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Streaming: Deezer, première plateforme à épingler les titres 100% générés par IA

Les albums contenant des titres entièrement générés par l’intelligence artificielle (IA) sont désormais signalés par une mention à l’attention des utilisateurs de la plateforme de streaming française Deezer, une première mondiale, a annoncé son directeur général Alexis Lanternier à l’AFP vendredi.”Contenu généré par IA, certains morceaux de cet album peuvent avoir été créés à l’aide de l’intelligence artificielle”, indique cette mention qui apparaît sur les albums dont les pistes sont issues de prompts, une simple requête en langage courant.Pour taguer ces titres “100% IA”, Deezer utilise un outil de détection qu’elle a développé, capable de repérer des marqueurs spécifiques de l’intelligence artificielle dans le signal audio d’une musique et “fiable à 98%”, a assuré Alexis Lanternier.”Le signal audio, c’est un nombre d’informations extrêmement complexe. Quand les algorithmes d’IA génèrent de la nouvelle chanson, ils ont des espèces de petits bruits qui les identifient, propres à eux (…) qu’on va pouvoir retrouver. Ce n’est pas audible à l’oreille mais c’est visible dans le signal audio”, a-t-il détaillé.L’arrivée de cette mention s’inscrit dans la stratégie de la plateforme d’écoute. Elle avait annoncé en avril recevoir chaque jour plus de 20.000 pistes entièrement générées par intelligence artificielle, soit plus de 18% des contenus mis en ligne.Réalisables via des applications dédiées comme Suno et Udio et diffusés pour capter de la valeur, ces contenus ne sont pas supprimés de sa bibliothèque mais évincés du calcul des écoutes, évitant ainsi de diluer l’assiette de royalties. “Ce dont Deezer veut s’assurer, c’est qu’on ne prend pas les droits d’auteur qui doivent aller aux artistes”, a rappelé M. Lanternier.La plateforme a également signé en janvier un accord avec la Sacem – puissant organisme français de droits d’auteur – pour mieux rétribuer les créateurs d’une oeuvre musicale.Avec environ 9,7 millions d’utilisateurs dans le monde, essentiellement français, Deezer arrive loin derrière le leader suédois Spotify et ses 268 millions d’abonnés premium, qui a annoncé des hausses tarifaires en France dès juillet.Interrogé sur la possibilité pour Deezer d’augmenter à son tour le prix de ses abonnements, Alexis Lanternier a répondu: “ce n’est pas prévu dans les mois qui viennent mais c’est quelque chose qui arrivera forcément”, compte tenu de l’inflation et d’une “certaine pression pour l’industrie musicale pour mieux soutenir les artistes”. 

La Bourse de Paris dans le vert, soulagée par le délai américain sur l’Iran

La Bourse de Paris évolue en hausse vendredi, les investisseurs se montrant soulagés par l’annonce du président américain d’une temporisation sur une éventuelle participation américaine dans la guerre Iran-Israël.Vers 09H50 heure de Paris, l’indice vedette CAC 40 prenait 0,84%, soit un gain de 63,23 points pour s’établir à 7.616,68 points. La veille, il avait cédé 1,34% à 7.553,45 points.”Les chances d’une implication immédiate des forces américaines dans le conflit Israël-Iran ont diminué après que Donald Trump a déclaré qu’il prendrait une décision sur une éventuelle attaque des installations nucléaires iraniennes +dans les deux semaines à venir+”, explique Derren Nathan, responsable de la recherche actions chez Hargreaves Lansdown.”Compte tenu du fait qu’il y a une possibilité substantielle de négociations éventuelles avec l’Iran dans le futur proche, je prendrai ma décision sur le fait d’y aller ou non au cours des deux prochaines semaines”, a fait savoir jeudi soir le président américain.”Cela devrait donc réduire le risque d’événement majeur avant le week-end”, estime Jim Reid, économiste de la Deutsche Bank.”Cette pause semble avoir réduit l’aversion au risque des investisseurs”, poursuit M. Nathan.Pour Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank, il ne s’agit toutefois pas d’un “signe de désescalade” du conflit.L’armée israélienne a indiqué vendredi avoir bombardé des dizaines de cibles à Téhéran dans la nuit, notamment ce qu’elle a qualifié de “centre de recherche et développement du projet d’armes nucléaires iranien”, au huitième jour de la guerre entre l’Iran et Israël.Eutelsat caracole en têteFace à l’américain Starlink, la France réinvestira 717 millions d’euros dans le groupe Eutelsat, le champion européen des satellites, pour en devenir le premier actionnaire, ont officialisé l’entreprise et l’Elysée jeudi.Déjà actionnaire à hauteur de 13%, l’Etat devrait détenir, au terme de l’opération qui devrait aboutir “d’ici la fin de l’année 2025”, 29% du capital d’Eutelsat, juste en dessous du seuil de 30% qui l’aurait obligé à déclencher une OPA. Le titre d’Eutelsat prenait la tête du SBF 120, affichant une hausse de 5,63% à 3 euros l’action, vers 09H40 heure de Paris.

Les Bourses européennes ouvrent dans le vert

Les Bourses européennes ont ouvert en hausse vendredi, soulagées après la décision de Donald Trump de temporiser sur une éventuelle participation américaine dans la guerre Iran-Israël.Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris prenait 0,46%, Francfort +0,66%, Londres +0,33%, et Milan +0,36%.

Japon: doublement des prix du riz sur un an, l’inflation accélère plus qu’attendu

Les prix à la consommation au Japon ont accéléré plus qu’attendu en mai, tirés par un doublement des prix du riz sur un an en dépit des efforts du gouvernement pour enrayer leur flambée.La hausse des prix à la consommation (hors produits frais) s’est élevée à 3,7% sur un an le mois dernier, au plus haut depuis janvier 2023, accélérant après 3,5% en avril.Ce chiffre dépasse la prévision des économistes sondés par Bloomberg (+3,6%), et s’établit très au-delà de la cible de 2% fixée par la Banque du Japon (BoJ). L’inflation hors énergie et produits frais a accéléré à 3,2%, contre 3% en avril.La vertigineuse envolée des prix du riz s’intensifie: ils ont bondi de 101% sur un an, plus forte hausse depuis le début des statistiques comparables il y a un demi-siècle.Le riz, céréale de base dans l’archipel, flambe depuis l’automne dernier, et s’était déjà renchéri de 98,4% en avril.La récolte 2023 (consommée l’an dernier) avait été pénalisée par des chaleurs record, tandis que la demande était, elle, gonflée par des achats paniques suivant un avertissement au “mégaséisme”, par le renchérissement des aliments importés et un tourisme record. Surtout, des négociants stockaient du riz pour muscler leurs profits à terme, selon les experts.Soucieux, le gouvernement a débloqué ces derniers mois des stocks de riz tirés des réserves stratégiques, mis aux enchères puis fournis directement aux magasins – avec un succès mitigé.- Chèques aux ménages -Plus généralement, les prix de divers produits alimentaires grimpent, du café au chocolat.Autre facteur d’inflation dans les services (hôtellerie, restauration…): un nombre record de visiteurs étrangers (3,7 millions en mai). Enfin, les factures d’électricité ont gonflé de 11,3% et celles du gaz de 5,4%.Pour tenter d’atténuer l’impact sur les ménages et à l’approche d’élections sénatoriales en juillet, le Premier ministre Shigeru Ishiba a étendu les aides au logement, prolongé des subventions à l’énergie, et s’est récemment engagé à verser des chèques de 20.000 yens (120 euros) par citoyen.L’archipel, longtemps englué dans une inflation nulle voire négative, est confronté à un rebond inflationniste, l’indice des prix dépassant systématiquement 2% depuis avril 2022.Or, “l’instabilité des mesures politiques et le temps de latence de répercussion sur les consommateurs font que l’inflation ne reculera que très graduellement”, sans que les hausses de salaires ne la compensent, représentant une perte continue de pouvoir d’achat, souligne Stefan Angrick, économiste de Moody’s Analytics.De quoi désoler Chika Ohara, intérimaire tokyoïte de 52 ans.”Mes salaires stagnent depuis des années et je ne vois aucun signe de changement. Mais les prix augmentent malgré tout et j’en subis les conséquences”, a-t-elle dit à l’AFP dans les rues de la capitale.- “Inextricable” pour la BoJ -La trajectoire de l’inflation représente “une situation inextricable” pour la banque centrale, ajoute M. Angrick.”Une hausse des taux de la BoJ pour freiner la faiblesse du yen et l’inflation risquent de nuire à la croissance économique”, alors que le PIB a déjà stagné au premier trimestre, mais si la BoJ ne fait rien, “l’inflation pourrait rester élevée et maintenir la consommation à un niveau faible”, explique-t-il.Pour l’heure, l’institution semble privilégier le statu quo monétaire face aux incertitudes liées à la guerre commerciale, avec des surtaxes douanières américaines de 25% sur l’automobile et de 50% sur l’acier qui pénalisent le Japon.Le pays est aussi menacé d’une surtaxe “réciproque” de 24% sur toutes ses exportations, mise en pause par l’administration Trump jusqu’à début juillet.Pour autant, les analystes s’attendent à une reprise des hausses de taux au plus tard début 2026.”En mai, la BoJ prévoyait une inflation hors produits frais de 2,2% en moyenne pour l’exercice budgétaire débuté en avril”, et au vu des chiffres de mai, l’inflation “devrait largement dépasser ses prévisions”, juge Marcel Thieliant, de Capital Economics.”L’ampleur du dépassement justifie un resserrement plus précoce (de la part de la BoJ)”, estime-t-il, tablant sur une nouveau relèvement de taux dès octobre.Pour contrer le retour de l’inflation, la BoJ avait entamé en mars 2024 un resserrement de ses taux après dix ans de politique monétaire ultra-accommodante, mais a suspendu cette dynamique après janvier dernier face à l’assombrissement de l’horizon économique.

Programmation énergétique: un moratoire sur l’éolien et le solaire fait dérailler l’examen à l’Assemblée

Les députés ont achevé jeudi l’examen d’une proposition de loi sur le futur énergétique de la France, qui comporte désormais un moratoire immédiat sur toute nouvelle installation éolienne et photovoltaïque.Une mesure introduite par la droite et soutenue par l’extrême droite, qui a provoqué l’indignation du reste de l’hémicycle et du gouvernement.L’avenir du texte, qui acte par ailleurs une relance massive du nucléaire, est désormais incertain.Les députés doivent voter mardi en première lecture sur l’ensemble de cette proposition de loi dite Gremillet, issue du Sénat.Plusieurs députés insoumis ont interpellé le rapporteur macroniste du texte et le gouvernement, leur demandant d’appeler à le rejeter.Le moratoire adopté jeudi, “je le dis avec gravité, avec solennité, est parfaitement irresponsable”, et “dévastateur”, s’est désolé le ministre de l’Industrie Marc Ferracci, déplorant le “signal” envoyé aux acteurs industriels.Ce moratoire est une “catastrophe économique”, a abondé le rapporteur du texte Antoine Armand (Renaissance), tout en rejetant la demande de retrait immédiat du texte formulée par la gauche. L’amendement du député LR Jérôme Nury, qui impliquerait la suspension de tout nouveau projet éolien ou photovoltaïque en cas de promulgation de la loi, a été adopté de justesse dans l’après-midi par la droite et l’extrême droite, face aux bancs dégarnis de la gauche et des groupes du bloc central (Renaissance, Horizons, MoDem).”L’absence majoritairement du bloc central et de la gauche a permis cette dérive”, a concédé le député socialiste Dominique Potier. Tout au long des débats, le Rassemblement national n’a eu de cesse de dénoncer l’éolien et le solaire comme des énergies coûteuses et “intermittentes”. Ce moratoire “est au cÅ“ur du projet de Marine Le Pen”, s’est félicité le député RN Jean-Philippe Tanguy. France Renouvelables, organisation professionnelle spécialisée, a elle dénoncé un amendement représentant “un des plus grands plans sociaux décidés à l’Assemblée” avec “en ligne directe la destruction de 80.000 emplois”.- Victoires du RN -Mercredi, le RN avait déjà engrangé une victoire avec l’introduction dans le texte du redémarrage de la centrale nucléaire de Fessenheim, fermée en 2020. “Alors qu’une loi de programmation, c’est fait pour donner de la stabilité, de la perspective, on ne fait que mettre de l’instabilité”, a regretté jeudi le président du groupe des députés MoDem, Marc Fesneau. Le texte “est désormais une menace grave pour le climat”, a fustigé le groupe écologiste dans un communiqué, dénonçant une assemblée ayant sombré “dans l’absurde”. Cette proposition de loi avait été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée sous la pression du RN, qui en avait fait un motif de censure du gouvernement Bayrou. Elle est censée servir d’indicateur au gouvernement pour finaliser un décret fixant la nouvelle feuille de route énergétique de la France pour la période 2025-2035. Ce décret doit mettre le pays sur la voie de la neutralité carbone en 2050.Le gouvernement avait toutefois prévenu qu’il publierait ce décret avant la fin de l’été. Soit a priori avant l’adoption définitive de ce texte, qui doit revenir en deuxième lecture les 8 et 9 juillet au Sénat, où la droite est majoritaire.- “Clarification” -Le texte prévoit une relance massive du nucléaire, en maintenant la capacité installée de production d’électricité d’origine nucléaire (actuellement de 63 gigawatts), et en l’augmentant de 27 gigawatts d’ici 2050.Avec, pour cela, la construction de 14 nouveaux réacteurs engagée d’ici 2030 (la France en compte aujourd’hui 57). Sur les énergies renouvelables, le texte prévoit de porter, d’ici 2030, à 58% au moins la part d’énergie décarbonée de la consommation d’énergie en France, contre environ 40% actuellement. Un amendement socialiste adopté prévoit que sur les 560 térawattheures (TWh) d’électricité décarbonée qui devront être produits en 2030, “au moins 200” devront être “issus de sources renouvelables”.Une maigre victoire pour la gauche, qui n’a pas réussi à faire inscrire d’objectifs chiffrés par filière (éolien, hydraulique, solaire…). L’amendement socialiste a été adopté avec les voix de tous les groupes, y compris LR, contre l’extrême droite.Interpellant LR, à l’origine du moratoire voté ensuite, le député LFI Matthias Tavel a demandé: “Comment peut-on faire 200 térawattheure d’électricité renouvelable sans éolien (…) et sans photovoltaïque?”.M. Armand a lui aussi demandé une “clarification” aux députés LR sur la dissonance entre leurs deux votes.

Trump repousse à nouveau l’échéance pour la vente de TikTok

Donald Trump a donné un sursis supplémentaire jeudi à TikTok en repoussant une nouvelle fois la date butoir pour la vente du réseau social, très populaire aux Etats-Unis, imposée à sa maison mère chinoise ByteDance par une loi adoptée au Congrès.Alors que le président américain a déjà reporté l’échéance à deux reprises, il a annoncé sur sa plateforme Truth Social avoir signé un décret qui retarde encore la date limite au 17 septembre, pendant que Washington attend l’approbation de cette vente par le gouvernement chinois.Dans un communiqué, Tiktok s’est dite “reconnaissante envers le leadership du président Trump” qui fait en sorte que “TikTok reste disponible pour plus de 170 millions d’utilisateurs américains et plus de 7,5 millions d’entreprises américaines”.L’entreprise précise qu’elle continuera de travailler avec les services du vice-président JD Vance sur la question.La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait déjà dit mardi que Donald Trump signerait ce nouveau décret, car il “ne veut pas voir TikTok disparaître”.”Le président sait que c’est extrêmement populaire”, a-t-elle insisté jeudi. “Il veut aussi protéger des données et la vie privée des Américains, et il pense pouvoir faire les deux en même temps”. En vertu d’une loi votée au Congrès en 2024, le réseau social reste en effet sous le coup d’une interdiction aux Etats-Unis si sa maison mère ByteDance n’en abandonne pas le contrôle. Des élus républicains comme démocrates disaient alors s’inquiéter de l’utilisation de données par la Chine ou d’une tentative d’influence de l’opinion américaine.- “Feu vert” de Pékin -Selon plusieurs médias américains, un protocole avait été trouvé début avril pour cette vente. Il prévoyait la séparation de la branche américaine de TikTok du groupe ByteDance, avec une recomposition du capital.Les parts détenues par des investisseurs non chinois passaient de 60 à 80%, ByteDance conservant les 20% qu’elle possède actuellement.Le groupe informatique Oracle, qui héberge déjà les données de TikTok US sur ses serveurs américains, devait être à la manoeuvre, accompagné, notamment, par le gestionnaire d’actifs Blackstone ou l’entrepreneur Michael Dell.Mais l’annonce de droits de douane imposés par Donald Trump à ses partenaires commerciaux, avec une note particulièrement salée pour la Chine, à 54%, a bloqué la transaction côté chinois.”Il nous faudra probablement l’accord de la Chine” d’ici mi-septembre, nouvelle date limite, avait reconnu Donald Trump mardi. “Je pense que le président Xi finira par donner son feu vert”, avait-il ajouté.Pour Shweta Singh, professeure à l’université britannique de Warwick, “TikTok n’est plus simplement un réseau social”. “C’est devenu un symbole de la rivalité technologique entre les Etats-Unis et la Chine”, estimait-elle récemment.Si les deux pays se sont entendus, début juin, sur un “cadre général” pour normaliser leurs relations commerciales, le dossier TikTok reste en souffrance.- Algorithme -Mais loin de pâtir de cette crise géopolitique, le réseau social est la deuxième application la plus téléchargée aux Etats-Unis derrière ChatGPT sur les téléphones Android, selon le site spécialisé Appfigures.La mansuétude affichée par le milliardaire, qui dit avoir “un petit faible pour TikTok”, a sensiblement dilué l’urgence de la situation. Le contraste est marqué avec le début d’année, qui avait vu beaucoup d’influenceurs préparer leur migration vers d’autres cieux, en particulier Instagram ou YouTube.D’autres candidats à un rachat de la plateforme s’étaient positionnés à cette période, en particulier le “Project Liberty” de l’entrepreneur Frank McCourt et la start-up d’intelligence artificielle (IA) générative Perplexity AI, chacun voulant intégrer l’application à un modèle plus large.Le mystère demeure sur le fameux algorithme de recommandation de TikTok, dont la sophistication explique, en grande partie, le succès de la plateforme.Pour l’instant, ByteDance n’a encore jamais accepté le principe d’une cession de ce bijou technologique, réclamée par le Congrès, dont les élus – très remontés il y a quelques mois – semblent aujourd’hui s’être désintéressés du dossier. 

Fraude à l’impôt sur les dividendes: un sénateur enjoint à Bercy de rétablir une lutte efficace

Le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson (Les Républicains), a appelé jeudi le gouvernement à revoir sa copie sur l’application d’un dispositif législatif de lutte contre le contournement de l’impôt sur les dividendes, jugeant que Bercy l’a affaibli. “Je le dis très clairement (…) le retrait du texte d’application du gouvernement est pour moi une demande impérative du Sénat pour respecter la volonté et le vote souverain du Parlement”, a déclaré Jean-François Husson, sénateur de Meurthe-et-Moselle, lors d’une conférence de presse jeudi après-midi au Sénat.M. Husson s’inquiète de voir vidé de sa substance un dispositif anti-fraude voté dans la loi de finances pour 2025.Ce mécanisme introduit par le Sénat entend lutter contre un stratagème d’évasion fiscale reposant sur des échanges de titres appelé “CumCum”. Il permet à certains actionnaires étrangers d’entreprises françaises de contourner l’imposition à la source sur les dividendes en confiant temporairement leurs actions à un tiers français, en l’occurrence une banque, moyennant rétribution. Le dispositif voté dans le budget comblait cette faille en imposant notamment que la retenue à la source s’applique aux “bénéficiaires effectifs” des produits distribués.La commission des Finances du Sénat s’était déjà élevée contre la rédaction du texte d’application paru en avril dans le Bulletin officiel des finances publiques (Bofip), qui précise notamment que ce dispositif ne s’applique pas sur les “marchés réglementés” lorsque “l’établissement payeur ne connaît effectivement pas sa contrepartie”. “Le gouvernement a prévu des textes d’application de la loi qui ouvrent une brèche dans laquelle les banques peuvent s’engouffrer pour continuer à frauder l’impôt”, a déploré M. Husson devant les journalistes. A l’inverse, Bercy estime que le texte publié “n’introduit aucune brèche dans le texte voté par le Parlement” et “apparaît au contraire nécessaire pour assurer la bonne application des dispositions législatives dans un cadre juridiquement sécurisé”, au vu des “nombreuses interrogations reçues des contribuables”. Lors de sa conférence de presse, le sénateur a déclaré que “c’est le lobby bancaire lui-même, à travers la Fédération bancaire française, qui a demandé à Bercy de prévoir ces cas de non-application de l’impôt, alors que les banques elles-mêmes profitent de cette fraude”. La FBF précise dans une déclaration transmise à l’AFP qu’elle “exerce son rôle de représentant d’intérêt conformément aux lois”. Elle explique qu’il “n’exist(e) pas de phénomène de fraude, en France, résultant de pratiques d’arbitrage de dividendes” même si elle souligne qu’il “p(eut) y avoir des actes de fraude, mais pas systémique”. M. Husson, qui s’était rendu dans la matinée au ministère, à Bercy, dit avoir appris “qu’il y aurait désormais pour plus de 4,5 milliards d’euros de redressements en cours, avec des redressements qui datent du mois dernier et qui attestent que la fraude massive des banques continue”. La pratique visée par ce mécanisme fait l’objet en parallèle de plusieurs enquêtes ouvertes par le parquet national financier (PNF).Selon M. Husson, cette “délinquance en col blanc” représenterait un manque à gagner d’environ 1,5 à 2 milliards d’euros pour l’année 2025. “Si ce texte n’était pas retiré, je ne vois pas comment il serait aujourd’hui possible de demander aux Français de participer aux efforts de redressement des comptes publics en 2026”, a-t-il souligné.

A l’Assemblée, un moratoire sur les éoliennes et panneaux solaires sème la zizanie

Les discussions à l’Assemblée sur le futur énergétique de la France sont devenues électriques jeudi, avec l’adoption surprise d’un moratoire sur le développement de nouvelles installations éoliennes et photovoltaïques, une mesure “irresponsable” selon le gouvernement.Un amendement du député LR Jérôme Nury a été adopté de justesse par la droite et l’extrême droite face aux bancs dégarnis de la gauche et des groupes du bloc central (Renaissance, Horizons, MoDem).Le RN n’a eu de cesse de dénoncer tout au long des débats des énergies coûteuses et “intermittentes”.Dans la foulée du vote, plusieurs députés ont déploré un texte devenu “incohérent” et les orateurs PS, écologiste et LFI se sont succédé au micro pour dénoncer ce vote, et réclamer le retrait du texte.Une demande rejetée par le ministre de l’Industrie Marc Ferracci (Renaissance), qui a déclaré vouloir que l’examen aille “à son terme”. Il pourra se poursuivre vendredi s’il n’est pas achevé dans la nuit jeudi. Un vote solennel sur cette proposition de loi portée à l’origine par le sénateur Daniel Gremillet (LR), qui acte par ailleurs une relance massive du nucléaire, est prévu mardi.Plusieurs députés insoumis ont interpellé dans l’hémicycle les députés macronistes, leur demandant s’ils approuveraient ce texte au moment du vote. Si c’était le cas, la mesure pourrait être retirée au cours de la suite de la navette, le texte devant revenir en deuxième lecture au Sénat les 8 et 9 juillet.Et le gouvernement avait prévenu dès avant les débats qu’il publierait le décret fixant la nouvelle feuille de route énergétique de la France pour la période 2025-2035 avant la fin de l’été. Soit avant l’adoption définitive de ce texte inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée sous la pression du RN.- “Catastrophe” -“Quand la démocratie parlementaire ne va pas dans le sens qui leur plaît, ils contournent!”, a fustigé sur X le député RN Jean-Philippe Tanguy, face aux demandes de retrait à gauche. La veille, le Rassemblement national avait déjà engrangé une victoire, les députés ayant approuvé le redémarrage de la centrale nucléaire de Fessenheim, fermée en 2020. Jeudi, le rapporteur du texte Antoine Armand (Renaissance), tout en rejetant lui aussi la demande de retrait, a fustigé l’introduction du moratoire, une “catastrophe économique et industrielle”.”Ce qui a été adopté (jeudi), je le dis avec gravité, avec solennité, est parfaitement irresponsable”, et “dévastateur”, s’est désolé Marc Ferracci, déplorant le “signal” envoyé aux acteurs industriels. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) s’était alarmé par avance jeudi matin de la tournure du texte.France Renouvelables, organisation professionnelle spécialisée rassemblant plus de 360 membres, a dénoncé après le vote un amendement “argumenté à l’appui d’éléments mensongers”. Ce vote est “un des plus grand plan sociaux décidés à l’Assemblée” avec “en ligne directe la destruction de 80.000 emplois”, ajoute l’organisation, qui appelle “la représentation nationale à revenir à la raison”.”Le gouvernement assumera” ses responsabilités “jusqu’à la fin de ce texte, dans le respect de nos procédures démocratiques”, a poursuivi M. Ferracci.- “Clarification” -Plus tôt dans la journée, l’Assemblée avait approuvé un objectif de production d’énergie renouvelable pour 2030, donnant son feu vert à un amendement de la députée socialiste Marie-Noëlle Battistel.Celui-ci prévoit que sur les 560 térawattheures (TWh) d’électricité décarbonée qui devront être produits en 2030, “au moins 200” devront être “issus de sources renouvelables”.Cet amendement, qui a reçu un avis de sagesse d’Antoine Armand et du gouvernement, a été adopté avec les voix de tous les groupes, y compris LR, contre le RN et ses alliés ciottistes de l’UDR.”Comment peut-on faire 200 térawattheure d’électricité renouvelable sans éolien terrestre, sans éolien maritime et sans photovoltaïque?”, a demandé Matthias Tavel (LFI).M. Armand a interpellé les LR sur la dissonance entre ces votes sur le moratoire et les énergies renouvelables, demandant une “clarification”.La gauche avait, elle, regretté que les amendements visant à donner des objectifs chiffrés par filière (éolien, hydraulique, solaire, etc.) n’aient pas été retenus, y voyant un “signal extrêmement mauvais” envoyé à la filière.

Tony Parker a-t-il été évincé d’un marché public dans les Alpes? Réponse au tribunal

La commune des Gets (Haute-Savoie) a-t-elle cherché à évincer une société de Tony Parker d’un juteux contrat de gestion de son domaine skiable ? Le parquet a requis des amendes et des peines d’inéligibilité lors du procès pour favoritisme de deux de ses responsables. Les deux hommes, Simon Bergoend et Kévin Fournier, respectivement premier adjoint et directeur général des services de cette station familiale de moyenne montagne, sont soupçonnés de faits de favoritisme dans les marchés publics et d’immixtion dans une fonction publique pour des faits s’échelonnant entre 2019 et 2023. Tous les faits concernent la gestion de différentes infrastructures de plein air de la station, régies par plusieurs contrats publics, ainsi que la gouvernance de la société d’économie mixte de la commune, la Sagets, exploitant historique des pistes des Gets. Ils auraient mis en place avec l’ancien maire, aujourd’hui décédé, un “système” de type monopolistique afin de conserver le pouvoir sur ce qui représente la principale source de revenus de la commune, ses remontées mécaniques, a accusé le parquet. Avant même qu’ils soient auditionnés par le tribunal correctionnel de Bonneville, leurs avocats ont dénoncé une “instruction univoque” dans laquelle “les droits de la défense ne sont pas respectés” et réclamé l’annulation pure et simple de la procédure. “Il s’agit d’un simple procès d’intention qui s’appuie sur des faussetés”, a estimé Me Valérie Sanossian, conseil de M. Fournier.Sur les bancs des parties civiles siègent l’association Anticor 74, à l’origine de deux signalements dans ce dossier, et la société Infinity Nine Mountain (INM), propriété de l’ancien basketteur star devenu homme d’affaires Tony Parker, représentée à l’audience par un avocat.Le plat de résistance du dossier concerne la procédure de renouvellement de la délégation de service public (DSP) pour l’exploitation du domaine skiable, lancée par la commune des Gets en mai 2023 et à laquelle la société INM s’était portée candidate face à la Sagets. Toutes deux ont déposé leurs offres fin 2023.Mais en janvier 2024, la municipalité avait tourné casaque et déclaré finalement la procédure “sans suite” pour lui préférer la création avec la commune voisine de Verchaix d’une société publique locale (SPL) qui reprendrait la gestion des remontées mécaniques. – “Intérêt général” -A quoi tient ce revirement inattendu alors que Les Gets avaient refusé quelques mois plus tôt un premier projet de SPL avec la station concurrente de Morzine?  Est-ce parce que la commune a eu peur de “confier les clés du camion” à un poids lourd privé comme Tony Parker ? interroge la présidente. “Non”, répond le premier adjoint, Simon Bergoend, invoquant son “ignorance et (s)a bonne foi” ou encore “l’improvisation” régnant au sein du conseil municipal, et dénonçant la “forte pression exercée tout au long de la procédure” par le groupe du basketteur. “On savait que le modèle de SPL est meilleur pour notre station, les stations en général. Tout nous pousse vers cela”, a-t-il argué, niant toute intention de violer les règles d’attribution des marchés publics.”Les délits sont parfaitement caractérisés”, a estimé au contraire le procureur Boris Duffau. Selon lui, les manoeuvres de l’ancien maire des Gets Henri Anthonioz, décédé en novembre 2024, de son adjoint et de Kevin Fournier relèvent d’une “volonté coupable de contourner les règles” au nom de l’intérêt public. “Le partage ne s’envisage pas, on va tout faire pour y échapper”, au détriment des administrés: “Nous ne sommes pas dupes sur cet +intérêt général+”, a-t-il ajouté, requérant une amende de 5.000 euros et une peine de deux ans d’inéligibilité pour M. Bergoend et 2.000 euros d’amende et un an d’inéligibilité pour M. Fournier.Les prévenus ont agi avec “un sentiment d’impunité totale” avec pour ambition de “conforter leur pouvoir, leur égo, leur éligibilité future”, a estimé l’avocat de la société INM, Léo Zimero, déplorant “un préjudice conséquent” pour le groupe alors qu’il avait “un vrai projet pour la montagne”.Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 25 septembre à 9H00.

René-Marc Chikli, défenseur du tourisme, de l’avènement du net à la crise du Covid

René-Marc Chikli, 76 ans, quitte la présidence du syndicat des tour-opérateurs français (Seto) qu’il occupe depuis 29 ans, durant lesquels le secteur a fait face à de multiples crises, des attentats à la pandémie de Covid-19 en passant par l’éruption du volcan Eyjafjöll, le tsunami en Indonésie ou la concurrence d’internet.”Il a le tour-operating dans le sang, c’est son ADN”, constate Valérie Boned, présidente du syndicat des Entreprises du Voyage qui le connaît depuis 25 ans.”Le métier de tour-opérateur est un vrai métier qui mérite sa propre défense”, estime René-Marc Chikli. Il explique à l’AFP aimer “chercher des solutions quand il n’y a pas de solutions” et “négocier avec les autorités ou l’aérien” dans un secteur où “il se passe toujours quelque chose”.Ses parents travaillaient déjà dans le tourisme — ils étaient hôteliers en région parisienne —, mais pas lui au départ: après une formation d’expert-comptable, il commence sa vie professionnelle dans le cabinet d’audit Horwath & Horwath. A 23 ans, il se retrouve en Indonésie pour une mission de six mois. “Ça a été une grande expérience. Rien que pour y aller, il fallait faire trois escales”, se souvient-il.Il découvre le goût du voyage. “Je suis devenu l’international du cabinet et j’ai beaucoup voyagé”, raconte-t-il à l’AFP. Parmi ses clients, la chaîne d’hôtels Méridien qu’il rejoint en 1989 et où il restera quinze ans.”On est venu me chercher pour sauver Jet Tours au bord de la faillite”, raconte-t-il. “On l’a bien restructurée et on a eu un facteur chance: la faillite de quelques tour-opérateurs concurrents”.En 1995, il devient président de l’association des tour-opérateurs français Ceto (qui en 2013 deviendra Seto, Syndicat des Entreprises du Tour Operating).En 1999, le Club Méditerranée fait l’acquisition de Jet Tours et René-Marc Chikli garde la présidence du Ceto.”On me demandait de gérer l’institutionnel. L’institutionnel, c’est quoi ? C’est gérer les emmerdes à la place des autres”, s’amuse-t-il.Pour Jean-François Rial, PDG du groupe Voyageurs du Monde et ex-vice-président du Seto, René-Marc Chikli “est quelqu’un de très organisé, un vrai pro”, confie-t-il à l’AFP. Et “c’est un fidèle”, qui “laisse les autres faire.””Sous un dilettantisme uniquement apparent (…), il dissimule une grande capacité de résistance”, décrit Jean-Pierre Mas, ancien président des Entreprises du voyage et aujourd’hui médiateur du Tourisme.- “Inoxydable” -René-Marc Chikli est “pugnace, sanguin, inoxydable, diplomate quand il veut, et fédérateur”, ajoute-t-il.”Nos fonctions nous mettaient en situation de conflit. Nous avons joué avec ça. Aujourd’hui nous travaillons en parfaite harmonie: il préside la Médiation Tourisme et Voyage (MTV) dont je suis le médiateur”, poursuit-il.Les fumées du volcan Eyjafjöll qui ferment des centaines d’aéroports et le Covid auront été les crises les plus mémorables pour René-Marc Chikli. “Le nuage a été une sainte horreur, tout le monde était perdu, paumé” et pour le Covid, “ce n’est pas le combat avec le gouvernement qui m’a marqué c’est de remonter le moral des adhérents”, se souvient-il.”Je pars la tête haute. Je suis sûr qu’il y aura une très belle continuité” avec Patrice Caradec, qui lui succède.Des échecs? “Oui, bien sûr mais pas des échecs marquants”, dit-il. “Mon gros échec c’est d’avoir fondé la CAT (Confédération des acteurs du tourisme) et c’est devenu une direction du tourisme bis”, souligne-t-il. “Cela n’a aucun intérêt: si vous faites une confédération, c’est pour faire face à l’État, pas pour être un écrivain public de l’État”, s’agace-t-il.Valérie Boned reconnaît que “René-Marc est très direct et très franc”. Elle se rappelle aussi “l’attention, la reconnaissance et la bienveillance” que lui a portées René-Marc Chikli dès ses débuts.Et maintenant, va-t-il arrêter toute activité touristique? “J’aime le golf mais le golf ne m’aime pas”, s’amuse l’intéressé. Alors il sera “peut-être au comité stratégique d’entreprises”, dit-il.”Ce que je veux éviter, c’est la bagarre tous les jours, j’ai donné. Je veux quelque chose de plus paisible.”