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La guerre commerciale de Trump va fragiliser la croissance mondiale, avertit l’OCDE

Les surtaxes douanières imposées par Donald Trump à ses partenaires vont fortement peser sur la croissance américaine et mondiale, a averti l’OCDE au cours d’une conférence à Paris à l’occasion de laquelle des négociations commerciales se tiennent entre Américains et Européens.”L’environnement économique mondial est devenu beaucoup plus difficile”, a reconnu mardi le secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques Mathias Cormann au cours d’une conférence de presse au siège de l’institution à Paris, citant la nouvelle donne des droits de douane.Du fait de la politique commerciale américaine, “nous avons revu en baisse la croissance de quasiment chaque économie dans le monde”, a indiqué à l’AFP l’économiste en chef de l’institution, Alvaro Pereira, à l’occasion d’un entretien à la veille de la publication des prévisions économiques de l’OCDE.Cette organisation, qui rassemble 38 pays développés, tient une réunion ministérielle mardi et mercredi à Paris. Des discussions entre le représentant américain au Commerce (USTR) Jamieson Greer et le Commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic sur les droits de douane doivent aussi avoir lieu en marge de cette rencontre, ainsi qu’un G7 centré sur le commerce mercredi matin.”Nous devons parvenir à des solutions négociées et ce, le plus rapidement possible, car le temps presse”, a affirmé mardi la ministre allemande de l’économie, Katherina Reiche, en marge de cette conférence, à la veille d’un potentiel doublement des surtaxes américaines sur l’acier et l’aluminium importés, à 50%.Un avis partage par l’institution parisienne dont font partie les Etats-Unis et la plupart des pays de l’UE: “la meilleure option c’est +asseyez-vous, passez un accord et tout le monde s’en portera mieux+”, a exhorté Alvaro Pereira.A peine revenu à la Maison Blanche, en janvier, le président américain a lancé un bigbang douanier.Cela a créé un climat d’incertitude pour les entreprises en raison de ses annonces, alternant pauses mais aussi brutaux durcissements, à l’instar de sa décision vendredi d’un doublement de la surtaxe sur l’acier et l’aluminium à 50% dès mercredi.- Dynamisme révolu -L’activité économique avait profité d’un effet Trump “à la fin de 2024 et au premier trimestre de 2025” en raison du désir des entreprises de reconstituer des stocks avant que le couperet des droits de douane ne tombe, indique l’OCDE. “Néanmoins, certains signes apparaissent annonçant une dégradation de ces résultats”, s’alarme l’institution, en citant le plongeon des prix du transport maritime par conteneurs entre Shanghai et les Etats-Unis, conséquence directe du bras de fer entre Pékin et Washington, adouci par la conclusion d’un accord en avril.La crainte est d’autant plus grande que “les États‑Unis constituent un marché d’exportation important pour un certain nombre de pays”, développe l’institution. Le taux effectif des droits de douane américains sur les marchandises importées est passé en mai selon l’OCDE de 2% à 15,4%, au plus haut “depuis 1938”.- L’Amérique souffre -La croissance mondiale va souffrir, attendue à 2,9% cette année et l’an prochain, en baisse respectivement de 0,2 et 0,1 point de pourcentage par rapport aux précédentes estimations de l’OCDE en mars.Il s’agirait de la plus faible progression annuelle depuis la pandémie de Covid-19.La croissance américaine va “nettement ralentir”, prévoit l’OCDE: le produit intérieur brut (PIB) devrait progresser en 2025 de 1,6% contre 2,2% anticipé en mars. Le ralentissement est plus modeste pour 2026 avec 1,5% contre 1,6% prévu en mars.”Il faut garder son sang froid et démontrer toujours que la mise en place de ces droits de douane n’est dans l’intérêt de personnes, à commencer par l’économie américaine”, a dit mardi le ministre français délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, à l’OCDE.Outre la guerre commerciale, “une nouvelle contraction de l’immigration nette et une réduction du nombre de fonctionnaires du gouvernement fédéral devraient affaiblir la croissance” américaine, poursuit l’OCDE en référence à la politique appliquée par Donald Trump.”Grâce aux droits de douane, notre économie est EN PLEIN ESSOR”, s’est pourtant vanté sur son réseau Truth Social le président américain mardi peu avant la présentation de l’OCDE.L’inflation aux Etats-Unis devrait par ailleurs rester à un niveau élevé, ajoute l’OCDE qui prévoit 3,2% cette année et 2,8% l’an prochain, soit environ un point de plus qu’en zone euro.

Dividende sociétal: le Crédit Mutuel veut faire des émules

Consacrer chaque année 15% de ses bénéfices à des projets environnementaux et solidaires: cette promesse de “dividende sociétal” lancée en janvier 2023 n’est pas incompatible avec la performance, assure mardi le Crédit Mutuel, qui souhaite inciter d’autres grandes entreprises à suivre le mouvement. “J’ai la conviction que le modèle du Crédit Mutuel n’est pas réservé aux entreprises de l’économie sociale et solidaire. Il est aussi transposable aux grandes entreprises capitalistes”, a déclaré Daniel Baal, président de Crédit Mutuel Alliance fédérale, dans le discours d’ouverture d’une matinée consacrée au “dividende sociétal” organisée par la banque française à Paris. “Être une entreprise à mission, c’est aussi un levier de performance”, a expliqué Daniel Baal à la presse en marge de ce forum. Tout simplement parce que “nous devons créer toujours plus de valeur pour mieux la partager.”En choisissant de devenir une “société à mission” – un statut créé fin 2019 permettant à une entreprise de se fixer des objectifs sociétaux et environnementaux, en plus de la recherche du profit – le Crédit Mutuel Alliance fédérale a souhaité évoluer vers un modèle de développement plus inclusif et durable. C’est dans ce cadre que l’Alliance, qui regroupe 14 des 18 fédérations du groupe Crédit Mutuel, a pris l’engagement de ce “dividende sociétal”, avec à la clé 439 millions d’euros mobilisés en 2023, 574 millions en 2024 et 619 millions prévus cette année. “Si 200 entreprises de la taille de Crédit Mutuel Alliance fédérale se dotaient de leur propre dividende sociétal – ou d’un dispositif proche – nous aurions les moyens de financer la transition écologique”, a souligné Daniel Baal dans son discours, en faisant référence au rapport de 2023 des économistes Selma Mahfouz et Jean Pisani-Ferry, qui estimait à environ 100 milliards d’euros par an le coût de la transition énergétique en France.Parmi les rares entreprises françaises dotées d’un dispositif comparable, l’assureur MAIF consacre 10% de ses bénéfices au financement de projets de solidarité climatique et de protection de la biodiversité. Il a alloué 8,2  millions d’euros à son “dividende écologique” en 2023 et 7 millions supplémentaires en 2024. “On doit faire beaucoup mieux”, a insisté Daniel Baal en relevant qu’aujourd’hui seules 2.100 entreprises, et peu de grandes entreprises, ont adopté le statut d’entreprise à mission.De son côté, le ministre de l’Economie et des Finances Eric Lombard, intervenu en clôture du forum, a jugé que le dividende sociétal était “un élément essentiel du rôle que doivent jouer l’ensemble des entreprises dans la société” afin que l’économie de marché devienne “plus inclusive et plus solidaire”.En pratique, les montants dégagés par le “dividende sociétal” du Crédit Mutuel Alliance fédérale permettent de financer des actions de mécénat et de soutien au monde associatif, mais aussi des offres bancaires ou d’assurance permettant de soutenir les plus fragiles et d’abonder un fonds d’investissement dédié à l’environnement.

Budget: le gouvernement confronté à la fragilité de l’économie

Croissance fragile, guerre commerciale, fébrilité politique: à six semaines de l’échéance qu’il s’est fixée pour présenter ses choix budgétaires, le gouvernement français affronte des vents contraires qui compliquent la préparation du budget 2026, à haut risque pour les finances publiques.Le Premier ministre François Bayrou l’a promis: les “grands choix” du prochain budget seront dévoilés avant le 14 juillet, afin de trouver 40 milliards d’euros entre l’Etat, la Sécurité sociale et les collectivités locales.En coulisses, les grandes manoeuvres ont déjà commencé. Sont programmés un marathon de réunions gouvernementales et des consultations tous azimuts, initiées lors de la douloureuse adoption du budget 2025, impliquant parlementaires, collectivités, patronat et syndicats.Le ministre de l’Economie, Eric Lombard, a indiqué mardi aux députés qu’il recevrait “avant le 15 juillet”, avec sa collègue des Comptes publics, Amélie de Montchalin, “l’ensemble des groupes” représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat afin de recueillir leurs “propositions”. Les décisions de Matignon sur le budget seront “nourries du dialogue avec le Parlement”, a-t-il ajouté. Au-delà de la volonté de redresser des finances publiques exsangues, cette méthode de concertation vise à préserver le gouvernement minoritaire d’une nouvelle censure.Quitte à maintenir le flou sur la nature des mesures qui seront prises: TVA sociale? Non-indexation de prestations sociales? Suppression de niches fiscales? Aucune n’est arrêtée à ce stade, selon Bercy.- “Trop faible” -“Aujourd’hui, le socle gouvernemental semble vraiment trop faible pour pousser des réformes ambitieuses qui permettraient structurellement de rétablir les comptes”, constate Julien Lecumberry, économiste au Crédit Mutuel Arkéa, auprès de l’AFP. Or, la France est au pied du mur. Le gouvernement table encore sur un déficit public de 5,4% du PIB en 2025 et 4,6% en 2026, avant un retour sous le maximum européen de 3% en 2029.Plus pessimiste, la Commission européenne les voit plutôt à 5,6% cette année et 5,7% l’an prochain, les pires de la zone euro. Julien Lecumberry souligne que “les investisseurs sont bien conscients que la trajectoire française est extrêmement délicate”, au point de faire payer plus cher à la France qu’à l’Espagne ou au Portugal ses emprunts à 10 ans. Alors que l’heure tourne pour le budget, la mollesse de l’économie française vient compliquer cette équation déjà difficile, dans un contexte de réarmement européen.Le PIB du pays a enregistré une petite hausse de 0,1% au premier trimestre et l’expansion devrait nettement ralentir en 2025. Après 1,1% l’an dernier, le gouvernement table sur une croissance de 0,7%, une prévision identique à celle de la Banque de France mais supérieure à celles du FMI et de l’OCDE (0,6%). – “Crise de confiance” -Comme facteurs de fragilité, l’OCDE a pointé mardi la hausse des droits de douane américains ainsi que, en France, “le risque de turbulences politiques” et “les incertitudes” budgétaires.   Cette morosité se retrouve dans les indicateurs comme le climat des affaires ou la confiance des ménages, qui se sont assombris en mai.”Ces données dépeignent un tableau plutôt négatif de l’économie française”, juge Charlotte de Montpellier, économiste chez ING. Dans l’industrie, confrontée à des problèmes de compétitivité, à la hausse des droits de douane et à une demande mondiale ralentie, “toute reprise du secteur sera au mieux modérée au cours des prochains mois”, détaille-t-elle dans une note. Et “la dégradation des perspectives dans le secteur des services est inquiétante, l’économie française ne pourra pas compter sur son ancien moteur pour gagner en dynamisme au cours des prochains mois”, ajoute-t-elle.Au lieu de relancer la consommation des ménages, le net coup de frein de l’inflation (0,7% sur un an en mai) s’est plutôt traduit par une épargne accrue (18,8% du revenu disponible au premier trimestre). “On a une économie, effectivement, qui commence à accumuler des vraies fragilités”, mais surtout “une grave crise de confiance” avec des craintes sur le chômage ou les défaillances d’entreprises, analyse Julien Lecumberry. “Les moteurs pour relancer la croissance sont là”, assure-t-il, évoquant l’épargne des ménages ou la trésorerie des entreprises. Mais tant que cette crise de confiance perdurera, “ce sera difficile pour l’économie française de redémarrer. La question est de savoir d’où peut venir ce regain d’optimisme”. 

Grève SNCF: trafic quasiment normal prévu mercredi, affirme le ministre des Transports

La circulation des trains s’annonce proche de la normale mercredi, a annoncé mardi le ministre chargé des Transports Philippe Tabarot, à la veille d’un appel à la grève des conducteurs lancé par la CGT-Cheminots pour demander une amélioration de leurs primes.”Il semblerait que la SNCF puisse assurer un plan de transport qui soit de bon niveau, quelques perturbations légères en région, (…) mais pour le reste, le plan de transport sera assuré au maximum”, a assuré le ministre sur Public Sénat.SNCF Voyageurs a confirmé prévoir un trafic normal sur les TGV et trains Intercités mercredi mais également jeudi, jour de grève interprofessionnelle sur la question des retraites.Des perturbations localisées sont en revanche à prévoir. Le trafic des trains régionaux sera normal partout sauf en Occitanie les 4 et 5 juin et en Bretagne le 5 juin.En Ile-de-France, le trafic sera très perturbé sur le RER B et légèrement perturbé sur le RER C le 4 juin. Le 5 juin, deux lignes de Transilien (N et U) seront à leur tour légèrement perturbées. M. Tabarot a défendu sur Public Sénat son idée d’obliger les cheminots à se déclarer grévistes 72 heures à l’avance, contre 48 heures actuellement. “Les grévistes potentiels souhaitent se déclarer au tout dernier moment pour que l’entreprise ne s’organise pas pour faire circuler les trains”, a affirmé M. Tabarot. En tant que sénateur, il avait même défendu une proposition de loi pour limiter le droit de grève dans les transports. L’appel à la grève des conducteurs s’inscrit en marge d’une table ronde prévue mercredi et consacrée à la prime dont bénéficie cette catégorie. “Les décisions et les discussions sur le financier ont lieu une fois par an sur les négociations annuelles obligatoires et pas tous les deux mois pour savoir si on rajoute une nouvelle prime”, a tancé M. Tabarot.La CGT-Cheminots a prévu une autre journée de grève le 11 juin, en appelant cette fois-ci les contrôleurs à se mobiliser.Les trois autres organisations syndicales de la SNCF n’ont elles pas appelé à la grève.

Wall Street ouvre sans grand entrain, les tensions commerciales pèsent toujours

La Bourse de New York évolue en petite hausse mardi, mais sans grand entrain, face aux incertitudes persistantes autour de la guerre commerciale lancée par Donald Trump et attentiste avant une série d’indicateurs concernant le marché du travail américain.Vers 13H45 GMT, le Dow Jones (+0,08%) et l’indice élargi S&P 500 (+0,08%) étaient proches de l’équilibre, tandis que l’indice Nasdaq prenait 0,16%.”Il semble que la tendance générale qui anime les marchés soit l’incertitude croissante quant à l’évolution des droits de douane”, commente auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.Plus précisément, “la situation avec la Chine suscite des inquiétudes (…) et l’incertitude demeure quant à l’évolution des négociations avec la zone euro”, ajoute l’analyste.Engagé dans une bataille juridique autour de ses droits de douane, le président américain a ravivé vendredi les tensions commerciales avec la Chine en accusant Pékin de ne pas respecter les termes de l’accord de détente négocié le 12 mai entre les deux pays à Genève.Toutefois, un échange entre les présidents des deux puissances pourrait intervenir “très prochainement”, voire dès “cette semaine”, avaient suggéré dimanche de hauts responsables américains.L’Union européenne s’est quant à elle dite “pleinement investie” dans les négociations avec les États-Unis sur les taxes douanières.Trouver une solution “reste une priorité absolue de l’UE. Nous restons en contact permanent” avec les États-Unis, a souligné sur X le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic.”Nous sommes dans l’expectative en ce qui concerne les informations qui nous parviennent” sur le front commercial, souligne M. Hogan.Côté indicateurs, Wall Street gardera un Å“il mardi sur le rapport JOLTS du ministère américain du Travail qui sera publié à 14H00 GMT.La place américaine attend cette semaine plusieurs données sur le marché de l’emploi, dont les inscriptions au chômage jeudi, puis le taux de chômage vendredi.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans se détendait légèrement à 4,41%, contre 4,44% lundi en clôture.Au tableau des valeurs, l’américain Constellation Energy, grand exploitant de centrales nucléaires aux États-Unis, était recherché (+5,81% à 331,63 dollars) après avoir passé un accord pour fournir durant 20 ans à Meta (Facebook, Instagram) de l’énergie produite par sa centrale nucléaire de Clinton (Illinois).L’énergéticien explique dans un communiqué que l’accord permettra de “soutenir les objectifs en matière d’énergie propre de Meta et les opérations dans la région avec 1.121 mégawatts d’énergie nucléaire sans émissions”.La chaîne de magasins d’articles à bas prix Dollar General s’envolait (+13,53% à 110,23 dollars), portée par des résultats supérieurs aux attentes, et à des prévisions annuelles revues à la hausse. Le groupe profite, entre autres, des inquiétudes des consommateurs qui cherchent à économiser face aux possibles conséquences des droits de douane sur leur portefeuille.Le groupe spécialisé dans les infrastructures d’intelligence artificielle (IA) Applied Digital reculait (-4,49% à 9,68 dollars) après avoir annoncé la veille un accord de 7 milliards de dollars avec la start-up américaine spécialisée dans l’informatique à distance (+cloud computing+) CoreWeave pour exploiter des centres de données (+data centers+). Coreweave prenait pour sa part 7,13% à 128,76 dollars.Le laboratoire allemand BioNTech (+8,36% à 122,55 dollars) profitait toujours de son accord avec le laboratoire américain Bristol Myers Squibb (BMS) pour développer conjointement un nouvel anticorps pour le traitement du cancer.Ce médicament potentiel a été conçu par BioNTech, laboratoire qui était à l’origine de l’un des premiers vaccins contre le Covid-19.

“Merci et bravo” : Macron défend son bilan industriel et écologique à Douai

“Bravo”, “Soyez fiers de l’équipe de France”: Emmanuel Macron, déterminé à défendre son bilan à deux ans de la fin de son mandat, a salué mardi le coup d’envoi d’une usine de batteries électriques flambant neuve à Douai (Nord), appelant au passage à ne pas “détricoter” la “politique écologique à la française”.”Soyez fiers de l’équipe de France”, a lancé le chef de l’Etat devant les quelque 600 salariés du site du groupe sino-japonais AESC, sorti de terre en trois ans et qui a tout juste commencé à produire.En 2018, les constructeurs européens jugeaient impossible l’installation d’usines de batteries à leurs portes, a-t-il affirmé. “Nous prouvons le contraire avec AESC à Douai”, a-t-il renchéri. “Il n’y a pas de fatalité, pas de morosité à avoir. Les temps sont durs (..) Mais ce que vous incarnez ici aujourd’hui montre que l’écologie et l’économie, ça peut aller ensemble si on investit, si on a une stratégie de long terme et de la constance”, a-t-il martelé.Les batteries équipent les nouvelles Renault 5 (R5) produites juste à côté, deux symboles du renouveau industriel du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, un territoire parmi les plus pauvres de France où beaucoup reste à faire.La mise au point du chef de l’Etat intervient alors que plusieurs mesures environnementales emblématiques sont attaquées au Parlement.Les députés ont approuvé la semaine dernière la suppression des Zones à faible émission (ZFE) restreignant la circulation des véhicules polluants dans les villes, et un recul du dispositif Zéro artificialisation nette (ZAN) visant à freiner la bétonisation des espaces naturels. “Le discours que j’entends en ce moment (..) m’énerve au plus haut point”, a insisté le chef de l’Etat. “On ne peut pas revenir en arrière et détricoter ça”.- “Démagogie” -La “gigafactory”, qui compte 650 salariés, entend recruter 350 personnes supplémentaires d’ici fin 2025. Elle aura le potentiel d’équiper jusqu’à 200.000 véhicules électriques par an. “Ce lancement marque une étape décisive dans l’engagement d’AESC à faire progresser la réindustrialisation de la France et son leadership dans la transition énergétique mondiale”, a déclaré le président du groupe, Lei Zhang.”Le transfert de technologie doit se faire parce que c’est la Chine qui maîtrise le mieux cette technologie”, a renchéri Emmanuel Macron devant le dirigeant d’AESC.Face à constat, “il faut essayer de sortir du caractère démagogique du quotidien qui consiste à dire +l’écologie c’est forcément mauvais+”, s’est-il aussi emporté en inaugurant un peu plus tard la maison France services de Wallers (Nord), avant de rejoindre Rome pour un dîner avec la cheffe du gouvernement italien Georgia Meloni.Depuis son arrivée à l’Elysée en 2017, 1,3 milliard d’euros ont été engagés dans la valorisation du Bassin minier, un territoire de 1,2 million d’habitants, des transports à la santé, indique la présidence.L’Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier, un vaste plan sur 10 ans signé par l’Etat en 2017, prévoyait la rénovation de 23.000 logements énergivores sur 35 cités minières.- “Ensemble” -A ce jour, 15.500 ont été refaits à neuf et 10.000 sont en chantier, soit plus que “l’objectif fixé” en 2017, s’est félicité le président.Côté industiel, 2.200 emplois ont été créés entre 2022 et 2024, rompant avec des décennies de destructions de postes, grâce notamment à l’émergence d’un pôle de batteries pour voitures électriques dans le nord de la France, indique l’Elysée.Mais si le nombre de demandeurs d’emplois y a chuté de 19% depuis 2017, le taux de pauvreté reste à un niveau de 21%, de six points supérieur à la moyenne nationale.”On ne doit rien lâcher”, a insisté le chef de l’Etat à Wallers, en saluant le “travail collectif” avec des élus de droite comme de gauche dans le Nord.”Ce qu’on a montré depuis huit ans ensemble, c’est qu’on peut y arriver (..) Il faut que tout le monde soit au rendez-vous de la responsabilité”, a-t-il ajouté alors que les forces politiques ont le plus grand mal à s’accorder à l’Assemblée.Le chef de l’Etat, en retrait de la gouvernance du pays après la dissolution de l’Assemblée en juin 2024, est revenu sur le devant de la scène intérieure depuis le début de l’année au point d’éclipser son Premier ministre François Bayrou, privé de majorité.Faute de pouvoir se représenter en 2027, il est aussi prompt à valoriser son bilan alors que la bataille pour sa succession est déjà engagée dans son camp comme à droite.

Volkswagen : 20.000 salariés ont signé pour quitter l’entreprise

Environ 20.000 salariés de Volkswagen ont accepté à ce jour de quitter l’entreprise dans le cadre d’un vaste plan d’économies négocié pour tenter de relancer la compétitivité du constructeur allemand, a indiqué mardi un responsable du groupe.”Les premières mesures de l’accord [social] sur l’avenir de Volkswagen conclu fin 2024 “portent leurs fruits et nous sommes sur la bonne voie”, a déclaré Gunnar Kilian, membre du directoire de Volkswagen, lors d’une réunion du personnel à Wolfsburg, la plus grande usine de la marque.Il a précisé qu'”environ 20.000 départs de l’entreprise d’ici 2030 étaient déjà contractuellement fixés”, sans donner de détails financiers.Volkswagen va supprimer en tout 35.000 emplois en Allemagne d’ici 2030, soit près de 30% de ses effectifs dans le pays, sans recourir à des licenciements secs ni à des fermetures d’usines.Fragilisé par la concurrence chinoise et un virage électrique laborieux, le fabricant de l’ID.7 a été contraint de réduire sa présence industrielle en Allemagne, un symbole fort dans une économie en perte de vitesse.Ce plan, conclu après des mois de tensions avec les syndicats, doit permettre de réaliser 1,5 milliard d’euros d’économies par an via la baisse des coûts salariaux et la réduction progressive des effectifs.”Nous accélérons notre transformation grâce aux progrès mesurables réalisés sur les coûts de production à Wolfsburg”, l’usine historique de la marque et à “la réduction des effectifs socialement responsable sur les six sites allemands de Volkswagen”, a également déclaré M. Kilian.Le plan prévoit aussi le report de certaines primes et un gel des salaires en 2025 et 2026. A la place, une augmentation salariale de 5% sera versée en deux étapes dans un fonds destiné notamment à financer des modèles de temps de travail flexibles.Enfin, les salariés ont accepté la fin de la production de la Golf à Wolfsburg, qui sera transférée au Mexique.

Dans un lac au Canada, un robot testé pour prélever des galets métalliques sans aspirer les créatures du fond

Au fond d’un lac canadien, trois bras robotisés soulèvent avec délicatesse mais à un rythme soutenu, un par un, de gros galets qui sont ensuite stockés dans la partie haute du robot.Dans une salle en surface, les employés, qui supervisent ces tests, reçoivent des images en temps réel sur leurs écrans.Cet exercice qui se déroule dans l’Ontario, dans le centre du Canada, entre dans le cadre d’une série de tests que le robot doit subir avant un possible déploiement dans l’océan, pour y collecter les métaux les plus recherchés au monde.Originalité de cette technologie: ce prototype reste stationnaire dans l’eau et ne touche pas le fond, ce qui “permet de ramasser les nodules de manière sélective”, explique à l’AFP Jason Gillham, cofondateur d’Impossible Metals.Cette société fondée en 2020 en Californie est devenue la première à demander officiellement au président Donald Trump un permis pour explorer les eaux américaines autour des Samoa, dans le Pacifique.Les essais doivent prouver que le robot pourra récolter, à des milliers de mètres de profondeur, des nodules dits polymétalliques, formés pendant des millénaires et riches en métaux parmi les plus recherchés du monde: nickel, cuivre, cobalt, manganèse…Tous sont aujourd’hui indispensables à nos économies, pour fabriquer des câbles électriques et des batteries, notamment.Dans le monde en devenir de l’extraction minière sous-marine en haute mer, les entreprises les plus avancées, comme The Metals Company qui a demandé à l’administration Trump une autorisation d’exploitation industrielle dans les eaux internationales en ignorant un traité que n’ont pas signé les Etats-Unis, utilisent d’autres techniques. Et celles-ci sont très controversées car il s’agit de machines géantes qui roulent sur le fond, le quadrillent et aspirent les nodules, sans trier ce qui vit ou non. L’idée d’Impossible Metals est de faire un tri pour ne prélever que ce qui est nécessaire. Dans les profondeurs, son véhicule allume ses lampes et, grâce à des caméras et à l’intelligence artificielle, s’affaire à distinguer les nodules de la vie aquatique, par exemple les oeufs de pieuvre, le corail ou une éponge.- “Bulldozers” -Douglas McCauley, spécialiste en biologie marine à l’université de Californie à Santa Barbara, reconnaît auprès de l’AFP que cette approche moins brutale réduit certains risques environnementaux.Les techniques conventionnelles ramassent tout le plancher océanique à l’aide de collecteurs ou d’excavateurs, “un peu comme des bulldozers”, explique-t-il.Tout est ensuite remonté jusqu’aux navires, où les nodules sont ensuite séparés du reste, qui est rejeté dans l’océan. Ce qui crée de grands “panaches” de sédiments et de toxines avec une multitude d’impacts possibles, dit-il.Mais les nodules abritent eux-mêmes des organismes vivants et les prélever, même avec une technique sélective, “détruit” cet habitat, souligne l’expert. Or, les écosystèmes des grands fonds marins “sont particulièrement fragiles” avec “une vie qui se déplace, se reproduit et grandit très lentement”.Impossible Metals admet que sa technologie ne permet pas de détecter la vie microscopique, mais l’entreprise affirme avoir comme politique de ne pas toucher à 60% des nodules.”Nous n’en savons pas encore assez sur la biodiversité et l’écosystème de cette région”, estime également Duncan Currie, de la coalition d’ONG Deep Sea Conservation Coalition.Selon l’initiative scientifique internationale Ocean Census, seules 250.000 espèces sont connues, sur les deux millions qui peupleraient les océans.- “Impact” -“Il y aura toujours un impact” avec l’exploitation minière, répond Oliver Gunasekara, directeur général et cofondateur d’Impossible Metals. Mais “nous avons besoin de beaucoup plus de minerais critiques pour tout électrifier”, dit-il.Illustrant la ruée mondiale vers ce secteur, Impossible Metals a levé 15 millions de dollars (13 millions d’euros) auprès d’investisseurs pour construire et tester une première série de son robot Eureka 3 en 2026.Cette version industrielle sera de la taille d’un conteneur maritime et passera de 3 à 16 bras. Le robot vise à être “entièrement autonome” en se propulsant par lui-même, sans câble ni attache à la surface, et en étant équipé de capteurs.En attendant un feu vert américain, l’entreprise espère d’ici deux à trois ans finaliser sa technologie, faire des tests dans l’océan, construire une flotte et opérer grâce à des partenariats ailleurs dans le monde.

Zone euro: l’inflation ralentit en mai, nouvelles baisses de taux en vue

L’inflation a ralenti plus que prévu en mai dans la zone euro à 1,9% sur un an, atteignant son plus bas niveau depuis septembre et ouvrant la voie à de nouvelles baisses de taux de la Banque centrale européenne (BCE).Après 2,2% en avril, la hausse des prix à la consommation est repassée sous l’objectif de 2% de la BCE, selon les chiffres publiés mardi par Eurostat. L’accalmie est un peu plus marquée que prévu. Les analystes de Factset s’attendaient en moyenne à une inflation à 2% en mai en glissement annuel dans les 20 pays partageant la monnaie unique.Autre bonne nouvelle, l’inflation sous-jacente – corrigée des prix volatils de l’énergie et de l’alimentation – qui fait référence pour les experts – a elle aussi nettement ralenti à 2,3% en glissement annuel, après 2,7% en avril, selon l’office européen des statistiques.C’est, là aussi, mieux que le consensus de Factset qui prévoyait 2,5%.Pour Jack Allen-Reynolds de Capital Economics, une baisse du principal taux directeur de la BCE à 2% lors de sa prochaine réunion jeudi “apparaissait déjà presque certaine” avant la publication d’Eurostat. “Cependant, les données d’inflation de mai renforcent la probabilité d’une nouvelle baisse lors de la réunion suivante en juillet”, estime-t-il.- Merci Trump -Paradoxalement, les droits de douane du président américain Donald Trump imposés aux importations en provenance du monde entier, y compris d’Europe, ont facilité la bataille de la Banque centrale contre l’inflation.Ils “ont jusqu’à présent exercé un effet baissier sur l’inflation dans la zone euro. Les prix mondiaux des matières premières ont diminué, l’euro s’est renforcé par rapport au dollar, l’incertitude a freiné l’activité économique”, souligne Bert Colijn, économiste pour la banque ING.La désinflation devrait se poursuivre, prévoit Riccardo Marcelli Fabiani pour Oxford Economics. “Des prix du pétrole modérés et un euro plus fort (…) entraîneront une baisse des coûts de production et des importations. Le ralentissement de la croissance des salaires devrait contribuer à modérer l’inflation tenace des services”, selon lui.Dans ce contexte, une baisse des taux de la BCE jeudi semble “très probable” et “d’autres mesures d’assouplissement monétaire devraient suivre cette année”, assure cet économiste.L’embellie de mai provient surtout des services où les tarifs ont progressé de seulement 3,2% sur un an, contre 4% en avril.- Pas de répit dans l’alimentaire – Or, l’inflation dans ce secteur à fort contenu de main-d’oeuvre est très surveillée par la BCE car elle est corrélée à l’évolution des salaires. L’institution monétaire redoute un cercle vicieux entre flambée des rémunérations et des prix.La dernière publication d’Eurostat devrait donc la rassurer.Les tarifs ont progressé de 0,6% en mai dans les biens industriels et ont baissé de 3,6% dans l’énergie, deux chiffres inchangés par rapport au mois précédent. En revanche, la hausse pour les produits alimentaires s’est accélérée à 3,3% (+0,3 point par rapport à avril).Globalement, dans les 20 pays de la zone euro, l’inflation s’est très nettement calmée depuis le record de 10,6% sur un an atteint en octobre 2022, dans le contexte d’une flambée des prix de l’énergie liée à la guerre en Ukraine.Depuis juin 2024, cette évolution favorable a permis à l’institution basée à Francfort d’abaisser ses taux d’intérêt à sept reprises, inversant un cycle de resserrement monétaire amorcé deux ans plus tôt pour endiguer la flambée des prix.Désormais, les inquiétudes liées à la faible croissance économique en Europe ont éclipsé la peur de l’inflation. La Commission européenne a nettement abaissé en mai ses prévisions de progression du produit intérieur brut (PIB) pour 2025 et 2026 dans la zone euro, en intégrant l’impact des taxes douanières de Donald Trump. Elle table désormais sur une croissance de seulement 0,9% cette année et 1,4% l’an prochain.Pour l’inflation, Bruxelles table sur un ralentissement à 2,1% en 2025, après 2,4% l’an dernier.

DPE :la Cour des comptes recommande une carte professionnelle de diagnostiqueur

La Cour des comptes recommande dans un rapport publié mardi d’instaurer “une carte professionnelle pour les diagnostiqueurs” afin de fiabiliser le diagnostic de performance énergétique (DPE), principal outil de la rénovation énergétique des bâtiments. Régulièrement accusé d’être l’objet de fraudes, de manipulations et d’approximations, le DPE est pourtant désormais obligatoire pour toute location ou vente d’un logement.C’est un dispositif “très utile” mais qui “doit être exemplaire”, a jugé Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes, lors d’une conférence de presse tenue mardi. Il note “des avancées incontestables” pour l’améliorer, mais estime que les efforts “doivent être poursuivis”. La Cour estime en effet que les “mesures ou observations” dont découle l’étiquette DPE peuvent être imparfaites et “entacher le résultat d’incertitudes”. De la même manière, les diagnostiqueurs doivent se conformer à de nouvelles exigences depuis juillet 2024, avec une certification à obtenir, mais cela “ne suffit pas pour autant à maîtriser pleinement les risques constatés en termes de probité et d’impartialité”, déplorent les Sages de la rue Cambon.Les cas de fraude caractérisée détectés par la DGCCRF (répression des fraudes) sont cependant “marginaux”. Alors que l’indépendance des organismes de certification doit être garantie, la Cour des comptes a constaté que “nombre d’organismes de formation et de certification ont entre eux des liens structurels ou financiers”, ce qui représente de “potentiels conflits d’intérêt”. La Cour recommande donc de “poursuivre la structuration de la filière avant fin 2026”, avec une carte professionnelle des diagnostiqueurs, l’obligation de stricte séparation entre missions de formation et de certification et l’instauration d’une “incompatibilité géographique” pour les auditeurs qui auraient exercé un autre métier dans la filière.”Il faut mettre fin à l’endogamie dans le secteur”, a affirmé M. Moscovici, appelant à “une régulation forte de l’Etat”.En mars, la ministre chargée du Logement Valérie Létard avait présenté une série de dix mesures pour crédibiliser le DPE, qui sont globalement en ligne avec les constats et recommandations de la Cour des comptes.Quant à l’interdiction progressive de louer des passoires énergétiques (étiquettes F et G), elle “n’a pas suffisamment anticipé les difficultés rencontrées par les particuliers pour s’y conformer”, selon le rapport. “L’interdiction de louer dépend directement de la mise en oeuvre du DPE et a des conséquences majeures sur la situation patrimoniale et le marché immobilier en général”, rappelle M. Moscovici.Pour la Cour, il faut des clarifications, “voire quelques ajustements” pour faciliter la mise en oeuvre de cette loi, notamment en l’articulant avec la réglementation des copropriétés et de l’urbanisme. M. Moscovici déplore également qu’il n’y ait “aucune évaluation prévue sur le marché locatif et le marché immobilier” de l’interdiction progressive de louer des passoires énergétiques. Le DPE donne une note de A (la meilleure) à G (la plus médiocre) pour évaluer la performance énergétique d’un logement en fonction de nombreux paramètres, comme l’isolation des murs et du toit ou encore le système de chauffage.Â