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Jennyfer: douze “potentiels repreneurs” ont déposé une offre

Douze offres de reprises ont été déposées au tribunal de commerce de Bobigny pour la marque Jennyfer, placée en liquidation judiciaire fin avril, a indiqué l’avocat des représentants du personnel à l’AFP, confirmant une information du média Fashion Network.Parmi les offres des “douze potentiels repreneurs”, seules deux sont qualifiées de “sérieuses, complètes et documentées” par Stéphane Ducrocq, avocat des représentants du personnel, précisant auprès de l’AFP que leurs offres ne sont “pas satisfaisantes”, l’une comme l’autre détruisant “beaucoup d’emplois”.Contacté, l’avocat de Jennyfer, Pierre-Emmanuel Fender, n’a pas souhaité faire de commentaire. La mieux-disante des offres de reprises propose de sauver “350 emplois”, affirme Stéphane Ducrocq, sur les 999 salariés que compte l’enseigne jusqu’ici. Selon des information du journal Le Monde publiées mercredi soir, une offre qui permettrait de reprendre “plus de 300 personnes” serait portée conjointement par l’enseigne Celio et Salih Hallassi à la tête de la chaîne de prêt-à-porter Pimkie. “On souhaite que les candidats revoient leur offre ou qu’un nouveau candidat sorte du bois”, ajoute Stépane Ducrocq. Le groupe breton de prêt-à-porter Beaumanoir (Cache Cache, Bréal, Bonobo, Morgan, Caroll, Sarenza, La Halle) confirme à l’AFP avoir déposé une offre de reprise concernant “26 points de vente”.  D’après Fashion Network, l’offre de Beaumanoir impliquerait le maintien de 160 postes. L’enseigne fondée en 1984 comptait mi-2024 220 magasins en France et 80 à l’international, notamment en Belgique, et revendique environ 250 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.Les candidats potentiels à la reprise de la marque de prêt-à-porter avaient jusqu’au 13 mai pour se signaler au tribunal de commerce de Bobigny, qui étudiera les offres le 28 mai. La liquidation judiciaire de Jennyfer prononcée fin avril s’inscrit dans un contexte de crise des enseignes de prêt-à-porter. Tombée en redressement judiciaire en juin 2023 en raison de l'”augmentation soudaine des coûts cumulée à une inflation galopante”, elle avait annoncé en sortir il y a moins d’un an, annonçant “un investissement initial de 15 millions d’euros” et “l’arrivée d’un nouvel actionnaire”.Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) était intervenu entre temps, menant à la suppression de 75 postes (60 au siège et 15 dans les entrepôts) sans fermeture de magasins.”L’explosion des coûts, la baisse du pouvoir d’achat, les mutations du marché textile et une concurrence internationale toujours plus agressive ont rendu son modèle économique intenable”, indiquait la direction de Jennyfer après le placement de la marque en liquidation judiciaire, le 30 avril dernier.

Commande record de 96 milliards de dollars du Qatar à Boeing, un signal fort pour l’avionneur

La compagnie aérienne Qatar Airwaysa passé commande portant sur 210 avions pour une valeur de 96 milliards de dollars à Boeing, a annoncé mercredi la Maison Blanche, à l’occasion de la visite de Donald Trump dans l’émirat.C’est un signal fort sur le plan commercial pour l’avionneur américain, qui se redresse progressivement après plusieurs années difficiles, même s’il peine à accélérer production et livraisons.Le titre de Boeing a pris 0,62% sur la séance de mercredi à la Bourse de New York. Il a atteint brièvement son plus haut niveau depuis 15 mois.Si Boeing et ses clients divulguent très rarement le prix des appareils achetés, il s’agit vraisemblablement de la plus grosse commande jamais enregistrée par Boeing en valeur.La plus conséquente en nombre d’appareils avait été passée, en 2023, par la compagnie Air India (220 avions), mais elle portait, en grande majorité sur des monocouloirs 737 MAX, alors que le contrat avec Qatar Airways concerne uniquement des gros porteurs 787 Dreamliner et 777X.”C’est la plus importante commande d’avion dans l’histoire de Boeing”, a assuré Donald Trump, précisant qu’elle représentait “plus de 200 milliards de dollars pour 160 avions, c’est fantastique, c’est un record”.L’écart entre le chiffre communiqué par le chef de l’Etat américain et la Maison Blanche s’explique par la différence entre les commandes fermes (160 avions) et les options (50).Qatar Airways a indiqué s’être engagé définitivement sur 130 Dreamliner et 30 777-9, de la famille des 777X.Le prix catalogue d’un 787 Dreamliner est d’environ 250 millions de dollars et celui d’un 777X aux alentours de 440 millions, ce qui induit un total inférieur aux chiffres communiqués dans tous les cas de figure, la ventilation des options n’ayant pas été précisée.Sollicité par l’AFP, Boeing s’est refusé à commenter l’annonce dans l’immédiat. Contacté, Qatar Airways n’a pas donné suite.Le 777X n’a pas encore reçu sa certification par l’Agence américaine de l’aviation civile (FAA). Il est en phase de tests et le groupe aéronautique table sur une première livraison en 2026.”Cela représente beaucoup d’avions”, a réagi Nicolas Owens, analyste de Morningstar, “mais si vous commandez un avion aujourd’hui, vous ne le recevrez pas avant au moins cinq ans.”Le carnet de commandes de l’avionneur cumulait ainsi, au total, 6.282 appareils à fin avril.- “Signe de confiance” -En proie à des problèmes de qualité depuis plusieurs années, Boeing a été contraint par la FAA de ralentir sa production du 737 MAX début 2024 après un incident en vol début janvier.La séquence a mené au départ, fin 2024, du directeur général Dave Calhoun, remplacé par Kelly Ortberg, un vétéran du secteur, qui a passé l’essentiel de sa carrière chez l’équipementier aérounautique Rockwell Collins.Boeing a également souffert d’une grève de plus de cinquante jours qui a bloqué deux usines cruciales entre mi-septembre et début novembre.”C’est une bonne nouvelle, mais Boeing ne va rien gagner sur ces avions avant longtemps”, a insisté Nicolas Owens, pour qui l’inclusion du 777X est “un signe de confiance émanant d’un client de longue date”. Sur les quatre premiers mois de l’année, le groupe a enregistré 261 commandes nettes.”Ils avaient besoin de se reprendre en main et il semble qu’Ortberg soit en train d’y réussir”, selon Nicolas Owens.La commande de Qatar Airways intervient quelques heures seulement après que les autorités chinoises ont autorisé la reprise des livraisons d’avions Boeing aux clients chinois.Elles avaient été suspendues mi-avril en réponse aux droits de douane imposés par Donald Trump aux produits chinois importés aux Etats-Unis.Les deux pays ont accepté lundi de réduire drastiquement ces tarifs douaniers durant 90 jours, le temps de parvenir à un accord commercial.L’annonce de la commande a été faite mercredi alors que le président américain signait une série d’accords à Doha aux côtés de l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.Certains portaient sur la défense, notamment la fourniture de drones MQ-9B.Lors de sa première étape dans la région, à Ryad, il a créé la surprise en annonçant la levée des sanctions visant la Syrie et en rencontrant son président islamiste, Ahmad al-Chareh. A Doha, Donald Trump a reçu un accueil tout aussi fastueux qu’à Ryad.L’émir du Qatar s’est déplacé à l’aéroport pour l’accueillir, et l’avion présidentiel américain a eu droit à une escorte d’avions de combat qataris.Mais ce passage à Doha a pour arrière-plan un scandale politique.L’opposition démocrate aux Etats-Unis reproche au milliardaire d’avoir accepté “le plus gros pot-de-vin étranger de l’histoire récente”.En cause, un Boeing 747-8 offert à Donald Trump par la famille royale qatarie pour remplacer au moins provisoirement son avion officiel, et pour l’utiliser après son mandat.

Wall Street fait une pause après l’engouement autour de l’accalmie commerciale

La Bourse de New York a terminé sans direction claire mercredi, reprenant son souffle après l’enthousiasme dû à la détente commerciale entre Washington et Pékin et en l’absence de nouveau catalyseur. Le Dow Jones a perdu 0,21%, l’indice Nasdaq a progressé de 0,72% et l’indice élargi S&P 500 a pris 0,10%.La place américaine a connu “une journée calme après l’envolée de la veille”, commente auprès de l’AFP Peter Cardillo, de Spartan Capital Securities.Lundi et mardi, les investisseurs se sont montrés particulièrement enthousiastes face à la pause de 90 jours décidée par la Chine et les États-Unis sur l’essentiel des lourdes surtaxes douanières qu’ils s’imposent, une trêve dans leur éprouvante guerre commerciale, qui a bouleversé les chaînes d’approvisionnement et les marchés mondiaux.Mais “sans nouvelles macroéconomiques” ou “sur le plan commercial”, les acteurs du marché ont décidé mercredi de “faire une pause” dans l’attente d’un nouveau catalyseur, explique M. Cardillo.Selon l’analyste, ce catalyseur pourrait prendre la forme des ventes au détail, un élément “clé” publié jeudi, et qui procurera au marché des informations sur la consommation des ménages américains.Wall Street attend également le même jour l’indice de prix à la production (PPI), puis, à la fin du mois, l’indice PCE – jauge d’inflation privilégiée par la banque centrale américaine (Fed).Le PPI “pourrait fournir des détails essentiels concernant l’impact des droits de douane sur les pressions exercées sur les coûts”, indique dans une note Jose Torres, d’Interactive Brokers.Sur le marché obligataire, le taux d’intérêt des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est tendu à 4,53%, contre 4,47% la veille en clôture.Ailleurs, au tableau des valeurs, “les gains du jour sont tirés par l’indice Nasdaq”, à forte coloration technologique, écrit M. Torres.Plus particulièrement, les géants du secteur des semiconducteurs Nvidia et Advanced Micro Devices (AMD) ont respectivement gagné 4,16% et 4,68% après avoir décroché d’importants contrats auprès de l’Arabie saoudite.Donald Trump s’est rapproché de Ryad mardi, signant un “partenariat économique stratégique”, avec un montant des investissements saoudiens aux États-Unis qui s’élèverait à 600 milliards de dollars selon l’exécutif américain. AMD profitait également de l’annonce d’un programme de rachats d’actions à hauteur de 6 milliards de dollars.Boeing a été recherché (+0,65%) et a même touché un plus haut en séance depuis février 2024 après l’annonce de la commande de la compagnie aérienne Qatar Airways, portant sur 210 avions pour une valeur de 96 milliards de dollars à Boeing.C’est un signal fort sur le plan commercial pour l’avionneur américain, qui se redresse progressivement après plusieurs années difficiles, même s’il peine à accélérer production et livraisons.La marque d’habillement American Eagle Outfitters a plongé de 6,45% après avoir suspendu ses prévisions 2025 en raison de “l’incertitude macroéconomique”.La plateforme de courtage eToro a décollé de 28,85% à 67,94 dollars pour son premier jour de cotation à Wall Street. L’entreprise israélienne, désormais valorisée plus de 5 milliards de dollars, a vu “la lumière au bout du tunnel après la correction des marchés” ce qui l’a poussée à effectuer son introduction en Bourse, a justifié son patron auprès de la chaîne de télévision américaine CNBC.  Le réseau social Reddit s’est envolé (+11,11%), profitant d’un regain d’intérêt de la part des investisseurs.

La France reste la première terre d’investissements étrangers en Europe mais faiblit

La France a gardé en 2024 la première place européenne des investissements étrangers pour la sixième année consécutive, mais souffre des mesures décidées avant l’arrivée de Donald Trump pour renforcer l’attractivité des Etats-Unis, a dévoilé le cabinet de conseil EY mercredi.Avec 1.025 projets d’investissements annoncés par les entreprises étrangères l’an dernier, la France demeure devant le Royaume-Uni qui a attiré 853 annonces de projets d’investissements, et l’Allemagne qui en a enregistré 608, détaille EY dans son baromètre  “baromètre de l’attractivité de la France 2025”.La France affiche malgré sa sixième médaille d’or son plus faible nombre de projets annoncés depuis 2020 et le plus bas nombre d’emplois à la clé de ces projets depuis 2017 (29.000 emplois).Le trio de tête affiche dans son ensemble un net recul du nombre d’investissements annoncés, de l’ordre de 13 à 17%, tout comme les 45 pays européens étudiés par EY.Le baromètre “s’inscrit dans un contexte de contraction assez significative de l’investissement en Europe et d’augmentation de l’attractivité des Etats-Unis pour les entreprises internationales”, relève auprès de l’AFP Marc Lhermitte, associé au cabinet EY.Les nouveaux projets d’investissements ont progressé de 20% sur un an en zone Amérique du nord, écrit EY en se basant sur des données de la Cnuced (Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement), en raison principalement de la percée américaine, là où ils ont baissé de 5% en Europe.- Droits de douane -L’évolution américaine tient davantage à la présidence de Joe Biden qu’à celle de Donald Trump selon EY, l’ex-président américain ayant mis en place des incitations importantes pour les industriels prévoyant de développer des projets d’avenir aux Etats-Unis, à travers notamment l’Inflation Reduction Act (IRA), remis en cause par Donald Trump.Ce dernier mène aussi une bataille pour attirer les entreprises internationales sur son sol avec l’arme des droits de douane, estimant que celles-ci seront incitées à venir produire aux Etats-Unis afin d’éviter d’avoir à payer des surtaxes douanières.Les entreprises américaines investissent en parallèle moins en Europe, et cela s’observe sur les emplois: “en 2021, les entreprises américaines en Europe généraient 113.000 emplois, en 2024 c’est 58.000” met en avant Marc Lhermitte, soit une réduction de moitié.Le baromètre EY précède le sommet Choose France, organisé lundi par l’Elysée au château de Versailles et à l’occasion duquel de nombreuses entreprises étrangères invitées doivent annoncer de nouveaux projets d’investissements.Le gouvernement français, qui tient cette année la huitième édition de ce sommet, se base régulièrement sur le baromètre EY pour justifier sa position de terre d’investissements, favorisée selon lui par les réformes engagées notamment sur la fiscalité et le droit du travail. Ce classement ne montre toutefois qu’une partie de la réalité de l’attractivité, en se focalisant sur le nombre de décisions d’investissements annoncées et pas sur les montants investis ni les projets effectivement menés à terme.  – Extensions de sites -Le baromètre montre par ailleurs un succès mitigé en matière d’emplois créés: la France est troisième avec 29.000 emplois, contre 38.196 au Royaume-Uni et 34.603 en Espagne. La France se singularise aussi en Europe par une grande majorité d’annonces qui concernent des extensions de sites déjà existants plutôt que des projets d’implantations nouvelles. “On rallume la lumière dans un certain nombre d’usines plutôt qu’on ne met en place de nouvelles implantations spectaculaires comme on le fait en Espagne, en Pologne, ou en Allemagne ces dernières années”, résume Marc Lhermitte.Pour les projets industriels, cheval de bataille des pays occidentaux ces dernières années qui tentent de reprendre la main sur les emplois et les savoirs faire longtemps négligés, les nouvelles implantations ne représentent que 15% du total des investissements dans l’industrie. Et les projets industriels ne donnent lieu qu’à 33 emplois en moyenne par site, montre le baromètre, à la dixième place européenne.Malgré ses réformes, la France souffre encore du coût de sa main d’oeuvre et de son instabilité politique, selon un sondage mené par EY auprès de 200 investisseurs internationaux en mars. Elle profite en revanche du niveau de son innovation et de la qualité de sa main d’oeuvre.”Un projet d’investissement sur cinq qui se dirige vers l’Europe atterrit en France”, s’est tout de même félicité mercredi le cabinet du ministre délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, jugeant que “la stratégie de réindustrialisation (…) fonctionne”.

Au tour de Sanofi d’annoncer un investissement majeur aux Etats-Unis

Le géant pharmaceutique français Sanofi, dont la moitié des ventes sont américaines, a annoncé mercredi son intention d'”investir au moins 20 milliards de dollars aux Etats-Unis d’ici 2030″, emboîtant le pas à d’autres laboratoires qui ont déjà pris la même initiative pour se prémunir d’éventuels droits de douane.Le groupe tricolore réalise à peu près la moitié de son chiffre d’affaires aux États-Unis, où seulement 25% de sa production est implantée, répartie dans cinq usines.Son annonce n’est pas vraiment une surprise puisque la direction avait préparé le terrain fin avril en déclarant envisager d’augmenter ses investissements aux Etats-Unis.Elle intervient néanmoins dans un climat d’imprévisibilité et donc d’inquiétude concernant la politique commerciale américaine du médicament.Dans son communiqué diffusé aux Etats-Unis, Sanofi indique qu’il compte augmenter “considérablement ses dépenses de recherche et développement” aux Etats-Unis et d’y “étendre sa capacité de production”, à la fois par “des investissements directs” dans ses sites et par des partenariats avec d’autres fabricants nationaux, afin d’assurer la production de médicaments aux Etats-Unis”.Ces investissements “contribueront à garantir la production de médicaments essentiels aux États-Unis”, a déclaré le patron de Sanofi, Paul Hudson cité dans le communiqué.Il n’est pas précisé quelle proportion des 20 milliards de dollars envisagés correspond à des investissements déjà prévus et quelle part représentent de nouveaux investissements.”Les investissements prévus devraient créer un nombre important d’emplois bien rémunérés” dans les années à venir, assure Sanofi, qui compte 13.000 employés basés aux Etats-Unis.A l’occasion de ses résultats trimestriels et sans trop s’avancer, le directeur financier de Sanofi, François Roger, avait déclaré fin avril que Sanofi évaluait ses besoins de capacité de production aux Etats-Unis où le groupe envisageait “potentiellement des investissements supplémentaires”.”Même avant toute la discussion sur les droits de douane”, Sanofi avait planifié de fabriquer davantage aux Etats-Unis, avait-il souligné, disant surveiller “de près le développement” de la situation liée à l’offensive protectionniste américaine.- Stratégie d’alignement -Avant Sanofi, d’autres grands noms de la pharmacie, comme Eli Lilly, Johnson & Johnson, Merck, Roche et Novartis, avaient déjà annoncé de grands programmes d’investissements outre-Atlantique pour répondre aux attentes de Washington qui exerce des pressions pour encourager le retour des gros laboratoires aux Etats-Unis, grand importateur de médicaments.Cette stratégie d’alignement vise à atténuer les risques de droits de douane et à rester compétitif sur le marché américain, le plus important au monde pour le secteur pharmaceutique.Le prix du médicament y est significativement plus élevé qu’en Europe, du fait d’un système de santé où les assureurs privés jouent un rôle clé dans la fixation des prix.Selon une étude de la Rand Corporation, les Américains payent en moyenne 2,5 fois plus pour les médicaments sur ordonnance que les Français par exemple.Aussi, le président améticain Donald Trump a annoncé lundi un plan pour baisser les prix des médicaments sur ordonnance aux Etats-Unis, afin de les aligner sur les prix les plus bas pratiqués ailleurs dans le monde.Sans avoir suffisamment de détails sur ce plan, il est compliqué pour les experts du secteur d’évaluer un possible impact sur la rentabilité des sociétés pharmaceutiques. Celles-ci échappent pour l’heure aux droits de douane mais la vigilance reste de mise.En parallèle, les laboratoires européens demandent avec insistance des mesures destinées à renforcer la compétitivité du secteur sur le Vieux Continent, dont une révision à la hausse des prix.Les Etats-Unis sont la principale destination des exportations des laboratoires européens: l’an dernier, 38,2% de leurs ventes hors Union européenne y ont été réalisées, générant un excédent commercial record de 74 milliards d’euros, selon des données d’Eurostat.

Voitures électriques: la Chine n’est plus le seul moteur mondial, analyse l’Agence de l’énergie

La Chine n’est plus le seul moteur des ventes de voitures électriques et hybrides rechargeables: des pays émergents comme le Brésil, le Vietnam ou l’Indonésie s’électrifient rapidement aussi, selon le rapport annuel publié mercredi par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).Plus de 17 millions de ces véhicules ont été vendus dans le monde en 2024 (hybrides rechargeables compris), portant leur part de marché mondiale au-dessus de 20% pour la première fois. Au cours des trois premiers mois de 2025, les ventes de voitures électriques ont encore augmenté de 35% par rapport au premier trimestre 2024. “Les voitures électriques sont devenues une partie intégrante de l’industrie automobile à travers le monde”, a lancé le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, lors d’une conférence de presse. Et “malgré des incertitudes significatives, les voitures électriques restent sur une forte trajectoire de croissance, a-t-il souligné.Ces incertitudes sont surtout liées au risques de récession de l’économie mondiale et aux vicissitudes du commerce international, avec la mise en place de surtaxes douanières par les Etats-Unis. Une baisse durable du prix du pétrole pourrait aussi freiner la progression de l’électrique. L’AIE a noté cependant que le développement des véhicules électriques avait déjà freiné la croissance de la demande mondiale de pétrole, a souligné Fatih Birol, en plus de réduire les émissions de CO2 et de gaz toxiques.”Cette année, nous prévoyons que plus d’une voiture sur quatre vendue dans le monde sera électrique”, et cette proportion devrait grimper à “deux voitures sur cinq” d’ici la fin de la décennie, à mesure que “les voitures électriques deviennent de plus en plus abordables”, a ajouté Fatih Birol. La Chine continue de conduire la transition vers les véhicules électriques, avec près des deux tiers des ventes mondiales l’année dernière, notamment grâce à des tarifs très compétitifs. Les ventes de voitures électriques et hybrides rechargeables y ont augmenté de près de 40% en 2024, pour atteindre près d’un véhicule vendu sur deux, et peut-être 80% en 2030, selon l’AIE. En Europe, ces modèles ont stagné avec une baisse des bonus dans certains pays mais aussi à cause du manque de modèles abordables. Les objectifs des Etats européens restent ambitieux, à près de 60% de parts de marché en 2030, même si l’UE est en train de confirmer un allègement des objectifs à court terme dont les effets “restent à voir”, selon l’AIE.Aux Etats-Unis, la croissance de ces modèles a ralenti mais ils ont atteint environ 10% de parts de marché. La prévision de l’AIE pour 2030 a été divisée par deux avec l’arrivée de Donald Trump, à 20% du marché.Les ventes dans les économies émergentes en Asie, en Amérique Latine et en Afrique ont elles grimpé de 60% l’année dernière, renforcées par “des incitations politiques et la présence croissante de voitures électriques relativement abordables des constructeurs automobiles chinois”, note l’AIE.Les électriques représentaient 13% des ventes l’année dernière en Thaïlande, 17% au Vietnam, et ont doublé au Brésil, royaume de l’éthanol, pour atteindre 6% des ventes.

Pneus mortels: deuxième mise en examen pour Goodyear

Au terme de deux journées d’auditions, une deuxième entité de Goodyear a été mise en examen mercredi des chefs de tromperies à Besançon, où une enquête vise le géant du pneu, soupçonné d’avoir dissimulé les défauts de certains modèles poids lourds, à l’origine d’accidents mortels.La SAS Goodyear France, distributeur des pneumatiques dans l’Hexagone, a été mise en examen pour “pratique commerciale trompeuse”, “tromperie sur la qualité substantielle de la marchandise”, et pour un fait d’homicide involontaire, a indiqué le parquet de Besançon dans un communiqué.Elle a en outre été placée sous le statut plus favorable de témoin assisté pour deux autres homicides involontaires et pour blessures involontaires.Les chefs de tromperie sont passibles d’une amende pouvant monter “jusqu’à 10% du chiffre d’affaires” de l’entreprise, selon une source judiciaire.”Goodyear France confirme avoir été informé de sa mise en examen pour certains chefs d’accusation ainsi que de son placement sous le statut de témoin assisté pour d’autres, dans le cadre d’une instruction en cours, en lien avec certains accidents de la circulation de véhicules poids lourds datant de 2014 et 2016″, a indiqué une porte-parole de la multinationale américaine à l’AFP. “Goodyear France apportera sa pleine coopération dans le cadre de cette instruction”, a précisé la firme.- Faits contestés -Mardi, le juge d’instruction avait déjà procédé à la mise en examen de la SAS Goodyear Operations, l’entité soupçonnée d’avoir produit les pneus, pour l’ensemble des mêmes chefs.”Les deux sociétés contestent les faits qui leur sont reprochés. L’information judiciaire se poursuit”, a écrit dans le communiqué Margaret Parietti, procureure de la République de Besançon par intérim. “L’issue de l’audition de Goodyear France n’est pas une surprise compte tenu des éléments présents dans un dossier d’instruction aussi volumineux”, a réagi auprès de l’AFP Philippe Courtois, l’avocat de Sophie Rollet, veuve d’un chauffeur routier qui avait révélé l’affaire à la justice en 2016. “Nul ne doit oublier que Goodyear était au courant de cette procédure depuis son ouverture” il y a neuf ans.”Quelques heures ont suffi après les auditions pour conforter le juge d’instruction dans la nécessité impérieuse de voir Goodyear s’expliquer sur des faits ayant eu des conséquences humaines”, a retenu l’avocat.Il s’est toutefois dit “réellement inquiet sur le fait de savoir que des pneumatiques concernés semblent toujours en vente aujourd’hui”.- Pas de rappel “impératif” -L’enquête porte sur trois dossiers de collisions mortelles impliquant des poids lourds équipés de pneus Goodyear dans la Somme, le Doubs et les Yvelines, en 2014 et 2016, qui ont fait quatre morts au total. D’après les investigations, plusieurs accidents ont été provoqués par l’éclatement du pneu avant gauche des camions, des pneus Goodyear Marathon LHS II ou Marathon LHS II+, faisant perdre le contrôle du véhicule aux chauffeurs. Il est reproché au géant américain d’avoir eu connaissance d’un défaut de fabrication de ces modèles, mais de ne pas en avoir averti ses clients.A partir de 2013, Goodyear a mis en place des “programmes volontaires d’échange”, ce qui lui a permis de récupérer environ 50% des équipements incriminés. Mais le groupe n’a pas procédé à une campagne de rappel “impératif” des pneus concernés, dont certains sont toujours disponibles sur des sites de ventes d’occasion en Europe de l’Est, avait indiqué en avril le procureur de Besançon Etienne Manteaux.Ces drames n’ont pas concerné que la France. “Je crois qu’il y a eu des accidents dans toute l’Europe”, avait estimé M. Manteaux, qui a depuis quitté la cité franc-comtoise. Les dossiers de quatre autres collisions similaires survenues entre 2011 et 2014 dans l’Hérault, l’Indre et l’Isère, dans lesquelles trois personnes sont mortes, ont par ailleurs été versés à l’instruction à titre d’information, les faits étant prescrits.

La banque HSBC va supprimer 348 postes en France

La banque britannique HSBC va supprimer 348 postes en France, soit 10% de ses effectifs dans le pays, a-t-elle indiqué mercredi, confirmant une information du quotidien Les Échos.HSBC vient “de présenter un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi, NDLR) d’envergure aux représentants du personnel, portant sur plus de 10% de ses effectifs en France”, écrit le journal, ce qu’a confirmé un porte-parole de la banque à l’AFP.Au total, 348 postes sont concernés par ce plan sur les “quelque 3.000 que compte la banque encore aujourd’hui. Des fonctions supports mais aussi commerciales sont concernées”, ajoute l’article.Devenu en septembre le directeur général de HSBC, Georges Elhedery, un ancien directeur financier, a engagé dès octobre une refonte de la structure internationale pour la “simplifier”, mais aussi séparer ses marchés “orientaux” et “occidentaux”, pour se concentrer sur les marchés “qui ont un avantage concurrentiel clair et les plus grandes opportunités de croissance”.Le géant bancaire avait ajouté en février que le plan de réorganisation engagé par son nouveau directeur général devait permettre d’économiser 1,5 milliard de dollars par an d’ici fin 2026.”HSBC reste pleinement engagé sur l’Europe”, a cependant assuré aux Échos une source au sein de la banque. “Nous souhaitons toujours être la banque internationale de nos clients.”La banque britannique a cédé sa banque de détail en France en 2024 à la société My Money Group (MMG), contrôlée par le fonds américain Cerberus, qui exploite maintenant le réseau sous le nom Crédit commercial de France (CCF). La direction a annoncé début décembre le départ de centaines de salariés et la fermeture de plus de 80 agences (sur un total de 234 agences aujourd’hui).HSBC va également vendre ses activités d’assurance vie en France à l’assureur mutualiste Matmut, après un accord conclu fin 2024.Le groupe bancaire a annoncé avoir réalisé en 2024 un bénéfice net de 22,9 milliards de dollars, en hausse de 2%.

Delphine Ernotte Cunci, femme de télé et de pouvoir

Novice dans l’audiovisuel il y a dix ans, Delphine Ernotte Cunci s’est imposée dans le monde impitoyable du petit écran, faisant avancer parfois à marche forcée le paquebot France Télévisions et marquant ses ambitions pour la suite.A 58 ans, elle vient d’être portée mercredi pour la troisième fois à la tête du groupe public, un record. En 2015, débarquant du secteur des télécoms, elle avait été la première femme à accéder à la présidence de France Télé.Elle a promis que son nouveau mandat de cinq ans, jusqu’en 2030, serait synonyme de “passage de témoin à une nouvelle génération”.Ses débuts n’avaient pas été évidents, avec sa nomination attaquée par plusieurs syndicats du groupe. Son franc-parler avait aussi froissé: “on a une télévision d’hommes blancs de plus de 50 ans” et “il va falloir que ça change”. Plusieurs figures avaient pris la porte: David Pujadas, Julien Lepers, Patrick Sébastien, William Leymergie…”Il y avait seulement 25% de femmes sur nos antennes et nous sommes aujourd’hui à 50/50″, se félicite désormais celle pour qui “être féministe, ce n’est pas un gros mot”.Au début, “on m’a aussi fait un procès en illégitimité car je n’étais pas du sérail”, rembobinait récemment la quinqua fine et discrète, dans La Tribune Dimanche.Avant la télévision, cette ingénieure diplômée de Centrale avait passé l’essentiel de sa carrière chez Orange, jusqu’à devenir directrice exécutive d’Orange France et ses 80.000 salariés.”J’ai appris ce qu’est le journalisme, la fiction, le cinéma, le divertissement”, reconnaît cette fille de médecins, petite-fille d’un ancien maire de Bayonne.Mère de deux enfants, elle goûtait déjà au théâtre, avec son mari comédien Marc Ernotte.- “Air du temps” -Pragmatique, elle s’est fondue dans la culture France Télé, défendant “la représentation de tous les Français et tous les territoires”.En 2024, elle avait déclaré que sur les antennes, “on ne représente pas la France telle qu’elle est”, mais “on essaie de représenter la France telle qu’on voudrait qu’elle soit”.Dans un univers médiatique polarisé, ces propos lui avaient valu de vives critiques. Elle s’était ensuite défendue de vouloir “déformer la réalité”, assurant qu’il s’agissait d'”inciter à une plus grande mixité”.Elle reste honnie par les médias du milliardaire ultra-conservateur Vincent Bolloré.Ainsi pour Pascal Praud, tête d’affiche de CNews, “Mme Ernotte a wokisé France TV”, telle “l’Eva Peron du camp du Bien”, en référence à la pasionaria argentine.De son côté, l’ancien patron de M6 Nicolas de Tavernost admet qu'”elle épouse parfois un peu trop l’air du temps”. Mais “elle est une des meilleures dirigeantes du service public qu’on ait connues”, salue-t-il auprès de l’AFP, évoquant “une femme de parole” qui a “du caractère”.”Un tank oui”, mais “c’est pas l’imagination au pouvoir”, tacle un autre dirigeant de média privé, pointant une gestion trop “administrative” et une reconduction “entre gens du public”.- La politique? “Pas mon truc” -A l’actif de Delphine Ernotte Cunci figurent le lancement en 2016 de la chaîne franceinfo (dont les audiences restent toutefois faibles), puis plus récemment le rapprochement de France 3 et France Bleu sous la marque “Ici”.Elle a également mis sur pied plusieurs plateformes: Okoo, Lumni, france.tv promue comme la “première plateforme gratuite” dans l’Hexagone. Mais France Télévisions “doit accélérer sa transformation numérique” pour s’adapter aux nouveaux usages et aux jeunes audiences, a pressé en 2024 l’Inspection générale des finances.Le cheval de bataille actuel de la patronne de France Télé est une holding commune pour l’audiovisuel public – sans cesse retardée. Elle devrait logiquement se positionner pour en prendre les rênes.Ce projet, poussé par la ministre de la Culture Rachida Dati, lui a valu une série de grèves internes, et des inimitiés à Radio France, où est crainte une suprématie de la télévision.Autre contentieux: avec les syndicats. “Le climat social s’est considérablement dégradé”, estime la CGT de France TV, qui relève “une réduction nette de près de 1.000 emplois sur 10.000 en dix ans”, sur fond d’austérité budgétaire. Femme de réseau, Delphine Ernotte Cunci sait manœuvrer. La politique? “ce n’est pas mon truc”, assure cependant la présidente, dont la sœur Marie-Christine Lemardeley est adjointe de la maire de Paris.Elle avait déclaré l’année dernière au magazine Causeur: “Je suis une patronne d’entreprise et rien d’autre. Ce que j’aime, c’est manager et décider.”

Médias: conforté à la tête de Prisa, Oughourlian veut la fin des “guerres intestines”

L’homme d’affaires franco-libanais Joseph Oughourlian a appelé mercredi à mettre fin aux “guerres intestines” qui agitent le géant des médias Prisa, après avoir été conforté à une très large majorité à la tête du groupe espagnol, dont il est le principal actionnaire.Ces derniers mois, “nous avons subi des attaques médiatiques, financières et même personnelles”, a assuré M. Oughourlian à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires du groupe de médias, propriétaire du quotidien El Pais, du journal sportif AS et de la radio Cadena Ser.Disant s’adresser au “groupe d’actionnaires qui remet en question l’intégrité de l’entreprise”, l’homme d’affaires d’origine arménienne, qui possède 29,57% de Prisa via son fonds d’investissement Amber Capital, a assuré vouloir “tendre la main” à ses adversaires.”Nous sommes cotés en bourse, nous opérons dans 22 pays et nous employons plus de 7.000 personnes… Ce groupe n’est pas un jouet et nous ne pouvons pas nous laisser distraire par des batailles internes”, ni “tolérer que des intérêts particuliers cherchent à s’imposer à l’intérêt commun”, a-t-il insisté.Lors de cette assemblée générale, 99,5% des actionnaires ont apporté leur soutien à la gestion de l’homme d’affaires, président depuis 2021 de Prisa, également propriétaire de l’éditeur de livres scolaires Santillana.Le groupe de médias espagnol traverse une période agitée depuis la démission de son directeur général Carlos Núñez fin février après le rejet par son conseil d’administration d’un projet de chaîne de télévision source de divisions en interne.Il s’agissait d'”un projet impossible à défendre d’un point de vue financier et très douteux du point de vue du marché”, a insisté Joseph Oughourlian, qui s’était déjà opposé frontalement fin février à ce projet, soutenu selon des médias espagnols par le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.La démission de Carlos Núñez a mis en lumière la rivalité existant entre les actionnaires fidèles à l’homme d’affaires d’origine arménienne, également président du RC Lens, et ceux qui lui sont hostiles.Selon l’hebdomadaire Le Point, le ministre espagnol de la Transformation numérique Oscar Lopez et le patron du groupe Telefonica, tous deux proches de M. Sánchez, auraient ainsi tenté de faire pression sur Arnaud de Puyfontaine, le patron du groupe Vivendi, qui possède 11% de Prisa.L’objectif aurait été de pousser Vivendi à vendre ses parts, en le menaçant d’une suspension du budget publicitaire confié par Telefonica à Havas, filiale du groupe français, pour provoquer un changement à la tête de Prisa et s’assurer du maintien d’El Pais sur une ligne proche du Parti socialiste.Disant être “las des guerres intestines”, Joseph Oughourlian a assuré mercredi travailler “au bénéfice de tous les actionnaires”, et insisté sur les efforts du groupe pour réduire sa dette, qui a atteint 664 millions d’euros fin mars contre 781 millions deux ans plus tôt.L’homme d’affaires a toutefois démenti des rumeurs lui prêtant la volonté de vendre le groupe d’édition Santillana pour accélérer ce désendettement. “Santillana est une branche essentielle de Prisa, une branche à laquelle on ne peut pas renoncer”, a-t-il assuré.