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Rubio dans les Caraïbes pour parler de sécurité énergétique et d’Haïti

Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, est arrivé mercredi à Kingston, en Jamaïque, dans le cadre d’une tournée dans les Caraïbes centrée sur la sécurité énergétique face au Venezuela et la situation explosive en Haïti, pays miné par les gangs.Le chef de la diplomatie américaine, qui avait fait son premier déplacement à l’étranger en Amérique centrale il y a quelques semaines, doit participer à une réunion des pays de la Communauté caribéenne (Caricom), avant de visiter jeudi le Guyana puis le Suriname.Il sera notamment question de sécurité énergétique et des moyens de réduire la dépendance des pays des Caraïbes au pétrole vénézuélien, alors que Washington s’efforce dans le même temps d’étrangler l’économie vénézuélienne, largement dépendante du pétrole.Le président américain, Donald Trump, a annoncé lundi que les pays achetant du gaz ou du pétrole vénézuélien seraient frappés à partir du 2 avril de droits de douane de 25% sur toutes leurs marchandises entrant aux Etats-Unis.”De la même manière que nous avons travaillé avec les pays du Golfe pour assurer la coopération en matière de sécurité face aux menaces régionales (Iran, etc.), nous voulons travailler avec le Guyana pour assurer la coopération et les garanties en matière de sécurité”, a affirmé mardi l’envoyé spécial américain pour l’Amérique latine, Mauricio Claver-Carone.”Nous avons vu les menaces du Venezuela. Il est évident que c’est inacceptable et nous voulons travailler ensemble pour garantir un accord de coopération contraignant en matière de sécurité”, a-t-il dit.Le Guyana et le Venezuela se disputent l’Essequibo, territoire guyanien riche en pétrole revendiqué par le Venezuela.Le différend ancien sur l’Essequibo a été ravivé lorsque ExxonMobil a découvert en 2015 des gisements qui confèrent au Guyana les réserves de pétrole brut par personne parmi les plus élevées au monde.”En route pour la Jamaïque afin d’y rencontrer nos partenaires caribéens et renforcer la sécurité de notre hémisphère et lutter contre le crime organisé. On s’efforcera de lutter contre l’immigration illégale, la violence et la contrebande dans la région”, a déclaré M. Rubio sur le réseau X.Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité et il a récemment fait expulser des Etats-Unis des centaines de Vénézuéliens accusés d’appartenir au gang Tren de Aragua, les envoyant dans une prison salvadorienne.- Le “défi” haïtien -Inquiet, le secteur privé de la Communauté des Caraïbes (Caricom) va profiter du voyage de M. Rubio pour “demander aux Etats-Unis de reconsidérer les mesures” de taxation des navires chinois, a dit à l’AFP Patrick Antoine, de l’Organisation du secteur privé des Caraïbes (CPSO), depuis Georgetown, siège du Caricom.Il estime que l’inflation pourrait augmenter de 30% dans la sous-région si Washington taxe les navires des armateurs chinois et surtout ceux des opérateurs caribéens travaillant avec des bateaux chinois. “Il n’y a pas d’alternative à l’utilisation de ces navires spécialement conçus d’origine chinoise pour le transport maritime à courte distance dans la Caricom”, souligne-t-il.La violence des gangs en Haïti sera un autre sujet au sein du Caricom, qui regroupe les pays des Caraïbes dont les Etats-Unis.”Le défi, c’est évidemment Haïti”, a reconnu Mauricio Claver-Carone, soulignant que la situation y est “désastreuse”.”Nous sommes en train d’élaborer une stratégie pour pouvoir continuer à soutenir la police nationale haïtienne”, a-t-il dit.M. Rubio s’entretiendra à Kingston avec le président du conseil de transition haïtien, Fritz Jean.Pays le plus pauvre des Amériques, Haïti subit depuis longtemps les violences de bandes criminelles dans un contexte de grande instabilité politique.Mais la situation s’y est dégradée ces derniers mois en dépit du déploiement partiel de la mission multinationale de sécurité (MMAS) menée par le Kenya.

Lignes à haute tension: un éleveur indemnisé par RTE pour ses vaches malades

Le Réseau de Transport d’Électricité (RTE) a été définitivement condamné à verser 444.000 euros à un éleveur de la Manche dont les vaches tombaient malades à côté d’une ligne à haute tension, a indiqué mercredi à l’AFP le cabinet de l’avocat de l’agriculteur.Représenté par Me François Lafforgue, l’éleveur laitier Dominique Vauprès avait constaté des mammites (inflammation d’une mamelle) à répétition après l’installation en 1991 d’une ligne à très haute tension (THT) de 400.000 volts à proximité de son exploitation, située à Isigny-le-Buat.Son lait était devenu impropre à la consommation et par conséquent invendable, a-t-il expliqué à l’AFP.Il avait porté plainte contre le RTE et avait essuyé une première défaite en justice en 2012.Lors d’un nouveau jugement, confirmé en appel en 2023, la société a été condamnée à indemniser Dominique Vauprès. La cour de cassation a rejeté le 13 mars le pourvoi formulé par RTE.La société doit donc verser à M. Vauprès 444.417 euros, a confirmé à l’AFP le cabinet de l’avocat de M. Vauprès, Me Lafforgue.Il s’agit de la deuxième victoire d’un éleveur laitier dans un cas de mammite liée à une ligne THT, après un premier éleveur d’une commune voisine qui lui n’avait été indemnisé par RTE qu’à hauteur de 37.024 € en 2015.Contacté par l’AFP, M. Vauprès a exprimé “son immense soulagement”.”Je suis très content. De toute façon, j’avais dit que je ne lâcherai jamais. Et je vais continuer à aider les autres” éleveurs dans une situation similaire, a déclaré l’éleveur, membre de l’Anast (Association Nationale Animaux Sous Tension) qui regroupe des agriculteurs de plusieurs départements français.La société RTE a indiqué dans un communiqué avoir “pris acte de la décision de la Cour de cassation”.Si “sur les 100.000 km de lignes électriques exploitées par RTE, 70% sont implantées en domaine agricole”, “il est important de rappeler que dans la quasi-totalité des cas, la présence dans le voisinage d’ouvrages électriques à haute et très haute tension ne présente aucune difficulté particulière”, a-t-elle affirmé.

Washington pourrait manquer le boom des technologies vertes, selon Berlin

L’Europe doit saisir les “énormes opportunités économiques” offertes par l’essor des technologies vertes, a déclaré mercredi le chancelier allemand Olaf Scholz, ajoutant qu’il revenait aux États-Unis de décider s’ils voulaient en profiter ou non.”Le marché mondial des technologies clés respectueuses du climat continue de croître rapidement”, a estimé M. Scholz lors du Dialogue de Petersberg sur le climat, qui réunit des ministres de quelque quarante Etats à Berlin.Le dirigeant, désormais en charge des affaires courantes jusqu’à la nomination de son successeur conservateur Friedrich Merz attendue fin avril, a ajouté regretter “profondément” que Donald Trump ait de nouveau quitté l’accord de Paris, par lequel les Etats signataires s’engagent à limiter le réchauffement climatique et a souligné les “énormes” opportunités économiques que manquent ainsi les Etats-Unis.”Contester et ignorer les faits ne fera pas disparaître les conséquences du changement climatique, ni la responsabilité des États-Unis en tant que plus grand émetteur historique de gaz à effet de serre”, a critiqué le responsable allemand.Selon la cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock, les données économiques contredisent le “vieux préjugé” selon lequel investir dans la protection du climat est “inabordable”. L’Europe souhaite particulièrement travailler avec “les entreprises et les pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’autres régions du monde”, a déclaré la ministre écologiste lors de cette réunion qui prépare le terrain au sommet COP30 de novembre au Brésil. “Si d’autres, comme les États-Unis, décident de rester en dehors, c’est leur décision”, a-t-elle insisté.Dans un discours par vidéo conférence, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appuyé leurs propos. “Les énergies renouvelables renouvellent les économies”, a-t-il dit.”Elles alimentent la croissance, créent des emplois, réduisent les factures d’énergie et purifient notre air. Et chaque jour, elles deviennent un investissement encore plus judicieux”.A cet égard, les conservateurs, vainqueurs des législatives du 23 février, et les sociaux-démocrates qui négocient une coalition gouvernementale ont convenu, sous la pression des Verts, de réserver 100 milliards d’euros pour des investissements protégeant le climat, sur un paquet de 500 milliards sur douze ans prévus pour moderniser l’économie.Les bouleversements géopolitiques mondiaux font craindre la relégation de la lutte contre le réchauffement climatique derrière les question sécuritaires et économiques, a souligné le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra.”Mais il n’y a pas d’alternative”, a-t-il averti: “l’humanité n’a pas d’alternative et ne peut pas attendre”.

Wall Street ouvre dispersée, fait une pause avant les droits de douane

La Bourse de New York a ouvert sans direction claire mercredi, retenant son souffle avant la mise en place de droits de douane par l’administration Trump le 2 avril, et dans l’attente de nouveaux catalyseurs.Vers 13H40 GMT, le Dow Jones prenait 0,45%, l’indice Nasdaq perdait 0,35% et l’indice élargi S&P 500 était proche de l’équilibre (+0,02%).”Il n’y a pas beaucoup de conviction dans les premiers échanges”, observe dans une note Patrick O’ Hare, de Briefing.com.Le marché “fait une pause (…) il est à la recherche d’un nouveau catalyseur pour le faire évoluer dans un sens ou dans l’autre”, ajoute auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.Les investisseurs restent attentistes avant le 2 avril, date à laquelle les droits de douane dits “réciproques”, voulus par Donald Trump, doivent être mis en place.Des informations de presse publiées ce weekend ont dévoilé que ces droits de douane “réciproques” seraient davantage ciblés qu’initialement escompté. “Je ne veux pas faire trop d’exceptions”, a déclaré Donald Trump mardi sur la chaîne Newsmax, en ajoutant qu’il “sera probablement plus souple que réciproque, parce que (s’il était) réciproque, ce serait très difficile pour les gens”.Les investisseurs vont “devoir attendre et voir comment les choses se déroulent, ou si quelque chose de nouveau sort de la Maison Blanche”, a commenté M. HoganCôté indicateurs, les investisseurs attendent désormais la nouvelle estimation de la croissance américaine au dernier trimestre 2024, jeudi, suivie vendredi de l’indice PCE, jauge d’inflation favorite de la banque centrale américaine (Fed).”Si les prix et le PIB du quatrième trimestre étaient revus à la hausse (…), cela serait certainement considéré comme un élément positif” par le marché, analyse M. Hogan.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans se tendait à 4,35% contre 4,31% la veille en clôture.Ailleurs, au tableau des valeurs, Boeing évoluait proche de l’équilibre (+0,07%) après que le juge fédéral texan chargé de l’affaire des crashes de deux Boeing 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, qui ont fait au total 346 morts, a créé la surprise mardi en fixant au 23 juin l’ouverture d’un procès pénal avec jury populaire contre l’avionneur américain.Le juge Reed O’Connor, qui siège à Fort Worth (Texas), a également “annulé” la date butoir fixée au 11 avril pour que Boeing et le ministère de la Justice l’informent de leurs avancées concernant l’accord de plaider-coupable de l’avionneur dans ce dossier.La chaîne de magasins à bas prix Dollar Tree perdait du terrain (-0,36%) après des résultats en deçà des attentes. Le groupe a par ailleurs indiqué qu’il allait vendre sa filiale Family Dollar, plus orientée vers l’alimentaire et en difficulté depuis plusieurs années.Les capitalisations géantes du Nasdaq évoluaient en ordre dispersé, à l’image de Nvidia (-2,27%), Apple (+0,10%), Amazon (-0,55%) et Microsoft (-0,17%).L’action du distributeur de nourriture pour animaux Chewy était en hausse (+2,76%) après la publication de résultats globalement au-dessus des attentes des analystes.

Espagne: Sánchez annonce un plan national pour doper l’industrie de défense

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a annoncé mercredi un plan national destiné à stimuler l’industrie de sécurité et de défense en Espagne, dans le cadre des efforts réclamés par l’UE face à la menace russe et au désengagement américain.”Le gouvernement lancera avant l’été un grand plan national pour le développement et la promotion de la technologie et de l’industrie de sécurité et de défense espagnoles”, a assuré le dirigeant socialiste lors d’une allocution au Parlement consacrée notamment aux dépenses militaires de l’Espagne.”Ce plan devra tirer parti de l’expérience acquise au cours des dernières années grâce au plan de relance” post-Covid et “concentrera le gros de l’investissement supplémentaire exigé par nos partenaires européens”, a-t-il ajouté, sans fournir de détails à ce stade sur son contenu.Ces déclarations surviennent alors que l’Espagne, qui a les dépenses militaires les plus basses en pourcentage du PIB parmi les pays de l’Otan, s’est engagée auprès de ses partenaires européens à augmenter son budget de défense, par souci de solidarité.Selon les données de l’Alliance atlantique, l’Espagne a consacré en 2024 à ses dépenses militaires 1,28% de son PIB, loin derrière la Pologne (4,12%) où même la France (2,06%). Pedro Sánchez a promis de porter ce taux à 2% d’ici 2029, ou même plus rapidement.S’il a confirmé mercredi de nouveau cet objectif de 2%, Pedro Sánchez est cependant resté flou sur le calendrier, et n’a pas clairement indiqué s’il soumettrait son plan au vote des députés. “Nous présenterons au Parlement tout ce qui doit passer par le Parlement”, a-t-il simplement assuré.Un manque de précision dénoncé par Alberto Nuñez Feijoo, chef de file du Parti populaire (PP, droite), qui a regretté le manque d’informations transmises aux parlementaires. “Quels seront les délais? Combien va-t-on dépenser chaque année? D’où va venir cet argent?”, s’est il interrogé.L’augmentation des dépenses militaires est un sujet délicat pour le dirigeant socialiste, qui gouverne sans majorité parlementaire, grâce au soutien de l’extrême gauche, historiquement hostile à l’Otan, et de partis régionalistes peu enclins à renforcer l’armée espagnole.”L’Espagne ne doit pas accepter l’idée que plus de dépenses équivaut à plus de sécurité”, a ainsi estimé mercredi la porte-parole de la formation d’extrême gauche Sumar au Parlement, Verónica Martínez Barbero, qui craint que la hausse des dépenses militaires ne se fasse au détriment des mesures sociales.

Londres dégaine le sécateur budgétaire

Les impopulaires hausses d’impôts de l’automne n’auront pas suffi: plombée par une économie qui ne décolle pas, la ministre britannique des Finances Rachel Reeves va détailler mercredi de nouvelles coupes franches dans les budgets publics, pour tenter d’équilibrer les comptes.Le gouvernement travailliste du Premier ministre Keir Starmer navigue en eaux troubles: outre une croissance en berne, il doit composer avec les taux d’emprunts élevés de la dette britannique, l’augmentation annoncée des dépenses militaires et les menaces de guerre commerciale de Donald Trump.Rare bonne nouvelle pour Mme Reeves, l’inflation dans le pays a connu un ralentissement surprise en février, à 2,8% sur un an, grâce à des baisses de prix dans l’habillement, selon des chiffres officiels publiés mercredi matin. Les analystes prévoyaient que le chiffre se maintiendrait à 3%.”Le monde a changé”, martèle la ministre depuis des semaines. Comprendre: le budget déjà serré du Royaume-Uni, présenté en octobre, n’est plus tenable.”Le rôle d’un gouvernement responsable ne se limite pas à observer ce changement”, il doit être “actif, engagé pour assurer l’avenir” du pays, a fait valoir Mme Reeves mardi soir dans un communiqué consacrant une hausse de 2,2 milliards de livres (2,6 milliards d’euros) du financement annuel de la défense.- Discipline de fer -Mais c’est surtout sur les coupes budgétaires que la chancelière de l’Echiquier, son titre officiel, est attendue de pied ferme mercredi, peu après midi, pour sa traditionnelle “déclaration de printemps”, une mise à jour économique et budgétaire.Avocate d’une discipline de fer sur les finances publiques, elle a déjà rejeté les critiques affirmant que ses choix budgétaires signent un retour à l’austérité – référence aux coupes douloureuses imposées en 2010, du temps des conservateurs.Mais face au mécontentement venant de ses propres rangs, le gouvernement de centre-gauche s’est efforcé de déminer le terrain, en étalant au compte gouttes les mauvaises nouvelles.Cinq milliards de livres d’économies annuelles dans les allocations pour personnes handicapées et malades de longue durée ont ainsi été présentées la semaine dernière.Mme Reeves a aussi confirmé pendant le week-end une réduction de 15% des coûts de fonctionnement de l’administration centrale d’ici 2030, pour économiser à terme plus de 2 milliards de livres par an -elle vise 10.000 postes en moins.La presse britannique s’attend par ailleurs à un coup de rabot sur les augmentations prévues des dépenses publiques dans les années qui viennent, ce qui pourrait représenter 5 milliards de livres d’économies supplémentaires.Pour apaiser l’opinion, le gouvernement met en avant l’augmentation des moyens à destination du NHS, le système public de santé défaillant, ou encore une ambitieuse réforme du droit du travail au bénéfice des salariés.L’exécutif a aussi voulu contrebalancer ces mesures en annonçant mardi qu’il injecterait 2 milliards de livres (2,4 milliards d’euros) dans la construction de logements abordables.- Difficile à avaler -Mais les coupes budgétaires sont difficiles à avaler pour de nombreux députés travaillistes, d’autant que le gouvernement avait déjà pris la décision controversée de supprimer, avant l’hiver, une aide au chauffage pour les retraités.”Nous ne pouvons pas prétendre qu’il n’y a pas d’austérité (…) si nous allons enlever autant d’argent dans l’aide sociale”, s’est insurgé le député travailliste Brian Leishman, cité lundi dans le magazine politique écossais Holyrood.Le budget présenté par Mme Reeves en octobre, avec une forte hausse des cotisations patronales et des emprunts exceptionnels pour investir et relancer la croissance, avait aussi suscité l’ire des patrons et provoqué la nervosité des marchés.L’exécutif a fait de la croissance sa priorité, mais celle-ci ne décolle pas depuis le retour des travaillistes au pouvoir en juillet. Le produit intérieur brut (PIB) s’est affiché en recul de 0,1% en janvier.Mercredi, l’organisme public de prévision budgétaire, l’OBR, dévoilera ses dernières projections pour l’économie britannique.Mais malgré la bonne nouvelle sur l’inflation, celle-ci reste nettement supérieure à la cible de 2% et “il est peu probable que la Chancelière annonce (mercredi) quoi que ce soit pour apaiser les craintes concernant l’économie britannique”, estime Lindsay James, de Quilter Investors.Rachel Reeves “a encore besoin d’un miracle économique” avant le prochain budget, l’automne prochain, abonde Kathleen Brooks, analyste chez XTB.

Epaves et lieux sacrés, un héritage culturel menacé par l’extraction minière sous-marine

Navires engloutis, esclaves morts lors de la traite transatlantique ou connexion “spirituelle” des îliens du Pacifique: les océans abritent un patrimoine culturel qui doit être protégé de l’extraction minière sous-marine au même titre que les écosystèmes, plaident ONG et peuples autochtones.”Nos ancêtres ont parcouru l’océan pendant des millénaires, transmettant les informations de génération en génération”, raconte à l’AFP Hinano Murphy, de l’association polynésienne Tetiaroa Society.”Nous sommes les enfants du peuple de l’Océan” et “nous devons protéger cet héritage”, en faisant “adopter le principe selon lequel les fonds marins sont un lieu sacré, la matrice de la vie” insiste-t-elle.Lors de la session en cours de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) en Jamaïque, les représentants de peuples autochtones ont plaidé pour que leur héritage culturel et leur lien spirituel avec les océans soient reconnus dans le code minier, qui doit établir les règles d’exploitation des fonds marins dans les eaux internationales.Scientifiques et défenseurs des océans insistent depuis longtemps sur les menaces que cette future exploitation industrielle fait peser sur les écosystèmes marins. Mais “le patrimoine culturel sous-marin est la mémoire vivante des générations qui nous ont précédé, sa protection doit être une priorité égale à la protection de la biodiversité marine”, a plaidé lors des débats Salim Lahsini, représentant du Maroc, s’exprimant au nom des pays africains.Le projet de texte actuel, encore très disputé, prévoit bien une protection du “patrimoine culturel subaquatique”.Les entreprises exploitantes devraient ainsi notifier l’AIFM en cas de découverte de restes humains, d’objets ou de sites archéologiques. Une découverte qui, selon l’issue des négociations, pourrait mener à une suspension des activités.Mais les modalités et les définitions ne font pas consensus.”Définir le patrimoine culturel seulement par les épaves me semble très triste”, dit à l’AFP April Nishimura, une représentante d’un clan des Gitxsan au Canada, qui souligne le lien de son peuple avec la mer par l’intermédiaire des saumons qui remontent les rivières.- “Immatériel” -Dans cet esprit, un groupe d’Etats mené par la Micronésie a proposé de spécifier que cet héritage inclut à la fois le patrimoine matériel (restes humains, artéfacts, épaves de bateaux et leur cargaison…) et le patrimoine “immatériel”, comme les connaissances liées à la navigation traditionnelle ou les pratiques spirituelles liées à l’eau.A ce stade, seules les technologies d’extraction des nodules polymétalliques présents dans le Pacifique semblent suffisamment développées pour envisager un passage à l’échelle industrielle.Mais l’Atlantique, avec la présence d’un autre type de gisements, pourrait aussi être concerné.Cet océan abrite dans ses entrailles bateaux coulés et avions abattus pendant les deux Guerres mondiales, ou encore les traces de siècles de traite des esclaves entre l’Afrique et l’Amérique.”De nombreux navires transportant des esclaves ont coulé pendant la traversée. Et de nombreux esclaves décédés pendant le voyage ont été jetés à la mer”, souligne auprès de l’AFP Lucas Lixinski, professeur à l’université de Nouvelle-Galles du Sud à Sydney.C’est “une histoire importante du patrimoine sous-marin et de nos liens actuels avec lui”. Si arrêter l’extraction en cas de découverte d’une épave semble sur le principe assez simple, protéger les volets “immatériels” de ce patrimoine est plus complexe.Le code minier pourrait “créer une liste d’évaluation” en amont, avance le professeur. En particulier en demandant aux communautés concernées et à des anthropologues si l’activité dans telle zone pourrait “perturber les connexions culturelles de façon trop invasive, destructrice”.Le groupe de travail mené par la Micronésie recommande lui la création d’un comité spécialisé — composé notamment de représentants de peuples autochtones — chargé d’assister le Conseil de l’AIFM dans sa décision sur un plan d’exploitation.Quant à la protection du patrimoine matériel, des solutions existent, assure à l’AFP Charlotte Jarvis, archéologue maritime et représentante de l’ONG The Ocean Foundation.”Nous sommes entrainés à repérer une épave dans des données sur les fonds marins (…) et à agir à partir de ces données”, par exemple pour mettre en place une “zone tampon”, explique-t-elle.Avant de détromper ceux qui pourraient croire qu’il n’y a pas de vestiges à explorer aussi loin sous la mer.”Pensez simplement à la plus célèbre épave dans le monde, le Titanic,” échoué à 3.800 mètres de fond.

Face à l’assaut des vagues, les ports du Pacifique sud-américain renforcent leurs protections

Des grues déposent d’imposants blocs de béton sur le brise-lames qui protège depuis un siècle le port chilien de San Antonio des assauts de la houle. Profitant d’une mer calme, les ouvriers s’activent avant le début de l’hiver austral, en juin.Les opérations commerciales du principal port chilien, comme celles de dizaines d’autres, dont deux des plus importants en Equateur et au Pérou, sont de plus en plus perturbées par l’agitation marine.Avec l’élévation du niveau de la mer et la hausse des températures liées au réchauffement climatique, “des houles plus intenses et plus fréquentes se produisent”, explique à l’AFP le climatologue chilien Raul Cordero. Des sites portuaires qui, il y a encore quelques décennies, n’auraient pas eu besoin d’être protégés, doivent désormais l’être, assure-t-il. Or, le port de San Antonio se situe dans une baie “très exposée”, note Andrés Orrego, directeur du site spécialisé Portal Portuario.Situé à 120 kilomètres de la capitale Santiago, San Antonio est le troisième port le plus fréquenté du Pacifique sud-américain, avec 1,7 million d’équivalents vingt pieds (EVP, la mesure de référence du secteur) y transitant chaque année.En 2021, l’infrastructure avait dû être fermée pendant 74 jours, soit huit fois plus que lorsque les mesures de protection ont débuté 13 ans plus tôt. En 2024, il a été inopérant pendant un mois entier.- “Insécurité” -Ces dernières années, la mer s’est infiltrée “jusqu’aux zones opérationnelles”, créant “de l’insécurité” pour les travailleurs, regrette Jorge Santos, sous-directeur des opérations du port.Depuis 2020, quelque 270 navires ont été empêchés d’entrer ou de sortir du port. Or, selon M. Santos, chaque jour d’immobilisation leur coûte entre 80.000 et 150.000 dollars. Composé de blocs de 20 tonnes, son brise-lames de 1.000 mètres de long et dix de haut est régulièrement pris d’assaut par les vagues, explique José Aldunate, chef des travaux du port. Le port a investi 11 millions de dollars pour le renforcer. Les travaux ont débuté en 2024 avec l’installation de blocs concaves, conçus pour renvoyer les vagues.   La moitié de la digue a déjà été consolidée, permettant déjà de réduire le nombre de jours de fermeture du port, passé de 47 en 2023 à 30 l’an dernier. La fin des travaux est prévue pour le premier semestre 2026. “Même si ces travaux vont permettre d’atténuer l’impact des vagues, certaines passeront encore, mais dans des limites acceptables, permettant au port de continuer à fonctionner sans difficulté”, estime José Aldunate.- “S’adapter” -Au Chili, le port d’Antofagasta, point clé de l’exportation du cuivre, prévoit également de renforcer son brise-lames afin de réduire les jours où il est contraint de fermer.Plus au nord, le port péruvien de Callao, le principal de la région sur le Pacifique, bien que protégé par une digue de 13 mètres de haut ainsi que par deux îles, est également touché. Fin 2024, il a été fermé pendant dix jours en raison de vagues atteignant jusqu’à quatre mètres de haut, un phénomène qui a également affecté une centaine d’autres ports du pays. Toujours au Pérou, le nouveau mégaport de Chancay, exploité par la Chine, comprend lui déjà un vaste brise-lames de près de trois kilomètres de long. Les ports équatoriens aussi sont touchés par le phénomène. Jusqu’il y a six ans, celui de Manta ne fermait que quelques heures chaque année en raison de la houle. En 2024, il a dû fermer plusieurs jours, a assuré à l’AFP l’Autorité portuaire. Manta a besoin d’un plan de “travaux de protection côtière, d’amélioration des infrastructures portuaires et de stratégies d’adaptation à l’impact du changement climatique”, reconnaît l’opérateur.”C’est un problème auquel il faudra s’adapter”, note le climatologue Raul Cordero. “Il faudra investir beaucoup d’argent pour se protéger contre la houle”, prédit-il.

Boeing sous pression, un procès pénal lié aux crashes de 2018 et 2019 fixé en juin

Le juge fédéral texan chargé de l’affaire des crashes de deux Boeing 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, qui ont fait au total 346 morts, a créé la surprise mardi en fixant au 23 juin l’ouverture d’un procès pénal avec jury populaire contre l’avionneur américain.Le juge Reed O’Connor, qui siège à Fort Worth (Texas), a également “annulé” la date butoir fixée au 11 avril pour que Boeing et le ministère de la Justice l’informent de leurs avancées concernant l’accord de plaider-coupable de l’avionneur dans ce dossier.Il ne donne aucun détail supplémentaire, hormis un calendrier sur le processus à suivre par les parties en vue du procès.”Comme précisé par les parties dans de récents documents déposés auprès du tribunal, Boeing et le ministère de la Justice continuent de mener des discussions de bonne foi pour un règlement approprié à cette affaire”, a indiqué l’avionneur.Sollicités par l’AFP, le ministère a refusé de commenter et les avocats américains des familles n’ont pas réagi immédiatement.”Yes! Enfin!”, a réagi auprès de l’AFP Catherine Berthet, qui a perdu sa fille Camille dans l’accident d’Ethiopian Airlines en mars 2019.”Je suis heureuse évidemment qu’il y ait enfin un procès!!! Tellement soulagée. Des années de combat!”, a-t-elle ajouté, disant avoir une “très grande reconnaissance” envers le juge.”Je me bats (…) pour la manifestation de la vérité et de la justice. Un procès est nécessaire pour la manifestation de cette vérité”, a-t-elle poursuivi, regrettant que les dirigeants de Boeing “ne soient pas poursuivis à ce stade”.Malgré la décision de mardi, Boeing a encore la possibilité, avant la date fixée par le juge, de s’entendre avec le ministère public sur un nouveau plaider-coupable, qui lui éviterait un procès.- Fraude -Un premier plaider-coupable est intervenu en juillet 2024 après que le ministère de la Justice a estimé que Boeing avait bafoué un premier accord dit de poursuites différées (DPA).Ce dernier avait été conclu en janvier 2021, concernant les accidents de 737 MAX 8 des compagnies Lion Air en octobre 2018 et Ethiopian Airlines en mars 2019.Il ne porte que sur un seul chef d’inculpation: Boeing reconnaît avoir, “en toute connaissance, et avec l’intention de commettre une fraude, conspiré et s’être entendu avec des tiers pour commettre une fraude envers les Etats-Unis” lors du processus de certification du 737 MAX.Après les accidents, tous les 737 MAX ont été immobilisés au moins vingt mois dans le monde entier. Boeing a admis en avril 2019 que son logiciel anti-décrochage MCAS était en partie responsable.D’une durée de trois ans, l’accord initial imposait notamment à Boeing d’améliorer le programme de conformité de sa production.Mais, en janvier 2024, un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines a perdu en vol un panneau de fuselage. L’appareil avait été livré en octobre.- Crise profonde -Cet incident, qui n’a fait que quelques blessés légers, intervenait après des mois marqués par des problèmes de qualité de production. Il a plongé Boeing dans une crise existentielle.En juillet, Boeing et le ministère ont finalement annoncé un second DPA, incluant en particulier la désignation d’un superviseur indépendant.Pour être définitif, cet accord devait être approuvé par Reed O’Connor, qui l’a rejeté début décembre et a renvoyé Boeing et le ministère à l’écheveau.Sans aborder le fond de l’affaire dans sa décision de douze pages, il s’est concentré sur le mode de désignation du superviseur qui, selon lui, “marginalis(ait) à tort” le rôle du tribunal et n’offrait pas de garanties en termes de diversité (DEI).Après plusieurs reports successifs, les parties devaient l’informer de leurs intentions au plus tard le 11 avril.Mais le magistrat a décidé mardi d'”annuler” cette échéance “et, au contraire, de fixer une date de procès pour cette affaire au lundi 23 juin 2025”.Le Wall Street Journal (WSJ), faisant référence à plusieurs sources non identifiées, a écrit lundi que l’avionneur cherchait à faire annuler ce second DPAIl “cherche un traitement plus indulgent de la part du ministère de la Justice qui, sous l’administration Trump, examine de nombreuses affaires pénales dont le procès n’est pas encore ouvert ou qui n’ont pas encore été validées par un juge”.”Boeing devrait profiter du nouveau regard porté par le ministère de la Justice de Trump, qui est plus enclin à modifier au moins partiellement cet accord”, écrivait le WSJ.

TotalEnergies “complice” de Poutine: au tribunal, Jadot détaille ses accusations

Poursuivi en diffamation par TotalEnergies, le sénateur écologiste Yannick Jadot a soutenu mardi ses accusations contre le groupe d’être “complice de crimes de guerre” en raison de la poursuite de ses activités en Russie après l’invasion de l’Ukraine.L’ancien candidat à la présidentielle est poursuivi par le groupe pour 19 séries de propos, datant de mars 2022, peu après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe le 24 février.A la différence des autres major pétrolières, TotalEnergies “décide de ne pas quitter la Russie”, rappelle Yannick Jadot à la barre.Détaillant l’étroitesse des liens entre le géant français et la Russie, il estime qu’il s’agit d’une “contribution, une participation au financement d’une guerre et de ses atrocités”.Le sujet des “atrocités russes commises en Ukraine” s’invitait dans toutes les familles, tous les cercles d’amis, explique le sénateur écologiste, “pour tout le monde c’est un scandale à ce moment-là de rester en Russie”.”On est dans ce moment-là, il y a une entreprise qui est clé dans le dispositif russe et décide de s’asseoir sur tous les codes éthiques qui sont mis en avant sur le site web de la société”, accuse-t-il.Interrogé par les avocats de Total qui soulignent que les autres grands groupes pétroliers sont restés en Russie, il réplique par une autre question: “Est-ce qu’il ne sont pas partis parce que Total est resté ?””Ils sont libres de continuer à faire de l’argent”, déplore-t-il, “comme disent les conseillers” du président ukrainien Volodymyr Zelensky, “de l’argent de sang”.Cité par la défense de Yannick Jadot, le député européen Raphaël Glucksmann a estimé que “c’est la responsabilité d’un dirigeant politique de créer le débat, c’est même son honneur”.TotalEnergies était avant le conflit en Ukraine l’un des groupes français les plus exposés en Russie en matière d’énergie.Il avait annoncé fin avril 2022 un “début de repli”, et quatre mois plus tard la suspension progressive de ses activités en Russie pour “celles qui ne contribuent pas à l’approvisionnement énergétique du continent” européen.Pour TotalEnergies, qui demande un euro de dommages et intérêts, Me Antonin Lévy s’en est pris à la “répétition insupportable” par Yannick Jadot de l'”accusation extrêmement grave” de complicité de crimes de guerre.Malgré leurs annonces, les autres groupes n’ont pas quitté la Russie, en raison de l’impossibilité de le faire, car cela reviendrait à enrichir l’Etat russe ou contourner ou violer les sanctions, a-t-il fait valoir.L’avocat de Yannick Jadot, Me William Bourdon, a plaidé la relaxe, estimant que “c’est la liberté d’expression qui doit l’emporter ici”.Le jugement sera rendu le 6 juin.