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La Bourse de Paris termine en baisse, freinée par une hausse des taux

La Bourse de Paris a terminé en baisse de 0,70% mardi, freinée par une hausse des taux d’emprunt de la France à long terme sur les marchés financiers, sur fond d’instabilité politique.L’indice vedette CAC 40 a reculé de 53,65 points et s’est établi à 7.654,25 points à la clôture. Lundi, la Bourse de Paris avait terminé à l’équilibre, prenant 4 points (+0,05%).”Aujourd’hui il y a une remontée des taux globale, mais c’est aussi très saisonnier parce qu’en septembre, traditionnellement, les émissions de dettes souveraines reprennent”, explique Marine Mazet, stratégiste taux chez Nomura. Le rendement de l’emprunt français à échéance 30 ans a dépassé 4,50% mardi, une première depuis 2011. Son équivalent à échéance dix ans évoluait aussi en hausse, à 3,58%, contre 3,53% à la clôture la veille.Selon des données compilées par l’agence Bloomberg, le marché de la dette européenne s’achemine vers une séance comptant 49,6 milliards d’euros de dette émise, un record sur une journée.Sur cette somme, du côté de la dette souveraine, donc émise par des Etats, “il y a 18 milliards d’euros de dette italienne et le Royaume-Uni a émis pour 14 milliards de livres sterling”, détaille Marine Mazet. Plusieurs thèmes s’inscrivent en toile de fond de cette séance animée sur le marché obligataire, dont la question du budget.Le Premier ministre François Bayrou se soumettra lundi à un vote de confiance devant les députés, qui semble toutefois perdu d’avance. L’instabilité politique du pays le laisse dépourvu de budget, alors que la dette publique française représente près de 114% du PIB, la troisième plus importante de la zone euro derrière la Grèce et l’Italie.La gauche et l’extrême droite, ainsi que certains Républicains, rejettent en bloc le projet de budget pour 2026 poussé par Bayrou, qui prévoit notamment un effort de 44 milliards d’euros.Kering et LVMH se démarquentLes géants du luxe LVMH (+1,85% à 513,00 euros) et Kering (+3,83% à 238,60 euros) ont bénéficié d’une recommandation positive de la banque HSBC sur leurs titres, poussant les investisseurs à l’achat.

Draguignan: 4 ans de prison pour avoir fraudé 62 millions d’euros à l’Urssaf

Le tribunal correctionnel de Draguignan (Var) a condamné mardi le dirigeant d’un groupe d’intérim à quatre ans de prison et 100.000 euros d’amende pour une fraude généralisée ayant soustrait 62 millions d’euros aux organismes sociaux, a annoncé le parquet dans un communiqué.La directrice financière du groupe a été condamnée à deux ans de prison et 20.000 euros d’amende, tandis que le groupe Forum Interim et ses 15 agences ont chacun écopé d’amendes dont le total atteint plus de 1,6 million d’euros.Pendant plusieurs années, des salariés du bâtiment engagés en intérim, tous de nationalité étrangère, ont perçu des indemnités excessives, comme par exemple des indemnités de grand déplacement alors qu’ils étaient logés et véhiculés par l’entreprise.Ce procédé fréquent permet de limiter sur la fiche de paie la part de rémunération assujettie aux cotisations sociales. Dans cette affaire, le manque à gagner pour l’Urssaf, qui perçoit les cotisations, s’est élevé à 62 millions d’euros, sans compter les rappels et majorations.L’enquête, menée par les gendarmes et des inspecteurs de l’Urssaf, a duré près de deux ans et nécessité 120 auditions. Mais elle a permis d’identifier les responsables de la fraude et de localiser le patrimoine du dirigeant, dissimulé dans des sociétés en France, au Luxembourg et en Espagne.Les enquêteurs ont saisi pour plus de deux millions d’euros de biens immobiliers, véhicules, meubles et objets de luxe.Le groupe, le directeur et sa directrice financière, condamnés pour travail dissimulé, doivent indemniser l’Urssaf à hauteur de plus de 62 millions d’euros.En mars, la ministre du Travail Catherine Vautrin avait annoncé que la détection par l’Urssaf de la fraude aux cotisations sociales avait augmenté de 33% en 2024, pour atteindre 1,6 milliard d’euros.

Les Bourses européennes terminent en baisse

Les Bourses européennes ont terminé en baisse mardi, à l’issue d’une séance marquée par une remontée des taux d’emprunt sur le marché obligataire, qui a pesé sur les actifs jugés risqués, comme les actions.L’indice vedette de la Bourse de Francfort, le Dax, a chuté de 2,29%, mais reste sur un gain annuel proche de 18%. La Bourse de Paris a quant à elle reculé de 0,70% et Londres de 0,87%.

En réponse à la crise du logement, le Royaume-Uni construit de nouvelles villes

La ville nouvelle de Northstowe, en Angleterre, prend peu à peu forme : d’ici à 20 ans, elle devrait compter 30.000 habitants, dix fois plus qu’aujourd’hui. Un modèle pour l’ambitieux projet du gouvernement visant à répondre à la pénurie de logements au Royaume-Uni.Le Premier ministre travailliste Keir Starmer, élu en juillet 2024, a promis un million et demi de nouveaux logements d’ici à 2029.La plupart seront construits en étendant des développements urbains existants mais il s’est également engagé à commencer à travailler sur la “prochaine génération” de villes nouvelles au Royaume-Uni.L’action du gouvernement travailliste réformateur de Clement Attlee (1945-1951), qui a notamment mis en place le NHS, le système public de santé, est une source d’inspiration. Il a ouvert la voie à la construction dans les années 1960 de ce qui est sans doute la ville nouvelle la plus célèbre du Royaume-Uni : Milton Keynes, au nord de Londres, qui compte actuellement plus de 250.000 habitants et dont le modèle est souvent critiqué. Lorsque Milton Keynes a été bâtie, la voiture était reine et l’avenir du shopping était pensé à l’intérieur d’immenses centres commerciaux.Aujourd’hui, les urbanistes accordent davantage d’importance à la biodiversité, note Katja Stille, de l’agence Tibbalds chargée de l’aménagement de Northstowe, dans le centre de l’Angleterre.”Le monde est très différent de (celui de) cette époque”, souligne-t-elle auprès de l’AFP.Avec ses espaces verts, ses pistes cyclables, ses lacs et ses connexions de transport, Northstowe, à une vingtaine de kilomètres de Cambridge, se présente comme une cité nouvelle “saine” engendrant de “faibles émissions de carbone”.Le site, qui est en cours de développement sur une ancienne caserne de la Royal Air Force, a accueilli ses premiers résidents en 2017. Environ 1.600 logements sont désormais occupés. Une fois achevée, la ville en comptera 10.000 ainsi que huit écoles.- “Un défi” -“Je suis vraiment enthousiaste pour l’avenir”, dit Jason Benedicic, un consultant en informatique devenu maire de Northstowe cette année, vantant notamment l’esprit de communauté qui y règne.Ce quadragénaire a emménagé en 2020 avec sa conjointe et leur enfant dans cette ville, plus abordable que Cambridge.A Northstowe, il n’y a actuellement ni magasin ni cabinet médical. Mais le projet est de transformer un champ en “un centre ville vivant”. “Ce serait bien d’avoir un coiffeur”, juge Jason Benedicic.Stephen Brewer, 68 ans, gère le Tap and Social, le seul café-bar local, qui a ouvert en avril 2024.Il est fier d’être un pionnier mais ne serait pas opposé à un peu de concurrence. “Cela ne nous fait pas peur”, dit-il. Le Royaume-Uni est confronté, depuis des années, à une grave crise immobilière : l’offre ne parvient pas à répondre à la demande, l’espérance de vie et l’immigration augmentant. En raison des prix qui ont grimpé en flèche et du manque de logements abordables, devenir propriétaire est hors de portée pour de nombreux jeunes.Environ 354.000 personnes sont sans domicile en Angleterre -qui compte 58 millions d’habitants-, selon l’organisation caritative Shelter England.Keir Starmer vise la construction de 300.000 logements par an pendant son mandat, un rythme bien supérieur à celui qui a été atteint ces dernières années. Il a assuré qu’il réviserait les lois d’urbanisme pour faciliter le contournement des réglementations environnementales et la construction de davantage de logements.Mais des questions subsistent sur la disponibilité des terrains, des matériaux de construction ainsi que sur le nombre des travailleurs ayant les compétences nécessaires. Il s’agit d'”un objectif ambitieux et d’un défi”, pour Tim Wray, le directeur du développement de la société Keepmoat, qui construit 300 logements à Northstowe.Un groupe de travail gouvernemental examine plus de 100 sites à travers l’Angleterre pour y bâtir les prochaines villes nouvelles. Elles pourraient chacune accueillir  10.000 logements. Ce groupe doit prochainement en annoncer les emplacements. Il s’agira de lieux “bien conçus, beaux, avec des logements abordables, des cabinets médicaux, des écoles et des transports publics, où les gens voudront vivre”, a promis le gouvernement.

Wall Street ouvre en berne, plombée par le retour des incertitudes commerciales

La Bourse de New York a ouvert en net recul mardi, s’inquiétant de l’instabilité de la politique douanière américaine après un jugement sur les droits de douane, des craintes minant également les obligations d’Etat.Au lendemain d’un jour férié à Wall Stret, le Dow Jones perdait dans les premiers échanges 0,98%, l’indice Nasdaq 1,72% et l’indice élargi S&P 500 lâchait 1,30%.

La livre chute face au dollar après un sommet des taux d’emprunt britanniques

La livre sterling chute mardi après le pic atteint par le taux d’emprunt obligataire à 30 ans du Royaume-Uni, au plus haut depuis 1998, reflétant les inquiétudes pour l’économie du pays et ses finances publiques à l’approche du budget d’automne.Ce nouveau record pour les taux des bons du Trésor britannique à long terme, à 5,693%, accroît un peu plus la pression sur le gouvernement travailliste, qui peine à relancer l’activité économique, après avoir annoncé l’an passé d’importantes hausses d’impôts et des coupes drastiques dans les finances publiques.Après plusieurs revirements du gouvernement ces derniers mois sur certaines de ces coupes budgétaires, sous pression de sa propre majorité, les comptes publics sont de nouveaux très serrés.Alors que la ministre des Finances britannique Rachel Reeves s’est engagée à les équilibrer, les Britanniques s’attendent à de nouvelles hausses d’impôts lors de la présentation du budget d’automne le mois prochain.”Cette évolution du marché témoigne du manque de confiance des investisseurs dans le respect par le Trésor de ses règles d’emprunt”, estime Neil Wilson, analyste chez Saxobank — d’autant qu’elle intervient au lendemain du mini-remaniement qui voit passer une personnalité clef du ministère des Finances à Downing Street.Vers 10H30 GMT (12H30 à Paris), la devise britannique perdait 1,16% face au billet vert, à 1,3387 dollar.Cette “faiblesse de la livre reflète le sentiment que la Banque d’Angleterre pourrait intervenir en procédant à de nouvelles baisses de taux” pour soutenir l’économie britannique, précise Joshua Mahony, analyste chez Scope Markets.Les taux d’emprunt à 30 ans de l’Etat britannique avaient déjà retrouvé plusieurs fois depuis le début de l’année leurs niveaux de 1998 avant de redescendre un peu.Les obligations d’État sont également sous pression aux Etats-Unis et ailleurs en Europe, où les rendements de la dette allemande et de la dette française à échéance 30 ans évoluent autour de leurs plus hauts niveaux depuis la crise de la zone euro en 2011.D’autres devises se trouvent également en difficulté mardi contre le dollar. “Les investisseurs évaluent tous les risques politiques des deux côtés de l’Atlantique” et se “tournent vers les valeurs refuges”, estime Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB, interrogée par l’AFP.L’euro est ainsi miné par l’approche du vote de confiance du Premier ministre français François Bayrou le 8 septembre à l’Assemblée nationale, qui devrait probablement se solder par la chute de son gouvernement.Aux Etats-Unis, la justice américaine doit encore statuer sur le sort de la gouverneure de Réserve fédérale (Fed) Lisa Cook que Donald Trump veut révoquer.Malgré cette menace à l’indépendance de la banque centrale américaine, selon l’analyste de XTB, “le dollar demeure le meilleur allié des investisseurs dans ce contexte, car il reste l’actif le plus liquide”.L’or a également atteint un nouveau record dans la nuit, à 3.508,73 dollars l’once.Monnaie également généralement considérée comme une valeur refuge, le yen est délaissé par le marché mardi, en raison du “niveau élevé de la dette publique, conjugué aux troubles politiques” au Japon, après la démission d’un membre clé du parti au pouvoir, note Mme Brooks.     Cours de mardi   Cours de lundi   ———————————-            10H30 GMT  21H00 GMTEUR/USD    1,1628     1,1711EUR/JPY    172,88     172,36EUR/CHF    0,9364     0,9374EUR/GBP    0,8686     0,8645USD/JPY    148,68     147,18USD/CHF    0,8053     0,8005GBP/USD    1,3387     1,3545

La Bourse de Paris prudente, le taux de la dette française à 30 ans grimpe

La Bourse de Paris restait atone mardi en attendant le retour des investisseurs américains au lendemain d’un jour férié, l’attention du marché se portant sur le rendement de la dette à échéance 30 ans, au plus haut depuis 2011.Vers 10H15 heure de Paris, le CAC 40, l’indice vedette de la place parisienne, restait stable, à +0,02%, soit +1,38 point, pour s’établir à 7.709,28 points. Lundi, la Bourse de Paris avait terminé à l’équilibre, prenant 0,05% pour s’établir à 7.707,90 points.”Les acteurs du marché attendent (…) avec impatience l’ouverture des marchés américains”, commente Andreas Lipkow, analyste indépendant. “En raison des jours fériés, le marché européen des actions a dû se passer des impulsions commerciales des marchés boursiers américains”.Les investisseurs gardent un oeil sur la situation politique française. Le Premier ministre François Bayrou a entamé lundi une série de consultations politiques, a priori vaines, à une semaine du vote de confiance à l’Assemblée nationale qui devrait sceller le sort de son gouvernement.”Le CAC 40 reste vulnérable (…) aux inquiétudes budgétaires”, estime Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.”Cela dit, les tensions budgétaires en France ne sont pas considérées comme contagieuses pour l’instant” sur les marchés d’actions, relève l’analyste.- La dette française au coeur de l’attention -L’attention des investisseurs se porte sur la dette française, en particulier l’échéance à 30 ans, dont le rendement a dépassé les 4,50% mardi matin, une première depuis 2011.Pour Aurélien Buffault, gérant obligataire de Delubac AM interrogé par l’AFP, il s’agit là d’un “un signe très négatif de défiance” des investisseurs sur la France: la dette à échéance 30 ans est considérée comme un baromètre de la confiance du marché à moyen-long terme auprès de ses investisseurs, comme par exemple des caisses de retraite.”Le catalyseur immédiat est le vote de confiance” à l’Assemblée nationale française, “prévu pour le lundi 8 septembre”, note Jim Reid, économiste chez Deutsche Bank.”Les investisseurs craignent qu’une nouvelle paralysie politique ne rende le resserrement budgétaire plus difficile, ce qui est inquiétant compte tenu du niveau actuel du déficit français”, explique l’économiste.En Allemagne également, le rendement de la dette à 30 ans se situe autour de son plus haut niveau depuis la crise de la zone euro en 2011. Au Royaume-Uni, le taux d’emprunt britannique à 30 ans évoluait quant à lui à son plus haut niveau depuis 1998, à 5,69%.- Le luxe heureux -Les géants du luxe LVMH (3,65% à 522,10 euros) et Kering (+3,74% à 238,40 euros) bénéficiaient mardi d’une recommandation positive de la banque HSBC, poussant les investisseurs à l’achat.

L’action Nestlé chute après un nouveau changement abrupt à la tête du groupe.

L’action du géant suisse de l’alimentation Nestlé chute mardi en Bourse après le  licenciement de son directeur général à l’issue d’une enquête interne sur une relation amoureuse avec une subordonnée, marquant un nouveau changement abrupt à la tête de l’entreprise.Dans un communiqué publié lundi soir, Nestlé a annoncé le licenciement “avec effet immédiat” du Français Laurent Freixe, qui avait repris les commandes du groupe il y a tout juste un an, et son remplacement par Philipp Navratil, le patron de Nespresso. A 08H10 GMT, l’action Nestlé perdait 1,81% à 74,12 francs suisses, pesant sur le SMI, l’indice de référence de la Bourse suisse en baisse de 0,43%.”La saga Nestlé continue”, a réagi Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel, dans un commentaire boursier. Selon lui, “une des premières priorités” du nouveau directeur général va être de “sortir Nestlé de l’actuel cycle de gros titres négatifs”. Le groupe, secoué par un scandale autour de ses eaux en bouteilles qui avait débuté en France, a indiqué que le licenciement de M. Freixe fait suite à une enquête ordonnée par le conseil d’administration “concernant une relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée directe”, “ce qui constitue une infraction au code de conduite professionnelle de Nestlé”, précise le communiqué. Ce changement intervient un an seulement après son entrée en fonction, en septembre 2024, à la suite de la brusque éviction de son prédécesseur, l’Allemand Mark Schneider. Considéré comme un vétéran de l’entreprise, M. Freixe, 63 ans, s’était alors vu confier la mission de relancer des ventes qui s’étaient étiolées face à la vague d’inflation. Ce nouveau changement de directeur général “pourrait conduire à une incertitude paralysante”, juge Patrik Schwendimann, analyste à la Banque cantonale de Zurich. Mais “dans un scénario positif”, cela pourrait aussi “accélérer” le retour en force de Nestlé, Philipp Navratil apparaissant comme un “bon compromis” entre ses deux prédecesseurs, selon lui.Mark Schneider, qui avait mis l’accent sur les nouvelles tendances de consommation, avait été recruté en dehors du groupe pour apporter “une bouffée d’air frais de l’extérieur” alors que le choix de Laurent Freixe avait marqué un retour “aux recettes éprouvées de Nestlé”, a rappelé l’analyste dans une note de marché. M. Navratil pourrait, lui, “apporter une bouffée d’air frais de l’intérieur”, d’après M. Schwendimann. De nationalité suisse et autrichienne, M. Navratril, 49 ans, est entré chez Nestlé en 2001 en tant qu’auditeur, puis a s’était vu confier différents postes en Amérique centrale. En 2013, il avait pris la tête des activités de café et boissons de Nestlé au Mexique, avant de rejoindre en 2020 les activités de café à l’échelle du groupe. En 2024, il avait été promu à la tête de Nespresso.

Crainte face à la disparition progressive des manuels dans les lycées

Plus de 500 professeurs, écrivains et éditeurs s’alarment, dans une tribune publiée mardi par Le Monde, du remplacement progressif en Ile-de-France des manuels scolaires par une plateforme numérique qui va conduire, selon eux, à une “école sans boussole, réduite à du scroll”.Cette mobilisation fait suite à l’annonce par la présidente de la région, Valérie Pécresse (LR), de mettre à disposition des lycéens un portail unique, Pearltrees, proposant une cinquantaine de manuels numériques dit “libres”, qui fonctionnent avec l’intelligence artificielle. Mme Pécresse a justifié cette mesure par le fait que les traditionnels manuels d’éditeurs “n’étaient pas souvent ouverts par les élèves” et que “deux tiers des enseignants” étaient “aujourd’hui utilisateurs de manuels libres”.”Le choix a été fait par le conseil d’administration de chaque établissement: soit garder le papier, soit passer au numérique. Ceux qui sont passés au numérique l’ont fait, je pense, pour des raisons qui tiennent au fait qu’aujourd’hui, les élèves font leurs devoirs sur le numérique”, avait-elle insisté lors d’une conférence de presse la semaine dernière, précisant qu’il y avait “la moitié des lycées en Ile-de-France où les élèves ont tous leurs manuels en papier”.Les auteurs de la tribune regrettent que “ce basculement n’ait fait l’objet d’aucun débat public”: “il s’est imposé en silence, sans demander l’avis des enseignants, sans écouter les parents et sans tenir compte des élèves”.Pour eux, la plateforme unique est “une mosaïque de fragments sans hiérarchie ni structuration”. “Plus de fil conducteur, plus de vision d’ensemble, plus de repères : c’est l’école sans boussole, réduite à du scroll. Ce n’est plus un chemin d’apprentissage, mais un puzzle éclaté où chaque élève est livré à lui-même”, estiment les signataires. “Nous ne sommes ni nostalgiques, ni technophobes. Mais nous affirmons que l’éradication du manuel scolaire comme repère partagé est une erreur pédagogique, sociale et démocratique”, précisent-ils encore.La tribune appelle donc “à un moratoire sur les plateformes uniques, à une évaluation indépendante de leurs effets, à la reconnaissance du manuel – enrichi du numérique – comme colonne vertébrale de l’apprentissage, de qualité et d’égalité”.Parmi les quelque 530 signataires ayant approuvé le texte mardi matin figurent des dirigeants de maisons d’édition de manuels, de professeurs de lycées, ainsi que des écrivains comme Aurélie Valognes et Sorj Chalandon ou l’animateur Stéphane Bern.

Les Guyaniens ont voté pour élire leur président, appelé à gérer la manne pétrolière

Les Guyaniens ont voté lundi pour élire leurs députés et leur président, appelés à gérer l’énorme manne pétrolière de ce pays d’Amérique du Sud disposant des plus grandes réserves de brut de la planète par habitant, sur fond de tensions avec le Venezuela voisin.”Les bureaux ont probablement tous fermé et procèdent au dépouillement”, a affirmé vers 20h (00H00 GMT) Yolanda Ward, la porte-parole de la commission électorale (Gecom), soulignant que les bureaux sont tenus de rester ouverts là où il y a une queue. “La journée s’est bien passée” malgré quelques petits incidents, a-t-elle ajouté.Les résultats sont attendus au mieux jeudi, avait annoncé Gecom dimanche. Ces élections sont complexes d’un point de vue logistique, la forêt tropicale recouvrant à plus de 95% ce pays de 850.000 habitants. “Jusqu’ici tout va bien”, a estimé Mike Singh, observateur de Transparency International, estimant toutefois que l’attente jusqu’à jeudi des résultats était une “recette pour un désastre”.  Les relations avec le voisin vénézuélien et le thème de l’Essequibo, région riche en pétrole revendiquée par Caracas, ont fait irruption dans la journée de vote. Le président sortant et candidat à sa succession Irfaan Ali a notamment apporté lundi son soutien au déploiement militaire des Etats-Unis dans les Caraïbes. “Nous soutiendrons tout ce qui permettra d’éliminer toute menace à notre sécurité (…) Nous devons tous nous unir pour combattre la criminalité transnationale, lutter contre le trafic de drogue”, a-t-il affirmé à des journalistes juste après avoir voté à Leonora.Dimanche soir, le Guyana avait dénoncé des coups de feu tirés depuis le Venezuela sur un de ses bateaux. “Les forces de sécurité sont en état d’alerte maximale. Elles sont prêtes. Nous en avons parlé tout au long de la campagne: le Venezuela est une menace”, a insisté le président.Le ministre vénézuélien de la Défense, Vladimir Padrino Lopez, a dénoncé “un fake” et accusé le Guyana de vouloir ouvrir un “front de guerre”.Interrogé sur la possibilité d’évincer le président vénézuélien Nicolas Maduro du pouvoir, M. Ali a dit ne pas vouloir “aborder ce sujet aujourd’hui”, jour de “vote pour la victoire”.Selon la plupart des observateurs, trois favoris se détachent: Irfaan Ali (Parti populaire Progressiste PPP/C, centre gauche), l’opposant Aubrey Norton (APNU, Partenariat pour une nouvelle unité, gauche) et le populiste Azruddin Mohamed, parfois surnommé le “Trump Guyanien”, un milliardaire qui vient de créer son parti WIN (Gagner/Nous investissons dans la nation) pour bouleverser le système bipartite.- “Plus d’argent” -Le vote se dessine traditionnellement autour des lignes ethniques entre les populations d’origine indienne (PPP/C) et celles afro-guyaniennes (APNU).”A moins d’irrégularités, je pense que je serai” le prochain président, a affirmé lundi à l’AFP Aubrey Norton, en sortant du bureau de vote de Plaisance, bastion de son mouvement. “Nous avons travaillé dur pour mobiliser les gens”, a poursuivi le candidat, qui, pendant la campagne électorale, a promis “de débarrasser la société du PPP et de la pauvreté”.”C’est la première fois (que je vote). J’ai voté pour Norton. Parce qu’il est l’un des meilleurs responsables politiques. J’attends avec impatience le meilleur pour le Guyana”, a dit Grace Miller, 21 ans, qui a déposé son bulletin de vote avec son bébé dans les bras.Azruddin Mohamed, qui a fait fortune dans l’or et est sanctionné par les Etats-Unis pour évasion fiscale, promet de donner un coup de pied dans la fourmilière. Il affirme pouvoir l’emporter “parce que nous avons le soutien des communautés noires, indiennes et autochtones”.Le scrutin est à un tour. Est élu chef de l’Etat le candidat dont le parti a recueilli le plus de voix. Il peut en théorie donc être en minorité au Parlement. Le vainqueur gérera la manne pétrolière qui a permis de quadrupler en cinq ans le budget de l’Etat (6,7 milliards de dollars en 2025) avec la plus forte croissance économique d’Amérique latine (43,6% en 2024). Le Guyana, qui a commencé l’exploitation pétrolière en 2019, espère faire passer sa production de 650.000 barils par jour à plus d’un million en 2030.Les favoris promettent tous trois de “mettre plus d’argent dans les poches” des Guyaniens, de développer le pays, d’améliorer les services de santé et d’éducation ou d’augmenter les salaires, sur fond d’explosion des prix des denrées alimentaires.