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“Je ne peux pas produire à ce prix-là”: le plus gros maraîcher du Grand Est cesse sa production

C’était le plus grand maraîcher du Grand Est : à Balgau (Haut-Rhin), Claude Keller, patron de l’entreprise ID3A, a décidé de mettre fin à son activité, essoré par l’impossibilité de vendre au juste prix ses légumes à la grande distribution.En 2024, sur 220 hectares de terres cultivées, l’entreprise a produit plus de quatre millions de salades, 1,5 million de bottes de radis, 320.000 choux blancs, 800 tonnes de navets, et encore des centaines de tonnes de persil et de céleri à destination des supermarchés français.Toutefois, dans les frigos grands comme des hangars et sur les champs qui s’étendent à perte de vue, pas un légume ne subsiste aujourd’hui. Au bord des parcelles, des montagnes de palettes et de cageots vides témoignent d’une époque désormais révolue.Les machines sont rachetées par des producteurs étrangers, les terres légumières vont être reconverties en grandes cultures (blé, orge, maïs) pour l’alimentation animale. Les supermarchés, eux, iront se fournir ailleurs.”On est en semaine 13 sur le calendrier. Normalement on aurait dû planter 50.000 batavias, 10.000 laitues, 25.000 feuilles de chêne blondes, et trois hectares de radis”, explique le chef d’entreprise en montrant les plannings de production de l’année précédente, restés accrochés sur de grands tableaux.Au lieu de ça, la PME a mis en place un plan de cessation d’activité, et licencie son personnel. Elle employait une douzaine de permanents et jusqu’à 70 saisonniers, soit 49 équivalents temps plein.- “Cadeau empoisonné” -La décision de mettre fin à cette activité entamée il y a 35 ans n’a pas été facile à prendre. “C’est des semaines et des mois où vous ne dormez pas la nuit”, témoigne l’agriculteur de 59 ans, qui a monté la société avec son père et y a fait toute sa carrière.”J’ai un fils qui nous a rejoint il y a un an, et je ne me voyais pas lui transmettre une entreprise comme ça. C’était un cadeau empoisonné”.A l’origine de ses difficultés, l’impossibilité de faire accepter à ses clients, les centrales d’achat des grandes surfaces, des hausses de prix pour répercuter “l’explosion des charges”, principalement l’augmentation du coût de l’énergie, des produits phytosanitaires et du transport.”Il y a un problème dans la filière”, analyse-t-il. “Personne n’a la droit de vendre à perte, que ce soit le grossiste, le distributeur, le magasin, ça paraît logique. Il n’y a qu’un seul maillon où on tolère la vente à perte, c’est nous, les producteurs, parce qu’on ne se base jamais sur le prix de revient, on ne parle que du prix du marché.”Ainsi en 2024, il a été contraint de vendre pendant des semaines ses salades à 50 centimes l’unité, quand elles lui coûtent 75 centimes à produire. “On a des produits frais, fragiles, on ne peut pas les stocker. C’est à vendre tout de suite ou alors c’est foutu. Ils jouent sur ce rapport de force, et nous on n’a pas le choix”.Il pointe la responsabilité des enseignes de la grande distribution et souligne le décalage entre le discours volontariste des grands patrons médiatiques et le comportement des directeurs de magasins, “qui mettent la pression”.- Concurrence des petits -Mais il n’élude pas non plus les limites du monde agricole. “Nous ne sommes que des petites PME, nous ne sommes pas organisés”, déplore-t-il, regrettant que l’interprofession n’ait “jamais réussi à mettre en place un bureau d’achat pour peser plus lourd dans les négociations”.Au final, il subit “la concurrence de petits producteurs, qui ne connaissent pas leurs prix de revient”, acceptent de baisser les prix et vendent à perte sans le savoir. “Tant que le prix de revient ne sera pas à la base de l’élaboration du prix de vente, je ne vois pas de sortie à notre problème”.Les grandes réformes, dont les lois Egalim, visant à protéger la rémunération des agriculteurs face à la grande distribution, n’y ont rien changé. “On pensait que ça nous aiderait, mais ça n’a pas été le cas. C’est le consommateur qui décide s’il achète nos produits, c’est lui qui a le pouvoir”.Pour son fils Léo, 24 ans, qui s’apprête à prendre la relève, l’arrêt du maraîchage laissera une petite cicatrice: “ça m’a fait mal au début”, confie-t-il sous sa casquette verte. “Mais j’ai pris conscience que c’était la meilleure chose à faire”.

Jusqu’à huit ans de prison au procès de vastes arnaques “Carton rouge”

Le tribunal de Nancy a prononcé lundi des peines allant jusqu’à huit ans de prison à l’encontre de 20 personnes, et en a relaxé deux, dans l'”exceptionnelle” affaire dite “Carton rouge” de vastes escroqueries ayant fait plus d’un millier de victimes, dont plusieurs clubs de football, pour un préjudice total de 28 millions d’euros.L’homme dont l’enquête a établi qu’il était “le chef” de l’organisation de malfaiteurs, Mickaël Ibgui, en fuite et sous le coup d’un mandat d’arrêt, a été condamné à huit ans de prison, une peine conforme aux réquisitions du procureur Vincent Legaut.Dans ses réquisitions en novembre, le procureur avait réclamé une peine “suffisamment significative pour qu’elle soit prise en compte dans le calcul coût/avantages” pour les personnes qui réfléchiraient à se lancer dans des escroqueries depuis Israël, avec le soutien opérationnel de main d’oeuvre en France, comme c’est le cas de ce réseau.Les faits s’étaient déroulés entre 2016 et 2018: les victimes, des centaines de particuliers, avaient laissé leurs coordonnées sur des sites internet de vente de diamants ou de cryptomonnaies. Rapidement rappelées par des escrocs opérant depuis Marseille ou Israël, elles ont été arnaquées de sommes allant jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros.Seuls quatre hommes, sur les 22 prévenus étaient présents lundi matin – dont un en visioconférence – pour écouter le jugement.Youval Timsit, lui aussi sous le coup d’un mandat d’arrêt et avec une “large implication” dans l’organisation selon le procureur, a été condamné à sept ans de prison.Le “chef de bureau de Marseille”, où l’organisation créait notamment des sites internet servant de support aux escroqueries, Fabrice Houta, a écopé de cinq ans d’emprisonnement. Ce dernier était présent à l’annonce du délibéré. Fabrice Journo, dit Yoni, présenté comme “l’associé” de Mickaël Ibgui, a été condamné à la même peine.- “Signe fort” -Ils étaient poursuivis pour “association de malfaiteurs”, “escroqueries” et certains pour blanchiment.Deux personnes ont été relaxées, dont l’un, présent à l’énoncé du délibéré, a poussé un discret soupir de soulagement.Les autres prévenus, “informaticiens” ayant créé les sites internet servant de support aux escroqueries, ou “prête-noms” ayant permis l’ouverture de comptes bancaires où ont circulé les sommes flouées, ont été condamnés à des peines souvent assorties de sursis.Une majorité des personnes condamnées ont aussi écopé d’une interdiction d’exercer une profession commerciale ou industrielle, et de diriger une entreprise, pour 10 ans, 15 ans ou définitivement, selon les cas. Ils devront aussi indemniser les victimes.”Les condamnations sont rendues au niveau que l’on espérait, et c’est un signe fort pour (les malfaiteurs) qui continuent”, a réagi auprès de l’AFP Guy Grandgirard, président de l’association de défense des consommateurs ADC France. Celui-ci a de “grosses préoccupations” pour la situation actuelle, avec un nombre croissant d’escroqueries.L’enquête avait débuté en 2017 par les plaintes de clubs de foot professionnel (Sochaux, Angers et Toulouse) qui avaient versé aux escrocs entre 10.000 et 35.000 euros, dupés par des appels téléphoniques d’hommes se faisant passer pour agents d’un joueur.- Remboursement -Mais l’escroquerie a essentiellement visé des particuliers. Au total, 1.046 personnes se sont constituées parties civiles dans ce dossier, a précisé le président du tribunal, Stanislas Massonie.Trois d’entre elles, victimes d’une arnaque aux diamants, étaient présentes et ont entendu le président ordonner le remboursement, par les prévenus concernés par l’escroquerie, des sommes flouées et de 3.000 euros au titre du préjudice moral.”On n’est pas venus pour rien”, s’est félicité un couple venu du Jura et qui a requis l’anonymat.Pour la fédération France Victimes, qui a accompagné ces dernières tout au long de la procédure, il faut désormais déterminer la capacité des mis en cause “à indemniser les victimes” et “l’éligibilité de celles-ci aux fonds de garantie”.Au-delà de ce dossier extraordinaire par son nombre de parties civiles, il pourrait “y avoir un avant et un après le procès +Carton Rouge+”, selon la fédération: “Les solutions proposées aux victimes feront montre de la capacité à les accompagner face à un phénomène d’ampleur, en croissance constante”.La justice a saisi durant la procédure 2,8 millions d’euros, soit un dixième seulement du préjudice financier total.

Trump affirme qu’un accord va être trouvé pour la vente de TikTok aux Etats-Unis

Donald Trump a affirmé qu’un accord allait être trouvé pour la vente des activités américaines du réseau social chinois TikTok, que le président des Etats-Unis souhaite voir “rester en vie” dans son pays.”Il y aura un accord pour TikTok”, a déclaré dimanche Donald Trump, lors d’un échange avec des journalistes à bord de l’avion présidentiel Air Force One.”Nous avons beaucoup d’acheteurs potentiels. Il y a énormément d’intérêt pour TikTok”, a-t-il également dit.Dès son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, le dirigeant républicain a accordé à ByteDance, maison mère chinoise de TikTok, un délai de 75 jours, soit jusqu’au 5 avril, pour vendre ses activités américaines. Faute de cession à cette date, la très populaire plateforme est censée être interdite aux Etats-Unis, selon les termes d’une loi votée l’année dernière au nom de la protection de la sécurité nationale.Plusieurs prétendants américains sont sur les rangs pour acquérir TikTok, dont la start-up d’intelligence artificielle Perplexity AI ou le Project Liberty porté par le propriétaire de l’Olympique de Marseille Frank McCourt, même si ByteDance n’a pas fait part de son intention de vendre.”On traite également avec la Chine à ce sujet, car ils pourraient être impliqués”, a indiqué Donald Trump dimanche. “Et on verra ce qui se passera. Mais je pense qu’il y aura quelque chose”.En 2020, à la fin de son premier mandat, l’ancien magnat de l’immobilier avait lui-même cherché, en vain, à interdire TikTok aux Etats-Unis.Il a changé d’avis pendant sa dernière campagne, prenant la défense de l’application, très populaire auprès des jeunes, qui revendique 170 millions d’utilisateurs dans le pays.”J’aimerais que TikTok reste en vie”, a avancé Donald Trump. “Egoïstement parlant, j’ai gagné le vote des jeunes de 36 points. Les républicains ne font généralement pas aussi bien auprès des jeunes et je pense que ça pourrait en grande partie être dû à TikTok”. 

Japon: des doutes écologiques et financiers menacent un projet d’acheminement d’hydrogène australien

Un projet phare d’acheminement d’hydrogène d’Australie vers le Japon, qui mise sur cette énergie pour sa décarbonation, se voit compromis par des doutes sur le bilan environnemental de sa production, basée sur la combustion de lignite et dont la liquéfaction s’avère coûteuse et énergivore.Baptisé Hydrogen Energy Supply Chain (HESC), ce projet tentaculaire évalué à 1 milliard de dollars visait à approvisionner l’archipel nippon depuis l’Australie.Mais pour l’heure, HESC doit se résoudre à se procurer de l’hydrogène au Japon même pour tenir l’échéance 2030 pour sa phase pilote –même s’il assure ne pas abandonner l’idée de produire en Australie un hydrogène décarboné.Des volumes considérables d’hydrogène, dont la combustion ne produit que de la vapeur d’eau, sont jugés nécessaires pour décarboner l’industrie lourde et les transports, mais cela suppose la création ex nihilo d’infrastructures aux coûts élevés et aux défis techniques redoutables.Et des différences cruciales existent entre “hydrogène vert” produit à partir d’électricité tirée des renouvelables, et “hydrogène bleu” s’appuyant sur la combustion de fossiles avec capture du carbone émis, voire “brun” (sans capture).Projet vitrine des ambitions environnementales japonaises, HESC visait à produire de l’hydrogène “bleu” dans l’État australien de Victoria (sud-est), en tirant avantage des abondantes réserves locales de lignite.HESC affirme vouloir produire à terme suffisamment d’hydrogène pour “réduire d’environ 1,8 million de tonnes par an les rejets de CO2” –à comparer aux 974 millions de tonnes de CO2 émis en 2022 par le secteur énergétique japonais selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).- “Opposition” -Le gouvernement japonais a promis 220 milliards de yens (environ 1,4 milliard de dollars) pour la phase actuelle de “démonstration commerciale” censée s’achever en 2030 avant une phase-pilote.Pour tenir l’échéance, la décision de délocaliser la production d’hydrogène au Japon a été prise “principalement en raison de retards des procédures côté australien”, a déclaré un porte-parole de Kawasaki Heavy Industries, l’un des groupes à l’origine du projet. Sans préciser les modalités de cet approvisionnement local.Le gouvernement de l’État de Victoria n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP. Des responsables australiens ont évoqué auprès des médias une “décision commerciale” japonaise.En réalité, le désintérêt des autorités australiennes s’explique en raison d’une “forte opposition” des militants écologistes et experts opposés au captage et au stockage du carbone, affirme Daisuke Akimoto, de l’Université des sciences de l’information de Tokyo.”Le principal problème auquel le projet est confronté est le refus d’approbation du projet d’hydrogène +bleu+ par le gouvernement du Victoria”, souligne-t-il. Ces incertitudes reflètent “des lacunes cruciales à mi-parcours” sur la faisabilité du captage du carbone, processus “difficile et complexe, n’ayant réussi pleinement nulle part”, abonde David Cebon, professeur d’ingénierie à l’Université de Cambridge.- “Absurde” -Kawasaki indique cependant poursuivre les “études de faisabilité” sur l’approvisionnement en hydrogène australien, se disant “très optimiste” et assurant que l’objectif “reste inchangé”.Mais M. Cebon n’exclut pas de voir le projet Australie-Japon “disparaître discrètement” en raison du coût du transport. Pour être acheminé par mer sous forme liquide, l’hydrogène doit être refroidi à -253 °C, processus extrêmement coûteux et énergivore.”Je pense que les esprits les plus avisés du gouvernement australien viennent de réaliser à quel point c’est absurde”, soupire Mark Ogge, du think-tank Australia Institute. L’entreprise énergétique japonaise Kansai Electric s’est d’ailleurs retirée d’un autre projet de production d’hydrogène “vert” en Australie. Elle refuse de commenter les informations de presse selon la flambée des coûts l’aurait effrayée.Le Japon, pauvre en ressources, est le cinquième plus grand émetteur mondial de dioxyde de carbone. Il produit déjà de l’hydrogène sur son territoire, principalement à partir de gaz naturel, de pétrole ou d’énergie nucléaire, bien que cette production soit limitée et onéreuse.Certains experts restent confiants: Noe van Hulst, conseiller hydrogène auprès de l’AIE, juge important d’adopter une vision à long terme.”Des projets pilotes permettent de tester les innovations par la pratique. C’est difficile de développer un marché de l’hydrogène bas carbone et cela prendra des décennies”, comme pour l’éolien et le solaire, déclare-t-il à l’AFP. Or, le solaire a finalement vu ses coûts s’effondrer, favorisant son adoption tous azimuts.Et pour l’instant, “il n’existe pas vraiment d’alternative pour décarboner ces secteurs difficiles à électrifier comme l’acier, le ciment, les transports maritime et aérien”, souligne M. van Hulst.

Le train Paris-Milan reprend du service 19 mois après son interruption

Après 19 mois d’interruption en raison d’un éboulement en vallée de Maurienne, dans les Alpes françaises, la liaison ferroviaire entre Paris et Milan a repris lundi matin, avec des trains quasiment pleins au départ de la capitale française.Les deux premiers TGV sont partis de la gare de Lyon, à Paris en direction de Milan à 06H46 puis 09H46 pour un trajet d’un peu plus de sept heures jusqu’à la capitale lombarde en passant par Macon, Chambéry, Modane, Oulx et Turin.”Très contente du retour de ce Paris-Milan qui me permet de ne pas prendre l’avion et de passer la journée dans le train”, s’est réjouie sur le quai Pia Decroix, étudiante française à Milan, habituée à revenir tous les deux mois à Paris mais qui depuis un an et demi s’était tournée vers le car et l’avion.Voyages SNCF prévoit de proposer trois allers-retours par jour, soit “2.000 places au total chaque jour”, a indiqué le PDG Christophe Fanichet.La compagnie a enregistré “déjà 110.000 réservations entre ce jour et la fin août: c’est +8% par rapport à 2023”, a-t-il ajouté lors d’un point presse avant le départ du train de 09H46.L’attente a été longue pour les voyageurs. Le 27 août 2023, après de fortes pluies, 15.000 mètres cubes de roches s’écroulaient sur une galerie ferroviaire, coupant la voie ferrée la plus empruntée entre la France et l’Italie, mais aussi une route départementale et l’autoroute A43.Cet éboulement, le pire ayant touché le réseau ferroviaire français depuis 1978 d’après le ministre chargé des Transports Philippe Tabarot, est survenu dans une zone géologique notoirement fragile.Il a nécessité des travaux longs et complexes. La sécurisation du site “a été une opération titanesque”, d’après SNCF Réseau.Outre les trois allers-retours quotidien de SNCF Voyageurs, Trenitalia, proposera deux allers-retours par jour.Signe de l’impatience des voyageurs pour le retour de cette liaison, le trajet quotidien proposé par SNCF Voyageurs avec une portion effectuée en autocar pendant toute la durée des travaux a plutôt bien fonctionné, avec un taux de remplissage supérieur à 80% d’après la compagnie française.Pour la reprise des TER en revanche, la région Auvergne-Rhône-Alpes a sorti plusieurs offres promotionnelles afin d’inciter les voyageurs à revenir au train, comme par exemple un billet à 3 euros entre Chambéry et Modane.La réouverture du Paris-Milan, par où transitaient plus de 10.000 trains par an avant l’éboulement, va aussi bénéficier au fret ferroviaire. “C’est extrêmement attendu”, a confirmé le PDG de DB Cargo France, Alexandre Gallo, qui préside également l’Association française du rail (Afra), un groupe réunissant tous les acteurs du ferroviaire concurrents de la SNCF. “Il va falloir attendre début 2026 pour retrouver les trafics qu’on a connus avant”, anticipe-t-il cependant. DB Cargo prévoit huit allers-retours par semaine contre 18 avant l’accident. Chez Hexafret (le successeur de Fret SNCF), les circulations reprendront le 7 avril avec une vingtaine de rotations par semaine contre une trentaine il y a un an et demi. Pour l’entreprise de fret publique française, “il n’y a pas eu de report modal massif” vers la route, la baisse des flux étant surtout due à la conjoncture économique.

La Bourse de Paris plombée par l’incertitude douanière

La Bourse de Paris évolue dans le rouge lundi, rattrapée par l’inquiétude avant la mise en œuvre attendue de nouvelles hausses de droits de douane cette semaine aux Etats-Unis.Vers 09H40 (heure de Paris), le CAC 40 perdait 1,02% à 7.837,09 points, en baisse de 78,99 points. Vendredi, l’indice parisien avait déjà terminé en baisse, en recul de 0,93%, à 7.916,08 points.”L’indifférence longtemps entretenue par de nombreux acteurs du marché vis-à-vis des mesures commerciales prises aux États-Unis se retourne désormais contre eux”, a noté Andreas Lipkow, analyste indépendant.”Un sentiment de désolation s’installe sur les places boursières et dans les salles de marché du monde entier”, a confirmé Jochen Stanzl, analyste pour CMC Market.Après l’acier et l’aluminium, et avant l’automobile, le président américain Donald Trump compte annoncer mercredi ses droits de douane dits “réciproques”, qui pourraient changer les règles du jeu du commerce mondial.Le 2 avril, qu’il surnomme le “jour de la libération”, M. Trump veut ériger de nouvelles barrières douanières dépendant principalement des taxes que les pays concernés imposent sur les produits américains.”A l’approche” de cette date, “l’appétit pour le risque des investisseurs est inexistant”, a relevé Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.Les mesures devraient cibler en priorité les pays pour lesquels la balance commerciale des Etats-Unis est particulièrement déficitaire ou que la Maison-Blanche accuse de “fermer leur marché” aux exportations américaines.”Les droits de douane seront (…) plus doux que ceux que ces pays ont accordés aux Etats-Unis au fil des décennies”, a toutefois assuré dimanche M. Trump devant des journalistes.Côté agenda, les investisseurs seront attentifs à la publication, lundi en début d’après-midi, de l’estimation officielle des chiffres de l’inflation pour le mois de février en Allemagne, première économie européenne.Maurel & Prom dévisseLe groupe pétrolier français Maurel & Prom cédait plus de 13% sur la Bourse de Paris vers 09H40 (heure de Paris), après avoir annoncé que les Etats-Unis avaient révoqué sa licence au Venezuela, dans un contexte de tension entre Caracas et Washington, qui cherche à asphyxier économiquement ce pays d’Amérique du Sud.Ces licences avaient été accordées par Washington à plusieurs grands groupes pétroliers pour leur permettre de continuer leurs activités dans le pays, malgré les sanctions et l’embargo pétrolier destinés à évincer le président vénézuélien Nicolas Maduro du pouvoir.Maurel & Prom a dit lundi dans un communiqué “avoir reçu une notification (…) du département du Trésor des États-Unis, datée du 28 mars 2025”, l’informant “que la licence spécifique accordée en mai 2024 pour ses activités au Venezuela a été révoquée”.

Guerre commerciale: Lagarde appelle à “une marche vers l’indépendance” de l’Europe

La guerre commerciale engagée par le président américain Donald Trump doit entraîner “une marche vers l’indépendance” de l’Europe, a affirmé lundi la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde. “Lui appelle ça +liberation day+ aux Etats-Unis, moi je considère que c’est un moment où nous devons ensemble décider de prendre mieux notre destin en main et je pense que c’est une marche vers l’indépendance”, a affirmé la dirigeante française sur la radio France Inter, évoquant “un moment existentiel pour l’Europe”.Après l’acier et l’aluminium et avant l’automobile, le président américain compte passer à la vitesse supérieure mercredi, en annonçant ses droits de douane dits “réciproques”, qui vont changer les règles du jeu du commerce mondial.Le 2 avril, qu’il surnomme “jour de la libération”, Donald Trump compte ériger de nouvelles barrières douanières qui devraient dépendre des taxes que les pays concernés imposent sur les produits américains, mais aussi d’autres facteurs, et frapper notamment l’Europe.”Il faut, pour se mettre en position de bonne négociation, montrer qu’on n’est pas prêts à se coucher”, a estimé Christine Lagarde, au moment où l’UE prépare sa riposte aux droits de douane américains.Selon la BCE, la zone euro pourrait voir son PIB amputé de 0,3% en raison de la guerre commerciale de Donald Trump, et de 0,5% en cas de riposte européenne, la première année.”Une guerre commerciale ne crée que des perdants”, a martelé Christine Lagarde lundi. Sur l’inflation, la présidente de la BCE s’est montrée prudente en raison du risque inflationniste des taxes douanières: “dire: +ça y est, c’est terminé, c’est derrière nous+, non. Parce que, malheureusement, on est soumis à des tas d’incertitudes et quand M. Trump décide tout d’un coup d’augmenter les taux de 25% sur le secteur automobile ou décide la réciprocité qui s’appliquera à partir du 2 avril, nécessairement, ça induit des changements.”

Lettre de l’ambassade américaine: le ministre français du Commerce extérieur “profondément choqué”, ne veut “pas transiger” sur les valeurs

Le ministre français du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin s’est dit lundi “profondément choqué” de la lettre envoyée par l’ambassade américaine à des entreprises françaises et a appelé à “ne pas transiger” sur la loi et les “valeurs françaises”.Affirmant sur RTL que le gouvernement aurait “une discussion avec l’ambassade des Etats-Unis”, M. Saint-Martin a dit souhaiter “comprendre quelle est vraiment l’intention derrière” cette initiative. Plusieurs entreprises françaises ont reçu ces derniers jours une lettre et un questionnaire de l’ambassade des Etats-Unis leur demandant si elles mettaient en place des programmes internes de lutte contre les discriminations.La missive les prévient que, le cas échéant, cela pourrait les empêcher de travailler avec l’Etat américain.Pour M. Saint-Martin, cette lettre revient à demander aux entreprises “de renoncer aux politiques d’inclusion qui sont la loi tout simplement française et parfois européenne, notamment sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans la lutte contre les discriminations, contre le racisme, la promotion de la diversité pour aider les personnes en situation de handicap”. “Tout ceci, ce sont des avancées qui correspondent d’abord à nos valeurs françaises. Nous en sommes fiers et nous ne voulons pas transiger sur cela”, a martelé le ministre, pour qui cette demande des Etats-Unis “serait un pas de plus dans l’extraterritorialité américaine, mais cette fois-ci sur le champ des valeurs”. Samedi, son ministère avait déjà vivement réagi, dénonçant des “ingérences américaines inacceptables”. Dimanche, le président du Medef Patrick Martin a déclaré qu’il était “hors de question” de “renoncer” aux règles d’inclusion dans les entreprises françaises.Depuis son retour à la Maison Blanche, le président Trump s’est engagé dans une vaste réforme du gouvernement fédéral, traquant les dépenses publiques jugées de gaspillage ou contraires à sa politique, comme les programmes soutenant la diversité ou de l’inclusion.

Les Bourses européennes reculent avant de nouveaux droits de douane aux Etats-Unis

Les marchés boursiers européens ont ouvert dans le rouge lundi, les yeux rivés sur la politique commerciale des Etats-Unis avec la mise en œuvre attendue de nouvelles hausses de droits de douane cette semaine.Vers 7H05 GMT, dans les premiers échanges, Paris cédait 0,97%, Londres 0,83% et Francfort 0,95%. Milan perdait 1,00%.

Venezuela: des licences de pétroliers révoquées par Washington

Le Venezuela a annoncé dimanche soir que les Etats-Unis ont révoqué les licences “des entreprises transnationales de pétrole et gaz” qui avaient obtenu le droit d’avoir des activités dans le pays malgré les sanctions destinées à évincer le président Nicolas Maduro du pouvoir, ce qu’a confirmé lundi le pétrolier français Maurel & Prom.Loin d’être une surprise, cette mesure de Donald Trump confirme que le nouveau président américain cherche à asphyxier économiquement le Venezuela et faire tomber M. Maduro.En outre, M. Trump menace tout pays acheteur de pétrole vénézuélien d’une augmentation de 25% des droits de douane pour toutes ses marchandises exportées vers les Etats-Unis.Caracas n’a pas cité les entreprises visées, mais le pétrolier français Maurel & Prom a confirmé lundi que les Etats-Unis avaient révoqué sa licence obtenue en mai 2024.Le groupe a spécifié avoir obtenu “une licence de transition” l’autorisant “à effectuer les transactions nécessaires à la conclusion des opérations précédemment couvertes par la licence désormais révoquée”, jusqu’au 27 mai.L’américain Chevron avait déjà vu sa licence révoquée fin février. Les experts s’attendent à ce que l’espagnol Repsol soit également concerné.Le Wall Street Journal a pour sa part rapporté samedi que Washington a ordonné à Global Oil Terminals, du magnat Harry Sargeant III, de cesser ses opérations au Venezuela.- “Préparés” -L’italien Eni, qui produit du gaz, et l’indien Reliance Industries devraient aussi être concernés par les révocations de licences américaines. Chevron produit quelque 220.000 barils par jour, Repsol environ 65.000 et Maurel & Prom environ 20.000, selon des experts.”Je tiens à informer que nous avons maintenu une communication fluide avec les entreprises transnationales de pétrole et de gaz ayant des activités dans le pays, et qu’elles ont été informées, ces dernières heures, par le gouvernement des Etats-Unis, de la révocation de leurs licences”, a écrit la vice-présidente Delcy Rodriguez dans un communiqué sur les réseaux sociaux. “Nous étions préparés à cette conjoncture et nous sommes prêts à continuer à honorer les contrats avec ces entreprises, dans le cadre de la Constitution de la République et des lois vénézuéliennes. Comme nous l’avons toujours soutenu, les entreprises internationales n’ont pas besoin de licence ni d’autorisation de la part de quelque gouvernement étranger”, a-t-elle précisé.Toutefois, les entreprises qui enfreindraient l’embargo et les directives américaines se verraient sanctionner par Washington.Le président Donald Trump a révoqué fin février la licence du pétrolier Chevron. Octroyée par le précédent président Joe Biden, elle permettait à l’entreprise de travailler dans le pays malgré les sanctions. Dans le sillage de Chevron, d’autres avaient bénéficié de licences. M. Trump, qui avait initialement donné à Chevron jusqu’au 3 avril pour clore ses opérations, a prolongé la limite d’exploitation jusqu’au 27 mai.L’administration américaine ne reconnaît pas la réélection du président Maduro en juillet 2024, alors que l’opposition qui crie à la fraude revendique la victoire. – Spectre d’une nouvelle crise -Le Venezuela dispose des plus grandes réserves pétrolières de la planète. Mais sa production, après avoir atteint un record de 3,5 millions de barils par jour au début des années 2000, avoisine aujourd’hui le million en raison d’une mauvaise gestion, de la corruption ainsi que des sanctions américaines de 2019. Le pays a vu son PIB fondre de 80% en huit années consécutives de récession, entre 2014 et 2021, à cause notamment de la forte baisse des prix du pétrole et de sa production, tombée à un plus bas historique de 300.000 barils/jour avant de remonter.Environ huit millions de Vénézuéliens ont fui leur pays en raison de la crise économique et politique.Le spectre d’une nouvelle crise, avec pénurie et hyperinflation, refait son apparition. Le dollar au marché noir s’est envolé par rapport au dollar officiel ces derniers jours.”Chevron est l’un des principaux fournisseurs de devises dans le secteur bancaire”, soulignait récemment auprès de l’AFP le consultant César Aristimuño, ajoutant que le départ du géant américain “a immédiatement suscité une grande inquiétude au Venezuela”.Ceux d’autres multinationales vont priver un peu plus Caracas de recettes et de devises.