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Asie du Sud-Est: l’Asean cherche des partenaires face à Trump

Les dirigeants d’Asie du Sud-Est, qui doivent répondre au défi de la hausse des droits de douane américains, sont réunis mardi à Kuala Lumpur lors d’un sommet au cours duquel ils vont s’entretenir avec le Premier ministre chinois et des Etats du Golfe.Le président américain Donald Trump a remis en question les normes commerciales mondiales en avril lorsqu’il a annoncé une hausse drastique des droits de douane ciblant de nombreux pays, y compris des alliés des Etats-Unis.Malgré l’annonce d’une pause de 90 jours pour la plupart d’entre eux, la décision américaine a incité l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) à accélérer ses efforts pour diversifier ses réseaux commerciaux.”Une transition dans l’ordre géopolitique est en cours”, a estimé lundi le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim.Mardi s’est ouvert un sommet entre les dix membres de l’Asean, la Chine représentée par son Premier ministre Li Qiang, et le Conseil de coopération du Golfe (CCG), un bloc régional composé de Bahreïn, du Koweït, d’Oman, du Qatar, de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis.A l’ouverture de la réunion entre l’Asean et le CCG – la Chine se joindra plus tard dans la journée – M. Anwar a estimé que les deux blocs avaient “les moyens et la responsabilité de s’ériger en piliers de stabilité et moteurs de croissance future”.Souvent critiquée pour son inaction, l’Asean a traditionnellement servi d'”intermédiaire” entre les économies développées comme les Etats-Unis et la Chine, observe Chong Ja Ian, de l’Université nationale de Singapour (NUS).”Compte tenu de l’incertitude et de l’imprévisibilité associées aux relations économiques avec les Etats-Unis, les Etats membres de l’Asean cherchent à se diversifier”, ajoute-t-il.”Faciliter les échanges entre le Golfe et la Chine est un aspect de cette diversification”, selon lui.- “Opportun et calculé” -Pékin, qui a subi de plein fouet la hausse des taxes douanières décidée par Donald Trump, cherche également à consolider ses autres marchés.Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré lundi qu’il attendait “avec impatience de renforcer la coopération” avec l’Asean et le CCG.La Chine et l’Asean sont déjà les principaux partenaires commerciaux l’une de l’autre et les exportations chinoises vers la Thaïlande, l’Indonésie et le Vietnam ont très sensiblement augmenté en avril, un phénomène attribué à un réacheminement des marchandises chinoises prévues initialement à destination des Etats-Unis.La participation du Premier ministre chinois Li à ce sommet est “à la fois opportune et calculée”, indique à l’AFP Khoo Ying Hooi, de l’Université de Malaya.Selon un projet de déclaration consulté par l’AFP, les dirigeants de l’Asean vont exprimer leur “profonde inquiétude (…) face à l’imposition de mesures tarifaires unilatérales”.L’Asean avait cependant déclaré plus tôt dans l’année qu’elle n’imposerait pas de droits de douane en représailles contre les Etats-Unis. “Il est peu probable que le bloc approuve formellement une position pro-chinoise sur les droits de douane américains”, ajoute Mme Khoo.- “Amis de la Chine” -L’Asean a toujours traditionnellement adopté une position de neutralité vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine.Pékin n’est que la quatrième source d’investissement direct étranger en Asie du Sud-Est, après les Etats-Unis, le Japon et l’Union européenne, rappelle M. Chong.M. Anwar a indiqué lundi qu’il avait écrit à M. Trump pour demander la tenue d’un sommet Asean-Etats-Unis cette année. Washington n’a pas encore répondu, a précisé son ministre des Affaires étrangères.Mais tout alignement plus étroit avec Pékin soulèverait des problèmes, même si M. Anwar a affirmé lundi que “quoi qu’on dise (…) nous sommes ici en tant qu’amis de la Chine”.Mais les tensions entre la Chine et plusieurs pays membres de l’Asean en mer de Chine méridionale continuent de peser dans leurs relations.Dans un message publié mardi sur Facebook, M. Anwar a déclaré avoir abordé ce dossier avec son homologue chinois. Il a par ailleurs indiqué avoir dit à M. Li que l’Asean “appréci(ait) l’engagement de la Chine en faveur de la collaboration régionale”.Lundi, le dirigeant philippin Ferdinand Marcos Jr avait estimé qu’il y avait un “besoin urgent” à adopter un code de conduite juridiquement contraignant dans la région.

La Bourse de Paris optimiste mais prudente face aux négociations commerciales

La Bourse de Paris évolue autour de l’équilibre mardi, sans véritable moteur, dans l’attente de nouvelles dans les négociations commerciales entre les Etats-Unis et l’Union européenne.Après avoir ouvert en baisse, le CAC 40, l’indice vedette de la place de Paris, gagnait 0,12% vers 09H40, avançant de 9,21 points à 7.837,34 points. Lundi, il avait terminé en hausse de 1,21% à 7.828,13 points.”Un sentiment de soulagement prudent se répand” dans les marchés financiers, “porté par l’espoir de négociations commerciales plus productives entre les États-Unis et leurs partenaires internationaux”, commente Susannah Streeter, responsable de l’analyse marchés et finances chez Hargreaves Lansdown.Le président américain Donal Trump avait menacé vendredi d’imposer des droits de douane de 50% aux importations européennes à partir du 1er juin, estimant que les négociations n’allaient “nulle part”.Il a ensuite accepté, dimanche, de reporter la date de la mise en place de ces droits de douane jusqu’au 9 juillet après un appel téléphonique avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.”Le DAX (de Francfort) et le CAC 40 avaient déjà progressé lundi après l’annonce d’une prolongation des pourparlers avec la Commission européenne”, rappelle Mme Streeter.”Trump a tellement souvent fait machine arrière sur les droits de douane, notamment avec la Chine, que ses menaces actuelles perdent de leur impact”, tempère Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB.Côté indicateurs économiques, les prix à la consommation ont augmenté de 0,7% en mai sur un an en France, une hausse qui ralentit encore après avoir pris 0,8% en avril, selon l’estimation provisoire publiée mardi par l’Insee.”Cela vient renforcer la hausse des obligations mondiales. Les marchés à terme sur les taux d’intérêt intègrent désormais quasiment à 100% une baisse de taux de la BCE (la Banque centrale européenne) en juin”, affirme Mme Brooks.Stellantis surfe encore sur la vagueLe constructeur automobile Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Chrysler), très présent aux Etats-Unis, profite encore du revirement de Donald Trump face à l’UE, les investisseurs restant confiant quant à une possible baisse des surtaxes imposées sur l’automobile européenne.Vers 09H40 à Paris, l’action de Stellantis prenait 1,17% à 9,28 euros.Les équipementiers restent également dans le vert, à l’image de Forvia (+0,29% à 8,23 euros) et Valeo (+0,47% à 9,04 euros).

Budget: Bayrou va demander un “effort à tous les Français”

François Bayrou va présenter début juillet un “plan pluriannuel” de redressement des finances publiques qui “va demander un effort à tous les Français”, a-t-il expliqué mardi sur RMC et BFMTV.”Au début du mois de juillet, je proposerai aux Français un plan de retour à l’équilibre des finances publiques sur trois ou quatre années” et ce plan “va demander un effort à tous les Français. Le plus juste possible, mais un effort suffisant pour que la France sorte de cette situation”, a déclaré le Premier ministre.Le chef du gouvernement n’a pas précisé les mesures envisagées. “Je ne ciblerai pas une catégorie de Français à l’exclusion des autres”, a-t-il assuré.M. Bayrou a dit cependant souhaiter que les partenaires sociaux “puissent s’emparer” de la question de la “TVA sociale”, consistant à compenser des baisses de cotisations pesant sur le travail par une augmentation de la TVA.”Je souhaite que les partenaires sociaux puissent s’emparer de cette question. Je souhaite que tous ceux qui ont la responsabilité du monde du travail, du monde de l’entreprise et du monde des salariés acceptent de poser ensemble cette question”, a-t-il déclaré, jugeant que “le travail en France n’est pas récompensé comme il devrait l’être”.Le 13 mai sur TF1, Emmanuel Macron avait dit souhaiter la tenue “dans les prochaines semaines” d’une conférence sociale “sur le mode de financement de notre modèle social” qui “repose beaucoup trop sur le travail”.”Depuis des décennies, on a laissé, tous courants politiques confondus, s’accumuler les déficits, on a laissé s’accumuler une montagne de dettes. Le pays est en situation de surendettement et, plus grave à mes yeux encore, si on peut dire, la France est un pays qui ne produit pas autant que ses voisins”, a également souligné François Bayrou.”Le gouvernement est prêt. Vous savez, j’avais évoqué l’idée d’un référendum (sur le redressement des finances publiques, ndlr) qui est une décision du président de la République” et “j’y crois”, a dit le Premier ministre, qui “cherche la prise de conscience des Français”.Le 13 mai, Emmanuel Macron avait répondu “pourquoi pas” à cette idée de référendum s’il porte sur un “plan” de réformes économiques et sociales, en précisant que “la fiscalité, le budget” relevaient de la compétence du Parlement.Le gouvernement cherche 40 milliards d’euros d’économie à réaliser pour l’année prochaine.

Déport d’Eric Lombard: un casse-tête inédit pour le gouvernement

Le passage d’Eric Lombard de la Caisse des dépôts au ministère de l’Économie a fait naitre son lot d’éventuels conflits d’intérêts, mais les modalités de ses déports ne devraient pas entraver ses marges de manÅ“uvre politiques, assure Bercy.Il s’agissait à la fois d’une équation inédite posée au gouvernement, d’un défi pour l’autorité de prévention des conflits d’intérêts, et d’une éventuelle menace pour l’autonomie politique du ministre.Un décret paru cinq mois après sa prise de fonction a acté dimanche les sujets dont Éric Lombard sera déchargé en formalisant son déport de la gestion d’une partie des activités du “groupe” de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) qu’il a dirigée entre 2017 et 2024. Un délai dans la publication du décret du Premier ministre qui n’est pas imputable à Éric Lombard, selon Jean Maïa, président de la Haute Autorité de transparence de la vie publique (HATVP). Cela traduit “l’absence de leviers” de la HATVP pour contraindre le calendrier de Matignon, analyse pour l’AFP Jean-François Kerléo, professeur de droit public.M. Lombard délègue essentiellement la charge des sujets liés à deux filiales de la Caisse dont il participait aux conseils d’administration: la banque d’investissement publique Bpifrance, détenue à parité par l’État et la CDC, et les sociétés du groupe la Poste, où la Caisse est majoritaire.En pratique, son cabinet assure qu’il avait pris ses distances avec ces entités dès sa prise de fonction le 23 décembre 2024, pour prévenir tout conflit d’intérêts.Car la mobilité d’Eric Lombard, 66 ans, a tout du cas d’école: jamais un haut fonctionnaire n’avait quitté sans transition le fauteuil de directeur général de la Caisse pour celui du ministère de l’Économie. Après un premier avis jugé “insuffisamment précis” par Bercy, la HATVP a rendu une seconde délibération (ce qui n’est pas inédit).Car pour ne pas empêcher Éric Lombard d’entretenir tout lien avec la Caisse, il a fallu discerner, parmi les activités de la CDC, les missions qu’il effectuait sur instruction du ministre de l’Économie de celles où il agissait pour le compte de la Caisse en tant que personnalité morale distincte de l’État.Résultat, il gardera la main sur l’épargne populaire, le livret A, la gestion des organismes de retraite, le financement du logement social, indique Bercy, mais s’abstiendra d’intervenir sur la nomination du directeur général ou la fixation de la subvention que la Caisse acquitte chaque année à l’État. – Rémanence d’intérêt -Pour les activités commerciales de la CDC, le nÅ“ud du problème, la HAVTP s’est penchée sur les rémanences d’intérêt et les éventuelles interférences avec l’exercice de son mandat ministériel.Quand Éric Lombard participait à un conseil d’administration de Bpifrance ou la Poste, il incarnait la vision d’un actionnaire (la Caisse) dont la personnalité morale se distingue de l’État, bien qu’elle en soit proche. Il peut arriver que les points de vue de l’État actionnaire et de la Caisse “ne soient pas strictement les mêmes”, exlique Bercy, une ligne de crête que le média l’Informé a illustrée en février. Éric Lombard avait participé fin décembre, peu avant sa nomination, à un conseil d’administration du groupe La Poste pendant lequel il avait réclamé à l’État le versement de plusieurs milliards d’euros correspondant aux pertes cumulées depuis 2017, écrivait le média. Un dossier que le même Éric Lombard aurait pu avoir à trancher quelques jours plus tard, une fois nommé ministre de l’Économie. La raison de son déport de La Poste? “Pas ce dossier spécifiquement”, répond Bercy. Mais “il avait pu prendre des positions sur des sujets, notamment financiers, liés à La Poste” qu’il n’est plus à même de trancher en tant que ministre.Pourtant, les enjeux ne manquent pas alors qu’une “loi postale” est attendue en 2025 avec des débats scrutés vue l’usure de l’activité courrier. “Dans la pratique, ça fonctionne (le déport, NDLR) depuis janvier”, “il y a toujours un décideur”, relativise Bercy.Le ministre devra également s’abstenir d’intervenir sur Bpifrance, un canal privilégié de l’État pour investir dans l’innovation. Mais c’est lui qui avait annoncé le 20 mars le lancement d’un fonds de 450 millions d’euros en faveur de la défense… par Bpifrance. Une décision “à l’initiative” de la banque d’investissement, qu’il a simplement “relayée”, évacue Bercy. 

Emballages, électroménager, batteries: le réemploi, un défi économique de longue haleine

“Des investissements très importants”… qui ne seront rentables que dans plusieurs années: l’économie du réemploi (vrac, emballages, reconditionnement) reste à parfaire et portera ses fruits à long terme, selon les acteurs de l’économie présents au salon Reuse Economy Expo.Alors que les Français consomment en moyenne 11,2 tonnes de matières premières par an et par habitant (dont la moitié pour les matériaux de construction), “on a la responsabilité en tant que consommateurs de faire des choix”, a jugé le président de l’Agence pour la transition écologique (Ademe), Sylvain Waserman, lors d’une table ronde organisée en ouverture de ce salon qui se tient lundi et mardi à ParisOr, selon lui, si de grandes marques “lancent des produits et essaient de franchir le pas, il n’y a pas forcément la réponse du consommateur”.Le retard qu’accuse la France par rapport à ses objectifs est manifeste. S’agissant des emballages ménagers, le taux de réemploi était de 1,1% en 2023, alors que la loi Agec sur l’économie circulaire a fixé un objectif de 5% pour 2023 et de 10% pour 2027.Pourtant, la demande existe, à en croire certains acteurs de poids: “40% des consommateurs souhaitent que le distributeur leur propose des manières plus durables” de consommer, signale Pauline Guillaume, cheffe de projet RSE (responsabilité sociétale des entreprises) du groupe de distribution Carrefour.Le distributeur vise 300 millions d’euros de ventes en vrac et en réemploi d’ici 2026, un montant modeste par rapport à un chiffre d’affaires qui se compte en milliards, mais déjà rehaussé par rapport à l’objectif de départ, a-t-elle souligné.Pour autant, même pour de grands groupes, le risque d’erreur existe, comme l’explique Elodie Bernadi, directrice RSE pour L’Oréal France. Si le géant de la cosmétique propose aujourd’hui des recharges dans la plupart de ses catégories de produits, il s’est “planté au début”.”On a cru qu’il suffisait de mettre nos top références en rechargeables et que ça allait se vendre tout seul”, rapporte-t-elle, avant de se rendre compte que l’aspect vertueux était “nécessaire, mais pas suffisant”.- Economie de la fonctionnalité -Le groupe a depuis revu sa copie et propose à ses distributeurs des recharges en moyenne “entre 15 et 20% moins cher au prix au litre que leur format parent”, les distributeurs en France restant toutefois “seuls maîtres de leur prix”. En outre, “l’économie du réemploi demande des investissements très importants” au départ, souligne Mme Guillaume, qui énumère les étapes supplémentaires à mettre en place, par exemple pour les emballages consignés: “la collecte, le lavage, le tri…””Pour que ça se mette en place, il faut du courage aux entreprises”, d’autant que ce sont des investissements “qui vont porter leurs fruits dans plusieurs années”, relève-t-elle.Et pour une moindre rentabilité, à en croire un spécialiste du sujet. “Si on avait gagné plus d’argent avec le réemploi, ça fait longtemps qu’on le ferait déjà”, estime auprès de l’AFP Fabrice Bonnifet, président du C3D, une association qui regroupe plus de 380 directeurs RSE d’entreprises et d’organisations.Il faut “renforcer le cadre législatif” et le principe pollueur-payeur, juge M. Bonnifet.”La rentabilité, elle va venir”, assure Célia Rennesson, directrice générale du Réseau Vrac et Réemploi, organisateur de Reuse Economy Expo, car “les matières premières coûtent de plus en plus cher et/ou on va potentiellement nous les interdire”.D’où la nécessité de repenser les modèles économiques: “on va vendre différemment, on va peut-être vendre moins certains produits, mais à côté, on va ajouter du service, on va ajouter de la location”.Son réseau prône le recours à un certain nombre de “leviers”, au premier rang desquels la “standardisation” des produits (emballages et pièces détachées) pour mutualiser les coûts.Dans cette “économie de la fonctionnalité”, conclut M. Bonnifet, pour “passer de l’obsolescence programmée à la pérennité programmée”, il faudra que l’industriel “reste propriétaire de ses produits” et qu’il ait “tout intérêt à ce que le produit dure le plus longtemps possible”.

Les Bourses européennes ouvrent sans entrain

Les Bourses européennes évoluent sans véritable moteur mardi, gagnées par le climat d’attente autour des relations commerciales entre les Etats-Unis et l’Union européenne.Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris perdait 0,17%, quand Francfort gagnait 0,08% et Londres 0,84%, tandis que Milan était stable à +0,02%.

La Turquie découvre et reproduit un pain vieux de 5.000 ans

Un pain vieux de 5.000 ans a été découvert par des archéologues en Turquie où il est désormais reproduit, nourrissant l’intérêt pour la culture de blés anciens plus adaptés à la sécheresse.”Il s’agit du pain levé et cuit le plus ancien mis au jour lors d’une fouille, qui a pu en grande partie préserver sa forme”, affirme Murat Türkteki, archéologue et directeur des fouilles de Küllüoba, à 35 km de la ville d’Eskisehir (centre). “Le pain est une trouvaille rare lors d’une fouille. Généralement, on ne retrouve que des miettes. Mais ici, il a pu être préservé car il avait été brûlé et enterré”, explique-t-il à l’AFP, évoquant cette découverte rendue publique la semaine dernière.Rond et plat comme une galette, de 12 cm de diamètre, le pain de Küllüoba a été découvert en septembre 2024, carbonisé et enterré sous le seuil d’une habitation construite à l’âge du bronze, aux alentours de 3.300 av. J.-C. Un morceau avait été arraché, avant que le pain ne soit brûlé puis enterré lors de la construction de l’habitation.”Cela nous fait penser à un rituel d’abondance”, glisse M. Türkteki.- “Emus par cette découverte” -En l’absence de trace écrite, la civilisation anatolienne de Küllüoba demeure en grande partie mystérieuse, comme les habitudes de ses habitants d’enterrer leurs maisons avant de partir s’installer ailleurs ou de construire de nouvelles habitations sur les anciennes structures, formant ainsi des monticules.À l’âge de bronze, les Hatti, un peuple d’Anatolie qui a précédé les Hittites, vivaient dans la région d’Eskisehir.”Küllüoba était une agglomération urbaine de taille moyenne où l’on trouvait des activités commerciales, de l’artisanat, de l’agriculture, de l’exploitation minière. Il existait clairement un certain ordre familial et social”, explique l’archéologue Deniz Sari.Des analyses ont démontré que le pain a été fabriqué avec de la farine grossièrement moulue d’amidonnier, une variété de blé ancien et des graines de lentille, la feuille d’une plante encore indéterminée ayant servi de levure.Le pain carbonisé est exposé depuis mercredi au musée archéologique d’Eskisehir.”Cette découverte nous a beaucoup émus. En discutant avec notre directeur des fouilles, je me suis demandée si on pouvait reproduire ce pain”, raconte Ayse Ünlüce, la maire d’Eskisehir.Pour s’approcher au mieux de la recette originale, la municipalité, après analyses du pain plurimillénaire, a choisi d’utiliser du blé Kavilca – l’amidonnier ancien n’existe plus en Turquie -, une variété proche, également ancienne, du boulgour et des lentilles.- Résistant à la sécheresse -Dans les locaux du Halk Ekmek (Pain du peuple, en turc), une boulangerie municipale qui propose du pain à bas coût, les employés façonnent à la main 300 pains de Küllüoba par jour depuis la semaine dernière.”La combinaison de la farine de blé ancestral, de lentilles et de boulgour donne un pain riche, rassasiant, faible en gluten et sans conservateurs”, explique Serap Güler, directrice du Halk Ekmek d’Eskisehir.Les premiers pains de Küllüoba, commercialisés sous forme de galettes de 300 grammes pour 50 livres turques (1,12 euro environ), se sont écoulés en quelques heures.”J’ai couru car j’avais peur qu’il n’en reste plus. Je suis curieuse de connaître le goût de ce pain ancien”, explique Suzan Kuru, une cliente.”Ces terres ont conservé ce pain pendant 5.000 ans et nous ont fait ce cadeau. Nous avons le devoir de protéger cet héritage et de le transmettre”, estime Mme Ünlüce.La province d’Eskisehir, autrefois riche de nombreuses sources d’eau, souffre aujourd’hui de la sécheresse.”Nous sommes face à une crise climatique mais nous cultivons encore du maïs ou du tournesol, très demandeurs en eau. Or nos ancêtres nous donnent une leçon. Nous devrions, comme eux, nous orienter vers des cultures peu exigeantes” en eau, affirme la maire, qui souhaite relancer dans sa région la culture du blé de Kavilca, résistant à la sécheresse et aux maladies.”Il nous faut des politiques publiques très fortes à ce sujet. Cultiver les blés anciens sera une avancée symbolique en ce sens”, juge-t-elle.

L’Indonésie veut se convertir au nucléaire pour réussir son ambitieuse transition énergétique

L’Indonésie veut se convertir rapidement au nucléaire pour répondre à la demande croissante d’électricité, mais les experts se montrent sceptiques en raison du coût et de la difficulté historique de Jakarta à réaliser de grands travaux.En février 1965, le président Sukarno, père de l’indépendance indonésienne, inaugurait le premier réacteur nucléaire expérimental du pays.Soixante ans plus tard, la plus grande économie d’Asie du Sud-est compte certes trois réacteurs de recherche mais ne possède toujours pas de centrale destinée à la production électrique.Si un charbon abondant et peu onéreux mais très polluant a permis jusqu’ici à l’archipel de subvenir à ses besoins, “le nucléaire sera nécessaire pour contenir l’augmentation de la demande et finalement réduire les émissions”, estime Philip Andrews‑Speed, chercheur à l’Institute for Energy Studies d’Oxford.Le président Prabowo Subianto a promis d’atteindre la sécurité énergétique tout en s’engageant à éliminer l’électricité issue du charbon en 15 ans – un calendrier jugé extrêmement ambitieux – et à atteindre des émissions nettes nulles d’ici à 2050.Le premier site nucléaire qui doit être construit sur l’île de Bornéo “sera opérationnel entre 2030 et 2032″, a affirmé fin avril Bahlil Lahadalia, ministre de l’Energie et des ressources minérales.Le premier réacteur, d’une capacité de 250 à 500 mégawatts (MW), sera un SMR (Small Modular Reactor), une technologie de petit réacteur moins puissant que les réacteurs à eau pressurisés présents dans le monde, d’une puissance pouvant aller jusqu’à 1650 MW.”Jusqu’à maintenant, 29 sites potentiels ont été identifiés, répartis dans différentes régions, notamment le nord Sumatra, les îles Riau (nord), Bornéo (ouest et est), les Célèbes et la Papouasie”, a précisé à l’AFP Dadan Kusdiana, secrétaire général du Conseil national de l’Energie (DEN). Les futures centrales nucléaires doivent être construites en dehors de Java, afin de développer les économies du centre et de l’est de l’archipel et de se rapprocher des activités minières, gourmandes en énergie.Pour répondre à l’objectif d’un mix énergétique de 80% d’énergie renouvelable d’ici 2060, “nous devons accélérer la construction de centrales nucléaires”, a expliqué récemment le ministre adjoint de l’Energie, Yuliot Tanjung. L’énergie solaire comme celle issue de la géothermie ou des barrages ne sera de fait pas suffisante.Sur une capacité électrique totale de plus de 430 gigawatts estimée en 2060, les 29 premières centrales nucléaires pourraient produire entre 45 et 54 gigawatts, selon le DEN.Si la catastrophe de la centrale de Fukushima au Japon provoquée par un séisme suivi d’un tsunami, a ralenti de nombreux projets en Asie, l’Indonésie, qui connaît une activité sismique et volcanique fréquente, assure pourtant que le risque peut être géré.”Les zones de Java nord, Est Sumatra et Bornéo ouest et centre sont considérées comme à bas risque”, a expliqué Andang Widi Harto, chercheur en ingénierie nucléaire à l’université de Yogyakarta, ces régions étant “à faible risque sismique et volcanique”.- Russie, Chine et Canada sur les rangs – Plusieurs fournisseurs de centrales nucléaires ont “manifesté un sérieux intérêt”, a indiqué M. Kusdiana, citant le russe Rosatom, le chinois CNNC ainsi que Candu Canada. La société américaine ThorCon, présente en Indonésie, a développé de son côté un projet de centrale flottante, fonctionnant non pas au combustible d’uranium mais au thorium, et qui pourrait être installée à Bangka Belitun (Sumatra).”Le DEN a aussi rendu visite à EDF SA (en France) pour explorer les opportunités de coopération en matière de construction de réacteur nucléaire, de formation et de transfert de technologie”, a assuré M. Kusdiana.Une affirmation non confirmée par EDF qui a indiqué à l’AFP, n’avoir “pas de discussions en cours sur le nucléaire avec l’Indonésie”. Bernard Fontana, Pdg d’EDF faisait partie de la délégation qui accompagne Emmanuel Macron cette semaine en Asie du Sud-Est mais seulement au Vietnam et pas en Indonésie. L’autre français Orano, spécialiste du combustible nucléaire, a indiqué également “n’avoir pas de discussion en cours avec l’Indonésie”.Si les ambitions nucléaires de Jakarta sont clairement affichées, la faisabilité à court terme du projet suscite des réserves. “Je suis enclin à rejoindre les sceptiques quant à la capacité de l’Indonésie à déployer l’énergie nucléaire à une échelle significative au cours des dix prochaines années”, relève M. Andrews‑Speed.Dwi Sawung, responsable de l’ONG locale Wahli, estime lui que l’Indonésie n’y est “pas prête. Les principaux obstacles sont le niveau de corruption élevé et le risque d’ingérence par le gouvernement et les politiciens”.”Le coût est également élevé. Or il ne reste pas assez d’argent dans le budget de l’Etat et de l’opérateur électrique PLN”, avance-t-il encore.L’avantage de privilégier des SMR à la place de réacteurs conventionnels, “c’est que le défi financier est réduit”, relève cependant M. Andrews‑Speed.Et sans donner de chiffres précis, M. Kusdiana indique que Jakarta discute avec “plusieurs investisseurs potentiels: la Russie, les Etats-Unis, le Danemark, la Corée du Sud et la Chine”.

Tesla: les ventes en Europe divisées par deux en avril, les constructeurs chinois progressent

Les ventes de Tesla dans l’Union européenne ont été divisées par deux au mois d’avril  tandis que les constructeurs chinois ont progressé, selon des chiffres publiés mardi par les constructeurs.Freinée par la réputation de son patron Elon Musk et une gamme vieillissante, la marque américaine a vu ses immatriculations baisser dans l’Union européenne de 52,6% en avril et de 46,1% en cumulé depuis le début de l’année, selon l’Association des constructeurs européens (ACEA).Tesla est retombée à 1,1% de part de marché sur les quatre premiers mois de 2025, avec 41.677 véhicules vendus contre 77.314 sur la même période l’année passée.Leader des ventes de voitures électriques jusqu’en 2024, Tesla a été dépassée dans cette catégorie en Europe au mois d’avril par un total de dix marques dont Volkswagen (qui rattrape ainsi son retard dans l’électrique), BMW, Renault mais aussi le Chinois BYD, selon le cabinet Jato Dynamics. Le nouveau petit SUV électrique de Skoda (groupe Volkswagen), l’Elroq, s’est placé en tête des ventes. La Tesla Model Y, ex-reine du marché, est neuvième.Les voitures électriques poursuivent pourtant leur conquête du marché européen (+26,4% sur un an), atteignant 15,3% des ventes en avril, selon l’ACEA.Les ventes d’électriques progressent de façon très contrastée selon les pays européens, notamment en fonction des bonus et avantages fiscaux redistribués par les gouvernements. L’Allemagne, la Belgique, l’Italie ou l’Espagne ont vu leurs ventes d’électriques exploser, tandis que la France est en léger retrait.”Les ventes de véhicules électriques prennent lentement de l’ampleur, mais la croissance reste très progressive et inégale entre les pays de l’UE”, a déclaré Sigrid de Vries, directrice générale de l’ACEA, dans un communiqué. “Pour que les véhicules électriques deviennent un choix courant, il est essentiel que les gouvernements continuent à mettre en place les conditions nécessaires, telles que les incitations à l’achat et fiscales, les infrastructures de recharge et (de faibles) prix de l’électricité”, a souligné Sigrid de Vries.Dans ce contexte, avec leurs prix de vente plus accessibles, les voitures hybrides (avec une petite batterie électrique qui se recharge en conduisant) continuent à dominer le marché européen (+20,8% depuis le début de l’année), avalant des parts de marché jusqu’ici réservées aux voitures à essence (-20,6%).Toutes énergies confondues, le groupe Volkswagen continue de dominer le marché européen (+2,9% en avril) et le N°2 Stellantis commence à limiter la casse après des mois difficiles (-1,1%), poussé par ses marques Peugeot, Jeep ou Alfa Romeo.- Chinoises -Les voitures hybrides rechargeables (avec un moteur à essence et une batterie électrique que l’on branche pour recharger) ont rebondi (+7,8%), notamment en Allemagne et en Espagne, et représentent 7,9% du marché.Les voitures chinoises ont contribué “grandement” au succès des électriques et des hybrides rechargeables, analyse Jato.Les marques chinoises comme BYD, MG, Xpeng ou Leapmotor ont progressé de 59% en un an sur ces catégories, contre 26% pour les autres marques.”Reste à voir si l’Union européenne répondra au boom des hybrides rechargeables chinoises en imposant des droits de douane”, comme elle l’a fait pour les voitures électriques, a remarque Felipe Munoz du cabinet Jato.Tesla pâtit notamment des prises de positions de son patron Elon Musk et de ses actions au sein du Doge, une commission de l’administration Trump chargée de coupes drastiques dans les dépenses fédérales.Au premier trimestre 2025, les ventes de Tesla ont chuté de 13% sur un an, avec un fléchissement particulièrement marqué dans l’UE, où les immatriculations se sont contractées de 45% par rapport à la même période de l’an dernier.Elon Musk a assuré cependant le 20 mai que la situation commerciale de Tesla était déjà “rétablie” et que les ventes étaient “bonnes”. Il a également indiqué qu’il ne consacrerait plus qu’un jour ou deux par semaine à la commission américaine pour l’efficacité gouvernementale (Doge), le reste de son temps étant dédié à la gestion de ses sociétés, en premier lieu Tesla.

Japon: face à l’afflux de touristes, l’aéroport de Tokyo-Narita se dote d’une troisième piste

Narita, l’un des deux grands aéroports de Tokyo, a débuté la construction d’une troisième piste afin de faire face à un afflux record de visiteurs étrangers dans l’archipel.L’aéroport de Narita prévoit d’atteindre 500.000 décollages et atterrissages annuels d’ici 2029, contre 300.000 actuellement, alors que le Japon a accueilli 14,4 millions de visiteurs entre janvier et avril 2025 (+24,5 % sur un an), dont 3,9 millions en avril, un record absolu sur un mois.Situé à environ une heure de train de Tokyo, Narita est l’une des deux principales portes d’entrée internationales vers la capitale japonaise, avec l’aéroport de Tokyo-Haneda, plus central.Ouvert en 1978 avec 12 ans de retard, Narita a vu sa construction et son développement ultérieur freinés pendant des années par un conflit parfois extrêmement violent entre autorités d’une part, agriculteurs expropriés et militants de gauche radicale d’autre part. L’aéroport n’a été équipé d’une deuxième piste qu’en 2002.Le projet d’extension inclut aussi le prolongement de cette deuxième piste, ce qui devrait presque doubler la superficie de l’aéroport.”Il est urgent d’améliorer davantage les fonctions de l’aéroport pour renforcer la compétitivité internationale du Japon et de la région métropolitaine de Tokyo”, a déclaré dimanche Akihiko Tamura,directeur général de Tokyo-Narita.Mais aussi pour “augmenter le nombre de visiteurs étrangers et promouvoir le développement des zones entourant l’aéroport”, a-t-il ajouté.En 2024, le Japon a accueilli 36,8 millions de visiteurs étrangers, un record absolu sur une année.Pour capitaliser sur cette dynamique favorable, malgré une économie encore fragilisée par une inflation persistante, le gouvernement nippon vise un objectif ambitieux: accueillir 60 millions de touristes étrangers par an d’ici 2030, soit le double en moins de dix ans.