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Un millier de vols annulés en France au deuxième jour de grève de contrôleurs aériens

La fin de l’année scolaire en France ce vendredi rime avec galère pour des vacanciers qui comptaient voyager en avion: un millier de vols est encore annulé vendredi, en particulier dans les aéroports parisiens, au deuxième jour d’une grève de contrôleurs aériens.”Il faut se rendre compte qu’hier et aujourd’hui, 272 personnes dans notre pays vont impacter le bien-être de plus de 500.000 personnes. C’est inacceptable”, a déclaré vendredi matin sur CNews le ministre des Transports Philippe Tabarot. Des centaines de milliers de personnes ont déjà été affectées jeudi en France et en Europe par ce mouvement social, déclenché par deux syndicats minoritaires qui réclament une amélioration de leurs conditions de travail et des effectifs plus importants.Lara, 30 ans, devait prendre un vol Paris-Berlin avec son conjoint pour rendre visite à des amis. “Le vol était prévu jeudi soir, mais nous avons été informés mercredi qu’il avait été annulé. Nous avions pu prendre un autre billet gratuitement, pour vendredi soir, mais il a été supprimé à son tour”, explique-t-elle à l’AFP.”Il a fallu prendre en urgence des billets de train. Résultat, un surcoût de 100 euros et plusieurs heures de trajets en plus”, témoigne-t-elle.Autour de 1.000 vols sont annulés vendredi, au départ de la France ou à l’arrivée, selon la Direction générale de l’aviation civile, contre 933 jeudi. “Une catastrophe”, a dénoncé vendredi Laurent Abitbol, président du directoire des agences de voyage Selectour, sur France Inter. “J’ai beaucoup de clients qui sont bloqués dans le monde entier (…) Ce sera beaucoup d’argent perdu pour nos agents”, a-t-il ajouté.Le Premier ministre François Bayrou a jugé jeudi cette grève “choquante” en accusant les grévistes de “prendre en otage les Français” le jour où “tout le monde part en vacances”. – “La grève de trop” -Les effets du mouvement se font sentir au-delà des frontières nationales, la principale association européenne de compagnies aériennes, Airlines for Europe (A4E) ayant estimé qu’en Europe, 1.500 vols seraient annulés jeudi et vendredi, “affectant presque 300.000 passagers” sur le Vieux continent.”Cette grève est intolérable. Le contrôle aérien français est déjà responsable des retards parmi les pires en Europe, et maintenant, les agissements d’une minorité d’aiguilleurs du ciel français vont perturber les projets de vacances de milliers de personnes en France et en Europe”, a affirmé la directrice générale d’A4E, Ourania Georgoutsakou.Selon la DGAC, le taux de grévistes s’est établi à 26,2% jeudi, 272 contrôleurs ayant pris part au mouvement sur le millier de personnels de service.Le deuxième syndicat d’aiguilleurs du ciel, l’Unsa-Icna (17% des voix aux dernières élections professionnelles) a lancé ce mouvement pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants. Il a été rejoint par la troisième force syndicale de la profession, l’Usac-CGT (16%).Jeudi, des vols maintenus ont accusé d’importants retards, en particulier à Nice et Marseille. A4E a chiffré à “quasiment 500.000 minutes” cumulées jeudi les retards en Europe, sur près de 33.000 trajets commerciaux, de nombreux avions empruntant l’espace aérien français sans forcément atterrir dans le pays.La première compagnie aérienne européenne, Ryanair, a annoncé jeudi avoir dû annuler 400 vols, affectant 70.000 passagers. Son patron Michael O’Leary, familier des coups d’éclat, a dénoncé une situation provoquée “par un faible nombre de contrôleurs aériens français participant à des grèves récréatives” et exhorté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à réformer le contrôle aérien en Europe, où à défaut, à démissionner.La compagnie Air France a confirmé avoir été “contrainte d’adapter son programme de vols”, sans préciser le nombre d’annulations, mais souligné que tous les long-courriers étaient “maintenus” jeudi et vendredi.”La grève de trop” dans un contexte “problématique de performance globale médiocre de la navigation aérienne française pénalisant particulièrement les compagnies basées en France”, a dénoncé vendredi la Fédération nationale de l’aviation civile.- “Management toxique” -Une réforme contestée est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, à la suite d’un “incident grave” à l’aéroport de Bordeaux fin 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision. Une enquête en avait fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail des aiguilleurs, en dehors du cadre légal et sans respect du tableau de service.Parmi les griefs de l’Unsa-Icna: “un sous-effectif entretenu et responsable des retards une bonne partie de l’été”, des outils obsolètes et “un management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés”.Le premier syndicat d’aiguilleurs du ciel, le SNCTA (60% des voix), n’a pas appelé à la grève.

L’expulsion des Haïtiens, coup dur pour l’économie de la République dominicaine

La peur ne quitte plus Agamise Cheranfant, contraint à se cacher à la fin de sa journée de travail dans les champs de bananes de République dominicaine. Cet Haïtien vit sans papiers, dans la hantise d’être expulsé. La politique de fermeté contre l’immigration illégale du gouvernement dominicain se répercute sur les exploitations de banane, un secteur déjà fragilisé et qui dépend grandement de la main-d’Å“uvre étrangère, à l’instar d’autres pans de l’agriculture mais aussi des secteurs du tourisme et du BTP où les ouvriers sont en majorité haïtiens. Les plantations situées à Mao (nord-ouest) emploient peu de Dominicains pour la récolte de bananes, synonyme de journées harassantes sous un soleil ardent. Un travail pénible et peu rémunéré: 800 pesos par jour, soit moins de 14 dollars.A la difficulté du labeur s’ajoute désormais, pour les salariés haïtiens, la crainte d’être expulsés.”Nous sommes toujours effrayés, toujours cachés”, explique à l’AFP Agamise Cheranfant, 33 ans, dans un espagnol rudimentaire. “Nous fuyons le matin, la nuit, à trois heures, une heure du matin. Tu dors avec la peur, tu manges avec la peur. Nous ne pouvons pas vivre tranquilles”, raconte-t-il. – Expulsions à tout-va – La République dominicaine partage l’île caribéenne d’Hispaniola avec Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques, mis à genoux par des gangs violents accusés de meurtres, de viols et d’enlèvements.La violence à Haïti s’est intensifiée au cours de l’année écoulée et un nombre record de près de 1,3 million de personnes ont été forcées de fuir les violences pour trouver refuge ailleurs dans leur pays, selon l’ONU.  Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, le président dominicain Luis Abinader, réélu triomphalement en 2024, a durci la politique migratoire du pays, lançant notamment la construction d’un mur le long de la frontière avec Haïti. Son gouvernement a multiplié les contrôles et les expulsions de sans-papiers, allant même jusqu’à arrêter des Haïtiennes qui venaient d’accoucher. Au premier semestre 2025, plus de 200.000 Haïtiens ont ainsi été renvoyés dans leur pays. Pour l’association des constructeurs (Acoprovi), ces “opérations de rapatriement désordonnées” ont entraîné une “réduction de la disponibilité de main-d’Å“uvre” pour des tâches qui “ne suscitent pas l’intérêt des Dominicains”. Dans certaines zones, l’offre de main d’Å“uvre a chuté de 40% à 80%. Le tourisme, par exemple, “a été affecté dans des secteurs comme la cuisine”, explique Henri Hebrard, économiste et conseiller dans le secteur public et privé. Les secteurs du bâtiment et de l’agriculture s’accordent sur la nécessité d’un plan de régularisation pour ces travailleurs indispensables. Acoprovi propose la délivrance de 87.000 permis de travail temporaires. Les producteurs de bananes recensent eux 15.000 ouvriers haïtiens. Le gouvernement, pour l’instant, n’a montré aucun signe d’inflexion.- Travailleurs “nomades” – La République dominicaine exporte des bananes vers plusieurs pays d’Europe, des Caraïbes et des États-Unis. Cette culture fait partie des 5,6% que pèse le secteur agricole dans le PIB du pays.  La banane dominicaine était déjà en crise, frappée par la météo, les ravageurs et l’augmentation des coûts. La production a chuté de 44% entre 2021 et 2024, selon les chiffres de l’association de producteurs Adobanano.S’ajoute désormais à ce tableau sombre l’incertitude provoquée par le manque de main-d’Å“uvre. “Ici, les effectifs ont diminué de plus de 50%” à cause des expulsions, observe le producteur Osvaldo Pineo.Une partie des ouvriers haïtiens travaille désormais “de manière nomade”, souligne-t-il. “Aujourd’hui, ils vous offrent le service mais demain, vous ne savez pas si vous l’aurez”. Pour les employeurs aussi, un risque existe. “Si vous les faites monter dans un véhicule et qu’il est contrôlé (par les autorités), vous êtes accusé d’être un trafiquant de personnes sans papiers”, se désole le producteur.

“Grand intérêt pour des pays émergents”: le bras privé de la Banque mondiale augmente ses investissements

Dans un monde secoué par la politique économique de Donald Trump et la menace d’une guerre commerciale à grande échelle, la Société financière internationale, bras privé de la Banque mondiale, nage à contre-courant avec une pluie d’investissements.La SFI, basée à Washington, gère des capitaux privés pour financer des entreprises d’économies émergentes. Peu connue en dehors des sphères du développement économique, elle joue un rôle majeur dans dans la promotion du secteur privé au sein de ces pays et permet d’attirer des investissements étrangers.Et avec brio, selon son patron: “L’économie mondiale a traversé une période compliquée, mais je dois dire que malgré ces turbulences, nous voyons un grand intérêt pour l’investissement dans des pays émergents”, souligne Makhtar Diop lors d’un entretien avec l’AFP.Et les résultats le montrent. Au cours de l’exercice fiscal qui s’est achevé le 30 juin, les chiffres préliminaires montrent que la SFI a versé plus de 71 milliards de dollars, soit le double environ du montant d’il y a seulement trois ans et bien plus que les 56 milliards de l’année dernière.Ses investissements ont afflué vers des pays du monde entier, avec plus 20 milliards en Amérique latine, 17 vers l’Asie et 15,4 pour l’Afrique.Un succès lié au changement de stratégie de la SFI, selon son chef M. Diop, aussi ancien ministre de l’Economie du Sénégal, qui souligne une structure “plus simple, plus agile, et qui délègue les prises de décision” aux équipes sur le terrain, devenant ainsi de moins en moins centralisée. La situation économique actuelle explique aussi l’augmentation des investissements, dans un moment où les économies occidentales déboursent moins d’aide aux pays en développement, contraintes par des dettes croissantes, des dépenses de défense en hausse et des politiques de repli économique.”Il est tout à fait compréhensible qu’elles aient moins de ressources à disposition pour des subventions à destination de pays en développement”, souligne Makhtar Diop.- De Dubaï à l’Afrique -Le rôle de la SFI au sein de la Banque mondiale (BM) ne cesse de grandir. Ses financements sont aujourd’hui quasi équivalents à ceux de la BM auprès de gouvernements du monde entier.L’organisation attire de nouveaux types d’investisseurs.Beaucoup d’entre eux viennent de régions du globe qui, traditionnellement, n’investissent pas en dehors de leur zone d’origine.Un des plus gros investissements de la SFI dans les énergies renouvelables en Afrique a ainsi été réalisé avec une société basée à Dubaï.Selon M. Diop, ces investisseurs font confiance à la SFI pour sa connaissance du marché et les outils qu’elle propose pour réduire les risques.En Afrique, la SFI identifie et soutient des “champions nationaux”, soit des entreprises locales prometteuses qui ont besoin d’aide pour devenir plus compétitives. Une importante portion de cette aide est dédiée aux projets de développement durable, souligne M. Diop, pour qui développement économique et respect de l’environnement peuvent aller de pair, en particulier pour les projets d’électricité. “Les solutions durables sont souvent les moins chères, et c’est cette beauté que l’on voit”, déclare-t-il.Derrière ces investissements se cache une réalité démographique: 1,2 milliard de jeunes atteindront l’âge de travailler dans les pays en développement au cours de la prochaine décennie.”La première question de tout dirigeant d’un pays en développement est de savoir comment vous allez aider à créer des emplois pour les jeunes”, souligne Makhtar Diop.Et pour la SFI, l’aide économique vise justement à absorber grâce à des entreprises la prochaine vague de jeunes travailleurs qui déferlera sur le monde du travail.

En Corse, la PJ pointe “l’emprise de type mafieux” de 20 bandes criminelles

En Corse, 20 équipes criminelles articulées en “deux blocs” exercent une “emprise de type mafieux” en tentant de “dominer les activités légales” les plus juteuses, révèle une note de la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) consultée par l’AFP.Cette fiche confidentielle, rédigée en 2025 par le service information, renseignement et analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco) de la DNPJ et révélée par Le Monde, précise que “la majorité” de ces 20 bandes criminelles “ont pénétré les secteurs politiques, sociaux et économiques de l’île, et cherchent à dominer les activités légales qui leur semblent les plus lucratives”: BTP, immobilier, restauration, hôtellerie, ou batellerie.Si ces groupes sont “autonomes”, ils “ne fonctionnent pas pour autant de manière isolée”, développant “des stratégies d’alliance autour d’intérêts communs qui les conduisent à se rendre des services mutuels” pour “éviter les conflits ouverts”, analyse ce document.Pointant un “paysage instable depuis quelques mois”, les policiers l’expliquent par “une vaste recomposition bousculant les équilibres locaux et laissant craindre une escalade des tensions” dans l’île, où sept homicides dont six règlements de compte ont été commis depuis le début de l’année.Deux blocs majeurs sont identifiés, “ce qui pourrait constituer les prémices d’un nouvel équilibrage”, écrivent-ils.D’un côté, la bande criminelle du Petit Bar, dont le noyau dur vient d’être condamné à Marseille à des peines de 10 à 13 ans de prison, “reste très influente, à la tête d’une manne financière conséquente”. Elle “dispose de nombreuses connexions dans les milieux politiques et économiques et a développé des ramifications en France et à l’étranger”.Le “Petit Bar” est considéré comme allié à des “mafionalistes”, néologisme mêlant mafia et nationalistes, dont la tête serait Pierre Paoli en Corse-du-Sud.Chef présumé du mouvement clandestin FLNC UC (Front national de libération corse Union des combattants) pour la Corse-du-Sud et aujourd’hui cadre du parti indépendantiste Nazione, Pierre Paoli serait, selon le Sirasco, à la tête de “l’une des équipes les plus puissantes actuellement”, cherchant “à dominer certains secteurs (BTP, restauration) par des méthodes illégales”.- “Vendetta” -Ce premier bloc est également composé des équipes criminelles baptisées du nom de leur chefs locaux présumés: Lucchini, Pantalacci, Carboni et Costa.L’ancien militant indépendantiste Alain Lucchini est ainsi présenté comme le “patron occulte de la chambre de commerce et d’industrie d’Ajaccio” mais “suffisamment discret pour ne pas être trop inquiété judiciairement”.Originalité de ce premier bloc, Yassine Akhazzane, incarcéré avec une vingtaine de condamnations à son casier, serait parvenu “à constituer la première équipe du banditisme insulaire construite autour d’individus issus de la communauté maghrébine et des gens du voyage”.Son groupe, qui a étendu “son influence de Propriano à Ajaccio”, “pourrait profiter des connexions de Yassine Akhazzane avec les milieux marseillais et niçois pour poursuivre son développement”, “notamment la DZ Mafia”, note le Sirasco.Face à eux, dans l’autre alliance d’équipes criminelles, figurent les clans Mattei, Luciani, Sisti, Germani et Codaccioni. En Haute-Corse, le clan Mattei, bien connu depuis des décennies pour sa “vendetta historique” avec la famille Costa, est présenté comme “l’une des équipes les plus puissantes du moment”, en particulier dans les stupéfiants.Cette note ayant été rédigée il y a plusieurs mois, elle ne prend pas en compte le possible affaiblissement de la bande par une série d’arrestations de ses membres, fin juin, dans l’enquête sur l’assassinat, en janvier, de Camille Orsoni, considéré comme proche des Costa.Autre allié de ce second bloc, la bande dite des “Africains”, surnommés ainsi pour leur lien entre le Gabon et la Corse, autour de l’homme d’affaires corse Michel Tomi.Dirigée par Jean-Luc Codaccioni junior, dont le père a été tué dans le double assassinat de Bastia-Poretta en décembre 2017, cette bande “dispose d’une surface financière considérable qui lui permet de sous-traiter à des hommes de main l’exécution de contrats portant sur des projets criminels”, précise le Sirasco.Codaccioni junior poursuivrait “une vendetta” contre “l’alliance Guazzelli-Michelosi-Mariani” qui a été condamnée pour l’assassinat de son père. “Les Africains” chercheraient aussi à “s’établir en Balagne” (nord-ouest), où une série d’incendies criminels a visé récemment des bateaux de promenade en mer, avance cette note du renseignement.

Des entreprises “profitent” du “génocide” des Palestiniens, dit une experte de l’ONU

Des entreprises “ont profité de l’économie israélienne d’occupation illégale, d’apartheid et maintenant de génocide”, a estimé jeudi la rapporteure spéciale de l’ONU pour les Territoires palestiniens, Francesca Albanese.Mme Albanese a présenté au Conseil des droits de l’homme des Nations unies un rapport intitulé “De l’économie de l’occupation à l’économie du génocide”, dans lequel sont étudiés “les mécanismes des entreprises qui soutiennent le projet colonial israélien de déplacement et de remplacement des Palestiniens”.La mission d’Israël à Genève a affirmé que le rapport de Mme Albanese était motivé par son “programme obsessionnel et haineux visant à délégitimer l’État d’Israël”.La situation dans la bande de Gaza et en Cisjordanie est “apocalyptique”, a fait valoir Mme Albanese. “A Gaza, les Palestiniens continuent d’endurer des souffrances qui dépassent l’imagination”. – Une “machine à effacer” -“Des fabricants d’armes aux géants de la technologie, en passant par les banques, les entreprises énergétiques, les plateformes en ligne, les supermarchés et les universités, les entreprises ont fourni les outils, le financement, les infrastructures et la légitimité de cette machine à effacer”, a accusé Mme Albanese devant l’organe suprême de l’ONU chargé des droits de l’homme. “Les colonies s’étendent, financées par les banques et les assureurs, alimentées par les combustibles fossiles et normalisées par les plateformes touristiques, les chaînes de supermarchés et les institutions universitaires”, a-t-elle dit. “Tout cela a contribué à renforcer l’apartheid et à permettre la destruction lente et inexorable de la vie des Palestiniens”, a jugé cette experte, dont la présentation a été accueillie par des applaudissements dans l’hémicycle.Mme Albanese fait depuis longtemps l’objet de demandes de révocation de la part d’Israël et de certains de ses alliés en raison de ses accusations. Elle a été nommée par le Conseil des droits de l’homme mais ne parle pas au nom des Nations unies. – Profiter de la violence -Mme Albanese a précisé devant la presse qu’elle avait contacté les 48 entreprises citées dans son rapport, que 18 d’entre elles lui avaient répondu et que, parmi celles-ci, “seul un petit nombre avaient accepté d’être interrogées de bonne foi”, la plupart “disant qu’il n’y avait absolument rien de mal”. Mais elle a ajouté que le nombre des entreprises concernées pourrait être supérieur à mille. “Des personnes et des organisations ont profité de la violence et des meurtres”, a-t-elle dénoncé. “Mon rapport expose un système, quelque chose de si structurel, répandu et systémique qu’il n’y a aucune possibilité d’y remédier : il faut le démanteler”. L’AFP a demandé un commentaire à plusieurs entreprises citées dans le rapport. Certaines n’ont pas répondu.”Nous pensons qu’il ne nous appartient pas de décider où quelqu’un peut ou ne peut pas voyager”, a plaidé la plateforme de voyage Booking.com. Un cabinet de communication représentant Microsoft a répondu que ce géant de la technologie n’avait “aucun commentaire à faire”.Le géant danois du transport maritime Maersk a assuré avoir “maintenu une politique stricte consistant à ne pas expédier d’armes ou de munitions à Israël” depuis le début de la guerre entre ce pays et le Hamas. “Nous respectons évidemment les droits de l’homme”, a réagi un porte-parole du constructeur suédois de poids lourds Volvo, précisant : “Nous vendons par l’intermédiaire de revendeurs”. Glencore, un groupe suisse d’exploitation minière et de négoce de matières premières, a rejeté “catégoriquement toutes les accusations”, les considérant “dépourvues de tout fondement juridique”.L’experte de l’ONU a relevé que les consommateurs avaient “la possibilité de demander des comptes à ces entreprises car nous votons en quelque sorte avec nos portefeuilles”. rjm-burx/ial/bds

Le secteur touristique prévient que faute de stratégie, la France risque de se faire distancer

Pour retrouver sa place de leader du tourisme, la stratégie de la France ne peut se contenter du cap de 100 millions de visiteurs étrangers affiché par les pouvoirs publics, déplorent les professionnels du secteur en appelant à davantage d’investissements, lors d’un colloque organisé jeudi par l’Alliance France Tourisme.”La France n’est plus le leader mondial du tourisme” et perd des parts de marché dans un secteur de plus en plus concurrentiel, a déploré auprès de l’AFP Dominique Marcel, président de l’Alliance France Tourisme.Selon lui, ce cap de 100 millions de visiteurs étrangers franchi en 2024 ne “veut pas dire grand-chose, puisque ce qui est important, c’est la dépense touristique”.Avec 71 milliards d’euros de recettes touristiques l’an dernier, la France s’est classée à la quatrième position en la matière, loin derrière les 126 milliards d’euros de l’Espagne, qui est numéro un avec pourtant moins de visiteurs.Et c’est sans compter la concurrence ces dernières années de destinations qui montent en puissance comme Dubaï ou plus récemment l’Albanie, soulignent les professionnels.”Ce qu’on veut, c’est passer d’une approche en volume à une approche en valeur”, poursuit M. Marcel, c’est-à-dire viser des touristes qui dépensent davantage.Il juge qu’à l’heure du surtourisme, il n’est pas forcément pertinent de vouloir faire venir de plus en plus de visiteurs, sachant que la durée moyenne de séjours est plus courte en France que dans d’autres pays.L’Alliance France Tourisme, groupe de réflexion qui réunit notamment des entreprises comme Accor, SNCF Connect, European Camping Group, ou encore la Compagnie des Alpes, a conclu jeudi un partenariat avec Régions de France, l’institution qui regroupe les régions françaises.”Il faut changer le marketing (touristique). Ce n’est pas la quantité qui compte mais la qualité”, a indiqué Franck Louvrier, maire de La Baule et chargé du tourisme auprès de Régions de France.Pour lui, le pays doit investir dans les modes de transport, en s’appuyant par exemple sur les 450 aérodromes et aéroports du territoire, “une opportunité formidable”.Il a estimé aussi que plus de moyens devraient être mis sur le tourisme d’affaires, en rénovant les structures de type palais des congrès “construites dans les années 80”.- JO 2030 -Pour Pascal Savary, PDG du fonds Atream, qui a repris en 2022 le groupe Pierre et Vacances/Center Parcs (PVCP), numéro un européen des résidences de tourisme, le secteur doit “parler beaucoup plus aux grands investisseurs” qui gèrent les 2.000 milliards d’euros d’encours de contrats d’assurance vie en France.Il a ainsi annoncé lancer à la rentrée “un fonds de 800 millions d’euros pour investir en France dans les territoires” avec “un grand groupe financier français”.Les investissements doivent également aller vers l’augmentation de l’offre d’hébergement touristique, a renchéri Vanguélis Panayotis de MKG Consulting, spécialiste du secteur: “depuis 2004, on n’a pas créé en solde net d’hébergement marchand”, l’augmentation de la capacité d’hébergement venant uniquement des locations entre particuliers type Airbnb.Une augmentation de l’offre d’hébergements d’autant plus importante que la France se prépare pour les Jeux olympiques d’hiver 2030, a fait valoir Pierre-Antoine Molina, délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques (JOP): “on avait sous-estimé l’hébergement lors des JO d’Albertville (en 1992, NDLR). Là, on a l’occasion de rénover et de moderniser”.Il souhaite notamment s’attaquer “à la problématique des lits froids”, ces logements de montagne rarement occupés par leurs propriétaires et non proposés à la location.L’expérience récente des JO de Paris, une réussite selon les participants au colloque, devrait également servir aux organisateurs des JO 2030.Alors que les professionnels du tourisme souhaitent mieux capitaliser sur les JO de Paris, M. Molina a reconnu que “le tourisme n’est peut-être pas le domaine pour lequel on a le plus planifié l’héritage des JO”. L’un des enjeux est notamment la récupération et l’utilisation des données des 1,2 million de visiteurs passés dans la région pour l’événement. Il a aussi indiqué que les autorités étaient “à pied d’Å“uvre” pour tenter de bâtir des itinéraires de tourisme sportif.

Deuxième journée de grève de contrôleurs aériens, en pleins grands départs

Fin d’année scolaire risque de rimer avec galère vendredi pour ceux qui ont choisi l’avion: des centaines de vols vont encore être annulés, en particulier dans les aéroports parisiens, au deuxième jour d’une grève de contrôleurs aériens.Des centaines de milliers de personnes ont déjà été affectées jeudi en France et en Europe par ce mouvement social, déclenché par deux syndicats minoritaires qui réclament une amélioration de leurs conditions de travail et des effectifs plus importants.La Direction générale de l’aviation civile a chiffré à 933 le nombre de vols supprimés jeudi au départ ou à l’arrivée de la France, soit environ 10% des vols initialement prévus. Localement, ces taux ont été bien plus élevés: 50% à Nice, troisième aéroport français, et 25% à Paris-Charles-de-Gaulle et Orly, où transitent 350.000 personnes par jour au total en période estivale.Vendredi, jour de grands départs, la situation sera encore plus tendue dans les aéroports parisiens, puisque la DGAC a demandé aux compagnies de réduire leurs programmes de vols de 40%.Le Premier ministre François Bayrou a jugé cette grève “choquante”. “C’est prendre en otage les Français que de choisir le jour où tout le monde part en vacances pour faire une grève du contrôle aérien”, a-t-il affirmé jeudi soir sur BFMTV.- “Intolérable” -Les effets du mouvement se font sentir au-delà des frontières nationales, la principale association européenne de compagnies aériennes, Airlines for Europe (A4E) ayant estimé qu’en Europe, 1.500 vols seraient annulés jeudi et vendredi, “affectant presque 300.000 passagers” sur le Vieux continent.”Cette grève est intolérable. Le contrôle aérien français est déjà responsable des retards parmi les pires en Europe, et maintenant, les agissements d’une minorité d’aiguilleurs du ciel français vont perturber les projets de vacances de milliers de personnes en France et en Europe”, a affirmé la directrice générale d’A4E, Ourania Georgoutsakou.Selon la DGAC, le taux de grévistes s’est établi à 26,2% jeudi, 272 contrôleurs ayant pris part au mouvement sur le millier de personnels de service.Le deuxième syndicat d’aiguilleurs du ciel, l’Unsa-Icna (17% des voix aux dernières élections professionnelles) a lancé ce mouvement pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants. Il a été rejoint par la troisième force syndicale de la profession, l’Usac-CGT (16%).Toute la journée de jeudi, des vols maintenus ont accusé d’importants retards, en particulier à Nice et Marseille. A4E a chiffré à “quasiment 500.000 minutes” cumulées jeudi les retards en Europe, sur près de 33.000 trajets commerciaux, de nombreux avions empruntant l’espace aérien français sans forcément atterrir dans le pays.La première compagnie aérienne européenne, Ryanair, a annoncé jeudi avoir dû annuler 400 vols, affectant 70.000 passagers. Son patron Michael O’Leary, familier des coups d’éclat, a dénoncé une situation provoquée “par un faible nombre de contrôleurs aériens français participant à des grèves récréatives” et exhorté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à réformer le contrôle aérien en Europe, où à défaut, à démissionner.Air France a confirmé avoir été “contrainte d’adapter son programme de vols”, sans préciser le nombre d’annulations, mais souligné que son réseau long-courrier n’avait pas été affecté jeudi.La grève fait perdre “des millions d’euros” aux compagnies aériennes, a prévenu jeudi le ministre des Transports Philippe Tabarot, en répétant ne pas vouloir céder aux demandes “inacceptables” des syndicats.- “Management toxique” -Une réforme contestée est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, à la suite d’un “incident grave” à l’aéroport de Bordeaux fin 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision. Une enquête en avait fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail des aiguilleurs, en dehors du cadre légal et sans respect du tableau de service.Parmi les griefs de l’Unsa-Icna: “un sous-effectif entretenu et responsable des retards une bonne partie de l’été”, des outils obsolètes et “un management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés”.Le premier syndicat d’aiguilleurs du ciel, le SNCTA (60% des voix), n’a pas appelé à la grève.

Avec le vote de sa grande loi budgétaire, Trump remporte une victoire majeure

Donald Trump a remporté jeudi la première victoire législative majeure de son second mandat avec l’adoption au forceps par le Congrès d’un grand projet de loi budgétaire qui acte des baisses des impôts et des coupes dans la protection sociale des Américains.Le président républicain doit promulguer ce texte, qu’il a baptisé “grande et belle loi” et dont il a fait la clé de voûte de son programme économique, vendredi, jour de la Fête nationale américaine, comme il le souhaitait ardemment.Cette loi prévoit la prolongation de colossaux crédits d’impôt adoptés lors du premier mandat du milliardaire, l’élimination de l’imposition sur les pourboires, promesse phare de sa campagne, ainsi que des milliards de dollars supplémentaires pour la défense et la lutte contre l’immigration.Pour compenser en partie le creusement attendu du déficit, le texte prévoit notamment d’importantes coupes dans Medicaid, programme public d’assurance santé dont dépendent des millions d’Américains aux faibles revenus, une réduction drastique du principal programme d’aide alimentaire du pays de même que la suppression de nombreuses incitations fiscales en faveur des énergies renouvelables adoptées sous Joe Biden.Après le Sénat, qui l’avait approuvé mardi de justesse, la Chambre des représentants a adopté définitivement ce texte imposant (869 pages), lors d’un vote très serré jeudi, précédé de multiples pressions et tractations.Cette loi propulsera l’économie américaine telle une “fusée”, a estimé Donald Trump, qui se rend vendredi à un meeting dans l’Iowa (centre) pour lancer les célébrations du 250e anniversaire des Etats-Unis, en 2026.Selon Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche,”ce texte rassemble toutes les politiques sur lesquelles le président a fait campagne et pour lesquelles les Américains ont voté”.La cérémonie de signature est prévue à la Maison Blanche vendredi à 16h00 (20H00 GMT).- Deux républicains contre -Pour dénoncer cette “monstruosité répugnante” qui “fera souffrir les Américains ordinaires”, le chef de file des élus démocrates Hakeem Jeffries a prononcé jeudi un discours de près de neuf heures -un record à la Chambre des représentants- afin de repousser au maximum le vote final.Une fois le scrutin remporté par 218 voix contre 214, des parlementaires ont scandé “USA, USA, USA!” dans l’hémicycle.Seulement deux élus de la majorité conservatrice ont finalement voté “contre”, résultat de la pression maximale exercée par les dirigeants du Parti républicain et par Donald Trump lui-même. Le parti présidentiel ne pouvait pas se permettre plus de trois défections dans son propre camp.Mercredi soir, le président avait élevé le ton et fait part sur son réseau Truth Social de son impatience: “Qu’est-ce que les républicains attendent?”.Le chef de l’Etat a parlé au téléphone à des élus récalcitrants de son camp jusqu’à tard dans la nuit pour les convaincre, selon le chef de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson.- Dizaines d’amendement -L’explosion attendue du déficit public a rendu l’adoption de la loi difficile pour de nombreux républicains attachés au sérieux budgétaire.Le Bureau budgétaire du Congrès, chargé d’évaluer de manière non partisane l’impact des projets de loi sur les finances publiques, estime en effet que le texte augmenterait la dette de plus de 3.400 milliards de dollars d’ici 2034.”Je suis venu à Washington (en tant qu’élu, ndlr) pour aider à freiner notre dette nationale”, avait ainsi affirmé le républicain Keith Self en exprimant son opposition au texte avant de finalement rentrer dans le rang.Le projet de loi avait été adopté au Sénat de justesse, mardi, après 26 heures de votes sur des dizaines d’amendements. Les démocrates, minoritaires dans les deux chambres du Congrès, n’ont pu que retarder son adoption, à l’image du long discours de leur chef de file à la Chambre.”Dix-sept millions de personnes viennent de perdre leur assurance santé”, a dénoncé le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, qui s’affirme comme une figure majeure de l’opposition à Donald Trump.L’ancien président démocrate Joe Biden a, lui, dénoncé une loi “irresponsable” et “cruelle” pour les Américains les moins fortunés.

Finances publiques: les grandes entreprises (Afep) appellent à “agir maintenant”

Patricia Barbizet, la présidente de l’association française réunissant les 117 plus grandes entreprises françaises (Afep), a appelé jeudi à “agir maintenant” face à la situation “difficile” des finances publiques de la France, estimant leur redressement encore “possible”.Le Premier ministre François Bayrou a annoncé jeudi sur BFMTV qu’il présenterait son plan de redressement des finances publiques et ses orientations budgétaires le mardi 15 juillet.Pour réduire le lourd déficit du pays, attendu à 5,4% du PIB en 2025 et à 4,6% en 2026, le gouvernement ambitionne un effort budgétaire de 40 milliards d’euros dans le cadre du projet de budget pour 2026. “Oui, la situation des finances publiques est difficile et oui, il va falloir réagir. Et c’est encore possible”, a déclaré Patricia Barbizet, la présidente de l’Association française des entreprises privées lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence. “On est à un moment charnière. Je pense que c’est vraiment maintenant qu’il faut agir, peut-être la dernière chance”, a-t-elle ajouté. François Bayrou a dit qu’il présenterait le 15 juillet les moyens d’un plan sur “quatre ans”, visant à “revenir (…)  à un certain équilibre des finances publiques” afin qu’on “touche le point où la dette n’augmente plus”. Il a estimé possible d’y arriver en 2029, l’objectif du gouvernement étant de ramener le déficit public sous le seuil de 3% du PIB à cet horizon. Evoquant les enjeux environnementaux, concurrentiels, technologiques ou démographiques, la présidente de l’Afep a estimé que “la France ne peut pas s’exonérer et passer à côté de ces défis”. “Or, notre situation budgétaire ne répond plus à ces besoins”, a-t-elle développé, appelant à investir, innover et travailler davantage dans le pays. Pour elle, “il faut cesser d’augmenter les impôts” car “on a la fiscalité comme les dépenses les plus élevées”. Il faut “un cadrage simple et lisible” sans changer “les règles toutes les dix minutes”. “La défiance des ménages et des investisseurs s’installe, et c’est un risque de crise supplémentaire. Nous devons donc redonner de la crédibilité, de la stabilité aux finances publiques”, a-t-elle insisté. L’Afep indique que ses entreprises emploient 12% des salariés du secteur privé en France et représentent 15% de son PIB marchand.

Victoire majeure pour Trump avec l’adoption de son vaste projet de loi budgétaire

Donald Trump a remporté jeudi la première victoire législative majeure de son second mandat après l’adoption au forceps par le Congrès américain d’un grand projet de loi budgétaire, clé de voûte de son programme économique.Après le Sénat, qui l’avait approuvé mardi de justesse, la Chambre des représentants a adopté définitivement ce texte de 869 pages baptisé “grande et belle loi” par le président lui-même, là encore au terme d’un vote serré, précédé de multiples pressions et tractations.”VICTOIRE”, a immédiatement réagi la Maison Blanche dans un message sur X.Initialement prévu mercredi, le vote final n’a eu lieu que jeudi en début d’après-midi à Washington. Il s’est tenu après un discours de près de neuf heures -un record à la Chambre des représentants- du chef de file des élus démocrates, Hakeem Jeffries, qui a tenté de repousser le vote au maximum.L’opposition affichée de plusieurs élus conservateurs -qui dénonçaient le creusement de la dette publique attendu avec cette législation- avait auparavant forcé les responsables républicains à le retarder.Avec une majorité de seulement huit sièges, le parti présidentiel ne pouvait pas se permettre plus de trois défections dans son propre camp.Seulement deux républicains ont finalement voté “contre”, aboutissement de négociations en coulisses menées par le président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, avec l’aide du locataire de la Maison Blanche.- Téléphone -Plus tôt, Donald Trump avait commencé à élever le ton.”Qu’est-ce que les républicains attendent??? Qu’est-ce que vous essayez de prouver???”, avait-il lancé sur sa plateforme Truth Social peu après minuit.”MAGA n’est pas content, et ça vous coûte des voix”, avait ajouté tout en majuscules le tempétueux président de 79 ans, en référence à son mouvement “Make America Great Again”.Il a parlé au téléphone à des républicains récalcitrants jusqu’à tard dans la nuit pour les convaincre, selon Mike Johnson.Depuis plusieurs semaines, le président presse le Congrès d’adopter sa “One Big Beautiful Bill” avant vendredi, jour de la fête nationale, qu’il a fixé comme échéance symbolique pour la promulgation de cette loi.Elle prévoit la prolongation de colossaux crédits d’impôt adoptés lors du premier mandat du républicain, l’élimination de l’imposition sur les pourboires, promesse phare de sa campagne, de même que des milliards de dollars supplémentaires pour la défense et la lutte contre l’immigration.Selon des analyses indépendantes, les principaux bénéficiaires seront cependant les ménages les plus aisés, tandis que des millions d’Américains aux revenus modestes pourraient perdre leur accès à des programmes publics d’assurance santé ou d’aide alimentaire.- “Freiner notre dette” -Experts comme politiques pointent aussi du doigt l’explosion attendue du déficit public.Le Bureau budgétaire du Congrès, chargé d’évaluer de manière non partisane l’impact des projets de loi sur les finances publiques, a estimé mardi que le texte augmenterait la dette de plus de 3.400 milliards de dollars d’ici 2034.”Je suis venu à Washington pour aider à freiner notre dette nationale”, a affirmé Keith Self, un élu républicain à la Chambre, pour justifier avoir voté “non” lors du vote de procédure, qui a eu lieu dans la nuit.L’élu texan a accusé ses collègues du Sénat d’avoir “piétiné” la version précédemment adoptée à la Chambre, avant d’ajouter qu’au bout du compte c’était pour lui “une question de morale”.Comme plusieurs autres collègues, il a finalement changé son vote en “pour” quelques heures plus tard.Pour compenser en partie le creusement du déficit, les républicains prévoient de sabrer dans Medicaid, programme public d’assurance santé dont dépendent des millions d’Américains aux faibles revenus.Une réduction drastique du programme Snap, principale aide alimentaire du pays, est également prévue, de même que la suppression de nombreuses incitations fiscales en faveur des énergies renouvelables adoptées sous Joe Biden.Sans surprise, les démocrates s’opposent en bloc au texte.Pour Hakeem Jeffries, cette loi est une “monstruosité répugnante” qui “fera souffrir les Américains ordinaires” au profit des plus riches.