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Liste des métiers en tension: des restaurateurs soulagés par cette “première étape”

“C’est un soulagement”: pour Laurent Frechet, qui gère un restaurant dans le centre de Paris, le Zango, la publication jeudi de la liste actualisée des métiers en tension, qui va permettre de régulariser des travailleurs étrangers, répond à une nécessité urgente dans la restauration, où le casse-tête du recrutement est permanent. “Les travailleurs étrangers sont indispensables pour faire tourner nos cuisines”, souligne ce gérant de restaurant, qui préside la branche restauration de l’organisation patronale sectorielle GNI.Établie région par région, la liste énumère les quelque 80 métiers en manque de main-d’Å“uvre en France, grâce auxquels les travailleurs étrangers peuvent prétendre à un titre de séjour en justifiant de 12 mois de bulletins de salaire au cours des 24 derniers mois et trois ans de résidence en France.Dans la restauration, les postes de cuisiniers, serveurs ou aides de cuisine sont notamment concernés.Restaurateur depuis 22 ans, Laurent Frechet explique avoir accompagné “entre six et sept” employés dans leur démarche de régularisation. “Mohamed, un salarié sri-lankais, a mis huit ans à m’avouer que les papiers qu’il m’avait présentés n’étaient pas les siens”, se remémore-t-il, “il a pu être régularisé et travaille toujours dans mon restaurant.”Même scénario pour Sangare Lamine (45 ans) qui, arrivé du Mali en 2002, a d’abord enchaîné les petits boulots, son irrégularité l’empêchant de rester trop longtemps à un même poste. “C’était très compliqué d’être régularisé car les fiches de paie ne suffisaient pas”, se rappelle-t-il auprès de l’AFP.En 2005, il commence comme plongeur à Zango et gravit les échelons. Jusqu’à arriver à la tête de la cuisine. Deux ans après, il est régularisé: “Laurent [Frechet] m’a aidé, il m’a fourni les documents [nécessaires] et m’a donné la chance de monter, jusqu’à devenir chef”, explique M. Lamine avec fierté.- “Ce n’est pas assez” -Didier Roeckel, propriétaire du restaurant La Couronne, à Scherwiller (Bas-Rhin), a lui aussi aidé un employé à renouveler ses papiers.”Les gens de bonne volonté qui veulent travailler sont les bienvenus dans notre métier. Il faut tout simplement faciliter les choses”, affirme-t-il.Son établissement de 170 couverts sur la route des vins d’Alsace compte 25 employés à temps plein et une trentaine d’extras.”Notre métier a toujours fait partie des métiers en tension, mais ce n’était pas reconnu, ce qui était un peu dommage”, souligne M. Roeckel.La nouvelle liste doit permettre à des patrons ayant des difficultés à recruter de garder leurs employés et d’écarter le risque d’une condamnationLa nouvelle liste doit permettre à des patrons ayant des difficultés à recruter de garder leurs employés et d’écarter le risque d’une condamnation – l’emploi d’une personne en situation irrégulière est passible de 30.000 euros d’amende et cinq ans d’emprisonnement.Mais en ÃŽle-de-France, seul le métier de cuisinier y figure pour la restauration.”C’est incompréhensible”, s’étonne le propriétaire d’une grande brasserie parisienne près de la gare Saint-Lazare, à Paris. “On ne trouve pas de plongeurs ou de maîtres d’hôtel”, explique-t-il, installé sur une banquette chic de son établissement.”Donc l’inscription du métier de cuisinier sur la liste des métiers en tension est une avancée, mais ce n’est pas assez”, déplore ce gérant de près de 50 employés de dix nationalités différentes.Pour Benjamin Serra, co-gérant de sept restaurants italiens Prima répartis entre la côte basque et la région toulousaine et comptant 250 salariés, cette nouvelle liste “va dans le bon sens, mais ça ne va pas changer la donne.”D’autant que les métiers de la restauration exigent des compétences spécifiques, qu’il faut parfois transmettre aux nouveaux employés. “Est-ce que les gens qui arrivent sans papiers, est-ce que ces gens-là ont les compétences ? Est-ce qu’ils ont aussi le droit à la formation ? Ou est-ce qu’ils ont juste le droit de venir travailler ?”, s’interroge M. Serra. Selon France Travail, le besoin de main-d’oeuvre dans la restauration en 2025 est estimé à 336.000 emplois (CDI et CDD de plus de six mois) avec des “difficultés” de recrutement pour la moitié d’entre eux.Ayant déjà aidé un de ses employés, malien, à obtenir un titre de séjour au bout de plusieurs années de démarches, le restaurateur près de la gare Saint-Lazare salue tout de même la simplification du processus pour régulariser les travailleurs: “c’est déjà une bonne chose pour nous, et pour eux”.

Avec son usine des Hautes-Pyrénées, l’espagnol CAF s’impose sur le marché du tramway

Après avoir remporté plusieurs gros contrats en France, l’industriel ferroviaire espagnol CAF progresse sur le marché français des tramways, en concurrençant Alstom, grâce à son usine de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées).”Quand on a des clients comme Marseille, Montpellier ou Tours, sur les tramways, on est désormais en première division. Donc il faut être au niveau de la première division des tramways en France”, a déclaré Alain Picard, le directeur de la filiale française du groupe espagnol.Après avoir connu des difficultés dans les années 1980 et 1990, CAF s’est relancé, d’abord en Amérique latine, a détaillé M. Picard, puis en Europe, où il réalise désormais la majeure partie de son chiffre d’affaires (11% en Espagne et 56% dans le reste du Vieux continent) qui s’établit pour 2024 à 4,2 milliards d’euros.En France, l’implantation du groupe Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles, dont le siège est à Beasain, au Pays basque espagnol, remonte à l’acquisition de l’usine de Bagnères-de-Bigorre entre 2008 et 2010.Ce site industriel, établi en 1862 par les menuiseries Soulé et depuis passé au secteur ferroviaire, est à l’époque moribond. En témoigne l’un de ses bâtiments qui semble aujourd’hui sur le point de s’effondrer — et va être détruit, confie Alain Picard.CAF a ensuite gagné quelques contrats importants: des rames de tramways à Nantes (2010), Besançon (2017) et Saint-Etienne (2017), les futurs Intercités Paris-Clermont et Paris-Toulouse (2019), la rénovation des trains du RER A (2020) et les nouveaux trains du RER B (avec Alstom).- “Persévérant” -Entre-temps, le groupe espagnol a encore accéléré en 2017 son développement en France, en acquérant pour 75 millions d’euros l’usine de Reichshoffen (Bas-Rhin), qu’Alstom devait céder pour obtenir le feu vert de Bruxelles à son rachat de Bombardier Transport.Le site alsacien, doté d’un bureau d’étude et d’environ 900 employés, est aujourd’hui l’une des trois “usines socles” de CAF, explique Alain Picard, avec celles de Beasain et Saragosse. Bagnères-de-Bigorre est quant à elle une “usine satellite” de celle de Saragosse, à quatre heures de route de là.Pour s’implanter en France, “il faut être persévérant”, ajoute le dirigeant. “Mais on y a cru et ce site revit.”CAF est désormais devenu le premier concurrent d’Alstom, qui jouit d’une position ultra dominante sur le marché ferroviaire français, mais a vu filer plusieurs contrats récents aux mains de son rival espagnol: Montpellier (224 millions) et Marseille (57 millions) en 2022, puis Tours en mars, dont le montant n’a pas été dévoilé.Ce succès s’accompagne toutefois d’une pression accrue: CAF accuse des retards de livraison, notamment concernant les rames du RER B et les trains Oxygène dédiés à la ligne Paris-Clermont de la SNCF.Le site de Bagnères doit donc suivre la cadence. “On nous a passé des commandes, il faut que les tramways que nous livrons le soient à temps et soient d’un niveau de qualité remarquable. Bagnères, c’est la vitrine du savoir-faire des tramways de CAF”, souligne M. Picard.Pour cela, le groupe basque a investi 10 millions d’euros sur le site de Bagnères-de-Bigorre et fait grimper les effectifs sur place de 80 à 223 employés en trois ans, afin de pouvoir multiplier les cadences par six.”Aujourd’hui, on monte en cadence, donc on est à un tramway à peu près par mois. On va passer, à la rentrée, à trois, quatre tramways par mois. Ce qui explique les investissements et les recrutements. Et là, ça va dépoter”, explique M. Picard.CAF attend désormais le résultat d’un appel d’offres de la ville de Grenoble et regarde sereinement vers l’avenir. “On est à peu près sûrs que les commandes repartiront après les municipales” de 2026, glisse Alain Picard.

Transport des malades: les taxis menacent de “durcir” le mouvement en cas d’échec de la réunion avec Bayrou

Les chauffeurs de taxis ont menacé de nouvelles actions de blocage, en attendant une réunion de leurs représentants samedi à 17H00 au ministère des Transports en présence de François Bayrou, pour tenter de trouver une issue au conflit qui dure depuis bientôt une semaine en raison d’une nouvelle convention régissant le transport de patients.”On demande le retrait immédiat de cette convention et on demande à retourner autour de la table des négociations”, a déclaré samedi sur France Info, Emmanuelle Cordier, présidente de la Fédération nationale des taxis (FNDT), sans quoi de nouveaux blocages sont à prévoir.”A partir de lundi”, en l’absence d’avancées, les aéroports parisiens de Roissy et Orly “vont être bloqués par les taxis et puis nous allons aussi nous occuper de Roland-Garros”, a déclaré Mme Cordier, le premier tour du tournoi de tennis démarrant dimanche.Aux abords du ministère des Transports, épicentre de la contestation, près duquel ils ont passé la nuit, avec des dizaines, voire quelques centaines de collègues, de nombreux chauffeurs tablaient samedi sur un “durcissement” du mouvement, en cas d’impasse.”Il va falloir continuer à montrer notre mécontentement de façon pacifique, mais avec des blocages de plus en plus durs”, a estimé Noël, chauffeur lyonnais de 60 ans, dont 21 ans de taxi.Si la réunion “ne répond pas aux attentes de tous les artisans qui sont ici”, il est possible que ce durcissement “démarre très tôt, dès l’issue de la réunion”, a estimé, entre deux jets de pétards et concerts d’avertisseurs, Bernard Crebassa, président de la Fédération nationale des artisans du taxi (FNAT).L’intersyndicale des taxis a lancé une mobilisation lundi pour protester contre ce projet qui prévoit une unification des tarifs, aujourd’hui hétérogènes selon les départements. Le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par l’Assurance maladie, puis un tarif kilométrique. Il est conçu pour dissuader les retours à vide ou les temps d’attente trop longs. Cette tarification doit entrer en vigueur le 1er octobre. L’objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (un bond de 45% depuis 2019).D’après le directeur général de l’Assurance maladie Thomas Fatôme, “la très grande majorité des taxis seront gagnants avec ce nouveau modèle, car il s’appuie sur une logique de transporter davantage de patients”.Le remboursement des transports de patients sur prescription est une activité essentielle dans le chiffre d’affaires de certains artisans-taxis.Parmi les manifestants, certains ont expliqué que la nouvelle grille tarifaire allait leur faire perdre une part substantielle de leur chiffre d’affaires. Yves Rubicondo, taxi à Pithiviers (Loiret) avec trois salariés, qui réalise 95% de son chiffre d’affaires avec l’Assurance maladie, pense perdre 25 à 30% de celui-ci.- Concurrence des VTC -Les taxis demandent le retrait de la convention de la CNAM et la nomination d’un médiateur. Mais le gouvernement a déjà assuré vendredi qu’il ne comptait “pas faire machine arrière”.Tout au long de la semaine, des milliers de taxis ont manifesté, participé à des opérations escargot ou mis en place des blocages près des gares et aéroports pour se faire entendre. Les organisations de taxis ont aussi pris pour cible les chauffeurs de VTC, qui travaillent avec des plateformes comme Uber ou Bolt, accusés de concurrence déloyale et de pratiques irrégulières.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a dans ses missions la régulation des taxis, a d’ailleurs demandé aux forces de l’ordre de renforcer les contrôles des véhicules avec chauffeur (VTC).Dans un télégramme adressé jeudi aux préfets et consulté par l’AFP, le ministre de l’Intérieur met en exergue des “incidents récurrents” des derniers mois qui “démontrent la tension entre les taxis et les conducteurs de VTC”.En cause, selon M. Retailleau, “des pratiques irrégulières de la part des VTC et la présence de faux professionnels sur la voie publique”.Le ministre a demandé que les forces de l’ordre utilisent trois nouvelles amendes forfaitaires délictuelles pour exercice illégal du métier de taxi, prise en charge sans réservation et défaut d’inscription au registre VTC.

En Bretagne, une manifestation maritime et terrestre contre “l’empire Bolloré”

“Kenavo Bolloré !” Environ 300 personnes et une cinquantaine de bateaux ont manifesté samedi à terre et en mer dans le Finistère, fief du milliardaire Vincent Bolloré, accusé par les manifestants de véhiculer des idées d’extrême droite.Une flottille de bateaux devait initialement se diriger vers l’île du Loc’h, appartenant à la famille Bolloré, dans l’archipel des Glénan. Mais l’interdiction édictée par la préfecture maritime les en a dissuadés.Les voiliers et embarcations à moteur ont préféré converger vers le cap Coz, sur la commune de Fouesnant, non loin d’une autre propriété du milliardaire breton, à la pointe de Beg Meil.Drapeaux palestiniens, étendards oranges aux couleurs des Soulèvements de la Terre ou cerf-volant siglé “Kenavo Bolloré” ont envahi cette plage huppée de la côté bretonne.”Siamo tutti antifasciti” (“Nous sommes tous antifascistes”) ou “Tous féministes contre le carbo-fascime”, ont scandé les manifestants entre deux chants en hommage à la lutte centenaire des sardinières de Douarnenez (Finistère).”Bolloré, marionnettiste d’un monde fasciste”, ont affiché les militants sur la plage en lettre géantes, tandis qu’une banderole réclamait “moins de fachos, plus d’oiseaux”.”Le but de l’action est de montrer que Bolloré et ses idées d’extrême-droite n’ont pas leur place dans le Finistère”, a expliqué Marc (prénom d’emprunt), porte-parole des Soulèvement de la Terre.”On ne veut pas de néo-nazi qui garde les îles du Finistère”, a-t-il ajouté, en référence au militant d’ultra-droite Marc de Cacqueray-Valménier, qui aurait été embauché comme gardien de l’île du Loc’h, selon le site d’information lalettre.fr.Ancien responsable du groupuscule d’ultradroite “les Zouaves” dissous en janvier 2022, le militant de 26 ans a été condamné à deux reprises, en janvier 2022 et janvier 2025, à des peines de prison ferme pour violences contre des militants de SOS Racisme et contre un bar de la mouvance antifasciste.”M. Bolloré a racheté des médias pour véhiculer des idées d’extrême-droite et M. de Cacqueray en est le symbole”, a estimé Vincent Esnault, 53 ans, conseiller municipal d’opposition à Fouesnant.”L’empire médiatique Bolloré prône un fascisme décomplexé et diffuse des idées racistes, homophobes”, a abondé Rosalie (prénom d’emprunt), 27 ans, venue de Paris pour participer au week-end de mobilisation.Vendredi, un petit groupe de militantes a débarqué sur l’île du Loc’h pour y afficher des messages féministes, selon des photos diffusées par les organisateurs. “Wokes déterminées à couler Bolloré”, pouvait-on lire sur une des banderoles.

En Bretagne, la filière porcine met en avant des agrandissements “nécessaires” mais “exemplaires”

Un maire breton “conciliant”, des relations de voisinage cultivées avec autant de soin que ses champs, quatre millions d’euros et une coopérative à la manoeuvre sur l’administratif: en six ans, Mathis Talec a progressivement modernisé et agrandi l’élevage de porcs familial.Ses 270 truies sont inséminées dans un bâtiment flambant neuf (450.000 euros) qui leur permet de sortir de leur cage. Elles passent ensuite leur gestation sur paille avant de rejoindre la “maternité-liberté” (1 million) qui permet, peu après la mise-bas, de libérer la truie de sa cage pour la laisser évoluer auprès de ses petits.”On a visité dix maternités-liberté, chacune m’a apporté une idée”, explique l’éleveur à propos de ce système que la filière, régulièrement accusée de favoriser des exploitations industrielles et de ne pas en faire assez sur le bien-être animal, veut généraliser d’ici 2050.Les porcelets sont revigorés par un sol chauffé par une pompe à chaleur, une sonde permet à la truie de faire tomber dans l’auge sa nourriture – produite à la ferme ou sur la commune – et d’éviter le gaspillage.Les salles post-sevrage et d’engraissement ont été modernisées, la fosse à lisier couverte et d’immenses panneaux solaires installés.”J’essaye d’épandre le plus rapidement possible, de vite remuer la terre pour éviter les odeurs. Je traite mes cultures la nuit pour ne pas embêter les voisins”, explique Mathis Talec, qui, à 28 ans, travaille avec sa femme.Un élevage “exemplaire”, selon David Riou, éleveur et chargé de la responsabilité sociétale au sein de l’interprofession (Inaporc), déplorant la lourdeur des démarches administratives qui ralentit ses démarches à lui.Mathis Talec se félicite lui de l’assistance de Porélia, sixième coopérative française qui, en plus de lui assurer la vente de ses porcs charcutiers, lui a fourni une assistance logistique pour convaincre les banques de lui prêter plus de quatre millions d’euros en six ans mais surtout les autorités administratives qui demandent des dossiers “complexes”.”Ne manque plus que le tampon du préfet” pour l’autorisation environnementale, nécessaire puisqu’il dépasse le seuil de “2.000 places” de porcs charcutiers où se succèdent plusieurs générations de cochons par an, se félicite Morgane Rannou, sa présidente. Elle souligne le “courage” de l’éleveur, quand d’autres sont “plus réticents” à investir face aux “attaques d’associations anti-élevage”.- “Faire confiance aux éleveurs” -Le père de Mathis Talec produisait un peu plus de 6.000 porcs charcutiers par an, aujourd’hui, il atteint 8.500 et vise les 10.000. Au-delà, il fera partie des 4,5% des exploitations qui produisent le plus parmi les 13.000 existantes. Pour lui, l’agrandissement est signe d’embauches et de conditions de travail améliorées grâce à la modernisation. Avec deux salariés, il peut se permettre avec sa femme et ses deux enfants, “trois semaines de vacances par an et un week-end par mois”. En dix ans, la France a perdu 25% de ses élevages de plus de 300 porcs. En volume, la production a baissé de 3,9%, un rythme supérieur à la baisse de consommation (-3%). D’ici 2035, un tiers des éleveurs partira à la retraite et toutes les exploitations ne sont pas transmissibles, avec des investissements parfois trop lourds.”Si on veut produire le même nombre de porcs, il faut bien que les élevages s’agrandissent”, affirme Anne Richard, directrice de l’interprofession, rappelant que c’est la seule viande pour laquelle la France a un taux d’auto-approvisionnement “encore” proche de 100%.  “Il faut faire confiance aux éleveurs et leur enlever des contraintes, les élevages français n’ont rien à voir avec les élevages industriels chinois ou américains”, plaide-t-elle, quelques jours avant l’examen à l’Assemblée de la loi “Duplomb”, avec laquelle les éleveurs espèrent voir relever les seuils à partir desquels une autorisation environnementale est nécessaire et simplifier la procédure de consultation publique.L’objectif est “d’ouvrir les vannes aux élevages industriels”, déplore Sandy Olivar Calvo de Greenpeace, qui met en avant qu’une très petite minorité des élevages français est concernée par le régime d’autorisation et qu’il faut qu’elle le reste vu les “risques pour l’environnement”.Mathis Talec s’astreint lui à des pratiques d’épandage et à un traitement de ses effluents rigoureux dans une région touchée par la prolifération des algues vertes, attribuée en partie par des experts aux pratiques agricoles. 

Le Suriname commence à distribuer à la population la future rente pétrolière

Pays pauvre d’Amérique du Sud promis à une pluie de dollars tirée de l’exploitation pétrolière, le Suriname a lancé un programme original par lequel les habitants devraient directement percevoir une partie de la richesse extraite du sous-sol.”C’est leur part”, a déclaré le président Chan Santokhi, candidat à sa réélection après les législatives de dimanche, dans un entretien avec l’AFP.Car “à partir de 2028 nous serons un pays producteur de pétrole” et “nous aurons des revenus, des recettes fiscales, des redevances”, a ajouté le chef d’Etat depuis 2020 du plus petit d’Amérique du Sud, voisin de la Guyane.Aujourd’hui, le Suriname est l’un des rares au monde à absorber plus de dioxyde de carbone qu’il n’en émet, mais il devrait voir sa production de pétrole bondir d’ici peu.Le groupe français TotalEnergies s’est engagé l’an dernier à investir 10,5 milliards de dollars sur les quatre prochaines années dans le gisement pétrolier offshore de GranMorgu, situé dans l’Atlantique, à 150 kilomètres des côtes. Avec la compagnie publique surinamaise Staatsolie, l’exploitation doit commencer en 2028, avec une prévision de production de 220.000 barils par jour (bj). Le Suriname produit actuellement 5 à 6.000 bj.Cela pourrait n’être qu’un début, de nouveaux permis d’exploration devant être délivrés.- “Nulle part ailleurs” -C’est Lazard, conseil du gouvernement, qui a proposé ce “concept original” de redistribution propre au Suriname, explique à l’AFP Pierre Cailleteau, associé-gérant de la banque franco-américaine.Ce RVI (“Royalties pour tous” en néerlandais) est “un coupon encaissable si et seulement si l’Etat reçoit des royalties du pétrole dans le futur”, explique-t-il. “Ça n’existe nulle part ailleurs”, observe M. Cailleteau.Dans les très rares cas de versement direct à la population, comme en Alaska, ce sont les profits réalisés par le fonds souverain sur les bénéfices déjà accumulés qui sont reversés.Les premiers coupons ont été remis début mai à une fraction des quelque 570.000 citoyens éligibles, explique à l’AFP Victorine Moti, conseillère pour le programme RVI auprès du ministère des Finances.Les plus âgés (au-delà de 80 ans) et les personnes atteintes de handicap, premiers bénéficiaires, peuvent retirer immédiatement une somme équivalente à 750 dollars, les autorités jugeant que cette catégorie de population ne va pas profiter pleinement des bénéfices pétroliers futurs.”Le programme sera progressivement étendu à l’ensemble des 127.169 seniors âgés de 60 ans et plus” et ce sont les banques qui font l’avance des fonds, acquérant les RVIs, précise Mme Moti.Le reste des Surinamais âgés de 18 à 59 ans et les mineurs ne pourront activer leurs coupons qu’à partir de 2028, quand l’Etat commencera à percevoir les premières royalties du pétrole. “Ils ont deux options : retirer l’argent ou choisir d’épargner” jusqu’à 1.275 dollars maximum, à raison de 7% d’intérêts par an. Ceux épargnant 10 ans toucheront un bonus de 150 dollars. “Espérons qu’ils essaieront d’épargner et de ne pas encaisser immédiatement”, souffle Mme Moti, qui préférerait réorienter ailleurs les premiers bénéfices.- “Je vais les dépenser” -Naslem Doelsan, 80 ans, va, elle, “les dépenser, acheter de la bonne nourriture et des articles dont (elle a) besoin”. “Pourquoi épargner, je suis déjà vieille et je veux profiter de mon argent”, dit-elle à l’AFP.”Je vais donner de l’argent à ma petite-fille, en dépenser un peu pour acheter des cigarettes”, confie à l’AFP Jai Abas, 91 ans, sourire aux lèvres avec en mains une liasse de billets de 500 dollars surinamais (12 euros) qu’il vient de retirer.Anuschka Tolud, 38 ans, en fauteuil roulant, qui perçoit 4.300 dollars surinamais (103 euros) de prestations sociales, va elle “économiser”. A ses côtés, Alex Amakaba, 32 ans, qui a perdu ses deux jambes, épargnera également car il n’a “pas encore de projets précis”.”Pour les personnes de plus de 80 ans, nous les enregistrons et envoyons les données à la banque qui les contacte”, elles n’ont ainsi qu’à se déplacer une seule fois pour obtenir leur carte de retrait, détaille Prewien Ramadhin, le directeur de e-gov, la structure chargée de la transformation numérique.Dans ce pays où un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, le défi sera également d’en faire bénéficier la population de l’intérieur, très rurale.”Je suis curieuse de savoir comment les fonds et la bureaucratie seront accessibles par les communautés indigènes et marronnes”, souligne pour l’AFP Giovanna Montenegro, de l’Université de Binghamton, dans l’Etat de New York.”Au fur et à mesure que le programme avancera” dans les catégories d’âge, “on suivra”, promet M. Ramadhin.

Premier week-end test pour le contrôle aérien américain, en souffrance

Plusieurs millions de voyageurs vont faire passer, durant ce week-end férié, un premier test au système de contrôle aérien américain, objet de récents incidents sur fond de technologie vieillissante et de sous-effectifs.En quelques jours seulement, Newark (New Jersey), l’un des trois aéroports majeurs de la région new-yorkaise, a connu une série de pannes, dont la plus sérieuse, le 9 mai, a mis à plat, durant 90 secondes, les communications aériennes et les radars permettant de situer les appareils en l’air.Ces événements ont amené le régulateur de l’aviation civile, la FAA, a réduire le trafic de 25% à Newark jusqu’à mi-juin.A Denver, la tour a perdu le contact avec les pilotes durant 90 secondes également le 12 mai, mais ils sont parvenus à maintenir les communications en changeant de fréquence.Pour le ministre des Transports, Sean Duffy, “des décennies d’abandon” ont laissé les Etats-Unis “avec un système dépassé, qui fait son âge”.Une collision le 29 janvier entre un avion de ligne en approche finale de l’aéroport Ronald-Reagan de Washington et un hélicoptère militaire, qui a fait 67 morts au total, a aussi attiré l’attention sur le contrôle aérien.Sean Duffy a présenté, début mai, un grand plan d’urgence pour rénover les infrastructures de contrôle aérien (ATC) dans le pays.Lors de sa conférence de presse, le ministre a présenté certains des équipements utilisés par les contrôleurs aériens, vieux de plus de 50 ans, une technologie qui requiert encore parfois l’utilisation de disquettes.Mais si le projet est lancé, il ne deviendra réalité qu’une fois des fonds alloués par le Congrès et devrait prendre, une fois financé, “trois ou quatre ans”, selon Sean Duffy.- “Horrible” -En attendant, “il va y avoir des retards cet été”, prédit le consultant Jeff Guzzetti, ancien reponsable des enquêtes d’accidents à la FAA.Avant même le week-end de Memorial Day, qui comprend le lundi 26 mai férié, Ramesh Jaganathan en a fait les frais, arrivé d’Orlando à Newark avec deux heures de retard. “Ca a été horrible”, raconte-t-il. “Il va falloir qu’on s’y habitue cet été.”L’ATC souffre aussi d’une pénurie de main d’oeuvre.”Cela fait au moins dix ans qu’il manque 3.000 contrôleurs aériens”, pour 13.300 salariés en poste actuellement, a relevé M. Duffy, attribuant notamment aux équipements obsolètes le manque de vocations chez les jeunes générations.Lors d’une audition au Sénat, mi-mai, des représentants de la FAA ont rappelé que les logiciels de bord étaient programmés pour assurer une distance minimale entre deux appareils et que les pilotes avaient été formés à une éventuelle panne de communication.Grâce à ces garanties, ajoutées à la surveillance des contrôleurs, il n’y a pas, en ce moment, de “danger significativement accru pour les passagers” à Newark, assure Frank McIntosh, chef adjoint de l’Air Traffic Organization, entité de la FAA dédiée au contrôle aérien.Quant à la pénurie de contrôleurs, “quand nous sommes en sous-effectif (…) nous prenons l’initiative de ralentir le trafic” et de limiter le nombre d’atterrissages et de décollages.Mais ces ajustements ont un coût pour les passagers, car, dans le cas de Newark, ils provoquent, certains jours, l’annulation de plus de 200 vols.Jeff Guzzetti observe aussi que la FAA est en proie au “tumulte”, car plusieurs centaines de ses employés ont été licenciés ces derniers mois, sous l’impulsion de Donald Trump.Même s’il ne s’agit pas de contrôleurs, “ces suppressions d’emplois ont des conséquences”, a averti l’élu démocrate à la Chambre des représentants, Steve Cohen. “L’une d’entre elles est d’amoindrir la capacité d’assurer la sécurité” du transport aérien via des contrôles et des formations.”Eliminer des postes et encourager les démissions”, a ajouté David Spero, président du syndicat des spécialistes de sécurité aérienne (PASS), “cela a un effet démoralisateur sur les équipes.”

Trump approuve le rapprochement entre U.S. Steel et Nippon Steel

Longtemps retardé, le rapprochement entre les géants de la sidérurgie U.S. Steel et Nippon Steel a finalement reçu l’assentiment de Donald Trump, via l’annonce d’un “partenariat” entre le groupe américain et son concurrent japonais qui cherche à l’acheter depuis des moisL’accord, dont il n’a pas précisé les contours exacts, permettra à “U.S. Steel de rester américain et de conserver son siège dans la grande ville de Pittsburgh”, en Pennsylvanie (est), a annoncé le président américain. “C’est le plus important investissement réalisé dans l’histoire” de cet Etat, s’est-il félicité dans un message sur son réseau Truth Social, concluant ainsi un long feuilleton industriel.Dans des communiqués séparés, les deux groupes ont rendu hommage au président américain, sans non plus clarifier le contenu de l’accord.Nippon Steel a applaudi “l’action audacieuse du président Trump en approuvant notre partenariat avec U.S. Steel”.”Nous partageons l’engagement du gouvernement à protéger les travailleurs, l’industrie et la sécurité nationale des Etats-Unis”, a affirmé le groupe japonais dans un communiqué.De son côté, U.S. Steel a assuré “grandement apprécier la capacité de direction et l’attention personnelle du président Trump pour l’avenir de milliers de métallos et de notre entreprise symbolique”.Le titre du géant américain de la sidérurgie U.S. Steel s’est envolé vendredi dans la foulée du message posté par le président américain, l’action U.S. Steel bondissant de 21,61%, à 52,17 dollars.Quelques minutes avant la clôture de la Bourse de New York, M. Trump a posté sur son compte Truth Social que les deux groupes étaient parvenus à “un accord pour un partenariat planifié, qui ajoutera 70.000 emplois et 14 milliards de dollars dans l’économie américaine. L’essentiel de cet investissement sera réalisé dans les 14 prochains mois”.- Feuilleton à rebondissements -Donald Trump avait lancé début avril un processus de réexamen du projet de rachat de U.S. Steel par son concurrent japonais, que son prédécesseur Joe Biden avait bloqué.Les deux groupes industriels avaient annoncé en décembre 2023 le projet d’acquisition à 14,9 milliards de dollars (dette comprise) de U.S. Steel par Nippon Steel.Mais la Commission des investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS), chargée d’évaluer les conséquences sur la sécurité nationale de rachats d’entreprises américaines par des groupes étrangers, n’était pas parvenue à un consensus sur l’opération.Le président Joe Biden l’avait finalement bloqué quelques semaines avant son départ de la Maison Blanche en janvier, arguant de questions de sécurité.Durant sa campagne présidentielle, M. Trump avait également jugé que U.S. Steel devait rester sous pavillon américain.Le syndicat USW, qui représente les salariés de la métallurgie, avait exprimé jeudi ses inquiétudes, après la publication d’un nouveau rapport du CFIUS avec des recommandations à destination de Donald Trump.”Autoriser la vente de U.S. Steel sera un véritable désastre pour les métallos américains, notre sécurité nationale et l’avenir de l’industrie américaine”, a ainsi déclaré le président de l’USW, David McCall, dans un communiqué.”Il est juste absurde de penser que nous puissions un jour perdre confiance dans une de nos industries les plus vitales en faveur d’une entreprise dont les pratiques commerciales déloyales se poursuivent encore”, a-t-il ajouté.Interrogé par l’AFP, l’USW a assuré vendredi ne pas “se perdre en spéculation sur l’impact de l’annonce d’aujourd’hui sans de plus amples informations”.”Notre inquiétude concerne toujours le fait que Nippon Steel, une entreprise étrangère avec un passif en terme de violation de nos lois commerciales, puisse réduire encore nos capacités métallurgiques et faire courir un risque à des milliers d’emplois”, a souligné le président du syndicat.

Hongrie: l’UE demande le retrait d’une loi ciblant des ONG et médias critiques

La Commission européenne réclame à la Hongrie le retrait d’un projet de loi accusé de menacer des ONG et médias indépendants, estimant qu’il constituerait  “une violation grave” des principes de l’Union européenne s’il était adopté.Le parti du Premier ministre nationaliste Viktor Orban a déposé en début de semaine dernière au Parlement hongrois un texte sur “la transparence de la vie publique”, dénoncé par de nombreuses ONG comme une manoeuvre pour faire taire toute voix critique dans le pays.”Nous n’hésiterons pas à prendre les mesures nécessaires si ce projet est adopté”, a affirmé un porte-parole de l’exécutif européen dans un communiqué publié vendredi soir.”La Commission a de vives inquiétudes concernant ce projet”, a-t-il expliqué. “S’il était adopté en l’état, il constituerait une violation grave des principes et du droit de l’Union européenne. Par conséquent, nous demandons le retrait de ce projet du processus législatif”.Une vingtaine de députés européens ont appelé la Commission à geler tous les fonds destinés à la Hongrie, accusant le gouvernement de Viktor Orban de “violations” répétées des lois européennes, dans une lettre rendue publique mercredi.L’UE gèle déjà 18 milliards d’euros de fonds destinés à la Hongrie dans le cadre de différentes procédures liées à des inquiétudes concernant les droits des personnes LGBT+, des demandeurs d’asile, ainsi que les conditions de passation des marchés publics et les conflits d’intérêt.Des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté dimanche dernier en Hongrie contre le projet de loi sur “la transparence de la vie publique” qui vise, selon le gouvernement, à démanteler “des réseaux de propagande” financés par des fonds étrangers.En vertu du projet de loi, les organisations “violant ou critiquant” les valeurs inscrites dans la Constitution, notamment “la primauté du mariage, de la famille et des sexes biologiques”, pourront être placées sur une liste noire.Dans ce cas, elles devront demander une autorisation pour recevoir des fonds de l’étranger. Leurs comptes en banque seront placés sous surveillance et les transferts de donateurs bloqués s’il s’avère que le but de cet argent est d'”influer sur la vie publique”.En cas d’infraction, les amendes pourraient atteindre 25 fois le montant de l’aide reçue, avec menace d’interdiction des activités en cas de récidive. L’opposition a dénoncé une “poutinisation” de la Hongrie.Plus de 300 ONG et médias, parmi lesquels Amnesty et Transparency International, ont signé une lettre commune dénonçant une manoeuvre “autoritaire pour rester au pouvoir”, à un an d’élections législatives qui s’annoncent serrées.Il s’agit de “faire taire toutes les voix critiques et d’éliminer ce qui reste de la démocratie hongroise” sur le modèle de ce qui se passe “en Russie”, ont-ils estimé.

Transport des malades: les taxis menacent de nouveaux blocages avant la réunion au ministère des Transports avec Bayrou

Les chauffeurs de taxis ont menacé de nouvelles actions de blocage, en attendant une réunion de leurs représentants samedi à 17H00 au ministère des Transports en présence de François Bayrou, pour tenter de trouver une issue au conflit qui dure depuis bientôt une semaine en raison d’une nouvelle convention régissant le transport de patients.”On demande le retrait immédiat de cette convention et on demande à retourner autour de la table des négociations”, a déclaré samedi sur France Info, Emmanuelle Cordier, présidente de la Fédération nationale des taxis (FNDT), sans quoi de nouveaux blocages sont à prévoir.”A partir de lundi”, s’l n’y a pas d’ouverture de négociations, les aéroports parisiens de Roissy et Orly “vont être bloqués par les taxis et puis nous allons aussi nous occuper de Roland-Garros”, a déclaré Mme Cordier, le premier tour du tournoi de tennis démarrant dimanche.De nombreux taxis ont passé la nuit de vendredi à samedi boulevard Raspail, aux abords du ministère des Transports, a consaté un journaliste de l’AFP. Selon Gérome Lassalle, de l’association Elite Taxis, contacté par l’AFP, “au moins 300” d’entre eux ont campé là. En cas d’échec de la réunion au ministère, “les confrères vont être surmotivés pour prendre d’assaut les aéroports et les gares parisiennes”, a-t-il déclaré.L’intersyndicale des taxis a lancé une mobilisation lundi pour protester contre ce projet qui prévoit une unification des tarifs, aujourd’hui hétérogènes selon les départements. Le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par l’Assurance maladie, puis un tarif kilométrique. Il est conçu pour dissuader les retours à vide ou les temps d’attente trop longs. Cette tarification doit entrer en vigueur le 1er octobre. L’objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (un bond de 45% depuis 2019).D’après le directeur général de l’Assurance maladie Thomas Fatôme, “la très grande majorité des taxis seront gagnants avec ce nouveau modèle, car il s’appuie sur une logique de transporter davantage de patients”.Le remboursement des transports de patients sur prescription est une activité essentielle dans le chiffre d’affaires de certains artisans-taxis.Parmi les manifestants, certains ont expliqué que la nouvelle grille tarifaire allait leur faire perdre une part substantielle de leur chiffre d’affaires. Yves Rubicondo, taxi à Pithiviers (Loiret) avec trois salariés, qui réalise 95% de son chiffre d’affaires avec l’Assurance maladie, pense perdre 25 à 30% de celui-ci.- Concurrence des VTC -“Ce que la CNAM propose est viable, mais on ne peut pas tout faire d’un coup. Pour moi c’est -60% de chiffre d’affaires!”, expliquait vendredi un taxi de la région lyonnaise venu manifester devant la gare du Nord à Paris.Les taxis demandent le retrait de la convention de la CNAM et la nomination d’un médiateur. Mais le gouvernement a déjà assuré vendredi qu’il ne comptait “pas faire machine arrière”.Tout au long de la semaine, des milliers de taxis ont manifesté, participé à des opérations escargot ou mis en place des blocages près des gares et aéroports pour se faire entendre. A Paris, l’épicentre de la contestation s’est concentré boulevard Raspail, où concerts de klaxons et feux d’artifice ont rythmé la semaine.Le climat s’est tendu à plusieurs reprises avec les forces de l’ordre et quatre manifestants parisiens ont été poursuivis.Les organisations de taxis ont aussi pris pour cible les chauffeurs de VTC, qui travaillent avec des plateformes comme Uber ou Bolt, accusés de concurrence déloyale et de pratiques irrégulières.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a dans ses missions la régulation des taxis, a d’ailleurs demandé aux forces de l’ordre de renforcer les contrôles des véhicules avec chauffeur (VTC).Dans un télégramme adressé jeudi aux préfets et consulté par l’AFP, le ministre de l’Intérieur met en exergue des “incidents récurrents” des derniers mois qui “démontrent la tension entre les taxis et les conducteurs de VTC”.En cause, selon M. Retailleau, “des pratiques irrégulières de la part des VTC et la présence de faux professionnels sur la voie publique”.Le ministre a demandé que les forces de l’ordre utilisent trois nouvelles amendes forfaitaires délictuelles pour exercice illégal du métier de taxi, prise en charge sans réservation et défaut d’inscription au registre VTC.