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Assurance chômage: ce qui change au 1er avril

Les nouvelles règles d’assurance chômage négociées à l’automne dernier entre partenaires sociaux sont applicables depuis le 1er janvier mais pour des raisons pratiques la plupart des changements n’entrent en vigueur qu’au 1er avril. Le point sur ce qui change, va changer, ou a déjà changé avec cette nouvelle convention pour quatre ans, qui doit générer 1,5 milliard d’euros d’économies par an en régime de croisière.Les règles qui changent au 1er avril:- Mensualisation -Le montant de l’allocation chômage ne dépendra plus du nombre de jours dans le mois, mais sera versé sur la base de 30 jours tous les mois. Sur une année calendaire pleine, un chômeur perdra cinq jours d’indemnisation, voire six les années bissextiles.- Seniors -Les bornes d’âge ouvrant droit à une indemnisation plus longue sont relevées de deux ans. Le palier ouvrant droit à 22,5 mois d’indemnisation passe ainsi de 53 à 55 ans et celui donnant droit à 27 mois de 55 à 57 ans.Pour les autres demandeurs d’emploi, la durée d’indemnisation maximum reste de 18 mois.L’accès au dispositif de “maintien de droit” jusqu’à la retraite à taux plein est décalé dans les mêmes conditions que l’âge légal de la retraite, jusqu’à atteindre 64 ans pour la génération née en 1968.- Calcul de l’allocation – Pour le calcul du montant journalier de l’allocation (SJR), le nombre maximum de jours non travaillés pris en compte est abaissé à 70% du nombre de jours travaillés, contre 75% auparavant.- Dégressivité – Pour tenir compte de la situation particulière des seniors, la dégressivité de l’allocation chômage, qui concerne les hauts revenus, ne sera plus appliquée à partir de 55 ans, contre 57 ans jusqu’ici.- Saisonniers -Afin de mieux sécuriser la situation des saisonniers sur le marché du travail, leur condition d’affiliation est abaissée à cinq mois, avec une indemnisation minimale de cinq mois.- Démission -L’allocataire qui a repris un travail depuis moins de quatre mois, et non plus trois mois, pourra être à nouveau indemnisé s’il démissionne.- Cumul de l’allocation avec une activité non salariée -Pour lutter contre les effets d’aubaine, la réforme limite la possibilité de cumuler l’assurance chômage avec un revenu d’activité non salariée pour les créateurs ou les repreneurs d’entreprise à 60% de ses droits à l’allocation chômage, sauf en cas de cessation de l’activité créée.Pour ceux qui ont opté pour l’Aide à la reprise et à la création d’entreprise (Arce) qui est versée en deux fois, le deuxième versement est conditionné à l’absence d’exercice d’une activité en CDI.- Détenus – Les anciens détenus ayant travaillé au titre d’un contrat d’emploi pénitentiaire, qui n’étaient pas indemnisés jusqu’à présent, pourront l’être dorénavant, dans les mêmes conditions que l’ensemble des salariés.Dispositions à venir: – Première ouverture de droits – D’après la nouvelle convention d’assurance chômage, les demandeurs d’emploi indemnisés pour la première fois pourront ouvrir un droit après avoir travaillé cinq mois, au lieu de six aujourd’hui. Mais cette disposition requiert un changement législatif. Elle figure dans un avant-projet de loi portant sur l’emploi des seniors et le dialogue social transmis par le gouvernement au Conseil d’Etat.- Baisse des cotisations patronales – La cotisation patronale pour l’assurance chômage passera de 4,05% à 4% du salaire brut. La mesure entrera en vigueur à compter du 1er mai 2025.Disposition déjà appliquée:- Frontaliers -Depuis le 22 mars, les chômeurs résidant en France mais ayant travaillé à l’étranger risquent de perdre leur indemnisation s’ils refusent deux fois une offre raisonnable d’emploi (ORE) basée sur le salaire habituellement pratiqué en France, alors que c’était le salaire de référence à l’étranger, beaucoup plus élevé notamment en Suisse, qui était auparavant pris en compte.

En Hongrie, des mesures anti-inflation qui ciblent les enseignes étrangères

L’inflation flambe de nouveau en Hongrie et le gouvernement de Viktor Orban a dégainé de nouvelles mesures de contrôle des prix. Mais pour la retraitée Erzsebet Risztics, les modalités sont “complètement idiotes”.Depuis la mi-mars, les enseignes réalisant un certain chiffre d’affaires ne peuvent empocher plus de 10% de marge sur la vente de trente produits alimentaires de base, comme les oeufs, le lait ou le poulet.A Tiszaroff, situé dans l’une des régions les plus pauvres du pays d’Europe centrale, peu se réjouissent de ce nouveau mécanisme.”Seules les multinationales sont concernées et nous ne faisons pas nos courses là-bas”, explique à l’AFP la sexagénaire, qui s’approvisionne chez l’épicier du coin faute de voiture ou de transports publics de qualité pour se rendre dans les supermarchés des environs.Atteinte du diabète, elle ne peut plus se procurer d’aliments à faible teneur en sucres, “devenus terriblement chers”.Une autre habitante, Erzsebet Forgo, 80 ans, regrette que le village “soit exclu” des mesures, tout en appréciant que “quelque chose soit fait” contre l’inflation, revenue au plus haut dans l’UE (5,7% en février) après la forte vague de 2022/23 marquée par un envol jusqu’à 26%.En adoptant cette mesure, que d’autres pays pratiquent en Europe comme la Grèce ou la Roumanie, le Premier ministre nationaliste espère endiguer la hausse des prix et apaiser la grogne avant les législatives du printemps 2026.- “Piller les Hongrois” -Pour le souverainiste Viktor Orban, le coupable est tout trouvé: il s’agit “des chaînes étrangères qui pillent les Hongrois et ne pensent qu’au profit”, accuse-t-il, évoquant “des marges de 42% sur les ailes de poulet, de 55% sur les côtelettes de porc ou de 70% sur les yaourts”. Face à ces “augmentations excessives”, “nous ne pouvions pas rester les bras croisés”, dit-il pour justifier “une telle intervention d’urgence dans l’économie”.Depuis son retour au pouvoir en 2010, le dirigeant fulmine contre les grands groupes internationaux qui se sont installés après la chute du communisme, aux dépens d’enseignes hongroises moins compétitives.Sous son égide, l’Etat a réinvesti plusieurs pans de l’économie, comme le secteur bancaire ou les télécoms, parfois cédés ensuite à des proches de Viktor Orban. Et quand il ne peut pas comme dans la grande distribution, où les groupes étrangers (Spar, Lidl, Auchan…) sont très présents, il leur mène la vie dure.Diverses mesures protectionnistes ont été mises en place ces dernières années, comme une taxe sur les superprofits ou un plafonnement temporaire des prix.- Effet inverse -Réunis au sein de l’Association hongroise du commerce, les grands groupes ont déploré cette nouvelle attaque du gouvernement, rappelant leurs difficultés financières dans ce pays d’Europe centrale de 9,6 millions d’habitants hostile à leurs intérêts.La chaîne de supermarchés autrichienne Spar, qui avait dénoncé l’an passé une situation “discriminatoire” et obtenu un jugement en sa faveur de la justice européenne, a chiffré le surcoût à 3,7 millions d’euros par mois, selon le site financier Portfolio, citant un courriel interne. Sa PDG en Hongrie, Gabriella Heiszler, a mis en garde contre des mesures drastiques, avec à la clef de possibles suppressions d’emplois.Pour les consommateurs, “cela pourrait freiner l’inflation dans un premier temps” mais les magasins vont ensuite répercuter le manque à gagner sur d’autres marchandises, produisant au final l’effet inverse, avertit David Nemeth, analyste chez K&H Bank, comme lors du précédent plafonnement instauré en 2022.Dans ce contexte économique morose, la pauvreté guette la classe moyenne: selon Eurostat, la Hongrie est tombée en 2023 au dernier rang de l’UE aux côtés de la Bulgarie en termes de consommation par habitant.”Tout est si cher”, confie Rozalia Patak, mère de cinq enfants au chômage. Elle veut croire que ces nouvelles mesures auront un effet et prendra le bus pour acheter “les pâtes les moins chères” dans le supermarché le plus proche. “Nous ne pouvons plus nous offrir salami ou poisson”, soupire cette femme de 51 ans, contrainte désormais de collecter les bouteilles en plastique pour se faire un peu d’argent.

Fin de partie pour La Baie d’Hudson, entreprise intimement liée à l’histoire du Canada

L’entreprise est intimement liée à la fondation du Canada et à celle des grands magasins contemporains mais l’histoire touche à sa fin pour la Compagnie de la Baie d’Hudson, créée par deux trappeurs français il y a plus de 350 ans.Tout un symbole au moment où le Canada est confronté aux menaces d’annexion de son voisin américain: le président Donald Trump, depuis son retour à la Maison blanche, n’a cessé de répéter que le Canada n’était pas un vrai pays.Mais c’est aussi une nouvelle douloureuse pour de nombreux Canadiens: la Baie d’Hudson “fait partie de notre histoire, c’est un magasin qu’on a toujours connu”, explique à l’AFP André Fortin, 90 ans.En ce mois de mars, comme de nombreux autres clients, ce dernier fouille parmi les vêtements soldés pour la liquidation des stocks dans les allées de l’édifice classé, magasin emblématique de couleur rouille du centre-ville de Montréal.”On pouvait passer la journée ici. C’était amusant”, se souvient également Michelle Boulanger, 72 ans. “Sa fermeture va laisser un grand vide.”La plus vieille entreprise du pays et même d’Amérique du Nord, qui est depuis plusieurs années entre les mains d’un fonds d’investissement américain, était en cessation de paiement. Et il y a quelques jours, la Cour supérieure de l’Ontario l’a autorisée à fermer 74 de ses 80 magasins.Plus de 9.000 emplois sont concernés par la liquidation.Six magasins des provinces de l’Ontario et du Québec sont épargnés lors de la première vague de liquidation. Mais ces unités pourraient elles aussi devoir mettre la clé sous la porte, a affirmé Ashley Taylor, l’un des avocats de l’entreprise.- “Processus colonial” -C’est en 1670 que Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseilliers, deux commerçants de fourrures français, créent la compagnie après avoir reçu une charte royale du roi Charles II d’Angleterre. La compagnie établit des postes de traite pour la fourrure, qui deviendront ensuite des villes canadiennes, “initiant un processus colonial qui a façonné le Canada”, explique Amelia Fay, conservatrice au Musée du Manitoba à Winnipeg, qui conserve plus de 27.000 objets ayant appartenu à la compagnie.L’entreprise “a été extrêmement importante pour ce que nous appelons aujourd’hui le Canada”, ajoute-t-elle.À l’époque, l’entreprise avait le monopole sur un vaste territoire de contrées sauvages de 4 millions de kilomètres carrés pour exploiter le piégeage et le commerce des fourrures.Mais en 1869, deux ans après la fondation du Canada, la compagnie vend à ce pays naissant ses propriétés foncières, connues sous le nom de Terre de Rupert et qui représentaient un tiers du pays actuel.Au début du XXe siècle, la compagnie lance les premiers grands magasins dans toutes les villes du pays.Toutefois, l’entreprise est aussi vue aujourd’hui comme un symbole de la colonisation des populations autochtones, qui a débouché sur une politique d’assimilation dévastatrice pour les premiers peuples.- “Changer de cap” -“La raison du succès de l’entreprise a été sa capacité d’adaptation à ce qui se passait dans le monde, à changer de cap. Mais il semble que ce ne soit plus le cas”, estime Mme Fay.Aujourd’hui, “nous assistons à la disparition du grand magasin tel que nous le connaissons”, confirme Bruce Winder, analyste de la vente au détail. Selon lui, le secteur s’est scindé en plusieurs niches, allant des chaînes de magasins comme Walmart aux magasins vendant des marques de luxe ou des marques spécialisées.Les achats en ligne et l’évolution des habitudes des consommateurs ont joué un rôle clé dans le déclin La Baie d’Hudson, dont la chute n’est que la dernière d’une série de fermetures de grands magasins en Amérique du Nord.

Face à Trump, Pékin, Tokyo et Séoul veulent “accélérer” vers un accord de libre-échange

Face à l’offensive douanière américaine, le Japon, la Corée du Sud et la Chine ont annoncé dimanche vouloir renforcer leur coopération pour offrir “un environnement prévisible” aux entreprises, et “accélérer” leurs négociations en vue d’un accord de libre-échange.Des ministres des trois pays en charge de l’Industrie ou du Commerce se sont retrouvés dimanche à Séoul dans un contexte d’accélération des relèvements de droits de douane imposés par Washington.Cette réunion tripartite, organisée en urgence, est la première sous ce format depuis 2020.L’économie des trois puissances asiatiques reste fortement dépendante de leurs exportations, et chacune est pénalisée, à divers degrés, par la politique du président américain Donald Trump.Le ministre sud-coréen de l’Industrie Ahn Duk-geun, son homologue japonais Yoji Muto et le ministre chinois du Commerce Wang Wentao ont convenu de “poursuivre les discussions en vue d’accélérer les négociations vers un accord de libre-échange trilatéral complet” et “équitable”, selon un communiqué commun.Des discussions sur un tel accord ont été entamées en 2013 et ont eu lieu jusqu’en 2019, avant de marquer le pas. Elles avaient été relancées en 2024 à l’occasion d’un exceptionnel sommet tripartite réunissant des dirigeants des trois pays à Séoul.Dans l’immédiat, “nous continuerons d’œuvrer pour garantir des conditions de concurrence équitables à l’échelle mondiale afin de favoriser un environnement prévisible pour le commerce et l’investissement, libre, ouvert, équitable, non discriminatoire, transparent, inclusif”, ajoute le communiqué commun.Et ce en contraste affiché avec les revirements incessants de Washington sur sa politique douanière, qui exacerbent les incertitudes pour les entreprises.- “Protectionnisme se propage” -Pour les trois pays, il s’agit d'”intensifier progressivement leurs coopérations” afin “de créer un environnement commercial prévisible, stabiliser les chaînes d’approvisionnement, améliorer la communication sur les contrôles à l’exportation”, insiste Séoul dans une déclaration distincte.Plus généralement, Séoul, Pékin et Tokyo ont convenu dimanche de “collaborer étroitement” pour pousser à une réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et encourager l’adhésion de nouveaux membres au vaste Partenariat économique global régional (RCEP) réunissant la Chine et 14 pays asiatiques.”L’unilatéralisme et le protectionnisme se propagent, exerçant une forte pression sur les échanges mondiaux et augmentant l’incertitude. Les trois pays doivent assumer la responsabilité (…) de préserver le système commercial multilatéral et promouvoir l’intégration économique régionale”, a insisté le gouvernement chinois dans son communiqué.A eux trois, la Chine, le Japon et la Corée du Sud représentent environ 20% de la population du globe, un quart de l’économie mondiale et 20% du commerce planétaire.Cette réunion tripartite survient après l’application depuis mi-mars de droits de douane américains de 25% sur l’acier et l’aluminium, et à quelques jours de l’imposition à partir du 2 avril de surtaxes douanières de 25% sur les automobiles importées aux Etats-Unis.Le Japon et la Corée du Sud représentent respectivement 16% et 15% du total des importations automobiles des Etats-Unis, un secteur majeur pour leurs économies nationales.La Chine est de son côté sous le coup d’une surtaxe douanière totale de 20% visant toutes ses exportations vers les Etats-Unis.

Des centaines de manifestants contre Elon Musk devant des magasins Tesla aux Etats-Unis

Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés samedi devant des magasins Tesla aux Etats-Unis, dans le cadre d’une journée mondiale d’opposition à Elon Musk, le patron de la marque automobile et proche conseiller de Donald Trump.Devant la boutique new-yorkaise à Manhattan, entre 500 et 1.000 personnes ont demandé la démission de l’homme le plus riche de la planète, désormais à la tête d’une commission pour l’efficacité gouvernementale (Doge), chargée par le président Trump de traquer la fraude et tailler dans les dépenses jugées inutiles du budget fédéral.Ces manifestants étaient réunis à l’appel notamment des écologistes de Planet Over Profit, pour qui “arrêter Musk va permettre de sauver des vies et protéger notre démocratie”.”Elon Musk doit partir”, ont-ils chanté en choeur, devant l’une des quelque 200 boutiques Tesla des Etats-Unis et d’Europe où des appels au rassemblement avaient été lancés.Pour Amy Neifeld, une psychologue américaine de 70 ans qui n’avait plus battu le pavé depuis les manifestations contre la guerre du Vietnam dans les années 1970, Elon Musk mène les Etats-Unis vers le “fascisme”.”Je suis juive et j’ai grandi avec une profonde conscience de ce qu’est le fascisme. Et ça ne fait qu’empirer depuis l’élection” de Donald Trump, explique-t-elle à l’AFP.”Il faut qu’on fasse quelque chose très rapidement, parce qu’il va très vite” lui-même, ajoute Amy Neifeld.”On détruit mon pays et Musk en est le responsable”, abonde Hudson Fisher (son nom de blogueur), avec une pancarte autour du cou sur laquelle on peut lire: “Trump est un piètre vice-président”, suggérant qu’Elon Musk, aussi patron de SpaceX, tient les rênes du pouvoir.”Il a trop d’argent et de pouvoir. Il a plus de pouvoir que les gouvernements sans qu’il n’y ait aucun contrôle. C’est ça le vrai danger”, assure-t-il.La manifestation new-yorkaise, encadrée par un important dispositif policier, s’est déroulée puis dispersée dans le calme tout comme celle de Washington, où quelque 150 personnes se sont rassemblées dans une ambiance festive.”Virez Musk, Fermez Doge”, pouvait-on lire également sur des pancartes dans la capitale américaine.Interrogée sur ces rassemblements, Tesla n’a pas répondu dans l’immédiat.Depuis plusieurs semaines, les actes de vandalisme et de contestation se sont multipliés contre Tesla, en raison de l’implication politique d’Elon Musk.Le gouvernement américain considère désormais les attaques contre Tesla comme du “terrorisme intérieur”, comme l’a encore rappelé cette semaine la ministre de la Justice, Pam Bondi.Jeudi, un Américain soupçonné d’avoir incendié cinq véhicules Tesla et de les avoir criblés de balles avec un fusil semi-automatique à Las Vegas a été placé en détention provisoire et encourt 20 ans d’emprisonnement pour ces faits.

Lettre de l’ambassade des Etats-Unis aux entreprises françaises: la France dénonce des “ingérences”

Paris a vivement réagi samedi après l’envoi d’une lettre de l’ambassade des Etats-Unis à plusieurs entreprises françaises, demandant si elles avaient des programmes internes de lutte contre les discriminations, qualifiant cette initiative d'”ingérences inacceptables” et prévenant que la France et l’Europe défendront “leurs valeurs”.Plusieurs sociétés françaises ont reçu une lettre et un questionnaire, que l’AFP a pu consulter, leur demandant si elles mettaient en place des programmes internes de lutte contre les discriminations.La missive les prévient que, le cas échéant, cela pourrait les empêcher de travailler avec l’Etat américain, ce alors que la France interdit la plupart des formes de discrimination positive. L’information, révélée vendredi par Le Figaro et les Echos, s’inscrit dans un contexte de fortes tensions commerciales alimentées par Donald Trump.”Les ingérences américaines dans les politiques d’inclusion des entreprises françaises, comme les menaces de droits de douanes injustifiés, sont inacceptables”, a rétorqué le ministère français du Commerce extérieur, dans un message transmis à l’AFP. Les destinataires du courrier ont été informés du fait que “le décret 14173”, pris par Donald Trump dès le premier jour de son retour à la Maison Blanche pour mettre fin aux programmes promouvant l’égalité des chances au sein de l’Etat fédéral, “s’applique également obligatoirement à tous les fournisseurs et prestataires du gouvernement américain”. Dans la lettre, il est aussi précisé que les entreprises ont “cinq jours” pour remplir, signer et retourner le document. – “Inadmissible” -Une initiative “inadmissible”, a réagi samedi auprès de l’AFP le président de l’organisation patronale CPME, Amir Reza-Tofighi, qui dénonce une “atteinte à la souveraineté” et appelle les responsables politiques et économiques à “faire front commun”. De son côté, la CGT demande au gouvernement “d’appeler les entreprises à ne pas engager de politique dommageable pour l’égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre le racisme”, a déclaré à l’AFP Gérard Ré, secrétaire confédéral du syndicat. Au ministère de l’Economie, l’entourage d’Eric Lombard assurait vendredi soir que “cette pratique reflète les valeurs du nouveau gouvernement américain”. “Ce ne sont pas les nôtres”, ajoutait Bercy dans sa réaction transmise à la presse, précisant que “le ministre le rappellera à ses homologues au sein du gouvernement américain”.Samedi, les contours de la lettre restaient flous. Le cabinet du ministre de l’Economie, contacté par l’AFP, estime que le nombre d’entreprises ayant reçu la lettre serait “de quelques dizaines”, tout en précisant que le décompte est toujours en cours. Les grands groupes contactés par l’AFP qui ont accepté de s’exprimer ont déclaré de ne pas avoir reçu la lettre, dont le format est inhabituel. – Droit français -“Ce n’est pas un courrier qui est parti sur le papier à en-tête de l’ambassade, ni du consulat ou d’une quelconque agence américaine”, note auprès de l’AFP Christopher Mesnooh, avocat d’affaires américain du cabinet Fieldfisher basé à Paris, se basant sur la lettre publiée dans le Figaro. “Si c’est bien sous cette forme-là que les entreprises l’ont reçue, ce n’est pas une communication officielle et encore moins une communication diplomatique”, selon l’avocat. “Ce n’est pas parce que ça traduit l’attitude de cette administration que c’est l’administration au sens propre du terme qui a autorisé son envoi à des entreprises”, indique prudemment Christopher Mesnooh.Sollicitée par l’AFP, l’ambassade des Etats-Unis à Paris n’a pas répondu dans l’immédiat. L’administration américaine peut-elle exiger des entreprises françaises qu’elles se conforment à sa loi ?”Non”, affirme Christopher Mesnooh. “Les entreprises françaises ne vont pas être obligées maintenant d’appliquer le droit social ou la loi fédérale contre les discriminations positives”, poursuit l’avocat. En outre, pour les entreprises françaises, le problème ne se pose pas dans les termes posés par la lettre car en France, la discrimination positive fondée explicitement sur l’origine, la religion ou l’ethnie “n’est pas autorisée”, rappelle l’avocat d’affaires.Pour autant, sur le volet de l’égalité hommes/femmes, depuis 2021, pour les entreprises de plus de 1.000 salariés, la loi française impose des quotas de 30% de femmes cadres-dirigeantes et de 30% de femmes membres des instances dirigeantes en 2027, puis d’atteindre des quotas de 40% en 2030.Les entreprises qui choisiraient de se conformer aux exigences stipulées dans la lettre se mettraient donc dans l’illégalité du point de vue du droit français. 

Avec le retrait américain, l’OMS doit réduire son budget de 20%

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) va devoir diminuer son budget d’un cinquième suite à la décision des Etats-Unis – son principal contributeur – de se retirer, et doit désormais réduire ses missions et son personnel, a déclaré son directeur dans un courriel interne consulté par l’AFP samedi.L’agence de santé de l’ONU fait face à un manque à gagner de près de 600 millions de dollars en 2025 et n’a “pas d’autre choix” que de commencer à faire des coupes dans les dépenses, a expliqué Tedros Adhanom Ghebreyesus dans ce message envoyé vendredi au personnel. “Ces mesures s’appliqueront d’abord au niveau du siège, en commençant par les hauts dirigeants, mais affecteront tous les niveaux et toutes les régions”, a-t-il ajouté.En plus de déclencher le retrait de son pays de l’OMS, le président américain Donald Trump a décidé de geler pratiquement toute l’aide étrangère américaine, y compris d’importants programmes visant à améliorer la santé dans le monde. Les Etats-Unis avaient déjà entamé les démarches pour quitter l’OMS lors du premier mandat de M. Trump en 2020. Celui-ci a justifié sa décision en janvier par l’écart des contributions financières américaines et chinoises, accusant l’organisation d'”arnaquer” son pays.En conséquence, M. Tedros avait déjà prévenu fin janvier que l’OMS allait prendre des mesures d’économie.Les Etats-Unis étaient de loin le plus grand contributeur au budget de l’OMS: sur le dernier cycle budgétaire de deux ans, pour 2022-23, ils ont apporté 16,3% des 7,89 milliards de dollars de budget total de l’organisation.  Avant-même la défection américaine, l’OMS était déjà confrontée à des contraintes financières, et avait commencé voici plus de neuf mois à travailler sur des mesures pour améliorer son efficacité, remarque aussi son dirigeant. – Situation critique -Mais “l’annonce des États-Unis, combinée à des réductions récentes de l’aide publique au développement de certains pays pour financer une augmentation des dépenses de défense, a rendu notre situation beaucoup plus critique”, a encore expliqué M. Tedros. En février, le conseil exécutif de l’OMS avait réduit le budget proposé pour 2026-2027 de 5,3 à 4,9 milliards de dollars. “Depuis lors, les perspectives de l’aide au développement se sont détériorées”, a rappelé M. Tedros. Et “nous avons donc proposé aux Etats membres un budget encore réduit de 4,2 milliards de dollars, soit une baisse de 21% par rapport au budget initialement proposé”. La majorité du financement américain provenait de contributions volontaires pour des projets spécifiques, plutôt que d’une participation fixe. Depuis sa prise de fonction en 2017, le directeur de l’OMS s’est donné pour mission de réformer les finances de l’organisation et de la rendre moins dépendante d’une poignée de grands contributeurs traditionnels. L’organisation est ainsi désormais en partie financée par la philanthropie et les dons du grand public, et a modifié l’équilibre entre les contributions volontaires rigides des pays, qui constituent actuellement la majeure partie de ses revenus, et les cotisations plus souples des membres.Mi-mars, M. Tedros avait tiré la sonnette d’alarme quant aux conséquences, pour la vie de millions de gens dans le monde, des coupes dans l’aide américaine à l’étranger.Les combats menés depuis des années contre certaines pathologies en seraient gravement affectés, avait-il mis en garde, citant la rougeole, la polio, ou encore le sida. Pour cette dernière maladie, les décisions américaines “pourraient annuler 20 années de progrès, entraînant plus de 10 millions de cas supplémentaires de VIH et 3 millions de décès liés au VIH, soit trois fois plus de décès que l’année dernière”, avait-il souligné. 

Le ministère du Commerce extérieur dénonce des “ingérences inacceptables” américaines visant des entreprises françaises

Le ministère français du Commerce extérieur a dénoncé samedi des “ingérences américaines” après l’envoi d’une lettre de l’ambassade des Etats-Unis à Paris à plusieurs entreprises françaises leur demandant si elles mettaient en place des programmes internes de lutte contre les discriminations.”Les ingérences américaines dans les politiques d’inclusion des entreprises françaises, comme les menaces de droits de douanes injustifiés, sont inacceptables”, indique le ministère dans un communiqué transmis à l’AFP. “La France et l’Europe défendront leurs entreprises, leurs consommateurs, mais aussi leurs valeurs”, assure également le ministère.Plusieurs entreprises françaises ont reçu un courrier de l’ambassade des Etats-Unis les interrogeant sur l’existence de programmes internes de lutte contre les discriminations, ce qui pourrait les empêcher de travailler avec l’Etat américain. Les destinataires du courrier ont été informés du fait que “le décret 14173”, pris par Donald Trump dès le premier jour de son retour à la Maison Blanche pour mettre fin aux programmes promouvant l’égalité des chances au sein de l’Etat fédéral, “s’applique également obligatoirement à tous les fournisseurs et prestataires du gouvernement américain”, comme le montre un document révélé vendredi par Le Figaro. Les entreprises liées par un contrat commercial à l’Etat américain seraient dans l’obligation de rompre avec les politiques de discrimination positive éventuellement mises en place.”Cette pratique reflète les valeurs du nouveau gouvernement américain” avait réagi vendredi l’entourage du ministre de l’Economie Eric Lombard. “Ce ne sont pas les nôtres”, ajoutait le cabinet de Bercy dans sa réaction transmise à la presse, précisant que “le ministre le rappellera à ses homologues au sein du gouvernement américain”.Interrogée par l’AFP, l’ambassade des Etats-Unis à Paris n’a pas réagi dans l’immédiat.  

Venezuela: le dollar au noir s’envole, la peur de la crise revient

“Tout augmente. C’est insupportable”: le taux du dollar au marché noir s’envole au Venezuela, ravivant le spectre de l’hyperinflation et de la pénurie des pires années de la crise qui a poussé des millions d’habitants à émigrer.Alors que l’incertitude règne face au durcissement des sanctions américaines contre le secteur du pétrole, le cours du “dollar noir” a franchi cette semaine la barre symbolique des 100 bolivares. Longtemps contenu, l’écart avec le taux officiel de 69,5 bolivares est aujourd’hui saisissant: près de 50% de plus.Cette grande disparité exerce une forte pression sur les prix, car les commerces sont obligés d’utiliser le taux officiel sous peine d’amendes, voire de fermeture. Elle souligne aussi une perte de confiance dans la monnaie locale.”Cela nous affecte parce que cette hausse du dollar fait tout augmenter. La nourriture augmente (…) les transports augmentent, tout augmente. C’est insupportable”, résume à l’AFP Darwin Contreras, un commerçant de 40 ans qui entrevoit le spectre de l’hyperinflation vécue entre 2018 et 2021, avec un pic historique à 130.000% la première année.Le fossé entre les taux a commencé à se creuser au second semestre 2024, atteignant alors environ 20%.- “Effet Chevron” -Pour les experts, la décision du président américain Donald Trump de révoquer la licence accordée au pétrolier Chevron pour opérer au Venezuela, malgré les sanctions, a déjà un impact, même si cette mesure ne doit s’appliquer que le 27 mai.Environ 25% de la production pétrolière vénézuélienne, actuellement autour de 900.000 barils par jour, provient des opérations de Chevron, selon le cabinet Aristimuño Herrera & Asociados.”Chevron est l’un des principaux fournisseurs de devises dans le secteur bancaire”, explique à l’AFP César Aristimuño. Or, rien qu’en 2024, l’Etat a injecté quelque cinq milliards de dollars sur les marchés pour soutenir le bolivar, d’après les données de son cabinet.”L’annonce” du départ de Chevron “a immédiatement suscité une grande inquiétude au Venezuela”, affirme M. Aristimuño.Et avec elle une hausse de la demande de dollars, les Vénézuéliens cherchant une valeur refuge.”La demande a été très forte ces dernières semaines. Aujourd’hui, la demande dépasse largement l’offre”, note César Aristimuño, décrivant un “effet Chevron”. Au Venezuela, le marché noir est né pendant les années où existait un contrôle des changes strict, qui a été presque aboli avec la dollarisation informelle de l’économie.- “Dollar de guerre” des “gringos” -Le président Nicolas Maduro a en effet dû autoriser la circulation du billet vert des “gringos”, l’ennemi américain honni, pour faire face aux problèmes de pénurie et à l’hyperinflation qui minaient le pays.La dollarisation a permis de sortir de sept ans de récession entre 2013 et 2020, durant lesquelles le PIB s’est contracté de 80%.M. Maduro, dont la réélection en 2024 n’est pas reconnue par les Etats-Unis, a admis vendredi que la demande de dollars sur le marché formel avait augmenté de 40%.”Le dollar de guerre” est “un vieil ennemi de l’économie vénézuélienne”, a-t-il déclaré à la télévision nationale. “Nous devons faire tout ce qu’il faut pour surmonter la perturbation créée par les deux annonces de guerre économique du gouvernement des Etats-Unis contre le Venezuela”, soit la révocation de la licence de Chevron et l’annonce américaine de droits de douane de 25% pour les pays acheteurs de pétrole vénézuélien.Si les consommateurs détenant des dollars peuvent les échanger contre plus de bolivares, ils subissent aussi l’augmentation des prix, tirés vers le haut.La Banque centrale n’a pas publié de chiffre d’inflation depuis octobre, mais des estimations indépendantes situent l’indice interannuel à 117% jusqu’en février.Les commerçants, quant à eux, essuient des pertes. Ils sont obligés d’accepter les paiements au taux officiel, et “essayer de compenser ces pertes en ajustant les prix en dollars peut ne pas suffire”, avertit la société Albusdata.”Le fait d’accepter, de facturer au taux parallèle est très délicat. Il est parfois même préférable de perdre le fournisseur (…) ou simplement de se retirer du marché”, relève Diego Rodriguez, commerçant de 39 ans.”Je veux croire que les organismes compétents prendront des mesures d’une manière ou d’une autre”, dit-il. “Quand elles (les autorités) injectaient des dollars (sur le marché pour augmenter l’offre), il y avait une différence très minime” entre les taux, “sur laquelle il était possible de travailler”.

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Après le retrait américain annoncé, l’OMS doit couper son budget de 20%

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a proposé de réduire d’un cinquième son budget suite à la décision des États-Unis, son principal contributeur, de se retirer, et doit désormais réduire ses missions et son personnel, a déclaré son directeur dans un email interne consulté par l’AFP samedi.L’OMS fait face à un manque à gagner de près de 600 millions de dollars en 2025 et n’a “pas d’autre choix” que de commencer à faire des coupes, a ainsi expliqué le directeur général de l’institution, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans le message envoyé vendredi au personnel de l’agence de santé de l’ONU. En plus de déclencher le retrait de son pays après son entrée à la Maison Blanche en janvier, le président Donald Trump a décidé de geler pratiquement toute l’aide étrangère américaine, y compris d’importants programmes visant à améliorer la santé dans le monde. Les Etats-Unis avaient déjà entamé les démarches pour quitter l’OMS lors du premier mandat de M. Trump en 2020.Celui-ci a justifié sa décision en janvier par l’écart des contributions financières américaines et chinoises, accusant l’organisation d'”arnaquer” son pays.En conséquence, M. Tedros avait déjà prévenu fin janvier que l’OMS allait prendre des mesures d’économie.Les États-Unis étaient de loin le plus grand contributeur au budget de l’OMS: sur le dernier cycle budgétaire de deux ans, pour 2022-23, ils ont apporté 16,3% des 7,89 milliards de dollars de budget total de l’organisation.  “Des réductions drastiques de l’aide publique au développement par les États-Unis et d’autres pays causent d’énormes perturbations pour des pays, des ONG et des agences des Nations Unies, y compris l’OMS”, a souligné M. Tedros dans son email. Avant-même le début du processus de retrait américain, l’OMS était déjà confrontée à des contraintes financières, et avait commencé voici plus de neuf mois à travailler sur des mesures pour améliorer son efficacité, remarque aussi son dirigeant. Mais “l’annonce des États-Unis, combinée à des réductions récentes de l’aide publique au développement de certains pays pour financer une augmentation des dépenses de défense, a rendu notre situation beaucoup plus critique”, a encore expliqué M. Tedros. “Bien que nous ayons réalisé des économies de coûts substantielles, les conditions économiques et géopolitiques actuelles rendent la mobilisation des ressources particulièrement difficile”, écrit-il. En février, le conseil exécutif de l’OMS avait réduit le budget proposé pour 2026-2027 de 5,3 à 4,9 milliards de dollars. “Depuis lors, les perspectives de l’aide au développement se sont détériorées”, a rappelé M. Tedros. Et “nous avons donc proposé aux États membres un budget encore réduit de 4,2 milliards de dollars, soit une baisse de 21 % par rapport au budget initialement proposé”. La majorité du financement américain provenait de contributions volontaires pour des projets spécifiques, plutôt que d’une participation fixe. “Malgré tous nos efforts, nous en sommes maintenant au point où nous n’avons d’autre choix que de réduire le périmètre de notre travail et de notre personnel”, conclut M. Tedros. Et de préciser: “ces mesures s’appliqueront d’abord au niveau du siège, en commençant par les hauts dirigeants, mais affectera tous les niveaux et toutes les régions”.