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Crises internationales et Mercosur au menu de la visite d’Etat de Lula en France

Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, puissante voix des pays du “Sud global”, entame jeudi une visite d’Etat en France au cours de laquelle seront abordés les crises internationales ainsi que l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, auquel Paris est fermement opposé.Il s’agit de la première visite d’Etat en France d’un président brésilien depuis 2012, et elle intervient à quelques mois de la COP organisée par le Brésil en novembre prochain.Lula sera accueilli avec une cérémonie aux Invalides, avant un déjeuner de travail à l’Elysée avec le président français Emmanuel Macron, suivi d’un dîner d’Etat dans la soirée.Les deux hommes entretiennent des relations chaleureuses, malgré les différends.La visite de M. Lula, qui avait lui-même accueilli son homologue français en mars 2024, vise selon le président brésilien à “renforcer” les liens stratégiques entre les deux pays. Une douzaine d’accords de coopération dans les domaines de l’environnement, de la technologie, de la défense, de l’énergie et de la santé devraient être signés.- Crises internationales -Dans le contexte mondial mouvementé, marqué notamment par les surtaxes douanières imposées par le président américain Donald Trump à ses partenaires, et par les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, “il est d’autant plus important de retrouver des convergences avec le Brésil, un grand Etat émergent” qui assure cette année la présidence tournante du bloc des Brics, a souligné l’Elysée.La France compte notamment sur la mobilisation du Brésil, qui a reconnu l’Etat palestinien en 2010, pour peser sur l’issue de la conférence organisée par la France et l’Arabie saoudite à l’ONU mi-juin, visant à redonner un élan à une solution politique au conflit israélo-palestinien.”Il n’y aura pas de paix tant que qu’on n’aura pas conscience que le peuple palestinien a droit à son Etat”, a déclaré Lula mardi, quelques heures avant son départ pour Paris.”C’est justement en raison des souffrances du peuple juif dans son histoire que le gouvernement d’Israël devrait traiter le peuple palestinien avec humanisme et bon sens”, a ajouté le président brésilien, qualifiant l’offensive israélienne à Gaza de “génocide”, comme il l’avait déjà fait à plusieurs reprises par le passé.Concernant l’Ukraine, la France “compte présenter au président Lula l’état du dossier”, avec “une partie agressée qui est prête à la paix, et une autre partie, l’agresseur, qui refuse toute proposition de paix ou de dialogue”.Le Brésil, qui préside actuellement le groupe des pays émergents des BRICS, continue d’entretenir de bonnes relations avec la Russie et Lula était à Moscou le 9 mai pour les commémorations de la victoire contre l’Allemagne nazie, où il a été reçu par le président russe Vladimir Poutine.- Mercosur – L’accord de libre échange entre l’UE et des pays d’Amérique latine sera en toile de fond de la visite de Lula en France.Cet accord avec l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay doit permettre à l’UE d’exporter notamment plus de voitures, de machines et de spiritueux, en échange de l’entrée de viandes, sucre, riz, miel ou soja sud-américains.Paris s’oppose à cet accord “dans sa forme actuelle”, contrairement à d’autres pays européens comme l’Allemagne ou l’Espagne.A la veille du début de la visite du président brésilien, des députés français ont réuni mercredi plusieurs filières agricoles à l’Assemblée pour réaffirmer leur opposition à l’accord.Jean-François Guihard, président de l’interprofession du bétail et des viandes (Interbev), a notamment appelé Emmanuel Macron à être “extrêmement ferme” face au président brésilien “pour dire que cet accord n’est pas possible”.Mais en pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis, “il y a un nouveau contexte international” qui devrait pousser en faveur de l’accord, selon la diplomatie brésilienne.Après sa visite à Paris, le président brésilien participera le 8 juin à un sommet économique à Monaco, puis sera à Nice le 9 avec le président Macron pour l’ouverture de la conférence de l’ONU sur les océans.

Wall Street termine sans direction claire, veut croire en une baisse de taux de la Fed

La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé mercredi, quelque peu minée par la publication d’un indicateur sur l’emploi privé bien pire qu’attendu, les investisseurs espérant toutefois voir la banque centrale américaine (Fed) baisser ses taux en raison de ces données. Le Dow Jones a perdu 0,22%, l’indice Nasdaq a pris 0,32% et l’indice élargi S&P 500 a terminé proche de l’équilibre (+0,01%).Le marché “continue de fonctionner avec un air de résilience malgré la pression à la vente”, ont résumé les analystes de Briefing.com.En début de séance, la place américaine a accueilli des chiffres nettement moins bons qu’attendu sur les créations d’emplois dans le secteur privé aux Etats-Unis. Elles ont atteint en mai leur plus faible niveau depuis mars 2023, selon l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab.Le mois dernier, 37.000 emplois ont été créés dans ce secteur, contre 60.000 en avril, alors que les analystes attendaient au contraire 110.000 créations d’emplois, d’après le consensus publié par MarketWatch.Mais “l’idée que la Fed réagisse rapidement aux signes d’affaiblissement de l’économie a joué un rôle de soutien” sur une partie du marché boursier, estiment les analystes de Briefing.com.Le président américain Donald Trump a en effet appelé le président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell à baisser les taux de l’institution “maintenant”, tout en jugeant “incompréhensible” le statu quo de la Fed alors que d’autres banques centrales tendent à diminuer les leurs.Par ailleurs, l’activité économique a “légèrement reculé” dans l’ensemble aux Etats-Unis, le trouble autour des droits de douane poussant entreprises et ménages à faire plus attention à leurs finances, selon une enquête de la Fed publiée mercredi.”Les perspectives sont légèrement pessimistes, les entreprises étant dans l’expectative (…) la croissance dans les mois à venir sera probablement modérée”, a souligné Jeffrey Roach, analyste de LPL Financial.D’autres données sur le marché du travail aux Etats-Unis doivent être publiées dans les prochains jours, en particulier vendredi, avec le rapport sur l’emploi non agricole.Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans se détendait nettement à 4,35% vers 20H15 GMT, contre 4,45% mardi en clôture.Selon Peter Cardillo, analyste de Spartan Capital Securities, le marché a aussi profité des derniers commentaires de Donald Trump, qui a décrit le président chinois Xi Jiping comme “TRÈS DUR” en affaires.”Le marché a peut-être interprété cela comme étant positif dans le sens où il y aurait probablement un accord à l’horizon, (…) si cela se produit, cela pourrait signifier que nous approchons de la fin de la guerre commerciale”, a commenté Peter Cardillo.Au tableau des valeurs, le secteur de l’énergie a pâti de la baisse des prix du pétrole, à l’image d’Exxon Mobil (-1,45%), de Chevron (-1,54%) ou ConocoPhilips (-2,23%).La chaîne de magasins d’articles à bas prix Dollar Tree a chuté de 8,37%, à 88,62 dollars, après avoir annoncé que son bénéfice net par action du deuxième trimestre pourrait plonger de près de 50%, notamment à cause des hausses de prix liées aux droits de douane. Le spécialiste de la cybersécurité CrowdStrike a perdu 5,77%, à 460,56 dollars, l’entreprise ayant prévenu que son chiffre d’affaires pour le trimestre en cours devrait être compris entre 1,14 et 1,15 milliard de dollars, en deçà des attentes.Le constructeur automobile américain Ford a terminé dans le vert (+0,49% à 10,24 dollars) après une hausse en mai de plus de 16% sur un an de ses ventes aux Etats-Unis, profitant de ses remises.Le groupe a décidé en avril d’accorder les prix remisés destinés à ses employés à l’ensemble de ses clients, en réaction aux droits de douane imposés sur les importations automobiles aux Etats-Unis.

Wall Street termine sans direction claire, croit en une baisse de taux de la Fed

La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé mercredi, les investisseurs espérant voir la banque centrale américaine (Fed) baisser ses taux après la publication d’un indicateur sur l’emploi privé bien pire qu’attendu. Le Dow Jones a perdu 0,22%, l’indice Nasdaq a pris 0,32% et l’indice élargi S&P 500 a terminé proche de l’équilibre (+0,01%).

Dati aurait perçu 299.000 euros d’honoraires de GDF Suez en 2010-2011, selon deux médias

Une enquête conjointe de deux médias met au jour des documents d’un cabinet d’avocats suggérant que Rachida Dati aurait perçu 299.000 euros d'”honoraires” non-déclarés de GDF Suez en 2010-2011 quand elle était eurodéputée et avocate, ce qu’elle réfute.Le magazine Complément d’enquête, qui sera diffusé jeudi soir sur France 2, et Le Nouvel Observateur mettent ces versements en regard de “prises de position favorables au secteur gazier” de Rachida Dati quand elle siégeait au Parlement européen(2009-2019). La ministre de la Culture, par ailleurs mise en examen pour corruption passive dans l’affaire Carlos Ghosn, a toujours récusé tout lien contractuel avec le groupe gazier français, rebaptisé Engie en 2015, et nié tout conflit d’intérêts. “Madame Dati a donné toutes ses explications et n’a jamais été l’avocate de GDF Suez”, ont insisté mercredi auprès de l’AFP ses avocats, Mes Olivier Baratelli et Olivier Pardo. Brossant le portrait de Mme Dati en “bulldozer” de la politique, le Complément d’enquête que l’AFP a visionné mercredi révèle l’existence de documents qui ne sont à l’heure actuelle pas aux mains de la justice et prouveraient que Mme Dati a été rémunérée par le géant français. Ces documents proviennent de la comptabilité d’un cabinet d’avocats liquidé en 2019 et font apparaître l’encaissement de deux virements de 149.500 euros chacun provenant de GDF Suez et datés de juillet 2010 et février 2011.A chaque fois, quelques semaines après ces opérations, ces mêmes sommes ont été décaissées par le cabinet au profit de Rachida Dati avec la mention “Dati honoraires GDF Suez”, selon les documents dévoilés par les deux médias.Contacté par l’AFP, Engie n’a pas donné suite dans l’immédiat. Mme Dati a plusieurs fois été questionnée sur ses liens avec GDF Suez, notamment par les juges en charge de l’affaire Ghosn.Fin 2013, l’eurodéputée centriste Corinne Lepage s’était étonnée du soutien apporté par Rachida Dati à la revendication de grands groupes énergétiques, dont GDF Suez, pour l’arrêt des subventions aux renouvelables.Interrogée dans Complément d’enquête, Mme Lepage confirme avoir été aussi surprise par les amendements déposés par Mme Dati à Strasbourg en faveur des groupes gaziers. Dans l’affaire Ghosn, l’ex-ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy est mis en examen depuis 2021 en raison de 900.000 euros d’honoraires d’avocats qu’elle aurait perçus entre 2010 et 2012, d’une filiale néerlandaise de l’alliance Renault-Nissan. La justice cherche à savoir si ces revenus ont pu masquer des activités de lobbying, interdites aux eurodéputés. Mme Dati réfute toute irrégularité.

La Bulgarie prête à devenir le 21e Etat à adopter l’euro

Bientôt une zone euro à 21 membres: la Bulgarie remplit désormais les conditions pour adopter la monnaie unique au 1er janvier 2026, selon la Commission européenne, trois ans après l’entrée de la Croatie.”Un jour exceptionnel”, a réagi le Premier ministre Rossen Jeliazkov après la publication mercredi du satisfecit de Bruxelles, saluant ce “nouveau pas en avant” sur le chemin européen, aboutissement de “nombreux sacrifices” et d’une longue attente.La décision formelle doit être prise le 8 juillet par les ministres des Finances de l’UE, mais aucune opposition n’est attendue, alors que le pays d’Europe orientale de 6,4 millions d’habitants, le plus pauvre du bloc, respecte l’ensemble des critères techniques.La Banque centrale européenne (BCE) a également rendu mercredi un avis positif.”Félicitations Bulgarie!”, a lancé la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. “Grâce à l’euro, l’économie bulgare deviendra plus forte, avec plus d’échanges avec les partenaires de la zone euro, plus d’investissements directs étrangers”.- “Préservons le lev bulgare” -Dans cet Etat membre de l’Union européenne depuis 2007, la perspective d’abandonner la devise nationale, le lev, est pourtant loin de faire l’unanimité.Après une manifestation qui avait réuni plusieurs milliers de personnes samedi, des sympathisantsdu parti prorusse Vazrajdane se sont de nouveau rassemblés mardi devant le bâtiment de la Banque centrale bulgare, au coeur de Sofia.  “Préservons le lev bulgare”, “Non à l’euro” ou encore “L’avenir appartient aux États souverains”, pouvait-on lire sur les pancartes.Le projet alimente la crainte d’une flambée des prix et nourrit la colère des europhobes. Selon des sondages récents, près de la moitié des personnes interrogées refuse l’entrée du pays dans la zone euro dès l’an prochain.Mais les partisans de ce changement historique y voient une étape importante vers l’ancrage géopolitique occidental et une protection contre l’influence du Kremlin.Si Akseniya, développeuse informatique de 36 ans qui n’a pas voulu donner son nom de famille, dit à l’AFP “ressentir une certaine tristesse et un peu de nostalgie” à l’idée de perdre le lev, elle se réjouit du fait que “cela nous donnera une plus grande liberté et facilitera les voyages à l’étranger”.”L’euro apportera des avantages concrets aux citoyens et aux entreprises bulgares”, confirme le commissaire européen à l’Economie, Valdis Dombrovskis. “Après l’adhésion complète de la Bulgarie à l’espace Schengen plus tôt cette année”, le pays se “rapproche encore davantage du cÅ“ur de l’Europe”.- “Juste vivre bien” -Dans son rapport, la Commission européenne conclut que la Bulgarie remplit “les conditions pour adopter la monnaie unique”.Ces critères économiques incluent la stabilité des prix, des finances publiques saines, une stabilité de la devise nationale, et des taux d’intérêts qui ne divergent pas trop des autres pays de l’UE.La Bulgarie, dont le lev est déjà arrimé à l’euro, aurait souhaité passer à l’euro plus tôt, mais elle en avait été empêchée jusqu’ici en raison d’une inflation trop élevée sur fond de grave crise politique.La monnaie unique européenne a été créée au 1er janvier 1999 pour les transactions électroniques. Mais elle a pris une forme concrète en 2002, avec la mise en circulation des pièces et des billets, en remplacement des devises nationales de 12 Etats membres de l’UE dont l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne.Ils ont été rejoints plus tard par huit autres pays: la Slovénie en 2007, Chypre et Malte en 2008, la Slovaquie (2009), l’Estonie (2011), la Lettonie (2014), la Lituanie (2015) et la Croatie en 2023. La zone euro rassemble déjà 350 millions d’habitants, en attendant la Bulgarie. La monnaie unique est un symbole d’unité et de souveraineté européennes. Tous les pays de l’UE se sont engagés en théorie à y adhérer dès qu’ils remplissent les conditions, mais aucun calendrier n’est fixé. Seule exception: le Danemark qui a négocié une exemption après un référendum ayant rejeté l’euro en 2000.A Sofia, Svilen Manavski, ouvrier en BTP de 61 ans, a accueilli la nouvelle avec philosophie. “Que ce soit en euros, en dollars ou en leva, moi, je veux juste vivre bien!”, résume-t-il.

Guerre commerciale: les discussions avancent malgré de nouvelles tensions sur l’acier et l’aluminium

Les nouveaux droits de douane sur l’acier et l’aluminium imposés par le président Donald Trump suscitent mercredi une levée de bouclier des partenaires commerciaux des Etats-Unis, même si tous assurent poursuivre les négociations avec Washington afin de trouver une issue à ces tensions.Depuis mercredi matin, l’acier et l’aluminium importés aux Etats-Unis sont en effet taxés à hauteur de 50%, contre 25% depuis le 12 mars dernier. Des droits de douane “illégaux et injustifiés”, a dénoncé le Premier ministre canadien Mark Carney.Les “discussions approfondies” avec le gouvernement américain “progressent”, selon lui, mais “nous prendrons le temps” pour élaborer la réponse à cette nouvelle hausse.”Les gens en ont assez de le voir changer d’avis et jouer avec le feu avec l’économie”, a déclaré à l’AFP Ron Wells, un syndicaliste canadien basé à Hamilton (Ontario), “nous sommes déçus de voir les Etats-Unis appliquer des droits de douane sur le Canada, ils se trompent d’ennemi”.De son côté, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a jugé cette surtaxe “injuste” et “insoutenable”, assurant préparer des contre-mesures s’il n’y a pas d’accord bilatéral avec Washington.”Cela n’aide pas les négociations actuelles d’autant que nous réalisons des progrès”, a pointé pour sa part le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, disant regretter “fortement” ces surtaxes.”Je crois toujours” aux négociations, a poursuivi Maros Sefcovic, les qualifiant de “très concrètes” et se disant “optimiste” sur leur issue, tout en rappelant que l’Europe est prête à répliquer en cas de hausse la ciblant spécifiquement.Il a rencontré dans la journée le représentant de la Maison Blanche au Commerce (USTR) Jamieson Greer à Paris, saluant des échanges qui “vont dans la bonne direction”, parlant de discussion “productive et constructive”.Les négociations “avancent rapidement”, s’est de son côté félicité Jamieson Greer, estimant que l’Union européenne manifeste la “volonté (…) de travailler avec nous”.Cette discussion intervient dans un contexte de fortes tensions.- Pression sur Pékin -La fin de la pause de 90 jours sur les droits de douane les plus punitifs voulus par Donald Trump est prévue pour le 9 juillet. Le bloc européen est menacé dans ce cadre d’une surtaxe de 50%.Le président américain n’a en revanche pas caché sa frustration à l’égard de Pékin, jugeant les discussions difficiles entre les deux premières puissances économiques.”J’apprécie le président chinois Xi, je l’ai toujours aimé et je l’aimerai toujours, mais il est TRÈS DUR”, a posté mercredi le président américain sur son réseau Truth Social, alors que la Maison Blanche assurait la veille que les deux chefs d’Etat pourraient échanger “probablement cette semaine”.Donald Trump a accusé la semaine dernière Pékin de ne pas respecter les termes de l’accord de désescalade signé mi-mai à Genève (Suisse), menaçant de relancer la guerre commerciale.Et de nouveaux fronts pourraient rapidement s’ouvrir: devant le Sénat, le secrétaire américain au Commerce Howard Lutnick a affirmé mercredi que le gouvernement envisageait d’imposer de “nouveaux standards” en matière de droits de douane sur les pièces d’avions, potentiellement “d’ici la fin du mois” afin de “protéger notre industrie”.Ces droits de douane sectoriels, appliqués également à l’automobile pourraient aussi s’étendre prochainement aux produits pharmaceutiques et aux semi-conducteurs.Ce sont pour l’instant les seuls à ne pas avoir été invalidés récemment par des juges. Leurs décisions concernaient uniquement les droits de douane appliqués sans distinction.Ces derniers – en vigueur tant que l’affaire n’est pas tranchée définitivement – continuent néanmoins d’alimenter l’incertitude pour les entreprises américaines, comme l’a rappelé à l’AFP le directeur général de Learning Resources, Rick Woldenberg.Son entreprise vend des jeux éducatifs et est à l’origine d’une des procédures.”Nous sommes confrontés aux mêmes difficultés et problèmes qu’avant la décision judiciaire et devons gérer d’importantes ruptures d’approvisionnements”, s’est-il inquiété.Dans un rapport publié mercredi le Bureau du budget du Congrès (CBO), organe non-partisan, a estimé que “les évolutions des droits de douane allaient pénaliser l’économie américaine, renforcer l’inflation mais aussi réduire le déficit public grâce aux nouvelles recettes”.

La Bourse de Paris espère des baisses de taux aux Etats-Unis

La Bourse de Paris a progressé de 0,53% mercredi à l’issue d’une séance “erratique”, dont les gains ont été confortés par l’espoir d’une baisse des taux aux États-Unis dans l’année par la Réserve fédérale (Fed).L’indice vedette CAC 40 a avancé de 40,83 points et s’est établi à 7.804,67 points à la clôture. La veille, l’indice vedette parisien avait gagné 26,64 points (+0,34%). “La séance a été assez erratique, avec d’abord une montée en puissance dans la matinée portée par les propos du commissaire européen au Commerce” Maros Sefcovic, “qui a fait état de discussions constructives” avec les États-Unis, explique Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés d’IG France.”L’optimisme s’est ensuite estompé dans l’après-midi après la publication de données économiques aux États-Unis”, a-t-il poursuivi.Les entreprises privées aux États-Unis ont créé nettement moins d’emplois en mai qu’attendu par les analystes, atteignant le plus faible niveau depuis mars 2023, selon l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab.”C’est presque trois fois moins que ce que le consensus prévoyait, cela a même fait réagir Donald Trump”, souligne Alexandre Baradez.Le locataire de la Maison-Blanche a une nouvelle fois surnommé le patron de la banque centrale américaine (Fed) de “M. trop tard” et a jugé “incompréhensible” le statu quo de l’institution sur les taux directeurs alors que d’autres banques centrales tendent à abaisser les leurs.Autre déception, l’activité dans les services aux États-Unis s’est contractée en mai, pour la première fois depuis juin 2024 et à rebours là aussi des attentes des analystes. L’indice mesurant cette activité s’est élevé à 49,9% en mai, contre 51,6% le mois précédent, alors que les analystes l’attendaient à 52,1%.Côté valeurs, le groupe de spiritueux Rémy Cointreau a gagné 4,01% à 48,80 euros en dépit de l’annonce du renoncement à ses objectifs pour 2029-30 en raison des tensions commerciales en Chine comme aux États-Unis. “Les marchés ont eu un avis négatif depuis tellement longtemps et avaient poussé le curseur tellement bas que finalement les chiffres sont moins [mauvais] que prévu et cela suffit pour faire monter le titre”, justifie Thierry Claudé, gérant de Kiplink.Le groupe de composants électroniques STMicroelectronics a bondi de 11,13% à 24,92 euros à Paris après une information de presse évoquant une éventuelle scission du groupe dont la France et l’Italie sont co-actionnaires, sur fond de désaccord entre les deux gouvernements.

Cryptomonnaie: arrestation au Maroc d’un commanditaire présumé d’une série d’enlèvements

Un Franco-Marocain de 24 ans recherché par la justice française a été arrêté au Maroc, soupçonné d’avoir commandité une série d’enlèvements dans le milieu des cryptomonnaies, dont le rapt avec séquestration du cofondateur de la société Ledger, David Balland.Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a remercié mercredi sur X les autorités marocaines “pour cette arrestation qui montre l’excellente coopération judiciaire” entre Paris et Rabat, “en particulier contre la criminalité organisée”.Une source proche des autorités a confirmé à l’AFP l’arrestation de cet homme, Badiss Mohamed Amide Bajjou, révélée par le quotidien Le Parisien.Le parquet de Versailles a également confirmé “l’interpellation au Maroc récente par les autorités marocaines d’un individu franco-marocain âgé de 24 ans, originaire des Yvelines, déjà condamné par la justice”. Il “faisait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par un juge d’instruction versaillais qui avait transmis aux autorités marocaines une demande d’entraide internationale”, a ajouté le ministère public dans un communiqué.Cet homme originaire du Chesnay, dans les Yvelines, faisait l’objet d’une notice rouge d’Interpol notamment pour “arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d’otage pour obtenir l’exécution d’un ordre ou d’une condition, commis en bande organisée”.Cette arrestation intervient dans un contexte de multiplications des rapts et tentatives d’enlèvements dans le secteur des cryptomonnaies depuis janvier, inquiétant les autorités françaises et les incitant à redoubler de vigilance.Cette série noire a commencé en janvier, avec notamment le kidnapping, avec séquestration, du cofondateur de Ledger David Balland et sa compagne. L’alerte avait été donnée par l’autre cofondateur de cette société spécialiste de portefeuilles crypto, Eric Larchevêque, qui avait reçu une vidéo d’un doigt coupé de David Balland, accompagnée d’une importante demande de rançon en cryptomonnaie. Ce dernier avait finalement été libéré et sa compagne retrouvée ligotée dans un véhicule. L’information judiciaire se poursuit, avec au moins neuf suspects mis en examen, dont un autre commanditaire présumé.Badiss Mohamed Amide Bajjou est soupçonné d’être l’un des donneurs d’ordre de ce rapt qui avait suscité la consternation, affirme Le Parisien.- Deux notices rouges –  Le suspect a été interpellé à Tanger, dans le nord du Maroc, selon un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) du pays, cité par l’agence officielle marocaine MAP.Badiss Mohamed Amide Bajjou était également recherché, toujours selon Le Parisien, pour avoir commandité depuis le Maroc l’agression d’une femme de 56 ans dans les Yvelines afin que son fils paye une rançon en cryptomonnaies contre sa libération en 2023.Bruno Retailleau était en contact depuis plusieurs jours avec son homologue marocain, a fait valoir à l’AFP l’entourage du ministre de l’Intérieur. Le suspect faisait l’objet de deux notices rouges dans le but de son arrestation provisoire aux fins d’extradition, précise-t-on de même source, ajoutant qu’il appartient à l’autorité judiciaire marocaine de se prononcer sur une demande d’extradition ou une dénonciation officielle des faits.De son côté, la justice française s’interroge également sur l’implication éventuelle de Badiss Mohamed Amide Bajjou dans la série de rapts ou tentatives d’enlèvement du mois de mai à Paris et en région parisienne, dont l’une en pleine rue à Paris, selon Le Parisien.Cette spectaculaire tentative d’enlèvement dans le XIe arrondissement de la fille et du petit-fils du PDG de la société spécialisée Paymium, immortalisée par une vidéo devenue virale, a eu un très fort écho médiatique. Les victimes étaient parvenues, avec l’aide de riverains, à faire fuir leurs agresseurs.Dans le cadre de cette affaire et d’une autre déjouée in extremis fin mai près de Nantes, la justice a mis en examen vendredi 25 jeunes, âgés de 16 à 23 ans.   Début janvier, un homme de 56 ans avait été retrouvé dans le coffre d’une voiture près du Mans, à plusieurs centaines de kilomètres de son domicile situé dans l’Ain. Selon plusieurs médias, il s’agissait du père d’un influenceur en cryptomonnaies basé à Dubaï, qui publie régulièrement des vidéos sur ses gains. Une rançon “très élevée” avait été réclamée.Le 1er mai, le père d’un homme ayant fait fortune dans les cryptomonnaies avait lui été enlevé par quatre hommes encagoulés, déjà en plein Paris, et libéré deux jours plus tard. Cinq personnes ont été mises en examen dans cette affaire.abo-anr-dho-mca-adr/bfa/jco

Guerre commerciale: Trump critique un président chinois “dur”, Bruxelles et Washington avancent

Le président américain Donald Trump a fait pression sur la Chine mercredi pour avancer dans le dossier des droits de douane, tandis que Bruxelles et Washington se sont montrés optimistes au sujet de leurs négociations malgré l’imposition de lourdes surtaxes sur l’acier et l’aluminium.”J’apprécie le président chinois Xi, je l’ai toujours aimé et je l’aimerai toujours, mais il est TRÈS DUR”, a posté mercredi le président américain sur son réseau Truth Social, alors que la Maison Blanche assurait la veille que les deux chefs d’Etat pourraient échanger “probablement cette semaine”.Donald Trump a accusé la semaine dernière Pékin de ne pas respecter les termes de l’accord de désescalade signé mi-mai à Genève (Suisse), menaçant de relancer la guerre commerciale.En parallèle, le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic a rencontré à Paris le représentant de la Maison Blanche au Commerce (USTR) Jamieson Greer.M. Sefcovic a salué à l’issue des échanges qui “vont dans la bonne direction”, parlant de discussion “productive et constructive”.Les négociations “avancent rapidement”, s’est de son côté félicité Jamieson Greer, estimant que l’Union européenne manifeste la “volonté (…) de travailler avec nous”.Cette discussion intervient dans un contexte de fortes tensions. La fin de la pause de 90 jours sur les droits de douane les plus punitifs voulus par Donald Trump est prévue pour le 9 juillet. Le bloc européen est menacé dans ce cadre d’une surtaxe de 50%.Les Etats-Unis viennent en outre de durcir fortement les surtaxes sur l’acier et l’aluminium à 50%.Des droits de douane “illégaux et injustifiés”, a dénoncé le Premier ministre canadien Mark Carney.Les “discussions approfondies” avec le gouvernement américain “progressent”, selon lui, mais “nous prendrons le temps” pour élaborer la réponse à cette nouvelle hausse.”Cela n’aide pas les négociations actuelles d’autant que nous réalisons des progrès”, a pointé le commissaire européen Sefcovic, disant regretter “fortement” ces surtaxes.- “Temps de réaction trop long” -“Je crois toujours” aux négociations, a poursuivi Maros Sefcovic, les qualifiant de “très concrètes” et se disant “optimiste” sur leur issue, tout en rappelant que l’Europe est prête à répliquer en cas de hausse la ciblant spécifiquement.”Sans une action rapide (de Bruxelles), nous ne serons pas seulement sous l’eau, nous nous noierons”, a pressé Eurofer, lobby européen de l’acier.Interrogé par l’AFP, un cadre dirigeant français du secteur de l’aluminium a critiqué le “temps de réaction trop long” de la Commission européenne.L’acier et l’aluminium ont été le premier secteur concerné par les droits de douane voulus par Donald Trump, avec l’entrée en vigueur d’une surtaxe de 25% le 12 mars.Devant le Sénat, le secrétaire américain au Commerce Howard Lutnick a affirmé mercredi que le gouvernement envisageait d’imposer de “nouveaux standards” en matière de droits de douane sur les pièces d’avions, potentiellement “d’ici la fin du mois” afin de “protéger notre industrie”.Ces droits de douane sectoriels, appliqués également à l’automobile pourraient aussi s’étendre prochainement aux produits pharmaceutiques et aux semi-conducteurs.Ce sont pour l’instant les seuls à ne pas avoir été invalidés récemment par des juges. Leurs décisions concernaient uniquement les droits de douane appliqués sans distinction.Ces derniers – en vigueur tant que l’affaire n’est pas tranchée définitivement – continuent néanmoins d’alimenter l’incertitude pour les entreprises américaines, comme l’a rappelé à l’AFP le directeur général de Learning Resources, Rick Woldenberg.Son entreprise vend des jeux éducatifs et est à l’origine d’une des procédures.”Nous sommes confrontés aux mêmes difficultés et problèmes qu’avant la décision judiciaire et devons gérer d’importantes ruptures d’approvisionnements”, s’est-il inquiété.Dans un rapport publié mercredi le Bureau du budget du Congrès (CBO), organe non-partisan, a estimé que “les évolutions des droits de douane allaient pénaliser l’économie américaine, renforcer l’inflation mais aussi réduire le déficit public grâce aux nouvelles recettes.

En Corse, derrière les promenades en mer, la criminalité organisée en embuscade

Derrière la vague d’incendies criminels qui a frappé des bateaux de promenade en mer ces derniers jours en Corse, magistrats, spécialistes et collectifs antimafia pointent la présence, de longue date, de la criminalité organisée dans ce secteur touristique lucratif.Mardi, à Calvi (Haute-Corse), cinq semi-rigides appartenant à trois sociétés différentes ont été incendiés par des personnes munies de bidons d’essence, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier. “Les premières constatations suggèrent une origine criminelle”, a confirmé à l’AFP le procureur de la République de Bastia, Jean-Philippe Navarre, qui a ouvert une enquête pour association de malfaiteurs et destruction en bande organisée par un moyen dangereux.Mercredi toujours à Calvi, c’était au tour d’un luxueux catamaran également dédié aux excursions d’être détruit par les flammes, et là encore l’hypothèse d’une origine criminelle est “privilégiée”, a précisé à l’AFP le procureur.Fin avril à Saint-Florent, autre port de Haute-Corse, un bateau de promenade faisant figure d’institution avait été détruit par un incendie criminel qui avait également endommagé quatre autres navires. Mi-mai à Ajaccio, c’était un bateau de la compagnie effectuant les traversées dans le golfe d’Ajaccio qui était incendié, après une précédente tentative en février.Face à ces événements, le collectif antimafia “Maffia no, a vita ié” (Non à la mafia, oui à la vie) a dénoncé ces “attentats crapuleux” contre “le tourisme maritime”, dont “la nature même révèle des pratiques mafieuses visant à ruiner les entreprises pour mieux asseoir leur emprise”.La justice doit “mettre hors d’état de nuire les auteurs de ces actes lâches avant qu’ils ne poussent plus loin leur avantage et ne recourent à l’assassinat pour consolider leur domination”, a appelé le collectif.- “Outil pour blanchir” -Même indignation du côté de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Corse, qui craint que sans la mise “hors d’état de nuire sans délai” des auteurs “de cette vague de violence autodestructrice”, “l’économie de la Corse déjà fragilisée” soit “précipitée vers le chaos et l’anarchie”.Pour un spécialiste de la sécurité en Corse interrogé par l’AFP sous couvert d’anonymat, depuis des décennies “la batellerie en Corse est attractive pour la criminalité organisée, parce que ça n’est pas très difficile de blanchir dans ce secteur. Quand on a un bateau de 20 places et qu’on embarque 10 personnes, il est facile de dire qu’on en a embarqué 20. Donc non seulement il y a de l’argent à se faire parce qu’il y a de la clientèle, mais en plus c’est un outil assez pertinent pour blanchir des fonds”.Cet expert rappelle l'”hyperconcurrence dans le secteur”, qui s’était déjà traduite par des morts et des blessés par balles et de multiples incendies dans les années 1990 et 2000, en particulier dans les bouches de Bonifacio (Corse-du-Sud) où les sociétés de promenades en mer se menaient une véritable guerre.En juin 2019, un batelier de 52 ans, condamné en 2016 dans une affaire d’extorsion autour de ce juteux marché, avait également été tué sur le port de Bonifacio dans ce qui avait été analysé par le procureur d’Ajaccio de l’époque comme une possible réplique dans la guerre du secteur.”Aujourd’hui encore, la présence de la criminalité organisée est avérée dans ce secteur économique”, assure le spécialiste consulté par l’AFP.En avril 2024, dix personnes avaient ainsi été mises en examen dans une enquête pour extorsion et blanchiment autour de la “prise de contrôle d’un village de vacances” et “des conditions d’exploitation d’une société de promenade en mer, en Haute-Corse”, avait annoncé le parquet de Marseille.Cette enquête concernait la mouvance du “clan Federici”, qui figure parmi les 25 bandes criminelles de l’île de Beauté répertoriées dans une note confidentielle de 2022 de la police nationale, consultée par l’AFP. Près de 520.000 euros et un véhicule avaient été saisis.