AFP Business

L’Indonésie veut se convertir au nucléaire pour réussir son ambitieuse transition énergétique

L’Indonésie veut se convertir rapidement au nucléaire pour répondre à la demande croissante d’électricité, mais les experts se montrent sceptiques en raison du coût et de la difficulté historique de Jakarta à réaliser de grands travaux.En février 1965, le président Sukarno, père de l’indépendance indonésienne, inaugurait le premier réacteur nucléaire expérimental du pays.Soixante ans plus tard, la plus grande économie d’Asie du Sud-est compte certes trois réacteurs de recherche mais ne possède toujours pas de centrale destinée à la production électrique.Si un charbon abondant et peu onéreux mais très polluant a permis jusqu’ici à l’archipel de subvenir à ses besoins, “le nucléaire sera nécessaire pour contenir l’augmentation de la demande et finalement réduire les émissions”, estime Philip Andrews‑Speed, chercheur à l’Institute for Energy Studies d’Oxford.Le président Prabowo Subianto a promis d’atteindre la sécurité énergétique tout en s’engageant à éliminer l’électricité issue du charbon en 15 ans – un calendrier jugé extrêmement ambitieux – et à atteindre des émissions nettes nulles d’ici à 2050.Le premier site nucléaire qui doit être construit sur l’île de Bornéo “sera opérationnel entre 2030 et 2032″, a affirmé fin avril Bahlil Lahadalia, ministre de l’Energie et des ressources minérales.Le premier réacteur, d’une capacité de 250 à 500 mégawatts (MW), sera un SMR (Small Modular Reactor), une technologie de petit réacteur moins puissant que les réacteurs à eau pressurisés présents dans le monde, d’une puissance pouvant aller jusqu’à 1650 MW.”Jusqu’à maintenant, 29 sites potentiels ont été identifiés, répartis dans différentes régions, notamment le nord Sumatra, les îles Riau (nord), Bornéo (ouest et est), les Célèbes et la Papouasie”, a précisé à l’AFP Dadan Kusdiana, secrétaire général du Conseil national de l’Energie (DEN). Les futures centrales nucléaires doivent être construites en dehors de Java, afin de développer les économies du centre et de l’est de l’archipel et de se rapprocher des activités minières, gourmandes en énergie.Pour répondre à l’objectif d’un mix énergétique de 80% d’énergie renouvelable d’ici 2060, “nous devons accélérer la construction de centrales nucléaires”, a expliqué récemment le ministre adjoint de l’Energie, Yuliot Tanjung. L’énergie solaire comme celle issue de la géothermie ou des barrages ne sera de fait pas suffisante.Sur une capacité électrique totale de plus de 430 gigawatts estimée en 2060, les 29 premières centrales nucléaires pourraient produire entre 45 et 54 gigawatts, selon le DEN.Si la catastrophe de la centrale de Fukushima au Japon provoquée par un séisme suivi d’un tsunami, a ralenti de nombreux projets en Asie, l’Indonésie, qui connaît une activité sismique et volcanique fréquente, assure pourtant que le risque peut être géré.”Les zones de Java nord, Est Sumatra et Bornéo ouest et centre sont considérées comme à bas risque”, a expliqué Andang Widi Harto, chercheur en ingénierie nucléaire à l’université de Yogyakarta, ces régions étant “à faible risque sismique et volcanique”.- Russie, Chine et Canada sur les rangs – Plusieurs fournisseurs de centrales nucléaires ont “manifesté un sérieux intérêt”, a indiqué M. Kusdiana, citant le russe Rosatom, le chinois CNNC ainsi que Candu Canada. La société américaine ThorCon, présente en Indonésie, a développé de son côté un projet de centrale flottante, fonctionnant non pas au combustible d’uranium mais au thorium, et qui pourrait être installée à Bangka Belitun (Sumatra).”Le DEN a aussi rendu visite à EDF SA (en France) pour explorer les opportunités de coopération en matière de construction de réacteur nucléaire, de formation et de transfert de technologie”, a assuré M. Kusdiana.Une affirmation non confirmée par EDF qui a indiqué à l’AFP, n’avoir “pas de discussions en cours sur le nucléaire avec l’Indonésie”. Bernard Fontana, Pdg d’EDF faisait partie de la délégation qui accompagne Emmanuel Macron cette semaine en Asie du Sud-Est mais seulement au Vietnam et pas en Indonésie. L’autre français Orano, spécialiste du combustible nucléaire, a indiqué également “n’avoir pas de discussion en cours avec l’Indonésie”.Si les ambitions nucléaires de Jakarta sont clairement affichées, la faisabilité à court terme du projet suscite des réserves. “Je suis enclin à rejoindre les sceptiques quant à la capacité de l’Indonésie à déployer l’énergie nucléaire à une échelle significative au cours des dix prochaines années”, relève M. Andrews‑Speed.Dwi Sawung, responsable de l’ONG locale Wahli, estime lui que l’Indonésie n’y est “pas prête. Les principaux obstacles sont le niveau de corruption élevé et le risque d’ingérence par le gouvernement et les politiciens”.”Le coût est également élevé. Or il ne reste pas assez d’argent dans le budget de l’Etat et de l’opérateur électrique PLN”, avance-t-il encore.L’avantage de privilégier des SMR à la place de réacteurs conventionnels, “c’est que le défi financier est réduit”, relève cependant M. Andrews‑Speed.Et sans donner de chiffres précis, M. Kusdiana indique que Jakarta discute avec “plusieurs investisseurs potentiels: la Russie, les Etats-Unis, le Danemark, la Corée du Sud et la Chine”.

Tesla: les ventes en Europe divisées par deux en avril, les constructeurs chinois progressent

Les ventes de Tesla dans l’Union européenne ont été divisées par deux au mois d’avril  tandis que les constructeurs chinois ont progressé, selon des chiffres publiés mardi par les constructeurs.Freinée par la réputation de son patron Elon Musk et une gamme vieillissante, la marque américaine a vu ses immatriculations baisser dans l’Union européenne de 52,6% en avril et de 46,1% en cumulé depuis le début de l’année, selon l’Association des constructeurs européens (ACEA).Tesla est retombée à 1,1% de part de marché sur les quatre premiers mois de 2025, avec 41.677 véhicules vendus contre 77.314 sur la même période l’année passée.Leader des ventes de voitures électriques jusqu’en 2024, Tesla a été dépassée dans cette catégorie en Europe au mois d’avril par un total de dix marques dont Volkswagen (qui rattrape ainsi son retard dans l’électrique), BMW, Renault mais aussi le Chinois BYD, selon le cabinet Jato Dynamics. Le nouveau petit SUV électrique de Skoda (groupe Volkswagen), l’Elroq, s’est placé en tête des ventes. La Tesla Model Y, ex-reine du marché, est neuvième.Les voitures électriques poursuivent pourtant leur conquête du marché européen (+26,4% sur un an), atteignant 15,3% des ventes en avril, selon l’ACEA.Les ventes d’électriques progressent de façon très contrastée selon les pays européens, notamment en fonction des bonus et avantages fiscaux redistribués par les gouvernements. L’Allemagne, la Belgique, l’Italie ou l’Espagne ont vu leurs ventes d’électriques exploser, tandis que la France est en léger retrait.”Les ventes de véhicules électriques prennent lentement de l’ampleur, mais la croissance reste très progressive et inégale entre les pays de l’UE”, a déclaré Sigrid de Vries, directrice générale de l’ACEA, dans un communiqué. “Pour que les véhicules électriques deviennent un choix courant, il est essentiel que les gouvernements continuent à mettre en place les conditions nécessaires, telles que les incitations à l’achat et fiscales, les infrastructures de recharge et (de faibles) prix de l’électricité”, a souligné Sigrid de Vries.Dans ce contexte, avec leurs prix de vente plus accessibles, les voitures hybrides (avec une petite batterie électrique qui se recharge en conduisant) continuent à dominer le marché européen (+20,8% depuis le début de l’année), avalant des parts de marché jusqu’ici réservées aux voitures à essence (-20,6%).Toutes énergies confondues, le groupe Volkswagen continue de dominer le marché européen (+2,9% en avril) et le N°2 Stellantis commence à limiter la casse après des mois difficiles (-1,1%), poussé par ses marques Peugeot, Jeep ou Alfa Romeo.- Chinoises -Les voitures hybrides rechargeables (avec un moteur à essence et une batterie électrique que l’on branche pour recharger) ont rebondi (+7,8%), notamment en Allemagne et en Espagne, et représentent 7,9% du marché.Les voitures chinoises ont contribué “grandement” au succès des électriques et des hybrides rechargeables, analyse Jato.Les marques chinoises comme BYD, MG, Xpeng ou Leapmotor ont progressé de 59% en un an sur ces catégories, contre 26% pour les autres marques.”Reste à voir si l’Union européenne répondra au boom des hybrides rechargeables chinoises en imposant des droits de douane”, comme elle l’a fait pour les voitures électriques, a remarque Felipe Munoz du cabinet Jato.Tesla pâtit notamment des prises de positions de son patron Elon Musk et de ses actions au sein du Doge, une commission de l’administration Trump chargée de coupes drastiques dans les dépenses fédérales.Au premier trimestre 2025, les ventes de Tesla ont chuté de 13% sur un an, avec un fléchissement particulièrement marqué dans l’UE, où les immatriculations se sont contractées de 45% par rapport à la même période de l’an dernier.Elon Musk a assuré cependant le 20 mai que la situation commerciale de Tesla était déjà “rétablie” et que les ventes étaient “bonnes”. Il a également indiqué qu’il ne consacrerait plus qu’un jour ou deux par semaine à la commission américaine pour l’efficacité gouvernementale (Doge), le reste de son temps étant dédié à la gestion de ses sociétés, en premier lieu Tesla.

Japon: face à l’afflux de touristes, l’aéroport de Tokyo-Narita se dote d’une troisième piste

Narita, l’un des deux grands aéroports de Tokyo, a débuté la construction d’une troisième piste afin de faire face à un afflux record de visiteurs étrangers dans l’archipel.L’aéroport de Narita prévoit d’atteindre 500.000 décollages et atterrissages annuels d’ici 2029, contre 300.000 actuellement, alors que le Japon a accueilli 14,4 millions de visiteurs entre janvier et avril 2025 (+24,5 % sur un an), dont 3,9 millions en avril, un record absolu sur un mois.Situé à environ une heure de train de Tokyo, Narita est l’une des deux principales portes d’entrée internationales vers la capitale japonaise, avec l’aéroport de Tokyo-Haneda, plus central.Ouvert en 1978 avec 12 ans de retard, Narita a vu sa construction et son développement ultérieur freinés pendant des années par un conflit parfois extrêmement violent entre autorités d’une part, agriculteurs expropriés et militants de gauche radicale d’autre part. L’aéroport n’a été équipé d’une deuxième piste qu’en 2002.Le projet d’extension inclut aussi le prolongement de cette deuxième piste, ce qui devrait presque doubler la superficie de l’aéroport.”Il est urgent d’améliorer davantage les fonctions de l’aéroport pour renforcer la compétitivité internationale du Japon et de la région métropolitaine de Tokyo”, a déclaré dimanche Akihiko Tamura,directeur général de Tokyo-Narita.Mais aussi pour “augmenter le nombre de visiteurs étrangers et promouvoir le développement des zones entourant l’aéroport”, a-t-il ajouté.En 2024, le Japon a accueilli 36,8 millions de visiteurs étrangers, un record absolu sur une année.Pour capitaliser sur cette dynamique favorable, malgré une économie encore fragilisée par une inflation persistante, le gouvernement nippon vise un objectif ambitieux: accueillir 60 millions de touristes étrangers par an d’ici 2030, soit le double en moins de dix ans.

Le projet de loi “refondation” de Mayotte en passe d’adoption au Sénat

Le Sénat s’apprête à adopter mardi le projet de loi-programme pour “refonder” Mayotte, un texte qui décline près de quatre milliards d’euros d’engagements financiers de l’Etat pour l’archipel dévasté et entend répondre aux crises multiples qui le touchent, avec des mesures parfois contestées.Plus de cinq mois après le passage ravageur du cyclone Chido sur ce territoire de l’océan Indien, situé entre les Comores et Madagascar, le gouvernement entend franchir avec ce texte “une étape historique” dans son engagement pour Mayotte. La chambre haute, dominée par une alliance droite-centristes qui soutient le gouvernement, devrait l’adopter très largement en première lecture lors d’un vote solennel prévu à 18h30. La gauche fera néanmoins part de son hostilité à de nombreux dispositifs de lutte contre l’insécurité, l’immigration et l’habitat insalubre, les principaux “fléaux” identifiés à Mayotte par le ministre des Outre-mer Manuel Valls.Le projet de loi sera ensuite examiné à l’Assemblée nationale en juin, pour une promulgation espérée dès le début de l’été.”Nous n’avons pas laissé tomber Mayotte”, a martelé le ministre durant les débats sur ce projet de loi, la semaine passée au Palais du Luxembourg. Satisfait de voir les sénateurs soutenir l’essentiel des propositions gouvernementales, il estime que cette initiative législative permettra de “construire un avenir à la hauteur de l’attachement des Mahorais à la France”. – “Tout s’écroule” -Mais il a aussi fait face à de nombreuses critiques de parlementaires qui craignent des promesses en l’air ou en trompe-l’oeil.”Le compte n’y est pas”, s’alarme le sénateur de Mayotte Saïd Omar Oili, pour qui le gouvernement se cache derrière “un catalogue de promesses plus qu’une vraie feuille de route”. “L’aide promise doit devenir réalité car tout s’écroule à Mayotte”, a exhorté celui qui siège au groupe socialiste et a recommandé à ses collègues de s’abstenir sur le vote du texte.Eau, éducation, santé, infrastructures, sécurité, immigration, habitat informel… Le projet de loi s’attaque à tous les grands enjeux du 101e département français, le plus pauvre du pays. Il a la particularité de contenir non seulement des dispositions législatives, mais également tout un volet programmatique, sans valeur normative, dans lequel l’Etat liste ses priorités et ses objectifs sur la période 2025-2031. Avec une promesse d’ordre financier: débloquer “près de quatre milliards d’euros” sur sept ans pour relever un archipel meurtri. Le fléchage et le calendrier de ces investissements ont été quelque peu précisés par le gouvernement par voie d’amendement, sans toutefois répondre totalement aux exigences des élus du territoire, qui continuent d’appeler à plus de transparence et de moyens.Le projet contient aussi des dispositifs économiques et sociaux, avec la création d’une zone franche globale – avec des abattements fiscaux à 100% -, et la perspective, d’ici 2031, d’une “convergence sociale” entre l’Hexagone et l’archipel. Le texte facilite par ailleurs les expropriations en vue de reconstruire les infrastructures “essentielles” au territoire.Mais c’est le volet migratoire et sécuritaire qui a suscité le plus de débats dans l’hémicycle de la Haute assemblée. La lutte contre l’immigration clandestine a en effet été érigée comme priorité par le gouvernement, face à l’afflux massif d’étrangers en situation irrégulière sur l’archipel, venus notamment des Comores voisines.- “Croisade contre l’immigration” -Conditions d’accès au séjour et de regroupement familial durcies, expulsions rendues possibles de parents défaillants dans l’éducation de leurs enfants lorsque ceux-ci sont jugés dangereux, nouveaux lieux de rétention des familles avec mineurs, augmentation des peines pour reconnaissance frauduleuse de paternité… Droite sénatoriale et gouvernement, de concert, ont multiplié les dispositifs, souvent dérogatoires au droit commun, pour “réduire l’attractivité” de Mayotte.Un choix vivement dénoncé à gauche.”Aveuglé par la question migratoire et emporté dans une croisade contre l’immigration, le gouvernement s’attache à faire de Mayotte une terre où l’on piétine les droits de l’homme”, s’indigne la sénatrice de La Réunion Evelyne Corbière Naminzo (groupe communiste).”La réalité, c’est que l’immigration vient hypothéquer toute perspective de développement de Mayotte”, rétorque le corapporteur Horizons Olivier Bitz, pour qui “il n’y aura pas de refondation sans maîtrise des flux migratoires”.

Après deux explosions, la mégafusée d’Elon Musk Starship prête à un nouveau vol test

L’entreprise SpaceX du multimilliardaire Elon Musk compte mener mardi un nouveau lancement test de sa mégafusée Starship, qu’elle développe pour partir à la conquête de Mars, après deux explosions spectaculaires survenues coup sur coup lors de ses derniers vols d’essai.Cette fusée, haute de 123 mètres, soit la taille d’un immeuble d’environ 40 étages, doit s’élancer dans le ciel du Texas à partir de 18H30 locales (23H30 GMT) pour un neuvième vol test.Ce dernier succède à deux précédents essais en janvier et mars s’étant soldés par de spectaculaires explosions en altitude et des pluies de débris au-dessus des Caraïbes.A chaque fois, le premier étage de la fusée, propulsant l’ensemble, avait réussi à revenir sur le pas de tir et à être rattrapé par des bras mécaniques – une manoeuvre spectaculaire que seule SpaceX maîtrise.Mais l’immense vaisseau avait lui explosé en vol les deux fois, contraignant les autorités à dévier les trajectoires de certains avions ou encore à retarder des décollages. Des suspensions de vol de Starship et des enquêtes sur ces incidents avaient également été ordonnées.- Objectif 25 vols annuels -Ces incidents spectaculaires sont toutefois loin d’être inédits, l’entreprise d’Elon Musk misant pour le développement de ses appareils sur le lancement de multiples prototypes afin de corriger rapidement les problèmes rencontrés en situation de vol.Une philosophie qui a fait son succès, mais n’est pas exempte de critiques, quatre des huit précédents vols d’essais de Starship s’étant ainsi soldés par des explosions, volontaires ou non.En 2023, des associations ont porté plainte contre les autorités américaines, les accusant d’en avoir mal évalué l’impact environnemental, alors que la base spatiale de l’entreprise au Texas est située à proximité de zones naturelles protégées.En dépit de ces critiques, le régulateur américain de l’aviation, la FAA, a accordé début mai son feu vert à l’augmentation de la cadence des lancements de 5 à 25 vols annuels, à l’issue d’une procédure de plusieurs années et d’évaluations sur l’impact environnemental.Une autorisation qui survient dans un contexte où la grande proximité d’Elon Musk avec le président Donald Trump fait craindre de possibles ingérences dans les actions des autorités de régulation.- Plongeon brutal dans le golfe -Lors de ce nouveau vol, SpaceX réutilisera pour la première fois un premier étage de fusée ayant déjà volé et été récupéré, signant ainsi une nouvelle étape vers son objectif de totale réutilisation de la fusée.Cette caractéristique permettrait de réduire considérablement les coûts et les ressources nécessaires mais est extrêmement difficile à réaliser techniquement.S’il réussit déjà à récupérer le propulseur de la fusée, Elon Musk compte bientôt tenter une récupération du vaisseau Starship, qui constitue le deuxième étage de la fusée et donne son nom à l’ensemble.”Je pense que nous parviendrons à une réutilisation rapide de l’ensemble de la structure – le vaisseau et le propulseur – l’année prochaine”, a déclaré le richissime entrepreneur, connu pour ses projections très optimistes, en début d’année dans un podcast.Lors de ce nouveau vol, SpaceX espère réaliser les tests qu’elle comptait mener lors des deux précédents vols sur le vaisseau – dont une tentative de déploiement de satellites – puis le laisser finir sa course dans l’océan Indien.Le premier étage ne reviendra quant à lui pas cette fois sur son pas de tir mais ira “s’écraser brutalement” dans les eaux du golfe du Mexique, unilatéralement rebaptisé “golfe d’Amérique” par Donald Trump, a prévenu SpaceX.Un changement de programme destiné à réaliser “plusieurs expériences en vol” afin d'”améliorer les performances et la fiabilité des futurs propulseurs”, a-t-elle expliqué.

Equateur: un incendie met à l’arrêt la plus grande raffinerie du pays

L’incendie d’un réservoir dans la principale raffinerie de pétrole d’Equateur, située dans le port maritime d’Esmeraldas (nord-ouest), a entraîné la suspension des activités du site et l’évacuation des riverains, ont indiqué les autorités.Une immense colonne de flammes et de fumée est apparue dans la ville avant que l’incendie soit maîtrisé. Des militaires et des employés de la raffinerie ont bloqué l’accès pour assurer un périmètre de sécurité et permettre le passage des véhicules de secours, a constaté un journaliste de l’AFP. “Nous avons un réservoir de fioul qui a pris feu. La situation est sous contrôle”, a annoncé dans la matinée la ministre de l’Energie Inés Manzano sur son compte X.Selon la compagnie pétrolière publique Petroecuador, qui exploite la raffinerie, l’incendie n’a pas fait de morts. Cinq personnes ont reçu des soins médicaux après avoir inhalé de la fumée.La raffinerie “a cessé ses opérations afin de préserver la sécurité des installations et du personnel”, a expliqué l’entreprise dans un communiqué. D’une capacité de traitement de 110.000 barils de pétrole brut par jour, elle est la plus grande des trois raffineries du pays sud-américain, très dépendant de ses exportations de pétrole.Le gouvernement a affirmé plus tard dans la journée que l’approvisionnement en carburant était “entièrement assuré dans tout le pays” grâce à des réserves “suffisantes”.- “Impressionnant” -“C”est la première fois de notre vie que nous voyons une fumée aussi impressionnante provenant de l’usine”, a déclaré à la presse Edgar Romero, un responsable de quartier qui s’est souvenu de l’incendie de 1998 qui avait également touché Esmeraldas, à la suite de l’explosion de conduites de pétrole et de produits raffinés. L’accident avait fait une dizaine de morts, une centaine de blessés et endommagé environ 150 maisons.Ramiro Medina, un employé de la raffinerie, raconte avoir entendu “un grand bruit”. “Nous avons alors tous commencé à courir (…) Il faisait chaud et nous sommes sortis”.Le secrétariat à la gestion des risques a indiqué sur X que les salariés de la raffinerie avaient été évacués de la zone par mesure de précaution. “Les inspections nécessaires seront menées pour déterminer l’état de l’infrastructure et les causes (de l’incendie) feront l’objet d’une enquête”, a assuré Petroecuador.L’Equateur est l’un des principaux pays producteurs de pétrole d’Amérique du Sud, avec quelque 475.000 barils de pétrole par jour. Il s’agit de l’un de ses principaux produits d’exportation, qui lui a rapporté 8,6 milliards de dollars en 2024.Esmeraldas, capitale de la province du même nom, frontalière de la Colombie, a été secouée en avril par un séisme qui a détruit une trentaine de bâtiments. En mars, la rupture d’un tronçon d’un oléoduc a entraîné le déversement de plus de 25.000 barils de brut dans trois rivières de cette province défavorisée, une marée noire considérée comme la pire des dernières années en Equateur. 

Pesticides: l’Assemblée rejette la loi Duplomb, et renvoie le débat à une réunion entre députés et sénateurs

Dans une ambiance crispée, l’Assemblée nationale a rejeté lundi la proposition de loi agricole dite Duplomb, par une manoeuvre tactique du bloc central afin de passer outre le “mur” d’amendements écologistes et insoumis, LFI dénonçant un contournement du Parlement et promettant une “motion de censure”.La loi a été rejetée par 274 voix, et seulement 121 pour, lors d’un vote sans ambiguïté. Mais dans un scénario baroque, ce sont les partisans du texte qui ont approuvé cette “motion de rejet”.”C’est une motion qui rejette l’obstruction” des opposants au texte, a souligné la ministre de l’Agriculture lundi soir sur France 2. La gauche dénonce en retour un “49.3 déguisé”.Par cette tactique, les députés ont renvoyé directement le texte, y compris sa mesure phare sur la réintroduction à titre dérogatoire de certains pesticides néonicotinoïdes, devant une commission mixte paritaire (CMP). Cette instance réunissant à huis clos sept députés et sept sénateurs devra s’accorder sur une version commune, en partant de la version déjà adoptée au Sénat.Dans l’hémicycle, à quelques dizaines de mètres de tracteurs réunis devant l’Assemblée à l’appel des Jeunes Agriculteurs et de la FNSEA, chaque camp a tenu l’autre pour responsable de la situation.”J’aurais aimé un débat constructif”, a assuré le député LR Julien Dive, coiffé de la double casquette singulière de rapporteur du texte et avocat de son rejet. Il a dénoncé “une stratégie d’obstruction massive, assumée, méthodique” pour “asphyxier le texte”, visant les quelque 1.500 amendements écologistes et 800 insoumis (sur près de 3.500 au total).”Vous inventez une nouvelle forme de 49.3, on est en train de marcher sur la tête”, a dénoncé la présidente du groupe LFI Mathilde Panot. Des députés de son groupe ont brandi des feuilles mentionnant des noms et des pathologies attribuées aux pesticides, telles que “Michel, cadre entreprise de semence, lymphome”.Mme Panot a aussi annoncé le dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou, sans garantie à ce stade que le reste de la gauche suive.Pour les écologistes, Delphine Batho a fustigé “un texte obscurantiste”, “visage du trumpisme à la française”. Le chef du groupe PS Boris Vallaud a lui fulminé contre “un déni de démocratie grave”.- Quel texte post-CMP ? -Ce texte suscite “de sérieuses inquiétudes et il ne doit pas servir de cheval de Troie pour affaiblir nos exigences environnementales”, a toutefois souligné à la tribune Sandrine Le Feur, présidente Renaissance de la commission du développement durable.Dans son viseur notamment, la réintroduction, à titre dérogatoire, de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018. Ses effets chez l’humain font l’objet d’inquiétudes, même si ces risques restent incertains, par manque d’études d’ampleur.Autorisé ailleurs en Europe, il est notamment réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n’avoir aucune autre solution contre les ravageurs. A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre “un tueur d’abeilles”.”Je suis très attachée aux pollinisateurs. On en a infiniment besoin”, a souligné la ministre Annie Genevard. “Mais est-ce que vous croyez que toutes les abeilles européennes sont mortes, sauf en France?” (où l’acétamipride était interdit), a lancé la ministre sur France 2.Après le vote, Greenpeace France a dénoncé dans un communiqué “un coup de force anti-démocratique et anti-écologique”.La FNSEA a salué, elle, “la responsabilité des députés”. “Le texte doit désormais être adopté au plus vite”, selon le syndicat agricole, qui a appelé “le gouvernement à annoncer immédiatement la date de la commission mixte paritaire”.En CMP, les parlementaires repartiront de la version du Sénat, donnant un avantage dans la négociation aux membres de la chambre haute. En cas d’accord, la mouture fera cependant encore l’objet d’un vote dans chaque chambre, et son équilibre sera particulièrement scruté à l’Assemblée.Car la version adoptée au Sénat, à l’initiative du LR Laurent Duplomb, contient des sujets clivants, comme le degré d’influence du gouvernement dans le travail de l’agence sanitaire Anses sur les autorisations de pesticides.sac-parl-tsz/jbo/ab

Ce que l’on sait des négociations commerciales entre l’UE et les Etats-Unis

Une menace de droits de douane de 50%, des invectives, une trêve soudaine, et beaucoup, beaucoup d’incertitudes: les négociations commerciales entre Washington et Bruxelles ressemblent à des montagnes russes.Voici ce que l’on sait lundi de ces tractations tendues.- Où en est-on? -Au cours des derniers mois, l’Union européenne a été frappée à trois reprises par des droits de douane de l’administration de Donald Trump: – 25% sur l’acier et l’aluminium, mi-mars,- 25% sur les automobiles, début avril,- 20% sur tous les autres produits européens, le 9 avril. Cette dernière taxe a toutefois été suspendue pour laisser une chance aux négociations et remplacée temporairement par un droit de douane de 10%.L’Union européenne a la charge de mener ces tractations avec Washington au nom des 27 Etats membres de l’UE. L’idée est de trouver un accord bénéfique pour les deux parties. Mais il n’y a pour l’heure aucun signe de percée.- Qui négocie? -Dépêché par Bruxelles pour négocier avec les Américains, le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic s’est rendu plusieurs fois à Washington et échange régulièrement avec Howard Lutnick et Jamieson Greer, deux responsables de l’administration Trump.Le responsable européen a encore loué lundi de “bons appels” avec MM. Lutnick et Greer, assurant que l’UE était “mobilisée” pour parvenir “rapidement” à un accord commercial. “Nous restons en contact permanent”, a-t-il affirmé. Le président américain Donald Trump et la cheffe de l’exécutif européen Ursula von der Leyen ont quant à eux eu des contacts plus sporadiques, dont une rencontre en marge des funérailles du pape François et un appel téléphonique dimanche.L’un des principaux obstacles aux pourparlers tient à la différence fondamentale de style entre les deux parties.”Les exigences de Trump traduisent une profonde frustration des Américains face à la méthode posée, professionnelle et bureaucratique de l’UE”, note Agathe Demarais, chercheuse du European Council on Foreign Relations.A l’inverse, l’équipe de M. Trump “cherche à signer rapidement des accords séduisants, même s’ils n’ont pas forcément beaucoup de substance”, analyse-t-elle.- Quelles sont les demandes du président Trump? -Peu de détails ont fuité des discussions.Mais M. Trump martèle qu’il veut éliminer le déficit commercial des Etats-Unis avec l’UE dans l’échange de biens. Il pousse notamment le Vieux Continent à acheter davantage de gaz naturel liquéfié (GNL) américain. Son équipe s’en prend aussi régulièrement aux barrières dites “non tarifaires” en vigueur dans l’UE: les réglementations sanitaires, les normes environnementales, des politiques de taux de change ou des mesures fiscales telles que la TVA. Bruxelles refuse catégoriquement d’abandonner certaines de ces mesures. Tout comme ses puissantes lois sur le numérique, régulièrement critiqués par les géants de la tech. – Et celles de l’UE? -L’UE veut à tout prix faire baisser la température et éviter des droits de douane XXL qui nuiraient à son économie, déjà enlisée dans une quasi-stagnation depuis fin 2022.Bruxelles affirme avoir présenté une proposition détaillée à Washington. Avec comme mesure principale une exemption de droits de douane totale et réciproque pour les produits industriels, dont les voitures. Mais M. Trump a déjà qualifié cette offre d’insuffisante.L’UE prépare parallèlement des mesures de riposte au cas où les négociations n’aboutiraient pas. Elle affirme être prête à taxer quelque 136 milliards de dollars de biens américains: des motos, avions, machines à coudre, etc.- Quelles sont les prochaines étapes? -D’après la présidente de la Commission européenne, l’objectif est que les négociations avancent de manière “rapide et décisive”.”Elle a dit qu’elle voulait entamer des négociations sérieuses”, a déclaré M. Trump dimanche, repoussant jusqu’au 9 juillet certaines des mesures américaines.Bruxelles espère que les deux dirigeants pourront échanger sur ce dossier en marge du sommet du G7, prévu au Canada à la mi-juin.

Pretoria a proposé d’acheter du gaz à Washington contre des exemptions de droits de douanes

L’Afrique du Sud a proposé d’acheter du gaz à Washington  en échange d’exemption de droits de douanes sur des quotas de véhicules, d’acier et d’aluminium exportés vers les Etats-Unis, a confirmé lundi à l’AFP le porte-parole du président sud-africain Cyril Ramaphosa.La rencontre de mercredi dernier à Washington entre ce dernier, qui préside actuellement le G20, et son homologue américain Donald Trump, marquée par la projection d’une vidéo censée prouver la prétendue “persécution” de fermiers blancs, visait à rebâtir la relation commerciale entre les deux pays après des mois d’attaques de la Maison Blanche.Une ministre auprès de la présidence sud-africaine avait évoqué dimanche dans le journal local Sunday Times les “grandes lignes” d’un accord comprenant l’achat aux Etats-Unis de gaz naturel liquéfié (GNL) à hauteur de “900 millions à 1,2 milliard de dollars” par an pendant dix ans, l’équivalent de 75 à 100 pétajoules de GNL.En échange, Pretoria souhaite obtenir pour ses exportations un “quota de 40.000 véhicules par an exonéré de droits de douane dans le secteur automobile” ainsi que “385.000 tonnes d’acier et de 132.000 tonnes d’aluminium” également exemptés de taxes douanières.”Ces chiffres figurent dans la proposition d’accord commercial que l’Afrique du Sud a présentée à l’USTR (Bureau du commerce américain, NDLR) pour examen et poursuite des négociations”, a expliqué lundi à l’AFP le porte-parole de la présidence sud-africaine Vincent Magwenya.La ministre auprès de la présidence mentionnait aussi dans la presse la “coopération dans des technologies cruciales, telles que la fracturation hydraulique” pour doper la production de gaz en Afrique du Sud.Jusqu’aux récents droits de douanes mis en place par Donald Trump dans l’automobile et la sidérurgie, Pretoria exportait environ 25.000 voitures particulières vers les Etats-Unis qui étaient exemptés de taxes douanières en vertu de l’AGOA, un ensemble de conditions d’exportations préférentielles que Washington accordait à de nombreux pays d’Afrique.Or l’AGOA, remis en cause par les taxes douanières déjà annoncées, arrive à échéance en septembre.L’organisation patronale du secteur automobile en Afrique du Sud (Naamsa) estime à 86.000 le nombre d’emplois liés directement à l’AGOA dans l’automobile, et à 125.000 en incluant leurs sous-traitants.Un “investissement dans les minerais importants” entre les deux pays était également évoqué sans plus de précision par la ministre auprès de la présidence.L’Afrique du Sud possède au niveau mondial plus des trois quarts des réserves des métaux rares du groupe du platine, d’après l’US Geological Survey, les plus grandes réserve de manganèse (un tiers) et figure sur le podium pour le chrome.

Christine Lagarde (BCE) critique les propos “terribles” de Trump sur l’UE

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a critiqué lundi le “langage terrible” du président Donald Trump à l’égard de l’Union européenne, en réponse à ses commentaires selon lesquels le bloc aurait été formé pour “nuire” aux États-Unis. Elle a déclaré à la chaîne allemande ARD que les États-Unis avaient encouragé la formation de l’Union européenne, ajoutant qu’affirmer “qu’elle avait été créée dans l’intention de réellement porter atteinte aux États-Unis est complètement contre-intuitif. Cela va à l’encontre de l’histoire. Et ce n’est certainement pas le but de cette région”.Le président américain a fait ce type de commentaires sur l’UE plus tôt cette année lorsqu’il a menacé de frapper le bloc avec de lourdes taxes douanières en raison de son excédent commercial avec les États-Unis.Mme Lagarde a estimé que les remarques de Donald Trump faisaient “partie de la provocation habituelle à laquelle nous nous habituons, malheureusement”, mais elle a encouragé l’UE à dialoguer avec les États-Unis pour essayer de parvenir à un accord. Dans sa dernière attaque contre l’UE, le président américain a menacé vendredi d’imposer des droits de douane de 50% sur le bloc à partir du 1er juin, estimant que les négociations “n’avancent nulle part”.Mais il a ensuite accepté dimanche de reporter la date fatidique de la mise en place des droits de douane sur les exportations de l’UE jusqu’au 9 juillet après un appel téléphonique avec le chef de l’UE Ursula von der Leyen. Pour Christine Lagarde, on ne peut pas “simplement rester les bras croisés et faire semblant”. “Nous devons engager le dialogue, nous devons travailler avec son équipe et nous devons écouter leur proposition. Nous devons faire des propositions et nous devons négocier”, a-t-elle martelé.L’UE reste soumise à une taxe de 10 % que Donald Trump a imposée le mois dernier sur les importations de presque tous les pays du monde, ainsi qu’à des droits de douane de 25% sur les voitures, l’acier et l’aluminium.Le responsable du commerce de l’UE et son homologue américain devaient s’entretenir lundi après-midi après que Donald Trump a fait marche arrière sur les droits de douane de 50%, selon la Commission européenne.Â