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Les pressions économiques menacent la liberté de la presse dans le monde, alerte RSF

Fermetures massives de médias d’information, domination des GAFAM, mainmise des milliardaires… Les pressions économiques menacent la liberté de la presse, alerte Reporters sans frontières (RSF), pointant notamment une “dégradation inquiétante” aux États-Unis sous le mandat de Donald Trump.D’après le classement annuel de l’ONG, publié vendredi à la veille de la journée mondiale de la liberté de la presse, médias et journalistes sont confrontés à des situations “problématiques”, “difficiles” ou “très graves” dans les trois quarts des 180 pays évalués.”Pour la première fois”, la situation devient “difficile” à l’échelle du monde, souligne RSF, désignant plus particulièrement le poids des contraintes économiques, illustrées par le cas américain. Loin de la Norvège, première du classement pour la neuvième année consécutive, les États-Unis perdent deux places et se retrouvent en 57e position, derrière la Sierra Leone. “La situation n’était déjà pas reluisante” dans le pays, rétrogradé de dix places en 2024, concède auprès de l’AFP la directrice éditoriale de RSF, Anne Bocandé. Mais elle s’est encore aggravée depuis l’investiture en janvier du président américain, auteur d'”attaques quotidiennes” contre la presse. “La liberté de la presse n’est plus un acquis aux États-Unis”, constatait également plus tôt cette semaine le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), dans un rapport sur les 100 premiers jours du second mandat de Donald Trump.- “Déserts informationnels” -Ce dernier a signé jeudi un décret demandant de cesser de financer deux réseaux publics emblématiques, PBS et NPR, qu’il accuse d’être biaisés. Il avait auparavant initié le démantèlement des médias publics américains à l’étranger, comme Voice of America, privant “plus de 400 millions de personnes” d’un “accès à une information fiable”, selon RSF.”Le gel des fonds d’aide internationale”, via l’Agence américaine de développement USAID, a en outre “plongé des centaines de médias dans une instabilité économique critique” et contraint certains “à la fermeture, notamment en Ukraine” (62e, -1 place).Parallèlement, de “vastes déserts de l’information” se créent aux États-Unis avec la disparition de nombreux titres locaux en proie à des difficultés financières.Ces “pressions économiques”, moins visibles que les exactions physiques, constituent une “entrave majeure” à la liberté de la presse, insiste RSF, appelant à un “New Deal pour le journalisme”.”Dans près d’un tiers des pays du monde”, dont la Tunisie (129e, -11) et l’Argentine (87e, -21), “des médias d’information ferment régulièrement, sous l’effet des difficultés économiques persistantes”. Une trentaine de pays se distinguent par ailleurs par “des fermetures massives ayant provoqué, ces dernières années, l’exil de journalistes”, comme le Nicaragua (172e, -9) ou l’Afghanistan (175e, +3).  En Palestine (163e,-6), la situation est “désastreuse”, selon RSF, qui accuse l’armée israélienne d’avoir “détruit des rédactions et tué près de 200 journalistes”, tandis que “l’absence de stabilité politique” en Haïti (112e, -18) “plonge l’économie des médias aussi dans le chaos”.- “Asphyxie” -Plus généralement, l’économie du secteur est “mise à mal” par les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), dont les plateformes, “largement non régulées, captent une part croissante des revenus publicitaires” et participent à “la prolifération de contenus manipulés ou trompeurs”.La liberté d’informer est aussi “de plus en plus entravée par des conditions de financement opaques ou arbitraires”, comme en Hongrie (68e, -1) où “le gouvernement asphyxie les titres critiques via la distribution inéquitable de la publicité d’État”. Même dans des pays “bien positionnés” comme la Finlande (5e) ou l’Australie (29e, +10), la concentration des médias, “menace pour le pluralisme”, reste “un point de vigilance”. Ainsi, en France (25e, -4), une “part significative de la presse nationale est contrôlée par quelques grandes fortunes”, relève RSF, s’interrogeant sur “l’indépendance réelle des rédactions”.La situation de la liberté de la presse est qualifiée de “très grave” dans 42 pays, dont sept font leur entrée dans cette catégorie (Jordanie, Hong-Kong, Ouganda, Ethiopie, Rwanda, Kirghizistan et Kazakhstan). L’Eryhtrée reste en dernière position, derrière la Corée du Nord et la Chine. RSF réalise ce classement à partir “d’un relevé quantitatif des exactions commises envers les journalistes” et “d’une étude qualitative” auprès d’experts.

Wall Street ouvre en hausse, rassurée par l’emploi américain

La Bourse de New York a ouvert en hausse vendredi, tirée par des chiffres rassurants sur l’emploi aux Etats-Unis et par la perspective de négociations entre Pékin et Washington sur la guerre commerciale.Vers 13H50 GMT, le Dow Jones gagnait 0,95%, l’indice Nasdaq progressait de 0,84% et l’indice élargi S&P 500 de 0,93%.”Les marchés ont poussé un soupir de soulagement ce matin, les chiffres de l’emploi étant meilleurs que prévu”, résume dans une note Chris Zaccarelli, de Northlight Asset Management.Le taux de chômage est resté stable en avril aux Etats-Unis, à 4,2%, selon des données officielles publiées vendredi alors que les experts s’attendent à voir le marché du travail se dégrader avec les nouveaux droits de douane.La première économie mondiale a créé 177.000 emplois le mois dernier, moins qu’en mars (185.000, chiffre révisé à la baisse), mais plus que ce qui était envisagé par les acteurs de la finance (autour de 133.000, selon le consensus publié par MarketWatch).”Les effets des droits de douane ne seront pas immédiats, (…) mais plus cette situation durera, plus les données commenceront à être négatives”, prévient toutefois dans une note Bryon Anderson, de Laffer Tengler Investments.”Ce que le marché craint le plus, c’est une récession”, commente auprès de l’AFP Sam Stovall, de CFRA. Sur le marché obligataire, le taux d’intérêt des emprunts d’Etat américains à dix ans se tendait à 4,27%, contre 4,22% jeudi en clôture.La place américaine est aussi poussée par “l’espoir que la Chine et les États-Unis entament des négociations” vis-à-vis de la guerre commerciale lancée par Donald Trump, indique Sam Stovall.Pékin a annoncé vendredi qu’elle évaluait une proposition de négociations émanant des Etats-Unis au sujet des droits de douane appliqués par les deux parties sur leurs marchandises.Washington impose une surtaxe de 145% sur de nombreux produits chinois depuis le mois d’avril. Pékin a réagi en dégainant des droits de douane de 125% sur les marchandises importées des Etats-Unis.Côté entreprises, la saison des résultats bat toujours son plein et “ils sont bien meilleurs que prévu”, souligne M. Stovall.En revanche, “la vraie question est de savoir ce qu’il va se passer pour l’ensemble de l’année 2025”, ajoute-t-il.Apple accusait le coup (-4,99%) après avoir publié jeudi des résultats supérieurs aux attentes pour les trois premiers mois de l’année, mais prévenu qu’il s’attend à un bond de ses coûts au deuxième trimestre du fait des droits de douane imposés par Donald Trump.Amazon reculait de 1,31%. Le groupe a enregistré au premier trimestre des résultats meilleurs qu’attendu, soutenus par le dynamisme de l’informatique à distance (cloud) et de l’intelligence artificielle (IA), mais a communiqué des prévisions inférieures aux projections du marché, affectées par un contexte incertain.La major pétrolière ExxonMobil perdait 0,66% suite à l’annonce vendredi d’un bénéfice net en baisse de plus de 6% au premier trimestre, affecté notamment par un “recul important” des marges de raffinage et par la “faiblesse” des cours du pétrole dans un “marché incertain”.L’éditeur américain de jeux vidéo Take-Two Interactive, la maison mère de Rockstar Games, plongeait de 6,96% après avoir annoncé vendredi le report du très attendu “Grand Theft Auto VI” (“GTA VI”), nouvel opus de la série de jeux vidéo d’action, au 26 mai 2026.

Protection des données européennes: TikTok lourdement sanctionné pour ses failles en Chine

TikTok a écopé vendredi d’une amende de 530 millions d’euros dans l’Union européenne pour avoir échoué à garantir une protection suffisante des données personnelles des Européens en Chine, d’où elles sont accessibles, au moment où la plateforme est également dans le collimateur des Etats-Unis.Le puissant réseau social, qui compte 1,5 milliard de membres, est la propriété de ByteDance, un groupe chinois. Il est depuis des années dans le viseur des gouvernements occidentaux, qui redoutent son lien avec Pékin et un possible usage des données de ses utilisateurs à des fins d’espionnage ou de propagande.Cette sévère amende, prononcée par l’Autorité irlandaise de protection des données (DPC), est la deuxième plus importante jamais infligée par cet organisme, qui agit au nom de l’UE car le siège européen de TikTok, comme celui de la plupart des géants de la tech, se trouve en Irlande.Selon Graham Doyle, responsable de la communication du régulateur irlandais, la plateforme a enfreint les règles européennes de protection des données (RGPD) car elle n’est pas parvenu à “démontrer que les données personnelles” des Européens, “accessibles à distance par son personnel en Chine”, bénéficient là-bas d’un niveau de protection équivalent à celui de l’UE.TikTok n’est donc pas en mesure de proposer des garanties contre “le potentiel accès des autorités chinoises” à ces données via ses lois d’antiterrorisme et de contre-espionnage, “que la plateforme elle-même reconnaît comme s’écartant sensiblement des normes européennes”.- Pas de demande de Pékin -L’entreprise, qui annoncé son intention de faire appel, a six mois pour se mettre en conformité avec le RGPD, sans quoi elle devra mettre un terme à ces transferts vers la Chine.Les données européennes ne peuvent être transférées – c’est-à-dire stockées ou rendues accessibles – dans un pays tiers que s’il est jugé suffisamment sûr par l’UE comme par exemple le Japon, le Royaume-Uni ou les Etats-Unis. Faute d’un tel feu vert, c’est à l’entreprise de prouver que le niveau de protection est équivalent, ce que TikTok n’a pas su faire.La décision de la DPC pourrait accroître la pression contre le réseau social aux Etats-Unis. Le Congrès américain a voté en 2024 une loi imposant à ByteDance de céder le contrôle de TikTok sur le territoire, sous peine d’interdiction.La plateforme affirme vendredi dans un communiqué n’avoir “jamais reçu de demande” des autorités chinoises et ne leur avoir “jamais fourni de données d’utilisateurs européens”.Elle met en avant son programme de protection des données en Europe, Clover, qui prévoit 12 milliards d’euros d’investissement sur dix ans.Selon elle, les données des Européens sont par défaut stockées en Norvège, en Irlande et aux Etats-Unis, et “les employés en Chine n’ont aucun accès aux données” du type numéros de téléphone ou adresses IP.- “Problème technique” -La DPC, qui avait ouvert son enquête en 2021, révèle cependant dans sa décision avoir été informée en avril par TikTok que des données européennes ont été stockées (et supprimées depuis) en Chine, contrairement à ce que l’entreprise affirmait.”Nous envisageons des actions réglementaires supplémentaires”, affirme M. Doyle, disant prendre ces développements “très au sérieux”.TikTok évoque “un problème technique” découvert grâce à sa surveillance “proactive”, qui témoigne de sa “transparence”.La DPC reproche aussi à TikTok de n’avoir pas indiqué à ses utilisateurs, entre 2020 et 2022, vers quels pays les données étaient transférées, ni qu’elles pouvaient être consultées depuis la Chine. Sur les 530 millions d’euros d’amende, 45 millions sont prononcés pour cette infraction.Le régulateur irlandais avait déjà infligé une amende de 345 millions d’euros à l’entreprise en 2023 pour avoir enfreint les règles européennes dans le traitement d’informations concernant des mineurs.La plus lourde amende de la DPC avait touché Meta en 2023: 1,2 milliard d’euros concernant le transfert de données vers les Etats-Unis malgré des craintes de surveillance à l’époque par les services américains.L’Agence France-Presse (AFP), parmi plus d’une quinzaine d’organisations de fact-checking, est rémunérée par TikTok dans plusieurs pays pour vérifier des vidéos qui contiennent potentiellement de fausses informations.

Hong Kong: la croissance accélère mais risque de ralentir avec les droits de douane américains

L’activité économique de Hong Kong a progressé de 3,1% sur un an au premier trimestre, accélérant par rapport au trimestre précédent, a annoncé vendredi le gouvernement local, tout en avertissant que les droits de douane américains avaient accru les “risques de ralentissement” de l’économie mondiale.Les droits de douane draconiens de 145% imposés par le président américain Donald Trump sur de nombreux produits chinois sont entrés en vigueur le mois dernier.Pékin a réagi en imposant de nouvelles taxes de 125% sur les importations américaines. Hong Kong, région administrative spéciale de Chine dotée de sa propre politique commerciale, n’a pas suivi l’exemple de Pékin en imposant des droits de douane en représailles.Des responsables ont affirmé vendredi que l’économie de Hong Kong avait connu une “solide expansion” cette année, portée par la croissance de la Chine continentale et une hausse des exportations au premier trimestre.Selon les premières estimations, le PIB a progressé de 3,1% sur un an en volume, contre 2,5% au trimestre précédent (chiffre révisé), a annoncé un porte-parole du gouvernement. Cette croissance est supérieure aux 2,1% attendus par les économistes interrogés par Bloomberg.Les responsables locaux ont toutefois averti qu’avec la forte augmentation des tensions mondiales “les risques de ralentissement de l’économie mondiale se sont nettement accrus”.”L’incertitude extrêmement élevée entourant la politique commerciale va freiner les flux commerciaux internationaux et les perspectives d’investissements, ce qui, à son tour, assombrit les perspectives économiques à court terme de Hong Kong”, a déclaré un porte-parole. Mais l’activité économique de Hong-Kong sera soutenue par les mesures de soutien à la croissance du gouvernement local et par “la croissance soutenue et régulière de l’activité économique de la Chine continentale”, ont-ils ajouté.Les chiffres de vendredi montrent une croissance de 8,7% des exportations de biens, attribuée par les autorités à une “demande extérieure soutenue”. La consommation des ménages a diminué de 1,2% sur un an, reflétant l’impact persistant de l’évolution des habitudes de consommation des habitants.Les autorités ont fixé un objectif de croissance de 2 à 3%. Mais Paul Chan, directeur financier de la région administrative spéciale, avait appelé en avril à la vigilance face à un “environnement extérieur tendu”. “Les actes d’intimidation et l’unilatéralisme des États-Unis continueront de peser sur les perspectives économiques mondiales” , avait-il écrit.

Louer une poule, nouvelle mode contre la flambée du prix des oeufs aux Etats-Unis

Choquée par la flambée des prix des oeufs et leur rationnement dans les supermarchés américains, Yong-mi Kim a décidé de louer des poules pondeuses pour assurer son approvisionnement.Cette habitante de La Crescenta, près de Los Angeles, a opté pour cette solution intermédiaire, car elle n’était pas encore prête à devenir totalement propriétaire de ces animaux.”Je veux vraiment essayer pour voir si ça me plaît”, confie-t-elle à l’AFP en recevant ses deux gallinacés et tout le matériel pour les élever. “Certaines personnes de mon entourage ont des poules chez eux, mais cela leur demande beaucoup de travail : ils ont dû aménager tout leur jardin”, raconte cette professeure d’université. “Donc je pense que louer une poule est un bon début.”Pour cela elle passe par le projet “Rent the Chicken”, créé il y a une dizaine d’années en Pennsylvanie. Depuis, ce service s’est étendu à plus de 40 villes à travers l’Amérique du Nord, en s’appuyant sur des partenariats avec des agriculteurs locaux.Mais le phénomène a vraiment explosé à cause de la récente épidémie de grippe aviaire. A cause d’elle, des élevages entiers de poules ont été abattus et le prix des oeufs s’est envolé.”Cette année en particulier, nous constatons un intérêt beaucoup plus élevé, je dirais trois à quatre fois plus qu’à la même période l’année dernière”, observe Victoria Lee, qui dessert la région de Los Angeles depuis sa ferme d’Agua Dulce, en périphérie de la mégalopole.Au pic de la pénurie, les Américains ont déboursé plus de 10 dollars pour une douzaine d’Å“ufs, soit jusqu’à trois fois leur prix habituel. Les supermarchés ont aussi été forcés de limiter le nombre de boîtes autorisées pour chaque client.L'”eggflation” est ainsi devenue un marqueur emblématique de la hausse du coût de la vie, qui a tant pesé lors de la dernière campagne présidentielle. Donald Trump s’est engagé à lutter contre l’inflation des produits alimentaires. Mais depuis son retour à la Maison Blanche, le prix moyen des oeufs a légèrement augmenté, et au mois de mars, il demeure 60% plus cher par rapport à la même période l’année dernière, selon le ministère américain de l’Agriculture.- Qualité et protéines -Si louer une poule ne revient pas vraiment moins cher que d’acheter des oeufs en magasin, cela permet au moins de gagner en qualité, selon Mme Lee.”Lorsqu’ils arrivent au supermarché, les oeufs ont en moyenne entre 48 et 60 jours”, explique l’éleveuse. “Plus les oeufs restent longtemps en rayon, quelle que soit leur qualité initiale, plus les protéines qu’ils contiennent se dégradent.”Le service propose différentes formules pour louer des poules, allant de 500 à 1.000 dollars pour six mois, selon le nombre de volailles et le lieu d’habitation.Ces prix comprennent notamment les poules, leur nourriture, les abreuvoirs et mangeoires, ainsi qu’un guide pour les élever. Et surtout, un poulailler d’une qualité remarquable, sorte de mini-maison avec patio, entouré par une clôture et entièrement fixé sur des roulettes.”Chaque jour, nos locataires soulèvent le poulailler et le déplacent pour que les poules puissent avoir accès à de l’herbe fraîche”, détaille Mme Lee. De quoi permettre aux volailles de picorer “de nouveaux insectes (…) tout en étant protégées des prédateurs”.Mme Kim, sa cliente, a été particulièrement séduite par ce concept. Tout comme par la douzaine d’oeufs gratuits offerte lors de la livraison de ses poules, qui avaient pondu la semaine précédente.Avec deux poules dans son jardin, elle peut désormais s’attendre à récolter jusqu’à 14 oeufs par semaine. Une quantité qui devrait être bien utile pour son fils sportif, qui en raffole comme source de protéines.Mais au-delà d’une solution en temps de crise, la professeure espère “plus” de ce projet.”Je voulais vraiment offrir quelque chose qui permette aux enfants d’apprendre un mode de vie et de comparer le goût des oeufs”, conclut-elle.

Trump contre Toyota? Sur les routes japonaises, les voitures américaines brillent par leur absence

Formes élancées, calandres chromées: les voitures emblématiques importées des Etats-Unis vendues par le concessionnaire Yosuke Fukuda respirent le cool californien, mais sur les routes japonaises, les marques américaines, boudés par le public local, sont rarissimes –au grand dam de Donald Trump qui en fait un casus belli avec Tokyo.Le japonais Toyota est numéro deux des ventes automobiles aux Etats-Unis, où il a écoulé 2,3 millions de véhicules l’an dernier. Par contraste, le leader américain du secteur General Motors n’a vendu que 587 Chevrolet et 449 Cadillac au Japon, dont Ford s’est retiré il y a près de dix ans…Ce n’est pas une aversion généralisée des acheteurs nippons pour les marques étrangères: en 2024, les allemands Mercedes-Benz et BMW ont chacun écoulé quelque 52.000 véhicules dans le pays.”Ils ne prennent pas nos voitures, mais nous prenons des MILLIONS des leurs!”, s’est indigné le président Donald Trump en avril. Soucieux de relancer l’industrie américaine, Washington impose une surtaxe douanière de 25% sur les véhicules importés, un coup dur pour le Japon.Mais la perspective d’une relance des ventes américaines dans l’archipel reste incertaine: de nombreux Japonais admirent les voitures américaines anciennes, mais lorsqu’il s’agit d’acheter un véhicule neuf, ils font confiance aux marques nationales, explique à l’AFP Yosuke Fukuda.Dans son garage au milieu des rizières au nord de Tokyo, où il fait résonner du hip-hop californien, il propose une vingtaine de modèles américains anciens à différents stades de restauration: Chevrolet Nova de 1970, Buick Roadmaster de 1954…M. Fukuda conduit, lui, un SUV moderne, un GM Yukon large de deux mètres –compliqué à garer dans les rues étroites de Tokyo.”Pour être honnête, je pense que le problème réside dans la taille des routes” japonaises, soupire-t-il, évoquant aussi l’impression “probablement infondée” que les voitures américaines tombent plus souvent en panne.Bien que certains nouveaux modèles américains soient des berlines plus petites, ces marques restent un choix de niche, car “il n’y a pratiquement pas d’endroits où les vendre, les réparer”, insiste-t-il.- “Boule de bowling” -Cependant, au-delà des goûts locaux, Donald Trump estime que le Japon exclut les voitures américaines par des “tricheries” passant en particulier par ses normes techniques de sécurité.M. Trump a ainsi récemment fustigé sur son réseau Truth Social “le test de la boule de bowling” imputé aux Japonais.”Ils lèvent une boule de bowling à une hauteur de 6 mètres et la laissent tomber sur le capot de la voiture. Et si le capot est bosselé, la voiture est jugée non-conforme”, avait-il déclaré dès 2018.Un responsable du ministère japonais des Transports, chargé des normes de sécurité, a cependant affirmé à l’AFP qu’aucune boule de bowling n’était utilisée pour jauger des qualités d’un véhicule.Donald Trump “confond peut-être avec le principe d’un test où une maquette de tête humaine hémisphérique est frappée sur le capot”, qui doit se bosseler pour absorber l’impact, a-t-il ajouté.Pour autant, soucieux d’offrir des gages dans ses négociations commerciales avec Washington, Tokyo pourrait assouplir ses régulations encadrant les automobiles importées, notamment en élargissant l’accès à un processus de contrôle simplifié.- Gourmands en carburants -Reste à surmonter des préjugés ancrés: “Ma Toyota n’a rien de particulier, mais au moins elle ne tombe pas en panne”, sourit Hisashi Uchida, employé d’une entreprise de construction de 56 ans.”De nombreuses voitures américaines ne peuvent pas être garées dans les parkings à étages, et leur efficacité en termes de consommation de carburant est insuffisante”, ajoute-t-il.Se distinguant, la marque Jeep (groupe Stellantis) résiste mieux, avec environ 9.600 véhicules vendus l’an dernier au Japon.Mais dans l’ensemble, “je doute que les constructeurs américains accordent une réelle importance au marché japonais, nettement plus petit que leur marché national”, estime Masamitsu Misawa, rédacteur en chef du magazine japonais Car Top.A l’opposé, les marques allemandes ont su y prospérer avec une gamme élargie et des modèles “correspondant mieux aux goûts des Japonais”, indique-t-il à l’AFP.Jusqu’à des détails essentiels: alors qu’au Japon, on conduit à gauche (comme au Royaume-Uni), les voitures allemandes qui y sont vendues sont bien équipées d’un volant placé à droite.Une modification dont ne se soucient pas leurs rivaux américains. Mais cela pourrait changer: la nouvelle Chevrolet Corvette de GM proposée au Japon est dotée pour la première fois d’un volant à droite, signe d’un regain d’efforts pour percer sur ce marché.

La Bourse de Paris optimiste sur l’évolution des relations sino-américaines

La Bourse de Paris évolue en nette hausse vendredi après que Pékin a annoncé évaluer des propositions de négociations de Washington, dans la guerre commerciale qui oppose les deux premières puissances économiques du monde.L’indice phare de la Bourse de Paris, le CAC 40, était en forte hausse de 1,21% vers 09H40, s’octroyant 91,58 points à 7.685,45 points, reprenant les échanges après le 1er mai férié. Mercredi, il avait avancé de 0,50% pour terminer à 7.593,87 points.”Les commentaires des autorités chinoises suggérant une volonté des deux parties d’entamer des négociations commerciales donne un coup de fouet aux marchés” a commenté Derren Nathan, analyste chez Hargreaves Lansdown.”Les Etats-Unis ont récemment pris l’initiative à de nombreuses reprises pour transmettre des informations à la Chine (…), affirmant qu’ils (espéraient) discuter avec la Chine”, a indiqué le ministère du Commerce à Pékin.”La Chine est en train d’évaluer cela”, ajoute le communiqué.Donald Trump a affirmé mercredi qu’il y a “de très fortes chances” que Pékin et Washington parviennent à un accord. La Chine se dit pour sa part régulièrement ouverte au dialogue mais sur la base du “respect mutuel”, et a déclaré être prête à se battre “jusqu’au bout” si nécessaire.Washington impose une surtaxe de 145% sur de nombreux produits chinois depuis le mois d’avril. Pékin a réagi en dégainant des droits de douane de 125% sur les marchandises importées des Etats-Unis.C’est “une ouverture que nous n’avons pas vue depuis que Trump a porté les droits de douane à des niveaux inégalés depuis un siècle”, commente Stephen Innes, analyste chez SPI Asset Management.LVMH allège ses effectifsLe géant français du luxe LVMH (-0,24% à 486,75 euros) envisage de supprimer quelque 10% de la masse salariale de Moët Hennessy, qui rassemble les marques de champagne, de vins et de spiritueux du groupe, selon le média La Lettre, des informations confirmées jeudi partiellement à l’AFP par la division qui ne donne pas de chiffres.Airbus décolleFort de ses bonnes performances financières, l’avionneur européen Airbus (+3,90% à 152,88 euros) a maintenu ses prévisions pour 2025 en dépit de l’incertitude sur les droits de douane de Trump qu’il espère voir annulés ou compensés par les contre-mesures européennes.Teleperformance sanctionnéLe géant mondial des centres d’appels Teleperformance a confirmé ses objectifs de croissance pour 2025 et compte poursuivre ses investissements dans l’intelligence artificielle, s’estimant non affecté “directement” par la hausse des droits de douane américains. Son titre reculait toutefois de 2,51% à 94,04 euros.

Apple fait mieux que prévu au 1er trimestre, mais s’attend à une facture salée des droits de douane

Apple a publié jeudi des résultats supérieurs aux attentes pour les trois premiers mois de l’année, stimulés par le redressement des ventes de son produit phare, l’iPhone, mais s’attend à un bond de ses coûts au deuxième trimestre du fait des droits de douane imposés par Donald Trump.Lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats, le directeur général, Tim Cook a estimé à 900 millions de dollars l’impact potentiel pour le groupe sur le trimestre en cours du fait des nouveaux tarifs douaniers.Le bénéfice net ressort à 24,8 milliards de dollars, en hausse de 4,8% sur un an, pour ce qui est le deuxième trimestre de l’exercice comptable décalé de l’entreprise.Rapporté par action, il atteint 1,65 dollar, soit un peu mieux que les 1,62 dollar anticipés par les analystes, selon un consensus établi par FactSet.Le groupe de Cupertino (Californie) a bénéficié d’une hausse de 1,9% des ventes d’iPhone, après avoir enregistré un léger recul au trimestre précédent (-0,8%), dépassant les projections du marché.C’est “un bon signe pour la demande”, a commenté Matt Britzman, analyste d’Hargreaves Lansdown.Les investisseurs scrutaient les performances commerciales de l’iPhone 16, dernier modèle de la gamme, critiqué pour l’absence de nombre des fonctionnalités d’intelligence artificielle (IA) générative annoncées par Apple en juin et septembre.Pour le trimestre en cours, Apple s’attend à ce que “la majorité des iPhone vendus aux Etats-Unis” proviennent d’Inde, a détaillé Tim Cook, ce qui permettra d’éviter les droits de douane de 145% appliqués par les Etats-Unis aux produits venus de Chine, traditionnellement coeur de la fabrication des célèbres smartphones.Les iPad, Mac, montres connectées ou AirPods (écouteurs) auront eux pour origine le Vietnam, a ajouté le dirigeant.Tim Cook a néanmoins précisé qu’en l’état, les produits d’Apple venus de Chine étaient exemptés de l’essentiel des nouveaux droits de douane (125% sur les 145%), dans l’attente d’un examen par le gouvernement américain.”Les droits de douane sont encore un peu une inconnue” pour la firme à la pomme, a prévenu Matt Britzman. “Pour l’instant, les produits Apple sont à l’abri des tarifs punitifs, mais même à 20%, l’impact n’est pas insignifiant.”- “Difficile de prédire” -Si l’iPhone s’en est bien tiré en début d’année, c’est l’activité de services qui reste la plus dynamique (+11,7%), comme lors des trimestres précédents.Elle comprend la boutique d’applications App Store, les plateformes de streaming musical (Apple Music) et vidéo (Apple TV), ainsi que le stockage de données à distance (iCloud).Les services pèsent désormais 28% des revenus de la société dont le coeur de métier a longtemps été quasi-exclusivement les appareils, de l’ordinateur au téléphone, en passant par la tablette.Sur le plan géographique, les Etats-Unis ont montré de la vigueur (+8%), alors que l’Europe s’essoufflait (+1%) et que la Chine se contractait (-2%).Au total, le chiffre d’affaires se monte à 95,4 milliards de dollars (+5,1%), au-dessus des projections des analystes.Au deuxième trimestre, qui sera le troisième pour Apple (exercice décalé), le groupe prévoit une marge brute comprise entre 45,5% et 46,5%, en tenant compte de l’effet droits de douane, soit une dégradation par rapport aux périodes précédentes (47% au dernier trimestre 2024).Les résultats ont été fraîchement accueillis à la Bourse de New York. Dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture, le titre perdait environ 4%.Lors de la conférence téléphonique, Tim Cook a prévenu qu’il était “très difficile de prédire” comment seraient organisés les circuits d’approvisionnement au-delà du deuxième trimestre.”Nous avons compris, il y a longtemps déjà, que tout concentrer à un seul endroit présentait trop de risques”, a déclaré le patron. “Donc, pour certaines parties, nous avons cherché de nouvelles sources d’approvisionnement, et cela va se poursuivre.”Le déplacement d’une partie de la production en Inde “pose question quant au calendrier, aux limites de capacité et aux hausses de coûts inévitables qui vont réduire les marges, être répercutées sur les consommateurs, ou les deux”, a réagi Jacob Bourne, analyste d’Emarketer.Alors qu’Apple se prépare à un nouveau cycle de lancements de produits, a-t-il poursuivi, “la politique de prix va être très scrutée dans ce contexte d’incertitude sur l’économie et les approvisionnements”.

Ukraine: Zelensky salue un accord “équitable” avec Washington, nouvelle frappe russe

Le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, a salué l’accord “véritablement équitable” avec les Etats-Unis sur l’exploitation des ressources naturelles de son pays, un partenariat “gagnant gagnant” selon Washington, tandis qu’une nouvelle frappe russe a fait près de 30 blessés dans la nuit de jeudi à vendredi.Le texte, signé entre Kiev et Washington après des semaines de pressions et tractations, prévoit de donner aux entreprises américaines un accès à l’extraction de minerais, de pétrole et de gaz en Ukraine et de créer un fonds d’investissement entre les deux pays. Ses conditions sont bien plus favorables pour Kiev que celles de précédentes moutures rejetées par le pays ravagé par plus de trois ans de guerre contre la Russie et sous pression des Etats-Unis depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.”L’accord a changé de manière significative au cours du processus de préparation. Il s’agit désormais d’un accord véritablement équitable qui crée des opportunités d’investissements significatifs en Ukraine”, s’est félicité M. Zelensky jeudi soir.De son côté, le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent, qui a paraphé le texte mercredi soir à Washington avec son homologue ukrainienne Ioulia Svyrydenko, a vanté jeudi un partenariat “gagnant gagnant”.Le président Zelensky s’est aussi félicité qu’il n’y ait aucune “dette” de son pays envers les Etats-Unis pour les dizaines de milliards de dollars d’aide déjà fournis depuis 2022, comme l’exigeait le président Trump.”Un fonds de reconstruction sera créé pour investir en Ukraine et y gagner de l’argent. Il s’agit d’un travail conjoint avec l’Amérique et dans des conditions équitables”, a souligné M. Zelensky.- Pas de garantie de sécurité -Cet accord ne prévoit en revanche pas de garantie de sécurité pour Kiev, ce sur quoi avait pourtant insisté le président ukrainien qui résiste depuis février 2022 à l’invasion et aux offensives militaires de la Russie. Les tensions entre l’Ukraine et les Etats-Unis ont culminé le 28 février lors d’une retentissante joute verbale entre MM. Trump et Zelensky dans le Bureau ovale, au moment où le président américain tente se  rapprocher de son homologue russe Vladimir Poutine.L’Ukraine concentre environ 5% des ressources minières mondiales, mais toutes ne sont pas exploitées ou facilement exploitables. D’autres sont dans des territoires occupés par Moscou ou menacés par l’avancée des forces russes.L’accord minier intervient en pleines tractations diplomatiques pour sortir du conflit armé en Ukraine déclenché par la Russie.”C’est à eux de trouver un accord et de mettre fin à ce conflit brutal”, a martelé le vice-président américain JD Vance sur la télévision Fox News. Le secrétaire d’Etat Marco Rubio a également menacé une nouvelle fois de jeter l’éponge dans la médiation américaine entre Kiev et Moscou.- “La Chine, plus importante” -“Nous avons tant de problèmes – et je dirais même des problèmes encore plus importants – qui se posent dans le monde entier”, a-t-il déclaré, lui aussi sur Fox News: “Ce qui se passe avec la Chine est plus important à long terme pour l’avenir du monde”.Sur le terrain, les bombardements se sont poursuivis des deux côtés du front.Près de 30 personnes, dont un adolescent de 13 ans, ont été blessées dans la nuit de jeudi à vendredi dans une frappe russe contre des infrastructures civiles — immeubles, université, atelier de réparation de locomotives — à Zaporijjia, dans l’est de l’Ukraine.Plus tôt, deux personnes ont succombé à une frappe au drone sur une zone résidentielle à Odessa, dans le sud, les services d’urgence ukrainiens dénonçant une “attaque russe massive”.M. Zelensky a de nouveau exhorté à faire “pression supplémentaire sur la Russie” pour la “contraindre (…) à négocier”.Et dans les territoires ukrainiens occupés par Moscou, sept personnes ont été tuées et une vingtaine d’autres ont été blessées dans une frappe massive de drones ukrainiens qui a touché un marché d’Olechky, dans la région méridionale de Kherson, a indiqué Vladimir Saldo, le dirigeant local nommé par Moscou.Il a accusé l’armée ukrainienne d’avoir procédé à une “double frappe”, une tactique à laquelle Kiev a plusieurs fois accusé l’armée russe de recourir et qui consiste à lancer une seconde attaque au même endroit peu après le premier impact.Et de tuer ou blesser ainsi des gens venus aider des premières victimes.Alors que des négociations diplomatiques séparées lancées par les Américains, avec Russes et Ukrainiens, semblent dans l’impasse, le président Poutine a décrété un cessez-le-feu unilatéral du 8 au 10 mai.La Russie organise le 9 mai un grand défilé militaire à Moscou pour commémorer les 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie, en présence d’une vingtaine de dirigeants, dont le président chinois Xi Jinping.Un cessez-le-feu de 30 heures avait été décrété en avril par le président russe pour Pâques. Mais Moscou et Kiev se sont accusés de l’avoir violé, même si les combats avaient baissé en intensité.burs/nr/pz

Guerre commerciale: la Chine dit “évaluer” une proposition américaine

La Chine a annoncé vendredi qu’elle évaluait une proposition de négociations émanant des Etats-Unis au sujet des droits de douane exorbitants appliqués par les deux pays sur leurs marchandises respectives.”Les Etats-Unis ont récemment pris l’initiative à de nombreuses reprises pour transmettre des informations à la Chine (…), affirmant qu’ils (espéraient) discuter”, a indiqué le ministère du Commerce à Pékin. “La Chine est en train d’évaluer cela”, ajoute le communiqué.Washington impose une surtaxe de 145% sur de nombreux produits chinois depuis le mois d’avril. Pékin a réagi en dégainant des droits de douane de 125% sur les marchandises importées des Etats-Unis.Le président américain Donald Trump, revenu aux affaires en janvier et attaché à sa politique protectionniste, a plusieurs fois laissé entendre que la Chine avait contacté les Etats-Unis pour mener des discussions sur les droits de douane. Des affirmations fermement démenties par Pékin.Donald Trump a affirmé mercredi qu’il y a “de très fortes chances” que Pékin et Washington parviennent à un accord.La Chine se dit pour sa part ouverte au dialogue mais sur la base du “respect mutuel”.”Si les Etats-Unis veulent discuter, ils doivent montrer leur sincérité à le faire, être prêts à corriger leurs mauvaises pratiques et annuler les droits de douane unilatéraux, et agir”, a encore déclaré vendredi le ministère chinois du Commerce.- “Coercition” et “chantage” -Et d’ajouter: “si la partie américaine ne corrige pas ses droits de douane unilatéraux et mauvais, cela signifie que la partie américaine est complètement hypocrite et nuira davantage à la confiance mutuelle entre les deux parties”.”Dire une chose et en faire une autre, ou même tenter la coercition et le chantage sous couvert de négociations ne fonctionnera pas”, a-t-il averti.Pour Wu Xinbo, directeur du centre d’études américaines de l’Université Fudan de Shanghai, Pékin va continuer à jouer la carte de la fermeté.”Bien sûr, les Etats-Unis espèrent entamer des négociations dès que possible, mais notre attitude est la suivante: vous devez d’abord prendre des mesures pour montrer votre sincérité”, a déclaré M. Wu à l’AFP.Une fois que les Etats-Unis auront annulé les droits de douane imposés à la Chine, “nous pourrons discuter de nos préoccupations légitimes”, telles que les inquiétudes de Washington sur le déséquilibre du commerce bilatéral et les griefs de Pékin sur les efforts des Etats-Unis pour entraver son développement technologique, a-t-il ajouté.L’administration Trump a fixé un délai de 90 jours, qui expire en juillet, à un grand nombre de pays pour qu’ils scellent un accord avec Washington et évitent des droits de douane plus élevés.Pékin, en revanche, a promis de mener une guerre commerciale “jusqu’au bout” si nécessaire. Une vidéo publiée cette semaine sur les réseaux sociaux par son ministère des affaires étrangères promet de “ne jamais s’agenouiller”. “La position de la Chine a toujours été parfaitement cohérente”, a estimé le ministère du Commerce vendredi. “Si nous nous battons, nous le ferons jusqu’au bout. Si nous discutons, la porte est ouverte. La guerre douanière et la guerre commerciale ont été lancées unilatéralement par les États-Unis.”La Chine a reconnu que son économie, dépendante des exportations, est confrontée à des difficultés en raison d’un “changement brutal” du contexte mondial.Quant aux Etats-Unis, ils ont subi au premier trimestre un recul inattendu de leur produit intérieur brut, en raison d’un bond des importations avant l’entrée en vigueur des droits de douane.Malgré la nécessité économique croissante pour les deux pays de parvenir à un accord, “aucune des deux parties ne veut avoir l’air faible”, explique Ja-Ian Chong, de l’Université nationale de Singapour. Mais pour l’analyste Stephen Innes, de SPI Asset, les propos de Pékin vendredi représentaient le “premier rameau d’olivier” dans la guerre commerciale.”Sur le papier, les deux capitales agitent des drapeaux de détente”, écrit-il dans une note. “Mais en creusant un peu, on s’aperçoit que le chemin est encore parsemé de mines”.Â