AFP Business

Chambres d’agriculture: un scrutin sous les projecteurs, pour départager les syndicats

Les agriculteurs votent à partir de mercredi pour élire leurs représentants aux chambres d’agriculture, un scrutin à l’écho inédit qui déterminera le nouveau rapport de force entre des syndicats ayant tous gagné en visibilité depuis la crise de l’hiver dernier.Quelque deux millions d’électeurs – exploitants actifs ou retraités, mais aussi salariés et propriétaires fonciers – sont invités à s’exprimer du 15 au 31 janvier, sauf à Mayotte où le vote a été reporté après le cyclone Chido. Les résultats seront publiés au plus tard le 8 février.Acteurs clé, les chambres d’agriculture ont pour rôle d'”améliorer la performance économique, sociale et environnementale” des exploitations, selon le Code rural.Ces établissements publics conseillent et offrent des prestations aux exploitants (pour l’installation, la gestion de leur exploitation, la conformité avec la PAC, etc.), tout en représentant les intérêts agricoles auprès des pouvoirs publics.Tout l’enjeu du scrutin sera de voir si l’hégémonie de l’alliance FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA), aujourd’hui à la tête de 97 chambres sur 101, mais contestée sur le terrain par la Coordination rurale (CR) et la Confédération paysanne, est ébranlée.Face au duo historique, la CR (deuxième syndicat avec trois chambres) espère en ravir entre 15 et 20, et la Confédération paysanne (qui dirige aujourd’hui celle de Mayotte), une dizaine.Revendiquant une hausse importante des adhésions, les deux challengers dénoncent une forme de cogestion installée entre le gouvernement et la FNSEA, l’ex-syndicat unique créé après-Guerre.Ils déplorent d’ailleurs un mode de scrutin favorable à l’alliance FNSEA-JA car attribuant à la liste arrivée en tête la moitié des sièges, le reste étant ensuite réparti à la proportionnelle. La Confédération paysanne, qui réclame plus de proportionnelle, s’est vu opposer lundi une fin de non-recevoir par François Bayrou, auprès duquel elle espérait pourtant trouver une oreille attentive au vu de son attachement à ce mode de scrutin au niveau politique.- “Appel au chaos” -Reconnaissant un contexte “pas facile”, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a déclaré mercredi lors de ses voeux à la presse vouloir “enrayer” la baisse de participation et espérer plus de 50%.Lors du précédent scrutin, en 2019, moins d’un agriculteur sur deux avait participé.”Notre objectif est de reprendre (les chambres) qui avaient été perdues ou celles qu’on n’a pas, tout en étant quand même clairvoyant”, a renchéri Pierrick Horel, président des JA, défendant un “projet plus structurant” selon lui que “l’appel au chaos” de la Coordination rurale.La présidente de la CR, Véronique Le Floc’h, a elle indiqué depuis la Loire-Atlantique qu’elle poursuivrait son “tour de France pour aller à la rencontre de tous les agriculteurs jusqu’à fin janvier”, prônant l’allègement des charges et des normes.”Je dis aux agriculteurs +n’ayez pas peur+. Soit vous restez couchés, soit vous changez de chambre. Mais dans tous les cas la Coordination rurale est prête. N’ayez pas peur, c’est ce que disait aussi Jean-Paul II”, a-t-elle déclaré lors d’une conférence.La Confédération paysanne, qui défend notamment l’agroécologie, dénonce pour sa part les “demandes populistes de la FNSEA et de la Coordination rurale” sur les normes et contrôles, déplorant l’absence de “mesures concrètes pour garantir” le revenu des agriculteurs de la part du gouvernement.Le monde agricole, confronté à une crise existentielle renforcée en 2024 par de graves aléas climatiques et sanitaires, s’était fortement mobilisé l’hiver dernier, obtenant de nombreuses promesses fiscales, financières ou sur les normes, de la part du gouvernement Attal.Leur mise en oeuvre a été en grande partie suspendue en raison de l’instabilité politique et les syndicats ont relancé leurs actions à l’automne, bien qu’en ordre dispersé.François Bayrou, qui avait déjà promis lundi en recevant les quatre principaux syndicats de tenir les engagements pris par ses prédécesseurs en 2024, a mené mardi dans son discours de politique générale une charge contre les contrôles et les normes environnementales auxquels les agriculteurs sont soumis, déclenchant une polémique autour des contrôles de l’Office français de la biodiversité (OFB).FNSEA et JA ont donné au gouvernement jusqu’au salon de l’Agriculture, organisé à partir du 22 février, pour engager des réformes pour alléger ces normes et contrôles, et concrétiser les engagements budgétaires et législatifs.

Assurance: pas question d’individualiser les risques avec l’IA (professionnels)

Le gouverneur de la Banque de France et la directrice générale de CNP Assurances ont plaidé mercredi contre une individualisation des risques climatiques “maison par maison” via l’intelligence artificielle, estimant elle casserait la mutualisation des primes, clé du système d’assurance français.Interrogé devant une Commission du Sénat sur le risque de retrait des assureurs dans les zones à risques, comme Mayotte, M. Villeroy de Galhau a plaidé pour que “les assureurs restent dans le jeu”, et surtout, sans “recul de la mutualisation”. “Évidemment l’analyse de données, l’intelligence artificielle permettent presque d’avoir l’individualisation des risques mais l’individuation totale des risques, c’est le contraire de l’assurance”, a-t-il estimé.Même avertissement chez Marie-Aude Thépaut, qui en évoquant le retrait des assureurs en Californie a souligné que les assureurs devaient rester “diversifiés entre zones” et qu’il était impossible que “chacun paie pour son risque”.”Le système français fait qu’aujourd’hui en France il n’y a pas de zones qui ne sont pas assurables. Par contre si on casse le côté mutualisation et qu’à la fin chacun paye pour son risque, le problème est qu’on va demander une prime d’assurance proche du prix du bien à assurer et qu’il y a des gens qui ne seront plus en capacité de s’assurer”, a-t-elle détaillé devant l’Association nationale des journalistes de l’assurance (Anja).”Aujourd’hui c’est simple: on prend la carte de France, on couple avec les sinistres, et on regarde non pas ville par ville mais rue par rue. Et avec l’intelligence artificielle, c’est maison par maison, pour voir où les occurrences de risques sont les plus élevées”, a-t-elle prévenu.”La mutualisation du risque permet à quasi toute la population d’être assurée. Mais en France dans certaines régions comme dans le Nord ça devient compliqué, avec des personnes qui sont inondées trois fois de suite, c’est comme les sinistres auto, on sent qu’on est sur la tangente sur ces sujets”, a-t-elle conclu.”Le sujet des évènements naturels est loin d’être terminé”, a renchéri Florence Lustman, présidente de France Assureurs, en présentant ses voeux mercredi.”Les assureurs sont juste un thermomètre: avec nos tarifs et nos contrats, on prend la température des risques, et la température monte”, a-t-elle souligné, rappelant que “2024 ressort comme l’année la plus sinistrée au niveau mondial” du point de vue climatique. 

Wall Street ouvre en forte hausse, enthousiaste après un nouvel indice d’inflation

La Bourse de New York a ouvert en forte hausse mercredi, accueillant favorablement un indice des prix à la consommation aux Etats-Unis, qui a également allégé la pression sur le marché obligataire.Vers 15H00 GMT, le Dow Jones prenait 1,67%, l’indice Nasdaq gagnait 2,04% et l’indice élargi S&P 500 s’octroyait 1,69%.L’inflation a de nouveau accéléré en décembre aux Etats-Unis, pour le troisième mois d’affilée, à 2,9% sur un an, selon l’indice CPI publié mercredi par le département du Travail, et sur lequel sont indexées les retraites.En revanche, c’est l’inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l’alimentation et de l’énergie, qui a marqué les esprits des investisseurs mercredi, en montrant des signes de décélération.Elle s’est établi à 0,2% sur un mois (contre 0,3% le mois dernier) et 3,2% sur un an (contre 3,3%), en deça des attentes des analystes.La place américaine avait déjà bien accueilli mardi la publication de l’indice des prix à la production aux États-Unis (PPI), qui mesure l’inflation côté producteurs et qui s’était montré meilleur qu’attendu par le marché.”Après un PPI plus modéré que prévu”, la place américaine a eu “la confirmation de cette tendance avec le CPI”, qui s’est montré “légèrement meilleur qu’attendu” au niveau sous-jacent, a commenté auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.”Cela suscite de l’optimisme sur les marchés”, a ajouté l’analyste.”La baisse de l’inflation sous-jacente devrait atténuer la pression sur les marchés boursiers et obligataires qui ont tous deux connu un mauvais début d’année en raison des craintes liées à la hausse des prix”, a observé dans une note Chris Zaccarelli, de Northlight Asset Management.Les investisseurs s’inquiètent en effet depuis plusieurs jours de la possibilité d’un rebond de l’inflation dans la première économie mondiale, ce qui pousserait la Banque centrale américaine (Fed) à donner un coup de frein à sa politique d’assouplissement monétaire.Dans ce contexte et suite à la publication de l’indice CPI, le rendement des emprunts d’Etat américain à dix ans s’est très nettement détendu, s’établissant vers 14H50 GMT à 4,65% contre à 4,79% la veille en clôture. Sur l’échéance deux ans, il s’établissait à 4,26% contre 4,36%. Wall Street attend désormais l’indice PCE, privilégié par la Fed, qui sera lui publié à la fin du mois. Cet indicateur a récemment progressé (à +2,4% en novembre). L’objectif de la Fed est de le ramener à 2%. Côté entreprises, Wall Street a été satisfaite par la publication d’une première salve de résultats trimestriels du secteur financier.Le “marché attendait beaucoup des banques”, et celles qui ont publié leur résultats aujourd’hui n’ont “pas déçu”, selon M. Hogan. La banque JPMorgan Chase prenait 1,62% après avoir publié mercredi des résultats pour le quatrième trimestre répondant aux attentes, grâce à toutes ses branches, mais la banque d’investissement a été marquée par de bonnes performances.Citigroup était aussi recherchée (+6,62%) après avoir de nouveau fait mieux que prévu, bénéficiant des effets de sa restructuration lancée en 2023. Goldman Sachs (,+583%) a aussi dépassé les attentes, se félicitant de “résultats solides” dans l’ensemble de ses activités.Wells Fargo évoluait dans le vert (+5,63%) après avoir fait un peu mieux qu’attendu au quatrième trimestre, marqué par une stagnation du chiffre d’affaires et par un bond de son bénéfice net tandis qu’elle continuait de réorganiser ses activités.Le groupe américain BlackRock, premier gestionnaire d’actifs au monde, progressait (+3,51%) grâce à de bons résultats, l’année du groupe ayant été marquée par un chiffre d’affaires qui a franchi pour la première fois les 20 milliards de dollars.Les résultats de Morgan Stanley et Bank of America sont attendus jeudi avant l’ouverture de Wall Street. 

Commission d’enquête sur le dérapage budgétaire: Alexis Kohler sera convoqué à l’Assemblée

Le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, sera convoqué pour être auditionné à l’Assemblée dans le cadre de la commission d’enquête sur le dérapage des finances publiques, dont les auditions devraient s’achever “d’ici mi-février”.A l’issue d’un vote à huis clos en commission des finances, 37 députés ont voté pour cette audition et 18 contre (issus de LR, et des trois groupes macronistes), selon ces sources. Présidée par Eric Coquerel (LFI), la commission des finances a obtenu pour six mois les pouvoirs d’une commission d’enquête (convocations avec obligation pour la personne de l’honorer, pouvoirs d’investigation, auditions sous serment, etc…), et lancé ses travaux début décembre pour enquêter sur “les causes” de “la variation” et des “écarts des prévisions fiscales et budgétaires” constatés sur les années 2023 et 2024.Ces erreurs prévisionnelles avaient eu pour conséquence une mauvaise anticipation du dérapage du déficit public, plus important qu’escompté à 6,1% du PIB attendu en 2024, un chiffre très éloigné des 4,4% prévus à l’automne 2023, et des 5,1% prévus au printemps après réévaluation.Plusieurs auditions doivent se tenir dans les prochaines semaines, notamment celle de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal, de représentants de la Banque de France, de la Cour des comptes, et d’économistes, a précisé Eric Coquerel lors d’une conférence de presse mercredi, ajoutant espérer que les auditions s’achèvent “mi-février”Mais la convocation d’Alexis Kohler “est contraire à l’indépendance des pouvoirs et à l’article 67 de la Constitution”, a réagi le député Renaissance Mathieu Lefèvre après le vote, dénonçant un “détournement de procédure”. Il a regretté qu’il n’y ait “pas eu de débat”, accusant le président de la commission des finances d’avoir voulu l'”étouffer”.L’article 67 de la Constitution “concerne la responsabilité du chef de l’Etat et n’inclut pas ses collaborateurs”, a répondu Eric Coquerel, joint par l’AFP, ajoutant que des collaborateurs du chef de l’Etat avaient déjà répondu à des convocations analogues.Lors des auditions, des personnes ont évoqué “des réunions organisées à l’Elysée, et dans ce contexte c’est normal de pouvoir interroger les collaborateurs” du président de la République, a-t-il poursuivi.Une position partagée par le groupe Rassemblement national (RN), qui a jugé dans un communiqué “indispensable d’auditionner un responsable de l’Elysée”, et accusé les députés macronistes qui s’y opposent de chercher “à saboter les travaux de cette commission”.L’irresponsabilité constitutionnelle du chef de l’Etat “s’attache au président de la République mais pas aux actes pris par ses collaborateurs, même dans l’exercice de compétences qui relèvent de l’arbitrage présidentiel”, estime Mathieu Carpentier, professeur de droit public à l’université Toulouse-Capitole, joint par l’AFP. Il rappelle notamment qu’Alexis Kohler avait déjà été entendu par une commission d’enquête parlementaire, au Sénat en juillet 2018, dans l’affaire Alexandre Benalla. – “Hypocrisie” -Après les premières auditions, “il y a bien des moments où les ministres ont eu des chiffres de leur administration qui ne correspondaient pas aux chiffres qu’au même moment ils annonçaient”, a indiqué Eric Coquerel mercredi, ajoutant: “on a l’impression que les gens ne nous disent pas tout”.La commission a multiplié les auditions, parfois techniques, de responsables d’administrations (Direction générale du Trésor, Direction du Budget, Direction générale des Finances publiques, Direction de la Sécurité sociale et Direction générale des collectivités locales), ainsi que de personnalités politiques, avec à la clé quelques passe d’armes.Le 12 décembre 2024, Bruno Le Maire, qui a piloté Bercy pendant sept ans de 2017 à l’été 2024, avait lancé une charge virulente contre les députés, les accusant “d’hypocrisie” et dénonçant une assemblée qui “taxe, dépense, censure”, suscitant la consternation de nombreux députés présents dans la salle.Quelques jours plus tard, Thomas Cazenave, ministre chargé des Comptes publics entre juillet 2023 et septembre 2024, avait mis le dérapage du déficit pour 2024 sur le compte d’estimations de recettes erronées de la part des modèles de calcul de Bercy, et d’une hausse plus forte qu’attendu des dépenses des collectivités locales. “C’est la politique économique et ses résultats largement vantés qui ont aveuglé au fur et à mesure les prises de décisions”, a estimé pour sa part Eric Coquerel mercredi. 

Royaume-Uni: légère baisse de l’inflation en décembre, bol d’air pour le gouvernement

L’inflation a légèrement reculé en décembre au Royaume-Uni, après deux mois consécutifs de hausse, un repli qui offre une bouffée d’air au gouvernement travailliste, sous pression ces derniers jours face aux difficultés économiques du pays.Les prix ont augmenté en décembre de 2,5% sur un an, selon les données mercredi de l’Office national des statistiques (ONS), un chiffre qui reste encore bien supérieur à l’objectif de 2% de la Banque d’Angleterre.Mais il a positivement surpris les investisseurs et pourrait annoncer une nouvelle dynamique: après un plus bas en trois ans en septembre, à 1,7%, l’inflation britannique était repartie à la hausse en octobre, à 2,3%, puis avait encore progressé en novembre, à 2,6% en glissement annuel.Cette baisse est “une bonne nouvelle”, a commenté sur Sky News le secrétaire en chef du Trésor britannique, Darren Jones. “Cela montre que le plan du Premier ministre (Keir Starmer) fonctionne (…) Mais il reste encore beaucoup à faire.””Je me battrai tous les jours pour assurer (la) croissance et améliorer le niveau de vie”, a réagi dans un communiqué la ministre des Finances, Rachel Reeves, en mal d’indicateurs économiques positifs depuis le retour au pouvoir des travaillistes en juillet.- Trump aux manettes -Le recul de décembre s’explique par le fait que les prix des hôtels et du tabac ont augmenté moins vite qu’il y a un an, malgré une hausse des carburants et des voitures d’occasion, selon Grant Fitzner, économiste à l’ONS.Les Britanniques ont subi de plein fouet une hausse des prix très élevée ces dernières années, qui a culminé à 11,1% en octobre 2022, poussant la Banque d’Angleterre (BoE) à relever son taux directeur dès la fin de l’année 2021.Constatant le ralentissement de l’inflation ces derniers mois, la banque centrale britannique a fini par concéder deux baisses de son taux directeur en 2024 et “l’optimisme grandit quant à la possibilité de (le) réduire plus que prévu en 2025”, relève Danni Hewson, analyste chez AJ Bell.Les analystes tablent majoritairement mercredi sur une nouvelle réduction dès la réunion du 6 février, qui ramènerait le taux directeur à 4,5%.La BoE a annoncé en décembre sa volonté de rester prudente en 2025, s’inquiétant du retour aux manettes de Donald Trump aux Etats-Unis, mais aussi du budget présenté en octobre par Mme Reeves, fait de fortes hausses d’impôts, notamment des cotisations patronales, et d’emprunts exceptionnels pour investir.- “Vandales économiques” -Ce premier budget depuis l’élection du parti travailliste peine à convaincre les entreprises, qui ont encore alerté mercredi sur ses conséquences en matière d’inflation.”Le marché s’accorde à penser que les entreprises n’auront d’autre choix que de répercuter au moins en partie cette augmentation des coûts sur les consommateurs”, abonde Matthew Ryan, analyste chez Ebury.La pression est forte sur le gouvernement, confronté à une croissance atone, mais aussi ces derniers jours à un affaiblissement de la livre combiné à la forte hausse des taux d’emprunt obligataires –qui se détendent mercredi.Les travaillistes continuent de blâmer la situation héritée des conservateurs, aujourd’hui dans l’opposition, le Premier ministre Keir Starmer les qualifiant mercredi de “vandales économiques”.Il a aussi promis aux députés que Rachel Reeves resterait Chancelière de l’Echiquier –son titre officiel– pour encore “de nombreuses années”, en réponse aux appels au départ lancés par les Tories, le chef du gouvernement estimant que le coût de la dette britannique s’expliquait par la “volatilité” des marchés mondiaux.Selon Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank, la ministre n’a cependant “pas encore convaincu les investisseurs mondiaux” à ce sujet.”La réticence du marché à financer ses plans de dépenses pèse sur les perspectives de croissance britannique et sur la livre”, ajoute-t-elle.En d’autres termes, selon Danni Hewson, “la Chancelière a peut-être poussé un soupir de soulagement ce matin, mais elle n’est pas encore tirée d’affaire”.

L’Espagne a accueilli un nombre record de touristes étrangers en 2024

Deuxième destination mondiale derrière la France, l’Espagne a reçu 94 millions de visiteurs l’an dernier, un niveau historique salué par les autorités mais qui fait craindre la congestion, alors que l’exécutif s’est engagé à lutter davantage contre les effets du surtourisme.Selon les premières estimations disponibles, l’Espagne a accueilli “environ 94 millions de visiteurs internationaux durant l’année 2024”, soit 10% de plus que les 85,1 millions reçus en 2023, année du précédent record, a annoncé mercredi le ministre du Tourisme Jordi Hereu.Le pays “continue donc de battre des records en matière d’accueil” de touristes et confirme son rôle “de premier plan” dans ce secteur très concurrentiel, s’est-il félicité, en insistant lors d’une conférence de presse sur les retombées économiques générées par cet afflux de visiteurs. L’Espagne – deuxième destination touristique derrière la France, qui a reçu 98 millions de visiteurs en 2023, selon l’agence publique Atout France – a ainsi engrangé 126 milliards d’euros de recettes, contre 108 milliards il y a un an, d’après  l’estimation rendue publique par le ministère.Dans son dernier rapport, publié début décembre, l’association de professionnels Mesa del Turismo avait parié sur l’accueil de 95 millions de visiteurs en 2024, pour un niveau de dépense de 200 milliards d’euros en intégrant celle des touristes nationaux.L’organisation professionnelle avait attribué cette dynamique à une hausse des arrivées depuis le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, principaux pays d’origine des touristes en Espagne, et à la “désaisonnalisation” du tourisme, avec une fréquentation en hausse hors des périodes de vacances.”Notre pays évolue vers un modèle touristique plus qualitatif et plus diversifié, à la fois en termes de saison, de produits et de destinations”, a souligné mercredi dans un communiqué le ministère, qui a fait une priorité de la montée en gamme de la filière, encore très dépendante du tourisme balnéaire.- “Trop de Airbnb” -Cette fréquentation record est une bonne nouvelle pour l’économie espagnole, qui devrait enregistrer une croissance de 3,1% en 2024 selon la Banque d’Espagne – soit un niveau nettement supérieur à celui de la zone euro, où la croissance devrait plafonner à 0,8%, d’après la Banque centrale européenne.Mais elle suscite de fortes crispations au sein de la population, notamment dans les destinations prisées des visiteurs comme Barcelone, Malaga, les îles Baléares ou l’archipel des Canaries, où les manifestations contre le surtourisme se sont multipliées ces derniers mois.Les habitants dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, mais aussi et surtout la flambée des loyers, de nombreux propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, nettement plus rentable.Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l’image de la mairie de Barcelone, qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.En Espagne, aujourd’hui, “il y a trop de Airbnb et pas assez de logements” pour les habitants, a reconnu lundi le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, en annonçant un plan pour juguler la crise du logement, centré en partie sur les locations touristiques.”Le devoir des administrations publiques est de donner la priorité à l’usage résidentiel et d’éviter que l’usage touristique et spéculatif continue de s’étendre de façon absolument incontrôlée, aux dépens de la population locale”, a-t-il insisté en présentant ces mesures, dont certaines devront être approuvées par le Parlement.Le chef du gouvernement a ainsi annoncé vouloir augmenter la fiscalité sur les locations de vacances, qui seront imposées comme des activités commerciales, et instaurer une taxe pouvant aller “jusqu’à 100%” sur l’achat de biens immobiliers par des personnes non-résidentes et non ressortissantes de l’UE.Cette dernière mesure, qualifiée de “sans précédent” pour l’Espagne, pourrait concerner jusqu’à 27.000 transactions par an, selon M. Sánchez, qui n’a pas donné plus de détail sur sur la date de son éventuelle approbation et donc de son entrée en vigueur.

Supermarchés: les produits alimentaires les moins chers sont souvent plus sucrés, selon Foodwatch

L’organisation de défense des consommateurs Foodwatch a analysé la teneur en sucre de 12 catégories de produits vendus en supermarchés, selon leur gamme de prix. Résultat: les moins chères sont plus sucrées, dénonce-t-elle dans une étude publiée mercredi.Exemple: les 5 conserves de petits pois les moins chères retenues par Foodwatch contiennent en moyenne 3,88 g de sucres pour 100 g de produit, contre 2,72 g pour les 5 gammes de conserves de petits pois les plus chères.Pire, les 5 déclinaisons de mayonnaise les moins chères analysées par Foodwatch contiennent en moyenne 3,44 g de sucres pour 100 g de produit contre 0,67 g pour les 5 mayonnaises les plus chères, soit plus de 4 fois plus.Même constat pour le guacamole et les pizzas – surgelées ou non -, dont la teneur moyenne en sucre est au moins deux fois plus élevée pour les 5 produits les moins chers que pour les 5 produits les plus chers analysés par Foodwatch.L’ONG a répété ces observations pour d’autres produits, comme les cordons bleus, le pesto ou les biscottes, et a obtenu un résultat similaire. Au total, plus de 400 produits ont été analysés.”Si votre budget est serré, vous ne pourrez pas faire le meilleur choix pour votre santé”, s’est alarmé Audrey Morice, chargée de campagnes chez Foodwatch, citée dans un communiqué.Foodwatch a attesté auprès de l’AFP avoir sélectionné ces 12 catégories de produit car ils étaient “facilement comparables” et “que les consommateurs ne s’attendaient pas à y trouver du sucre”, et n’a pas mis de côté des catégories de produit dont les résultats n’auraient pas été en phase avec leur conclusion générale.Dans la plupart des cas, les gammes les moins chères retenues par Foodwatch, avec le plus de sucre, sont celles des marques des distributeurs.”Les distributeurs portent la responsabilité de cette offre biaisée et discriminante”, a regretté Audrey Morice.L’ONG a initié une pétition pour demander aux “5 principaux distributeurs” français (Auchan, Carrefour, Coopérative U, E. Leclerc et Intermarché) de revoir la recette des produits de leurs propres marques. Elle avait reçu près de 6.000 signatures mercredi en début d’après-midi.Pour Carrefour, “les produits de marque distributeur ne sont pas forcément plus sucrés”, a contesté le géant de la distribution auprès de l’AFP. “Tout dépend des recettes.”D’ici 2026, “nous nous sommes donnés pour objectif de retirer 2.600 tonnes de sucre (…) dans tous les produits à marque Carrefour”, a ajouté l’enseigne, qui précise avoir enlevé, “à date, 261 tonnes de sucre.”Contactés, Auchan, Coopérative U, E. Leclerc et le groupement Les Mousquetaires (Intermarché) n’ont pas répondu dans l’immédiat.Foodwatch a indiqué à l’AFP rencontrer prochainement la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, sur proposition de cette dernière, pour “avancer sur ce dossier”.

Commission d’enquête sur le dérapage budgétaire: Alexis Kohler sera convoqué à l’Assemblée

Le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, sera convoqué pour être auditionné à l’Assemblée dans le cadre de la commission d’enquête sur le dérapage des finances publiques, ont annoncé des sources parlementaires à l’AFP mercredi.A l’issue d’un vote à huis clos en commission des finances, 37 députés ont voté pour cette audition et 18 contre (issus de LR, et des trois groupes macronistes), selon ces sources. Présidée par Eric Coquerel (LFI), la commission des finances avait obtenu pour six mois les pouvoirs d’une commission d’enquête (convocations avec obligation pour la personne de l’honorer, pouvoirs d’investigation, auditions sous serment, etc…), et lancé ses travaux début décembre pour enquêter sur “les causes” de “la variation” et des “écarts des prévisions fiscales et budgétaires” constatés sur les années 2023 et 2024.”On dénonce un détournement de procédure” qui “est contraire à l’indépendance des pouvoirs et à l’article 67 de la Constitution”, a réagi auprès de l’AFP après le vote le député Renaissance Mathieu Lefèvre. Le co-rapporteur de cette commission d’enquête a également regretté qu’il n’y ait “pas eu de débat” et accusé le président de la commission des finances d’avoir cherché à “l’étouffer”.L’article 67 de la Constitution “concerne la responsabilité du chef de l’Etat et n’inclue pas ses collaborateurs”, a répondu Eric Coquerel, joint par l’AFP. Il a également affirmé que des “jurisprudences” existaient, notamment dans “les affaires Benalla et Cahuzac”, où des collaborateurs du chef de l’Etat avaient été interrogés.Plusieurs personnes questionnées pendant cette commission d’enquête ont évoqué “des réunions qui ont été organisées à l’Elysée, et dans ce contexte c’est normal de pouvoir interroger les collaborateurs” du président de la République, a-t-il poursuivi.Une position partagée par le groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale qui a jugé dans un communiqué “indispensable d’auditionner un responsable de l’Elysée dans le cadre de cette commission d’enquête”, et accusé les députés macronistes qui s’y sont opposés de chercher “à saboter les travaux de cette commission”.Des personnalités politiques et de la haute administration ont été entendues ces dernières semaines dans l’objectif de faire la lumière sur des erreurs de prévisions sur le déficit public, finalement attendu à 6,1% du PIB (produit intérieur brut) en 2024, un chiffre très éloigné des 4,4% prévu à l’automne 2023 et des 5,1% anticipés au printemps, après réévaluation sous le gouvernement de Gabriel Attal. Le 12 décembre 2024, Bruno Le Maire, qui a piloté Bercy pendant sept ans de 2017 à l’été 2024, avait lancé une charge virulente contre les députés, les accusant à trois reprises “d’hypocrisie” dans son propos liminaire, suscitant la consternation de nombreux députés présents dans la salle.Quelques jours plus tard, Thomas Cazenave, ministre chargé des Comptes publics entre juillet 2023 et septembre 2024, avait mis le dérapage du déficit pour 2024 sur le compte d’estimations de recettes erronées de la part des modèles de calcul de Bercy, et d’une hausse plus forte qu’attendu des dépenses des collectivités locales. Le président LFI de la Commission des Finances, Éric Coquerel, avait considéré pour sa part que ces écarts tenaient surtout à “une surestimation des résultats des politiques menées depuis 2017”.

Livret A: la Banque de France propose de baisser le taux à 2,4%

Une baisse du taux du Livret A se profile, pour la première fois depuis 2020: le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a proposé mercredi au ministre de l’Economie de diminuer ce taux à partir du 1er février, pour passer de 3% actuellement à 2,4%.”Je propose ce (mercredi) matin même au ministre des Finances un taux du livret A ramené de 3% à 2,4% à compter du 1er février, ce qui est un taux encore nettement supérieur à l’inflation”, a déclaré M. Villeroy de Galhau lors d’une audition à la commission des Finances du Sénat.Il appartient désormais au nouveau ministre de l’Economie, Eric Lombard, d’avaliser cette baisse.Logique puisqu’elle reflète le recul de l’inflation des derniers mois, cette diminution serait une première depuis début 2020, lorsque le taux était passé de 0,75% à 0,50%, avant de remonter progressivement ensuite.Et il faut remonter à 2009 pour retrouver une baisse d’ampleur plus importante, supérieure à 0,6 point de pourcentage.Boussole du marché de l’épargne, le taux du Livret A, aussi valable pour le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), est théoriquement révisé deux fois par an.- Consommer plutôt qu’épargner -La baisse du taux du Livret A est une mauvaise nouvelle pour les 57 millions de détenteurs d’un “petit livret rouge”.Elle offre cependant un bol d’air aux acteurs qui le rémunèrent: les établissements bancaires et la Caisse des dépôts (CDC), qu’Éric Lombard dirigeait jusqu’à sa nomination en tant que ministre fin décembre.Les sommes déposées sur les Livrets A et les LDDS sont pour 59,5% gérées par la CDC et destinées essentiellement au financement du logement social.Cette baisse du taux sera aussi vue d’un bon Å“il par les assureurs, qui proposent un produit d’épargne concurrent, l’assurance vie.Elle encourage également les Français à consommer plutôt qu’épargner. Le gouverneur a ainsi déploré un “taux d’épargne des ménages (…) élevé” devant les sénateurs. Les Livrets A et les LDDS se sont garnis de 17,5 milliards d’euros supplémentaires entre janvier et novembre 2024, pour atteindre un encours de 582,3 milliards d’euros, selon les dernières données de la CDC.- Coup de pouce pour le LEP -Si le gouverneur de la Banque de France a strictement appliqué la formule de calcul pour le taux du Livret A, il a souhaité y déroger pour le taux du Livret d’épargne populaire (LEP), qui passerait à 3,5%, contre 4% actuellement, au lieu des 2,9% théoriquement prévus.”Sur le Livret d’épargne populaire, qui est le produit le plus protecteur de l’épargne des plus modestes, je préconise que son taux soit fixé à 3,5%, soit très significativement au-dessus de la formule mécanique”, a déclaré M. Villeroy de Galhau devant les sénateurs.”Il est essentiel de poursuivre cet élan en faveur de l’épargne populaire”, insiste la Banque de France dans son communiqué. Le nombre de détenteurs de ce livret, accessible sous conditions de revenus, a tendance à plafonner: il s’élevait à 11,8 millions fin 2024, encore loin des 19 millions éligibles. “Les banques peuvent et doivent faire encore mieux” pour commercialiser ce produit, a souligné le gouverneur.Ne peuvent détenir un LEP que les personnes déclarant jusqu’à 22.419 euros de revenu fiscal pour une personne seule, ou 34.393 euros pour un couple (deux parts).D’eux-mêmes, les établissements bancaires ne participent que timidement à l’essor du LEP. Le produit n’est pas en tête de gondole des agences ou des sites internet des établissements bancaires.La page dédiée à l’épargne sur le site de la Banque populaire ne le propose pas. C’est le cas également pour celle de la Caisse d’épargne.Le LCL ne l’expose pas sur la page d’accueil de son site internet, et, plutôt que son taux avantageux, préfère mettre en avant sur sa page épargne les conditions de revenus nécessaire et le plafond d’épargne limité.

Deuxième année de récession d’affilée pour l’Allemagne en 2024

L’économie allemande s’est de nouveau contractée en 2024, une deuxième année de récession d’affilée liée à la crise persistante du modèle industriel et exportateur, dans une période d’incertitude politique marquée par des élections législatives en février.La première économie européenne a enregistré une chute de 0,2% de son produit intérieur brut (PIB) en 2024, selon une première estimation mercredi de l’institut Destatis. En 2023, le PIB s’était déjà contracté de 0,3%, plombé par la hausse des coûts de l’énergie consécutive à la guerre russe en Ukraine.Au dernier trimestre 2024, le PIB a baissé de 0,1% par rapport au trimestre précédent, selon une estimation préliminaire de l’institut.Le repli de 2024 est aligné avec les estimations du gouvernement et de la banque centrale allemand (Bundesbank), alors que le Fonds Monétaire International (FMI) tablait, plus optimiste, sur une stagnation.Pilier de la réussite économique du pays, “les exportations allemandes ont baissé malgré l’augmentation globale du commerce mondial en 2024”, a constaté Ruth Brand, la présidente de l’institut Destatis, lors d’une conférence de presse.La crise économique s’illustre avant tout dans les difficultés de l’industrie manufacturière, dont “la compétitivité internationale est “mise sous pression”.Notamment dans l’automobile, les grands groupes du pays perdent du terrain face à leurs concurrents chinois, plombés par des coûts de l’énergie toujours élevés depuis le début de la guerre russe en Ukraine en 2022.Par ailleurs, “les ménages se sont abstenus d’acheter malgré la hausse de leurs revenus à cause de l’incertitude sur l’évolution de la situation économique”.Malgré le recul de l’activité, le déficit public allemand s’est maintenu à 2,6% du PIB en 2024, toujours en dessous de la moyenne de l’UE estimée à 3,1%.Les économistes ne tablent pas sur un rebond rapide : “tout porte à croire que 2025 sera la troisième année consécutive de récession”, a commenté mercredi Jens-Oliver Niklasch, de la banque LBBW, accentuant la pression sur le gouvernement qui sera formé à l’issue des élections législatives du 23 février.