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Produits de santé: les Français préfèrent les pharmacies à la vente en ligne

Le géant américain Amazon poursuit sa percée dans la vente en ligne de produits de santé sans ordonnance (hygiène, beauté, vitamines..) en Europe sans pour autant complètement bousculer les habitudes des Français qui conservent le “réflexe” de se rendre en pharmacie.La vitalité du géant américain de la livraison sur ce segment s’est confirmée au premier trimestre 2025 en France, marquée par une croissance de 43% sur un an, après +44% sur l’ensemble de 2024, selon des chiffres du cabinet d’analyse de données de santé, Iqvia, communiqués à l’AFP.”Les trois-quarts des produits commercialisés par Amazon sont de nouvelles références sur le marché européen, principalement dans la dermo-cosmétique, dont les marges sont plus élevées”, souligne Iqvia.Cette progression reflète plus largement l’essor du e-commerce de produits de santé en vente libre en Europe, qui “affiche une croissance dynamique dans tous les pays, mais la part de marché reste limitée par rapport aux canaux traditionnels”, c’est-à-dire les pharmacies, “notamment en France”, tempère ce spécialiste.Les disparités restent notables d’un pays à l’autre. En Espagne, la progression de la vente sur internet de ces produits en vente libre comme les sirops contre la toux, les vitamines et compléments alimentaires, les produits d’hygiène ou de beauté atteint 25%. Suivent la Pologne (18%), l’Italie (16%) ou encore l’Allemagne (11%).- Place marginale en France – En France, l’expansion des commandes sur internet est plus mesurée (+6%) mais elle dépasse celle des pharmacies traditionnelles (+3,5%).En termes de parts de marché, “la pharmacie en ligne représente à peu près 2% du total en France et 3% si on ajoute Amazon, donc cela reste relativement confidentiel”, nuance Paul Reynolds, expert chez Iqvia France.Grâce à une forte présence territoriale, les quelque 22.000 pharmacies de France restent ainsi le premier point de vente.”Année après année, le réflexe d’aller chercher conseil en pharmacie se confirme. D’autant plus depuis le Covid, où il y a eu un renforcement du lien de proximité entre les Français et leur pharmacien”, constate le spécialiste.Cet attachement aux officines renforce le monopole pharmaceutique – en France, seule une officine dirigée par un pharmacien peut vendre des médicaments – que l’Ordre national de la profession veut préserver face à l’essor du e-commerce. “On comprend bien qu’aujourd’hui il y a une recherche de simplicité d’accès”, déclarait récemment à l’AFP la présidente de cet organisme, Carine Wolf-Thal. Mais “parce qu’il n’y a aucun médicament anodin”, “les pharmaciens sont justement là pour éviter les mésusages et les surconsommations”.- L’Allemagne, leader européen -La vente en ligne est perçue par la profession comme “complémentaire”, “notamment dans des régions, où il n’y a pas de pharmacie toute proche”, mais “surtout, il faut que le pharmacien ait un site de vente en ligne déclaré à l’Agence régionale de santé (ARS). Et en aucun cas, cela peut être de la prescription de médicaments sur ordonnance”, souligne Mme Wolf-Thal.Tout comme en Italie et en Espagne, l’activité de vente à distance reste limitée aux seuls médicaments qui ne sont pas soumis à prescription obligatoire, soit ceux qui sont en accès libre à la pharmacie (on les appelle aussi OTC, abréviation de “over the counter”).Seules 838 officines françaises sont référencées comme ayant une activité de vente en ligne de médicaments à prescription médicale facultative. Ne sont pas comptabilisées celles qui font le choix de ne vendre en ligne que de la parapharmacie et n’ont donc pas besoin d’autorisation particulière.Les pays anglo-saxons adoptent une approche plus libérale: en Allemagne et au Royaume-Uni par exemple, une pharmacie en ligne peut proposer à la vente des médicaments soumis à prescription. C’est aussi le cas d’autres pays européens tels que les Pays-Bas, les pays nordiques, ou encore la Suisse.L’Allemagne est le pays d’Europe avec la plus grande part de marché de vente en ligne (20%), devant notamment l’Italie et la Pologne (8%), la Belgique (6%) et l’Espagne (5%), selon Iqvia.

“Sanctions massives”: que peuvent vraiment faire les alliés de l’Ukraine face à Moscou ?

Les alliés européens de l’Ukraine brandissent la menace de “sanctions massives” contre la Russie si celle-ci persiste dans son refus d’un cessez-le-feu. Mais que peuvent-ils vraiment faire ?- Les sanctions déjà en place -Les Européens ont déjà adopté 17 “paquets” de sanctions contre la Russie depuis son invasion de l’Ukraine le 24 février 2022. Quelque 2.400 entités et individus ont été sanctionnés, y compris le président russe Vladimir Poutine, sans toutefois enrayer la machine de guerre du Kremlin.Le dernier “paquet” de sanctions en date, adopté mardi, cible essentiellement la flotte de pétroliers “fantômes” utilisé par la Russie pour contourner les sanctions précédentes sur la production et l’exportation de brut russe.Quelque 342 navires “fantômes” sont désormais dans le collimateur de l’UE. Mais il en manque encore plus de 150 à l’appel, selon le ministre estonien de la Défense Hanno Pevkur, qui estime à environ 500 le nombre total de ces navires. Or, explique-t-il, plus de 60% des exportations de brut russe se font via cette flotte “fantôme”.Au même même moment, le Royaume-Uni a lui aussi annoncé une salve de sanctions visant 18 navires de la “flotte fantôme”.- Ce qui est en préparation -“Il y a encore de la marge, et nous pouvons faire plus”, assure un diplomate européen.Un 18e paquet est en préparation avec l’objectif de resserrer les mailles du filet à l’encontre de cette flotte “fantôme”. L’Union européenne cherche également à mieux combattre le contournement des sanctions et chaque nouveau train de sanctions identifie de nouvelles entités ou individus qui aident la Russie à renforcer sa machine de guerre. Des sanctions supplémentaires à l’encontre du secteur financier russe sont également envisagées.La détermination des Européens se heurte néanmoins à la bonne volonté de la Hongrie, pays le plus proche du Kremlin en Europe. Elle a jusqu’à présent donné son feu vert à chaque nouveau train de sanctions, mais les diplomates à Bruxelles s’inquiètent d’un possible revirement du Premier ministre hongrois Viktor Orban. Chaque nouvelle sanction requiert l’unanimité des 27.- Ce qui serait le plus efficace – La Russie finance son effort de guerre essentiellement par la vente de ses hydrocarbures. Celle-ci lui rapporte plus de 600 millions d’euros par jour, selon la dernière estimation en avril du Crea, un institut finlandais spécialisé dans les questions énergétiques.”Entre 60 et 90% de la croissance économique russe dépend de ce qui se passe sur le marché international du pétrole”, a rappelé la semaine dernière à Bruxelles Torbjörn Becker, directeur du Stockholm Institute of Transition Economics (SITE, Institut des économies en transition), spécialisé dans le suivi de l’économie russe. L’UE, en dépit des sanctions, reste le principal acheteur de gaz russe, France en tête. Les Européens, qui ont déjà bloqué toute exportation de pétrole russe dans l’UE, se sont donnés jusqu’en 2027 pour se sevrer du gaz russe.En attendant, les Européens ont cherché à agir sur les revenus pétroliers en imposant un prix maximum fixé à 60 dollars le baril.Depuis que l’UE a introduit ce plafonnement et les sanctions contre la flotte fantôme, les revenus pétroliers russes ont diminué de 38 milliards d’euros, selon des chiffres officiels. Mais ce seuil de 60 dollars est aujourd’hui le prix moyen sur le marché international, ce qui rend cette mesure inopérante. Un prix “raisonnable” serait de 30 dollars le baril, a assuré mardi à Bruxelles le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Sybiga.Réduire ce seuil “serait clairement quelque chose qui aurait un effet tangible sur l’économie russe”, a confirmé mardi la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas.Mais une telle décision appartient au Groupe des sept pays les plus industrialisés, le G7, où il n’est pas certain que les Etats-Unis y soient favorables.- Que fait Washington ? -Les dirigeants européens ont récemment assuré travailler en collaboration avec les Etats-Unis pour renforcer la pression sur la Russie.”Il est essentiel que toutes les décisions soient coordonnées, ce n’est qu’ainsi que les sanctions seront efficaces”, a affirmé mercredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.Le sénateur américain Lindsay Graham est à l’origine d’un projet de sanctions extrêmement dur comportant des droits de douane de 500% sur les importations de pétrole russe et de 500% sur les pays qui aujourd’hui continuent d’importer du pétrole russe.Mais rien ne dit que le président Donald Trump soit prêt à le mettre en Å“uvre.

Le Livret A a signé son pire mois d’avril depuis 2009

Le Livret A, toujours pénalisé par la baisse de son taux de rémunération en février, a été boudé par les épargnants le mois dernier et a signé son pire mois d’avril depuis 2009, selon les données publiées jeudi par la Caisse des dépôts (CDC).Les Français ont préféré piocher dans leur Livret A plutôt que de le garnir: le montant total des retraits sur le produit d’épargne le plus répandu a dépassé celui des dépôts de 200 millions d’euros en avril. Cette “décollecte nette” est inédite par son montant depuis 2009 – année de la généralisation de la distribution du Livret A à toutes les banques – et seul le mois d’avril 2015 avait déjà vu le Livret A finir dans le rouge, à -100 millions d’euros. A l’inverse, les Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) se sont un peu étoffés le mois dernier, avec une collecte nette de 310 millions d’euros. Les Livrets A et les LDDS, qui diffèrent par leur plafond, permettent de conserver une épargne disponible et défiscalisée mais ils pâtissent de la baisse de leur taux de rémunération de 3% à 2,4% depuis le 1er février. Ils souffrent notamment de la concurrence de l’assurance vie, qui avait engrangé des cotisations record en mars.Illustration de la désaffection des Français: sur les quatre premiers mois de l’année, le cumul des montants collectés par les banques pour ces deux produits s’élève à 3,6 milliards d’euros, contre 11,3 milliards d’euros sur la période janvier-avril 2024.Et cette tendance pourrait se poursuivre, puisqu’une nouvelle baisse du taux de rémunération du Livret A se dessine, observe l’économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne, dans une note. Les deux composantes de la formule de calcul de ce taux – l’inflation et un taux d’intérêt interbancaire dépendant de la Banque centrale européenne (BCE) – sont orientées à la baisse et au vu de leur évolution depuis le début de l’année, “le taux du Livret A pourrait être ramené de 2,4% à 1,5% ou 1,6%” au 1er août, prévient-il. En dépit de ce ralentissement de la collecte, les encours pour ces deux livrets évoluent toujours autour de leurs plus hauts historiques après des années de versements massifs liés au surcroît d’épargne constitué lors de la pandémie de Covid : 444 milliards d’euros pour le Livret A, 162,7 milliards d’euros pour le LDDS, soit 606,7 milliards d’euros au total. Le Livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux ménages modestes, a lui aussi connu son pire mois d’avril depuis 2009, avec une forte décollecte, de 1,96 milliard d’euros. Le mois d’avril est souvent peu porteur pour ce livret, sous l’effet des clôtures annuelles de comptes par les banques pour les détenteurs ne remplissant plus les conditions de ressources, mais l’ampleur de la décollecte suggère que là aussi, les retraits ont été supérieurs aux versements. A titre de comparaison, en avril 2024, la décollecte avait été de seulement 270 millions d’euros.  L’encours total du LEP s’est établi à 80,8 milliards d’euros le mois dernier. 

La Bourse de Paris recule face aux incertitudes budgétaires aux Etats-Unis

La Bourse de Paris est en repli jeudi, lestée par les inquiétudes grandissantes quant à la soutenabilité de la dette publique aux Etats-Unis, en plein débat budgétaire au Congrès.Le CAC 40 perdait vers 9H40 (heure de Paris) 0,69%, à 7.855,18 points, en recul de 55,31 points. La veille, l’indice vedette avait perdu 0,40%.Les marchés sont touchés “par un regain de tensions autour des déséquilibres budgétaires aux Etats-Unis”, relève John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.Le “mégaprojet” budgétaire de Donald Trump, actuellement débattu au Congrès, doit permettre au président de concrétiser certaines promesses phares de sa campagne, en premier lieu la prolongation des gigantesques crédits d’impôt de son premier mandat. Mais le texte inquiète les investisseurs: selon différents analystes indépendants, il pourrait en effet accroître le déficit de l’Etat fédéral de 2.000 milliards à 4.000 milliards de dollars sur la prochaine décennie.Problème: “il n’y a pas en face des baisses de dépenses suffisantes pour éviter un gonflement de la dette”, explique Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM.”Les investisseurs commencent donc à se demander si la dette américaine, qui ne cesse de croître, est vraiment viable”, abonde Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.D’autant que le président de la chambre basse du Congrès, l’élu républicain Mike Johnson, pousse pour adopter dès que possible cette loi. Il a prévu un vote à 04H30 locale (08H30 GMT), en pleine nuit à Washington.Ces inquiétudes font grimper les taux d’intérêt souverains américains depuis plusieurs jours.En Europe, l’emprunt à dix ans français atteignait vers 9H40 3,32%, contre 3,31% la veille en clôture. Son équivalent allemand, référence en Europe, était à 2,64%, au même niveau que mercredi.Côté indicateurs, l’activité du secteur privé en France a continué de se contracter en mai, selon le baromètre PMI Flash HCOB publié jeudi par S&P Global et la Hamburg Commercial Bank (HCOB), malgré une nouvelle expansion de la production manufacturière.Cet indice composite mesurant l’activité s’est légèrement redressé à 48,0 en mai, contre 47,8 en avril, mais l’activité continue à se contracter car il reste sous le seuil de 50 délimitant les zones de contraction et d’expansion de l’activité. Le climat des affaires en France s’est lui légèrement détérioré en mai, pénalisé par l’industrie et les services, a indiqué jeudi l’Institut national de la statistique. Crédit Agricole entre au capital de CrelanLe géant bancaire Crédit Agricole (-0,43% à 17,53 euros) a annoncé mercredi un partenariat avec la banque belge Crelan, qui comprend une collaboration commerciale ainsi qu’une montée au capital de 9,9% de Crédit Agricole dans Crelan.

“Dôme d’or”: le projet de bouclier antimissiles de Trump face à de nombreux défis

Le projet de Donald Trump de construire un vaste bouclier antimissiles baptisé “Dôme d’or” fait face à de nombreux défis et pourrait s’avérer beaucoup plus coûteux que prévu par le président américain.Le locataire de la Maison Blanche veut doter les Etats-Unis d’un système de défense efficace contre un large éventail d’armes ennemies, des missiles balistiques intercontinentaux aux missiles hypersoniques ou de croisière, en passant par les drones.Il souhaite que ce système soit opérationnel d’ici la fin de son mandat.Mais, quatre mois après que le président a ordonné au Pentagone de plancher sur ce projet, peu de détails ont émergé.”Les principaux défis seront le coût, l’industrie de défense et la volonté politique. Ils peuvent tous être surmontés, mais il faudra se concentrer et établir des priorités”, juge Melanie Marlowe, du Centre d’études stratégiques et internationales.”La Maison Blanche et le Congrès vont devoir se mettre d’accord sur les montants à dépenser et sur l’origine des fonds”, ajoute-t-elle, soulignant que “notre industrie de défense s’est atrophiée”, bien que “nous ayons commencé à la relancer”.”Il y a beaucoup de progrès à faire sur les capteurs, les intercepteurs et d’autres composants du projet”, affirme-t-elle notamment.Donald Trump a précisé mardi que le “Dôme d’or” coûterait environ 175 milliards de dollars au total.Un montant qui semble très inférieur au prix réel d’un tel système.”Ce n’est pas réaliste”, tranche Thomas Roberts, professeur assistant en affaires internationales et en ingénierie aérospatiale au Georgia Institute of Technology.”Le problème avec les déclarations d’hier (mardi), c’est qu’il manque les détails qui permettraient d’élaborer un modèle de ce à quoi ressemblerait réellement cette constellation”, observe-t-il.- Menaces croissantes -Selon une agence du Congrès américain sans affiliation partisane, le coût estimé d’un système d’interception basé dans l’espace pour contrer un nombre limité de missiles balistiques intercontinentaux est compris entre 161 milliards de dollars et 542 milliards sur 20 ans.Le dispositif envisagé par Donald Trump pourrait toutefois nécessiter une capacité en termes d’intercepteurs spatiaux “plus importante que les systèmes examinés dans les études précédentes”, a souligné cette agence, précisant que “la quantification de ces récents changements demandera une analyse approfondie”.Le “Dôme d’or” s’inspire du “Dôme de fer” israélien, conçu pour protéger le pays des attaques de courte portée menées par missiles et roquettes mais aussi par drones, et non pas pour intercepter des missiles à portée intercontinentale susceptibles de frapper les États-Unis.En 2022, la dernière évaluation de l’armée américaine dans le domaine des missiles (Missile Defense Review) faisait état de menaces croissantes de la Russie et de la Chine.Pékin se rapproche de Washington en matière de missiles balistiques et hypersoniques, tandis que Moscou modernise ses systèmes de missiles de portée intercontinentale et améliore ses missiles de précision, selon ce document.Il affirme également que la menace des drones – qui jouent un rôle clé dans la guerre en Ukraine – est susceptible de s’accroître et met en garde contre le danger des missiles balistiques de la Corée du Nord et de l’Iran, ainsi que des menaces de roquettes et de missiles provenant d’acteurs non étatiques.Or contrer toutes ces menaces est une entreprise de grande envergure, et plusieurs problèmes devront être résolus pour qu’un tel système puisse être mis en place.”Les menaces sont clairement de pire en pire”, affirme Chad Ohlandt, expert au sein de RAND Corporation, un institut de recherche. “La question est de savoir comment les contrer de la manière la plus rentable possible”.”Les questions quant à la faisabilité dépendent de l’endroit où l’on place la barre. Se défendre contre combien de menaces? De quelle nature? Plus on place la barre haut, plus cela coûte cher”, ajoute-t-il.”Un certain nombre d’étapes bureaucratiques, politiques et scientifiques devront être franchies si l’on veut que le Dôme d’or entre un jour en service avec une capacité significative”, souligne Thomas Withington, chercheur associé au Royal United Services Institute. “C’est une entreprise incroyablement coûteuse, même pour le budget américain de la défense. On parle d’une somme d’argent considérable”, insiste-t-il. “Je ne mettrais pas ma main à couper que l’on verra ce système un jour.”

Trump invite à dîner les acheteurs de sa cryptomonnaie, un mélange des genres jamais vu

Donald Trump reçoit à dîner jeudi les 220 plus gros détenteurs de sa cryptomonnaie, un événement à la croisée du pouvoir et de l’argent, scandaleux pour l’opposition démocrate, qui crie au conflit d’intérêt.Cette soirée, d’un genre inédit, avec blazer et cravate de rigueur, se tient au Trump National Golf Club, l’un des parcours de golf et country clubs du groupe familial, situé à Potomac Falls (Virginie), en grande banlieue de Washington.Pour en être, il fallait détenir, en moyenne entre fin avril et mi-mai, pour plus de 50.000 dollars de $TRUMP, le nom de cette devise numérique lancée quelques heures avant l’investiture de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.Certains, comme le milliardaire des cryptomonnaies Justin Sun, plus gros propriétaire de $TRUMP et l’un des rares invités à avoir officialisé publiquement sa présence, en ont même acquis pour plusieurs millions de dollars.”Y aura-t-il des bananes au dîner de demain?”, a-t-il écrit mercredi, sur X, en référence à l’installation de l’artiste Maurizio Cattelan qu’il a achetée aux enchères, fin novembre, pour 6,2 millions de dollars, avant de la manger. “Sinon, je peux en amener.”Sollicitée par l’AFP pour communiquer les noms des personnes présentes, la société organisatrice de l’événement et gestionnaire de la cryptomonnaie, Fight Fight Fight, n’a pas donné suite.Le système sur lequel s’appuient les monnaies numériques, la blockchain, garantit l’anonymat, contrairement au système financier traditionnel.Les 25 plus importants possesseurs auront droit, en plus du dîner, à une audience privée avec le chef d’Etat et une visite de la Maison Blanche.Le $TRUMP a été labellisé “meme coin”, classe de devises numériques à but purement spéculatif qui n’ont pas d’utilité transactionnelle et pas vocation de placement.Ses créateurs la présentent, eux, comme “l’expression du soutien et de l’engagement vis-à-vis des idéaux et des croyances” portés par Donald Trump.Une grande partie du milieu des cryptomonnaies a mal accueilli la commercialisation du $TRUMP, l’estimant de nature à ternir l’image de cette industrie.- “Il vend son influence” -Longtemps ouvertement hostile aux monnaies numériques, Donald Trump a fait volte-face durant sa dernière campagne et s’est même présenté en ardent défenseur du secteur, qui le lui a bien rendu en contribuant à sa réélection pour plus de 100 millions de dollars.Selon le cabinet spécialisé Chainalysis, les créateurs du $TRUMP ont empoché environ 320 millions de dollars de commissions depuis son introduction.Ils prévoient par ailleurs d’émettre, dans les trois ans, 800 millions d’exemplaires supplémentaires, tous contrôlés par Donald Trump et ses associés, ce qui représente, au cours actuel, une valeur marchande de plus de 11 milliards de dollars.”Il vend son influence et l’accès au gouvernement américain”, a fustigé mercredi le sénateur démocrate Jeff Merkley, qui doit participer à un rassemblement de protestation devant le lieu du dîner, jeudi. “C’est l’incarnation de la corruption.”De nombreux autres élus démocrates sont également vent debout, notamment le sénateur Mark Warner, pour qui la famille Trump utilise les cryptomonnaies “pour échapper à la supervision, masquer des affaires louches et faire du profit sur le dos des Américains”.Ils ont tenté de contrecarrer le vote, au Congrès, d’une loi sur les “stablecoins”, des devises numériques adossés à des monnaies traditionnelles, le plus souvent le dollar, au motif que le texte n’interdisait pas clairement au président d’en détenir.Une start-up lancée en septembre avec le soutien du clan Trump a créé, fin mars, son propre stablecoin, USD1, qui a déjà été utilisé par le fonds émirati MGX pour prendre une participation de deux milliards de dollars au capital de la plateforme d’échanges de cryptomonnaies Binance.$TRUMP ou USD1, “des gouvernements étrangers pourraient acheter ses cryptomonnaies, ce qui voudrait dire que Donald Trump viole la Constitution sans que le grand public ne le sache”, s’est alarmé mercredi le président de l’observatoire anticorruption CREW, Noah Bookbinder.Le document fondateur interdit ainsi théoriquement à un officiel américain d’accepter des fonds d’un gouvernement étranger sans accord préalable du Congrès.”Il est franchement ridicule (…) de suggérer que le président Trump fasse quoi que ce soit pour son intérêt personnel”, a martelé, il y a quelques jours, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, soutenant que le chef d’Etat respectait “toutes les lois relatives aux conflits d’intérêt”. 

Google barricade son moteur de recherche avec l’IA et la pub

Face à la concurrence croissante des services d’intelligence artificielle (IA) générative, Google est obligé de transformer graduellement son moteur de recherche en assistant IA – mais il doit trouver une nouvelle place pour les liens et la publicité.Le géant américain des technologies propose déjà depuis un an les “AI Overviews”, des réponses rédigées aux requêtes des utilisateurs, qui apparaissent dans une cartouche au-dessus des traditionnels liens vers les sites web.Mardi, il a annoncé le lancement aux Etats-Unis, pour commencer, de “AI Mode”, qui va encore plus loin. L’outil fournira des rapports détaillés et des graphiques, et va bientôt tester des réponses personnalisées en fonction de l’utilisateur, s’il a donné accès son historique de recherche ou sa boîte mail.Mais le nerf de la guerre pour le numéro un mondial de la publicité numérique, c’est la vente d’espaces publicitaires sur Google et YouTube, ainsi que les commissions.”Google n’a pas d’autre choix que de monétiser ses nouvelles fonctionnalités d’IA”, souligne Jeremy Goldman.”OpenAI (ChatGPT), Anthropic (Claude) et tous les autres devront également s’y mettre”, fait valoir cet analyste d’Emarketer. “Ils finiront tous par avoir de la pub, ils essaient simplement de repousser ce moment le plus longtemps possible pour augmenter d’abord l’adoption de leur service”.Google a l’avantage que les internautes sont déjà habitués à la publicité sur Google.”L’avenir des autres entreprises dépend en partie de leur capacité à habituer les consommateurs à voir des pubs là où ils n’en voyaient pas auparavant”, ajoute M. Goldman.- “Clics de meilleure qualité” -Mercredi, Google a annoncé étendre les publicités dans AI Overviews, et commencer à les tester dans AI Mode. Par exemple, si la réponse consiste en un tutoriel complet rédigé, il pourra comprendre une annonce en rapport avec la question posée.D’après Vidhya Srinivasan, vice-présidente chargée de la publicité et du commerce sur Google, la fonction AI Overviews apporte “plus de satisfaction” aux utilisateurs, et les encourage à faire des recherches “plus souvent”, y compris des requêtes commerciales, ce qui crée “davantage d’opportunités pour les annonceurs”.Liz Reid, responsable de la recherche en ligne au sein du groupe californien, a de son côté assuré que les AI Overviews entraînent des “clics de meilleure qualité vers les sites web”, au sens où “les internautes passent plus de temps sur ces sites”.”Ils explorent vraiment, et c’est aussi notre objectif avec le AI Mode”, a-t-elle continué.Google a besoin de défendre la relégation des liens au second plan, voire leur disparition progressive, car beaucoup d’éditeurs de sites internet se plaignent que les assistants IA se servent dans leurs contenus pour répondre directement aux utilisateurs, sans leur générer de trafic, et donc de revenus.”Les internautes cliquent moins. Depuis le lancement des AI Overviews, le pourcentage de clics sur les liens les mieux classés est passé de 5,6% à 3,1%. Ce n’est pas une petite baisse, c’est un changement structurel”, commente Jeremy Goldman.- “Gagner du temps” -Les abonnements payants aux outils d’IA générative ne suffiront pas. Google et ses nouveaux rivaux vont devoir inventer de “nouveaux modèles économiques” pour connecter les marques aux résultats rédigés, estime Roger Beharry Lall, directeur de recherche en marketing chez IDC.Il table sur l’arrivée de sortes de publi-reportages générés par l’IA.”L’enjeu pour les plateformes sera alors de différencier clairement les publicités des contenus générés de manière objective”, remarque-t-il. “Les autorités auront sans doute leur mot à dire, l’Union européenne en tête”.En attendant, selon les deux experts, le statut incontournable de Google dans la recherche en ligne n’est pas encore menacé.L’entreprise a certes “raison de s’inquiéter” et de chercher des solutions, à l’heure où ChatGPT vient d’ajouter un service de shopping.Mais “Google est tellement présent dans la vie des consommateurs, ce n’est pas parce qu’ils ne reçoivent pas de publicités sur d’autres plateformes qu’ils cessent d’utiliser le moteur de recherche”, tempère M. Goldman.La firme de Mountain View a dû faire du rattrapage depuis le lancement phénoménal de ChatGPT fin 2022, mais elle a beaucoup d’avance dans les technologies publicitaires.”La recherche boostée à l’IA ne suffira pas à sauver la position dominante de Google”, indique l’analyste. “Mais la monétisation des nouveaux outils, la créativité dans les formats publicitaires et la confiance des utilisateurs devraient lui permettre de gagner du temps.”

En 2023, une dégradation “sans précédent” des finances des hôpitaux publics

Les hôpitaux publics ont connu une dégradation de leurs comptes financiers “sans précédent” en 2023, avec un déficit global qui a presque doublé à 2,4 milliards d’euros, tandis que les cliniques privées voyaient leur rentabilité baisser, selon la Drees, la direction statistique des ministères sociaux.”La très nette détérioration” des comptes des hôpitaux publics “s’explique notamment par la sortie progressive des dispositifs exceptionnels de soutien pour faire face à la crise sanitaire”, indique la Drees dans son étude.Le déficit global de 2,4 milliards d’euros représente 2,3% des recettes des établissements, soit “une proportion inédite depuis 2005, point de départ des observations”, ajoute-t-elle.Du côté de l’endettement, le Ségur de la santé et ses mesures de restauration des capacités financières ont continué de faire leurs effets, avec un endettement qui diminue à 45% des capitaux permanehonts.Mais “la part des établissements surendettés repart à la hausse, sans pour autant retrouver son niveau d’avant crise (à 36% en 2023 après 34% en 2022 et 41% en 2019)”, notent les experts.Les comptes de la Drees font figure de référence mais paraissent toujours avec un certain délai. Pour 2024, la Fédération hospitalière de France prévoit une nouvelle hausse du déficit des hopitaux publics, qui atteindrait 3,4 milliards d’euros.Du côté des cliniques privées, à but lucratif, les comptes restent globalement dans le vert en 2023, mais présentent des signes de détérioration.Le secteur présente un bénéfice global de 362 millions d’euros, qui toutefois recule nettement, à 1,8% des recettes, contre 3,4% un an auparavant.Par ailleurs, la proportion d’établissements déficitaires augmente, à 32% en 2023 contre 25% un an auparavant. 

Le G7 Finances toujours à la recherche de l’unité perdue à quelques heures de la clôture

Les ministres des Finances des pays du G7 ont cherché à minimiser leurs dissensions mercredi au Canada concernant l’économie et le soutien à l’Ukraine, des sujets qui les ont poussés au bord de la rupture depuis le retour de Donald Trump au pouvoir. A quelques heures de la fin de la rencontre jeudi, la probabilité d’aboutir à un communiqué commun semblait toutefois incertaine, d’après les premiers échos des réunions communes et des rencontres bilatérales.La présidence canadienne a fixé comme priorités du G7 Finances de “restaurer la stabilité et la croissance” et de renouveler un soutien sans faille à l’Ukraine.  Un défi pour les grands argentiers et les banquiers centraux du club des économies avancées alors que le président américain remet en question le multilatéralisme, s’est rapproché de Moscou et menace le monde d’un ralentissement économique général.Ces dernières semaines, les Etats-Unis ont imposé au moins 10% de droits de douane additionnels sur la plupart des produits entrant chez eux.Cette question des taxes douanières n’est pas au programme des sessions collectives de travail des ministres. Mais elle constitue la toile de fond des discussions qui se tiennent dans un vaste hôtel au milieu des montagnes où se croisent officiels et touristes en chaussures de randonnée, au sein du parc national de Banff, dans l’ouest du Canada.- “Très productive” -Sans surprise, Scott Bessent est très courtisé par ses homologues, car le ministre des Finances de Donald Trump est vu comme l’une des figures les plus à même d’infléchir sa politique douanière.Celui-ci a seulement affirmé mercredi soir que la journée avait été “très productive”.Même écho du côté du ministre canadien et hôte du G7 Finances, François-Philippe Champagne, qui a estimé que les choses “avançaient bien” sans donner de détails sur la tenue des échanges. Et surtout sans s’avancer sur la diffusion d’un texte commun jeudi. Le ministre italien des Finances Giancarlo Giorgetti a dit devant la presse qu’il “espérait” toujours y arriver. Toutefois, selon une source au coeur des négociations, des membres sont prêts à y renoncer si cela génère une nouvelle source de crispation avec les Américains.Cherchant à voir le verre à moitié plein, une source européenne qui participe aux discussions a estimé que la présence de M. Bessent est en soi un signe “positif”. “Au moins, les Américains restent engagés dans le système multilatéral, même si on n’est clairement pas d’accord sur les droits de douane”, selon cette source.Le Japon, par la voix de son ministre des Finances Katsunobu Kato, a redit aux Américains que “les droits de douane étaient extrêmement regrettables” et que cette politique “n’était pas adéquate pour régler les déséquilibres dans les échanges commerciaux”. – “Alignement presque parfait” -Ce G7 Finances est considéré comme un test de cohésion au moment où les coups de canif de Washington dans la mondialisation perturbent les chaînes d’approvisionnement, risquent de peser sur la croissance et d’entraîner de nouvelles hausses des prix.Il s’agit aussi d’une répétition à moins d’un mois du sommet qui réunira les dirigeants des pays du G7, également dans les Rocheuses canadiennes du 15 au 17 juin. Le Canada recevra Donald Trump pour la première fois depuis son retour au pouvoir alors qu’il ne cesse de répéter qu’il rêve d’annexer son voisin du nord.Face aux Etats-Unis, Européens et Canadiens ont mis en avant leur proximité. “Il y a un alignement presque parfait entre nos visions sur ce qu’on doit faire”, a ainsi vanté M. Champagne au début d’un entretien avec son homologue français Eric Lombard.L’absence de déclaration formelle de soutien à l’Ukraine serait sûrement une déception pour le pays qui est l’invité exceptionnel de cet événement, pour envoyer un “message fort au monde”. Le ministre ukrainien des Finances Sergii Marchenko ne s’est pas exprimé mercredi à l’issue de la réunion qui était consacrée à son pays.La ministre britannique des Finances Rachel Reeves a dit à ses homologues qu’il était “temps d’accentuer la pression sur (le président russe Vladimir) Poutine”. 

Automobile: la start-up pionnière de l’électrification des Twingo placée en liquidation

La start-up normande Lormauto, qui récupérait de vieilles Renault Twingo pour les faire passer à l’électrique, a été placée mercredi en liquidation judiciaire par le tribunal de Caen, a annoncé un de ses cofondateurs.”On a fait sur fonds privés tout ce qu’il fallait pour arriver à l’industrialisation, on a livré les premiers clients”, a indiqué Sébastien Rolo à l’AFP.Fondée en 2020, la start-up Lormauto rachetait des Renault Twingo d’occasion pour y implanter un moteur et des batteries électriques.La conversion des véhicules pour passer à l’électrique a l’avantage d’éviter les pollutions liées à la fabrication d’un véhicule neuf. Mais la pratique reste chère, réservée pour l’instant à des voitures de collection.Electrifiée dans une usine et dotée d’une autonomie de 100 km, la Twingo devait être vendue 20.000 euros, entretien compris, avec une option de rachat par l’entreprise au bout de quelques années.Lormauto avait livré un premier véhicule début 2024 à la région Normandie et comptait 900 acheteurs intéressés, selon M. Rolo.Pour lancer la production à un rythme industriel, la société attendait le versement de la deuxième tranche d’une subvention de l’Etat, dans le cadre du dispositif France 2030, a souligné Sébastien Rolo. Quatre investisseurs privés étaient prêts à s’engager, selon lui.La société basée à Argences (Calvados), à l’est de Caen, comptait 7 salariés.M. Rolo a notamment mis en cause Bpifrance qui  “n’a pas voulu déroger aux règles” pour accorder à Lormauto une deuxième tranche de subventions de 1,9 millions d’euros. “Ils pensaient qu’on n’y arriverait pas, c’est l’idée même du rétrofit qui gêne”, a-t-il souligné.La Bpifrance a répondu mercredi que cette deuxième tranche restait bien soumise à la condition d’une levée de fonds auprès d’investisseurs privés.”Bpifrance croit au rétrofit et a accompagné Lormauto depuis sa création, en finançant significativement l’entreprise”, a souligné une porte-parole. Bpifrance avait cependant renoncé à investir directement dans la société après avoir interrogé le Fonds Automobile (FAA), abondé par Stellantis, Renault et l’Etat. “Le positionnement de la solution Lormauto, notamment en termes de prix, ne lui a pas permis de se développer comme envisagé”, avait conclu le FAA, mettant en cause les perspectives annoncées par les dirigeants de Lormauto, selon Bpifrance.