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Turquie: deux ans après le séisme, une jungle de grues sur les ruines d’Antioche

Quand Sema Genc entre dans une pièce, elle scrute d’abord le plafond: résistera-t-il en cas de séisme ou sera-t-elle de nouveau piégée sous les décombres ?”Cette peur est toujours présente”, affirme la jeune femme de 34 ans. Sa maison d’Antioche, le nom antique d’Antakya dans le sud-est de la Turquie, s’est effondrée en tuant toute sa famille la nuit du séisme de magnitude 7,8 qui a dévasté le sud du pays le 6 février 2023.Plus de 53.700 personnes y ont perdu la vie en Turquie et 6.000 au moins en Syrie voisine.”Ils se sont réveillés et ont ouvert ma porte. Au même instant, l’immeuble s’est écroulé. J’étais dans mon lit, mais eux ont été ensevelis dans le couloir et sont morts en quelques minutes”, raconte Mme Genc qui travaille pour une association d’aide aux enfants réfugiés syriens.Elle-même piégée sous les décombres, ses jambes sont écrasées et brûlées par une eau bouillante coulant d’un radiateur cassé. Les secours arrivent 36 heures plus tard.”Ce n’est pas le séisme mais l’écroulement de notre maison qui a emporté ma famille. Je suis en colère contre ceux qui l’ont construite”, affirme-t-elle.Le séisme et ses multiples répliques ont ravagé une zone couvrant dix provinces turques, faisant 107.000 blessés.Selon les chiffres de l’agence turque de gestion des catastrophes AFAD, 39.000 bâtiments ont été rasés et 200.000 autres gravement endommagés. Près de deux millions de personnes se sont retrouvées sans abri.La destruction a particulièrement frappé la province d’Hatay, frontalière de la Syrie, qui abrite la ville d’Antakya: 90% des bâtiments ont été détruits et plus de 20.000 habitants y sont morts.- Jungle de grues -Des centaines de tonnes de gravats ont été évacuées mais certains quartiers du centre historique d’Antioche ressemblent encore à une zone de guerre. Le reste est un vaste chantier de construction, encombré d’une jungle de grues et noyé dans un nuage de poussière asphyxiant.”C’est une très longue attente”, soupire Atilla Cicekci, 57 ans, debout dans le campement familial érigé autour d’un conteneur de 21 mètres carrés.Ce père de trois enfants a fait une demande d’appartement social Toki, construit par l’agence publique de logement et attribué par tirage au sort. Mais il attend toujours.”Toutes ces nouvelles constructions nous donnent de l’espoir, ils travaillent vite”, se réconforte-t-il.L’architecte de Toki, Deniz Eskiocak, supervise la construction de 482 appartements et de 24 locaux commerciaux qui doivent être livrés d’ici un an. Ses 324 employés travaillent 24 heures par jour pour les livrer à temps, assure-t-elle.”Je dois faire vite tout en m’assurant que les procédures sont respectées, que ce soit sûr. On a coulé beaucoup de béton à 2 ou 3 heures du matin”, explique-t-elle à l’AFP sur ce chantier gigantesque.Le 26 janvier, le ministère de l’Urbanisme a annoncé que 201.580 logements et magasins ont été remis dans la zone du séisme et promis un total de 453.000 d’ici la fin 2025.- Construction sous surveillance -Les rescapés du séisme surveillent l’avancée des travaux: fin octobre, 670.000 vivaient encore en conteneurs, selon les chiffres de l’AFAD.”Le plus difficile, c’est de les empêcher de venir sur les chantiers, c’est dangereux. Mais ils veulent voir et s’assurer que tout est bien fait”, explique Mme Eskiocak.Sema Genc en fait partie.Après cinq mois d’hôpital et sept interventions, elle a patienté dans un conteneur avant de gagner son logement au tirage au sort et d’emménager en novembre, à Gulderen, sur une colline autrefois vide au nord d’Antakya — jugée plus stable que la ville.”Nous avons vu de nos propres yeux le béton et la quantité d’acier utilisés pour le construire, et comment les fondations ont été correctement posées”, affirme-t-elle dans son appartement au quatrième étage.”Sans le séisme, personne n’aurait prêté autant d’attention à la construction. Mais maintenant, tout le monde se demande si nous serons en sécurité”.- Résistant aux séismes ? -Les ravages du séisme ont mis en évidence la cupidité et la corruption des promoteurs et des bureaucrates qui ont approuvé des projets risqués, sur des terrains inadaptés, construits avec des matériaux au rabais, ont affirmé des experts.Pour Mustafa Arslan, ingénieur en chef de Toki à Hatay, voir que les bâtiments de Toki qui existaient ont résisté aux secousses a accru la confiance du public.”Du diamètre des fers à béton à la qualité du béton utilisé, tout est inspecté”, affirme-t-il. “S’il y a un nouveau tremblement de terre, nous sommes convaincus que ces maisons résisteront”.Quelques semaines après l’emménagement de Mme Genc, un nouveau séisme de 4,8 s’est produit avant l’aube, sans faire de dégâts.”Cet endroit me donne confiance” sourit-elle en frappant du poing sur les murs. “Ici, je me sens vraiment en sécurité”.

Le nouveau PDG d’Atos Philippe Salle prend ses fonctions

Nommé en octobre, le nouveau PDG du groupe informatique Atos, Philippe Salle, entre effectivement en fonctions lundi, après le début de son mandat samedi.Le nouveau PDG, qui ne s’est pas encore exprimé sur sa vision stratégique, devra tenter de redresser un groupe en difficulté, après une restructuration financière qui s’est achevée en décembre. A l’issue d’une assemblée générale des actionnaires vendredi, Atos a indiqué que l’arrivée de M. Salle en tant que PDG avait été largement validée par un vote. Il occupait déjà les fonctions de président du conseil d’administration depuis sa nomination mi-octobre. Une étape qui acte le départ de Jean-Pierre Mustier, ancien président devenu directeur général de l’entreprise après la démission de Paul Saleh à l’été 2024.Passé par la direction de plusieurs grands groupe – dont Foncia, Elior Group et Altran – Philippe Salle, qui s’est dit “conscient des défis” qui attendent Atos, a exprimé sa volonté d’ouvrir “un nouveau chapitre pour le groupe”.Il a par ailleurs apporté un investissement à hauteur d'”au moins neuf millions d’euros” à l’entreprise.En décembre, Atos a achevé une période de restructuration financière qui lui a permis d’alléger sa dette colossale de 2,1 milliards d’euros.Celle-ci s’élevait à l’origine à près de 5 milliards d’euros, marque d’une déconfiture financière pour le groupe aux 90.000 employés dans le monde.A l’issue des Jeux olympiques de Paris, dont il a été le pilier technologique, Atos a perdu l’énorme contrat des futurs Jeux. Le Comité international olympique lui a préféré l’Américain Deloitte.Après un feuilleton de plusieurs mois au premier semestre 2024 sur une possible reprise du groupe, l’actionnaire principal Onepoint a finalement engagé sa sortie du capital, et un accord de reprise a été conclu avec les créanciers.En parallèle de ses difficultés financières, Atos a connu ces dernières années de nombreux changements de gouvernance.En trois ans, pas moins de cinq hommes se sont succédé au poste de directeur général, et plusieurs d’entre eux ont attiré des critiques en interne pour leur profil financier ou leur manque de “vision stratégique”. “On espère qu’il va rester mais nous n’avons aucune garantie”, explique à l’AFP Fabrice Lorioux, délégué syndical Unsa, au sujet de l’arrivée de M. Salle. Une prise de parole du nouveau PDG sur son plan stratégique n’est pas attendue avant les résultats annuels d’Atos, dont la publication est prévue le 5 mars. 

Budget: François Bayrou va dégainer le 49.3 pour la première fois

Le Premier ministre François Bayrou fera usage pour la première fois lundi de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter le budget, ouvrant la porte à une motion de censure de gauche à l’issue incertaine.Les députés doivent examiner à partir de 16H00 le texte de compromis dont a accouché vendredi une commission mixte paritaire réunissant à huis clos 14 parlementaires des deux chambres.L’ensemble des députés d’opposition ont voté contre le texte en CMP, ne laissant guère d’autre choix au Premier ministre que d’engager la responsabilité du gouvernement, en l’absence de majorité à l’Assemblée.”Maintenant, il faut passer sans tarder à l’adoption. Un pays comme le nôtre ne peut pas rester sans budget. Le seul moyen, c’est d’engager la responsabilité du gouvernement. Ce sera fait ce lundi”, a annoncé M. Bayrou à La Tribune Dimanche.Le Premier ministre devrait enchaîner rapidement, peut-être dès lundi soir, un deuxième 49.3, sur la première partie du budget de la Sécurité sociale, qui arrive en nouvelle lecture à l’Assemblée. Trois 49.3 au total devront être déclenchés sur ce texte avant sa transmission au Sénat, un pour chaque partie.- “Comptes à rendre” -La France insoumise a annoncé de longue date une motion de censure pour faire chuter M. Bayrou, que devraient voter mercredi communistes et écologistes.La position du Rassemblement national et du PS, sans les voix desquels cette motion ne peut passer, n’est pas encore connue. Les regards sont plus particulièrement braqués sur les socialistes, avec qui le gouvernement négocie depuis plusieurs semaines.Dans une interview à Ouest-France dimanche, le président du groupe PS Boris Vallaud a affirmé que la question n’était “pas encore tranchée”.Si le PS a “arraché des concessions”, elles “restent largement insuffisantes pour faire de ce budget un bon budget”, affirme-t-il. “Mais nous savons aussi que ce pays a besoin d’un budget et nous entendons les inquiétudes, les craintes des entreprises, des collectivités ou des associations”, dit-il.M. Vallaud, qui s’est élevé avec force mardi contre les propos du Premier ministre sur une supposée “submersion migratoire”, craint aussi de voir arriver en France “un moment trumpiste”, dont les signaux seraient la remise en cause du droit du sol à Mayotte, la circulaire du ministre de l’Intérieur durcissant les critères de régularisation des sans-papiers, la remise en cause du Pacte vert, la “révolte” de certains grands patrons.”Ceux qui se compromettent là-dedans, auront des comptes à rendre au regard de l’histoire”, assure-t-il.- Jospin contre la censure -L’ancien Premier ministre Lionel Jospin est intervenu dans ce débat samedi, en appelant les socialistes et la gauche de manière générale “à ne pas voter la censure”, ce qui laisserait sinon le pays sans gouvernement et sans budget.Argumentaire vivement contesté par les leaders Insoumis dimanche. Le coordinateur de LFI Manuel Bompard s’est dit “en désaccord radical” avec M. Jospin, au nom de la fidélité aux promesses faites aux électeurs. Le président Insoumis de la commission des finances à l’Assemblée, Eric Coquerel, a lui souligné la faiblesse des concessions obtenues par le PS, avec au total un budget “pire” que celui proposé par Michel Barnier, prévoyant 6,2 milliards d’euros de recettes en moins et 6,4 milliards d’économies en plus.Il a aussi relativisé l’urgence pour le pays de se doter d’un budget, alors que la loi spéciale votée fin 2024 permet de gérer les affaires courantes et qu’un projet de loi pourrait permettre de voter rapidement des dispositions urgentes et consensuelles.Le RN, plus en retrait, François Bayrou négociant en premier lieu avec le PS, a lui aussi déclaré qu’il ferait connaître sa position en début de semaine. Le député Jean-Philippe Tanguy a estimé dimanche sur France 3 que le budget proposé était “pire que l’absence de budget”, et que lui-même souhaitait la censure.Mais il appartiendra à Marine Le Pen, présidente du groupe, et à Jordan Bardella, président du parti, de trancher, a-t-il souligné.

La présidente du Mexique dit attendre une réponse de Trump à sa proposition de dialogue

La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a déclaré dimanche attendre la réponse du président américain Donald Trump à sa proposition de dialogue, après sa décision de taxer à 25% les exportations mexicaines, ajoutant qu’elle détaillerait la riposte de Mexico lundi matin.”Je vous propose que nous attendions la réponse du président Trump à notre proposition”, a déclaré Mme Sheinbaum dans “un message au peuple mexicain” sur les réseaux sociaux. Dans cette vidéo, elle a promis de détailler lundi matin “les premières mesures” qu’elle entend prendre en réponse à la décision unilatérale du président américain. Elle avait annoncé samedi sans autre détail “des mesures tarifaires et non tarifaires en défense des intérêts du Mexique”Mme Sheinbaum a aussi proposé samedi à son homologue américain “un groupe de travail avec nos meilleures équipes de sécurité et de santé publique” sur les questions de trafic de drogue et de migrations.Le laxisme présumé du Mexique et du Canada sur ces thèmes sont les raisons avancées par le président américain pour imposer des barrières douanières à ses deux partenaires de l’Accord Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM), traité de libre-échange en vigueur depuis 2020.”Le Mexique ne veut pas de confrontation”, a assuré Mme Sheinbaum, en rappelant sa devise: “coordination, oui, subordination, non”.”Ce n’est pas avec l’imposition des tarifs douaniers que l’on résout les problèmes”, a insisté la présidente de gauche nationaliste, dont le pays est le premier partenaire commercial des Etats-Unis, destination de 83% de ses exportations.”Cela faisait 30 ans que cela (les tarifs douaniers) n’existait pas parce que nous avons un traité de libre-échange”, a ajouté la présidente dans son message, en référence à ce traité qui unit le Canada, les Etats-Unis et le Mexique depuis sa première version en date du 1er janvier 1994.Le dernier traité a été signé par le président Trump lors de son premier mandat (2017-2021), a-t-elle souligné.Dans son message, Mme Sheinbaum a repris les éléments du communiqué cinglant qu’elle avait publié la veille en réponse à la décision de Donald Trump.Elle a qualifié d'”irresponsable” et de “calomnie” les accusations sans preuve lancées par le président américain selon lesquelles le gouvernement mexicain a des liens avec la “délinquance organisée” des cartels de la drogue.”La souveraineté ne se négocie pas”, a-t-elle déclaré en mettant en garde les Etats-Unis contre toute ingérence au Mexique.”Ici se trouvent votre présidente et un peuple entier pour vous défendre”, a-t-elle enfin lancé aux millions de Mexicains installés aux Etats-Unis, où le président Trump a promis des expulsions massives d’étrangers.”Si vous voulez rentrer au Mexique, nous vous recevons les bras ouverts”, a-t-elle déclaré, en joignant le geste à la parole.Son appel au dialogue a été soutenu dimanche par deux secteurs très exposés aux droits de douane parce qu’ils exportent vers les Etats-Unis, les producteurs agricoles et de pièces détachées automobiles.Les tarifs douaniers affaibliront la “compétitivité” de l’Amérique du Nord et mettront en danger des millions d’emplois, selon l’Industrie nationale des pièces détachées automobiles (INA) et la Confédération nationale d’agro-pisciculture (CNA) dans deux communiqués séparés.Les tarifs douaniers pourraient augmenter de 3.000 dollars “le prix moyen des automobiles” en Amérique du Nord, a indiqué l’INA.Plus de 50% des avocats, tomates et piments consommés aux Etats-Unis viennent du Mexique, qui exporte aussi vers le nord 1,5 milliard de dollars de viande de bÅ“uf et de porc, d’après le CNA.Le CNA a déclaré “serrer les rangs” derrière la présidente mexicaine, en appelant à “tendre les ponts nécessaires” pour retourner à l’esprit du traité de libre-échange.

Remous chez Porsche avec le départ de deux responsables

La marque de voiture de luxe Porsche a annoncé ce week-end le départ surprise de deux de ses dirigeants, signe de turbulences au sein du fleuron du groupe Volkswagen, dont les ventes chutent, surtout en Chine.Le conseil de surveillance de Porsche prévoit “le départ anticipé à l’amiable” du vice-président du conseil d’administration, Lutz Meschke, et du directeur des ventes de la marque, Detlev von Platen, indique un communiqué publié samedi soir, sans expliquer les raisons de cette séparation.La presse allemande fait état de divergences croissantes et tensions entre M. Meschke, qui est également directeur financier du constructeur de luxe, et le patron de Porsche, Oliver Blume, qui cumule cette fonction avec celle de la direction groupe Volkswagen dans son ensemble.Selon plusieurs médias allemands, la décision est venue du conseil de surveillance et de l’un de ses membres en particulier, Wolfgang Porsche, petit-fils du fondateur de la marque de luxe.Le directeur financier est rendu principal responsable de la baisse du cours de Porsche en Bourse, qui a dévissé de moitié depuis deux ans, à 60 euros. Les superviseurs du constructeur n’auraient pas non plus apprécié des révélations de presse sur des affaires immobilières menées par Lutz Meschke, dans la station chic de Kitzbühl, en plus de ses fonctions dans l’automobile, indique le quotidien Süddeutsche Zeitung.Plus globalement cette annonce surprise s’inscrit dans les difficultés de la marque de luxe, jusqu’alors très rentable.Porsche n’est pas épargnée par la chute des ventes de la maison-mère Volkswagen, qui a annoncé cet hiver vouloir supprimer 35.000 emplois en Allemagne dans sa marque principale VW et arrêter la production dans deux de ses usines, une première historique.Sur l’année 2024, Porsche a subi un recul de 3% de ses livraisons dans le monde, et de 28% en Chine, son premier marché. C’est un recul encore plus important que chez VW, dont les ventes ont reculé de 1,4%.L’ensemble du secteur automobile européen est en crise depuis plus d’un an, plombé par la baisse de la demande mondiale, la hausse des coûts et la concurrence croissante des marques chinoises.Porsche a révisé cet été ses prévisions pour l’année 2024 et réduit son objectif de marge à une fourchette comprise entre 14% et 15% (contre 15% à 17% précédemment).Ces licenciements présagent d’un “très gros problème” pour Porsche et révèlent “la situation difficile de l’industrie automobile allemande” concurrencée par Chine, commente Ferdinand Dudenhöffer, expert du secteur automobile.”Les jeunes constructeurs automobile chinois sont devenus des concurrents extrêmement coriaces et arrachent des clients aux marques haut de gamme allemandes”, explique-t-il.En parallèle, les menaces du président américain Donald Trump d’augmenter les droits de douanes sur les importations européennes fragilisent le marché américain, source de revenus pour Volkswagen.”Les droits de douane élevés rendent les Porsche chères aux États-Unis et la fabrication aux États-Unis est difficilement concevable” pour la marque, explique M. Dudenhöffer. 

Trump assume le possible contre-coup pour l’Amérique de sa guerre commerciale

Donald Trump assume: ses concitoyens risquent de “souffrir” par ricochet des lourds droits de douane qu’il a actés la veille, mais c’est selon lui le prix à payer pour un “nouvel âge d’or” aux Etats-Unis.Dans des messages furieux sur son réseau Truth Social, le président américain a dimanche reconnu, pour la première fois aussi clairement, que les consommateurs et les entreprises américaines pourraient être les victimes collatérales des taxes sur les produits importés depuis le Canada, le Mexique et la Chine.”Ce sera le nouvel âge d’or pour les Etats-Unis! Est-ce que cela va faire souffrir? Oui, peut-être. Et peut-être pas. Mais nous allons rendre sa grandeur à l’Amérique et cela vaudra le prix qu’il faudra payer”, a-t-il écrit en lettres capitales.Le républicain a aussi répété que le Canada serait mieux loti s’il devenait le “51e Etat” américain, cela après que le pays voisin, comme le Mexique et la Chine, a promis de riposter.Dimanche matin, le milliardaire de 78 ans, élu sur une promesse de faire baisser le coût de la vie, s’est rendu pour la deuxième journée consécutive dans son golf de Floride.- Golf -Il n’a pas encore pris la parole publiquement sur cette décision, l’une des plus fortes d’un début de second mandat déjà fracassant.Fervent partisan des droits de douane, M. Trump avait toujours affirmé que leur impact serait supporté par les exportateurs étrangers, sans être répercuté sur les consommateurs américains, contredisant l’avis de la quasi totalité des experts.Il a imposé samedi 25% de droits de douane sur tous les produits provenant du Mexique, ainsi que du Canada, à l’exception des hydrocarbures venant du voisin du nord, désormais taxés à 10%.Donald Trump a également ciblé la Chine en imposant 10% de droits de douane, qui viennent s’ajouter sur ceux déjà existants sur un certain nombre de produits chinois.Les mesures doivent entrer en vigueur à compter de mardi. Elles pourraient, selon les économistes, entraîner des hausses de prix et freiner l’activité de tous les pays concernés en perturbant les chaînes de production.Les trois pays sont les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis et représentent au total plus de 40% des importations du pays.Le président américain affirme que le but est de forcer les trois pays à agir pour diminuer le trafic de fentanyl, un puissant opioïde, et les arrivées de migrants illégaux en ce qui concerne ses deux voisins. Mais la Maison Blanche n’a pas fait de demandes réellement précises aux trois pays visés.Donald Trump a de nouveau ciblé le Canada dans ses messages, estimant que les Etats-Unis “subventionnaient” leur voisin du nord, du fait du déficit commercial existant entre les deux pays.Le déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis du Canada, s’élève, uniquement pour les biens, à près de 55 milliards de dollars sur les onze premiers mois de 2024, selon le département américain du Commerce.Mais le gouvernement canadien souligne qu’en y intégrant les services, largement excédentaires pour les Etats-Unis, la balance commerciale se rééquilibrait quasiment.- Représailles -Le ministre mexicain de l’Economie, Marcelo Ebrard, a dénoncé dimanche “l’offense faite” au Canada après les commentaires de la Maison Blanche accusant le gouvernement mexicain d'”alliance” avec les narcotrafiquants.Il s’agit, a-t-il estimé, d’un “prétexte pour détourner l’opinion publique de l’énorme erreur que représente l’imposition de droits de douane punitifs sur le Mexique”, qui a annoncé prendre des représailles, sans donner de détail.Le Canada a fait de même: son gouvernement va imposer des droits de douane de 25% sur des produits américains pour un total de 155 milliards de dollars canadiens (102 milliards d’euros), a annoncé le Premier ministre démissionnaire Justin Trudeau.Le gouvernement a également annoncé sa volonté de contester les nouveaux droits de douane devant l’Organisation mondiale du commerce, rejoignant la Chine en la matière, qui avait annoncé dès hier son intention de porter de dossier devant l’OMC, en plus de mesures “correspondantes pour protéger résolument” les “droits et intérêts” chinois.Ottawa va aussi déposer un recours dans le cadre de l’accord de libre-échange ACEUM, signé durant le premier mandat de Donald Trump entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.Vendredi, Donald Trump a répété que l’Union européenne serait bientôt concernée. Les Européens ont déjà promis de “riposter avec vigueur”.

A Redon et dans l’ouest, la décrue entamée durera plusieurs jours

La décrue s’est poursuivie dimanche à Redon (Ille-et-Vilaine) et dans les autres communes de l’ouest touchées par des inondations depuis le week-end dernier mais le retour à la normale sera progressif et prendra encore “plusieurs jours”, selon les dernières prévisions.”Si la tendance générale est à l’amélioration, un retour à des conditions normales sans débordements sur l’ensemble du bassin de la Vilaine nécessitera encore plusieurs jours”, indique la préfecture d’Ille-et-Vilaine.Dimanche matin, 48 routes étaient encore coupées et déviées, notamment dans le secteur de Redon où le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est rendu la veille et où d’importants moyens de pompage ont été déployés pour accélérer la décrue.Dans la région, l’organisme de prévisions Vigicrues n’affichait plus en vigilance orange qu’un seul tronçon, la Vilaine aval, à cheval sur l’Ille-et-Vilaine, la Loire-Atlantique et le Morbihan, qui traverse la ville de Redon.”La décrue est largement amorcée”, indique la municipalité, avec des niveaux inférieurs à ceux relevés mardi, au début des inondations.”Compte tenu de l’amélioration de la situation des crues, le périmètre d’évacuation est levé sur plusieurs rues” dans les quartiers du port et celui du Châtelet, annonce la mairie de Redon, soulignant que certains secteurs encore sous l’eau restent tout de même interdits pour raisons de sécurité. A la faveur de la décrue, environ 70 volontaires de la Croix Rouge, du Centre communal d’action sociale, des scouts et de l’Ordre de Malte, sont mobilisés dimanche après-midi pour commencer des opérations de nettoyage dans les habitations et les locaux d’entreprises. A Saint-Nicolas-de-Redon, de l’autre côté de la Vilaine côté Loire-Atlantique, des pompes d’une capacité de 120 m3 par heure ont été mises en service samedi par des plongeurs pour évacuer l’eau qui noie depuis des jours les habitations et la zone commerciale.Au total, les moyens supplémentaires installés dans la zone de Redon sont capables de “vider une piscine olympique toutes les heures”, a indiqué Bruno Retailleau lors de sa visite.Le ministre a également promis que le dispositif de reconnaissance d’état de catastrophe naturelle, cruciale pour l’indemnisation par les assurances, serait “accéléré” pour Redon et une vingtaine de communes sinistrées dans la région.A Rennes comme à Guipry-Messac plus au sud, durement touchée par les inondations, les opérations de nettoyage allaient bon train ce week-end, même si tous logements n’étaient pas hors d’eau.”Sur Guipry, ça descend de deux centimètres environ toutes les deux heures, donc on en a encore au moins pour une grosse semaine de travail”, a expliqué à des journalistes de l’AFP Romuald Boudry, cadre opérationnel à la Protection civile d’Ille-et-Vilaine.Des renforts sont attendus dimanche soir en provenance d’autres départements “parce qu’on va avoir un gros travail à faire pendant toute la semaine, toujours en collaboration avec les services de l’Etat”, dit-il, devant des bennes déjà remplies.Depuis le début de cet épisode de crues dans l’ouest, quelque 1.108 personnes ont été évacuées en Ille-et-Vilaine, dont 150 à Redon, ainsi que 370 à Saint-Nicolas-de-Redon (Loire-Atlantique).Dans son dernier bulletin, Météo-France maintient également en vigilance orange crues l’Eure et le Val-d’Oise (tronçon de l’Epte) ainsi que la Somme pour le fleuve du même nom où “des débordements dommageables sont en cours avec une tendance à la décrue relativement lente.”

En Afghanistan, le grand appétit des talibans pour les mines

Vantant un retour de la sécurité, le gouvernement taliban courtise investisseurs locaux et étrangers pour exploiter les abondantes mines afghanes et s’assurer une manne financière, avec le risque de brûler des étapes, préviennent des experts.Si les réserves ont été épargnées d’une exploitation à grande échelle par plusieurs décennies de guerre, environ 200 contrats pour plusieurs milliards de dollars, la grande majorité avec des entreprises locales, ont été signés depuis le retour des talibans au pouvoir en 2021, d’après des chiffres officiels.Nombre de contrats portent toutefois sur l’exploration de mines, dont l’extraction peut prendre des années, possiblement sans considérations environnementales, selon des spécialistes.Emeraudes, rubis, marbre, or ou lithium: le sous-sol afghan regorge de ressources d’une valeur de mille milliards de dollars, d’après des estimations américaines et onusiennes de 2010 et 2013.L’Institut géologique américain (USGS) a noté une “forte hausse” de la production de charbon, talc et chromite en 2021 et 2022.Le gouvernement dit se concentrer sur les ressources qui pourraient perdre de la valeur avant de s’attaquer à celles, comme le lithium, dont les prix peuvent encore grimper sur les marchés mondiaux.Mais les talibans, accusés avant 2021 de piller des mines dans les régions montagneuses sous leur contrôle, admettent avoir besoin d’aide extérieure pour professionnaliser le secteur.”Nous voulons que l’Afghanistan soit autosuffisant mais il y a des obstacles”, reconnaît Humayoun Afghan, porte-parole du ministère des Mines et du Pétrole à l’AFP. “Nous n’avons ni experts, ni infrastructures, ni savoir”.- “Aider l’économie” -Le ministère publie régulièrement des appels d’offres, dans l’espoir d’aider un pays englué dans la pauvreté. Il envoie aussi aux chancelleries des notes verbales, avec appels d’offre et listes de projets miniers, d’après des documents consultés par l’AFP.Selon la Banque mondiale, les résultats sont déjà visibles: l’expansion du secteur minier, évaluée à 6,9%, a tiré l’industrie (+2,6%) en 2023-2024. Mais, notait-elle en décembre, si le gouvernement a “émis des appels d’offre pour plusieurs petits contrats miniers afin de répondre à ses besoins de liquidités, de nombreux contrats doivent encore se concrétiser sur le terrain”.”Le gouvernement émet peut-être 10 fois plus d’appels d’offre qu’il ne peut en honorer”, déclare Javed Noorani, expert du secteur.Pour transformer le capital minier en “économie durable, il faut une vision éclairée permettant de développer des compétences humaines, une industrialisation, des infrastructures”, dit-il à l’AFP.Pour y parvenir, les autorités accueillent “tous ceux qui veulent investir, surtout s’ils ont de l’expérience dans les mines (…), cela aidera l’économie”, espère M. Afghan.Les investisseurs étrangers avaient largement déserté le pays, jugé trop dangereux.La plupart craignent désormais d’être associés à l'”Emirat islamique”, non reconnu à l’international et dirigé par des talibans, pour beaucoup sous le coup de sanctions occidentales.Mais d’autres, dont les pays entretiennent relations diplomatiques et économiques avec Kaboul, ont sauté le pas, venus d’Iran, de Turquie, d’Ouzbékistan, du Qatar et surtout de Chine.- Firmes chinoises -La compagnie publique chinoise MCC intervient sur le gisement de cuivre de Mes Aynak, le deuxième plus grand au monde à 40 kilomètres de Kaboul, en vertu d’un contrat de 2008 relancé par les talibans.Depuis 2021, des entreprises chinoises ont également remporté au moins trois grands projets, de mines d’or et de cuivre notamment, indique M. Afghan.La Chine est également une grande cliente.”La majorité de notre néphrite”, la pierre de jade, “part en Chine”, témoigne Habbrahman Kawal, copropriétaire d’une mine dans la montagne rocailleuse de Goshta, dans l’Est.M. Kawal se dit “heureux” de ses affaires florissantes, lui qui n’a investi dans les mines qu’après l’arrivée des talibans.Seules 14 entreprises minières aujourd’hui actives l’étaient déjà sous le précédent gouvernement, d’après le Centre for Information Resilience.”Cela suggère qu’un nouvel ensemble d’entreprises domine le secteur minier”, relève ce réseau d’enquêteurs indépendants basé au Royaume-Uni.Les talibans mettent volontiers en avant la fin de l’insécurité pour attirer les investissements, malgré de sporadiques attaques contre des étrangers.”La première chose que les investisseurs disent en arrivant c’est que la stabilité les encourage”, veut croire M. Afghan, qui recense 150.000 emplois créés dans le secteur depuis 2021. D’après l’Organisation internationale du travail, 450.000 emplois ont été perdus entre 2021 et fin 2022.Il refuse de communiquer les revenus perçus depuis 2021 mais précise que le gouvernement entre au capital de certaines entreprises et perçoit des royalties. – Environnement -Pour le président de la Chambre de l’industrie et des mines, Shir Baz Kaminzada, certains investisseurs se moquent des sanctions et savent qu’en Afghanistan ils peuvent “se faire de l’argent”, alors qu’ailleurs, “où la régulation est stricte, il faut des milliards pour lancer une mine”.”Les entreprises peuvent opérer plus rapidement car elles n’ont pas à se plier à des règles, ce qui peut causer des dommages environnementaux ou économiques”, alerte David Chambers, géophysicien américain et président d’une ONG offrant une aide technique dans les activités minières.Le principal danger réside dans les rebuts de mines car seul 1% de ce qui est creusé en est retiré, explique M. Chambers. Le reste peut contenir des minéraux sulfurés et contaminer les sous-sols au contact de l’eau.Le ministère des Mines affirme avoir conservé la législation d’avant 2021 et veiller à “nettoyer” les mines après extraction, sans toutefois détailler.”Chaque dollar que vous ne dépensez pas pour stocker les résidus ou purifier l’eau, c’est du profit (…) mais cela entraîne de possibles coûts sur le long terme”, prévient M. Chambers.En Afghanistan, “les gens se fichent du long terme”, admet M. Kaminzada.

Bitcoin : le pari raté du président salvadorien

Le bitcoin n’a jamais été utilisé par la majorité des Salvadoriens et n’a aujourd’hui plus cours légal dans le pays. Un pari raté pour le président Nayib Bukele, qui avait fait du pays le premier à adopter officiellement le bitcoin en 2021.La réforme de la loi Bitcoin de 2021 a été adoptée mercredi par le parlement monocaméral, composé de 60 membres et largement dominé par le parti “Nouvelles idées” du chef de l’Etat. Un assouplissement législatif réclamé par le Fonds monétaire international (FMI) en échange de l’octroi d’un prêt de 1,4 milliard de dollars en décembre.Le terme de “monnaie” a été supprimé de l’article 1, qui dispose dorénavant que les transactions en bitcoins doivent être acceptées volontairement par des personnes physiques ou morales. Selon la nouvelle réglementation, l’utilisation du bitcoin dans l’économie dollarisée du Salvador sera facultative et le secteur privé sera libre d’accepter les paiements en cryptomonnaie pour les biens et les services. Les commerçants ne sont plus obligés de convertir les prix en dollars en cryptomonnaie.”Le bitcoin n’a plus cours légal. Cela aurait toujours dû être le cas, mais le gouvernement a voulu l’imposer et cela n’a pas fonctionné”, a déclaré à l’AFP l’économiste Rafael Lemus.La réforme, qui entrera en vigueur 90 jours après avoir été publié au Journal officiel, ce qui pourrait se produire dans les prochains jours, mentionne toutefois l’existence d’un “cours légal”, ce qui selon Carlos Acevedo, économiste et ancien président de la banque central, “n’a pas de sens” et “doit être corrigé”.- “Très compliqué et risqué” -Malgré la loi de 2021, les Salvadoriens dans leur majorité n’ont jamais adhéré à l’initiative de M. Bukele, par ailleurs très populaire pour sa guerre contre les gangs qui a fait chuter le nombre d’homicides au Salvador à un niveau historiquement bas.Selon une récente enquête, 91,9% des Salvadoriens n’ont ainsi pas utilisé le bitcoin dans leurs transactions en 2024.”Je l’ai utilisé et je n’ai pas aimé (…). C’est très compliqué et risqué. Ce n’est pas pour une employée qui a du mal à joindre les deux bouts”, explique à l’AFP Juana Henríquez, une infirmière de 55 ans, qui dit avoir essayé de faire des bénéfices mais avoir plutôt perdu de l’argent.Le président Bukele a également échoué dans son projet, qu’il avait annoncé au milieu de feux d’artifice, de créer Bitcoin City, une ville futuriste financée par des obligations en cryptomonnaies et qui tirerait son énergie minière d’un volcan situé à Conchagua, à quelque 200 km de Salvador. Berlin, une ville située à 110 km à l’est de San Salvador, et la plage d’El Zonte (sud-ouest) sont deux zones qui concentrent les adeptes des cryptomonnaies, mais beaucoup sont des résidents étrangers ou des touristes.Malgré ce changement de cap, sur lequel M. Bukele ne s’est pas encore exprimé, les autorités affirment que le gouvernement continuera à soutenir la plus célèbre des cryptomonnaies, qui s’échange actuellement à plus de 100.000 dollars.L’ambassadrice du Salvador aux États-Unis, Milena Mayorga, a déclaré aux journalistes jeudi, lors d’un événement sur le bitcoin à San Salvador, que la réforme devait être considérée comme une adaptation “à la conjoncture”.Le gouvernement, a-t-elle assuré, continuera d’acheter des bitcoins et à détenir des réserves dans cette cryptomonnaie. Selon le Bureau national du bitcoin, le Salvador possède 6.050 bitcoins d’une valeur de 634,8 millions de dollars.Nayib Bukele s’est récemment dit convaincu qu’avec Donald Trump, dont il est un sympathisant, à la Maison Blanche, il y aura “une appréciation exponentielle” de la crypto-monnaie. Et il publie fréquemment des messages sur ses réseaux sociaux à propos de la hausse du cours.

Trump lance son offensive commerciale contre le Canada, le Mexique et la Chine, qui promettent de répliquer

La guerre commerciale est lancée: Donald Trump a imposé samedi 25% de droits de douane sur les produits provenant du Canada et du Mexique, et 10% supplémentaires à ceux déjà existants sur les produits chinois, les trois pays visés promettant aussitôt une riposte.Le président américain a mis à exécution sa menace de s’en prendre aux trois principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, qui représentent au total plus de 40% des importations du pays.Il affirme vouloir ainsi forcer les trois pays à agir pour diminuer le trafic de fentanyl et les arrivées de migrants illégaux aux Etats-Unis.Les réactions mexicaine, canadienne et chinoise ne se sont pas faites attendre.Sur un ton cinglant, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a annoncé que des droits de douane seraient imposés en représailles sur les produits américains, sans donner de détails.De son côté, le Canada va imposer des droits de douane de 25% sur des produits américains pour un total de 155 milliards de dollars canadiens” (102 milliards d’euros), a annoncé le Premier ministre démissionnaire Justin Trudeau.Dès mardi, ces droits de douane seront appliqués sur 30 milliards de dollars d’un vaste éventail de produits allant du bourbon aux appareils ménagers en passant par les fruits et les plastiques.”Si le président Trump veut inaugurer un nouvel âge d’or pour les États-Unis, la meilleure voie est de s’associer avec le Canada, et non de nous punir”, a déclaré M. Trudeau lors d’une conférence de presse au ton très dramatique. La Chine, quant à elle, prendra des mesures “correspondantes pour protéger résolument” les “droits et intérêts” chinois, a réagi le ministère chinois du Commerce dans un communiqué. “Les guerres commerciales n’ont pas de vainqueur”, a jugé le ministère chinois des Affaires étrangères.Pékin va par ailleurs déposer plainte contre Washington auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).De son côté, le ministre des Finances japonais Kastunobu Kato s’est dit “profondément préoccupé par la façon dont ces droits de douanes pourraient affecter l’économie mondiale”.- “Calomnie” -Les mesures américaines entreront en vigueur au plus tôt mardi, selon un premier décret présidentiel que l’AFP a pu consulter. Les hydrocarbures du Canada seront toutefois taxés à seulement 10%.Donald Trump a expliqué sur son réseau Truth Social s’appuyer sur une loi de 1977 qui permet au président de réglementer le commerce en cas de situation d’urgence nationale. En cause, selon lui, “la menace majeure que représentent les migrants illégaux et les drogues mortelles qui tuent nos concitoyens, notamment le fentanyl”.Selon lui, la Chine exporte vers le Mexique des principes actifs permettant la fabrication par les cartels mexicains du fentanyl, ensuite vendu de l’autre côté de la frontière.”Les droits de douane annoncés sont nécessaires pour forcer la Chine, le Mexique et le Canada à rendre des comptes à la suite de leurs promesses de faire cesser le flux de drogues toxiques aux Etats-Unis”, a expliqué la Maison Blanche sur son compte X.Concernant le Mexique, ils resteront en place jusqu’à ce que le pays “coopère avec les Etats-Unis pour lutter contre le trafic de drogue”.La Maison Blanche a affirmé, sans preuve, que les cartels avaient “fait alliance avec le gouvernement mexicain”. Une accusation qualifiée de “calomnie” par Claudia Sheinbaum.Quant au Canada, la présidence américaine a estimé que “la production de fentanyl y progresse”.- “Signal clair” -Du fait de l’accord de libre-échange entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, les entreprises ne paient théoriquement pas de droits de douane si elles appliquent les règles prévues par cet accord. Celles qui font le choix de ne pas suivre ces directives et se voient appliquer un droit généralement compris entre 5% et 6%.Au Mexique, Mme Sheinbaum a rencontré dans la journée des chefs d’entreprise, son ministre de l’Économie Marcelo Ebrard et plusieurs ministres.”Nous savions pour les droits de douane, mais il est sans précédent de voir le gouvernement américain faisant officiellement le lien entre le gouvernement mexicain et les narcotrafiquants”, a déclaré à l’AFP l’ancien ambassadeur mexicain Agustin Gutierrez Canet.”Ce paragraphe est extrêmement dur et inquiétant, c’est l’élément le plus grave au-delà de l’aspect économique. Trump est coutumier de ce type de rhétorique pour mettre la pression mais personne ne devrait agir à la légère de la sorte”, a-t-il ajouté.Pour Wendy Cutler, vice-présidente de l’Institut de politique publique Asia Society, les taxes “sont un signal clair que tous nos amis, voisins et partenaires sous traité de libre-échange, sont dans la ligne de mire”.Vendredi, Donald Trump a laissé entendre que l’Union européenne pourrait être bientôt concernée, estimant qu’elle avait “très mal traité” les Etats-Unis.aue-tib-sem-els/roc/cco