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Trump veut limoger la responsable des statistiques de l’emploi après de mauvais chiffres

Le président américain Donald Trump a demandé vendredi le renvoi d’une responsable des statistiques après la publication de chiffres de l’emploi montrant une nette dégradation des conditions sur le marché du travail ces derniers mois. “Je viens d’apprendre que les +chiffres de l’emploi+ de notre pays sont réalisés par une personne nommée par Joe Biden, Dr. Erika McEntarfer, (…) qui a truqué les chiffres de l’emploi avant l’élection pour augmenter les chances de victoire de Kamala” (Harris, sa rivale à la dernière élection présidentielle), affirme le chef de l’Etat sur sa plateforme Truth Social.”J’ai demandé à mon équipe de renvoyer cette personne nommée par Biden, IMMEDIATEMENT. Elle sera remplacée par quelqu’un de beaucoup plus compétent et qualifié”, a-t-il ajouté.Il enchaîne en affirmant que “des chiffres à ce point importants doivent être justes et exacts, ils ne peuvent pas être manipulés à des fins politiques”.Vendredi matin, le rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis a surpris en peignant un tableau plus sombre qu’attendu de l’état du marché du travail, à l’heure où les experts prédisent un ralentissement sous l’effet de l’offensive douanière de Donald Trump.La première économie mondiale a créé 73.000 emplois en juillet, selon le document publié par le ministère du Travail. “Un choc !” a commenté Donald Trump dans son message.Surtout, le nombre d’emplois censés avoir été créés pendant les mois de mai et de juin a été fortement révisé à la baisse. Les chiffres corrigés (19.000 en mai et 14.000 en juin) s’affichent ainsi au plus bas depuis la pandémie de Covid-19.Les corrections sont “bien supérieures à la normale”, est-il relevé dans le rapport. Ce sont 258.000 créations d’emplois qui se sont évaporées des statistiques sur ces deux mois.Le taux de chômage a légèrement progressé à 4,2%, contre 4,1% en juin.- Dissensions à la Fed -L’exécutif américain ne cesse d’affirmer que l’économie est rugissante, tout en appelant avec insistance la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale des Etats-Unis, à la soutenir davantage en diminuant les taux d’intérêt.”L’économie PETE LE FEU sous +Trump+ malgré la Fed qui joue aussi un jeu, cette fois avec les taux d’intérêt”, dénonce encore Donald Trump vendredi. Plus tôt dans la semaine, la Réserve fédérale a encore préféré laisser ses taux inchangés. C’était la cinquième fois de suite, en autant de réunions depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.La décision a été marquée par la rare opposition de deux gouverneurs, qui plaidaient pour des diminutions de taux pour soutenir l’activité et le marché du travail. Ils ont publié des communiqués exposant leur position vendredi, juste avant la publication des chiffres de l’emploi.Une baisse des taux aurait “protégé de manière préventive” l’économie et le marché du travail, y argumente la gouverneure Michelle Bowman. Son collègue Christopher Waller considère de son côté que l’approche attentiste de la Fed est “excessivement prudente”.- Nouvelle donne -Les analystes ont été surpris par l’ampleur des corrections dans le rapport sur l’emploi, sans pour autant mettre en doute la réalité des nouveaux chiffres.Ce rapport “change la donne” en montrant que “le marché du travail se détériore rapidement”, selon l’économiste de la banque Navy Federal Credit Union, Heather Long.Les États-Unis n’ont “créé en moyenne que 35.000 emplois au cours des trois derniers mois”, souligne-t-elle, ajoutant que la Réserve fédérale devait “sérieusement envisager une baisse des taux en septembre” pour soutenir l’économie.Les projections des investisseurs sur le niveau futur des taux directeurs de la banque centrale ont immédiatement changé après la publication du rapport. Ils sont plus nombreux à miser sur une baisse des taux lors de la réunion de septembre, ce qui a fait baisser les taux d’emprunt de l’État fédéral et le dollar.Heather Long considère qu’il devient urgent de lever les incertitudes entourant l’offensive protectionniste du gouvernement: “Plus cette instabilité tarifaire durera, plus ce contexte de faible recrutement risque de se transformer en licenciements.”Selon Jamie Cox, du groupe Harris Financial, le président de la Fed Jerome “Powell va regretter d’avoir laissé les taux inchangés cette semaine”. La Fed, ajoute-t-il, “devra baisser les taux en septembre et cela pourrait être d’un demi-point d’un coup pour rattraper le temps perdu”.

Droits de douane: la filière des vins et spiritueux français appelle à “poursuivre les négociations”

La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) français a déploré vendredi l’entrée en vigueur à compter du 7 août d’un droit de douane de 15% sur les produits européens, et appelé la France et l’Union européenne à “la poursuite des négociations”.Le président américain Donald Trump a signé jeudi le décret imposant une hausse des droits de douane pour des dizaines de pays.A ce stade, l’Union européenne n’a pas obtenu d’exception pour les vins (dont les champagnes) et spiritueux, un secteur particulièrement sensible pour des pays comme la France et l’Italie.”L’impact de ce droit sera d’autant plus brutal qu’il va de pair avec le recul du dollar américain aux États-Unis”, a déploré le président de la FEVS Gabriel Picard, vendredi, dans un communiqué.Il a estimé que cet effet combiné “pourrait aboutir à une réduction d’un quart” des ventes de vins et spiritueux aux États-Unis, “soit une perte d’un milliard d’euros”.Une baisse des exportations aurait par ailleurs “des effets sur les 600.000 emplois directs et indirects de la filière des vins et spiritueux” en France, selon la fédération, qui ne chiffre pas les pertes anticipées.”Nous saluons les efforts déjà fournis pour tenter d’obtenir l’exclusion des vins et spiritueux de ce droit de 15%”, a déclaré Gabriel Picard. “Mais la situation ne peut rester en l’état”, a-t-il poursuivi, estimant que “les négociations devraient se poursuivre”.”On espère pouvoir bénéficier d’une exemption et on harangue nos responsables politiques français pour qu’ils puissent obtenir de la Commission [européenne] cette négociation-là”, a déclaré de son côté le président du syndicat des vignerons indépendants de France, Jean-Marie Fabre, vendredi sur RMC.- “Marché stratégique” -La Commission européenne a indiqué jeudi poursuivre les négociations avec les États-Unis pour tenter d’obtenir des exemptions des droits de douane sur les vins et spiritueux à l’avenir, mais s’attend à ce qu’ils soient touchés par les taxes américaines de 15% à ce stade.Toutefois, côté gouvernement français, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a assuré vendredi sur Franceinfo que la France “n'[allait] pas [s’] arrêter là”, précisant vouloir “obtenir des garanties sur les vins et spiritueux”.”Les États-Unis sont un marché stratégique pour la filière viticole française et bien sûr pour le champagne en particulier”, a rappelé à l’AFP Maxime Toubart, coprésident du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC).En 2024, les États-Unis recevaient 10% des exportations de champagne en volume et plus de 14% du chiffre d’affaires de la filière, soit 820 millions d’euros, selon le CIVC.Avec un impact certain sur les prix pour le consommateur final américain, une surtaxe de 15% devrait faire baisser la consommation de champagne aux États-Unis, a prévenu M. Toubart, “mais on ne peut pas mesurer aujourd’hui concrètement le nombre de bouteilles que l’on va perdre”.Il est “évident” aussi que cela aurait des incidences sur l’emploi dans la filière, aux États-Unis comme en France, a-t-il ajouté.Les petits producteurs de champagne notamment, qui ont les reins moins solides que les grandes maisons, risquent de souffrir le plus, prévient aussi Yves Couvreur, un administrateur de la Fédération des vignerons indépendants de Champagne.”Pour la plupart de nos vignerons c’est impossible d’assumer les 15% possibles d’augmentation” des taxes américaines, selon M. Couvreur, interrogé vendredi par l’AFP.Selon M. Toubart, certains clients aux États-Unis ont anticipé les surtaxes en commandant davantage de bouteilles à la fin de l’année dernière, mais d’autres étaient “plutôt dans l’attente” d’y voir plus clair, donc il n’y a pas eu un effet d’aubaine flagrant pour le champagne ces derniers mois.

La Bourse de Paris recule après la hausse des droits de douane et du chômage aux Etats-Unis

La Bourse de Paris a fortement reculé vendredi, sous le poids des hausses de droits de douane officialisées par Donald Trump aux Etats-Unis et de signes de dégradation du marché de l’emploi dans la première économie mondiale.Le CAC 40 a perdu 2,91% à 7.546,16 points, en recul de 225,81 points. Sur l’ensemble de la semaine l’indice vedette parisien a reculé de 3,68%.”Les droits de douane et les chiffres moroses de l’emploi aux Etats-Unis pèsent sur le moral des investisseurs”, a résumé Kathleen Brooks, analyste pour XTB.Le président américain Donald Trump a signé jeudi le décret fixant le montant des nouveaux droits de douane qui toucheront plusieurs dizaines de pays, allant de 10% à 41%, bousculant l’ordre économique mondial.Les produits de l’Union européenne (UE), du Japon et de Corée du Sud seront taxés à hauteur de 15%, ceux du Royaume-Uni à 10%. Le Canada voit les droits de douane appliqués à ses produits passer finalement de 25% à 35%, sauf s’ils sont couverts par l’accord de libre-échange entre les trois pays d’Amérique du Nord.Ces annonces provoquent “une inquiétude croissante sur les marchés”, d’autant qu’à “tout moment, Trump peut revenir dessus”, explique à l’AFP Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM.A cela s’est ajoutée, à la mi-séance, la publication d’un rapport sur l’emploi aux Etats-Unis, première économie mondiale, qui a fait état d’une dégradation du marché du travail dans le pays, faisant craindre un ralentissement économique.Surtout, les créations d’emplois pendant les mois de mai et de juin ont été fortement révisées à la baisse. Les chiffres corrigés (19.000 en mai et 14.000 en juin) s’affichent ainsi au plus bas depuis la pandémie de Covid-19. Cette publication “contredit le discours sur la résilience de l’économie américaine” face à la politique protectionniste de Donald Trump, relève Kathleen Brooks.Enfin, les investisseurs parisiens ont dû digérer plusieurs résultats décevants.Teleperformance dégringoleLe géant mondial des centres d’appels Teleperformance a plongé de 20,65% à 68,02 euros, au lendemain de la publication de ses résultats du premier semestre faisant état d’une nette baisse de son bénéfice.Axa à la peineL’assureur Axa a chuté de 7,85% à 39,33 euros, après la publication d’un bénéfice net en repli de 2% sur le premier semestre.Profits en baisse pour Saint-GobainLe géant français des matériaux de construction Saint-Gobain (-9,29% à 90,98 euros) a annoncé jeudi une baisse de 1,9% de son bénéfice net au premier semestre, liée à une hausse des impôts sur les résultats.Engie sans énergieL’action du groupe d’énergie Engie a cédé 2,45% à 19,15 euros. Sur le premier semestre 2025, l’entreprise a dégagé un bénéfice net récurrent en repli de 19% à 3,1 milliards d’euros.

Droits de douane: le Brésil à la fois soulagé et mobilisé contre une “injustice”

Soulagé que certains secteurs importants de son économie aient été épargnés par les surtaxes douanières de Donald Trump, le Brésil s’est montré néanmoins jeudi déterminé à se battre contre l'”injustice”, en misant d’abord sur la négociation.Le président américain a infligé mercredi un coup sévère à la plus grande économie d’Amérique latine en signant un décret imposant 50% de surtaxes douanières à une bonne part de ses exportations vers les Etats-Unis, à partir du 6 août.Tout en dénonçant une atteinte à la “souveraineté”, le gouvernement du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva veut en priorité obtenir gain de cause par le dialogue.”La négociation n’est par terminée, elle commence aujourd’hui”, a déclaré à TV Globo le vice-président Geraldo Alckmin, principal responsable des tractations avec Washington.Selon lui, la surtaxe de 50% sera appliquée à des produits exportés pour 14,5 milliards de dollars vers les Etats-Unis l’an dernier, soit 35,9% du total.Près de 700 autres produits, comme les avions, le jus d’orange ou le pétrole, ont été épargnés, et ne seront soumis qu’aux droits de douane de 10% déjà annoncés en avril.”Nous sommes sur un point de départ plus favorable que l’on pouvait l’imaginer, mais encore loin du point d’arrivée”, a affirmé le ministre des Finances, Fernando Haddad, voyant “beaucoup d’injustice dans les mesures” de Washington.Il a évoqué un entretien prévu avec son homologue américain, le secrétaire au Trésor Scott Bessent, sans indication de date.- Motivation politique -Les droits de douane imposés au Brésil sont parmi les plus élevés infligés par l’administration Trump à ses partenaires commerciaux. Des biens dont il est le premier exportateur mondial, comme le café ou la viande, seront bien soumis à la surtaxe de 50%.”Ce sont des mesures dures, qui auront un vrai impact sur des secteurs importants de l’économie brésilienne”, dit à l’AFP Reginaldo Nogueira, économiste et directeur de l’école de commerce brésilienne Ibmec.”Les exemptions aident à atténuer une partie de la pression sur le Brésil, mais elles préservent avant tout des biens stratégiques pour l’économie américaine”, souligne-t-il.Le gouvernement devrait dévoiler dans les prochains jours un plan de soutien pour les secteurs exportateurs qui seront les plus durement touchés. Ce taux punitif n’a pas d’abord une justification économique, contrairement à d’autres pays ciblés, puisque les Etats-Unis n’accusent pas de déficit commercial avec le Brésil.Il revêt avant tout une motivation politique: le locataire de la Maison Blanche dénonce une supposée “chasse aux sorcières” contre l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro (2019-2022), allié d’extrême droite jugé pour tentative de coup d’Etat.- “Ingérence inacceptable” -Des arguments rejetés en bloc par un Lula qui soigne sa popularité auparavant en berne en se posant en garant de la “souveraineté nationale”.Selon un sondage réalisé avant les dernières annonces américaines et publié jeudi par l’institut AtlasIntel, son taux d’opinions favorables a atteint 50,2%, redevenant majoritaire pour la première fois depuis le mois d’octobre.”Le gouvernement brésilien considère comme injustifiable l’utilisation d’arguments politiques pour valider” la guerre commerciale lancée par les Etats-Unis, a dit le président brésilien mercredi.Le même jour, Washington a également dégainé de nouvelles sanctions contre le juge Alexandre de Moraes, chargé du procès Bolsonaro à la Cour suprême brésilienne.Ces sanctions entraînent le gel des éventuels avoirs détenus par le juge Moraes aux Etats-Unis ainsi que l’interdiction pour des citoyens ou entreprises américaines de faire affaire avec lui. Il “n’a pas de biens aux Etats-Unis”, a répondu à l’AFP une source de la Cour suprême.Pour Lula, c’est une “ingérence inacceptable dans la justice brésilienne”, due à “l’action de politiciens brésiliens qui trahissent notre patrie en défense de leurs propres intérêts”.Il vise sans le citer Eduardo Bolsonaro, fils de l’ex-président, qui a mis entre parenthèses son mandat de député pour pratiquer un efficace lobbying auprès des autorités américaines contre les autorités brésiliennes, et notamment la magistrature.

L’emploi s’est nettement affaibli aux États-Unis, pression accrue sur la Fed

Le marché du travail s’est nettement affaibli ces derniers mois aux États-Unis, selon les données officielles publiées vendredi, affichant beaucoup moins de créations d’emplois qu’initialement estimé, un constat de nature à accentuer la pression sur la banque centrale.La première économie mondiale a créé 73.000 emplois en juillet, moins qu’attendu par les analystes, selon le rapport mensuel du ministère du Travail. Surtout, les créations d’emplois pendant les mois de mai et de juin ont été fortement révisées à la baisse. Les chiffres corrigés (19.000 en mai et 14.000 en juin) s’affichent ainsi au plus bas depuis la pandémie de Covid-19.Les corrections sont “bien supérieures à la normale”, est-il relevé dans le rapport. Ce sont 258.000 créations d’emplois qui se sont évaporées des statistiques sur ces deux mois.L’exécutif américain ne cesse d’affirmer que l’économie est rugissante, tout en appelant avec insistance la Réserve fédérale (Fed) à la soutenir davantage.Les créations d’emplois se sont concentrées dans un nombre réduit de secteurs (santé et services sociaux), alors que des emplois ont continué à être détruits au niveau de l’État fédéral, conformément au vÅ“u du gouvernement républicain.L’appareil fédéral compte 84.000 emplois en moins depuis janvier, mois au cours duquel Donald Trump a été investi pour un second mandat.Le taux de chômage a légèrement progressé à 4,2%, contre 4,1% en juin. – Nouvelle donne -Les analystes s’attendaient à voir le marché du travail américain, jusqu’ici considéré comme proche du plein emploi, se craqueler sous l’effet du ralentissement économique induit par l’offensive protectionniste de Donald Trump.Ils ont été surpris par l’ampleur des changements, “comme un signal en provenance d’une planète très différente de celle qu’on connaissait hier”, selon les mots de Carl Weinberg, économiste à HFE.”C’est un rapport qui change la donne. Le marché du travail se détériore rapidement”, réagit dans une note l’économiste de la banque Navy Federal Credit Union, Heather Long.Au total, les États-Unis n’ont “créé en moyenne que 35.000 emplois au cours des trois derniers mois”, souligne-t-elle, ajoutant que la Réserve fédérale devait “sérieusement envisager une baisse des taux en septembre” pour soutenir l’économie.Les projections des investisseurs sur le niveau futur des taux directeurs de la banque centrale ont immédiatement changé. Ils sont davantage à miser sur une baisse des taux lors de la réunion de septembre, ce qui a fait baisser les taux d’emprunt de l’État fédéral et le dollar.Heather Long considère qu’il devient urgent de lever les incertitudes entourant l’offensive protectionniste du gouvernement: “Plus cette instabilité tarifaire durera, plus ce contexte de faible recrutement risque de se transformer en licenciements”, pressent-elle.- Attendre d’y voir plus clair -Mercredi, la Fed a laissé ses taux directeurs inchangés pour la cinquième fois d’affilée, son président Jerome Powell estimant qu’elle pouvait encore se permettre d’attendre d’y voir plus clair quant aux répercussions économiques des droits de douane. Deux des douze membres du comité de politique monétaire (FOMC) ont manifesté leur désaccord. Vendredi, avant l’ouverture de Wall Street et la publication des chiffres de l’emploi, ces gouverneurs dissidents ont publié des communiqués expliquant leur position. Ils estiment qu’il aurait fallu agir vite, en baissant les taux, plutôt qu’attendre d’assister à la dégradation de l’activité économique et des conditions d’emploi.Une baisse des taux aurait “protégé de manière préventive” l’économie et le marché du travail, argumente la gouverneure Michelle Bowman. Son collègue Christopher Waller a considéré de son côté que l’approche attentiste de la Fed était “excessivement prudente”.Le président Donald Trump, qui réclame inlassablement une diminution des taux directeurs, a traité vendredi matin sur son réseau social Truth Jerome Powell d'”ABRUTI têtu”.”S’IL CONTINUE à REFUSER” de baisser les taux, les autres responsables de la Fed “DOIVENT PRENDRE LE CONTRÔLE”, a-t-il écrit, comme souvent en majuscules.Selon Jamie Cox, du groupe Harris Financial, “Powell va regretter d’avoir laissé les taux inchangés cette semaine”. La Fed, ajoute-t-il, “devra baisser les taux en septembre et cela pourrait être d’un demi point d’un coup pour rattraper le temps perdu”.

Des frais désormais appliqués pour les clients d’Enedis non équipés d’un compteur Linky

Les clients d’Enedis qui ne sont pas équipés d’un compteur électrique Linky se veront facturer des frais à partir de vendredi, pour “compenser les surcoûts” créés par la persistance des compteurs ancienne génération pour le gestionnaire du réseau. Les quelque 1,7 million de clients Enedis (moins de 5% du total) encore équipés d’un ancien compteur verront apparaître sur leur facture d’électricité tous les deux mois une nouvelle ligne de 7,78 euros TTC (6,48 euros HT), le montant de ce nouveau frais dit de “relève payante”, a précisé vendredi Enedis à l’AFP. Et ceux parmi eux qui refuseraient de communiquer à Enedis leur index de consommation d’électricité écoperont d’une majoration supplémentaire de 4,97 euros TTC (4,14 euros HT) tous les deux mois également. Ils sont environ 24% dans ce cas actuelleemnt, a précisé Enedis.Jusqu’ici, seuls les clients non équipés d’un compteur Linky et n’ayant pas adressé un auto-relevé à Enedis durant les 12 derniers mois étaient facturés de 10,20 euros HT tous les deux mois, a indiqué le gestionnaire.”Ces montants reflètent les coûts réels supportés par Enedis pour maintenir un système de transmission des signaux tarifaires adapté aux anciens compteurs, organiser des relèves manuelles à pied, assurer des contrôles de consommation et maintenir un lien client spécifique”, a expliqué Enedis dans un communiqué daté de mercredi. Ce nouveau frais est appliqué dans le cadre du Turpe (tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité), une taxe fixée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) qui sert à rémunérer les gestionnaires du réseau électrique (RTE et Enedis) et dont le nouveau tarif entre en vigueur le 1er août. “Selon les ajustements tarifaires annuels définis par la CRE ces montants peuvent être amenés à évoluer”, a indiqué Enedis dans son communiqué. Le compteur communicant, petit boîtier vert pomme appelé Linky, envoie “toutes les 4 minutes des signaux” à Enedis, a rappelé le gestionnaire à l’AFP. Ce dernier peut ensuite s’en servir pour analyser précisément la consommation d’électricité à distance, pratiquement en temps réel, et sans la présence du client. Le déploiement de ces compteurs communicants découle d’une directive européenne de 2009. 38 millions sont aujourd’hui installés en France.”Depuis mars 2025, Enedis a mené une vaste campagne d’information auprès des clients concernés” par les nouvelles modalités de facturation et “plus de 100.000 demandes de pose de compteurs Linky ont été enregistrées sur la même période”, selon le gestionnaire.

Au Sénégal, le Premier ministre présente un vaste plan pour redresser et “souverainiser” l’économie

Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a dévoilé vendredi un “plan de redressement économique et social” très attendu, qui doit être financé à “90%” par des ressources internes pour “souverainiser” le pays, dans un contexte économique et financier très difficile marqué notamment par une suspension des décaissements du FMI.Ce pays d’Afrique de l’Ouest est confronté à une situation économique préoccupante, avec un déficit budgétaire de 14% et un encours de la dette publique représentant 119% du PIB. Le taux de chômage est évalué à 20% alors que la pauvreté atteint 35,7% de la population.”Toute la trame de ce plan répond à cette option forte de souverainiser notre pays”, a lancé M. Sonko, en présence du président Bassirou Diomaye Faye, lors d’une cérémonie qui s’est tenue dans une salle comble au Grand Théâtre de Dakar.”Je voudrais dire au peuple sénégalais que ce plan que nous vous avons présenté ne se fera pas sans vous. Il se fera pour vous, avec vous”, a de son côté souligné le président Faye dans son discours.Selon le Premier ministre, “90% des ressources (de ce nouveau plan) sont attendues de la mobilisation des ressources endogènes et sans endettement” extérieur, a-t-il déclaré.Trois principaux chantiers ont été énumérés: “la réduction maîtrisée de la dette publique, la mobilisation des ressources domestiques et le financement endogène complémentaire hors endettement”.Parmi les mesures annoncées figurent la réduction des charges et du train de vie de l’Etat, la réduction des coûts des voyages à l’étranger, la taxation de niches de financement “sous-fiscalisées” comme le numérique, le “mobile money”, les jeux de hasard et en ligne, ou le foncier.  La renégociation des contrats dans le pétrole, le gaz et les mines, la réduction des frais d’eau et d’électricité dans l’administration publique et un ciblage des bénéficiaires des subventions dans l’énergie font aussi partie des volets de ce plan.M. Sonko a été nommé Premier ministre en avril 2024 au lendemain de la victoire de son second, Bassirou Diomaye Faye, à la présidentielle, qu’il avait fait élire après que sa propre candidature a été invalidée.- “Sans brader nos ressources” -Les nouvelles autorités affirment avoir hérité d’un lourd passif, selon elles, de l’ex-régime du président Macky Sall (2012-2024), accusé d’avoir dissimulé les vrais chiffres sur des indicateurs clefs comme la dette publique et le déficit budgétaire. Le plan de redressement est annoncé alors qu’une mission du FMI est attendue fin août au Sénégal. L’institution a suspendu ses décaissements pour avoir, selon elle, des réponses et des engagements de la part des nouvelles autorités afin que cette dissimulation d’indicateurs alléguée ne se reproduise pas à l’avenir.”Rien ne justifie le retard des décaissements du FMI (qui) a sa part de responsabilité dans la situation dont nous avons héritée. Ils ne peuvent pas venir chaque année et ne pas voir (des éléments) aussi gros”, a lancé M. Sonko. “On a l’impression qu’il y a un souci (une volonté, NDLR) d’asphyxier le pays, mais (il) tient encore”, a-t-il ajouté. Le Sénégal a plusieurs fois sollicité ces deux dernières années le marché financier sous-régional pour pallier les difficultés d’accès aux fonds internationaux.M. Sonko a indiqué que le nouveau plan se fonde sur plusieurs principes dont “le respect des engagements internationaux” du Sénégal, notamment dans le paiement de la dette. “Nous voulons remonter cette situation héritée, sans pour autant aggraver la dette publique et sans brader nos ressources naturelles et foncières”, a-t-il souligné.Il a par ailleurs affirmé que le plan sera mis en oeuvre “sans mettre trop de taxes supplémentaires sur les investisseurs au détriment de l’attractivité de notre pays”.  Face aux difficultés économiques criantes d’une majorité de Sénégalais, ce plan inclut un volet social prévoyant la poursuite de mesures de réduction du coût de la vie, un meilleur financement des services sociaux, ou le renforcement des aides aux ménages les plus pauvres.   Les mesures annoncées par M. Sonko doivent, selon lui, permettre de mobiliser 5.667 milliards de FCFA (plus de 8,6 milliards d’euros), soit autant que le budget 2025 du pays.Ce nouveau plan fait suite à celui, plus large, présenté en octobre 2024 baptisé “Sénégal 2050: agenda national de transformation”, visant une transformation de l’économie et de l’Etat.

Droits de douane: Wall Street accuse le coup

La Bourse de New York évolue en nette baisse vendredi, plombée par l’officialisation des nouveaux droits de douane imposés par Washington à ses partenaires commerciaux, qui doivent entrer en vigueur le 7 août.Vers 14H05 GMT, le Dow Jones reculait de 1,63%, l’indice Nasdaq de 2,37% et l’indice élargi S&P 500 perdait 1,79%.En souhaitant “restructurer le commerce mondial au bénéfice des salariés américains” par des droits de douane allant de 10% à 41% à l’encontre de quelque 70 partenaires commerciaux, Washington plonge une nouvelle fois l’économie mondiale dans une grande incertitude.Et les places financières sont chahutées, à l’image de Wall Street.”Au cours des deux derniers mois, les investisseurs se sont quelque peu montrés complaisants sur la question des droits de douane, pensant qu’ils finiraient par être réduits”, souligne auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.”Or, cela ne semble pas être le cas (…) ils vont être nettement plus élevés que prévu”, ajoute l’analyste.Donald Trump, partisan d’un protectionnisme décomplexé, a signé jeudi soir le décret d’application de ces surtaxes en accordant un répit de quelques jours.L’Union européenne (UE), le Japon ou la Corée du Sud voient ainsi leurs produits taxés à hauteur de 15%, et le Royaume-Uni de 10%. Le taux monte à 30% pour l’Afrique du Sud et à 39% pour la Suisse.Ce renchérissement des importations inquiète, d’autant que les Etats-Unis n’ont “toujours pas conclu d’accords commerciaux avec trois de ses quatre principaux partenaires commerciaux, à savoir le Canada, le Mexique et la Chine”, relève Art Hogan.Ottawa, l’une des cibles privilégiées de Donald Trump, voit les droits de douane de ses produits non couverts par un accord préexistant augmenter à 35%.Le Mexique a décroché un sursis de 90 jours tandis que la Chine négocie toujours avec Washington, avant la fin de la trêve courant jusqu’au 12 août pour ses produits.Wall Street est aussi lestée par la dégradation de la santé du marché de l’emploi en juillet aux Etats-Unis.Selon le ministère du Travail américain, le taux de chômage a progressé à 4,2%, contre 4,1% en juin.Les créations d’emplois se sont, elles, établies à 73.000 le mois précédent, et celles du mois de mai et juin ont été fortement révisées à la baisse, à des niveaux plus vus depuis la pandémie de Covid-19.Cette dégradation “est due à l’impact de la politique commerciale et à la réticence des entreprises à embaucher en raison du ralentissement potentiel de la croissance économique”, assure Art Hogan.En conséquence, les taux obligataires ont chuté.Vers 14H00 GMT, le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans se détendait fortement à 4,25%, contre 4,37% à la clôture jeudi. Le deux ans, plus sensible à la conjoncture monétaire, reculait à 3,75%, contre 3,95%.Par ailleurs, les résultats d’entreprises continuaient d’animer Wall Street.Apple (-0,29% à 206,97 dollars) lâchait un peu de lest malgré des résultats nettement supérieurs aux attentes pour le troisième trimestre de son exercice comptable décalé, dopés par l’iPhone, malgré le coût élevé des droits de douane.Le bénéfice net s’affiche à 23,4 milliards de dollars (+9% sur un an). Rapporté par action, donnée scrutée par le marché, il atteint 1,57 dollar, contre 1,42 projeté par les analystes, selon un consensus établi par FactSet.Le géant américain du commerce en ligne Amazon (-6,79% à 218,21 dollars) souffrait lui de prévisions jugées décevantes par le marché malgré un bond de 35% de son bénéfice net au deuxième trimestre, à 18,2 milliards de dollars.Son chiffre d’affaires, de 167,7 milliards (+13%), est aussi ressorti bien supérieur aux 162 milliards escomptés par les analystes. Le réseau social Reddit (+12,60% à 180,82 dollars) profitait de résultats supérieurs aux attentes, notamment un bénéfice net par action de 45 cents, là où les analystes tablaient sur 19 cents.La plateforme américaine de design collaboratif Figma (+2,09% à 118,00 dollars) continuait, elle, sa progression pour son deuxième jour de cotation.

Les droits de douane de Trump chahutent les Bourses, des pays tentent encore de négocier

L’officialisation des nouveaux droits de douane américains a fait passer vendredi les Bourses mondiales dans le rouge, même si le report de leur application au 7 août conduit plusieurs pays à négocier jusqu’au dernier moment avec Donald Trump pour éviter des surtaxes trop importantes.En souhaitant “restructurer le commerce mondial au bénéfice des salariés américains” par des droits de douane allant de 10% à 41% à l’encontre de quelque 70 partenaires commerciaux, Washington plonge une nouvelle fois l’économie mondiale dans une grande incertitude.Si certains pays asiatiques se félicitent des accords trouvés, d’autres, du Canada à la Suisse, sont encore sous le choc de ces nouvelles barrières commerciales parfois prohibitives.Les marchés financiers ont mal réagi vendredi à cette nouvelle donne. En Europe, les grandes places reculent, avec les entreprises pharmaceutiques dans le rouge. Vers 11H40 GMT, la Bourse de Paris perdait 2,17%, Francfort cédait 1,85%, Londres 0,60% et Milan 1,86%.En Asie, si les places chinoises et japonaises étaient en faible baisse, la Bourse de Séoul a accusé un repli de 3,88%. A Wall Street, les contrats à terme des trois principaux indices laissaient présager d’une ouverture en nette baisse.Donald Trump, partisan d’un protectionnisme décomplexé, a signé jeudi soir le décret d’application en accordant un répit de quelques jours.Ces nouvelles taxes sur les importations prendront effet, pour l’essentiel des pays, le 7 août, et non ce vendredi 1er août comme attendu initialement, afin de permettre aux douanes de s’organiser pour leur collecte, assure la Maison-Blanche.Mais ce report offre une fenêtre pour d’ultimes pourparlers, veulent croire plusieurs pays. – Exemption pour des secteurs clés -L’Afrique du Sud est ainsi engagée dans des “négociations intensives”, a déclaré son président Cyril Ramaphosa, face aux 30% imposés par Washington à son pays qui menacent, selon la banque centrale, 100.000 emplois.Taïwan, avec son industrie des puces électroniques, est frappé d’une surtaxe de 20% mais “s’efforcera d’obtenir un niveau raisonnable de droits de douane”, a déclaré son président Lai Ching-te.La Suisse a elle été surprise par une surtaxe de 39% sur ses produits importés aux États-Unis, un chiffre bien supérieur à celui qui frappe l’Union européenne. Son gouvernement, malgré son “grand regret”, “aspire toujours à trouver une solution négociée”.Pour d’autres pays, pas de surprise. La surtaxe affichée dans le décret est celle obtenue après des mois de négociations avec Washington qui a cherché à obtenir d’eux le plus de concessions possibles, sans subir de représailles.L’Union européenne (UE), le Japon ou la Corée du Sud voient ainsi leurs produits taxés à hauteur de 15%, et le Royaume-Uni de 10%. L’UE a aussi obtenu une exemption pour des secteurs clés, mais d’autres surtaxes restent en place. Avant l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, les biens européens étaient taxés en moyenne à 4,8%.- Mesure politique -De nombreux secteurs s’inquiètent. En Allemagne, celui de la bière, déjà en perte de vitesse, craint pour ses exportations, qui représentent près d’un cinquième des ventes. En France, la filière viticole, qui anticipe jusqu’à un milliard d’euros de perte en chiffre d’affaires, “espère pouvoir bénéficier d’une exemption”, a déclaré Jean-Marie Fabre, l’un de ses représentants. La Chine, en négociations avec les États-Unis pour prolonger leur trêve commerciale courant jusqu’au 12 août, a dénoncé vendredi un protectionnisme qui nuit à “toutes les parties”.Le Mexique a de son côté obtenu un sursis de 90 jours avant une éventuelle augmentation de droits de douane.Ces droits de douane sont aussi un moyen de pression politique pour Donald Trump.Le Brésil, coupable aux yeux de Donald Trump de poursuivre en justice son allié d’extrême droite, l’ancien président Jair Bolsonaro, va voir ses produits entrant aux États-Unis taxé à 50%.Quant au Canada, le voisin et allié de Washington, il a appris jeudi soir que les droits de douane appliqués à ses produits allaient passer de 25% à 35% dès ce vendredi, sauf s’ils sont couverts par l’accord de libre-échange entre les trois pays d’Amérique du Nord.Donald Trump avait affirmé jeudi que l’intention affichée par Ottawa de reconnaître l’Etat de Palestine rendait “très difficile” la conclusion d’un accord commercial.Certains semblent néanmoins satisfaits des accords conclut, comme le Bangladesh, la Malaisie ou la Thaïlande, où le gouvernement parle d’une “approche gagnant-gagnant”.