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Rudoyée par Trump, l’UE se tourne vers d’autres partenaires

Des sommets aux quatre coins du globe, des négociations commerciales lancées tous azimuts: rudoyée par les Etats-Unis de Donald Trump, l’Union européenne est embarquée dans une opération séduction pour diversifier ses alliances.Menacée à trois reprises par des droits de douane du président américain au cours des derniers mois, le bloc européen tente par tous les moyens de nouer de nouveaux partenariats, ou donner un second souffle à ceux existants.L’Europe n’a évidemment pas décidé de tourner le dos à son principal partenaire commercial, avec qui elle échange annuellement 1.600 milliards d’euros de biens et services.Tout au long de la semaine, Bruxelles a plaidé pour des négociations “constructives” avec Washington. Quand les Etats-Unis ont annoncé repousser de 90 jours l’application de certains droits de douane, l’Europe a dans la foulée suspendu ses mesures de riposte.Mais face à un allié américain imprévisible, très tenté par le protectionnisme, le Vieux continent sait qu’il n’a d’autre choix que de proposer son immense marché intérieur de 450 millions de consommateurs à d’autres. Et trouver de nouveaux débouchés pour ses produits.- Rendez-vous à Samarcande -Le calendrier sur lequel Bruxelles avance suit une logique précise.La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a commencé par signer un accord de libre-échange avec le bloc sud-américain du Mercosur, un mois tout juste après l’élection de Donald Trump, en dépit des vives protestations de la France.Elle a annoncé renforcer le partenariat commercial de l’UE avec le Mexique quelques jours seulement avant que Donald Trump ne prête serment, en janvier. Et relancé des négociations longtemps enterrées avec la Malaisie le jour même de l’investiture du milliardaire républicain.Accompagnée de son équipe de commissaires et du président du Conseil Antonio Costa, la cheffe de l’exécutif européen s’est depuis rendue à des sommets en Inde, en Afrique du sud et en Asie centrale. Quitte à reléguer au second plan certaines préoccupations sur le traitement des droits humains par certains de ces pays, exprimées par le passé.La première réaction d’Ursula von der Leyen aux droits de douane de Donald Trump du 2 avril est d’ailleurs venue de… Samarcande, en Ouzbékistan, où elle était venue plaider pour l’accélération des flux commerciaux entre l’Union européenne et l’Asie.”L’Europe poursuit la diversification de ses partenariats commerciaux”, a encore assuré la présidente de la Commission européenne jeudi, tendant la main à tous ceux qui croient aux principes “de liberté et d’ouverture” des marchés.- La tentation chinoise -L’UE a elle aussi reçu des mains tendues. Et notamment celle de Pékin, ciblé par des taxes de 145% sur ses exportations vers les Etats-Unis. Le président chinois Xi Jinping a invité vendredi Bruxelles à mutualiser leurs forces pour “résister” ensemble à la “coercition” de Washington. Dans la foulée, l’Union européenne a confirmé la tenue d’un sommet entre les dirigeants chinois et ceux des institutions européennes courant juillet, en Chine.Un rapprochement avec Pékin n’est toutefois pas sans risques. Certains dirigeants européens craignent que la Chine n’inonde le continent des produits qu’elle ne pourrait plus envoyer vers les Etats-Unis, quitte à brader ses prix. Avec le risque que l’industrie européenne, dont de nombreux secteurs sont déjà mis à mal par la concurrence chinoise, soit encore plus menacée.”L’UE peut diversifier et étendre ses relations commerciales ailleurs dans le monde, mais elle ne trouvera pas de marché où la demande et le pouvoir d’achat sont aussi importants qu’aux Etats-Unis”, résume Varg Folkman du European Policy Centre. D’autant que la conclusion d’accords convenables aux 27 pays membres de l’UE comme le tracé de nouvelles routes commerciales “prendront du temps”, prédit l’analyste auprès de l’AFP. “Cela ne se fera pas en un claquement de doigts”.

Les Bourses européennes terminent une semaine mouvementée en petite baisse

Les principales places boursières européennes ont terminé majoritairement en petite baisse vendredi, au terme d’une semaine de montagnes russes, à mesure que les Etats-Unis et la Chine s’enfoncent dans la guerre commerciale.La Bourse de Paris a terminé en baisse de 0,30%, Francfort de 0,92%, Milan de 0,73%. Seule Londres termine en terrain positif (+0,64).

Selon l’ONU, la guerre commerciale est le moment de se réinventer pour les pays pauvres

Les pays en développement vont devoir se réinventer face aux turbulences du commerce international, qui les frappent de manière disproportionnée, en diversifiant leur clientèle à l’export, en ajoutant de la valeur à leur production nationale et en s’alliant régionalement, recommande l’ONU.”S’il y a jamais eu un moment pour opérer ce virage vers la diversification, la valorisation et l’intégration régionale — ce que j’appelle la ‘reglobalisation stratégique’ — c’est maintenant”, a lancé Pamela Coke-Hamilton, directrice exécutive du Centre du Commerce International (CCI, une entité conjointe de l’ONU et de l’OMC) lors d’un briefing à Genève.”Cela se caractérise par un commerce mutuellement bénéfique, plutôt que par une aide au développement traditionnelle”, a-t-elle ajouté.Elle reconnaît que la guerre commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump posait d’importants défis aux pays les plus démunis comme le Lesotho, le Cambodge, le Laos ou encore Madagascar et la Birmanie.Ces pays pauvres sont “les plus exposés aux instabilités du système de commerce mondial et les moins équipés pour s’adapter en cas de besoin”, a renchéri la responsable. Les petites entreprises de ces pays, n’ont pas la capacité d’absorber des coûts supplémentaires ou de faire face à l’ampleur de tels changements.Certains de ces pays dépendent aussi de façon disproportionnée du marché américain notamment parce qu’ils pouvaient y exporter leurs produits sans droits de douane grâce au African Growth and Opportunity Act.Le Lesotho – “un pays que personne ne connaît” selon Donald Trump qui voulait taxer ses biens à l’importation de 50%- a profité de l’AGOA. Il envoie 60% de ses exportations de vêtements vers le marché américain pour plus de 230 millions de dollars en vêtements par an au cours des cinq dernières années. Avant la suspension des tarifs “réciproques” mercredi, le Lesotho faisait face à des pertes potentielles d’exportations de 210 millions de dollars sur le marché américain d’ici 2029.Pour le Bangladesh, le tarif “réciproque” de 37% -s’il venait à entrer en vigueur- pourrait coûter 3,3 milliards de dollars par an en exports vers les Etats-Unis d’ici 2029, selon le CCI.- “Les oeufs, le panier” -Mme Coke-Hamilton résume ainsi la stratégie de diversification : “Ne pas mettre tous ses Å“ufs dans le même panier”.Ainsi, le Bangladesh pourrait explorer les marchés européens, “qui offrent encore un potentiel de croissance pour ses vêtements”. Le Lesotho peut exploiter des marchés alternatifs tels que la Belgique ou l’Eswatini. Et “bien que cela ne compense pas les pertes estimées, c’est un moyen d’atténuer l’impact”, selon la responsable.Pour la création de valeur, l’idée est de faire de la transformation des produits avant de les exporter pour avoir de meilleures marges et amortir les chocs comme des baisses soudaines des prix du café, du cacao ou du cuivre sur les marchés mondiaux. Enfin le troisième pilier concerne l’intégration régionale à l’instar de la Zone de libre-échange continentale africaine. Selon le CCI, si les tarifs étaient totalement éliminés, la Côte d’Ivoire pourrait augmenter ses exportations intra-africaines de 25%, compensant partiellement les pertes anticipées de 563 millions de dollars sur le marché américain. “Il existe donc des opportunités pour les pays en développement non seulement d’affronter les périodes d’incertitude, mais aussi de se préparer de manière proactive pour le long terme”, insiste Mme Coke-Hamilton. – Accès privilégié -Tous les pays en développement ne sont pas égaux face à ces défis. “La capacité du Vietnam à changer ses chaînes d’approvisionnement ou à se tourner vers d’autres marchés va être beaucoup, beaucoup plus grande” que le Lesotho, qui produit seulement deux choses : du textile-habillement et des diamants, souligne Mme Coke-Hamilton.Mais elle insiste aussi sur des opportunités qui n’ont pas encore été exploitées.”Il existe tellement d’accords (commerciaux) qui sont avantageux pour les pays en développement mais qui n’ont pas été pleinement exploités en raison de contraintes du côté de l’offre”, insiste la cheffe du CCI, ajoutant qu’il faut aussi travailler sur le respect de certaines normes et certains mécanismes d’exportation qui, “peuvent actuellement constituer un défi pour répondre aux exigences de certains marchés”.

Wall Street évolue en hausse mais reste fébrile

Après une ouverture en baisse, la Bourse de New York évolue en hausse vendredi grâce aux résultats des banques et à la fin d’une semaine plus que mouvementée, mais reste fébrile quant à l’offensive commerciale lancée par Donald Trump.Vers 14H10 GMT, le Dow Jones gagnait 0,38%, l’indice Nasdaq prenait 0,65% et l’indice élargi S&P 500, 0,42%.Malgré la fébrilité constante du marché “nous assistons (vendredi) à une sorte de soupir de soulagement” de la part du marché des investisseurs, commente auprès de l’AFP Adam Sarhan de 50 Park Investments. En cause, notamment, “les investisseurs craignaient que les grandes banques ne connaissent un très mauvais trimestre” à cause de l’offensive commerciale lancée par Donald Trump, mais “ce n’est pas le cas”, assure l’analyste.Les banques ont publié des résultats globalement encourageants avant l’ouverture de Wall Street, même si les cours de ces dernières évoluent en dents de scie à l’ouverture.La banque américaine JPMorgan Chase (+1,88%) a publié vendredi des résultats supérieurs aux attentes au premier trimestre, tout comme la banque d’affaires américaine Morgan Stanley (-0,71%).La banque américaine Wells Fargo, qui a dégagé des résultats mitigés (-4,14%), s’attend pour sa part à un “environnement économique plus instable” en 2025, ce qui pourrait peser sur sa croissance, prévient son patron.Même son de cloche du côté de JPMorgan Chase, son patron, Jamie Dimon, mettant en garde contre les “turbulences considérables” que l’économie doit affronter.”La volatilité des marchés boursiers reflète la baisse de confiance dans les prévisions des entreprises en raison de l’impact des tarifs douaniers, les craintes de récession influençant le comportement des investisseurs”, explique M. O’Hare. Les acteurs du marché restent en effet nerveux et les marchés particulièrement fragiles devant l’escalade dans la guerre commerciale entre Pékin et Washington. La veille, la place américaine avait terminé en nette baisse.Dernier épisode en date: la Chine a annoncé vendredi qu’elle porterait ses droits de douane supplémentaires sur les produits américains à 125%, en réaction aux taxes de 145% imposées par la Maison Blanche cette semaine sur ses importations.”Non seulement (la Chine) copie ce que dit Trump, mais en plus, Pékin se moque de lui”, a noté M. Sarhan à propos des nouvelles surtaxes chinoises. “Cela ne va pas plaire au président américain”, estime-t-il.”L’escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, marquée par des droits de douane réciproques supérieurs à 100%, a perturbé le commerce mondial et accru l’incertitude économique”, a resumé dans une note Patrick O’Hare, de Briefing.com. Côté indicateurs, les entreprises américaines ont globalement vu leurs coûts de production diminuer en avril, en raison principalement de la baisse des prix du pétrole, selon l’indice PPI publié vendredi.Sur un mois, l’indice des prix à la production est en recul de 0,4% (contre +0,1% le mois précédent, valeur révisée à la hausse), d’après le rapport du ministère américain du Travail.C’est une surprise pour les analystes qui l’attendaient en hausse de 0,2%, selon le consensus publié par MarketWatch.C’est “un nouveau soupir de soulagement sur le front de l’inflation”, avance Chris Zaccarelli, de Northlight Asset Management.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans se tendait très nettement à 4,52% contre 4,41% la veille en clôture. Donald Trump a reconnu mercredi qu’il surveillait la chute du marché américain de la dette avant de décider de sa pause de trois mois sur une partie de ses surtaxes douanières, tout en maintenant les 10% déjà en vigueur.

Wall Street ouvre en baisse, reste particulièrement fébrile

La Bourse de New York a ouvert en baisse vendredi, à la fin d’une semaine plus que mouvementée, demeurant fébrile face à l’offensive commerciale lancée par Donald Trump.Dans les premiers échanges, le Dow Jones perdait 0,27%, l’indice Nasdaq lâchait 0,15% et l’indice élargi S&P 500, 0,17%.

Guerre commerciale: nouvelle escalade entre Pékin et Washington, l’UE dans l’expectative

La Chine a annoncé vendredi porter ses surtaxes douanières sur les produits américains à 125%, une nouvelle escalade dans la guerre commerciale qui l’oppose aux États-Unis, l’Union européenne tentant de son côté de trouver une voie diplomatique.”L’imposition par les États-Unis de droits de douane anormalement élevés à la Chine constitue une violation grave des règles du commerce international”, a affirmé la Commission des droits de douane du Conseil des affaires d’État, qui déplore une pratique “unilatérale d’intimidation et de coercition”, selon un communiqué publié vendredi par le ministère chinois des Finances.”Comme à ce niveau de tarifs douaniers, les produits américains exportés vers la Chine n’ont plus aucune possibilité d’être acceptés sur le marché” chinois, si Washington continue d’augmenter ses droits de douane, “la Chine l’ignorera”, est-il ajouté.L’incertitude générée par la politique de Donald Trump continue de faire plonger le dollar, qui a atteint vendredi un plus bas face à l’euro en plus de trois ans.Les marchés boursiers européens, qui avaient été les seuls à résister jeudi, sont repartis dans le rouge après les annonces de Pékin, sans retrouver les chutes du début de la semaine. A l’inverse, les principaux indices de Wall Street semblaient partis pour ouvrir dans le vert, d’après les échanges électroniques d’avant l’ouverture.- “Résister ensemble” -Mercredi, Donald Trump a annoncé le gel pour 90 jours des plus grosses surtaxes punitives qu’il venait d’imposer à 60 partenaires commerciaux, le temps de boucler des négociations avec Washington.Néanmoins, les États-Unis maintiennent depuis début avril un taux plancher de 10% et des surtaxes douanières de 25% sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, notamment contre l’UE.La Chine, elle, a été finalement frappée par une surtaxe monumentale à 145%.Lors d’une rencontre vendredi avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, le président chinois Xi Jinping a appelé l’Union européenne à “résister ensemble” face à la guerre commerciale de Donald Trump.”La Chine et l’UE doivent assumer leurs responsabilités internationales, protéger conjointement la mondialisation économique et l’environnement commercial international et résister ensemble à toute coercition unilatérale”, a lancé Xi Jinping à Pékin.A l’issue de cette rencontre, Pedro Sanchez a indiqué devant la presse que “l’Espagne et l’Europe [avaient] un déficit commercial important avec la Chine qu'[ils devaient] s’efforcer de rectifier”. Mais “nous ne devons pas laisser les tensions commerciales entraver le potentiel de croissance des relations (…) entre la Chine et l’UE”, a-t-il ajouter.- “Très intelligent” -Le président français Emmanuel Macron a prévenu vendredi sur X que le rabaissement des droits de douane américains à 10% était “une pause fragile”. “Avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts: l’Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires”, a-t-il estimé.Dans l’immédiat, l’UE a suspendu sa riposte, ce que Donald Trump a jugé “très intelligent”. Le commissaire européen en charge du commerce, Maros Sefcovic, se rendra lundi à Washington pour échanger sur le sujet, a annoncé vendredi un porte-parole de l’exécutif européen.Si les discussions avec les États-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, a menacé sa présidente Ursula von der Leyen.”Il existe un large éventail de contre-mesures”, a-t-elle indiqué dans le Financial Times, citant “une taxe sur les revenus publicitaires des services numériques” et le recours à l'”instrument anticoercition”, surnommé “bazooka” et pensé comme un outil de dissuasion.De son côté, la Banque centrale européenne “surveille la situation et est toujours prête à intervenir” en utilisant les instruments dont elle dispose, a déclaré vendredi à Varsovie sa présidente Christine Lagarde, sans donner plus de détails.D’autres pays asiatiques — dépendants de leurs exportations vers les États-Unis — font profil bas. A l’instar du Vietnam et du Cambodge, producteurs de textiles et membres de l’Association des nations d’Asie du sud-est (Asean), qui a dit qu’elle ne prendrait pas de mesures de rétorsion.Donald Trump s’est montré serein jeudi en jugeant que “la transition aurait un coût et poserait des problèmes” mais qu’en fin de compte, “ça serait une bonne chose”. Le président américain a encore menacé jeudi soir le Mexique de nouveaux droits de douane.Son ministre des Finances Scott Bessent a affirmé de son côté ne “rien” voir d'”inhabituel” sur les marchés, alors que des élus démocrates ont estimé que le président républicain les avait peut-être illégalement manipulés en encourageant l’achat d’actions juste avant sa volte-face mercredi.burs-nr-lem/LyS

La BCE prête à agir si une guerre commerciale menace la stabilité financière, dit Lagarde

La Banque centrale européenne est “prête à intervenir” en cas de risque pour la stabilité financière en zone euro, a déclaré vendredi sa présidente, après une semaine de tempête sur les marchés financiers provoquée par la guerre commerciale déclenchée par Donal Trump.L’institution monétaire “surveille la situation et est toujours prête à intervenir” en utilisant “les instruments dont elle dispose”, a déclaré Christine Lagarde à Varsovie en marge d’une réunion informelle des ministres des Finances de la zone euro, sans donner plus de détails.Ses propos interviennent à moins d’une semaine de la prochaine réunion de la BCE pour décider du cap monétaire, tandis que la plupart des marchés boursiers baissaient vendredi, avec un dollar qui ne cesse de s’enfoncer face à l’euro.En cause, l’annonce de Pékin d’une nouvelle hausse de ses droits de douane sur les produits venant des Etats-Unis, illustrant l’escalade entre les deux puissances.Des tensions commerciales supplémentaires pourraient entraîner de fortes turbulences sur les marchés où se négocient les actions, obligations et autres devises, avec le risque de déstabiliser le système financier de la zone euro.”Jusqu’à présent, nous ne voyons aucun signe de tension de liquidité sur les marchés”, a tempéré Claudia Buch, présidente du superviseur bancaire au sein de la BCE, dans une interview donnée vendredi à Bloomberg.La BCE redoute, de son côté, qu’une guerre commerciale freine les exportations et la croissance, l’obligeant à ajuster sa politique monétaire pour soutenir l’économie.Des marchés volatils peuvent aussi nuire à l’efficacité des décisions de politique monétaire, par exemple si le taux bas ne se répercuterait pas correctement sur les prêts aux entreprises ou aux ménages.Durant ses vingt premières années d’existence, la BCE a déjà dû déployer un arsenal de mesures pour calmer plusieurs crises.Entre 2010 et 2012, plusieurs pays de la zone euro (Grèce, Portugal, Espagne, Italie) faisaient face à des taux d’intérêt très élevés sur leurs dettes, menaçant la stabilité de la zone euro.En 2012, Mario Draghi, président de la BCE, prononçait son célèbre “Whatever it takes” (Quoi qu’il en coûte) pour sauver l’euro, via des rachats potentiellement illimités de dette, finalement jamais utilisés.Lors de l’éclatement de la pandémie du Covid-19, l’institut a lancé un programme d’urgence (PEPP pour Pandemic Emergency Purchase Programme) consistant en 1.850 milliards d’euros de  rachats de dette, pour soutenir États et entreprises.Et face à la hausse rapide des taux d’intérêt et des tensions sur les dettes dans le contexte d’inflation record liée à la guerre en Ukraine, la BCE a créé un nouvel outil pour intervenir si des écarts de taux d’intérêt entre pays deviennent trop importants.

Sur le livre d’occasion, l’exécutif veut des droits d’auteur

L’exécutif souhaite une solution juridique qui permettra aux éditeurs et aux auteurs d’être rémunérés lors de l’achat d’un livre d’occasion, a annoncé le ministère de la Culture vendredi.Cette évolution du droit a été donnée aux éditeurs comme la solution envisagée aux problèmes économiques posés par le livre d’occasion, à l’occasion de la venue du président Emmanuel Macron au Festival du livre de Paris.Le ministère a indiqué que Rachida Dati saisissait le Conseil d’État afin de mettre en place un “droit de suite au droit d’auteur”, s’appliquant lors des différentes reventes d’un même volume.Alors qu’aujourd’hui le marché de l’occasion échappe entièrement aux auteurs et éditeurs, entraînant pour eux un manque à gagner dans le commerce de leurs livres, cela permettrait d’imposer aux vendeurs de ces livres d’occasion de les rémunérer.”Le produit de ce droit d’auteur sur le livre d’occasion serait reversé à un organisme de gestion collective au bénéfice du soutien à la création”, a indiqué le ministère dans un communiqué.La date de la mise en Å“uvre de la mesure reste cependant à déterminer.”Cela nous satisfait”, a déclaré à l’AFP le président du Syndicat national de l’édition, Vincent Montagne.”La France, de la même manière qu’elle avait été pionnière avec la loi sur le prix unique du livre, peut montrer la voie”, a espéré M. Montagne.Lors de sa venue au Festival du livre 2024, le chef de l’Etat avait évoqué la possibilité d’une “contribution” des revendeurs de livres d’occasion pour la filière du livre, sans en donner la forme précise.Le problème est devenu d’autant plus pressant que les grandes plateformes en ligne (Recyclivre, Rakuten, Momox, Vinted, etc.) proposent des livres de plus en plus récents, à des prix inférieurs à ceux pratiqués en librairie.

Guerre commerciale: Pékin porte à 125% ses surtaxes sur les produits américains

La Chine a annoncé vendredi porter ses surtaxes douanières sur les produits américains à 125%, une nouvelle escalade dans la guerre commerciale qui l’oppose aux Etats-Unis et qui continue de faire tanguer les marchés mondiaux.”L’imposition par les États-Unis de droits de douane anormalement élevés à la Chine constitue une violation grave des règles du commerce international”, a affirmé la Commission des droits de douane du Conseil des affaires d’État, qui déplore une pratique “unilatérale d’intimidation et de coercition”, selon un communiqué publié vendredi par le ministère chinois des Finances.”Comme à ce niveau de tarifs, les produits américains exportés vers la Chine n’ont plus aucune possibilité d’être acceptés sur le marché” chinois, si Washington continue d’augmenter ses droits de douane, “la Chine l’ignorera”, a-t-elle poursuivi.L’incertitude générée par la politique de Donald Trump continue de faire plonger le dollar, qui a touché vendredi un plus bas face à l’euro en plus de trois ans.Les marchés boursiers européens, qui avaient été les seuls à résister jeudi, sont repartis dans le rouge après les annonces de Pékin. A Paris, le CAC 40 reculait de 1,1%, la Bourse de Francfort reculait de 1,6%, celle de Londres de 0,4% et celle de Milan de 1,5% aux alentours de 09H00 GMT.Dans le sillage de New York la veille, l’indice vedette Nikkei de la Bourse de Tokyo a, lui, terminé la semaine en repli de 2,95%.- “Résister ensemble” -Mercredi, Donald Trump a annoncé le gel pour 90 jours des surtaxes punitives qu’il venait d’imposer à 60 partenaires commerciaux, le temps de boucler des négociations avec Washington.Néanmoins, les Etats-Unis maintiennent depuis début avril des taux planchers de 10% et des surtaxes douanières de 25% sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, notamment contre l’UE.La Chine, elle, a été finalement frappée par une surtaxe monumentale à 145%.Lors d’une rencontre vendredi avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, le président chinois Xi Jinping a appelé l’Union européenne à “résister ensemble” face à la guerre commerciale de Donald Trump.”La Chine et l’UE doivent assumer leurs responsabilités internationales, protéger conjointement la mondialisation économique et l’environnement commercial international et résister ensemble à toute coercition unilatérale”, a lancé Xi Jinping à Pékin.A l’issue de cette rencontre, le Premier ministre espagnol a indiqué devant la presse que “l’Espagne et l’Europe ont un déficit commercial important avec la Chine que nous devons nous efforcer de rectifier”. Mais “nous ne devons pas laisser les tensions commerciales entraver le potentiel de croissance des relations (…) entre la Chine et l’UE”.- “Très intelligent” -Le président français Emmanuel Macron a prévenu vendredi sur X que le rabaissement des droits de douane américains à 10% était “une pause fragile” et qu'”avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts: l’Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires”.Dans l’immédiat, l’UE a suspendu sa riposte, ce que Donald Trump a jugé “très intelligent”. Mais si les discussions avec les Etats-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, a menacé sa présidente Ursula von der Leyen.”Il existe un large éventail de contre-mesures”, a-t-elle indiqué dans le Financial Times, citant “une taxe sur les revenus publicitaires des services numériques” et le recours à l'”instrument anticoercition”, surnommé “bazooka” et pensé comme un outil de dissuasion. D’autres pays asiatiques – dépendants de leurs exportations vers les Etats-Unis – font profil bas. A l’instar du Vietnam et du Cambodge, producteurs de textiles et membres de l’Association des nations d’Asie du sud-est (Asean), qui a dit qu’elle ne prendrait pas de mesures de rétorsion.Donald Trump s’est montré serein jeudi en jugeant que “la transition aura un coût et posera des problèmes” mais qu’en fin de compte, “ça sera une bonne chose”. Le président américain a encore menacé jeudi soir le Mexique de nouveaux droits de douane.Son ministre des Finances Scott Bessent a affirmé de son côté ne “rien” voir d'”inhabituel aujourd’hui” sur les marchés, alors que des élus démocrates ont estimé que le président républicain les avait peut-être illégalement manipulés en encourageant l’achat d’actions juste avant sa volte-face mercredi.burs-nr-lem/soe/rhl

L’AGOA, un accord commercial Afrique/Etats-Unis en sursis

Menacé par le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, l’accord commercial African Growth and Opportunity Act (AGOA), favorise depuis 2000 les exportations africaines vers les Etats-Unis, maintenant à flot des secteurs entiers des économies africaines.Le président américain n’a pas encore décidé de l’avenir de l’AGOA, mais son offensive douanière tous azimuts sème la confusion. Dans tous les cas, le renouvellement de l’Agoa, qui arrive à expiration en septembre, paraît illusoire.- Traitement préférentiel -L’AGOA est une pièce maîtresse des relations commerciales entre les États-Unis et les pays africains.Ce traitement commercial préférentiel a été lancé en 2000 sous la présidence du démocrate Bill Clinton. Il permet aux pays africains d’exporter de nombreux produits vers les États-Unis sans droits de douane, s’ils respectent une série de conditions (pluralisme politique, respect des droits humains, lutte contre la corruption…).A ce jour, une trentaine de pays sur la cinquantaine du continent africain bénéficient de l’accord, qui couvre un large éventail de produits allant de l’habillement à l’igname en passant par les voitures.En 2023, 9,26 milliards de dollars de marchandises ont été exportées dans le cadre de l’accord, dont 4,25 milliards de produits pétroliers ou du secteur de l’énergie, selon la Commission américaine du commerce international (USITC).- En sursis -Depuis les annonces de droits de douane plancher pour l’intégralité du monde, l’Agoa et de facto en état de mort clinique.Si le ministre du Commerce de Madagascar, premier producteur mondial de vanille, exemptée de taxe aux Etats-Unis grâce à l’Agoa, estime que “pour l’heure” l’accord “continue de s’appliquer”, selon des propos rapportés dans la presse locale, son homologue sud-africain a assuré du contraire à l’AFP, via un porte-parole.”La situation est confuse, il n’y a aucune clarté”, résume Alex Vines, directeur du programme Afrique du groupe de réflexion Chatham House. Le dernier renouvellement de l’AGOA date de 2015 et, avant l’élection de Donald Trump, un projet de loi transpartisan américain déposé en avril 2024 proposait de le renouveler jusqu’en 2041.- Plusieurs menaces -Si Donald Trump souhaite s’attaquer à l’AGOA, plusieurs leviers s’offrent à lui.Il a la possibilité de ne pas renouveler l’accord en septembre, mais il peut également exclure de l’accord des pays, comme l’Afrique du Sud, qu’il a dans le collimateur. “Le président Trump pourrait citer la clause de l’accord stipulant que les activités des bénéficiaires doivent être conformes aux intérêts de la sécurité et de la politique étrangère des États-Unis”, observe Richard Morrow, analyste au sein du think tank sud-africain Brenthurst Foundation.Il peut également exclure certains secteurs industriels de l’accord, comme l’automobile, qu’il a souvent cité “comme voyant témoin de l’économie américaine”, ajoute Richard Morrow.- L’automobile sud-africaine, première bénéficiaire -L’Afrique du Sud est le plus grand exportateur non pétrolier de l’AGOA vers les États-Unis, à hauteur de 3,6 milliards de dollars en 2023.Dans le cadre de l’AGOA Washington exemptait par exemple de droits de douanes les voitures en provenance d’Afrique du Sud. Derrière les métaux précieux, c’est le deuxième secteur d’exportation du pays à destination de Washington pour un total de 1,88 milliard de dollars, d’après le fisc sud-africain.Le non-renouvellement de l’AGOA aurait un effet dévastateur sur la filière. Selon Billy Tom, président de l’organisation patronale du secteur (Naamsa), 86.000 emplois sont directement liés à l’accord chez les constructeurs, 125.000 en incluant leurs sous-traitants.”Je ne pense pas que l’Afrique du Sud ait une chance d’obtenir un renouvellement de l’AGOA”, estimait le président de la Chambre de commerce sud-africaine aux Etats-Unis, Neil Diamond, échaudé par la rhétorique anti-Pretoria du président américain et du milliardaire Elon Musk, d’origine sud-africaine et membre du premier cercle du président.Les Etats-Unis reprochent notamment à Pretoria sa récente loi sur l’expropriation, considérée par Washington comme discriminatoire à l’égard de la minorité blanche, et sa politique étrangère (plainte pour génocide contre Israël, proximité avec la Russie et la Chine).- Textile, pétrole et produits agricoles -Au classement des exportateurs non pétroliers de l’AGOA suivent, loin derrière l’Afrique du Sud, le Kenya (509 millions de dollars), Madagascar (339 millions) et le Lesotho (167 millions), trois pays qui vendent essentiellement du textile aux Etats-Unis dans le cadre de l’accord selon l’USITC.Le Nigeria est, quant à lui, le principal exportateur pétrolier et d’énergie de l’AGOA (3,7 milliards de dollars en 2023).Les autres pays, comme le Ghana, exportent en majorité des produits agricoles dans le cadre de cet accord.