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Transistor, bougies, réchaud…: en reprenant une vie normale, les Madrilènes tirent les leçons de la coupure géante

Les Madrilènes ont repris le chemin du travail mardi en tirant des leçons de la coupure d’électricité qui a frappé la péninsule ibérique et en dressant la liste des fournitures nécessaires pour l’affronter -transistor à piles, bougies ou réchaud à gaz.Comme des dizaines de millions de compatriotes, Valentin Santiago, technicien environnemental, n’est pas près d’oublier la journée de lundi.Lui qui a quintuplé son temps de trajet pour rentrer chez lui lundi soir n’a eu aucun souci mardi matin pour se rendre sur son chantier en plein centre de Madrid.Mais il sait désormais qu'”il faut toujours avoir du liquide sur soi”, et il entend s’acheter rapidement une radio à piles et des lampes de poche. Et “jamais, au grand jamais, je ne me séparerai de ma bonbonne de gaz”, assure-t-il.Son collègue Mario Bofano, un autre technicien environnemental de 29 ans, a lui aussi pu venir travailler sans encombre. “J’ai pris conscience de combien nous sommes dépendants du courant, à quel point tout repose sur l’électricité”, philosophe-t-il avant de se mettre à travailler.- “On arrive à se débrouiller” -“Ca nous a montré à quel point nous sommes vulnérables, ça nous a fait du bien quelque part”, abonde María Jesús Cobos, une avocate de 50 ans rencontrée mardi matin par une journaliste de l’AFP à bord d’un bus.La juriste a été surprise de voir que “les gens étaient très civilisés”, malgré l’absence de feux de circulation. “On arrive à se débrouiller dans n’importe quelle situation”. A la gare de train de banlieue de Recoletos, le trafic a repris doucement. Jennifer Mena, une agente de la compagnie ferroviaire nationale Renfe, a trouvé que les usagers prenaient “calmement” les annonces de perturbation: “Oui, il y a du retard, mais il y en a toujours”, éclate-t-elle de rire. “Aujourd’hui est un jour comme les autres” pour Josefa Luceño, 76 ans, mais hier c’était “horrible”. La septuagénaire a dû monter onze étages à pied: “Je suis montée une fois et jamais redescendue”, résume-t-elle. Et dès mardi matin, Josefa a repris sa routine et son bus pour aller voir une exposition. De son “odyssée” de trois heures, Rocio Vicente, une femme de ménage de 44 ans, garde le souvenir de la générosité de ce “monsieur qui lui a prêté deux euros” pour acheter son billet de bus alors qu’elle n’avait pas d’argent liquide.”José, comment ça va? Comment c’était hier? Tu es rentré comment?” Dans un café de Madrid, toutes les conversations tournent autour de “l’apagón” (la grande coupure de courant). Bianca, la serveuse, en retient pour sa part qu’il faut toujours avoir des bougies chez soi “au cas où”.Sur l’écran accroché au mur, la chaîne d’info en continu diffuse en boucle les images folles du pays sens dessus dessous.- “Déconnexion improvisée” -“Retour à la normale, retour à la normale… On ne sait pas trop nous”, sourit Juan, un financier de 52 ans qui ne veut pas donner son nom de famille.”Posons-nous deux secondes pour réfléchir” à ce qu’il s’est passé, suggère-t-il, assis avec ses collègues pour le petit-déjeuner. Lui continue à penser à tout ce que l’électricité représente dans la société “les hôpitaux, les chambres froides… pas tellement pour les gens qui travaillent dans des bureaux”.Sa collègue Susana, 50 ans, qui ne veut pas non plus donner son nom, a bien retenu elle aussi une leçon: “Avoir des baskets… Mon Dieu, les talons…”, soupire-t-elle en grimaçant au souvenir de sa marche d’une heure et demie avec ses escarpins la veille.”Il faut acheter un transistor, des bougies, des piles et des conserves de haricots blancs”, affirme-t-elle.Marcos Garcia, un avocat de 32 ans qui attend le bus, a lui aussi constaté “cette dépendance totale dans les systèmes technologiques”, et il aurait bien fait durer, lui, la panne.”Ca a été une après-midi de répit, une pause technologie, une déconnexion improvisée. Ca n’aurait pas été pareil si ça n’était arrivé qu’à moi, mais là, ça touchait tout le monde… On est prêts pour n’importe quoi depuis la pandémie, tout nous paraît plus simple”, juge-t-il.

Moins d’eau, même rendement : le pari durable du riz chilien

Dans les plaines du sud du Chili, de plus en plus touchées par la sécheresse, une expérimentation ouvre de nouvelles perspectives pour la culture du riz, grâce à une variété capable d’assurer de bons rendements avec moins d’eau face aux climats extrêmes.Pendant des millénaires, l’humanité a inondé ses rizières, afin de protéger les plants des maladies. Mais la raréfaction de l’eau rend aujourd’hui indispensable la recherche de méthodes plus économes pour produire l’aliment le plus consommé au monde.A Ñiquen, dans la région de Ñuble, à 400 kilomètres au sud de Santiago, Javier Muñoz avait l’habitude d’inonder ses rizières. Désormais, grâce à une expérimentation, il a réduit de moitié sa consommation d’eau, tout en obtenant une récolte abondante.”La culture du riz a toujours été inondée, un changement aussi profond est historique”, note auprès de l’AFP l’ingénieur agricole de 25 ans.Alors que le Chili subit depuis 15 ans une sécheresse inédite, liée au changement climatique selon les experts, Karla Cordero, ingénieure agronome de l’Institut national de recherche agricole (INIA), a mis au point une nouvelle variété de cette céréale, Jaspe, issue du croisement de semences chiliennes et russes, plus résistante aux conditions extrêmes. Grâce à cette nouvelle variété non transgénique, issue d’un long processus de sélection, elle a pu mettre en Å“uvre le Système de riziculture intensive (SRI), une technique développée dans les années 1980 visant notamment à réduire l’inondation des rizières. Souvent jugé trop exigeante à mettre en place, elle a démontré son efficacité lors de son association à cette variété mieux adaptée au stress hydrique.- “Approche prometteuse” -“Nous avons réalisé qu’il était possible de produire du riz sans inonder. Et malgré l’utilisation de moins de semences, obtenir la même production qu’avec un système traditionnel”, explique Karla Cordero.Jaspe résiste mieux “aux tempêtes, aux inondations, aux vagues de chaleur”, ajoute-t-elle, en observant des épis dorés dans les rizières de la famille Muñoz.Semée en rangs espacés de 30 cm, la nouvelle variété à grain long n’a nécessité que la moitié des 2.500 litres d’eau généralement requis pour produire un kilo de riz.Chaque graine a donné une trentaine de plants, soit près de dix fois plus qu’une culture classique.L’objectif est de faire du Chili un modèle pour les régions “où on produit de grandes quantités de riz et où il y a des sécheresses”, note Mme Cordero.En coordination avec l’Institut interaméricain de coopération pour l’agriculture, la technique sera testée prochainement au Brésil – plus grand producteur de riz des Amériques, en Uruguay et en Equateur. Depuis une dizaine d’années, l’économie d’eau dans la culture du riz est une priorité également “en Amérique du Nord et dans plusieurs pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est”, souligne Robert Zeigler, directeur de l’Institut international de recherche sur le riz.Au Japon, des semences sont développées pour faire face aux températures élevées, mais “pour qu’une nouvelle variété soit commercialisée, il faut quelques années de développement”, note Makiko Taguchi, experte en riziculture à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).Le projet chilien constitue “une approche prometteuse pour améliorer la production de riz tout en réduisant l’impact sur l’environnement”, note-t-elle en outre.Le riz est responsable de 10% des émissions mondiales de méthane, selon l’organisation onusienne. Fréquemment associé aux vaches, ce gaz à effet de serre est également généré par des bactéries qui se développent dans les rizières inondées.Contrairement à la tendance observée au Chili, où la sécheresse a réduit la culture du riz, la famille Muñoz multipliera sa production la saison prochaine.Et alors que Jaspe prend son envol, avec une commercialisation prochaine sur le marché national après avoir obtenu en 2023 le feu vert du ministère chilien de l’Agriculture, Mme Cordero pense déjà à son prochain défi : cultiver du riz dans les terres désertiques d’Arica, dans l’extrême nord du Chili.

La Bourse de Paris hésite, guerre commerciale et résultats au centre de l’attention

La Bourse de Paris oscille entre gains et pertes mardi, hésitante face aux développements de la guerre commerciale lancée par Washington et en pleine période de résultats d’entreprises.Vers 10H15 à Paris, l’indice vedette de la place parisienne, le CAC 40, perdait 0,13% soit une perte de 10,10 points, pour s’établir à 7.563,66 points. Lundi, ce même indice avait terminé en hausse de 0,50% à 7.573,76 points.Les marchés hésitent entre “miser sur l’espoir (d’un) allégement des tensions douanières”, ou au contraire, rester prudent face à l’incertitude qu’a entraînée la guerre commerciale quant à la résilience de l’économie mondiale, commente Stephen Innes, analyste chez SPI AM.Dimanche, le ministre américain des Finances, Scott Bessent, a défendu la politique de droits de douane de Donald Trump, y voyant un moyen de créer une “incertitude stratégique” afin de donner l’avantage aux États-Unis.Invité lundi à réagir à ces propos, Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré que les États-Unis devraient “mener un dialogue avec la Chine sur la base de l’égalité, du respect et des bénéfices mutuels”.La Chine a aussi assuré lundi qu’aucun appel téléphonique n’avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contrairement à ce qu’avait précédemment affirmé Donald Trump au magazine Time.La question des droits de douane, “tant qu’elle restera aussi centrale, devrait empêcher tout rebond durable des indices”, estime Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM.En parallèle, les investisseurs doivent digérer une nouvelle série de résultats d’entreprises.Schneider Electric voit rougeLe géant des équipements électriques Schneider Electric dévisse à la Bourse de Paris mardi, au lendemain de la publication de résultats jugés décevants car en-dessous des attentes des analystes, malgré une forte progression de son chiffre d’affaires.Vers 10H15 à Paris, le titre cédait 7,00% à 201,90 euros.Capgemini bonditLe groupe informatique français Capgemini grimpe à la Bourse de Paris mardi après la publication de ses résultats au premier trimestre, malgré un chiffre d’affaires en recul limité de 0,4%, la société maintenant tout de même ses objectifs pour 2025.Vers 10H15 à Paris, le titre de Capgemini gagnait 7,27% à 140,10 euros, peu après s’être envolé d’environ 9%.

L’ex-ministre des Armées Florence Parly nommée présidente du conseil d’administration d’Air France-KLM

L’ancienne ministre des Armées Florence Parly est nommée présidente du conseil d’administration d’Air France-KLM, avec prise d’effet le 4 juin, à l’issue de l’assemblée générale du groupe, a indiqué mardi le groupe de transport aérien. “Sa très grande expérience du monde des affaires et des institutions, à des postes de direction dans le domaine des transports et en tant que ministre, sont des atouts remarquables pour la réussite d’Air France-KLM”, a commenté dans le communiqué du groupe l’actuelle présidente, Anne-Marie Couderc, à ce poste depuis mai 2018. Mme Couderc, ancienne ministre de Jacques Chirac, avait atteint en mai 2023 la limite d’âge pour ce poste non exécutif, mais son mandat avait finalement été prolongé d’un an lors d’une assemblée générale en juin 2024.Lors de cette même AG, les actionnaires d’Air France-KLM avaient voté à 99% en faveur de la nomination de Florence Parly au conseil d’administration du groupe, avec la présidence en ligne de mire. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) avait autorisé en avril 2023 Florence Parly à rejoindre le conseil d’administration d’Air France, à condition qu’elle s’abstienne jusqu’au 20 mai 2025 de “toute démarche” auprès “des services sur lesquels elle avait autorité” en tant que ministre.Énarque, ancienne conseillère de Lionel Jospin à Matignon en 1997 puis secrétaire d’État au Budget en 2000, Florence Parly connaît bien Air France, où elle a travaillé de 2006 à 2014, occupant les postes de directrice de la stratégie d’investissement, avant de devenir directrice générale adjointe, d’abord chargée de l’activité cargo avant le court-courrier. Elle avait ensuite rejoint la SNCF, puis avait été nommée ministre des Armées en juin 2017, fonction qu’elle a occupée jusqu’en mai 2022. “Malgré une situation financière qui reste à consolider, notre groupe est ressorti plus fort des crises qui se sont succédé”, a encore commenté Anne-Marie Couderc mardi, se disant “confiante pour l’avenir d’Air France-KLM”. 

Face aux fuites de données massives, la Cnil va hausser le ton, annonce sa présidente

Après une année 2024 marquée par des fuites de données personnelles “d’une ampleur inédite”, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) va exiger davantage de garanties aux détenteurs de grandes bases de données.Le régulateur, qui publie son rapport annuel mardi, va imposer aux entreprises et organismes publics qui détiennent des bases de données de plus de deux millions de personnes d’instaurer un système de double authentification, réputé plus fiable qu’un simple mot de passe.Tous les salariés, prestataires ou sous-traitants qui se connectent à distance à ces services devront non seulement s’identifier de façon classique mais également utiliser un autre moyen d’identification, comme un code reçu par SMS. “Ce qui nous préoccupe, c’est que le nombre de violations qui concernent des bases de données de plus d’un million de personnes a doublé entre 2023 et 2024”, dit à l’AFP Marie-Laure Denis, à la tête de l’institution depuis 2019.Une tendance qui s’accélère puisque l’autorité chargée de la protection de la vie privée des Français a déjà relevé plus de 2.500 violations de données au premier trimestre 2025, soit près de la moitié de ce qu’elle a enregistré sur toute l’année 2024 (5.629).Sa présidente estime que “80% des grandes violations de données” enregistrées l’an passé “auraient pu être évitées” avec la double authentification, couplée à la mise en place d’outils permettant de détecter des extractions massives de ces informations ou encore une plus grande sensibilisation des salariés.Parmi les organismes qui en ont été victimes: France Travail, l’opérateur Free, le groupe de grande distribution Auchan et les opérateurs du tiers payant Viamedis et Almerys.- “Contrôles massifs” -Après un temps d’adaptation, la patronne de la Cnil promet des “contrôles massifs” dès 2026.L’an dernier, l’autorité a plus que doublé le nombre de sanctions prononcées, passant de 42 en 2023 à 87 en 2024, pour un montant total de 55,2 millions d’euros d’amendes.Le régulateur a également commencé à contrôler l’utilisation des données personnelles par les applications mobiles, sur le même principe que celui exigeant des sites internet de proposer explicitement l’acceptation ou le refus des cookies tiers.”Il y a eu des scandales, il ne faut pas hésiter à le dire, sur l’exploitation de données sensibles sans le consentement des utilisateurs”, affirme Marie-Laure Denis, citant notamment les applications de rencontres, “qui nous ont incités à nous saisir de ce sujet”.”On va contrôler le fait que vous êtes informé de la collecte des données qui est faite quand vous téléchargez ou quand vous utilisez une application, on va contrôler si ces données sont utilisées pour la prospection publicitaire sans le consentement des utilisateurs”, a-t-elle détaillé, soulignant le fait que “chaque Français télécharge environ 30 applications par an”.- IA sous surveillance -En parallèle, la Cnil a aussi placé l’intelligence artificielle (IA) générative, technologie qui repose sur l’exploitation massive de données, souvent personnelles, au coeur de ses préoccupations.”On travaille beaucoup avec les acteurs (de l’IA) pour essayer de voir quelles technologies mettre en oeuvre, pour qu’il y ait par exemple un filtre au moment de la régurgitation des données”, indique Mme Denis, afin qu’une partie de celles-ci “puissent pouvoir être effacées”.Elle se félicite également que les utilisateurs européens des plateformes de Meta (Facebook, Instagram) puissent refuser que leurs données publiques soient utilisées afin d’entraîner l’IA du géant américain, pour peu qu’ils remplissent un formulaire en ligne d’ici au 27 mai.Alors que, selon un baromètre Ifop/Talan publié en avril, 45% des Français sondés disent utiliser l’IA générative au quotidien, la présidente de la Cnil met en garde sur les données partagées lors des échanges avec ces agents conversationnels, comme ChatGTP de l’américain OpenAI ou Gemini de Google.”Soyez très vigilants avec les données qui devraient vous paraître être un peu sensibles (…) comme des données de santé, des données bancaires, des données sur votre identité sexuelle”, insiste-t-elle. “Ne confiez pas à une IA ce que vous ne confieriez pas à quelqu’un que vous croiseriez dans la rue.”

L’électricité quasiment rétablie en Espagne et au Portugal après une coupure géante

L’électricité est quasiment rétablie mardi en Espagne et au Portugal près de vingt heures après une coupure de courant massive et exceptionnelle qui a semé le chaos dans toute la péninsule ibérique, et dont l’origine reste à ce stade inconnue.Dans les rues des villes espagnoles, le retour du courant a souvent été accompagné dans la soirée d’applaudissements et de cris de joie des habitants, après une longue journée sans électricité, mais aussi le plus souvent sans internet ni téléphone mobile.Vers 06H00 heure espagnole (04H00 GMT), 99,16% de l’approvisionnement électrique national était rétabli en Espagne continentale, selon le gestionnaire du réseau REE. Au Portugal, quelque 6,2 millions de foyers avaient de nouveau le courant en milieu de nuit sur un total de 6,5 millions, d’après les autorités.En Espagne, le retour du courant a permis de rétablir le trafic ferroviaire sur plusieurs grands axes, dont Madrid-Séville et Madrid-Barcelone, selon la compagnie nationale Renfe. Le trafic reste cependant suspendu sur plusieurs autres grands axes, les autorités ayant donné la priorité au rétablissement des trains suburbains.D’après le ministre des Transports Oscar Puente, trois trains étaient encore bloqués mardi matin en Espagne avec des passagers à bord.A Madrid, la circulation des métros reste à ce stade suspendue. “Nous continuons de travailler pour rétablir le service”, a annoncé sur le réseau social X la régie des transports madrilènes, en recommandant aux habitants de prendre le bus.Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui s’est exprimé tard lundi soir depuis sa résidence officielle, ne s’est pas risqué à donner une explication sur les causes de ce blackout, qui a commencé lundi à 12H33 en Espagne (10H33 GMT.”Aucune hypothèse” n’est “écartée”, a-t-il martelé. “Jamais” il n’y avait eu un tel “effondrement” du réseau espagnol, a-t-il poursuivi, précisant que “15 gigawatts” d’électricité avaient été “soudainement perdus” sur le réseau espagnol, le tout “en à peine cinq secondes”.”Quinze gigawatts correspondent approximativement à 60% de la demande” en électricité de l’Espagne à cette heure-là de la journée, a décrit le chef du gouvernement.Son homologue portugais Luis Montenegro a de son côté évoqué une “situation grave et inédite” dont l’origine est à trouver “probablement en Espagne”.  – Embouteillages monstres -Le retour complet à la normale est attendu avec impatience dans les deux pays après une longue journée passée à jongler avec les difficultés, entre métros fermés, bus saturés, trains bloqués et communications extrêmement difficiles.A Lisbonne, “j’étais au bureau quand tout d’un coup mon ordinateur s’est éteint”, a témoigné auprès de l’AFP Edgar Parreira, un publicitaire de 34 ans. “Au début on s’est dit que c’était un problème dans l’immeuble, puis on commencé à appeler nos proches et on a compris que c’était toute la ville et ensuite que ça arrivait aussi en Espagne”, a-t-il ajouté.A Madrid comme à Barcelone, des milliers d’habitants ont dû traverser patiemment la ville, tentant de rentrer chez elles à pied. Les grandes artères de la capitale ont été victimes d’embouteillages monstres, au milieu desquels zigzaguaient des piétons tentant de se frayer un chemin.De longues files improvisées se sont étirées sur plusieurs centaines de mètres aux arrêts de bus. “Regardez, la queue fait mille virages”, se désespérait à Madrid Rosario Pena, une employée de fast-food de 39 ans. “J’ai déjà mis une heure et demie à arriver ici, et je ne sais pas combien il me reste encore jusqu’à chez moi…”Quelques heures plus tard, feux tricolores et façades des boutiques se sont à nouveau illuminés, signe d’une amélioration de la situation, au moins dans la capitale espagnole.Dans la seule région de Madrid, 286 opérations ont eu lieu pour venir en aide à des personnes piégées à l’intérieur d’ascenseurs, selon les autorités régionales.- Ecoles ouvertes -Mardi matin, les écoles restaient ouvertes en Espagne, le Premier ministre ayant toutefois prévenu que “les activités pédagogiques” pourraient être suspendues dans les régions qui ont été le plus touchées par la coupure de courant.”Il n’y a pas de problèmes d’insécurité. Notre système hospitalier marche correctement”, a assuré lundi soir Pedro Sanchez, en appelant les citoyens “à agir avec responsabilité et civisme”. De fait, malgré le chaos et la confusion, l’ambiance est restée calme et bon enfant dans les rues de Madrid tout au long de la panne.L’approvisionnement a été partiellement rétabli grâce aux interconnexions avec la France et le Maroc, et les centrales à gaz et hydroélectriques ont “été réactivées dans tout le pays”, selon M. Sanchez.Les centrales nucléaires espagnoles ont elles été mises à l’arrêt, une procédure de sécurité normale en cas de coupure d’électricité.En Europe, une défaillance du réseau allemand le 4 novembre 2006 avait plongé dans le noir 10 millions de personnes dont la moitié en France et le reste en Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Italie, Espagne, pendant près d’une heure.Trois ans auparavant, l’Italie toute entière, sauf la Sardaigne, avait été privée d’électricité le 28 septembre 2003.burx-vab/ybl

En Chine, l’aide à la conduite relance la guerre entre constructeurs

Après les prix, l’aide à la conduite est le nouveau champ de bataille de l’impitoyable marché automobile chinois. Mais un récent accident mortel a freiné l’euphorie autour de ces technologies, dont la Chine est un leader mondial.Ces systèmes peuvent assister le conducteur pour diverses tâches: évitement des obstacles, régulation de la vitesse ou encore stationnement, avec pour objectif ultime d’aboutir, d’ici quelques années peut-être, à un véhicule entièrement autonome.”Il y a dix ans, seulement 15% des clients déclaraient vouloir changer de voiture pour un véhicule plus intelligent. Aujourd’hui, c’est 54%”, a déclaré la semaine dernière Giovanni Lanfranchi, vice-président du groupe Zeekr, constructeur chinois de véhicules électriques.Selon un récent rapport d’AlixPartners, près de 60% des véhicules vendus en Chine l’an passé étaient équipés de systèmes d’aide à la conduite de niveau 2 (où le conducteur garde le contrôle mais bénéficie d’une assistance) ou plus.”Ces fonctionnalités deviennent un outil clé pour gagner en compétitivité”, souligne Yvette Zhang, analyste de ce cabinet de conseil.Certaines de ces entreprises chinoises utilisent leur propre technologie, comme le constructeur Xpeng ou encore Xiaomi (un spécialiste de l’électronique grand public qui s’est lancé dans l’automobile), tandis que d’autres collaborent avec des géants technologiques comme Huawei.Ces systèmes se développent également en Europe et en Amérique du Nord, où c’est l’un des grands arguments de vente de Tesla.Selon une étude d’AlixPartners auprès de centaines de dirigeants automobiles mondiaux, deux tiers des personnes interrogées ont estimé que la Chine est le leader du secteur.Le géant asiatique a un avantage en matière de “collecte et de traitement des données, ainsi que d’abondance d’ingénieurs spécialisés dans les logiciels et en apprentissage automatique”, indique le rapport.- “Publicité mensongère” -L’aide à la conduite alimente en outre la guerre des prix, qui fait rage en Chine dans le secteur automobile.En février, le mastodonte chinois des véhicules électriques BYD a ainsi annoncé qu’il déploierait son système de conduite “God’s Eye” sur la quasi-totalité de ses modèles, y compris d’entrée de gamme.Mais un accident mortel survenu en mars et impliquant une Xiaomi SU7, qui circulait en mode conduite assistée avant l’impact, a bouleversé le secteur.Le drame, qui a coûté la vie à trois étudiantes, a relancé les interrogations sur la sécurité et sur les affirmations des marques présentant leurs véhicules comme capables de “conduite autonome”.”La guerre des prix est si intense que les entreprises cherchent désespérément des moyens de se différencier”, déclare Tom Nunlist, analyste du cabinet Trivium China.”La question, c’est de savoir si les constructeurs ont fait des promesses excessives sur les fonctionnalités et ont commercialisé des produits trop rapidement, dans le seul but de remporter cette bataille commerciale.”Le ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’Information semble partager ces préoccupations.Après l’accident, il a convoqué une réunion, notamment avec les principaux constructeurs, pour indiquer que les règles de sécurité seraient désormais appliquées plus strictement.Le ministère les a notamment enjoint de tester avec minutie leurs systèmes et de “s’abstenir de toute publicité exagérée ou mensongère”.- Profil bas -“C’est un virage à 180 degrés par rapport à il y a encore deux mois. Les constructeurs automobiles mettent désormais moins l’accent sur la conduite autonome et privilégient la sécurité”, affirme dans une note Paul Gong, de UBS.Un changement de cap manifeste la semaine dernière au salon automobile de Shanghai.”La sécurité est la valeur suprême”, affirmait BYD sur son stand.Sur celui de Xiaomi, les panneaux d’information présentaient les choix de couleurs et les caractéristiques techniques du SU7 – le modèle impliqué dans l’accident mortel. Mais l’AFP n’y a trouvé aucune mention de l’aide à la conduite.”La course marketing autour des fonctions de conduite autonome semble marquer une pause”, souligne Paul Gong.Pour Zhang Yu, directeur général du cabinet shanghaïen Automotive Foresight, l’accident est un “revers” de “marketing”, mais le drame peut générer une prise de conscience et favoriser “un développement plus sain” du secteur, déclare-t-il à l’AFP.La technologie continue de progresser.Cependant, une voiture véritablement autonome n’est “certainement pas pour tout de suite”, affirme Tom Nunlist.Il prédit “des problèmes encore extrêmement complexes lors des dernières étapes”. 

L’électricité en grande partie rétablie en Espagne et au Portugal après une coupure géante

L’électricité revient mardi en Espagne et au Portugal après de longues heures d’une coupure de courant “exceptionnelle”, d’origine inconnue, qui a semé le chaos dans toute la péninsule ibérique.Dans les rues de différents quartiers de Madrid, le retour du courant a souvent été accompagné dans la soirée d’applaudissements et de cris de joie des habitants, après une longue journée sans électricité, mais aussi le plus souvent sans internet et sans téléphone mobile.Vers 05H00 heure espagnole (03H00 GMT) 92,09% de l’approvisionnement électrique national était rétabli en Espagne continentale, a annoncé le gestionnaire du réseau REE.Au Portugal, selon le gestionnaire du réseau électrique, quelque 6,2 millions de foyers avaient de nouveau le courant en milieu de nuit sur un total de 6,5 millions.Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez ne s’est pas risqué à donner une explication sur les causes de ce blackout qui a débuté à 10H33 GMT lundi (12H33 en Espagne).”Aucune hypothèse” n’est “écartée”, a-t-il martelé lors d’une conférence de presse. “Jamais” il n’y avait eu un tel “effondrement” du réseau espagnol, a-t-il poursuivi, précisant que “15 gigawatts” d’électricité avaient été “soudainement perdus” sur le réseau espagnol, le tout “en à peine cinq secondes”.”Quinze gigawatts correspondent approximativement à 60% de la demande” en électricité de l’Espagne à cette heure-là de la journée, a décrit le chef du gouvernement.Son homologue portugais Luis Montenegro a de son côté évoqué une “situation grave et inédite” dont l’origine est à trouver “probablement en Espagne”.Le retour progressif à la normale a constitué une bonne nouvelle des deux côtés de la frontière, après une longue journée passée à jongler avec les difficultés, entre métros fermés, bus saturés, trains bloqués et communications extrêmement difficiles.- Embouteillages monstres -A Lisbonne, “j’étais au bureau quand tout d’un coup mon ordinateur s’est éteint”, a témoigné auprès de l’AFP Edgar Parreira, un publicitaire de 34 ans.”Au début on s’est dit que c’était un problème dans l’immeuble, puis on commencé à appeler nos proches et on a compris que c’était toute la ville et ensuite que ça arrivait aussi en Espagne”, a-t-il ajouté.Dans le centre de Madrid, habitants et touristes se sont réunis devant les façades des hôtels chics ou des banques, pour profiter quelques instants d’un WiFi gratuit encore alimenté par des groupes électrogènes.En fin de journée, des milliers de personnes ont dû traverser patiemment la ville, tentant de rentrer chez elles à pied. Les grandes artères de la capitale ont été en proie à des embouteillages monstres, au milieu desquels zigzaguaient des piétons tentant de se frayer un chemin.Mêmes scènes à Barcelone, où de nombreux habitants sont descendus dans la rue, leur téléphone à la main, en quête d’un hypothétique réseau.De longues files improvisées se sont étirées sur plusieurs centaines de mètres aux arrêts de bus. “Regardez, la queue fait mille virages”, se désespérait à Madrid Rosario Pena, une employée de fast-food de 39 ans. “J’ai déjà mis une heure et demie à arriver ici, et je ne sais pas combien il me reste encore jusqu’à chez moi…”Quelques heures plus tard, feux tricolores et façades des boutiques se sont à nouveau illuminés, signe d’une amélioration de la situation, au moins dans la capitale espagnole.Dans la seule région de Madrid, 286 opérations ont eu lieu pour venir en aide à des personnes piégées à l’intérieur d’ascenseurs, selon les autorités régionales.- Trains bloqués -Mardi matin, trois trains étaient encore bloqués en Espagne avec des passagers à bord, selon le ministre des Transports Oscar Puente.Le trafic ferroviaire à grande vitesse doit reprendre normalement mardi matin sur plusieurs lignes principales, dont Madrid-Barcelone et Madrid-Valence, mais reste interrompu sur d’autres comme Barcelone-Alicante et entre Madrid et la Galice (nord-ouest), a écrit sur X M. Puente.Le trafic aérien a aussi été très perturbé, notamment aux aéroports de Madrid, Barcelone et Lisbonne, selon l’organisme de surveillance du ciel européen Eurocontrol. Mais le Premier ministre espagnol a souligné dans la soirée que seuls 344 vols sur 6.000 programmés dans le pays lundi avaient été annulés.”Il n’y a pas de problèmes d’insécurité. Notre système hospitalier marche correctement”, a assuré Pedro Sanchez dans la journée de lundi, appelant les citoyens “à agir avec responsabilité et civisme”. Et de fait, malgré le chaos et la confusion, l’ambiance est restée calme et bon enfant dans les rues de Madrid tout au long de la panne.L’approvisionnement a été partiellement rétabli grâce aux interconnexions avec la France et le Maroc, et les centrales à gaz et hydroélectriques ont “été réactivées dans tout le pays”, selon M. Sanchez.Les centrales nucléaires espagnoles ont elles été mises à l’arrêt, une procédure de sécurité normale en cas de coupure d’électricité.En Europe, une défaillance du réseau allemand le 4 novembre 2006 avait plongé dans le noir 10 millions de personnes dont la moitié en France et le reste en Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Italie, Espagne, pendant près d’une heure.Trois ans auparavant, l’Italie toute entière, sauf la Sardaigne, avait été privée d’électricité le 28 septembre 2003.burx-cn-mig/mdm/roc/tmt/gmo

“Mesures concrètes” du gouvernement attendues face à l’afflux de colis chinois

Le gouvernement français dévoile mardi des “mesures concrètes” pour répondre aux flux de colis en provenance de Chine, notamment des plateformes Shein ou Temu, dans le contexte du conflit commercial lancé par Donald Trump.Quatre ministres de Bercy, Eric Lombard (économie et finances), Amélie de Montchalin (comptes publics), Véronique Louwagie (commerce et artisanat notamment) et Clara Chappaz (intelligence artificielle et numérique), doivent faire le déplacement à l’aéroport de Roissy, pour parler “régulation” et “sécurité des plateformes de e-commerce”. Le ministère de l’Economie a expliqué lors d’un point presse vendredi s’attendre à ce que le conflit commercial “recompose les flux commerciaux” et entraine un “risque de déport des flux chinois vers des territoires européens, notamment la France”.Si à date, “ce n’est pas forcément un report tel quel” qui est observé, “il y a des velléités des plateformes d’avoir une communication peut-être plus agressive et plus présente vis-à-vis des consommateurs européens”, selon Bercy.Report ou pas, les flux en provenance de Chine sont en pleine expansion, alors que Donald Trump a signé début avril un décret faisant passer de 30 à 90% les droits de douane américains sur les petits colis envoyés de Chine.- “Principal point d’entrée” -“C’est certain, il va y avoir une invasion (en provenance) de la zone indo-pacifique”, a estimé lundi sur France Inter Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres de grande distribution E.Leclerc.”On parle de la Chine mais imaginez le Vietnam, la Corée, le Bangladesh, même la Turquie, tous ces pays, face à l’incertitude d’un débouché américain, vont essayer de trouver d’autres débouchés, et l’Europe est le premier débouché en termes de puissance d’achat”, a-t-il commenté.Roissy est le “principal point d’entrée du fret aérien à l’échelle nationale”, rappelle Bercy. Les membres du gouvernement doivent notamment rencontrer les services de la direction générale des douanes et des droits indirects (DGDDI), qui contrôlent les colis issus des plateformes de e-commerce.Ce n’est pas une mince affaire: à l’échelle européenne, environ 4,6 milliards d’envois d’une valeur inférieure à 150 euros sont entrés sur le marché européen en 2024, soit plus de 145 chaque seconde. Sur ce total, 91% provenaient de Chine.En France, 800 millions de colis d’une valeur inférieure à 150 euros ont été livrés l’an dernier sur un total de 1,5 milliard de colis, a rappelé Bercy. La focale est mise sur ces envois dits de faible valeur parce qu’ils bénéficient en Europe d’une exonération de taxe douanière quand ils sont envoyés depuis un pays tiers.- “Fluidité douanière” -Une exonération qui date de 2010 et décidée au nom de la “fluidité douanière”, rappelait début avril pour l’AFP Isabelle Feng, juriste et chercheuse à l’Université libre de Bruxelles et Asia centre.Mais la Commission européenne a appelé en février à supprimer cette franchise, pointant notamment des risques d’importation “de produits dangereux” et une empreinte environnementale non négligeable sur de tels volumes.Shein, basée à Singapour, fait l’objet d’une enquête de la Commission européenne, étant soupçonnée de ne pas suffisamment lutter contre la vente de produits qui ne respectent pas les normes européenne. L’institution enquête depuis octobre sur le site d’origine chinois Temu pour des motifs similaires. Entre temps, Shein, qui vend surtout des vêtements et Temu, qui commercialise aussi jouets, décoration, outils ou high-tech, sont devenus des acteurs majeurs de la consommation européenne.”A eux trois, Shein, Temu et Amazon représentent un quart des ventes de mode en ligne en France”, a observé le ministère de l’Economie vendredi.Fin février, le cabinet Circana avait aussi indiqué à l’AFP que c’était sur Shein et Temu que les Français avaient le plus augmenté leurs dépenses en 2024, illustrant “la forte tension sur le pouvoir d’achat et la quête de bas prix des Français pour continuer à consommer”, observait alors sur LinkedIn Emily Mayer, directrice des études chez Circana.kd-ola-eg-cda/jbo/jco