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Espagne: le salaire minimum de nouveau revalorisé de 4,4%

Le gouvernement de gauche espagnol a annoncé mercredi un accord avec les syndicats pour une nouvelle revalorisation de 4,4% du salaire minimum, dont bénéficient près de 2,5 millions de personnes dans le pays, malgré l’opposition du patronat.Cette revalorisation, d’un montant de 50 euros brut par mois, porte le salaire mensuel minimum espagnol, versé dans le pays sur 14 mois, à 1.184 euros brut. Cette progression est supérieure au niveau de l’inflation, qui a atteint 2,8% en moyenne l’an dernier en Espagne.Sur un an, le gain sera de 700 euros, a salué sur le réseau social Bluesky la ministre du Travail Yolanda Diaz.Cet accord, qui survient alors que l’Espagne a enregistré l’an dernier une croissance de 3,2%, selon des chiffres officiels publiés mercredi, a été salué par le syndicat Commissions ouvrières (CCOO), qui a néanmoins regretté qu’il n’ait pas été signé par le patronat. Le salaire minimum espagnol a augmenté au total de 61% depuis l’arrivée au pouvoir de Pedro Sánchez en 2018. Il était alors de 735 euros par mois, soit l’un des niveaux les plus faibles d’Europe.

En Espagne, le torchon brûle entre Ryanair et le gouvernement Sánchez

“Chantage”, “ton insolent”, “communiste fou”: en conflit sur la facturation des bagages et le niveau des redevances aéroportuaires, Ryanair et le gouvernement espagnol multiplient les invectives, en plein bras de fer sur la desserte du pays par la compagnie low-cost.Rien ne va plus entre le numéro un européen du secteur aérien en nombre de passagers et l’Espagne, l’un des principaux marchés de la compagnie derrière l’Italie et le Royaume-Uni, pesant 2,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier.A l’origine de cette brouille: l’annonce fin novembre, par le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez, d’une amende de 179 millions d’euros imposée à cinq compagnies, dont 107 millions pour Ryanair, accusées de pratiques abusives dans la facturation des sièges et des bagages à main.Cette décision, prise après une plainte de l’association de consommateurs Factua, est “un message très clair” pour le secteur aérien, avait alors souligné le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, estimant qu'”aucune entreprise” ne devait être “au-dessus des lois”.Interrogé mercredi lors d’une conférence de presse à Bruxelles, le patron de Ryanair Michael O’Leary a épinglé la décision de l’Espagne, qualifiant M. Bustinduy de “communiste fou”. “Les avions sont pleins, nous ne pouvons pas transporter un nombre illimité de bagages à main”, a-t-il lancé.Une attaque aussitôt dénoncée par le ministre, qui a assuré “défendre les droits des consommateurs” espagnols. “Aucune pression, aucun chantage et certainement aucune insulte ne me fera arrêter”, pas même venant d'”un magnat milliardaire”, a-t-il assuré.Ces échanges houleux sont survenus en pleine épreuve de force entre Madrid et le groupe irlandais, qui a annoncé mi-janvier la suppression de 800.000 places d’ici l’été prochain sur sept de ses liaisons avec l’Espagne, soit une baisse de 18% de son activité dans ce pays.En cause cette fois-ci, selon la compagnie: le niveau “excessif” des redevances réclamées aux compagnies aérienne par le gestionnaire aéroportuaire Aena, détenu à 51% par l’Etat espagnol et propriétaire de 46 aéroports dans le pays.  – “Agressif et menaçant” -Malgré le gel décidé en 2021 par le gouvernement, “Aena persiste dans ses augmentations injustifiées de taxes”, a accusé dans un communiqué Ryanair, qui va supprimer ses liaisons avec Valladolid (nord) et Jerez (sud) et réduire sa desserte de “cinq autres aéroports régionaux”.Cette décision a entraîné une réponse courroucée d’Aena, qui a assuré que ses redevances étaient “parmi les plus basses d’Europe” et accusé Ryanair de vouloir “utiliser gratuitement une grande partie des aéroports espagnols”, ce qui “briserait leur viabilité financière”.”Aena invite cordialement Ryanair à se calmer et à abandonner” sa stratégie de communication “agressive et menaçante, qu’il est très difficile de ne pas interpréter comme un chantage”, a poursuivi le gestionnaire d’aéroport dans un communiqué.Pris à partie dans un courrier par le directeur général de Ryanair, Eddie Wilson, qui souhaitait une réunion sur le sujet avant le 30 janvier, le ministre des Transports Oscar Puente est à son tour entré dans la polémique en demandant à Ryanair de “repenser sa position”.”J’exprime mon désaccord avec le ton menaçant et quelque peu insolent de la lettre que vous m’avez envoyée en tant que PDG de Ryanair”, a déclaré M. Puente dans un courrier dont des extraits ont été publiés mercredi par le quotidien économique Cinco Dias.”La politique de transport et d’infrastructure de notre pays est définie exclusivement par le gouvernement espagnol et est au service de l’intérêt général, et non de l’intérêt particulier de compagnies spécifiques”, fait-il valoir dans cette lettre.Ryanair avait déjà annoncé ces derniers mois réduire sa desserte de l’Allemagne en raison d’une hausse des redevances aéroportuaires. Il a également menacé de ne plus desservir dix aéroports français pour protester contre une hausse des taxes sur le transport aérien.La compagnie irlandaise, qui a dégagé 1,92 milliard d’euros de bénéfices en 2023/2024, affronte des vents contraires depuis plusieurs mois, entre les retards de livraison de ses appareils Boeing 737MAX qui limitent ses capacités et la baisse de la demande, qui affecte sa rentabilité.

Automobile: l’UE envisage des “flexibilités” sur les amendes CO2

Bruxelles envisage des “flexibilités” pour épargner les constructeurs automobiles européens menacés par des amendes en cas de non-respect des objectifs d’émissions de CO2 en 2025, selon un document paru mercredi à la veille d’une concertation avec le secteur.”Nous identifierons des solutions immédiates pour préserver la capacité de l’industrie à investir, en examinant les flexibilités possibles afin de garantir que notre industrie reste compétitive, sans réduire l’ambition globale des objectifs pour 2025″, affirme la Commission européenne dans sa “boussole de compétitivité”, la feuille de route de l’exécutif pour les cinq prochaines années.Ce passage a été ajouté sous la pression notamment du commissaire européen Stéphane Séjourné qui s’était dit défavorable à des mesures punitives contre les industriels.”Sur les amendes liées aux quotas de véhicules propres vendus en 2025, je trouverais personnellement bizarre de pénaliser des acteurs que l’on essaye par ailleurs d’aider”, alors que les concurrents “notamment chinois, n’ont pas les mêmes contraintes”, a déclaré le Français dans les colonnes du Figaro.”C’est l’une des premières décisions que nous devons prendre rapidement pour le secteur”, a insisté Stéphane Séjourné chargé de la stratégie industrielle à Bruxelles.La présidente Ursula von der Leyen a elle-même estimé “nécessaire” mercredi de faire preuve de “flexibilité et pragmatisme” dans l’application des règles, lors d’une conférence de presse.La Commission européenne ouvre jeudi une concertation avec le secteur automobile, en difficulté face à la concurrence chinoise. L’UE doit composer entre ses objectifs environnementaux et les appels à l’aide du secteur.Les constructeurs européens s’opposent aux amendes qui pourraient les viser en cas de non-respect des objectifs de réduction des émissions de CO2 en 2025. Plusieurs pays, comme la France et l’Italie, sont allés dans leur sens, suscitant l’inquiétude des ONG environnementales. La Commission avait jusqu’ici temporisé sur le sujet, attendant les chiffres 2025 et les émissions réelles des constructeurs.Le précédent mandat d’Ursula von der Leyen a été marqué par les ambitieuses mesures du Pacte vert, et son emblème: l’interdiction à la vente des véhicules thermiques neufs en 2035.”Concernant les objectifs de moyen terme, ce serait terrible de changer de pied maintenant, alors que des milliards d’euros d’investissements sont réalisés par les industriels pour adapter leur mode de production”, estime Stéphane Séjourné.Mais “une clause de +revoyure+ est prévue en 2026 sur l’objectif du 100% électrique en 2035. J’ai proposé aux constructeurs de commencer à y travailler dès 2025 pour pouvoir prendre des décisions en 2026 s’il le faut”, dit le commissaire européen.Pendant que l’électrique patine en Europe, la Chine continue à gagner des parts de marché.L’Union européenne a engagé un bras de fer commercial avec Pékin, à qui elle reproche d’avoir artificiellement dopé sa filière électrique à coups de subventions publiques. Malgré l’hostilité de l’Allemagne, Bruxelles a ainsi décidé fin octobre d’ajouter aux 10% de taxes déjà en place une surtaxe allant jusqu’à 35% sur les voitures à batterie de fabrication chinoise. 

Wall Street sans direction claire avant la décision de la Fed

La Bourse de New York évoluait en ordre dispersé mercredi, se montrant attentiste avant la fin de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale américaine (Fed) et les résultats trimestriels de géants de la “tech”.Vers 15H50 GMT, le Dow Jones prenait 0,14%, l’indice Nasdaq lâchait 0,52% et le S&P 500 perdait 0,25%.La réunion du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a débuté mardi à Washington et la décision sera publiée mercredi à 19H00 GMT, avant une conférence de presse du président de l’institution Jerome Powell à 19H30 GMT.Si la Fed a systématiquement abaissé ses taux lors de des trois dernières réunions, pour un total d’un point de pourcentage, les marchés financiers jugent peu probable qu’une nouvelle baisse intervienne avant mars, au plus tôt, selon l’outil de veille du groupe CME, FedWatch.Face à une inflation toujours au-delà de la cible de 2%, les taux devraient donc rester inchangés, dans la fourchette de 4,25 à 4,50%.Les responsables de la Fed naviguent à vue en attendant que les promesses de campagne de Donald Trump soient – ou non – mises en place et de pouvoir jauger leur incidence sur la vie des Américains.Si lors de sa conférence de presse Jerome Powell ne devrait pas manquer d’être interrogé sur les récentes déclarations de Donald Trump, sur les droits de douane ou la nécessité d’une baisse de taux, “il est très peu probable” que le président de l’institution “morde à l’hameçon”, a anticipé dans une note Patrick O’Hare de Briefing.com.Selon l’analyste, il faut donc “s’attendre à ce que ce soient les résultats d’entreprises qui jouent le rôle de catalyseurs” de la séance.Microsoft, Meta et Tesla publieront leurs résultats trimestriels après clôture mercredi, puis Apple jeudi.Les groupes technologiques américains sont attendus au tournant, après le choc provoqué en début de semaine par l’arrivée du modèle chinois d’IA DeepSeek. Ses capacités ont inquiété le secteur car elles ont été obtenues pour un faible coût, provoquant une chute des groupes américains en Bourse lundi.Sur le marché obligataire, vers 15H40 GMT, le rendement des emprunts d’État américains à dix ans s’établissait à 4,53%, stable par rapport à la veille. Ailleurs à la cote, le groupe de médias de Donald Trump, Trump Media & Technology Group, bondissait (+6,39%) après avoir annoncé qu’il allait étendre ses activités aux services financiers, y compris aux cryptomonnaies et aux produits de placement (ETF).La compagnie aérienne américaine à bas coûts Spirit Airlines, qui a déposé le bilan en novembre, s’envolait de plus de 34% après que sa concurrente Frontier Airlines (+4,63%) a annoncé lui avoir de nouveau proposé une fusion.L’opérateur T-Mobile grimpait franchement (+8,85%) après avoir annoncé des résultats trimestriels meilleurs qu’attendu, notamment un bénéfice net de 2,98 milliards de dollars pour les trois derniers mois de 2024.

“Gérer mes biens immobiliers”: le site du fisc enchaîne les couacs

Déjà dans le viseur de la Cour des comptes après des erreurs dans la collecte de la taxe d’habitation, le site du fisc “Gérer mes biens immobiliers” a été pointé du doigt mercredi par un syndicat pour un autre couac, sur les taxes d’urbanisme cette fois.Selon les calculs du syndicat Solidaires Finances publiques, au moins 635 millions d’euros supplémentaires de taxes d’urbanisme, qui doivent revenir aux collectivités territoriales, auraient dû être facturés par le fisc depuis fin 2022.”Si le fiasco continue, on va s’approcher du milliard manquant”, a déploré mercredi Sandra Demarq, secrétaire générale de Solidaires Finances publiques, lors d’une conférence de presse.Les taxes d’urbanisme — pour l’essentiel la taxe d’aménagement — sont dues lors de la construction ou l’agrandissement de bâtiments, et reversées aux collectivités pour financer leurs équipements publics.Jusqu’en septembre 2022, les montants dus étaient calculés par des agents du ministère de la Transition écologique, en partant des données des cadastres.Depuis, cette tâche incombe au fisc, censé se baser sur les déclarations des contribuables sur l’application “Gérer mes biens immobiliers (GMBI)”.Or, selon l’organisation Solidaires Finances publiques, le calcul automatique des taxes d’urbanisme par GMBI ne fonctionne pas, et la grande majorité des taxes n’ont pu être réclamées.- Très loin du compte -Pour sauver les meubles, une poignée d’agents de la direction générale des finances publiques (la DGFiP) ont calculé manuellement les taxes d’urbanisme des plus gros chantiers. Mais les montants facturés (36 millions d’euros pour la taxe d’aménagement en 2024) sont très loin du compte, selon le syndicat. Et le problème n’est toujours pas réglé, ajoute-t-il. Chaque mois, 90 millions d’euros supplémentaires manquent à l’appel, selon lui.Des estimations réalisées à partir des données de l’Insee sur les constructions, en prenant en compte les taux de taxation et de recouvrement, l’évolution du marché ainsi que le décalage des dates d’exigibilité des taxes depuis fin 2022, a expliqué mercredi Solidaires Finances publiques.La DGFiP reconnaît avoir “rencontré des difficultés pour mettre en Å“uvre le nouveau processus”. Mais elle assure que “les redevables sont bien identifiés par l’administration et les taxes dues seront bien sûr encaissées et reversées aux collectivités.”Pour le syndicat toutefois, plus les taxes prendront du retard, plus le taux de recouvrement sera faible.Ce n’est pas le seul “bug” de GMBI évoqué récemment. La semaine dernière, la Cour des comptes a chiffré, dans un rapport, à 1,3 milliard d’euros le coût pour l’État des erreurs sur la collecte en 2023 de plusieurs taxes liées à l’immobilier, comme la taxe d’habitation sur la résidence secondaire.- Plus de 1,3 milliard d’euros perdu -En 2023, après la suppression de la taxe d’habitation sur la résidence principale, les propriétaires ont été invités à vérifier le statut d’occupation de leurs biens sur GMBI, pour éventuellement régler la taxe d’habitation sur la résidence secondaire ou celle sur les logements vacants.Mais “le déploiement technique” de cette application “s’est déroulé dans des conditions particulièrement difficiles, puisque plus d’un million de contribuables ont été imposés, à tort”, avait relevé la Cour des comptes.Cela a obligé l’administration à “consentir des dégrèvements très importants, d’un montant supérieur à 1,3 milliard d’euros”.Or, si ces impôts sont collectés par l’État surtout au profit des collectivités territoriales, c’est l’État seul qui supporte le coût de ces dégrèvements. Cette perte a représenté 34% du produit des taxes concernées.”Dans un contexte financier très difficile pour les finances publiques, tous les efforts doivent être conduits pour qu’une perte d’une telle ampleur ne se reproduise pas en 2024″, avait jugé la Cour des comptes.Développée sur plus de cinq années, l’application GMBI a “souffert d’une gouvernance et d’un pilotage inadéquats ayant conduit à une dérive budgétaire importante”, martelait la Cour des comptes.Le dispositif a coûté au moins 56,4 millions d’euros, de son élaboration à son déploiement.La DGFiP a reconnu mercredi dans un communiqué que GMBI est “particulièrement complexe et ambitieux, peut-être trop dans le calendrier prévu.” Elle a assuré que la campagne déclarative 2024 s’était toutefois bien passée.

La colère monte en Allemagne face à l’enlisement économique

Le gouvernement allemand a fortement abaissé mercredi sa prévision de croissance 2025 dans le pays, où la colère monte face à la stagnation dont la première économie européenne ne parvient pas à se sortir.Le Produit intérieur brut allemand devrait progresser de seulement 0,3% cette année, contre 1,1% attendu à l’automne, a indiqué le ministre de l’Economie Robert Habeck.Le marasme va donc se poursuivre alors que l’Allemagne sort tout juste de deux années consécutives de récession, avec un recul de son activité 0,2% l’an dernier, faisant suite à une baisse de 0,3% en 2023.Fait rare, un large éventail de fédérations d’employeurs est descendu le même jour dans la rue mercredi pour lancer un “SOS” face au “déclin” de l’économie, avec des manifestations organisées dans plusieurs villes.- Manifestations -“Les coûts et la bureaucratie nous étouffent de plus en plus”, s’est offusqué auprès de l’AFP Urs Möller, 44 ans, dirigeant d’une entreprise immobilière de 25 salariés, présent lors d’une manifestation qui a réunit quelques centaines de personnes devant la mythique Porte de Brandebourg à Berlin.A l’instar d’autres voix patronales, il compte sur un “résultat électoral qui mette l’entrepreneuriat et la réussite au centre”.Des salariés et députés du Bundestag ont aussi manifesté à Berlin. “La nécessité me ramène dans la rue, car tout part à la dérive”, clame Petra Weisswange, 60 ans, employée du secteur immobilier dans le Brandebourg, qui avait manifesté la dernière fois dans les années 1980 pour la paix.Quand on y regarde de plus près, l’Allemagne “est dans une situation de stagnation” depuis 2018, a reconnu le ministre de l’Economie devant la presse. Depuis la pandémie de Covid-19 et la guerre russe contre l’Ukraine, l’économie allemande souffre de la hausse des prix de l’énergie, de la perte de pouvoir d’achat et de la baisse globale de compétitivité face à la concurrence accrue, notamment de la Chine. Pour expliquer le décrochage des performances de l’Allemagne par rapport aux autres grandes économies, M. Habeck a aussi pointé un pays “structurellement sous-investi” par rapport à sa taille.La première économie européenne a de fait mené une “politique budgétaire plus restrictive” qu’ailleurs depuis des années, qui lui a certes permis de contenir les déficits publics et la dette mais a aussi “eu un effet de freinage” pour l’activité, selon le ministre.En campagne électorale en vue d’élections fédérales le 23 février, les partis débattent notamment d’un assouplissement des règles nationales très strictes de limitation des déficits, “frein à l’endettement” inscrit dans la constitutio. Pour l’heure, l’activité patine aussi à cause de deux facteurs d’incertitude liés aux menaces protectionnistes de la nouvelle administration Trump et aux incertitudes sur la voie que prendra l’Allemagne après les élections législatives du 23 février.Les projections révisées pour cette année sont cohérentes avec celles du Fonds monétaire international (0,3%) et légèrement supérieures à celles de la banque centrale allemande (0,2%).La Fédération allemande de l’industrie (BDI) prévoit pour sa part une troisième année de récession, estimant que l’Allemagne traverse une “crise profonde”. – Menace autoritaire -L’opposition conservatrice allemande de Friedrich Merz part favorite des élections de février, mais elle devra former une coalition avec un ou plusieurs partis aux visions économiques divergentes, s’agissant potentiellement des Verts ou sociaux-démocrates.Pour l’heure, le sentiment de déclin profite surtout à l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), donné en deuxième position dans les sondages avec autrour de 20%.M. Habeck s’est inquiété de “l’attractivité croissante des gouvernements autoritaires” dans le monde auprès de l’opinion, comme la Chine, en reconnaissant qu’ils affichaient des résultats économiques souvent meilleurs que les démocraties comme l’Allemagne.Et de lancer un appel solennel : “nous devons surmonter cette faiblesse de croissance” afin de préserver “l’Etat de droit, la démocratie et notre conception de la séparation des pouvoirs”.

Sous la pression de Trump, l’UE adopte un cap résolument pro-business

Choc de simplification, baisse du coût de l’énergie… Bruxelles a dévoilé mercredi sa feuille de route pour la compétitivité qui place les entreprises au coeur du “quinquennat” d’Ursula von der Leyen après l’accent mis ces dernières années sur l’environnement.La publication de cette “boussole de compétitivité” intervient sous la pression des annonces tonitruantes de Donald Trump en matière de protectionnisme ou d’investissements géants dans l’intelligence artificielle… “Il est temps de relancer le moteur de l’innovation” en Europe, a déclaré la présidente de la Commission européenne. Elle a cependant assuré qu’il n’était pas question de renoncer aux engagements environnementaux du Pacte Vert, en particulier la neutralité clmatique de l’UE. “Les objectifs sont gravés dans le marbre: nous devons les atteindre d’ici à 2050. Il est absolument vital et nécessaire que nous y parvenions”, a martelé la dirigeante allemande.Champions du numérique, les Etats-Unis mais aussi la Chine ont creusé un fossé béant avec une Europe enlisée dans la stagnation. L’UE entend revenir dans la course en appliquant les recommandations formulées l’an dernier par les anciens chefs de gouvernement italiens Enrico Letta et Mario Draghi dans deux rapports très médiatisés.De premières propositions concrètes sur l’allègement du fardeau administratif des entreprises et des aides à l’industrie propre sont attendues le 26 février. – Choc de simplification -Des dizaines de législations seront revues pour réduire les obligations des entreprises, en particulier un texte emblématique sur le devoir de vigilance des entreprises envers leurs sous-traitants.”Sous couvert de +simplification+, cette initiative démantèlera des protections essentielles pour les citoyens européens, l’environnement et le climat, a dénoncé l’ONG Friends of the Earth.A l’inverse, Markus Beyrer, directeur général de l’organisation patronale BusinessEurope, a salué “un signal clair que l’UE est engagée à renforcer son économie”. Depuis la guerre en Ukraine, l’Europe a perdu son approvisionnement en gaz russe bon marché et subit un coût de l’énergie très supérieur à ses concurrents internationaux.Pour sauver son industrie, l’UE doit réduire sa dépendance aux énergies fossiles. “Nous devons développer davantage notre production d’énergie issue de sources renouvelables, et, dans certains pays, du nucléaire”, a déclaré à Davos Ursula von der Leyen, reconnaissant le rôle de l’atome longtemps tabou à Bruxelles.La “boussole” de la Commission préconise aussi de “faciliter les contrats de long terme d’achat d’électricité” et d’accélérer l’investissement dans le réseau de transport et de stockage d’énergie.Des aides publiques “ciblées et simplifiées” seront mises en place pour encourager la transition verte de l’industrie. Pour une efficacité maximale, le vice-président de la Commission, en charge de la stratégie industrielle, Stéphane Séjourné voudrait viser prioritairement “les 100 premiers sites émetteurs de CO2” qui représentent plus de la moitié des émissions industrielles en Europe.Des labels pour développer la demande en produits bas carbone seront créés. Bruxelles entend par exemple développer l’acier “vert” dont la demande est aujourd’hui quasiment nulle en raison de coûts prohibitifs.- Assouplir les règles de concurrence -L’innovation dans le secteur technologique nécessite de très gros budgets que seules les plus grandes entreprises sont en mesure d’assumer. D’où des mariages géants au niveau international.Or, quand la Commission, gendarme de la concurrence dans l’UE, étudie une fusion, elle prend essentiellement en compte son impact sur les prix ce qui freine la création de champions européens. Mario Draghi a recommandé d’adapter la réglementation des concentrations pour tenir compte aussi des effets positifs sur l’innovation. Stéphane Séjourné veut accélérer la réouverture de mines de métaux rares en Europe et a déjà reçu 170 projets d’exploitation ou de recherches minières, des projets souvent contestés localement pour leur impact environnemental.L’objectif est de réduire les dépendances européennes, notamment envers la Chine. “On va faciliter” l’attribution de permis, affirme le commissaire chargé de la stratégie industrielle. La “boussole” prévoit également la création d’une plateforme pour l’achat en commun de matières premières stratégiques. Surtout, elle annonce l’introduction dès l’an prochain d’une “préférence européenne dans les marchés publics” pour certaines technologies critiques.Le marché unique a plus de trente ans et il a aidé à faire naître des géants européens dans la chimie, l’aéronautique ou l’automobile. Mais il souffre d’angles morts: la finance, mais aussi les télécoms, l’énergie ou la défense restent morcelés par des réglementations nationales différentes.”Supprimer les barrières restantes et élargir le marché unique contribuera à la compétitivité dans toutes ses dimensions”, souligne la Commission.Unifier les marchés de capitaux européens est une priorité, mais les intérêts nationaux divergents ont empêché tout progrès depuis dix ans. Résultat: l’Europe dispose d’une monnaie unique mais ses start-up restent incapables d’effectuer les levées de fonds géantes de leurs concurrentes aux Etats-Unis. Ursula von der Leyen a promis à Davos une première mesure concrète: la création de “nouveaux produits d’épargne et d’investissement européens”.

Maladies liées à la pollution de l’air: une photographie du “fardeau considérable”

AVC, asthme, cancer du poumon, diabète… L’exposition au long cours à la pollution atmosphérique entraîne un “fardeau considérable”, sanitaire et économique, avec plusieurs dizaines de milliers de nouveaux cas de maladies chaque année dans l’Hexagone, conclut une étude inédite publiée mercredi.On savait déjà que 40.000 décès étaient attribuables chaque année aux particules fines. Cette fois, Santé publique France (SpF) a évalué, sur la période 2016-2019 – donc avant la pandémie de Covid – l’impact de la pollution de l’air sur le développement de huit maladies au lien avéré avec l’exposition aux particules fines et au dioxyde d’azote.Cancer du poumon, BPCO, asthme, pneumopathie et autres infections aiguës des voies respiratoires inférieures (grippe exclue), mais aussi AVC, infarctus, hypertension et diabète de type 2 ont été explorés.D’une maladie et d’un polluant à l’autre, “entre 12 et 20% des nouveaux cas de maladies respiratoires chez l’enfant (soit 7.000 à 40.000 cas). Chez l’adulte, c’est entre 7 et 13% des nouveaux cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires ou métaboliques (4.000 à 78.000 cas)” qui sont attribuables chaque année à la pollution de l’air, selon ces travaux.”Certaines populations sont plus vulnérables”: les enfants, davantage exposés à des maladies ultérieures en raison d’une capacité respiratoire entravée, les personnes âgées, les femmes enceintes, les travailleurs ou sportifs en extérieur, les fumeurs, a noté Sylvia Medina, coordonnatrice du programme Air et Santé de Santé publique France, lors d’une conférence de presse.”Réduire les niveaux des particules fines et de dioxyde d’azote dans l’air ambiant” permettrait d’éviter “plusieurs dizaines de milliers de cas de maladies” souligne l’étude menée avec plusieurs organismes partenaires.Ramener les concentrations aux niveaux recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) éviterait les trois quarts des cas de maladies liées à l’exposition aux particules fines (PM2,5) et diviserait par deux celles liées au dioxyde d’azote (NO2). Ainsi, 30.000 nouveaux cas d’asthme chez les enfants de 0 à 17 ans seraient épargnés.- “Poids économique majeur” –  Si l’impact de la pollution de l’air sur les naissances prématurées et la survenue de maladies neurodégénératives comme les troubles autistiques ou Parkinson est établi, les données actuelles ne permettent pas encore de les quantifier, selon SpF. Idem pour les particules ultrafines, a précisé Sylvia Medina.Si l'”on sait que les populations les plus défavorisées ont un niveau de santé plus fragile et plus de difficultés d’accès aux soins”, a rapporté Guillaume Boulanger (direction Santé Environnement Travail, à SPF), les chercheurs n’ont pas mis en évidence, à Rennes, Strasbourg, Lyon et Paris, “que les populations plus défavorisées étaient plus exposées à la pollution”.En revanche le “poids économique majeur” de l’impact de la pollution de l’air a, lui, été chiffré, en partenariat avec l’école Aix-Marseille School of Economics. Résultat: “12,9 milliards d’euros en lien avec les PM2,5, soit environ 200 euros par an et par habitant, et 3,8 milliards d’euros pour le NO2, soit 59 euros par an et par habitant”.Cela comprend la consommation de ressources médicales (consultations, médicaments, hospitalisations, transports…), les ressources perdues par la société (salaires, moindre accès au marché du travail, retraite anticipée) et la perte de bien-être pour les patients, a détaillé l’économiste Olivier Chanel.Une nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air va durcir en 2030 les seuils de particules et de dioxydes d’azote.”C’est un premier pas, qui supprimerait 15% du fardeau total des maladies prises en compte dans notre étude”, a déclaré à l’AFP Guillaume Boulanger. L’objectif français reste toutefois de viser les valeurs OMS, plus ambitieuses.Les politiques publiques, au risque d’être impopulaires, doivent poursuivre leurs efforts sur tout le territoire et sur toutes les sources de polluants de l’air, notamment le trafic routier mais aussi le chauffage au bois, l’industrie, les émissions du secteur agricole, ont plaidé les experts.Ces dernières années, l’action s’est aussi prolongée en justice.En juin 2023, l’État a ainsi été condamné, pour la première fois, à indemniser des victimes de la pollution de l’air par un tribunal, qui a jugé que deux enfants atteints de bronchiolites et otites répétées avaient été rendus malades en raison, entre autres, du dépassement des seuils de pollution en région parisienne.

Etats-Unis: la Fed en passe de maintenir ses taux, Trump au tournant

La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait laisser ses taux inchangés mercredi pour sa première décision depuis le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump, déterminé à se mêler de politique monétaire pour obtenir des baisses de taux.Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a entamé son deuxième et dernier jour de réunion mercredi à 09H00 (14H00 GMT) “comme prévu”, a indiqué un porte-parole de l’institution à l’AFP.La Fed publiera sa décision mercredi à 14H00 (19H00 GMT) et son président, Jerome Powell, tiendra une conférence de presse 30 minutes plus tard.Les acteurs de la finance s’attendent à voir les taux directeurs demeurer à leur niveau actuel.L’économie reste solide, le marché de l’emploi aussi, et l’inflation semble en passe d’être contenue, bien qu’encore au-delà de la cible de 2% – autant de raisons pour patienter un peu avant une nouvelle baisse des taux.Surtout que les responsables de la Fed naviguent à vue en attendant que les promesses de campagne de Donald Trump soient – ou non – mises en place et de pouvoir jauger leur incidence sur la vie des Américains. L’ombre de Donald Trump planera certainement au-dessus de la prise de parole de Jerome Powell.Le chef de l’Etat et magnat de l’immobilier a “exigé” la semaine dernière que les “taux d’intérêt baissent immédiatement”.”Je les laisse faire mais si je ne suis pas d’accord, je le ferai savoir”, a-t-il prévenu, assurant qu’il s’y connaissait mieux en taux d’intérêt “que celui qui en est le principal responsable” – une référence directe à Jerome Powell.Le président américain a par ailleurs indiqué qu’il échangerait avec M. Powell “au bon moment”.Le pouvoir exécutif propose les candidats aux postes les plus hauts de la Fed mais il n’a pas la possibilité de mettre fin prématurément à leurs fonctions, une condition nécessaire pour préserver l’indépendance de l’institution vis-à-vis du pouvoir politique.Lors de son premier mandat, Donald Trump avait lui-même proposé que M. Powell devienne président de la Fed.- “Ambiguïté” -Dans ce contexte, les analystes s’attendent à voir Jerome Powell jouer les équilibristes et donner des informations au compte-gouttes.”Le plus intéressant à suivre, ce sera la manière dont Jerome Powell répondra aux questions sur les déclarations de Donald Trump et sa volonté de voir les taux baisser”, a déclaré à l’AFP Sam Stovall, analyste au cabinet CFRA Research.”On s’attend à ce que M. Powell dise que les taux baisseront, et c’est à peu près tout”, a-t-il ajouté. Selon Mark Zandi, de Moody’s, “la Fed ne bougera pas tant qu’elle n’aura pas plus de visibilité sur les politiques économiques du gouvernement Trump”.”Trump colle à son scénario, qui implique beaucoup d’ambiguïté et de mise en scène. (…) C’est vraiment difficile de savoir ce que le président va faire, quand, et comment”, poursuit l’économiste auprès de l’AFP. Le républicain s’est engagé pendant la campagne à rendre du pouvoir d’achat aux Américains, essorés par plusieurs années de forte inflation.Il a dans le même temps promis des mesures jugées de nature à relancer l’inflation par de nombreux experts: droits de douane sur tous les produits entrant aux Etats-Unis, baisses d’impôts, expulsions massives de sans-papiers (qui pourraient avoir un impact en réduisant la main-d’oeuvre disponible).Mark Zandi n’écarte pas l’hypothèse que la Fed finisse par devoir relever ses taux, pour étouffer tout regain d’inflation.Une telle décision doucherait les espoirs des acteurs de la finance de voir le coût du crédit baisser pour les entreprises et les particuliers.La banque centrale avait systématiquement abaissé ses taux lors de ses trois dernières réunions, pour un total d’un point de pourcentage.Les taux se situent désormais dans la fourchette de 4,25 à 4,50%, après avoir plafonné pendant plus d’un an entre 5,25 et 5,50%, un niveau élevé pour juguler la forte inflation post-pandémie de Covid-19.

Allemagne: le gouvernement abaisse à 0,3% sa prévision de croissance pour 2025

Le gouvernement allemand a abaissé mercredi à 0,3% sa prévision de croissance pour 2025 de l’économie nationale, contre 1,1% attendu à l’automne et alors que le pays a déjà enchaîné deux années de récession.L’Allemagne “est dans une situation de stagnation” et cela globalement depuis 2018, a déclaré le ministre écologiste de l’Economie Robert Habeck, soulignant notamment l’incertitude sur la politique économique et commerciale de la nouvelle administration Trump.La première économie européenne sort de deux années de récession, avec un recul du PIB de 0,3% en 2023 puis de -0,2% en 2024, sans signe d’un rebond net à court terme.Depuis la pandémie de Covid-19 et la guerre russe contre l’Ukraine, l’économie allemande stagne en raison de la hausse des prix de l’énergie, de la perte de pouvoir d’achat et de la baisse globale de compétitivité face à la concurrence accrue, notamment de la Chine. A l’incertitude concernant la politique de la nouvelle administration Trump s’ajoute celle sur l’orientation économique à venir après les élections allemandes de février, ce qui freine encore l’investissement et la consommation, selon le rapport gouvernemental.Les projections révisées pour cette année sont cohérentes avec celles du Fonds monétaire international (0,3 %) et légèrement supérieures à celles de la Banque centrale allemande (0,2 % de croissance).La Fédération allemande de l’industrie (BDI) prévoit pour sa part une troisième année de récession, estimant que l’Allemagne traverse une “crise profonde”. “Une crise structurelle doit être abordée différemment, de manière plus globale, qu’une phase de faiblesse conjoncturelle”, a reconnu M. Habeck devant la presse.Fait rare, un large éventail de fédérations patronales descend dans la rue mercredi pour lancer un “SOS” face au “déclin” allégué de l’économie, avec des manifestations prévues dans tout le pays, notamment à Berlin, Hambourg et Munich.Il est “devenu de plus en plus évident que l’Allemagne souffre de problèmes structurels fondamentaux”, admet le gouvernement dans son rapport.Les problèmes touchent au manque de main-d’Å“uvre et de compétences, à la bureaucratie excessive et la faiblesse des investissements, tant privés que publics. Le rapport conclut sur une note plus positive, prévoyant une “légère reprise économique” à partir de la fin de l’année, alors que davantage de clarté devrait émerger du contexte national et international.