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Taxes chinoises et américaines: il y a urgence à agir, répète la filière cognac

La filière du cognac a appelé une nouvelle fois l’État français et l’Union européenne, mercredi, à agir pour la “sauver” de la “catastrophe” provoquée par les taxes sur les spiritueux engagées par la Chine et annoncées par les États-Unis.”Nous en appelons au chef de l’État, au chef du gouvernement, il est de leur responsabilité de sauver notre économie, nos emplois (…) c’est 70% de notre business qui est en jeu, c’est la vie d’une région”, a déclaré Florent Morillon, président du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), lors d’une conférence de presse.”On doit nous écouter, sinon c’est la mort assurée de la filière, 70.000 personnes vont se retrouver au chômage”, a renchéri Christophe Veral, vice-président de l’interprofession associant négoce et viticulture. “L’heure est grave, c’est une catastrophe, des plans sociaux commencent.”Concernant la Chine, “les dix jours qui viennent vont être décisifs”, estime M. Morillon, alors que les mesures douanières provisoires mises en place depuis l’automne par Pékin sur l’importation des eaux-de-vie de vin européennes, en riposte à des taxes européennes sur les véhicules électriques chinois, pourraient devenir définitives au 5 avril.La filière demande au ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, qui doit se rendre en Chine fin mars, d’obtenir a minima que cette échéance soit prorogée de trois mois, au 5 juillet. “Et que dans la foulée le Premier ministre s’y déplace pour solder définitivement ce dossier”, a dit M. Morillon.”Sinon, le couperet tombe”, prévient Patricia Gaborieau, vice-présidente de l’Organisme de défense et de gestion (ODG) Cognac. “Nous exigeons solennellement du gouvernement qu’il nous sorte de cette ornière”, a-t-elle insisté, alors que les taxes provisoires ont fait chuter de 60% les expéditions de l’alcool charentais vers la Chine depuis quatre mois.Quant aux États-Unis, qui pourraient taxer les alcools européens à 200% si l’UE ne renonce pas à taxer le bourbon, “nous prenons la menace très au sérieux”, a dit le président du BNIC, appelant l’Europe à retirer les alcools américains de la liste des produits susceptibles d’être taxés.”Chine, USA, c’est le même scénario, nous sommes les otages de décisions qui mettent à mal une filière pluricentenaire, à chaque fois nous n’avons pas été écoutés”, a déploré M. Morillon. “Quel rapport entre les véhicules électriques et le cognac ? Il n’y en a aucun, la région est la victime collatérale d’un contentieux qui la dépasse”, a abondé Mme Gaborieau.

Aiguillonnée par Trump, l’UE lance le processus de son réarmement

L’Union européenne donne mercredi le coup d’envoi d’un plan visant à réarmer le continent d’ici à 2030, face à la menace russe et au risque de désengagement américain.”Si l’Europe veut éviter la guerre, elle doit se préparer à la guerre”, a résumé mardi à Copenhague la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Plusieurs services de renseignement en Europe sont convaincus qu’une attaque russe aura lieu contre un pays de l’UE avant la fin de la décennie.Les remises en cause de l’engagement américain en Europe, et particulièrement en Ukraine, après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ont aussi agi comme un électrochoc.Il est donc impératif de “réarmer l’Europe”, comme l’ambitionne un plan du même nom présenté le 4 mars à Bruxelles.Les dépenses militaires des 27 ont augmenté de plus de 31% depuis 2021, pour atteindre 326 milliards d’euros en 2024. “C’est mieux, mais ce n’est pas suffisant”, a affirmé Mme von der Leyen.La Commission européenne présente mercredi en milieu de journée un “livre blanc” pour la défense, sorte de mode d’emploi à destination des Etats membres pour les aider à renforcer les capacités de défense du continent.On y retrouve les grandes lignes du plan dévoilé il y a deux semaines par Mme von der Leyen avec un objectif affiché de 800 milliards d’euros pour mettre l’Europe de la défense en ordre de marche.Un montant ambitieux, mais dont la mise en œuvre dépend surtout de la bonne volonté des Etats membres de l’UE, soulignent des diplomates à Bruxelles. La Commission européenne veut ainsi permettre aux Etats membres de consacrer jusqu’à 1,5% de leur Produit intérieur brut (PIB) pendant quatre ans à des dépenses militaires, sans crainte d’enfreindre les règles budgétaires qui encadrent les déficits publics.- Jusqu’à 650 milliards d’euros -Cela devrait permettre de mobiliser sur cette période jusqu’à 650 milliards d’euros, selon la Commission européenne. Les 150 milliards restants seront mis à disposition des Etats membres sous forme de prêts.Chaque pays devra d’ici fin avril demander une exemption de ces règles budgétaires, selon un projet de conclusions de ce “livre blanc”, dont l’AFP a obtenu une copie. La Commission veut aller vite et décider d’ici fin juillet d’accorder ou non cette exemption, en fonction des dépenses proposées, selon un responsable européen. Pas question en effet que cet assouplissement des règles budgétaires soit utilisé pour financer des dépenses non militaires, selon ce responsable.Les responsables de la Commission veulent aussi que les 27 adoptent au plus vite le texte servant de base aux prêts de 150 milliards d’euros.Il doit permettre de financer, en commun, des achats et des projets d’investissement en Europe. Il s’agit, a assuré Mme von der Leyen, d’acheter “davantage européen”, au moment où la très grande majorité des investissements en matière de défense se fait en dehors de l’Union européenne.”Le contenu européen est important. Au moins 65% des pièces contenues dans tel ou tel armement doit être “d’origine européenne”, a-t-elle souligné mardi à Copenhague.Les dirigeants de l’UE ont déjà donné leur feu vert à ce plan proposé par Mme von der Leyen lors d’un sommet extraordinaire la semaine dernière.- Aller plus loin -Plusieurs Etats membres souhaitent toutefois aller plus loin et suggèrent qu’un grand emprunt soit lancé, comme cela avait été le cas lors de la pandémie de Covid. L’UE avait alors emprunté 800 milliards d’euros. Les besoins ont cette fois été estimés à 500 milliards d’euros, mais la Commission européenne a jusqu’à présent refusé de s’engager dans cette voie. “Nous n’en sommes pas là”, a reconnu mercredi la cheffe de la diplomatie européenne Kaja kallas, devant quelques journalistes.”Pour en parler, il faut un gouvernement en Allemagne”, fait valoir un diplomate européen.Le futur chancelier Friedrich Merz a fait voter mardi un plan massif d’investissements pour réarmer et moderniser l’Allemagne, qui n’a peut-être pas encore dit son dernier mot sur cette idée d’emprunt commun.La Commission européenne a également identifié les secteurs stratégiques dans lesquels les investissements doivent avoir lieu en priorité. Il s’agit surtout de combler les lacunes de l’industrie de défense en matière de munitions, de défense anti-aérienne, de drones, ou encore de missiles à longue portée.

Le Vectis Progress, un “cargo à voile” porté par le vent pour limiter le fioul

L’imposante structure en métal de 20 mètres de haut surplombe désormais la proue du Vectis Progress, un cargo amarré à Hull, en Angleterre: cette voile “rigide” exploite le vent pour réduire le fioul des navires marchands, une technologie en progression dans un secteur très polluant.Ces voiles modernes, qui renvoient à une époque où le vent était le seul moyen de se déplacer sur les océans, utilisent une énergie gratuite et largement disponible.Une alternative écologique au fioul lourd qui, contrairement à l’hydrogène, au méthanol ou à l’électricité, ne présente pas de défaut en matière de coût, de disponibilité ou de stockage.Après une nuit de labeur et une courte sieste, George Thompson, le fondateur de GT Wings, la start-up qui a produit cette aile en métal, est de retour sur le pont du Vectis Progress.”On n’a pas beaucoup dormi ces derniers jours”, s’excuse-t-il, regard tourné vers les ouvriers du chantier naval, casques blancs et gilets fluo, qui ajustent, perchés sur une nacelle, des plaques métalliques à quelques heures du départ.Voilà trois ans que ce passionné de voile a lancé sa propre technologie, jugeant qu'”il y avait un vide dans le marché”.L’entreprise a rapidement attiré des fonds, y compris du gouvernement britannique, qui investit 3,7 millions de livres dans le cadre de son programme de décarbonation du transport maritime.- America’s Cup et Formule 1 -Car avec environ 1 milliard de tonnes de dioxyde de carbone émises chaque année, ce secteur est responsable de 2,89% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon l’Organisation maritime internationale (OMI), qui entend atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.Accoudé à une rambarde, Martin Harrop, chef de produit de GT Wings, pointe l’imposante structure blanche et rouge.  “C’est de la haute technologie”, s’enthousiasme-t-il.Cette voile, baptisé AirWing, est similaire à celui d’une aile d’avion, mais à la verticale.Sa spécificité est qu’elle possède en plus des ventilateurs internes, qui accélèrent l’air qui les traversent, précise M. Harrop, en supervisant les derniers ajustements avant le grand départ à destination de Trois-Rivières, dans l’est du Canada.La jeune pousse britannique compte désormais neuf employés, “certains ayant participé à l’America’s Cup, une course à la voile de haute performance, d’autres venus du milieu de la Formule 1, ce qui apporte l’expertise nécessaire pour un projet” où l’aérodynamisme est crucial, raconte le fondateur.”Fabriquer tous les composants en 12 mois sans chaîne d’approvisionnement et en partant de zéro a été un défi majeur”, insiste M. Harrop.- 10% d’économies -La structure du bateau a dû être modifiée, avec neuf tonnes d’acier en plus et l’installation de plus de 7,5km de câbles électriques.Pour palier la perte de visibilité provoquée par l’aile, tout en se conformant aux règles de cabotage, “nous avons installé des caméras, un radar supplémentaire sur la proue et reconfiguré les feux de navigation”, explique Simon Merritt, responsable de la flotte de Carisbrooke, dont fait partie le Vectis Progress.L’entreprise a mesuré des économies de carburant de 8%, mais espère atteindre 10% sur une route entre l’Europe et le Canada où le vent souffle fort, confie M. Merritt.Les bénéfices financiers dépendent des cours du carburant, mais ils s’élèveraient à près de 1.000 dollars par jour selon Carisbrooke.Le nombre de navires utilisant le vent comme propulsion auxiliaire est encore limité, “environ 80″, selon George Thompson. Mais leur développement est poussé par l’Organisation maritime internationale, qui devrait présenter des mesures en avril.”L’industrie a pris un peu de retard au démarrage mais le nombre d’installations liées au vent devrait doubler tous les ans dans les prochaines années”, assure Lise Detrimont, déléguée générale de l’association Wind Ship spécialisée sur le sujet. 

Stocks en baisse, prix en hausse: nouvelles alertes pour le gaz en Europe en 2025

Trois ans après une crise énergétique sans précédent, l’Europe n’est pas encore sortie du tunnel: avec des réserves de gaz très basses en fin d’hiver, le spectre de coûteuses tensions d’approvisionnement ressurgit sur fond de craintes pour l’industrie étranglée par les prix de l’énergie.”Les systèmes énergétiques européens sont confrontés à une année difficile, car le continent sort de cet hiver avec des niveaux de stockage de gaz inférieurs à la moyenne”, ce qui pousse les prix à la hausse, a mis en garde l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans une note fin février.Essentiels pour la sécurité énergétique, les stocks couvrent encore 30% de la consommation hivernale gazière de l’UE, selon la Commission européenne.- Hiver plus froid -Au 16 mars, au niveau européen, ils n’étaient plus remplis qu’à 34%, contre 60% en 2024 à la même époque. En France, leur niveau est tombé à 21%.Les Européens ont davantage puisé cet hiver dans leur réserves que lors des deux années ayant suivi l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022. Les raisons: un hiver plus froid, l’arrêt du transit de gaz russe en Ukraine fin 2024 (même s’il ne représentait que 5% du volume consommé en Europe), et une production solaire et éolienne en berne au cours de la première quinzaine de novembre, ce qui a alors dopé la demande de gaz de 80% par rapport à 2023 pour faire tourner les centrales électriques.Résultat, les opérateurs ont préféré “soutirer” du gaz plutôt que de compter sur les importations, en recul de 6% en 2024, alors que les prix repartaient à la hausse fin 2024 et début 2025.- Craintes sur les prix -Depuis la guerre en Ukraine, l’UE impose un objectif de remplissage de ses réserves à 90% au 1er novembre avec des paliers intermédiaires, des obligations critiquées par certains pays qui craignent des hausses de prix, même si la Commission a promis de la souplesse.De fait, il faudra “des arrivées de gaz beaucoup plus importantes qu’au cours des deux années précédentes, ce qui augmentera l’appel de l’Europe aux marchés mondiaux du GNL”, souligne l’AIE dans sa note.Ce gaz liquide transporté par bateau est très convoité en Asie ainsi qu’en Europe, qui a dû compenser, depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, le manque de gaz russe, historiquement acheminé vers l’Ouest via des gazoducs terrestres. Dans l’Union européenne, le GNL a fourni 34% de la demande de gaz en 2024, après 40% en 2023, selon le think tank IEEFA.L’été prochain pourrait donc être marqué par une course au gaz pour ravitailler les stocks avant l’hiver, souligne l’AIE. De quoi accentuer la volatilité des prix et poser des défis supplémentaires pour la “compétitivité” de l’industrie européenne.Depuis 2022, les prix du gaz pour les consommateurs industriels en Europe sont en moyenne 30% plus élevés qu’en Chine et cinq fois plus qu’aux États-Unis, selon l’AIE.- Vers une détente après 2026 ? -La croissance de l’offre mondiale de GNL devrait s’accélérer, passant de +1,5% en 2024 à +5% en 2025, mais la progression compensera seulement en partie l’arrêt du transit de gaz russe par l’Ukraine, souligne l’AIE. Le marché du gaz restera donc tendu en 2025.Alors que les prix moyens du gaz étaient redescendus à 34 euros du mégawattheure (MWh) sur les marchés de gros en 2024, ils sont attendus autour de 45 euros du MWh en 2025, presque deux fois plus qu’avant la crise énergétique. Le gestionnaire français du réseau de transport de gaz NaTran anticipe qu’ils redescendront à 27 euros du MWh en 2028, grâce à une offre plus abondante. “Nous prévoyons que d’importants volumes de GNL commenceront à être mis en service après 2026”, ce qui “exercera une pression à la baisse sur les prix”, indique à l’AFP Angelina Valavina, directrice des ressources naturelles et des matières premières Europe Moyen-Orient Afrique chez Fitch Ratings. Sans attendre cette “énorme vague” de GNL venue notamment des Etats-Unis et du Qatar, les Européens devront encore fournir des efforts de sobriété et d’efficacité énergétique, diversifier leurs approvisionnements en gaz, et multiplier les sources de flexibilité des réseaux électriques (aujourd’hui assurée par les centrales à gaz), souligne l’AIE.

Zone euro: l’inflation s’est ralentie plus que prévu en février à 2,3%

L’inflation a baissé plus que prévu en février dans la zone euro, à 2,3% sur un an, après quatre mois consécutifs de hausse, grâce à un chiffre revu en baisse en Allemagne, selon une deuxième estimation publiée mercredi par Eurostat.L’office européen des statistiques avait initialement annoncé une inflation à 2,4%, après 2,5% en janvier, dans les 20 pays partageant la monnaie unique. Cette légère révision est essentiellement liée à l’Allemagne.L’inflation dans la première économie européenne a finalement atteint 2,6% en février, après avoir été d’abord évaluée à 2,8%. La France affiche le chiffre le plus bas de l’UE à 0,9% sur un an, selon les données harmonisées d’Eurostat.La Banque centrale européenne (BCE) vise une inflation à 2% dans la zone euro. Elle a poursuivi début mars sa politique de détente des taux d’intérêt mais son cap monétaire n’a jamais été aussi incertain pour la suite, dans un contexte de guerres commerciales avec les Etats-Unis et de hausse des dépenses de défense attendues en Europe.Le recul de l’inflation en février résulte principalement de l’accalmie des prix de l’énergie: ils ont progressé de seulement 0,2% sur un an, après 1,9% en janvier.Pour le mois de février, l’inflation sous-jacente – corrigée des prix volatils de l’énergie et de l’alimentation -, qui fait référence pour les experts et la BCE, a été confirmée mercredi par Eurostat à 2,6% sur un an. Elle s’était maintenue à 2,7% entre septembre et janvier.

La Bourse de Paris ouvre prudemment avant la Fed

La Bourse de Paris évolue sans impulsion mercredi, en attendant la publication dans la soirée de la décision de la banque centrale américaine (Fed) à l’issue de sa réunion de politique monétaire.Vers 08H30 GMT, l’indice vedette CAC 40 restait à l’équilibre (+0,06% à 8.119,33 points). La veille, ce dernier avait connu une hausse de 0,57%, à 8.114,57 points.”La séance devrait être volatile avant la réunion de la Fed”, a prévenu John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.La Réserve fédérale américaine, qui se réunit pour la deuxième fois depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, devrait annoncer un maintien de ses taux à leur niveau actuel, selon les prévisions de la plupart des analystes.”Le marché a de faibles attentes concernant l’issue de cette réunion. Le statu quo monétaire est largement attendu”, a résumé Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM. Les investisseurs seront toutefois “attentifs aux commentaires concernant la récente détérioration des indicateurs d’activité aux États-Unis”, ont résumé les analystes de Natixis.Les marchés craignent “que Jerome Powell (le président de la Fed, NDLR) ne rabote les prévisions de croissance à cause de la politique imprévisible de Donald Trump”, a estimé M. Plassard.Outre son offensive ponctuée de revirements sur les droits de douane, le président, investi le 20 janvier dernier, a lancé le milliardaire Elon Musk à l’assaut de l’Etat fédéral pour tailler dans les dépenses et faire fondre le nombre de fonctionnaires.Ces mesures, combinées à plusieurs  indicateurs macroéconomiques décevants ces dernières semaines, ont accru l’inquiétude des investisseurs sur les perspectives de la première économie mondiale.Les marchés s’inquiètent notamment de l’éventualité d’une “stagflation”, soit une inflation forte cumulée à une croissance faible.En zone euro, les marchés attendront la publication, prévue à 11H00 (heure de Paris), de la deuxième estimation de l’inflation pour le mois de février.Dans ce contexte, côté obligataire, l’emprunt à dix ans français atteignait 3,45% vers 08H20 GMT, contre 3,48% la veille. Son équivalent allemand, référence en Europe, s’établissait à 2,77%.STMicroelectronics plombe BpifranceLa banque publique d’investissement Bpifrance a vu son résultat net plonger de 20% en 2024, à 896 millions d’euros, plombé par la méforme du groupe français de semi-conducteurs STMicroelectronics (-1,00% à 23,24 euros) dont elle est actionnaire.Nouveau contrat pour ThalesL’entreprise de défense française Thales (+0,75% à 254,20 euros) équipera les futurs sous-marins néerlandais de classe Orka avec un système de capteurs acoustiques permettant de détecter et identifier les menaces à courte, moyenne et longue distance, selon un communiqué publié mercredi.

Dans un “chaos organisé”, l’aéroport JFK de New York en pleine mue

Rénover de fond en comble l’aéroport new-yorkais de JFK, tout en laissant se poursuivre la valse des avions: c’est le défi du méga-projet à 19 milliards de dollars qui doit transfigurer la principale porte d’entrée vers les Etats-Unis.Un “chaos organisé”, s’amusent les responsables des lieux, transformés en un gigantesque chantier à ciel ouvert où s’érigent de nouveaux ponts et routes tandis que les terminaux continuent de charrier le plus important volume de voyageurs internationaux de l’Amérique du Nord.”C’est le projet le plus complexe sur lequel j’ai eu à travailler”, assure Gina Bigler, casque de protection sur la tête, une ingénieure en charge de remodeler l’aéroport international John F. Kennedy.Autour d’elle, un paysage tentaculaire fait de ponts temporaires, sous lesquels s’affairent des excavateurs géants, déplaçant de la terre près de deux terminaux flambant neufs.Le chantier est complexe, notamment car “le volume de passagers est bien supérieur aux autres projets” aéroportuaires, souligne-t-elle.Le Port Authority, l’établissement public qui gère les aéroports de la région new-yorkaise, orchestre le chantier qui reste dans les clous budgétaires et doit être terminé à temps, assurent ses responsables.Le financement privé du programme de rénovation, sans aucun denier du contribuable, rend le projet entièrement indépendant du pouvoir politique, se félicite Rick Cotton, le directeur exécutif du Port Authority, alors que la nouvelle administration de Donald Trump s’immisce depuis l’investiture du président républicain dans les affaires des villes et Etats américains, en particulier New York.Le gouvernement Trump a par exemple ordonné mi-février l’arrêt du tout nouveau péage urbain de New York – une affaire qui doit être arbitrée en justice.- Enjeux environnementaux -L’établissement public, reprend Rick Cotton du Port Authority, a vocation à “prioriser le transport” tout en faisant passer les “considérations politiques au second plan”.Sur le chantier, la pièce maîtresse du puzzle est le tout neuf et large bâtiment du Terminal 1: 232.000 mètres carrés d’une structure en forme de papillon qui prend son envol et aura nécessité autant d’acier que cinq Tour Eiffel. Coût de l’infrastructure: 9,5 milliards de dollars.Plusieurs enjeux environnementaux et sociétaux, dont ceux liés aux nuisances sonores, accompagnent la refondation de l’aéroport, encastré entre une zone résidentielle dense et l’océan Atlantique.”De toute évidence, le secteur des transports génère beaucoup de gaz à effet de serre”, reconnaît Rick Cotton, dont l’établissement public assure avoir pris une série de mesures pour limiter son impact.Selon lui, le projet de re-développement permettra aux compagnies aériennes de s’approvisionner davantage en kérosène plus durable et à l’aéroport de se doter de véhicules électriques sur les pistes. Le site doit aussi héberger le plus grand réseau d’énergie solaire de New York, dans le but de réduire sa dépendance aux énergies fossiles.JFK doit faire peau neuve progressivement. Les Terminaux 1 et 6 doivent être les premiers à rouvrir en 2026.En attendant, des machines aux airs de guillotines brisent le béton de l’aéroport 24 heures sur 24.Pour décongestionner les routes autour de l’aéroport et éviter le ballet de quelque 300.000 camions chargeant et déchargeant du matériel, des barges géantes ont également été installées pour acheminer les matériaux de construction.

Ports africains: Bolloré visé par une plainte pour recel et blanchiment

Un collectif panafricain a déposé plainte contre le groupe Bolloré, le milliardaire français Vincent Bolloré et son fils Cyrille pour recel et blanchiment d’actifs dans le cadre de plusieurs concessions portuaires gérées par l’entreprise jusqu’à la cession de ses activités africaines en 2022, a appris l’AFP mercredi.Financement de campagnes électorales, responsables politiques nommés administrateurs des filiales du groupe, contrats attribués sans appels d’offres: ces pratiques, documentées dans au moins cinq pays africains, “constituent vraisemblablement la face émergée d’un système” Bolloré, affirment les plaignants.Emblématique du groupe Bolloré, sa branche logistique en Afrique employait plus de 20.000 personnes dans plus de 20 pays sur le continent africain et possédait notamment un réseau de 16 concessions portuaires, des entrepôts et des hubs routiers et ferroviaires.De façon inédite, une dizaine d’associations basées au Togo, en Guinée, au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Cameroun, rassemblées au sein du collectif “Restitution pour l’Afrique (RAF)” et soutenues par un consortium international d’avocats, dénoncent la manière dont le groupe Bolloré y a obtenu puis géré des concessions portuaires majeures ces vingt dernières années.Le recel présumé concerne les activités du groupe au Cameroun, Ghana et Côte d’Ivoire, selon la plainte consultée par l’AFP. S’ajoutent le Togo et la Guinée pour le chef présumé de blanchiment.Sollicité par l’AFP, le groupe Bolloré n’avait pas réagi dans l’immédiat.Dans le cas des ports de Lomé (Togo) et Conakry (Guinée), la justice française, déjà saisie depuis 2013, soupçonnait le groupe Bolloré d’avoir utilisé les activités de conseil politique de sa filiale Euro RSCG (devenue Havas) pour aider frauduleusement les campagnes présidentielles 2010 de Faure Gnassingbé et Alpha Condé, au bénéfice d’une filiale phare de l’époque, Bolloré Africa Logistics.Le groupe a négocié un accord en vertu duquel il s’est acquitté d’une amende de 12 millions d’euros contre l’abandon des poursuites. En revanche, le parquet financier a requis en 2024 un procès pour corruption et complicité d’abus de confiance contre Vincent Bolloré.”Le groupe a déjà reconnu qu’il y avait une partie de ces activités qui avaient eu lieu. Est-ce que c’est l’arbre qui cache la forêt?”, interroge l’avocat parisien Antoine Vey.Concernant les ports de Douala et Kribi (Cameroun), Tema (Ghana) et Abidjan (Côte d’Ivoire), la nouvelle plainte vise des faits présumés de “recel” de favoritisme, de trafic d’influence ou encore de prise illégale d’intérêt, des infractions qu’auraient commises des responsables politiques ou administratifs locaux, mais grâce auxquelles le groupe aurait sciemment obtenu des concessions de terminaux à conteneurs.- Cibler “le corrupteur” -Un rapport de la commission nationale anti-corruption du Cameroun, cité dans la plainte, évoque par exemple 60 millions d’euros de redevances et d’amendes collectées par le groupe Bolloré dans le cadre de ses concessions à Douala et Kribi, et qu’il aurait “retenus” au lieu de les reverser à l’Etat.Au Ghana, en 2014, le consortium Bolloré/Maersk aurait par ailleurs convaincu le président John Dramani Mahama “d’attribuer le contrat du port de Tema à sa société ad hoc, Meridian Port Service, de manière secrète et sans appel d’offres”, alors que 56 entreprises étaient déjà positionnées, toujours selon la plainte. La méthode retenue pour calculer la durée d’exploitation du port aurait en outre conduit à “une perte nette de 4,1 milliards de dollars pour le Ghana”.En 2003, l’attribution du terminal à conteneurs d’Abidjan par le président Laurent Gbagbo de gré à gré pour 15 ans, avait également suscité l’indignation de l’opposition ivoirienne, le directeur pays de la Banque mondiale évoquant alors “un contrat qui déroge fondamentalement aux principes de la bonne gouvernance”, ajoutent les plaignants.L’autre volet de la plainte porte sur le supposé “blanchiment” des profits issus des concessions obtenues de manière présumée frauduleuse dans les cinq pays précités. Regroupées au sein de Bolloré Africa Logistics, ces concessions constituent selon les plaignants “une part substantielle de la valeur d’entreprise de cette filiale, laquelle a été cédée en 2022 pour un montant de 5,7 milliards d’euros” à l’armateur italo-suisse MSC.”Cette plainte se focalise sur les corrupteurs, c’est-à-dire ceux par lesquels, en fait, l’argent est injecté dans des territoires dans lesquels, après, il est blanchi”, alors que les affaires dites de “Biens mal acquis” ont jusque-là essentiellement ciblé des dirigeants africains s’étant enrichis personnellement, souligne Me Vey auprès de l’AFP.L’objectif? “Cibler l’argent sale qui a été perçu par le corrupteur et le restituer aux peuples africains qui ont été lésés”, explique Jean-Jacques Lumumba, à la tête du collectif RAF.Cet argent, dit-il, “c’est moins d’hôpitaux, moins d’écoles, moins de routes, moins de projets d’infrastructures. Et c’est un avenir qu’on est en train d’enlever à nos jeunes”.Les plaignants espèrent ainsi voir s’appliquer la loi française de 2021 qui permet de financer des projets de développement dans des pays étrangers grâce aux avoirs saisis dans des affaires de “biens mal acquis”.

Retraites: la CFDT veut définir de “nouvelles règles” pour le conclave

La CFDT participera à la poursuite des négociations prévue jeudi entre partenaires sociaux sur les retraites mais le conclave ne peut pas continuer “tel qu’il existe”, a prévenu mercredi la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon.Le Premier ministre François Bayrou, en écartant la possibilité d’un retour à 62 ans de l’âge de départ à la retraite, “a rompu le contrat, dont acte”. “Jeudi, on va donc se retrouver parmi ceux qui ont envie de travailler et on va définir des nouvelles règles et des nouveaux sujets”, a-t-elle déclaré sur BFMTV/RMC.La poursuite des négociations bat de l’aile depuis les déclarations de François Bayrou dimanche qui a répondu “non” à une question sur un retour à la retraite à 62 ans, donnant l’impression de préempter l’issue des discussions.Le Premier ministre a maintenu ses propos mardi à l’Assemblée nationale en déclarant qu’il ne jugeait “pas possible” d’abroger la mesure phare de la réforme des retraites de 2023, qui a décalé l’âge de départ à 64 ans.A la suite de ces propos, la CGT a décidé mardi de proposer à ses instances de “quitter les concertations” et pourrait rejoindre Force ouvrière qui avait claqué la porte dès le 27 février, dénonçant une mascarade.Côté organisations patronales, l’U2P (artisans, commerçants et professions libérales) a également quitté le “conclave” mardi, voyant dans ces négociations un “jeu de dupes”.La CFDT “ira jeudi pour dire +on arrête le conclave retraites tel qu’il existe là, tel qu’il a démarré+”, a déclaré Marylise Léon, précisant s'”affranchir de la lettre de la lettre de cadrage qui a été posée”.Pour la numéro un de la CFDT, premier syndicat français, “c’est le moment de se dire qu’il faut un peu siffler la fin de la récréation”. “On est aujourd’hui dans un moment extrêmement important pour les travailleurs et les travailleuses et ils ont besoin d’avoir des représentants qui agissent en responsabilité”, a-t-elle ajouté, estimant être “peu la seule adulte dans la pièce”. Elle a notamment épinglé “un gouvernement qui change les règles du jeu des organisations qui décident de partir” et “un patronat qui reste mais qui boude dans son coin et qui ne fait aucune proposition.””Nous, on veut discuter de l’âge, de l’âge de départ. C’est le cœur du réacteur. C’est la raison pour laquelle on s’est mobilisés et pour laquelle on a souhaité reprendre le fil des discussions”, a-t-elle souligné. 

La Malaisie face à des défis de taille pour devenir la nouvelle Silicon Valley

La Malaisie consent de gros efforts pour devenir un acteur majeur de l’industrie mondiale des semi-conducteurs afin de capitaliser sur une forte augmentation de la demande générée par l’intelligence artificielle (IA) mais face à des défis de taille, la partie est loin d’être gagnée, estiment les analystes.La signature d’un accord majeur avec le géant britannique des puces Arm début mars est la dernière étape vers la réalisation de l’objectif du pays d’Asie du Sud-Est de produire ses propres puces à haute valeur ajoutée dans les cinq à sept prochaines années.La Malaisie est déjà un acteur de premier plan de l’industrie des semi-conducteurs, l’île de Penang (nord-ouest) étant même surnommée la “Silicon Valley de l’Orient”. Mais son rôle se limitait jusqu’ici au conditionnement, à l’assemblage ou au test des puces. Le royaume qui ambitionne de rivaliser avec les principaux géants régionaux tels que Taïwan, la Corée du Sud et le Japon se heurte cependant à sérieuses contraintes internes telles que la pénurie de talents, des problèmes de financement et d’autres lacunes dans la chaîne d’approvisionnement.”Nous manquons encore de talents, car notre enseignement supérieur est moins préparé à produire des diplômés dotés des compétences adéquates”, explique à l’AFP Shafiq Kadir, analyste chez CGS International.Pour Wong Siew Hai, président de l’Association malaisienne de l’industrie des semi-conducteurs, le pays fait face à une “pénurie de personnes adaptées disposant de l’expérience et des compétences spécifiques”.”Nous perdons en moyenne 15% de nos talents dans l’industrie des semi-conducteurs chaque année à cause de la fuite des cerveaux”, déplore M. Wong, alors que des Malaisiens expérimentés choisissent de travailler à l’étranger pour de meilleurs salaires et opportunités.Aux termes de l’accord conclu avec Arm, société détenue par le groupe japonais Softbank, la Malaisie versera 250 millions de dollars (228 millions d’euros) à Arm sur dix ans pour un transfert de technologies.L’accord prévoit également la formation de 10.000 ingénieurs locaux aux technologies des semi-conducteurs, tandis qu’Arm ouvrira son premier bureau dans la région à Kuala Lumpur.- “Eléphants blancs” -Pour Farlina Said, spécialiste des cyber-technologies à l’Institute of Strategic and International Studies (ISIS) à Kuala Lumpur, “construire l’infrastructure sans un nombre suffisant d’acteurs peut créer des éléphants blancs pour le secteur”.”Pour augmenter la chaîne de valeur, la Malaisie doit d’abord trouver des moyens pour du transfert de connaissances afin de développer les capacités locales”, estime-t-elle.”Ensuite, il faut des fonds pour développer l’écosystème autour du transfert de connaissances. Cela inclut des transferts de technologie, des viviers de talents et la pérennité de la recherche et développement, ajoute-t-elle.L’effort de 5,3 milliards de dollars (4,8 milliards d’euros) du gouvernement au cours de la prochaine décennie pour développer le secteur des semi-conducteurs est faible par rapport aux investissements publics de la Chine ou des États-Unis, relève de son côté M. Wong.- objectif 270 milliards de dollars en 2030 -La Malaisie ne part cependant pas de zéro et constitue depuis longtemps un acteur clé du secteur des puces électroniques, avec des infrastructures sur l’île de Penang.Des multinationales “comme Intel et AMD disposent toutes deux d’activités de conception de circuits intégrés à Penang”, souligne M. Shafiq pour qui le pays est “en mesure de bénéficier de cette situation, car davantage de capitaux et d’attention sont consacrés à la conception de circuits intégrés”.Selon l’entreprise allemande Bosch, la Malaisie représente environ 13% de la production mondiale de produits finis.Quant aux exportations de semi-conducteurs de la Malaisie, elles sont Le logo de ARM sur une de ses puces. Photo prise à Kuala Lumpur le 4 mars 2025évaluées à 387,98 milliards de ringgits (87,4 mds USD, 80,4 mds EUR) en 2024, par la Malaysia External Trade Development Corporation, faisant du pays l’un des 10 premiers exportateurs de puces au monde.Ojectif de l’Association malaisienne de l’industrie en 2023: porter ce chiffre à 270 mds USD (248 mds EUR), ce qui, selon Wong, permettrait au pays de “maintenir sa position relative dans le monde” en tant que l’un des premiers exportateurs de semi-conducteurs.