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Chez Vinci, Xavier Huillard prend du champ, une page se tourne

Le PDG de Vinci Xavier Huillard quitte jeudi la direction générale du géant du BTP, de l’énergie, et des concessions d’aéroports et d’autoroutes, après une assemblée générale des actionnaires qui devrait amorcer le processus de succession en nommant au conseil d’administration Pierre Anjolras, venu de Vinci Construction.A quelques semaines de son 71e anniversaire, M. Huillard conservera au moins jusqu’à l’AG de 2026 la présidence du groupe, dont il est un pur produit et qu’il façonne depuis 2010, année où il en est devenu le PDG.Ce “vieux loup de mer qui ne se la pète pas”, selon un observateur avisé du monde entrepreneurial français, a marqué Vinci au point qu’il s’identifie au groupe et refuse les interviews qui n’en parlent pas, selon son entourage.”C’est un groupe qui n’a pas d’équivalent dans le monde et qui doit beaucoup à Xavier Huillard”, seulement le deuxième patron depuis la création de l’entreprise en 2000, après Antoine Zacharias, relève l’observateur.Issu d’une myriade de sociétés du bâtiment, Vinci est entré dès 2002 dans la cour des “géants mondiaux” de l’indice CAC40 aux côtés de TotalEnergies, Saint-Gobain, Hermès ou LVMH.Admis aussi dans le monde du patrimoine: le 25 mars, M. Huillard a posé la première pierre du chantier de reconstruction de la flèche de la basilique Saint Denis, démontée en 1845 à la suite d’un ouragan, dont le groupe aux grues bleu-blanc-rouge est devenu le “grand mécène”. Vinci a aussi rénové la galerie des glaces du château de Versailles ou plus récemment les tranchées du musée de la Grande guerre de Meaux.- “Précurseur” -L’action de Xavier Huillard a surtout porté sur la diversification et l’internationalisation du groupe de BTP, via deux axes stratégiques: les très lucratives concessions autoroutières et aéroportuaires, et l’énergie. Dans ce domaine, il a été “précurseur” avec sa filiale Cobra IS qui installe des champs solaires ou des lignes haute tension partout dans le monde, avant ses concurrents Bouygues et Eiffage, souligne Vincent de la Vaissière, président du cabinet en communication VcomV.Un modèle unique, parfois critiqué par la presse de gauche. En 2016, le magazine Le Monde Diplomatique voyait en Vinci un “archétype du prédateur des marchés publics” qui “joue sur deux tableaux pour engranger les profits”: “le rapide retour sur investissement de son activité de construction et les rentes de gestion à long terme”.Sous la houlette de M. Huillard, le groupe est en effet devenu le premier opérateur aéroportuaire mondial, avec plus de 70 aéroports exploités dans 14 pays, dont les trois japonais de Kansai, Osaka et Kobe.Et ses concessions autoroutières représentent 43% de son résultat net alors qu’elles ne pèsent que 9% de son chiffre d’affaires, en faisant les “vaches à lait du groupe”, selon Hervé Maurey, sénateur centriste de l’Eure, dans un rapport sur la rentabilité record des sociétés d’autoroute publié en octobre 2024.Pierre Anjolras, 59 ans, qui a mené à bien l’absorption du constructeur de routes Eurovia par Vinci Construction, a été nommé directeur général opérationnel en mai 2024 pour un tuilage, une transition douce, aux côtés de Xavier Huillard.Son défi le plus important sera “d’exister” selon M. de la Vaissière, aussi bien face à ses barons en interne, que face à ses concurrents. Il devra aussi gérer le délicat renouvellement des concessions d’autoroutes en France, dont les contrats passés avec l’Etat expirent à partir de 2031.Jeudi, l’assemblée générale doit voter une résolution pour que M. Anjolras rejoigne le conseil d’administration. Après l’AG, un premier conseil se réunira, chargé de dissocier les fonctions de président et de directeur-général, confiant la première à Xavier Huillard, et la seconde à Pierre Anjolras, a précisé le groupe mercredi soir. Les deux nominations doivent prendre effet le 1er mai.

Instagram et WhatsApp n’auraient pas si bien réussi sans Facebook, plaide Zuckerberg au procès Meta

Instagram aurait eu “beaucoup de mal” à croître sans Facebook et WhatsApp n’avait “pas assez d’ambition”: Mark Zuckerberg a défendu mercredi les décisions de son groupe Meta d’acquérir ces deux applications à la barre d’un tribunal de Washington, pour le troisième jour d’affilée.Le géant américain des réseaux sociaux est accusé par les Etats-Unis d’avoir racheté Instagram et WhatsApp il y a plus de dix ans pour empêcher toute concurrence d’émerger contre Facebook et Messenger.Si le juge de la cour fédérale tranche en faveur de l’agence de protection des consommateurs, la FTC, Meta pourrait être forcé de se séparer de ses deux plateformes phares.Mark Zuckerberg assure que ces deux services n’auraient pas connu le même succès auprès des utilisateurs sans les investissements de son entreprise.”Il est très difficile d’arriver à une telle taille. Il faut innover et résoudre de nombreux problèmes techniques, organisationnels et juridiques”, a-t-il argumenté au sujet d’Instagram, qui compte aujourd’hui 2 milliards d’usagers dans le monde.Est-ce que cela aurait été impossible sans la firme californienne ? “Impossible: évidemment non. Mais probable ? Vraiment pas”.Quant à la messagerie WhatsApp, elle était “impressionnante techniquement”, selon le milliardaire, mais ses fondateurs “manquaient d’ambition”.- Créer ou acheter -Le procès s’est ouvert lundi, cinq ans après la plainte déposée sous le premier gouvernement Trump, et doit durer huit semaines.Pour la FTC, Meta – alors Facebook – a acquis Instagram en 2012 pour un milliard de dollars et WhatsApp en 2014 pour 19 milliards afin “d’éliminer des menaces immédiates”.Mark Zuckerberg a de nouveau rejeté mercredi cette interprétation. “Nous étions intéressés par l’expertise (d’Instagram) dans la photographie et le partage d’images, mais nous ne percevions pas l’appli comme un véritable réseau en concurrence avec ce que nous faisions à l’époque”.Facebook travaillait alors sur son propre outil photo, et ses équipes ont pesé le pour et le contre entre un développement interne et une acquisition.”De fait, on a retiré du marché un concurrent potentiel dans ce domaine”, a déclaré le patron. “Mais l’intention n’a absolument jamais été de ne plus proposer Instagram à ses utilisateurs ou de le rendre moins bon”.Outre la défense des intérêts des consommateurs, le procès va se jouer sur la définition du marché concerné.La FTC affirme que les services de Meta relèvent des “réseaux sociaux personnels”, qui permettent de rester en contact avec la famille et les amis, et que leur domination se traduit par un usage dégradé pour les usagers, contraints de tolérer trop de publicités, par exemple.- “Votre temps et votre attention” -La firme de Menlo Park (Silicon Valley), elle, dit faire face à une concurrence féroce de la part des autres grandes plateformes, notamment TikTok et YouTube, populaires auprès des internautes mais aussi des créateurs de contenus.Face à l’essor fulgurant de TikTok, “nous avons vu notre croissance ralentir de façon dramatique”, a assuré Mark Zuckerberg mercredi.Son groupe a répondu avec les “Reels”, des vidéos courtes et divertissantes copiées sur le format qui a fait le succès de l’application chinoise.”Mais TikTok reste plus gros que Facebook ou Instagram, et je n’aime pas quand nos concurrents s’en sortent mieux que nous”, a-t-il ajouté.”Chaque fois que vous allez sur votre ordinateur ou votre téléphone, vous avez le choix”, a abondé Sheryl Sandberg, l’ancienne directrice des opérations de l’entreprise, deuxième témoin appelé à la barre.”C’est pour cela que se battent tous les services : votre temps et votre attention”.Mark Zuckerberg a beaucoup courtisé Donald Trump pour tenter de régler l’affaire à l’amiable, mais la FTC, même sous présidence républicaine, semble décidée à poursuivre les différentes grandes actions antitrust lancées ces dernières années dans le secteur des technologies.Google a été reconnu coupable d’abus de position dominante sur le marché de la recherche en ligne en août dernier, tandis qu’Apple et Amazon font également l’objet de poursuites.

Guerre commerciale: la directrice générale de l’OMC “très préoccupée”

L’incertitude autour du commerce mondial déclenchée par le président américain Donald Trump pourrait “avoir de sévères conséquences négatives”, en particulier pour les économies les plus vulnérables, a averti mercredi la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, qui craint un “découplage” commercial entre les Etats-Unis et la Chine.La suspension temporaire des droits de douane punitifs américains, sauf pour la Chine, atténue la contraction des échanges mais le recul du commerce mondial de marchandises pourrait atteindre jusqu’à 1,5% en volume en 2025, en fonction de la politique douanière de Donald Trump, selon les prévisions annuelles de l’Organisation mondiale du commerce.”Je suis très préoccupée”, a déclaré Mme Okonjo-Iweala lors d’une conférence de presse, indiquant que l’OMC s’attendait à un effondrement de 81% du volume commercial entre les Etats-Unis et la Chine. “L’incertitude persistante menace de freiner la croissance mondiale, avec de sévères conséquences négatives pour le monde, en particulier pour les économies les plus vulnérables”, a-t-elle ajouté dans un communiqué.- Oublier l’expansion -L’OMC s’attendait à une expansion continue du commerce mondial en 2025 et 2026. Mais l’organisation a revu sa copie face à la guerre commerciale.”Dans les conditions actuelles”, à savoir en prenant en compte la suspension annoncée par le président américain Trump de ses droits de douane colossaux contre le reste du monde, à l’exception de la Chine, “le volume du commerce mondial des marchandises devrait diminuer de 0,2% en 2025”, avant d’afficher une “reprise modeste” de 2,5% en 2026, selon l’OMC.Mais “il existe d’importants risques de détérioration, comme l’application de droits de douane réciproques et la propagation plus large de l’incertitude entourant les politiques, ce qui pourrait entraîner un recul du commerce mondial des marchandises encore plus marqué (de 1,5%) et nuire aux pays les moins avancés tournés vers l’exportation”.Dans les conditions actuelles, la baisse du commerce de marchandises “devrait être particulièrement marquée en Amérique du Nord, où les exportations devraient chuter de 12,6%” cette année, détaille l’OMC. Les importations de cette région devrait elles chuter de 9,6%.L’Asie devrait afficher une croissance “modeste” des exportations et des importations cette année (1,6% pour les deux), de même que l’Europe (1% pour les exportations et 1,9 % pour les importations).Les exportations de marchandises chinoises devraient augmenter de 4 à 9% dans toutes les régions hors Amérique du Nord, conséquence des perturbations des échanges entre les États-Unis et la Chine. Le rapport de l’OMC contient pour la première fois une prévision concernant le commerce des services, qui devrait augmenter de 4,0% en 2025, soit environ 1 point de pourcentage de moins que prévu.- Découplage -L’OMC table sur une croissance de 2,2% du Produit intérieur brut (PIB) cette année et de 2,4% l’année prochaine. Mme Okonjo-Iweala a fait part de ses vives inquiétudes face à la chute du commerce entre les Etats-Unis et la Chine, alors que les deux pays sont entrés dans une surenchère douanière. Même si leurs échanges “ne représentent qu’environ 3% du commerce mondial de marchandises, un découplage” de ces deux grandes économies “pourrait avoir des conséquences considérables”, a-t-elle averti, affirmant que cela pourrait “contribuer à une fragmentation plus large de l’économie mondiale” qui serait alors organisée “selon des lignes géopolitiques en deux blocs isolés”.Dans ce scénario, a-t-elle dit, “le PIB réel mondial serait réduit de près de 7% à long terme”, à savoir d’ici 2040.”Face à cette crise”, la cheffe de l’OMC considère que les pays “ont une occasion sans précédent d’insuffler du dynamisme à l’organisation”, en mettant notamment en oeuvre un processus de décision plus rapide. Elle appelle aussi, entre autres, à “favoriser des conditions de concurrence équitables” face aux différentes formes de subventions qui existent dans les pays.”Les États-Unis, comme vous le savez, sont très préoccupés par l’égalité des conditions de concurrence, tout comme l’UE” alors que “la Chine est préoccupée par les subventions agricoles”, a-t-elle cité en exemple.Elle appelle aussi le continent africain à “une plus grande autonomie” face à “l’aide internationale qui se tarit et au commerce mondial qui se politise”.

Marchés mondiaux: les inquiétudes commerciales subsistent, Wall Street termine en berne

Les Bourses mondiales ont évolué mercredi au gré des tensions commerciales entre Pékin et Washington, qui ont particulièrement plombé le secteur des semiconducteurs, Wall Street et le dollar ayant pour leur part glissé de plus belle après des perspectives moroses de la banque centrale américaine (Fed).En Europe, après une séance dans le rouge, les marchés ont finalement fait le pari d’avancer en fin de journée. Francfort a fini en hausse de 0,27%, Londres de 0,32% et Milan de 0,62%. Paris est restée à l’équilibre (-0,07%).A Wall Street, l’indice Nasdaq, où se concentre le secteur technologique, a plongé de 3,07%, l’indice élargi S&P 500 a perdu 2,24% et le Dow Jones a reculé de 1,73%.Déjà dans le rouge à l’ouverture, la place américaine a été plombée de plus belle par les propos du patron de la Fed, Jerome Powell, qui a estimé que les droits de douane voulus par le président américain Donald Trump placent la banque centrale face à une situation “compliquée dans laquelle nos deux objectifs sont en tension”.La Fed est chargée d’un double mandat, sans priorité, entre le maintien de l’inflation proche de sa cible de long terme de 2% de hausse en rythme annuel, tout en assurant les conditions économiques propices au plein emploi.Jerome Powell “a transformé ce qui était une journée de baisse modérée en une glissade assez spectaculaire”, a résumé auprès de l’AFP Jack Albin de Cresset Capital.Lors d’un événement du club de l’économie de Chicago, M. Powell a jugé que “les droits de douane vont très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l’inflation” avec la possibilité que “les effets inflationnistes soient également persistants”.En outre, les investisseurs s’inquiètent “d’un durcissement de la guerre commerciale”, relève Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.Pékin et Washington continuent de se renvoyer la balle sur les droits de douane, alimentant l’incertitude quant à l’issue du conflit commercial engagé par le président américain depuis le début de son mandat.Imposée à 145% sur ses exportations, la Chine a suspendu toute réception d’avions fabriqués par le constructeur américain Boeing. La Poste de Hong Kong a de son côté arrêté les envois de colis vers les Etats-Unis.Nvidia glisseLe titre du numéro un mondial des puces électroniques Nvidia a plongé jusqu’à -10% à Wall Street avant de clôturé à -6,87%, après avoir annoncé mardi soir que ses résultats du premier trimestre décalé devraient inclure jusqu’à environ 5,5 milliards de dollars de charges exceptionnelles.En cause, une décision du gouvernement américain l’ayant informé qu’il devrait désormais obtenir une licence pour exporter certaines puces d’intelligence artificielle (IA) vers la Chine et d’autres pays, selon un document envoyé à la SEC.Nvidia a perdu près d’un quart de sa valorisation depuis l’investiture de Donald Trump, fin janvier.AMD a terminé à -7,35%, Taiwan Semiconductor Manufacturing (TSMC) a perdu 3,60% et Broadcom 2,43%.Les valeurs européennes de la branche ont suivi le mouvement: Soitec a perdu 1,85% et STMicroelectronics 1,35% à Paris. Infineon a cédé 1,27% à Francfort.Le dollar à la peineLe dollar a reflué mercredi, lesté par les récents développements dans l’offensive commerciale lancée par la Maison Blanche et par les perspectives moroses de la banque centrale américaine (Fed) quant à l’état de santé de l’économie des Etats-Unis.Vers 19H30 GMT, le billet vert a chuté de 1,14% face à l’euro, à 1,1413 dollar, avant de remonter légèrement.”Le dollar est à nouveau sous pression”, résument dans une note les analystes de Brown Brothers Harriman, plombé par l’escalade dans l’offensive commerciale lancée par Trump.Nouveau record de l’or, le pétrole avanceValeur refuge par excellence, l’or a grimpé à un nouveau pic historique mercredi, à 3.342,54 dollars l’once, poussé par les incertitudes commerciales.Vers 20H45 GMT, l’once du métal jaune s’établissait à 3.339,25 dollars.Le pétrole a pour sa part avancé, voulant croire à des négociations commerciales entre Washington et Pékin, marquant toutefois le pas en fin de séance face aux commentaires du patron de la banque centrale américaine (Fed).Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, a pris 1,82% à 65,85 dollars et le baril de West Texas Intermediate a gagné 1,86% à 62,47 dollars.bur-emb-fcz-ni/vmt

Wall Street termine en berne, les perspectives économiques américaines inquiètent

La Bourse de New York a terminé en nette baisse mercredi, lestée par les perspectives moroses de la banque centrale américaine (Fed) quant à l’état de santé de l’économie des Etats-Unis, et par l’escalade dans la guerre commerciale entre Pékin et Washington.L’indice Nasdaq, où se concentre le secteur technologique, a plongé de 3,07%, l’indice élargi S&P 500 a perdu 2,24% et le Dow Jones a reculé de 1,73%.Déjà dans le rouge à l’ouverture, la place américaine a été plombée de plus belle par les propos du patron de la Fed, Jerome Powell, qui a estimé que les droits de douane voulus par le président américain Donald Trump placent la banque centrale face à une situation “compliquée dans laquelle nos deux objectifs sont en tension”.La Fed est chargée d’un double mandat, sans priorité, entre le maintien de l’inflation proche de sa cible de long terme de 2% de hausse en rythme annuel, tout en assurant les conditions économiques propices au plein emploi.Jerome Powell “a transformé ce qui était une journée de baisse modérée en une glissade assez spectaculaire”, a résumé auprès de l’AFP Jack Albin de Cresset Capital.Lors d’un événement du club de l’économie de Chicago, M. Powell a jugé que “les droits de douane vont très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l’inflation” avec la possibilité que “les effets inflationnistes soient également persistants”.”L’ampleur des droits de douane dépasse tout ce que la Fed a pu modéliser”, a constaté auprès de l’AFP Christopher Low, de FHN Financial. Côté indicateur, le marché a fait fi de l’accélération des ventes au détail en mars publiées mercredi (+1,4% à 734,9 milliards de dollars).Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est détendu à 4,28% vers 20H20 GMT contre 4,33% la veille en clôture.L’indice de volatilité Vix, surnommé indice de la peur, qui mesure la nervosité des investisseurs sur le marché, a quant à lui progressé de plus de 10%.En outre, le secteur des semiconducteurs, déjà miné par mercredi par la guerre commerciale lancée par Trump, s’est aussi enfoncé de plus belle après le discours de M. Powell. Les géants du secteur des semiconducteurs Nvidia et AMD ont plongé de plus de 10% à Wall Street en séance, avant de terminer respectivement à -6,87% et -7,35%.Nvidia a perdu près d’un quart de sa valorisation depuis l’investiture de Donald Trump, fin janvier.Taiwan Semiconductor Manufacturing (TSMC) a perdu 3,60% et Broadcom 2,43%.”L’angoisse de la guerre commerciale (…) est revenue après les mesures prises par Pékin à l’encontre de Boeing et l’obligation faite par les États-Unis à Nvidia d’obtenir des licences d’exportation pour exporter ses puces” vers la Chine et d’autres pays, commente pour sa part Marc Chandler de Bannockburn Global Forex.Dans un document transmis à la SEC, le gendarme boursier américain, Nvidia a précisé que le gouvernement américain l’a informé la semaine dernière qu’il devrait désormais obtenir une licence pour exporter certaines puces utilisée pour l’intelligence artificielle (IA) vers la Chine et d’autres pays.La Chine, qui riposte systématiquement aux surtaxes douanières américaines, a suspendu toute réception d’avions fabriqués par le constructeur américain Boeing (+0,57%).Ailleurs, à la cote, le loueur de véhicules Hertz a terminé en orbite (+56,44%) après que le fonds de l’investisseur Bill Ackman a racheté 12,7 millions d’actions du groupe.La compagnie aérienne américaine United Airlines a terminé à l’équilibre (+0,01%) après avoir indiqué mercredi qu’elle n’anticipait pas d’impact direct sur le prix de ses nouveaux avions du fait des nouveaux droits de douane imposés sur les importations aux États-Unis.

Les Bourses mondiales rivées sur les tensions commerciales, Nvidia sous pression

Les Bourses mondiales évoluent toujours mercredi au gré des tensions commerciales entre Pékin et Washington, qui plombent particulièrement Nvidia et les valeurs technologiques.En Europe, après une séance dans le rouge, les marchés ont finalement fait le pari d’avancer en fin de journée. Francfort a fini en hausse de 0,27%, Londres de 0,32% et Milan de 0,62%. Paris est restée à l’équilibre (-0,07%).A Wall Street, en revanche, les indices s’incrivaient en baisse: vers 15H40 GMT, le Dow Jones cédait 0,27%, le Nasdaq 1,84% et le S&P 500 0,95%.”Les marchés restent fragiles, à l’affût de la moindre déclaration ou information sur la politique douanière de Donald Trump”, même si “la volatilité est moins forte qu’il y a quelques jours”, explique à l’AFP Andrea Tueni, analyste pour Saxobank.Les investisseurs s’inquiètent “d’un durcissement de la guerre commerciale”, relève Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.Pékin et Washington continuent de se renvoyer la balle sur les droits de douane, alimentant l’incertitude quant à l’issue du conflit commercial engagé par le président américain depuis le début de son mandat.Imposée à 145% sur ses exportations, la Chine a suspendu toute réception d’avions fabriqués par le constructeur américain Boeing. La Poste de Hong Kong a de son côté arrêté les envois de colis vers les Etats-Unis.”Si les Etats-Unis veulent véritablement résoudre le problème par le dialogue et la négociation, ils doivent (…) cesser de menacer et de faire du chantage”, a dit mercredi Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.La veille, la porte-parole de la Maison-Blanche Karoline Leavitt avait affirmé que la balle était “dans le camp de la Chine”.Nvidia tousse, la tech s’enrhumeLe titre du numéro un mondial des puces électroniques Nvidia dévissait de 6,20% à Wall Street vers 15H50 GMT, après avoir annoncé mardi soir que ses résultats du premier trimestre décalé devraient inclure jusqu’à environ 5,5 milliards de dollars de charges exceptionnelles.En cause, une décision du gouvernement américain l’ayant informé qu’il devrait désormais obtenir une licence pour exporter certaines puces d’intelligence artificielle (IA) vers la Chine et d’autres pays, selon un document envoyé à la SEC.Les autres valeurs américaines de la tech reculaient aussi: Meta cédait 1,80%, Apple 1,89% et Microsoft 1,67%.Le secteur des semi-conducteurs souffre aussi de la chute du néerlandais ASML, de près de 5,19%, après des résultats décevants. Le PDG du groupe a déclaré que les annonces liées aux tarifs douaniers avaient “accru l’incertitude”.Les valeurs européennes de la branche ont suivi le mouvement: Soitec a perdu 1,85% et STMicroelectronics 1,35% à Paris. Infineon a cédé 1,27% à Francfort.Le dollar à la peineLe dollar souffre depuis plusieurs jours d’une “érosion de la confiance” des investisseurs en raison de la politique commerciale erratique de Trump, note Stephen Innes, analyste chez SPI AM.Depuis le 2 avril, date de l’annonce des droits de douane américains colossaux visant les importations de la plupart des pays et déjà partiellement suspendus, le dollar a cédé environ 5% face à l’euro.Mercredi, vers 15H30 GMT, le billet vert perdait encore 0,78% face à la monnaie unique européenne, à 1,1375 dollar pour un euro.En revanche, le marché de la dette américaine se stabilise, après une flambée des taux d’intérêt la semaine dernière en raison d’une perte de confiance des investisseurs. Vers 15H40 GMT, le rendement de l’obligation à dix ans atteignait 4,32%, contre 4,34% mardi.Nouveau record de l’or, le pétrole bonditL’or, considéré comme la valeur refuge par excellence, s’est hissé mercredi à un nouveau record historique, à 3.325,17 dollars l’once. Vers 15H40 GMT, elle atteignait 3.323,70 dollars.Le métal précieux est le principal gagnant de l’incertitude qui entoure actuellement l’économie mondiale et la perte de confiance envers les actifs américains.Les tensions commerciales pourraient provoquer une chute des échanges de marchandises dans le monde jusqu’à 1,5% en volume en 2025, a averti l’OMC mercredi.Côté pétrole, les prix montaient, sur fond de croissance meilleure qu’attendue cette année en Chine, première importatrice mondiale.Vers 15H40 GMT, le baril de WTI américain prenait 2,02% à 62,57 dollars et celui de Brent de la mer du Nord de 1,87% à 65,88 dollars.

Guerre commerciale: la directrice générale l’OMC “très préoccupée”

L’incertitude autour du commerce mondial déclenchée par le président américain Donald Trump pourrait “avoir de sévères conséquences négatives”, en particulier pour les économies les plus vulnérables, a averti mercredi la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, qui craint un “découplage” commercial entre les Etats-Unis et la Chine.La suspension temporaire des droits de douane punitifs américains, sauf pour la Chine, atténue la contraction des échanges mais le recul du commerce mondial de marchandises pourrait atteindre jusqu’à 1,5% en volume en 2025, en fonction de la politique douanière de Donald Trump, selon les prévisions annuelles de l’Organisation mondiale du commerce.”Je suis très préoccupée”, a déclaré Mme Okonjo-Iweala lors d’une conférence de presse, indiquant que l’OMC s’attendait à un effondrement de 81% du volume commercial entre les Etats-Unis et la Chine. “L’incertitude persistante menace de freiner la croissance mondiale, avec de sévères conséquences négatives pour le monde, en particulier pour les économies les plus vulnérables”, a-t-elle ajouté dans un communiqué.- Oublier l’expansion -L’OMC s’attendait à une expansion continue du commerce mondial en 2025 et 2026. Mais l’organisation a revu sa copie face à la guerre commerciale.”Dans les conditions actuelles”, à savoir en prenant en compte la suspension annoncée par le président américain Trump de ses droits de douane colossaux contre le reste du monde, à l’exception de la Chine, “le volume du commerce mondial des marchandises devrait diminuer de 0,2% en 2025”, avant d’afficher une “reprise modeste” de 2,5% en 2026, selon l’OMC.Mais “il existe d’importants risques de détérioration, comme l’application de droits de douane réciproques et la propagation plus large de l’incertitude entourant les politiques, ce qui pourrait entraîner un recul du commerce mondial des marchandises encore plus marqué (de 1,5%) et nuire aux pays les moins avancés tournés vers l’exportation”.Dans les conditions actuelles, la baisse du commerce de marchandises “devrait être particulièrement marquée en Amérique du Nord, où les exportations devraient chuter de 12,6%” cette année, détaille l’OMC. Les importations de cette région devrait elles chuter de 9,6%.L’Asie devrait afficher une croissance “modeste” des exportations et des importations cette année (1,6% pour les deux), de même que l’Europe (1% pour les exportations et 1,9 % pour les importations).Les exportations de marchandises chinoises devraient augmenter de 4 à 9% dans toutes les régions hors Amérique du Nord, conséquence des perturbations des échanges entre les États-Unis et la Chine. Le rapport de l’OMC contient pour la première fois une prévision concernant le commerce des services, qui devrait augmenter de 4,0% en 2025, soit environ 1 point de pourcentage de moins que prévu.- Découplage -L’OMC table sur une croissance de 2,2% du Produit intérieur brut (PIB) cette année et de 2,4% l’année prochaine. Mme Okonjo-Iweala a fait part de ses vives inquiétudes face à la chute du commerce entre les Etats-Unis et la Chine, alors que les deux pays sont entrés dans une surenchère douanière. Même si leurs échanges “ne représentent qu’environ 3% du commerce mondial de marchandises, un découplage” de ces deux grandes économies “pourrait avoir des conséquences considérables”, a-t-elle averti, affirmant que cela pourrait “contribuer à une fragmentation plus large de l’économie mondiale” qui serait alors organisée “selon des lignes géopolitiques en deux blocs isolés”.Dans ce scénario, a-t-elle dit, “le PIB réel mondial serait réduit de près de 7% à long terme”, à savoir d’ici 2040.”Face à cette crise”, la cheffe de l’OMC considère que les pays “ont une occasion sans précédent d’insuffler du dynamisme à l’organisation”, en mettant notamment en oeuvre un processus de décision plus rapide. Elle appelle aussi, entre autres, à “favoriser des conditions de concurrence équitables” face aux différentes formes de subventions qui existent dans les pays.”Les États-Unis, comme vous le savez, sont très préoccupés par l’égalité des conditions de concurrence, tout comme l’UE” alors que “la Chine est préoccupée par les subventions agricoles”, a-t-elle cité en exemple.Elle appelle aussi le continent africain à “une plus grande autonomie” face à “l’aide internationale qui se tarit et au commerce mondial qui se politise”.

Canada: statu quo de la banque centrale, qui juge impossible les prévisions

La Banque du Canada, qui a maintenu mercredi son taux directeur à 2,75% après sept baisses consécutives, a expliqué que l’incertitude entourant les droits de douane rendait impossible la publication de prévisions économiques et opté pour la présentation de deux scénarios.”Le changement majeur d’orientation de la politique commerciale américaine et l’imprévisibilité entourant les droits de douane ont accru l’incertitude, modéré les perspectives de croissance économique et fait monter les attentes d’inflation”, a noté la banque centrale dans un communiqué.Plutôt que de publier ses prévisions économiques trimestrielles habituelles, la Banque du Canada a présenté deux scénarios.Dans le premier scénario, plus positif, la portée des droits de douane reste “limitée” et la croissance canadienne s’affaiblit temporairement, avec une inflation qui reste autour de la cible de 2%.Dans le pire des cas, une guerre commerciale prolongée avec les États-Unis – le principal partenaire commercial du Canada – déclencherait une récession et ferait grimper les prix en flèche.Les annonces de droits de douane et l’incertitude ont miné la confiance des consommateurs et des entreprises dans le pays, a indiqué la Banque du Canada, ce qui a entraîné une baisse de la consommation et des dépenses des entreprises, ainsi qu’un déclin de l’emploi et un ralentissement de l’embauche.”Les droits de douane et les perturbations des chaînes d’approvisionnement devraient faire monter certains prix” et “les attentes d’inflation à court terme ont augmenté, les entreprises et les consommateurs anticipant des coûts plus élevés en raison du conflit commercial”, a noté la banque centrale.En mars, l’inflation sur un an a ralenti au Canada pour atteindre 2,3% contre 2,6% en février, après avoir oscillé sous la barre des 2% au cours des six mois précédents.Lors d’une conférence de presse, le gouverneur Tiff Macklem a déclaré que la banque centrale a décidé de maintenir son taux directeur le temps que l’orientation des droits de douane et leurs effets se précisent.”Nous ne pouvons pas, avec la politique monétaire, résoudre l’incertitude liée au commerce ni neutraliser les répercussions d’une guerre commerciale”, a-t-il déclaré.Mais “nous pouvons préserver la confiance des Canadiens dans la stabilité des prix”, a-t-il souligné.La prochaine annonce de la politique monétaire aura lieu le 4 juin et la banque fera preuve de “prudence” en étant moins “tournée vers l’avenir que d’habitude, jusqu’à ce que la situation soit plus claire”, a ajouté Tiff Macklem.

La Cour des comptes menace de ne plus certifier le budget de l’Etat si elle n’est pas davantage écoutée

La Cour des comptes pourrait refuser de certifier les comptes de l’Etat si ses recommandations ne sont pas mieux écoutées, a menacé mercredi son Premier président Pierre Moscovici, tout en reconnaissant que le budget 2025 s’annonçait mieux que celui de 2024.”J’aimerais vous faire part, non pas de ma mauvaise humeur, mais de ma très mauvaise humeur s’agissant des suites – ou plutôt de l’absence systématique de suites – qui sont données à l’acte de certification que nous publions annuellement”, a lancé M. Moscovici devant la presse, puis à l’Assemblée nationale, en présentant divers documents liés aux finances publiques, dont la certification des comptes de l’Etat pour 2024.”J’imagine la situation d’une entreprise” où le commissaire aux comptes “certifierait les comptes avec de fortes réserves ou ne les certifierait pas, et où le conseil d’administration dirait +on s’en fiche+: l’Etat fait ça, la Sécurité sociale fait ça”, a assuré M. Moscovici.Notant que, “pour la 19e année consécutive, les comptes de l’État ne sont pas en mesure d’être certifiés sans des réserves très significatives”, M. Moscovici a indiqué “qu’en l’absence de progrès en 2025, la Cour pourrait être amenée à (…) ne pas les certifier”. Il a écrit en ce sens à Bercy cette semaine.La Cour a relevé cinq “anomalies significatives”, comme en 2023, dans le budget 2024, portant surtout sur des surévaluations et sous-évaluations.  Le Premier président est revenu sur les prévisions trop optimistes pour le budget 2024, concocté fin 2023 par Bercy alors dirigé par Bruno Le Maire. Notamment un déficit public annoncé à 4,4% du PIB mais qui a dérapé à 5,8%. Devant cet écart, la Cour des comptes active le “mécanisme de correction”, qui oblige le gouvernement à présenter des mesures d’amélioration.M. Moscovici a évoqué “la gestion erratique, le pilotage à vue, la succession de reports, gels, surgels, coups de rabot” qui ont émaillé l’année dernière.Pour 2025, avec le gouvernement Bayrou, les choses se présentent “un peu mieux”, même si “nous observons encore, soit de légers biais optimistes, soit des risques qui ne sont pas tout à fait évalués”, a-t-il signalé, jugeant l’actuelle prévision de croissance à 0,7% “pas hors d’atteinte”.Il a appelé “au réalisme et à la prudence” dans les prévisions : “on saura toujours que faire d’une bonne surprise alors que les mauvaises seront de plus en plus complexes à absorber”. Ainsi, “il ne faut pas s’amuser à se faire plaisir avec de bons chiffres inventés pour pousser devant soi les problèmes, il faut traiter” ces derniers.Malgré “des débats” en son sein, la Cour des comptes n’a cependant pas voulu conclure à “l’insincérité” du budget 2024, ce qui impliquerait “une intention de tromper”, et l’inconstitutionnalité du texte, a-t-il précisé.”Je ne participe à aucun procès, aucune forme de règlement de comptes à l’égard de personne, a fortiori à l’égard d’un successeur”, a assuré M. Moscovici, lui-même ministre des Finances de 2012 à 2014.Il a préconisé cependant le renforcement du rôle du Haut conseil des Finances publiques (HCFP), qu’il préside également, afin que ce dernier valide désormais les prévisions du gouvernement, “selon un mécanisme de +comply or explain+” (appliquer ou expliquer) : si le HCFP doute d’une prévision, le gouvernement devrait la modifier, ou d’expliquer pourquoi il ne le fait pas.