécurité.- Redevenir “russes” -Donald Trump a renforcé le trouble en Europe en évoquant lundi la possibilité de voir les Ukrainiens redevenir “russes”. Seule certitude, selon un autre diplomate à Bruxelles, les Etats-Unis vont mettre une “pression maximum” sur les Européens pour qu’ils partagent davantage le “fardeau” des dépenses militaires au sein de l’Alliance atlantique.Le milliardaire américain a fixé la barre très haut en réclamant des Alliés européens qu’ils doublent, au minimum, leurs dépenses militaires.Pour le nouveau président américain, les pays de l’Otan doivent consacrer 5% de leur Produit intérieur brut (PIB) à ces dépenses, quand ils ne sont encore que 23 à dépenser 2% de leur PIB en armements.Mais pour la plupart des Alliés européens, à l’exception de la Pologne, la “marche” est trop haute, selon un diplomate de l’Otan, même si la plupart d’entre eux ne contestent pas la nécessité de dépenser plus.Le secrétaire général de l’Alliance Mark Rutte l’a maintes fois rappelé: il faut dépenser plus, probablement “au-dessus de 3%”, a-t-il dit mercredi, sans toutefois fixer un chiffre définitif. Le chiffre de 3,5% est régulièrement évoqué, mais aucune décision n’a été prise, et ne devrait pas l’être avant, au mieux, le prochain sommet de l’Otan en juin à La Haye.En attendant, Mark Rutte a souligné mercredi devant la presse les efforts déjà accomplis par les Alliés européens, dont plus des deux tiers ont déjà atteint les 2%, objectif fixé en 2014. Il a également souligné la hausse de 20% sur un an en 2024 des dépenses militaires des Alliés hors Etats-Unis et Canada.

Macron et Modi affichent leur partenariat à Marseille

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi ont affiché mercredi à Marseille leur proximité et le partenariat entre leurs pays, symbole selon Paris de l'”indépendance” française à l’heure de la confrontation entre les Etats-Unis et la Chine.Arrivés mardi soir dans la deuxième ville de France, et après un dîner tardif dans un restaurant trois étoiles à Cassis, près de Marseille sur la côte méditerranéenne, les deux hommes d’Etat ont entamé la journée de mercredi par un hommage aux soldats indiens morts en France pendant la Première Guerre mondiale, au cimetière militaire de Mazargues, dans le sud de Marseille.Ils ont ensuite inauguré le nouveau consulat général d’Inde dans la cité phocéenne, acclamés par une petite foule d’expatriés indiens, avant de se rendre au siège du géant mondial du transport maritime CMA CGM, sur le port de Marseille, où le PDG Rodolphe Saadé leur a présenté le “fleet center”, le centre de navigation d’où est gérée la flotte de l’armateur, soulignant les liens de la compagnie avec l’Inde.Le deux dirigeants n’ont fait aucune déclaration lors de ces différentes étapes, mais devaient notamment évoquer le corridor Imec, projet de transport maritime et ferroviaire reliant l’Inde à l’Europe via le Moyen-Orient, qui se veut une alternative aux nouvelles “routes de la soie chinoises”.Dans de brefs échanges à bâtons rompus, Emmanuel Macron a estimé devant son invité que Marseille “peut clairement être le point d’entrée vers le marché européen” dans la cadre du projet Imec, qu’il avait qualifié mardi de “catalyseur formidable” en clôture d’un forum d’affaires franco-indien, promettant de “mobiliser des projets concrets et des investissements”.Paris espère aussi avancer dans les négociations à plusieurs milliards d’euros sur l’achat par New Delhi d’avions de chasse français Rafale version marine et de sous-marins Scorpène.MM. Macron et Modi sont ensuite partis pour visiter le chantier du réacteur expérimental de fusion nucléaire Iter, à Saint-Paul-lès-Durance, jouxtant le site nucléaire du CEA de Cadarache, à 70 km de Marseille.Ce projet international qui vise à révolutionner la production d’énergie implique notamment New Delhi. Les deux pays pourraient profiter de la visite pour préciser la nouvelle coopération qu’ils entendent lancer dans le nucléaire civil sur les petits réacteurs modulaires (SMR).- “Intimité particulière” -En emmenant Narendra Modi dans sa “ville de cÅ“ur” après avoir coprésidé le sommet sur l’intelligence artificielle à Paris, Emmanuel Macron soigne une nouvelle fois sa relation avec le pays le plus peuplé de la planète, déjà invité au défilé du 14-Juillet en 2023.”L’Inde et la France sont deux grandes puissances et ont une intimité particulière qui est que nous respectons, nous voulons travailler avec les Etats-Unis d’Amérique, nous voulons travailler avec la Chine, mais on ne veut dépendre de personne”, a expliqué le président français dimanche dans une interview télévisée.”On veut être indépendants”, a-t-il insisté, en mettant en avant sa “stratégie indopacifique”.Mardi, Narendra Modi a assuré que ce “partenariat ne se limite pas” aux relations bilatérales. “Nous travaillons ensemble pour trouver des solutions aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés”, et “renforcer notre coopération dans tous les domaines”, a-t-il dit.Pour un ancien ministre français, c’est une “bonne intuition” d’Emmanuel Macron, car “Modi, à la tête d’une puissance en devenir, a trouvé une position d’équilibre entre Américains, Chinois et Russes”.”Il y a une constance rhétorique de la France à vouloir se poser en pont entre le Nord et le Sud”, estime Bertrand Badie, professeur à Sciences-Po.Mais ce spécialiste des relations internationales prévient aussi qu’à force de vouloir afficher sa proximité avec New Delhi, “cela oblige Macron à passer sous silence la politique intérieure” du Premier ministre ultranationaliste hindou, décrié par ses opposants et des défenseurs des droits humains pour sa dérive autocratique.De Marseille, Narendra Modi s’envolera à la mi-journée pour les Etats-Unis, à la rencontre du nouveau président américain Donald Trump.

La Bourse de Paris en légère hausse avant l’inflation américaine

La Bourse de Paris évoluait en petite hausse mercredi, en attendant la deuxième partie de l’intervention du patron de la Fed devant le Sénat américain et la publication de la première mesure de l’inflation de l’année aux Etats-Unis.L’indice vedette de la place de Paris, le CAC 40, gagnait 0,36%, soit 28,96 points, à 8.057,86 points. Mardi, il avait terminé en petite hausse de 0,28% à 8.028,90 points.Malgré la “montée des enchères sur les (droits de douane) entre les Etats-Unis et l’Union européenne”, “le marché garde le cap”, notent les analystes de Natixis. Les inquiétudes que les droits de douane de Donald Trump “entraînent une hausse de l’inflation de part et d’autre de l’Atlantique” restent cependant bien présentes.L’Europe craint d’être la prochaine cible de l’administration Trump, notamment pour ses vins et spiritueux, très dépendants des exportations.Le patron de la Fed Jerome Powell a répété mardi, lors de son audition semestrielle devant les sénateurs américains, que ce n’était “pas le travail de la Fed de commenter la politique douanière, mais celui des élus”. Il a aussi réaffirmé qu’il ne voyait “pas d’urgence” à baisser les taux directeurs dans la mesure où la plupart des indicateurs étaient au vert, hormis l’inflation, encore “quelque peu élevée”, au-dessus de la cible de 2% de la Fed.Les investisseurs prêteront attention mercredi à la seconde partie du témoignage de M. Powell, cette fois devant la commission des services financiers de la Chambre des représentants, dans l’espoir d’y déceler plus d’indices sur la trajectoire des taux de la banque centrale cette année. Ils scruteront également la publication de l’indice des prix à la consommation (CPI) pour janvier aux Etats-Unis.Parmi les valeurs vedettes de la place parisienne, le groupe français de luxe Kering poursuit son rebond au lendemain de la publication de ses résultats annuels, les investisseurs saluant un quatrième trimestre meilleur qu’attendu. Vers 09H50, le titre du groupe gagnait 5,50% à 261 euros.

L’humide année 2024 a dopé les ventes de radiateurs et de sèche-linges

Les ventes de radiateurs mobiles ou de sèche-linges ont bondi en 2024, année particulièrement humide en France, qui n’a pas démenti l’adage selon lequel le marché de l’électroménager est dépendant de la météo.Le secteur a été tiré par le petit électroménager, qui a franchi le seuil historique de 4 milliards d’euros, d’après une étude NielsenIQ-GfK publiée mercredi par le groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils et d’équipements ménagers (Gifam), représentant une centaine de marques.Avec 15% de précipitations au-dessus des normales, 2024 figure “parmi les 10 années les plus pluvieuses” depuis 1959 et a connu un fort déficit d’ensoleillement, selon Météo-France.Cette humidité “a eu un impact sur les ventes de petit électroménager”, notamment de déshumidificateurs, lesquels ont connu “un bel engouement”, avec des ventes en hausse de 63%, a détaillé à l’AFP Laurent Cours, directeur études et statistiques du Gifam. Les radiateurs mobiles ont également vu leurs ventes bondir (+13,5%).Dans le gros électroménager, le déficit d’ensoleillement a fait du tort à la bonne vieille corde à linge et dopé les ventes de sèche-linges, qui ont progressé de 13,2%. Ils ont également bénéficié d’innovations embarquées, permettant de réduire leur consommation énergétique, selon M. Cours, qui cite “les sèche-linges pompes à chaleur”.A l’inverse, les ventes de réfrigérateurs (-7%), “corrélées aux fortes températures, ont été pénalisées par la météo maussade de l’été 2024”, souligne le Gifam.Globalement, le chiffre d’affaires de l’électroménager a atteint 9,6 milliards d’euros en France, en hausse de 1% par rapport à 2023, pour 68 millions de produits vendus. Le secteur a donc été porté par le petit électroménager, qui a connu une hausse de 8% en valeur, pour atteindre 4,03 milliards d’euros, selon l’étude.Comme les années précédentes, les hausses les plus spectaculaires concernent les friteuses sans huiles ou “Air Fryer”, dont les ventes “ont doublé en 2024”, avec plus de 2,6 millions d’appareils vendus (+140% en valeur). Plus d’un foyer sur quatre en est désormais équipé, selon l’étude.Le gros électroménager, en revanche, a connu un nouveau recul (-3,9%), qui s’explique principalement par la crise persistante de l’immobilier, l’achat de ces produits, notamment des appareils de cuisine, étant “souvent corrélé à l’acquisition d’un bien immobilier ou à un déménagement”, a souligné le Gifam.Selon les projections de NielsenIQ-GFK, cette baisse devrait ralentir en 2025, compte tenu de la reprise attendue des transactions immobilières.

Droits de douane réciproques, nouveau cheval de bataille de Donald Trump

Dernière étape de sa montée en puissance sur le front des droits de douane, le président américain Donald Trump souhaite créer de la “réciprocité”, “seule façon équitable d’agir” selon lui, mais qui risque de tendre un peu plus les relations commerciales des Etats-Unis.Car l’idée de droits de douane réciproques, dont l’étendue reste encore à déterminer, pourrait représenter un coup sévère à certaines économies émergentes qui, tels le Brésil ou l’Inde, en imposent à des niveaux plus élevés pour protéger leurs économies respectives.- De quoi parle-t-on?L’idée n’est pas nouvelle chez Donald Trump, qui y avait déjà fait rapidement allusion durant sa campagne, en reprenant la loi du Talion pour la réadapter à sa manière: “oeil pour oeil, droit de douane pour droit de douane, exactement le même montant”.Il a réitéré l’idée dimanche, la résumant en quelque chose de “très simple: s’ils nous font payer, on les fait payer”. De son point de vue, il n’y a aucune raison qu’un pays étranger taxe les produits américains à un niveau supérieur à celui auquel les produits de ce pays sont taxés en entrant aux Etats-Unis.Interrogé sur CNBC, le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Kevin Hesset a confirmé l’idée, soulignant que “si on nous taxe à 20%, on devrait pouvoir le faire, et si les droits de douane baissent, nous les baissons”.- Qui serait concerné?Tout dépend de la manière dont le gouvernement américain conçoit son principe de réciprocité car les données peuvent varier d’une source à l’autre. Mais les pays émergents taxent plus que les économies développées.Selon Kevin Hesset, “le Canada et le Mexique sont au même niveau que nous, du fait de notre accord de libre-échange, de même que le Royaume-Uni. L’Union européenne est 2 à 3 points de pourcentage (pp) plus haut, Taïwan 10 ou 11pp, et l’Inde sont en moyenne 20pp au-dessus”.Mais selon les données de la Banque mondiale, les Etats-Unis appliquaient en réalité en moyenne des droits de douanes supérieurs à ceux imposés par les pays européens (2,72% contre 1,95%) alors que l’Inde est à 14,26% en moyenne, le Brésil à 12,38% et la Chine à 6,54%.En prenant plus particulièrement en compte les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et ses principaux partenaires, le rapport annuel de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pointe que, si l’UE taxe légèrement plus les produits américains que les Etats-Unis vis-à-vis des produits européens (4,5% contre 3,9%), une part plus importante des exportations américaines en Europe y entre sans taxes que l’inverse. Ramenés au volume échangé, les droits de douane américains sont ainsi plus élevés que ceux de l’UE (1,4% contre 0,9%).Reste une inconnue: ce que le gouvernement américain considérerait comme un “droit de douane”. M. Trump s’est ainsi plaint régulièrement de la TVA appliquée en Europe, généralement plus élevée qu’aux Etats-Unis, et qu’il assimile à un droit de douane. Le président américain pourrait aussi “chercher à éliminer les barrières non tarifaires”, souligne Goldman Sachs, comme des normes différentes à celles existant aux Etats-Unis ou des restrictions aux importations, telles que celles touchant le boeuf aux hormones américain vers l’Europe.- Quel est l’objectif?”De créer de l’incertitude pour en faire une tactique de négociation. Mais l’incertitude est une forme d’impôt sur les sociétés”, estime auprès de l’AFP Jeffrey Schott, chercheur au centre de réflexion Peterson Institute for International Economics.Il s’agirait dès lors d’utiliser, une fois de plus, les droits de douane pour obtenir d’autres avancées que Donald Trump estime bénéfiques pour son pays, tel qu’inciter les pays européens à ne pas se positionner sur les métaux rares présents en Ukraine, ou les pousser à acheter plus de gaz naturel liquéfié américain.Reste à déterminer dans quelle mesure il s’agit d’une finalité ou d’un point de départ. Durant sa campagne, Donald Trump a en effet défendu à de multiples reprises l’idée d’imposer à terme entre 10 et 20% de droits de douane sur l’ensemble des produits entrants aux Etats-Unis, soit un niveau bien supérieur à ce qu’entraîneraient des droits de douane réciproques.