AFP Business

Alstom veut accélérer sa production de trains à très grande vitesse

Confronté à une “course contre la montre” pour honorer ses nombreuses commandes de trains à très grande vitesse, Alstom a décidé d’accélérer en investissant 150 millions d’euros pour tripler ses capacités de production afin d’éviter les retards de livraison.”Nous avons fondamentalement revu notre gamme de produits”, tramways, métros, trains régionaux et TGV, a expliqué sur BFM Business le directeur général du groupe, Henri Poupart-Lafarge.Parmi ces nouveaux produits, le Avelia Horizon fait figure de fleuron. Ce train à très grande vitesse sur deux étages a été commandé à 115 exemplaires par SNCF Voyageurs, qui l’a baptisé TGV M.Ces rames, très attendues pour répondre à l’explosion de la demande de trains, doivent être mises progressivement en service à partir de début 2026. Une véritable “course contre la montre”, pour le constructeur ferroviaire français, qui a déjà enregistré plusieurs retards dans la livraison de ce matériel – initialement prévue avant les Jeux de Paris-2024.”Ce TGV rencontre un grand succès, à la fois en France mais on l’a vendu aux Etats-Unis, nous l’avons vendu au Maroc et nous l’avons vendu au premier opérateur privé, Proxima”, a également précisé sur BFM Business le directeur général d’Alstom.- Embauches -“Nous devons faire monter en capacité l’ensemble de nos usines”, a-t-il ajouté. Alstom va donc doubler les lignes de chaudronnerie et d’assemblage de son usine de La Rochelle, où sont assemblés les Avelia Horizon, et créer une nouvelle ligne de production dans son usine de Valenciennes.La création de cette nouvelle ligne, dans une usine habituée à fabriquer des métros et des RER, va absorder un cinquième des investissements prévus, soit 30 millions d’euros sur 150 millions.L’objectif est d’arriver à “un triplement des capacités de production”, a annoncé le directeur général.Actuellement le constructeur est en mesure de sortir environ un train Avelia Horizon par mois. Il souhaite pouvoir en sortir en moyenne 2,5 par mois d’ici deux ans.Ces investissement s’accompagneront de 1.000 embauches en France en 2025. Alstom prévoit aussi de construire un nouveau bâtiment dans son usine de Belfort, là où sont fabriquées les motrices de l’Avelia Horizon, “destiné aux activités de préparation à la mise en service commercial des trains à très grande vitesse”.- Délais serrés -L’objectif est d’atteindre une meilleure régularité dans les livraisons, ce qui repose en grande partie sur la chaîne d’approvisionnement, selon M. Poupart-Lafarge.”Nous avons eu en début d’année quelques soucis avec un certain nombre de fournisseurs. C’est d’ailleurs depuis trois ou quatre ans un souci constant compte-tenu de la situation économique”, a-t-il souligné. Alstom va donc dédier une partie des 150 millions d’euros à aider ses fournisseurs à monter en puissance.Les délais sont serrés puisque Proxima, la néocompagnie qui souhaite se lancer sur l’axe Atlantique pour concurrencer SNCF Voyageurs, a commandé 12 rames avec l’objectif de lancer son service commercial en 2028.Le Maroc a lui commandé 18 rames et souhaite les voir livrées avant la Coupe du monde de football 2030.Confronté à de grandes difficultés industrielles et financières en 2023, Alstom avait dû lancer il y a un an et demi un plan de désendettement qui s’est traduit par la vente de ses activités de signalisation en Amérique du Nord, la suppression de 1.500 postes administratifs et une augmentation de capital.Le constructeur ferroviaire a depuis redressé la barre, choisissant de privilégier des commandes à forte valeur ajoutée et la rentabilité aux volumes.

Batteries: les usines françaises avancent malgré la défiance du secteur

ACC, AESC, Verkor: les usines de batteries pour véhicules électriques grandissent dans le nord de la France, même si le secteur est en plein doute après la faillite du géant suédois Northvolt.La pionnière ACC monte en cadence à Douvrin. Elle a livré ses premières batteries pour la Peugeot 3008. “Nous avons fabriqué autant de cellules et de modules au premier trimestre 2025 que pendant toute l’année 2024”, a souligné Matthieu Hubert, secrétaire général d’ACC.A quelques kilomètres de là, AESC-Envision fait les derniers tests avant de lancer la production en série. L’usine du géant sino-japonais de la batterie s’est installée à Douai sur un parking de l’usine Renault, dont il équipera les R5 électriques.Près du port de Dunkerque et de l’imposante centrale nucléaire de Gravelines, au milieu des champs, l’usine de la start-up Verkor est sortie de terre et installe ses machines. “On va tout raccorder mécaniquement, électriquement, dans les prochaines semaines”, a déclaré mercredi à des journalistes Benoît Lemaignan, un des cofondateurs de Verkor. Après des tests, l’entreprise devrait démarrer la production au plus tard en début d’année 2026.L’objectif de Verkor est de produire 16 gigawattheures de batteries par an à partir de 2028, dont 12 pour Renault, soit de quoi équiper 150.000 véhicules. A quelques pas de la nouvelle usine, un terrain est réservé pour le groupe taïwanais ProLogium, qui compte y construire aussi sa propre usine française.- Stratégique -La réussite de ces usines de batteries pour voitures électriques en France, en Hongrie ou en Espagne est considérée comme stratégique par l’Europe, alors que la Chine produit encore 83% des batteries mondiales, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Plus de 60 milliards d’euros ont été investis dans ces usines à travers le continent depuis 2020, selon le géant de l’informatique Capgemini.Dans la “vallée de la batterie” du nord de la France, ces usines devraient créer 13.000 emplois directs et au moins le double d’emplois indirects, d’après l’Aria, qui représente les industriels locaux de l’automobile.Réuni cette semaine à Dunkerque, le secteur s’interrogeait sur les difficultés des entreprises à monter en cadence et surtout à trouver des financements. La faillite début mars de Northvolt, plus grande initiative européenne dans ce secteur stratégique, était liée à des retards dans sa production mais aussi à un ralentissement du marché des voitures électriques en Europe.Pour Richard Bouveret, patron de Blue Solutions, “il y a eu un peu d’hystérie” sur les financements et “beaucoup d’actionnaires le paient”. Cette filiale du groupe Bolloré mise sur un modèle de batteries et d’usines moins coûteuses, tandis que d’autres comme ProLogium visent des batteries plus puissantes promettant une recharge très rapide.”Il faut aller au-delà des produits qu’on a déjà et gagner la confiance des consommateurs comme des investisseurs”, a estimé M. Bouveret lors d’une table ronde.La rentabilité de ces projets pharaoniques reste incertaine. Les coûts de production en Europe sont environ 50% plus élevés qu’en Chine, la chaîne d’approvisionnement liée aux batteries reste relativement faible et le secteur manque de salariés qualifiés, notait l’AIE début mars dans un rapport.”On est à un moment charnière”, a résumé Pierre Bagnon, spécialiste du secteur chez Capgemini.Après leur construction, les usines doivent faire des tests pendant de longs mois et produire des cellules de batteries qui seront jetées, avant de monter en qualité et passer à la production en série. Le patron d’ACC, Yann Vincent, parle de cette phase de tests comme d’une “vallée de la mort”.”Le démarrage ne dure pas un an”, a précisé M. Bagnon. “Construire une industrie européenne pérenne, durable dans le temps en termes de consommation énergétique, se passe sur le temps long”, a-t-il relevé.”Que ce soit aux Etats-Unis ou en Asie, les niveaux de soutien ont été considérables. L’Europe n’a pas encore pris conscience de ce dont on parlait”, a lancé Benoît Lemaignan chez Verkor. Comparés à l’argent que l’Europe dépense pour importer du pétrole, “les petits milliards qui ont été mis sur la table pour construire une industrie de la batterie en Europe ne sont pas à la hauteur”, selon lui.

Droits de douane: Wall Street en berne, pire séance pour le Nasdaq et le S&P 500 depuis 2020

La Bourse de New York a nettement chuté jeudi, au lendemain de l’annonce par Donald Trump d’une large offensive commerciale mondiale, qui fait craindre pour l’économie américaine.Le Dow Jones a clôturé en perte de 3,98%, l’indice Nasdaq a chuté de 5,97%, sa pire séance depuis mars 2020, et l’indice élargi S&P 500 a reculé de 4,84%, sa plus forte baisse en clôture depuis juin 2020.La place américaine a été chamboulée par les nouveaux droits de douane présentés mercredi par le président Trump, qui ont provoqué un vent de panique sur la plupart des marchés.Ces surtaxes sont particulièrement lourdes à l’encontre de l’Asie et de l’Union européenne, s’attirant des menaces de riposte qui risquent d’asphyxier l’économie des pays visés… mais aussi l’économie américaine.L’offensive de la Maison-Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, prévoit un droit de douane plancher supplémentaire de 10% et des majorations pour certains pays: 20% de taxes pour l’Union européenne, 34% pour la Chine 24% pour le Japon ou encore 31% pour la Suisse.”Les droits de douane sont plus élevés et plus graves que prévu, et il faudra un certain temps pour en déterminer les effets exacts, non seulement sur l’économie, mais aussi sur les bénéfices des entreprises”, a commenté auprès de l’AFP Tom Cahill, analyste de Ventura Wealth Management.”La croissance des bénéfices des entreprises sera beaucoup plus faible que ce que Wall Street avait prévu pour l’année”, estime cet analyste.M. Trump présente les droits de douane comme une baguette magique capable de réindustrialiser son pays, de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire, à rebours des analyses de la plupart des économistes qui anticipent de lourdes conséquences néfastes pour l’économie américaine.”La demande sera moins forte que prévu, car de nombreux consommateurs vont examiner leur budget et prendre des décisions difficiles”, juge M. Cahill. “Les consommateurs vont commencer à épargner davantage, tout simplement car ils sont incertains de leur avenir”, prévoit-il.”La banque centrale américaine (Fed) reviendra probablement sur le devant de la scène et, si le chômage augmente et que la croissance économique s’affaiblit considérablement, elle procédera probablement à des réductions plus importantes” de ses taux que les deux baisses qu’elle prévoyait jusqu’à présent, a expliqué à l’AFP Angelo Kourkafas, analyste d’Edward Jones.Dans ce contexte, le marché obligataire a encore joué son rôle de valeur refuge. Le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est détendu à 4,03%, contre 4,13% à la clôture la veille. En séance, il a chuté jusqu’à 3,99%.A la cote, peu de valeurs ont été épargnées par l’onde de choc provoquée par M. Trump.Le secteur de la tech était en berne. Plusieurs géants du secteur ont plongé face aux craintes d’une facture plus lourde pour leur chaîne d’approvisionnement.Première capitalisation mondiale, Apple a connu sa pire chute depuis 5 ans (-9,25%), laissant s’envoler plus de 300 milliards de dollars de capitalisation boursière. D’autres géants du secteur ont aussi été touchés, comme Nvidia (-7,81%), Dell (-19,00%), Broadcom (-10,51%) ou HP (-14,74%).Entreprises de l’habillement et équipementiers sportifs ont aussi reculé, plombés par les annonces du président américain sur les droits de douane, avec une addition très lourde pour l’industrie textile.Les marques dont une partie des vêtements sont fabriqués en Chine ou au Vietnam (respectivement taxés à hauteur 34% et 46%, en plus des droits de douane déjà imposés) ont dévissé, à l’instar de Gap (-20,38%), Ralph Lauren (-16,27%), Lululemon (-9,58%) ou encore le géant américain Nike (-14,47%).”Si ces droits de douane restent en place pour une période prolongée, je pense que le marché boursier (peut encore baisser) de manière substantielle”, considère M. Cahill. M. Trump a lui prédit jeudi un bond financier et économique, en dépit des lourds droits de douane annoncés la veille.

Droits de douane de Trump : l’onde de choc continue de parcourir la planète

L’onde de choc provoquée par l’annonce par Donald Trump de droits de douane massifs pour les partenaires commerciaux des Etats-Unis continue vendredi de parcourir la planète, les Bourses européennes ouvrant en baisse, suivant le mouvement en clôture des marchés asiatiques, toujours sonnés.En attendant d’en savoir davantage sur la réaction des partenaires commerciaux des Américains, les principaux indices boursiers européens continuaient de baisser dans les premiers échanges : Paris cédait 0,86%, Francfort 0,70%, Zurich 0,86% et Milan 1,55%.En Asie, la Bourse de Tokyo a accentué ses pertes en clôture : l’indice vedette Nikkei a perdu 2,75%, et l’indice élargi Topix 3,37%.De même, la Bourse de Sydney a chuté de 2,44% et celle de Séoul reculé de 0,86%. Les places chinoises étaient fermées en raison d’un jour férié.”A en juger par les réactions des marchés mondiaux, l’incertitude est plus grande que jamais”, soulignent les analystes de Tokai Tokyo Securities.Les droits de douane américains de 24% imposés au Japon constituent une “crise nationale” pour l’archipel, a déclaré vendredi le Premier ministre nippon, Shigeru Ishiba, devant le Parlement. Les Etats-Unis absorbaient l’an dernier 20% des exportations japonaises. Alors que les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis ont commencé à chercher la parade jeudi face au coup de massue infligé par Donald Trump, le président américain a balayé les inquiétudes. “L’économie avait beaucoup de problèmes… C’était un patient malade, (elle) va finir en pleine forme”, a-t-il assuré devant la presse, à bord d’Air Force One.Mais pour le Fonds monétaire international (FMI) les annonces de Donald Trump “constituent manifestement un risque important pour les perspectives mondiales, dans une période de croissance molle”, a averti sa directrice, Kristalina Georgieva.La veille, un vent de panique avait soufflé sur Wall Street, où les ménages américains placent massivement leur épargne.Des milliards de dollars d’actions sont partis en fumée: -5,97% pour l’indice Nasdaq, -4,84% pour l’indice de référence S&P 500, leur pire séance depuis 2020, lors du premier mandat de Donald Trump.Les entreprises fuies par les investisseurs sont celles dont le modèle de production est en péril en raison de leur dépendance aux importations en provenance d’Asie. Comme l’habillement (Gap, -20,38%) ou la tech (Apple, -9,25%). Les nouveaux droits de douane sont particulièrement punitifs pour la Chine (qui, précédemment visée, verra au total les taxes sur ses produits augmenter de 54%), le Cambodge (+49%), le Vietnam (+46%) ou encore le Bangladesh (+37%).Symptôme des fortes inquiétudes sur un ralentissement économique à venir, le pétrole a reculé de plus de 6% et l’or, actif refuge, a connu de nouveaux sommets.Cette nouvelle salve arrive après d’autres, plus ciblées: +25% sur l’acier et l’aluminium, mais aussi depuis ce jeudi +25% sur les voitures importées aux Etats-Unis.Le vice-président américain JD Vance a considéré jeudi dans une interview télévisée que la situation sur les marchés “pourrait d’une certaine manière être pire, car c’est une grosse transition”.- Macron esquisse une riposte -Stupéfaits par l’ampleur de l’offensive américaine, qui rebat les cartes du commerce mondial, les principaux partenaires des Etats-Unis se sont globalement abstenus de jeter de l’huile sur le feu.La présidence américaine a laissé la porte ouverte à des négociations et mis en garde contre toute velléité de représailles, menaçant de sanctions supplémentaires.Face à une décision américaine “grave et infondée”, le président français, Emmanuel Macron, a esquissé une riposte graduée, passant par l’unité des Européens et la suspension temporaire des investissements aux Etats-Unis.Vendredi, le ministre de l’Economie, Eric Lombard, a appelé vendredi les entreprises françaises à faire preuve de “patriotisme”. “Il est clair que si une grande entreprise française acceptait d’ouvrir une usine aux États-Unis, ce serait donner un point aux Américains”, a-t-il déclaré. La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a estimé qu’il fallait avoir pour objectif de “supprimer” les droits de douane, “pas (de) les multiplier” par une surenchère. Le Canada, l’une des cibles favorites de Donald Trump, n’a pas subi de nouveaux droits de douane mercredi. Mais le voisin des Etats-Unis paie tout de même un tribut croissant dans la guerre commerciale enclenchée par Washington, avec des surtaxes qui touchent déjà une partie de ses exportations. Ottawa a décidé jeudi de taxer en retour certaines voitures américaines.- Suspension de production -L’offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane généralisé d’au moins 10% sur toutes les importations à partir du 5 avril à 04H01 GMT. Des majorations sont prévues à partir du 9 avril pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.Les marchandises de l’UE subiront ainsi par exemple 20% de taxes additionnelles, s’ajoutant aux droits de douane déjà en vigueur.Les surtaxes américaines pourraient réduire d'”environ 1%” le commerce mondial de marchandises en volume cette année, a affirmé jeudi la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala.La surtaxe sur l’automobile, entrée en vigueur jeudi, a déjà fait ses premières victimes avec l’annonce par Stellantis d’une suspension de la production dans certaines usines au Canada et Mexique. 

La Bourse de Paris recule toujours sous le coup des droits de douane américains

La Bourse de Paris évoluait en net repli vendredi, creusant ses pertes au surlendemain du séisme provoqué par l’ampleur des droits de douane annoncés par Donald Trump sur les produits importés aux Etats-Unis.Vers 09H45, le principal indice de la Bourse de Paris, le CAC 40, reculait de 1,07%, soit de 81.05 à 7.517,93 points. Jeudi, il a fini en chute de 3,31%.Depuis lundi et à ce stade de la séance, l’indice affiche une perte de 5,01%. A ce rythme, le CAC 40 se dirige vers sa plus mauvaise semaine depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.”Nous nous attendions à des annonces choquantes de Donald Trump, et cela a été pire” qu’escompté, écrit Xavier Chapard, stratégiste chez LBP AM.Les nouvelles taxes prévues sur les produits importés aux Etats-Unis vont d’un plancher de 10% pour tous à 54% en cumulé pour ceux en provenance de Chine. Les marchandises de l’Union européenne feront, elles, l’objet d’une taxe à l’importation de 20%. Certains territoires français d’outre-mer sont même visés par des droits de douane additionnels plus élevés (37% pour la Réunion et 50% pour Saint-Pierre-et-Miquelon).”Si ces tarifs ne sont pas réduits rapidement, ce qui est possible mais qui nous semble difficile, cela devrait pousser les Etats-Unis au bord de la récession dans les prochains trimestres”, estime M. Chapard.Cette politique commerciale des Etats-Unis, agressive et protectionniste, risque aussi de “faire remonter l’inflation américaine au-delà de 4% d’ici la fin de l’année”, ajoute le stratégiste.”La grande question est de savoir comment les partenaires commerciaux des États-Unis pourraient riposter. Cela déterminera l’impact sur l’économie mondiale”, écrit Jim Reid, économiste de Deutsche Bank. “Les investisseurs seront ainsi attentifs à tout accord potentiel visant à réduire les droits de douane. Donald Trump a déclaré jeudi soir que +les droits de douane donnent (aux Etats-Unis, NDLR) un grand pouvoir de négociation+, mais que les autres pays devraient offrir quelque chose de +phénoménal+ dans le cadre des négociations pour qu’il cède. Il n’y a donc aucun signe de soulagement immédiat”, a poursuivi Jim Reid.”Par exemple, le président français Emmanuel Macron a déclaré jeudi que les entreprises françaises devraient suspendre leurs investissements aux États-Unis”, a-t-il cité.La France investit davantage aux Etats-Unis que ce que les Américains injectent en France. En 2023, les investissements directs français outre-Atlantique s’élevaient à 370 milliards de dollars, faisant de la France le troisième investisseur européen et le cinquième investisseur étranger aux Etats-Unis, selon les chiffres du Bureau of Economic Analysis (BEA) américain.Dans le sens inverse, d’après la Banque de France, les Etats-Unis ont atteint un niveau total d’investissements de 142,1 milliards de dollars en France en 2023, ce qui fait du pays de Donald Trump le premier investisseur étranger en France. 

Droits de douane: “Nous faisons appel au patriotisme” des entreprises, lance le ministre français de l’Economie

Le ministre de l’Economie, Eric Lombard, a appelé vendredi les entreprises françaises à faire preuve de “patriotisme” face aux droits de douane massifs annoncés par le président américain Donald Trump. “Nous faisons appel au patriotisme”, a déclaré M. Lombard sur BFMTV/RMC. Alors que s’engage une négociation avec les Américains sur les droits de douanes, “il est clair que si une grande entreprise française acceptait d’ouvrir une usine aux États-Unis, ce serait donner un point aux Américains”, a-t-il ajouté. Le président Emmanuel Macron avait appelé jeudi les entreprises à suspendre leurs investissements outre-Atlantique. A propos de la riposte européenne qui se prépare, Eric Lombard a averti qu’elle pourrait aller “au-delà des droits de douane”. Il a évoqué normes, échange de données ou outils fiscaux.”On va riposter sur un ensemble de produits sur lequel on ne risque pas de désorganiser l’échelle de valeur en Europe”, a ajouté le ministre sur BFMTV/RMC. “La riposte peut être très vigoureuse et il ne faut pas qu’on riposte exactement avec les mêmes armes parce que si on fait comme les Etats-Unis (…), on va avoir aussi un effet négatif en Europe”, avec inflation et baisse de la croissance, a-t-il souligné. La riposte doit être “proportionnée” et “nous conduire à la table de négociation”, laquelle se fait “d’égal à égal”, l’économie européenne étant une “des plus puissantes du monde”, a-t-il insisté. “Nous avons tout à fait les moyens de négocier (…) pour obtenir un désarmement (des mesures annoncées, NDLR) le plus rapidement possible. Le dialogue se poursuit en permanence”, a-t-il ajouté.

Le Canada impose des droits de douane de 25% sur des importations auto américaines

Le Premier ministre canadien Mark Carney a annoncé jeudi des droits de douane de 25% sur certaines importations automobiles américaines, quelques heures après l’entrée en vigueur d’une taxe de même montant aux Etats-Unis sur tous les véhicules importés.Le tarif douanier canadien vise “tous les véhicules importés des Etats-Unis qui ne respectent pas” l’accord commercial nord-américain AEUMC, a annoncé M. Carney. Les droits de douane sur des importations de véhicules américains représentant une valeur de 35,6 milliards de dollars canadiens (25,3 milliards de dollars américains), devraient entrer en vigueur dans les prochains jours, a fait savoir son bureau à l’AFP.Les droits de douane canadiens auront une incidence sur les voitures et les camionnettes fabriquées avec moins de 75 % de pièces nord-américaines, soit environ 10 % de tous les véhicules expédiés des États-Unis vers le Canada, ce qui représente environ 67 000 véhicules par an.Le Canada a été épargné par la nouvelle vague de droits de douane annoncée mercredi par le président américain Donald Trump à l’encontre de la quasi-totalité des pays du monde, désormais confrontés à un tarif douanier d’au moins 10% sur toutes leurs ventes aux Etats-Unis.Mais Ottawa, premier partenaire commercial de Washington, est déjà visé par des droits de douane américains supplémentaires sur l’acier et sur l’aluminium, ainsi que sur les automobiles depuis jeudi matin.Dès l’entrée en vigueur de cette mesure, le constructeur automobile Stellantis, l’un des principaux constructeurs mondiaux, a annoncé une suspension de deux semaines de la production dans son usine canadienne de Windsor.La guerre commerciale déclenchée par le président des Etats-Unis “va provoquer une rupture dans l’économie mondiale”, a estimé M. Carney.”Le système commercial mondial ancré aux Etats-Unis et auquel le Canada s’était fié depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (…) n’existe plus”, a-t-il poursuivi.”La période de 80 ans pendant laquelle les Etats-Unis ont embrassé un rôle dirigeant dans l’économie mondiale, forgé des alliances fondées sur la confiance et le respect mutuel, et été les champions du libre-échange de biens et des services est terminée”, a affirmé le Premier ministre canadien.Ottawa a déjà imposé, en représailles, des droits de douane sur des biens de consommation américains d’une valeur de 30 milliards de dollars canadiens et sur des importations américaines d’acier et d’aluminium au Canada d’une valeur de 30 milliards de dollars canadiens.Lors d’un échange téléphonique la semaine dernière avec Donald Trump, M. Carney s’est mis d’accord avec le président américain pour discuter de l’avenir du commerce bilatéral après les élections législatives du 28 avril au Canada. Les produits canadiens et mexicains respectant les termes de l’accord AEUMC ne sont, à l’heure actuelle, pas visés par de nouvelles taxes. Tous les autres subissent jusqu’à 25% de droits de douane depuis mars.

Droits de douane: Wall Street en berne, plus forte baisse pour le S&P 500 depuis 2020

La Bourse de New York a franchement chuté mercredi, au lendemain de l’annonce par Donald Trump d’une large offensive commerciale mondiale, qui fait craindre pour l’économie américaine.Le Dow Jones a clôturé en perte de 3,98%, l’indice Nasdaq a plongé de 5,97% et l’indice élargi S&P 500 a reculé de 4,84%, sa plus forte baisse depuis juin 2020.

Droits de douane: les calculs de Trump médusent les économistes

Un calcul qui relève de “l’astrologie”? Les économistes semblent médusés jeudi par la formule retenue par l’administration Trump pour évaluer les droits de douane imposés par les Etats-Unis au reste du monde.”Ceci est à l’économie ce que le créationnisme est à la biologie et l’astrologie à l’astronomie”, s’est moqué l’ancien secrétaire au Trésor Larry Summers sur le réseau X.Le président Donald Trump a annoncé mercredi une vague de droits de douane sans précédent sur les importations américaines, allant d’un plancher de 10% pour tous, à 50% pour un pays pauvre comme le Lesotho.A l’appui de sa décision, le patron de la Maison Blanche a présenté un tableau en deux colonnes, listant à gauche les droits de douane appliqués selon lui aux exportations américaines par les partenaires commerciaux de Washington, et à droite les nouveaux droits de douane qui seront imposés par les Etats-Unis à partir de samedi à chaque pays.Par “gentillesse”, comme l’a expliqué M. Trump, les nouveaux tarifs douaniers seront inférieurs de moitié environ aux taux pratiqués selon Washington par les pays étrangers.Par exemple, la Maison Blanche a calculé que l’Union européenne taxait les importations américaines à hauteur de 39%. En réponse, les Etats-Unis entendent donc désormais taxer les exportations de l’UE à 20%.Le problème, c’est que le calcul ne correspond pas du tout aux statistiques de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Selon cette dernière, l’UE pratique en moyenne un tarif douanier de 1,7%, très loin des 39% avancés par Donald Trump.En ce qui concerne la Chine, elle taxerait, selon la Maison Blanche, à hauteur de 67% les produits américains. Mais elle appliquait en 2024 un tarif douanier moyen de 4,9%, d’après l’OMC.- ‘Stupide’ -Pour son calcul, la Maison Blanche affirme avoir pris en compte d’autres barrières commerciales que les simples droits de douane – citant notamment les normes environnementales ou la manipulation des taux de change. Mais il est difficile de comprendre comment de telles barrières non tarifaires peuvent se traduire en chiffres.Le représentant américain au Commerce a publié une formule aux multiples variables exprimées en lettres grecques. L’administration Trump a divisé sa balance commerciale (la différence entre importations et exportations) par la valeur des importations – et ce quel que soit le pays. Un calcul qui ne prend pas en compte les spécificités des liens commerciaux.”La formule se fonde sur la valeur relative de l’excédent commercial avec les Etats-Unis”, confirment les économistes de Deutsche Bank.”Cette approche est tellement pleine d’erreurs qu’il est difficile de savoir par où commencer”, a estimé le prix Nobel d’économie Paul Krugman sur son blog. Il a souligné que les calculs prenaient en compte uniquement les biens échangés, omettant les services.Au final, cette méthode est “stupide”, tranche-t-il.En appliquant la formule publiée par l’administration aux statistiques américaines de 2024, l’AFP a obtenu les chiffres présentés par le président américain. Les nouveaux droits de douane annoncés pour chaque pays correspondent à ce résultat, divisé par deux. Si la formule donne moins de 10%, ou en cas d’excédent commercial, les Etats-Unis appliquent uniformément un taux plancher de 10%. C’est le cas pour plus d’une centaine de pays ou territoires, dont le Royaume-Uni et l’Australie.Pour une raison indéterminée, seul l’Afghanistan, taxé à 10% seulement, ne correspond pas à ce calcul, Kaboul étant largement en excédent commercial avec les Américains.”Il est désormais manifeste que l’administration Trump n’a pas utilisé les chiffres des douanes pour calculer ses droits réciproques”, assène Larry Summers. “Cette politique tarifaire n’a aucun sens, même si l’on croit au protectionnisme”.

Droits de douane: le Lesotho, pays le plus touché, va envoyer une délégation aux Etats-Unis

Le Lesotho a annoncé jeudi l’envoi “en urgence” d’une délégation gouvernementale aux Etats-Unis pour plaider sa cause, après que le président américain Donald Trump a imposé à ce petit pays d’Afrique australe des droits de douane de 50%, les plus élevés annoncés pour une seule nation.D’autes pays africains ont été visés par des “tarifs réciproques” bien au-dessus du nouveau taux plancher de 10% décrété par Washington: 47% pour Madagascar, 40% pour l’île Maurice, 37% pour le Botswana, 30% pour la Guinée équatoriale et 30% pour l’Afrique du Sud. Mais c’est le Lesotho, entièrement enclavé dans l’Afrique du Sud, qui est en tête de la liste des nombreux pays frappés par les droits de douane additionnels massifs présentés mercredi par Donald Trump, dans le cadre d’une guerre commerciale mondiale qui s’intensifie.”Nous devons nous rendre d’urgence aux Etats-Unis pour dialoguer avec leurs dirigeants et plaider notre cause”, a déclaré le ministre du Commerce du Lesotho, Mokhethi Shelile, à des journalistes, disant craindre “la fermeture immédiate d’usines et les pertes d’emplois”.Le produit intérieur brut (PIB) du Lesotho – 2 milliards de dollars annuels – dépend fortement de ses exportations de produits textiles, notamment de jeans.L’industrie textile est la plus grande pourvoyeuse d’emplois dans ce petit royaume montagneux de quelque 2,3 millions d’habitants, grand comme la Belgique, et qui est accusé par l’administration Trump d’être parmi “les pires contrevenants” avec des droits de douane élevés sur les importations américaines.”Il y a onze usines dans le pays, dont la plupart exportent des marchandises aux Etats-Unis et fournissent du travail à 12.000 personnes”, a souligné M. Shelile.- Chercher “des solutions” -“Les marchandises actuellement en production seront touchées par ces droits de douane et ne seront pas exportées vers les Etats-Unis”, a précisé le ministre, en indiquant qu’il avait demandé aux usines de continuer à produire pendant que le gouvernement cherche “des solutions”.Ces annonces de Donald Trump montrent que le Lesotho a besoin de “diversifier” ses partenaires commerciaux, a reconnu M. Shelile, qui dit avoir déjà commencé à étudier d’autres options.”Nous ne pouvons pas compter uniquement sur les Etats-Unis”, a poursuivi le ministre. “Même si cette transition prendra du temps, le processus est déjà en cours.”Le Lesotho figure parmi la trentaine de pays d’Afrique subsaharienne qui ont accès au marché américain dans le cadre de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), un accord commercial promulgué en 2000 qui permet d’exporter certains produits africains aux Etats-Unis sans droits de douane.Le gouvernement malgache a de son côté déclaré jeudi avoir contacté l’ambassade des Etats-Unis pour “demander des éclaircissements et étudier les possibilités d’ajustement de ces nouvelles barrières tarifaires”.Le gouvernement “mobilisera tous les leviers diplomatiques et commerciaux pour obtenir une révision de ces mesures”, a-t-il déclaré.Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a pour sa part estimé que les droits de douane constituaient “un obstacle au commerce et à la prospérité partagée”. Il a souligné l’urgence de conclure “un nouvel accord commercial bilatéral mutuellement bénéfique”. Les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial de l’Afrique du Sud.Le Kenya, qui s’est vu de son côté imposer un taux plancher de 10%, a indiqué que les nouveaux tarifs présentaient “à la fois des défis et des opportunités”, lui donnant un “avantage concurrentiel” par rapport aux autres pays exportateurs de textile frappés par des taux beaucoup plus élevés.Les annonces de Donald Trump font aussi craindre la fin de l’AGOA, qui doit être réexaminé en septembre prochain.Le roi Letsie III du Lesotho a récemment dit craindre la perte d’emplois pour “30.000 à 40.000 personnes”.