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Guerre commerciale: la directrice générale l’OMC “très préoccupée”

L’incertitude autour du commerce mondial déclenchée par le président américain Donald Trump pourrait “avoir de sévères conséquences négatives”, en particulier pour les économies les plus vulnérables, a averti mercredi la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, qui craint un “découplage” commercial entre les Etats-Unis et la Chine.La suspension temporaire des droits de douane punitifs américains, sauf pour la Chine, atténue la contraction des échanges mais le recul du commerce mondial de marchandises pourrait atteindre jusqu’à 1,5% en volume en 2025, en fonction de la politique douanière de Donald Trump, selon les prévisions annuelles de l’Organisation mondiale du commerce.”Je suis très préoccupée”, a déclaré Mme Okonjo-Iweala lors d’une conférence de presse, indiquant que l’OMC s’attendait à un effondrement de 81% du volume commercial entre les Etats-Unis et la Chine. “L’incertitude persistante menace de freiner la croissance mondiale, avec de sévères conséquences négatives pour le monde, en particulier pour les économies les plus vulnérables”, a-t-elle ajouté dans un communiqué.- Oublier l’expansion -L’OMC s’attendait à une expansion continue du commerce mondial en 2025 et 2026. Mais l’organisation a revu sa copie face à la guerre commerciale.”Dans les conditions actuelles”, à savoir en prenant en compte la suspension annoncée par le président américain Trump de ses droits de douane colossaux contre le reste du monde, à l’exception de la Chine, “le volume du commerce mondial des marchandises devrait diminuer de 0,2% en 2025”, avant d’afficher une “reprise modeste” de 2,5% en 2026, selon l’OMC.Mais “il existe d’importants risques de détérioration, comme l’application de droits de douane réciproques et la propagation plus large de l’incertitude entourant les politiques, ce qui pourrait entraîner un recul du commerce mondial des marchandises encore plus marqué (de 1,5%) et nuire aux pays les moins avancés tournés vers l’exportation”.Dans les conditions actuelles, la baisse du commerce de marchandises “devrait être particulièrement marquée en Amérique du Nord, où les exportations devraient chuter de 12,6%” cette année, détaille l’OMC. Les importations de cette région devrait elles chuter de 9,6%.L’Asie devrait afficher une croissance “modeste” des exportations et des importations cette année (1,6% pour les deux), de même que l’Europe (1% pour les exportations et 1,9 % pour les importations).Les exportations de marchandises chinoises devraient augmenter de 4 à 9% dans toutes les régions hors Amérique du Nord, conséquence des perturbations des échanges entre les États-Unis et la Chine. Le rapport de l’OMC contient pour la première fois une prévision concernant le commerce des services, qui devrait augmenter de 4,0% en 2025, soit environ 1 point de pourcentage de moins que prévu.- Découplage -L’OMC table sur une croissance de 2,2% du Produit intérieur brut (PIB) cette année et de 2,4% l’année prochaine. Mme Okonjo-Iweala a fait part de ses vives inquiétudes face à la chute du commerce entre les Etats-Unis et la Chine, alors que les deux pays sont entrés dans une surenchère douanière. Même si leurs échanges “ne représentent qu’environ 3% du commerce mondial de marchandises, un découplage” de ces deux grandes économies “pourrait avoir des conséquences considérables”, a-t-elle averti, affirmant que cela pourrait “contribuer à une fragmentation plus large de l’économie mondiale” qui serait alors organisée “selon des lignes géopolitiques en deux blocs isolés”.Dans ce scénario, a-t-elle dit, “le PIB réel mondial serait réduit de près de 7% à long terme”, à savoir d’ici 2040.”Face à cette crise”, la cheffe de l’OMC considère que les pays “ont une occasion sans précédent d’insuffler du dynamisme à l’organisation”, en mettant notamment en oeuvre un processus de décision plus rapide. Elle appelle aussi, entre autres, à “favoriser des conditions de concurrence équitables” face aux différentes formes de subventions qui existent dans les pays.”Les États-Unis, comme vous le savez, sont très préoccupés par l’égalité des conditions de concurrence, tout comme l’UE” alors que “la Chine est préoccupée par les subventions agricoles”, a-t-elle cité en exemple.Elle appelle aussi le continent africain à “une plus grande autonomie” face à “l’aide internationale qui se tarit et au commerce mondial qui se politise”.

Canada: statu quo de la banque centrale, qui juge impossible les prévisions

La Banque du Canada, qui a maintenu mercredi son taux directeur à 2,75% après sept baisses consécutives, a expliqué que l’incertitude entourant les droits de douane rendait impossible la publication de prévisions économiques et opté pour la présentation de deux scénarios.”Le changement majeur d’orientation de la politique commerciale américaine et l’imprévisibilité entourant les droits de douane ont accru l’incertitude, modéré les perspectives de croissance économique et fait monter les attentes d’inflation”, a noté la banque centrale dans un communiqué.Plutôt que de publier ses prévisions économiques trimestrielles habituelles, la Banque du Canada a présenté deux scénarios.Dans le premier scénario, plus positif, la portée des droits de douane reste “limitée” et la croissance canadienne s’affaiblit temporairement, avec une inflation qui reste autour de la cible de 2%.Dans le pire des cas, une guerre commerciale prolongée avec les États-Unis – le principal partenaire commercial du Canada – déclencherait une récession et ferait grimper les prix en flèche.Les annonces de droits de douane et l’incertitude ont miné la confiance des consommateurs et des entreprises dans le pays, a indiqué la Banque du Canada, ce qui a entraîné une baisse de la consommation et des dépenses des entreprises, ainsi qu’un déclin de l’emploi et un ralentissement de l’embauche.”Les droits de douane et les perturbations des chaînes d’approvisionnement devraient faire monter certains prix” et “les attentes d’inflation à court terme ont augmenté, les entreprises et les consommateurs anticipant des coûts plus élevés en raison du conflit commercial”, a noté la banque centrale.En mars, l’inflation sur un an a ralenti au Canada pour atteindre 2,3% contre 2,6% en février, après avoir oscillé sous la barre des 2% au cours des six mois précédents.Lors d’une conférence de presse, le gouverneur Tiff Macklem a déclaré que la banque centrale a décidé de maintenir son taux directeur le temps que l’orientation des droits de douane et leurs effets se précisent.”Nous ne pouvons pas, avec la politique monétaire, résoudre l’incertitude liée au commerce ni neutraliser les répercussions d’une guerre commerciale”, a-t-il déclaré.Mais “nous pouvons préserver la confiance des Canadiens dans la stabilité des prix”, a-t-il souligné.La prochaine annonce de la politique monétaire aura lieu le 4 juin et la banque fera preuve de “prudence” en étant moins “tournée vers l’avenir que d’habitude, jusqu’à ce que la situation soit plus claire”, a ajouté Tiff Macklem.

La Cour des comptes menace de ne plus certifier le budget de l’Etat si elle n’est pas davantage écoutée

La Cour des comptes pourrait refuser de certifier les comptes de l’Etat si ses recommandations ne sont pas mieux écoutées, a menacé mercredi son Premier président Pierre Moscovici, tout en reconnaissant que le budget 2025 s’annonçait mieux que celui de 2024.”J’aimerais vous faire part, non pas de ma mauvaise humeur, mais de ma très mauvaise humeur s’agissant des suites – ou plutôt de l’absence systématique de suites – qui sont données à l’acte de certification que nous publions annuellement”, a lancé M. Moscovici devant la presse, puis à l’Assemblée nationale, en présentant divers documents liés aux finances publiques, dont la certification des comptes de l’Etat pour 2024.”J’imagine la situation d’une entreprise” où le commissaire aux comptes “certifierait les comptes avec de fortes réserves ou ne les certifierait pas, et où le conseil d’administration dirait +on s’en fiche+: l’Etat fait ça, la Sécurité sociale fait ça”, a assuré M. Moscovici.Notant que, “pour la 19e année consécutive, les comptes de l’État ne sont pas en mesure d’être certifiés sans des réserves très significatives”, M. Moscovici a indiqué “qu’en l’absence de progrès en 2025, la Cour pourrait être amenée à (…) ne pas les certifier”. Il a écrit en ce sens à Bercy cette semaine.La Cour a relevé cinq “anomalies significatives”, comme en 2023, dans le budget 2024, portant surtout sur des surévaluations et sous-évaluations.  Le Premier président est revenu sur les prévisions trop optimistes pour le budget 2024, concocté fin 2023 par Bercy alors dirigé par Bruno Le Maire. Notamment un déficit public annoncé à 4,4% du PIB mais qui a dérapé à 5,8%. Devant cet écart, la Cour des comptes active le “mécanisme de correction”, qui oblige le gouvernement à présenter des mesures d’amélioration.M. Moscovici a évoqué “la gestion erratique, le pilotage à vue, la succession de reports, gels, surgels, coups de rabot” qui ont émaillé l’année dernière.Pour 2025, avec le gouvernement Bayrou, les choses se présentent “un peu mieux”, même si “nous observons encore, soit de légers biais optimistes, soit des risques qui ne sont pas tout à fait évalués”, a-t-il signalé, jugeant l’actuelle prévision de croissance à 0,7% “pas hors d’atteinte”.Il a appelé “au réalisme et à la prudence” dans les prévisions : “on saura toujours que faire d’une bonne surprise alors que les mauvaises seront de plus en plus complexes à absorber”. Ainsi, “il ne faut pas s’amuser à se faire plaisir avec de bons chiffres inventés pour pousser devant soi les problèmes, il faut traiter” ces derniers.Malgré “des débats” en son sein, la Cour des comptes n’a cependant pas voulu conclure à “l’insincérité” du budget 2024, ce qui impliquerait “une intention de tromper”, et l’inconstitutionnalité du texte, a-t-il précisé.”Je ne participe à aucun procès, aucune forme de règlement de comptes à l’égard de personne, a fortiori à l’égard d’un successeur”, a assuré M. Moscovici, lui-même ministre des Finances de 2012 à 2014.Il a préconisé cependant le renforcement du rôle du Haut conseil des Finances publiques (HCFP), qu’il préside également, afin que ce dernier valide désormais les prévisions du gouvernement, “selon un mécanisme de +comply or explain+” (appliquer ou expliquer) : si le HCFP doute d’une prévision, le gouvernement devrait la modifier, ou d’expliquer pourquoi il ne le fait pas.

Wall Street recule, plombée par Nvidia et la guerre commerciale

La Bourse de New York a ouvert en baisse mercredi, lestée par les nouvelles restrictions sur les exportations de puces imposées au géant américain Nvidia, ainsi que par les nouveaux fronts ouverts par Washington dans son offensive commerciale.Vers 13H55 GMT, le Dow Jones reculait de 0,74%, le Nasdaq cédait 2,21% et l’indice élargi S&P 500 perdait 1,38%.Nvidia lâchait 5,94%, entraînant dans sa baisse d’autres fabricants de semiconducteurs, à l’image de Broadcom (-3,35%) ou AMD (-5,85%).Nvidia a annoncé mardi soir que ses résultats du premier trimestre décalé (février à avril) devraient inclure jusqu’à environ 5,5 milliards de dollars de charges exceptionnelles.Dans un document à la SEC, il a précisé que le gouvernement américain l’a informé la semaine dernière qu’il devrait désormais obtenir une licence pour exporter certaines puces d’intelligence artificielle (IA) vers la Chine et d’autres pays.Sous Biden comme sous Trump, les Etats-Unis ont interdit ou restreint les exportations des processeurs les plus sophistiqués vers la Chine, notamment ceux qui permettent de développer des technologies d’IA de pointe et des superordinateurs.Washington essaie ainsi de conserver son avance dans ce secteur, et d’empêcher Pékin de développer certaines applications militaires.”Une grande partie de la progression du marché boursier de ces deux dernières années était le résultat du mouvement vers l’intelligence artificielle et les semi-conducteurs qui pourraient soutenir ce mouvement”, rappelle auprès de l’AFP Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.”Nvidia étant la plus importante de ces actions, toute nouvelle l’affectant négativement aura un impact important sur le marché dans son ensemble”, ajoute l’analyste.Cet épisode “fait partie de l’ensemble de la discussion sur les droits de douane”, car s’il ne s’agit pas d’une surtaxe, “cela revient à l’idée du protectionnisme, à l’idée d’une moindre mondialisation”, estime Steve Sosnick.Pékin et Washington continuent de se renvoyer la balle dans la guerre des droits de douane qui les oppose, un conflit qui pourrait provoquer un recul du commerce mondial en 2025, a prévenu l’OMC mercredi, au lendemain de nouvelles restrictions commerciales venues de plusieurs fronts.La Chine, qui a publié mercredi une croissance économique de 5,4% au premier trimestre 2025, plus forte qu’anticipé, a suspendu toute réception d’avions fabriqués par l’américain Boeing.De son côté, la Maison Blanche a ouvert la voie à des droits de douane sur certains minerais et objets électroniques comme les smartphones et les véhicules électriques.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans était stable par rapport à la veille, à 4,33%.Côté indicateurs, la place américaine n’a pas franchement réagi à l’accélération des ventes au détail  (+1,4% à 734,9 milliards de dollars)en mars, tirées par d’importants achats de véhicules neufs.”Il est très possible que les consommateurs concentrent leurs achats” avant l’application de droits de douane, “et que nous assistions à une augmentation artificielle des ventes”, selon Chris Zaccarelli, de Northlight Asset Management.De son côté, la production industrielle américaine a reculé en mars conformément aux attentes, sous l’effet en particulier d’une baisse de la production d’énergie du fait de conditions climatiques clémentes, selon l’enquête mensuelle de la Réserve fédérale (Fed).Ailleurs à la cote, la compagnie aérienne américaine United Airlines avançait de 1,15% après sa meilleure performance pour un premier trimestre depuis 2021 malgré un “environnement macroéconomique difficile”.La plateforme de réservation de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) Lyft perdait 1,01% après avoir annoncé qu’elle rachetait l’application européenne de réservation de taxis Free Now pour un montant de 199 millions de dollars.

Guerre commerciale: les Bourses mondiales reculent, la tech sous pression

Les Bourses mondiales fléchissent mercredi face aux tensions commerciales qui s’accroissent entre Pékin et Washington, plombant particulièrement les valeurs technologiques.A Wall Street, dans les premiers échanges, vers 13H30 GMT, le Dow Jones cédait 0,48%, le Nasdaq 1,72% et le S&P 500 0,96%.En Europe, la Bourse de Paris perdait 0,59%, Francfort 0,43%, Londres 0,28% et Milan 0,56%. “Les conflits commerciaux persistants du président Trump avec ses partenaires maintiennent les investisseurs sur leurs gardes”, commente Patrick Munnelly, de Tickmill Group.Les échanges de marchandises pourraient chuter jusqu’à 1,5% en volume en 2025 en fonction de la politique douanière de Donald Trump, a averti l’OMC mercredi.La Chine a prévenu qu’elle n’avait pas peur “de se battre” avec les Etats-Unis tout en prônant le dialogue, au lendemain de nouvelles restrictions commerciales venues de plusieurs fronts.Pékin a suspendu toute réception d’avions fabriqués par le constructeur américain Boeing. La Poste de Hong Kong a de son côté annoncé mercredi suspendre les envois de colis vers les Etats-Unis.Les investisseurs s’inquiètent “des craintes d’un durcissement de la guerre commerciale”, relève Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.Nvidia tousse, la tech s’enrhumeLe titre du géant américain des puces Nvidia dévissait de plus de 6% vers 13H30 GMT à Wall Street, après l’annonce de nouvelles restrictions des Etats-Unis sur les exportations de semi-conducteurs vers la Chine, qui pourraient coûter 5,5 milliards de dollars au premier trimestre au groupe.Les autres valeurs américaines de la tech reculaient dans son sillage: Meta cédait 1,87%, Alphabet 2,23%, Apple 1,11% et Microsoft 0,54%.Washington a fait savoir la semaine dernière à Nvidia qu’il devrait obtenir une licence pour exporter certaines puces d’intelligence artificielle (IA) vers la Chine et d’autres pays, d’après un document déposé mardi par l’entreprise auprès de la SEC, le gendarme boursier américain.Le secteur des semi-conducteurs est aussi plombé par le titre du néerlandais ASML, qui chutait de près de 5,91%. Le président directeur général du groupe a déclaré mercredi que les annonces liées aux tarifs douaniers ont “accru l’incertitude” macroéconomique.Les valeurs européennes de la branche suivaient le mouvement: Soitec perdait 2,97% et STMicroelectronics 1,97% à Paris. Infineon cédait 2,01% à Francfort.Le dollar à la peineLe dollar souffre d’une “érosion de la confiance” des investisseurs, note Stephen Innes, analyste chez SPI AM.Depuis le 2 avril dernier, date de l’annonce des droits de douane américains colossaux visant les importations de la plupart des pays et déjà partiellement suspendus, le dollar a cédé environ 5% face à l’euro.Mercredi, vers 13H30 GMT, le billet vert perdait encore 0,75% face à la monnaie unique européenne, à 1,1364 dollar pour un euro.En revanche, le marché de la dette américaine se stabilise, après une flambée des taux d’intérêt la semaine dernière en raison de la perte de confiance dans l’économie américaine. Vers 13H30 GMT, le rendement de l’obligation à dix ans atteignait 4,33%, contre 4,34% mardi.”La vente massive des bons du Trésor américain est désormais plus contenue, ce qui est important pour évaluer la gravité potentielle d’une crise financière”, note Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.Nouveau record de l’or, le pétrole bonditL’or, considéré comme la valeur refuge par excellence, s’est hissé mercredi à un nouveau record historique, à 3.317,75 dollars l’once. Vers 13H30 GMT, l’once d’or atteignait 3.304 dollars.L’actif émerge comme l’un des principaux bénéficiaires de l’actuelle fuite vers la sécurité qui balaye les marchés”, et la crise de “confiance dans les actifs américains”, explique Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades.Côté pétrole, les prix montaient mercredi, sur fond de croissance meilleure qu’attendue cette année en Chine, première importatrice mondiale.Vers 13H30 GMT, le baril de WTI américain prenait 1,02% à 61,96 dollars et celui de Brent de la mer du Nord de 0,97% à 65,30 dollars.

Déficit: Paris veut toujours rentrer dans les clous européens en 2029

Cancre budgétaire de la zone euro, la France a confirmé mercredi vouloir ramener son déficit public dans les clous européens en 2029, malgré une croissance plus molle en 2025 et 2026 dans un environnement international difficile, avec dans son viseur les niches fiscales.Au lendemain de l’avertissement du Premier ministre François Bayrou contre le “piège” de la dette qui menace “la survie [du] pays”, le ministre de l’Economie, Eric Lombard, a présenté le rapport d’avancement de la trajectoire budgétaire française, légèrement ajustée par rapport à octobre, évoquant à l’issue du conseil des ministres de “fortes incertitudes” liées aux droits de douane américains. En 2024, le déficit public s’est creusé à 5,8% du produit intérieur brut (PIB). Le gouvernement espère le ramener à 5,4% cette année, au prix d’un effort budgétaire d’une cinquantaine de milliards d’euros, renforcé récemment par 5 milliards supplémentaires.Il entend ensuite le réduire à 4,6% en 2026 grâce à un nouvel effort chiffré à 40 milliards d’euros. Celui-ci reposerait essentiellement sur une réduction des dépenses, qu’Eric Lombard souhaite équitable entre l’Etat, la Sécurité sociale et les collectivités locales, tandis que la piste d’une augmentation d’impôts pour les ménages ou les entreprises a été écartée. – “Un peu mieux” -Actuellement le plus élevé de la zone euro, le déficit public français continuerait de refluer ensuite, à 4,1% du PIB en 2027 et 3,4% en 2028.   L’objectif, maintenu, est de repasser sous le plafond de 3% autorisé par les règles budgétaires européennes, mais plus tardivement que le reste de la zone euro, avec une cible à 2,8% en 2029.  “Ce n’est pas qu’une question de chiffres, c’est d’abord et avant tout une question de souveraineté: souveraineté financière, souveraineté stratégique”, a souligné la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin. Concernant la prévision de croissance, déjà rabotée à 0,7% pour 2025 après 1,1% l’an dernier, le gouvernement table sur une progression du PIB de 1,2% en 2026 (contre 1,4% espérés en octobre), dans un environnement difficile, à l’international comme en France, où la menace d’une censure du gouvernement par LFI et le RN, mécontents des annonces budgétaires, ressurgit à l’Assemblée nationale. La croissance atteindrait ensuite 1,4% en 2027 (contre 1,5% prévus auparavant), comme en 2028, et 1,2% en 2029. Le Premier président de la Cour des comptes et président du Haut Conseil des finances publiques, Pierre Moscovici, a estimé mercredi que le budget 2025 était “un peu mieux” que celui de 2024, dont il a dénoncé “la gestion erratique” par les équipes de Bercy dirigées notamment par l’ex-ministre Bruno Le Maire. La prévision de croissance pour cette année “n’est pas hors d’atteinte, même si les risques liés à la conjoncture internationale et à l’incertitude géopolitique sont élevés”, a-t-il jugé. La prévision de déficit peut également être “tenue, mais est loin d’être acquise”, selon le HCFP, car elle requiert “une stricte maîtrise des dépenses”. – Baisses d’impôts? -Mardi, après un “comité d’alerte du budget”, François Bayrou a prévenu que le coût de la dette, d’une soixantaine de milliards d’euros cette année, soit l’équivalent du budget de la défense ou de l’éducation nationale, risquait de s’envoler jusqu’à 100 milliards en 2029. La dette publique a atteint 113% du PIB en 2024, soit 3.305,3 milliards d’euros. Dans la zone euro, seules la Grèce et l’Italie présentent un endettement plus lourd. La dette française continuerait de grimper jusqu’à 118,1% du PIB en 2027 avant de refluer progressivement à 117,2% en 2029. Effort demandé aux retraités? Hausse de la TVA? Si le patron de Matignon a promis de dévoiler les “grands choix” du prochain budget avant le 14 juillet, au terme d’un dialogue “sans tabou” avant les débats budgétaires à l’automne, des pistes ont commencé à émerger. Amélie de Montchalin a évoqué la suppression, parmi les 467 niches fiscales pesant 85 milliards d’euros, de celles jugées inutiles. Si cela rapporte “beaucoup d’argent” à l’Etat, cela pourrait se traduire par des baisses d’impôts “pour un certain nombre de Français, d’entreprises”, a-t-elle dit. La ministre veut aussi faire en sorte que le travail rapporte plus, sans dire comment, et faire rentrer 15 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat en intensifiant la lutte contre les fraudes. 

EDF reporte à nouveau le redémarrage de l’EPR de Flamanville, au 21 avril

Le redémarrage de l’EPR de Flamanville (Manche), à l’arrêt depuis le 15 février, a été décalé du 17 au 21 avril, après “plusieurs opérations de maintenance supplémentaires”, désormais terminées, a annoncé EDF mercredi.C’est le 4e report du redémarrage du réacteur nucléaire normand, à l’arrêt depuis deux mois en raison d’aléas techniques. Le redémarrage devait avoir lieu cette semaine, fixé pour jeudi, avait indiqué le groupe sur son site le 10 avril.Il avait toutefois précisé dans un autre message que cet arrêt était “susceptible de se prolonger”.Désormais, “les dernières opérations de maintenance sont terminées”, a indiqué EDF à l’AFP mercredi. “Les équipes de Flamanville 3 (le réacteur EPR, NDLR) procèdent actuellement au redémarrage en toute sûreté du réacteur, dans l’objectif d’un couplage au réseau électrique le 21 avril”, a précisé le groupe. EDF rappelle que le réacteur EPR est à l’arrêt depuis le 15 février “pour réaliser un certain nombre d’interventions”. Cet arrêt “a ensuite été prolongé pour procéder à plusieurs opérations de maintenance supplémentaires”, explique l’entreprise.Mais le groupe maintient son planning prévisionnel d’atteindre “à l’été 2025” la pleine puissance, soit “100% de puissance nominale”.Selon EDF, des “interventions ont été réalisées sur un circuit de refroidissement des équipements par l’eau de mer, sur le groupe turbo alternateur (opérations de reprise des réglages sur trois paliers, pièces portant et guidant les rotors) et sur des matériels requis pour la poursuite des opérations de montée en puissance du réacteur en toute sûreté”.”Les matériels concernés sont situés dans la partie nucléaire des installations”, signale EDF. Le réacteur de 3e génération a déjà connu deux phases d’arrêt, qui étaient programmées, depuis son raccordement au réseau le 21 décembre 2024, réalisé avec 12 ans de retard.EDF avait prévenu que la montée en puissance du 57e réacteur nucléaire français serait un processus progressif, pouvant nécessiter une dizaine d’arrêts de maintenance programmés et, en parallèle, des opérations imprévues.

Eclaircie pour l’économie chinoise, mais orage en vue

Meilleure qu’attendu et portée notamment par un rebond des exportations, la croissance de 5,4% affichée par la Chine au premier trimestre lui apporte une bouffée d’oxygène. Mais des analystes préviennent: de fortes turbulences économiques sont annoncées avec la tempête de surtaxes douanières de Donald Trump.Une performance en trompe-l’oeil?Oui, disent des analystes, qui pointent un effet d’aubaine: les entreprises (exportateurs côté chinois et importateurs côté américain) se seraient dépêchées d’envoyer et recevoir des marchandises avant l’entrée de vigueur des surtaxes prohibitives de Donald Trump sur les biens chinois.Certes, les mesures prises par le gouvernement chinois pour stimuler la consommation des ménages, faible depuis la pandémie, ont également contribué aux bons chiffres économiques du premier trimestre. Mais la tempête pointe.”Il est trop tôt pour voir dans ces bons résultats le signe d’un redressement durable du marché”, juge ainsi Yue Su, analyste du cabinet Economist Intelligence Unit (EIU). “Cette performance s’explique surtout par des exportations anticipées avant les nouvelles surtaxes, ainsi que par un rebond de la consommation lié aux mesures gouvernementales – notamment dans l’électronique et l’électroménager”, ajoute-t-elle.Donald Trump a imposé des surtaxes douanières allant jusqu’à 145% sur une grande quantité de produits chinois. La Chine a répliqué avec des droits de douane de rétorsion de 125% sur les marchandises américaines importées.- “Les plus touchés” -La présidence américaine a déclaré que la balle était désormais “dans le camp de la Chine”. Mais Pékin, tout en appelant Washington au “respect”, a répondu n’avoir “pas peur” de poursuivre la guerre commerciale, qui montre peu de signes d’apaisement. Cette position combative du géant asiatique masque toutefois une inquiétude bien réelle vis-à-vis de l’impact des droits de douane américains, car l’économie chinoise est très dépendante des exportations.La tempête de surtaxes déclenchée en avril par Donald Trump “se répercutera dans les chiffres du deuxième trimestre: les entreprises américaines chercheront d’autres fournisseurs, ce qui pénalisera les exportations chinoises”, déclare Heron Lim, analyste chez Moody’s Analytics.”Les fabricants d’électronique et les exportateurs seront les plus touchés”, souligne-t-il.Louise Loo, analyste du cabinet Oxford Economics, met également en garde: “l’amélioration de la dynamique de croissance risque fort d’être interrompue dans les prochains mois par les effets contraires produits par ces droits de douane punitifs”.La Chine a reconnu mercredi que l’environnement économique mondial devenait “plus complexe et plus difficile” et que les surtaxes douanières américaines exerçaient une “pression” sur son économie.Le gouvernement avait lancé l’an passé une série de mesures volontaristes pour tenter de relancer l’économie: une baisse des taux d’intérêt, la levée de restrictions sur les achats de logements ou encore un soutien renforcé aux marchés financiers.Mais après une envolée en Bourse, alimentée par l’espoir d’un grand plan de relance, l’optimisme était retombé devant des politiques jugées insuffisantes par les marchés.- “Bouée de sauvetage” -Avec la guerre commerciale avec Washington, potentiellement dévastatrice, les analystes s’accordent à dire que Pékin pourrait se sentir contraint d’en faire plus pour stimuler la consommation intérieure et protéger l’économie des surtaxes américaines.La crise de la dette dans le secteur immobilier – un frein persistant à la confiance des consommateurs – reste un handicap majeur pour l’économie.”Offrir une bouée de sauvetage à l’économie nationale est aujourd’hui plus important que jamais”, affirme Sarah Tan, économiste chez Moody’s Analytics.”L’effondrement du marché immobilier reste la préoccupation numéro un” des Chinois, ajoute-t-elle, car l’achat d’un logement est souvent réalisé avec les économies d’une vie.”Combiné à un marché du travail encore fragile, cette chute “incite les ménages à privilégier l’épargne plutôt que la consommation”, note Mme Tan.Quelle forme pourrait prendre les nouvelles mesures des autorités chinoises?”Nous continuons de tabler sur un plan de relance de 2.000 milliards de dollars, axé sur la consommation, les infrastructures, la rénovation urbaine et la réhabilitation des quartiers insalubres”, déclare Yue Su, de l’Economist Intelligence Unit.

Au pays de Galles, la flambée de l’or relance une mine oubliée chère aux Windsor

On y accède par des échelles vacillantes, le long de boyaux étroits, caillouteux et humides, pour atterrir 50 mètres plus bas: au fond de cette mine galloise longtemps abandonnée, une compagnie attirée par la flambée des prix traque un or rarissime, fondu pour les alliances royales.Il semble parfois pleuvoir au cinquième sous-sol de la mine de Clogau-St David’s, où les gouttes glacées qui s’échappent du plafond se faufilent dans le cou des visiteurs.Ces galeries sinueuses étaient inondées il y a peu. Il a fallu plus de six mois à Alba Mineral Resources, titulaire depuis 2018 de la licence d’exploration, pour les vider.Le cinquième niveau est celui qui les intéresse le plus, avec une forte concentration en quartz, cette roche blanche aux faux airs de neige, indicateur classique de gisements aurifères.Ici, on fore, on dynamite, puis on hisse le minerai à la surface dans un wagonnet rouillé, monté sur câble.”Jusqu’à présent, la mine est en phase d’exploration. Nous passons lentement à l’exploitation”, raconte Mark Austin, géologue principal et vétéran des mines africaines.Nichée dans un parc national, Clogau a connu ses premiers coups de pioche en 1854, d’abord pour le plomb, puis rapidement l’or. Selon la légende, un mineur a découvert les premières paillettes par accident, d’un coup de pied dans la roche.- Lady Di, Kate et Meghan -Après six décennies florissantes, la mine ferme en 1911 et ne sera plus exploitée que par intermittence.Quand elle cesse définitivement son activité en 1998, l’or se monnaye 300 dollars l’once. Il en vaut dix fois plus aujourd’hui, et son cours a battu un nouveau record mercredi, à 3.317 dollars, porté par l’inquiétude autour des droits de douane de Donald Trump.”Trouver des veines d’or inexplorées devient évidemment très intéressant”, s’enthousiasme George Frangeskides, le PDG d’Alba.”On s’est dit qu’avec les techniques modernes, nous pourrions trouver des filons”, poursuit-il devant l’entrée grillagée de la mine, au bout d’un chemin terreux qui serpente en pleine forêt.L’or de cette mine est d’autant plus attrayant qu’il peut se vendre plus de dix fois plus cher, malgré une composition identique. D’abord en raison d’un label “gallois” recherché, ensuite grâce à un lien historique avec Buckingham.Depuis un siècle, les alliances royales sont façonnées avec le précieux métal, une tradition qui remonte aux noces de la reine Elizabeth Bowes-Lyon, la “Reine mère”, en 1923.Ses filles Elizabeth et Margaret, la princesse Anne, mais aussi Lady Di, Camilla, Kate Middleton et Meghan Markle: toutes ont porté un anneau en or gallois. Charles III aussi.”Cela ajoute évidemment au cachet et à l’attrait du projet”, reconnaît George Frangeskides.Même avec une extraction limitée à quelques centaines d’onces par an, il croit son affaire rentable. Quatre millions de livres ont été investis dans le site, où travaillent une dizaine de personnes. Trois pièces d’une once (environ 30 grammes) ont été frappées à partir de vieux déchets miniers, puis mises aux enchères. La première s’est vendue 20.000 livres (26.000 dollars), soit huit fois le prix de l’or.- Chauve-souris -Sous les bottes en caoutchouc du PDG, seuls de vieux rails oxydés et d’antiques fondations en bois témoignent des décennies passées, au cours desquelles 80.000 onces ont été extraites (2,5 tonnes).Casque sur la tête, Mark Austin désigne d’une main gantée les creux dans la paroi où seront installés les explosifs. Le minerai sera ensuite broyé, puis tamisé, pour en extraire d’infimes particules d’or.Une extension prometteuse à la veine de quartz d’origine, d’environ 120 mètres, a été identifiée, sur une zone d’exploration de 107 km2.”Il s’agira d’une petite mine (…) qui produira des quantités très limitées”,  explique à l’AFP John Reade, du Conseil mondial de l’or (CMO), représentant de l’industrie. Mais son lien royal peut attirer des acheteurs “très traditionalistes ou fervents monarchistes”, prêts à payer le prix fort.Au milieu des vieilles pierres grises de Dolgellau, à quelques kilomètres, ce n’est pas la promesse de l’or qui agite les conversations, mais les craintes de pollution liées à la reprise de l’activité.Alba affirme avoir rassuré les autorités et veiller à la protection des chauves-souris qui habitent les lieux.Pour le reste, personne ici ne semble tirer la moindre fierté de cette mine aux accents royaux, tant le pays de Galles reste indifférent à la chronique de Buckingham.Attablé au Cross Keys, pub agité de la petite ville, Will Williams, médecin retraité de 75 ans s’en amuse: “Je ne serais pas étonné que beaucoup de jeunes du coin ignorent même (son) existence.”