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Pour le patron du Medef, Attal, Retailleau et Bardella sont plus “conscients des périls” économiques

Le patron du Medef Patrick Martin a estimé vendredi que parmi les chefs de partis qui s’étaient rendus à l’université d’été de l’organisation patronale, Gabriel Attal, Bruno Retailleau et “dans une certaine mesure” Jordan Bardella se sont montrés “plus conscients des périls” économiques.”Certains” des responsables politiques conviés à l’université d’été du Medef jeudi “n’ont absolument pas fait référence aux Etats-Unis, au prix de l’énergie, au durcissement de la concurrence incroyable” ou encore “à une Europe qui n’a pas été à la hauteur de la situation dans les négociations avec les Etats-Unis”, a affirmé Patrick Martin sur Radio Classique.”D’autres, manifestement, sont plus conscients” des “périls économiques”, a-t-il estimé. “Ce n’est pas un parti pris de ma part, mais c’est plutôt Gabriel Attal (Renaissance, NDLR), Bruno Retailleau (LR), dans une certaine mesure Jordan Bardella (Rassemblement national)”.Parmi les autres chefs de parti et responsables politiques invités à l’université du Medef – la REF – figuraient Manuel Bompard (LFI), Marine Tondelier (Les Ecologistes) et Fabien Roussel (PCF).D’autres étaient absents pour des raisons d’agenda, comme Olivier Faure (PS) et Edouard Philippe (Horizons).Le président de la première organisation patronale de France a toutefois avancé qu’il n’entendait pas “distribuer les bons et les mauvais points, ce qui nous importait, c’était d’abord de passer nos messages.””On est assez inquiets, abasourdis de voir qu’il y a un débat politique qui est assez picrocholin”, a estimé Patrick Martin, dénonçant “un très court-termisme qui ne prend pas suffisamment en compte la réalité des choses”.Concernant le discours du Premier ministre François Bayrou jeudi à la REF, “il y a quand même un certain nombre de points positifs”, a ajouté Patrick Martin.”Le Premier ministre a dit que rien dans le prochain budget, pour autant que ce soit lui qui le porte, ne sera fait au détriment de la croissance et de la compétitivité des entreprises et c’est évidemment cela notre gros souci”, a-t-il relevé.

Aux Etats-Unis, les petits paquets sujets aux droits de douane à partir de vendredi

L’exemption de droits de douane pour l’ensemble des petits colis entrant aux Etats-Unis a pris fin vendredi à 00H01 (04H01 GMT), entraînant l’imposition de taxes douanières, décision qui a poussé plusieurs pays à suspendre leurs livraisons de colis vers la première économie mondiale.Appelées “de minimis”, ces exemptions permettaient jusqu’ici d’envoyer des biens d’une valeur inférieure à 800 dollars sans avoir à payer de surtaxe lors de leur entrée sur le sol américain.Mais par décret publié le 30 juillet, le président américain Donald Trump a décidé de supprimer ces exemptions, disant vouloir “mettre fin à une faille catastrophique utilisée, entre autres, pour éviter des droits de douane et envoyer des opioïdes synthétiques ainsi que d’autres produits dangereux”.Seuls les “cadeaux reçus de bonne foi” à titre privé et d’une valeur inférieure à 100 dollars pourront toujours bénéficier de l’exemption.Selon l’Agence de protection des frontières (CBP), les petits colis contiennent à 98% des narcotiques, 97% des contrefaçons et 70% des produits dangereux pour la santé qui ont été saisis durant l’année 2024.”Mettre fin à cette lacune permettra de sauver des milliers de vies en réduisant le flot de narcotiques et de produits dangereux et interdits”, a assuré un responsable américain lors d’un point presse.Le bal des colis postaux a explosé aux Etats-Unis, passant, selon les chiffres du gouvernement, de 134 millions d’unités en 2015 à plus de 1,36 milliard en 2024.Désormais, et à l’exception donc des “cadeaux” de moins de 100 dollars, les colis doivent être soumis aux mêmes droits de douane que toute autre importation, soit un minimum de 10%, ou 15% pour ceux provenant de pays de l’Union européenne (UE) voire jusqu’à 50% pour l’Inde et le Brésil.- “Une surprise pour personne” -Avant même son entrée en vigueur, la mesure a commencé à perturber l’envoi de colis vers les Etats-Unis.Mardi, l’agence postale de l’ONU (UPU) avait fait savoir que 25 pays avaient décidé de suspendre leurs livraisons vers les Etats-Unis, du fait d’incertitudes.Parmi les services postaux ayant fait ce choix figurent ceux de nombreux pays européens, dont l’Allemagne, la France ou l’Italie, mais aussi l’Inde, le Japon, l’Australie ou le Mexique.La raison invoquée est la brièveté du délai de mise en place de la mesure, alors que le texte prévoit qu’il revient aux “transporteurs et autres parties autorisées à percevoir à l’avance, auprès des expéditeurs, les droits de douane”, avant de les reverser aux autorités américaines, selon l’UPU.”Faute d’informations complémentaires sur les conditions techniques d’envoi des colis vers les Etats-Unis, de la part de la douane américaine, nous n’avons d’autre choix que de suspendre temporairement ces envois”, a confirmé à l’AFP un responsable de La Poste en France.Mais pour le gouvernement, “les services postaux étrangers doivent se ressaisir concernant le contrôle et l’utilisation du courrier international en vue de faire du trafic et éviter les droits de douane”, assurant que la fin de l’exemption “n’est une surprise pour personne”, selon un responsable.- “Pas disponibles” -C’est une difficulté supplémentaire, notamment pour les très petites entreprises, à l’image d’Elizabeth Nieburg, dont l’entreprise britannique vend des chaussettes et sous-vêtements à ses clients américains, qui représentent 20% de ses ventes.”Nos marges sont trop réduites pour pouvoir absorber” ce coût supplémentaire, regrette-t-elle auprès de l’AFP.Même pour des entreprises américaines, l’addition peut être salée, si elles font venir leurs produits en petite quantité de l’étranger, comme la société de Ken Huening. Basée en Californie, elle fait fabriquer ses produits en Chine et au Mexique avant de les envoyer directement à ses clients.”Les tissus et la fabrication ne sont pas disponibles aux Etats-Unis actuellement. Ce sera peut-être le cas dans le futur, mais d’ici là, nous aurons mis la clé sous la porte”, s’inquiète-t-il.Les “de minimis” faisaient déjà l’objet d’une attention particulière sous le gouvernement précédent de Joe Biden, qui avait lancé une première enquête sur le sujet.Donald Trump avait publié un premier décret visant spécifiquement les petits colis provenant de Chine, la majorité de ceux entrant aux Etats-Unis, expédiés en particulier par des vendeurs comme Temu, Shein ou AliExpress.

Le Brésil s’attaque à un vaste réseau de blanchiment dans les carburants

Des sommes faramineuses blanchies via des stations-services, puis placées dans des institutions financières: les autorités brésiliennes se sont attaquées jeudi au crime organisé en lançant une vaste opération mobilisant 1.400 agents à travers le pays.Le président Luiz Inacio Lula da Silva a salué “la plus grande riposte de l’Etat brésilien contre le crime organisé de notre histoire”, dans un message publié sur le réseau social X.Les membres de ce gigantesque réseau de fraude et de blanchiment dans la filière des carburants auraient dissimulé l’argent illicite par le biais de placements suspects dans une quarantaine de fonds d’investissement, selon les autorités du plus grand pays d’Amérique latine.Le parquet de Sao Paulo a précisé dans un communiqué que ce réseau blanchissait des fonds du Premier commando de la capitale (PCC), un des principaux groupes criminels du pays.Cette faction née dans les prisons de la capitale économique Sao Paulo est notamment en lien avec la mafia calabraise, la ‘Ndrangheta, pour envoyer de la cocaïne produite en Amérique du Sud vers l’Europe depuis des ports brésiliens.Le crime organisé représente un immense défi pour l’Etat au Brésil, face à de puissantes factions rivales ultra-violentes et qui pénètrent toujours plus profondément l’économie légale.Des agents de divers organes publics ont été mobilisés pour l’opération de jeudi, qui a ciblé 350 personnes ou entreprises dans une dizaine d’Etats, notamment ceux de Rio de Janeiro et Sao Paulo. Cinq personnes ont été arrêtées et 1.500 véhicules, 192 biens immobiliers et deux bateaux saisis, ainsi que 300.000 réais en espèces (environ 47.000 euros), selon un premier bilan officiel.- Carburant frelaté -L’enquête “a permis de suivre toute la chaîne et d’atteindre le noyau financier sur lequel reposent ces pratiques” criminelles, a estimé Lula.D’après le fisc brésilien, les mouvements financiers du réseau de blanchiment ont atteint 52 milliards de réais (environ 8 milliards d’euros) de 2020 à 2024.”La sophistication du crime organisé est telle que nous devons déchiffrer le parcours de l’argent”, a affirmé le ministre des Finances, Fernando Haddad.Dans la mégalopole Sao Paulo, des agents ont mené des perquisitions sur l’avenue Faria Lima, le centre d’affaires du pays où se trouvent les sièges de nombreuses institutions financières.Selon les enquêteurs, le crime organisé s’était infiltré “dans plusieurs maillons de la chaîne de la filière des carburants, de l’importation à la production, la distribution et la commercialisation aux consommateurs”.Les agents ont “identifié des irrégularités dans plus de 1.000 stations-services de dix Etats”.Certains propriétaires ayant vendu leur station à des membres du PCC “n’ont pas reçu le montant de la transaction et étaient menacés de mort s’ils le réclamaient”, a dénoncé le parquet de Sao Paulo.Au-delà du blanchiment, ce “système sophistiqué” générait “des profits de milliards de réais” via la vente de carburant frelaté, produit à partir de méthanol, une substance “hautement toxique et inflammable”, selon les enquêteurs.- “Banque parallèle” -L’argent était placé dans des fintechs, plateformes numériques de services financiers, et non dans des banques traditionnelles, “pour rendre plus difficile sa traçabilité”, selon l’administration fiscale.L’une de ces entreprises faisait office de “banque parallèle”, ayant reçu près de 11.000 dépôts en espèces suspects de 2022 à 2023.Le fisc dit avoir “identifié au moins 40 fonds d’investissements contrôlés” par le crime organisé dans cette enquête, pour un montant total de 30 milliards de réais, soit quelque 4,7 milliards d’euros.Une partie de ces fonds étaient réinvestis dans la filière des carburants, notamment dans l’achat d’usines à éthanol et de 1.600 camions-citerne pour produire et acheminer le carburant vendu dans les stations-services contrôlées par l’organisation criminelle.Le Brésil est le deuxième producteur mondial de biocarburants, selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).

En Allemagne, le destin radieux d’un réfugié devenu patron dans l’énergie

Il a grandi sans savoir lire et écrire et sans électricité. Jeune adulte, l’Afghan Rostam Nazari a rédigé deux livres en allemand et monté une entreprise de panneaux solaires en Allemagne où il a construit sa vie.Lohra, une petite ville près de Marbourg, dans le centre de l’Allemagne.Monté sur un échafaudage, Rostam Nazari, petite barbe et lunettes rondes en métal, observe trois de ses salariés installer des panneaux photovoltaïques sur le toit d’une école. Sa réussite, dix ans après être arrivé avec la grande vague migratoire de 2015.”J’ai vécu sans électricité pendant sept ans” en Afghanistan, “je voulais comprendre pourquoi tout le monde en Allemagne avait de l’électricité et pas là-bas.”A 25 ans, le directeur technique de SolarBau24, l’entreprise d’installation de panneaux solaires qu’il a cofondée en 2023, a déjà parcouru un chemin prodigieux.En 2015, l’adolescent, qui s’était entre-temps réfugié en Iran avec sa famille, fuit avec son frère Sohrab pour l’Allemagne qui accueillera au total environ un million de migrants.Comme tant d’autres, il traverse la mer Egée en canot pneumatique puis les Balkans à pied. Ses parents sont restés en Turquie. “Ce que j’ai dû endurer est indescriptible”, dit-il sans rentrer dans les détails.Pris en charge dans un foyer pour mineurs non accompagnés à son arrivée à Marbourg, l’adolescent analphabète voit à 15 ans “un miracle” se produire sous la forme d’une classe intensive d’allemand.Trois ans après, il publie dans la langue de Goethe “le voyage de Rostam”, suivi plus tard d’un livre de recettes de cuisine afghanes.-  Bonnes fées -Avec “tout ce que j’ai vécu, je me suis dit: (…) Je n’ai qu’une seule chance, je dois la saisir. Et puis je suis resté motivé et discipliné”, explique le réfugié, conscient d’avoir aussi réussi grâce aux “nombreux soutiens” rencontrés à Marbourg.Sans eux, on aurait “été perdus comme beaucoup d’autres” face à la bureaucratie allemande, un obstacle “difficile, fastidieux, insupportable”.Une femme, éducatrice dans son foyer, compte parmi ces bonnes fées, en l’aidant à trouver un éditeur.Puis un homme, un parrain d’adoption qui lui donne un nouveau coup de pouce quand il décide d’entamer des études d’électricité en l’accompagnant “pendant trois ans et demi, deux fois par semaine, deux heures à chaque fois. Et gratuitement”, se rappelle Rostam Nazari.Et un ami, David Szielenski, 33 ans, le fils de son éducatrice, qui lui propose de s’associer dans le photovoltaïque, cette énergie peu polluante qui peut aussi “générer de l’argent”.Iraniens, Russes, Turcs, Somaliens… Leur entreprise compte aujourd’hui 32 salariés.Congés pour les fêtes religieuses musulmanes, horaires flexibles, repas partagés et souplesse vis-à-vis des diplômes, chose rare dans un pays connu pour sa lourdeur administrative: l’entreprise se distingue par son approche multiculturelle, volontairement attractive auprès des immigrés récents.”En général, les gens ne nous envoient pas de CV ni de lettre de motivation”, résume David Szielenski, pour qui “la motivation et l’attitude des candidats” prévalent sur “les qualifications”, qui “peuvent s’apprendre”.Leur employé iranien Hadi Gazerani, 40 ans, a “choisi” cette entreprise” parce que, dit-il en farsi, “elle offre plus d’opportunités aux immigrants comme moi pour faire leurs preuves”. “D’autres entreprises ne donnent pas cette chance.”Le nouveau chancelier allemand, le conservateur Friedrich Merz, a fait du durcissement de la politique migratoire une priorité pour enrayer la progression de l’extrême droite.Le pays, en pénurie de travailleurs dans de nombreux secteurs, a pourtant “besoin des migrants” et devrait plutôt “simplifier les choses afin que les gens (…) se sentent chez eux ici. C’est bon pour les impôts, la société, l’économie”, objecte Rostam Nazari.

Wall Street termine en hausse, le Dow Jones et le S&P 500 atteignent de nouveaux records

La Bourse de New York a terminé sur un double record jeudi, poussée par la révision à la hausse du PIB américain pour le deuxième trimestre et après les résultats de Nvidia, géant américain des semiconducteurs.Après un début de séance hésitant, les indices S&P 500 (+0,32%%) et Dow Jones (+0,16%) ont finalement dépassé de nouveaux sommets en clôture, atteignant respectivement 6.501,86 points et 45.636,90 points. L’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a gagné 0,53%.La place américaine a bien accueilli “les données économiques de ce matin (…) bien meilleures qu’anticipé”, commente dans une note Jose Torres, d’Interactive Brokers.Les Etats-Unis ont connu une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 3,3% en rythme annualisé au deuxième trimestre, selon une estimation officielle actualisée jeudi, soit plus que ce qui avait été auparavant calculé, et qu’attendu par les marchés.La première estimation du PIB pour la période, publiée fin juillet, faisait état d’une croissance de 3% en rythme annualisé et les investisseurs s’attendaient à une révision à 3,1% seulement.La place américaine digère toujours par ailleurs la tentative de Donald Trump de révoquer Lisa Cook, une gouverneure de la Fed, sur fond d’allégations de fraude pour un prêt immobilier personnel.Si la gouverneure part, Donald Trump pourra nommer son remplaçant. Le président veut que les taux d’intérêt de la Fed soient beaucoup plus bas et entend placer au sommet de l’institution des personnes partageant ses vues sur l’économie.Mais le marché “attend un peu pour obtenir davantage d’informations (…) qui pourraient influencer les décisions de la Fed”, note auprès de l’AFP Victoria Fernandez, de Crossmark Global Investments.La publication de l’indice PCE pour juillet, indicateur d’inflation privilégié par l’institution monétaire, est attendue vendredi.D’autre indices d’inflation côté consommateurs et producteurs pour le mois d’août seront publiés la semaine prochaine, ainsi que des chiffres sur l’emploi.Sur le marché obligataire, vers 20H20 GMT, le rendement des emprunts d’État américains à dix ans s’affichait à 4,20%, contre 4,24% mercredi en clôture.Côté entreprises, les investisseurs ont été plutôt rassurés par les “bons” résultats trimestriels de Nvidia, publiés la veille, juge Mme Fernandez.La première capitalisation mondiale a réalisé un chiffre d’affaires record de 46,7 milliards de dollars au deuxième trimestre de son exercice décalé, en hausse de 56% sur un an, contre 46,2 milliards de dollars attendus par le marché. Le groupe californien a aussi dégagé un bénéfice net record, à 26,4 milliards de dollars, soit un bond de plus de moitié sur un an. Nvidia a toutefois terminé dans le rouge (-0,82% à 180,12 dollars).L’entreprise n’a pas pu vendre en Chine lors du trimestre écoulé ses puces H20 – des mini-processeurs moins sophistiqués, pourtant conçus pour respecter les restrictions d’exportation imposées par un gouvernement américain soucieux de maintenir sa suprématie mondiale dans l’IA.A la cote, l’équipementier sportif Nike a été quelque peu boudé (-0,15% à 77,94 dollars) après l’annonce d’une vague de licenciements de près de 1% de son personnel administratif.”Les mesures que nous prenons visent (…) à écrire le prochain grand chapitre de l’histoire de Nike”, écrit un porte-parole du groupe dans un communiqué envoyé à l’AFP. Malgré un chiffre d’affaires et un bénéfice net par action, donnée de référence pour les marchés, supérieurs aux attentes, les magasins de vêtements Urban Outfitters ont plongé (-10,65% à 69,70 dollars).Le spécialiste des véhicules électriques Tesla a reculé (-1,04% à 345,98 dollars). Ses ventes ont baissé de près de 42% sur un an en Europe.

Indépendance de la Fed: Lisa Cook demande à la justice d’empêcher Trump de la révoquer

La gouverneure de la banque centrale des Etats-Unis Lisa Cook, que le président Donald Trump veut révoquer, a saisi la justice jeudi pour que celle-ci la confirme à son poste et réaffirme l’indépendance de l’institution.Les avocats de Mme Cook demandent aux juges de la protéger contre cette manoeuvre. Une audience aura lieu vendredi à 10H00 à Washington (14H00 GMT).Cette action en justice a pour but de contrer “la tentative inédite et illégale du président Trump de révoquer la gouverneure Cook qui, si elle aboutissait, constituerait un précédent dans l’histoire du conseil” des gouverneurs, écrivent-ils dans leur saisine.Dans les documents consultés par l’AFP, Donald Trump est visé mais aussi les cinq autres gouverneurs de la Réserve fédérale (Fed) et son président, Jerome Powell. Ceux-ci, est-il souligné, ont “la capacité de prendre des mesures pour rendre effective la révocation de la gouverneure Cook par le président Trump”.L’équipe d’avocats de Lisa Cook demande ainsi aux juges d’empêcher ses collègues gouverneurs de “se conduire comme si elle avait été révoquée” ou de l’empêcher de faire son travail de banquier central.Le litige marque l’entrée en scène des juges dans une bataille dont l’issue peut changer la face de la plus puissante banque centrale du monde.En début de semaine, le chef d’Etat a écrit à Lisa Cook pour lui dire qu’elle était “révoquée avec effet immédiat”.Mme Cook, nommée à la Fed par l’ancien président démocrate Joe Biden, a rapidement fait savoir qu’elle se battrait devant la justice.Première femme afro-américaine à siéger au conseil des gouverneurs de la Fed, elle est accusée par le camp présidentiel d’avoir menti pour obtenir des emprunts immobiliers à des taux plus favorables en 2021. “Les documents relatifs à ces prêts ont été présentés au président, il a donc le motif requis pour limoger cette personne”, a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt jeudi en conférence de presse.Donald Trump “continuera donc à mener ce combat”, a-t-elle ajouté.- “Intimidation” -Mme Cook n’a pas publiquement contesté le fond des accusations.Dans la saisine, ses avocats considèrent qu'”une allégation sans preuves, concernant des demandes de prêts immobiliers personnels déposées avant sa confirmation [au poste de gouverneure] par le Sénat”, ne peut constituer un motif de destitution par le président des Etats-Unis.L’initiative présidentielle méconnait aussi le droit constitutionnel à un procès équitable, est-il avancé, Mme Cook n’ayant pas été formellement poursuivie ni eu la possibilité de se défendre.Pour ses avocats, le motif mis en avant par la Maison Blanche n’est qu’un “prétexte” pour se débarrasser d’une gouverneure qui n’entend pas obéir aux injonctions du président en matière de politique monétaire.Donald Trump veut que les taux d’intérêt de la Fed soient beaucoup plus bas et entend placer au sommet de l’institution des personnes partageant ses vues sur l’économie.Si Mme Cook part, Donald Trump pourra nommer son remplaçant.Le président américain avait jusqu’ici concentré ses flèches sur Jerome Powell – qu’il avait pourtant lui-même proposé au poste de président de la Fed pendant son premier mandat.Il avait envisagé de le renvoyer avant de renoncer devant la fébrilité des marchés financiers, qui comptent sur la banque centrale pour lutter contre l’inflation.L’ancienne présidente de la Fed (avant M. Powell, de 2014 à 2018) et ministre des Finances sous Joe Biden (2021-2025), Janet Yellen, s’est alarmée mercredi dans une tribune de voir l’institution se transformer en “marionnette” aux ordres du pouvoir exécutif.Selon elle, M. Trump tente d'”intimider” tous les membres du comité votant sur les taux d’intérêt américains, au nombre de 12: les sept du conseil des gouverneurs (six gouverneurs et M. Powell), le président de la Fed de New York et quatre présidents de Fed régionales qui changent d’une année sur l’autre.

L’interprofession des oeufs s’inquiète d’importations d’Ukraine par les distributeurs

L’interprofession des oeufs (CNPO) a dénoncé jeudi l’importation par certains distributeurs de centaines de milliers d’oeufs d’Ukraine ne “respectant pas les normes de production européennes et pouvant contenir” des antibiotiques interdits.Depuis le printemps, plusieurs lots d’oeufs provenant d’Ukraine avec un code 3 – signifiant un élevage en cage – ont été repérés dans différentes grandes surfaces, notamment des enseignes Carrefour et E. Leclerc, selon le CNPO.Carrefour, déjà épinglé par la filière en juin après une vidéo du syndicat agricole Coordination Rurale montrant des oeufs en provenance d’Ukraine dans l’un des magasins du groupe, a assuré jeudi à l’AFP qu’il ne “commercialise aucun oeuf d’origine ukrainienne”. “Un magasin a eu une initiative regrettable”, a admis son concurrent E. Leclerc dans une déclaration transmise à l’AFP, ajoutant toutefois qu’il s’agissait “d’un cas isolé, qui ne correspond absolument pas à la politique d’achats de l’enseigne”. “Dès que nous avons eu connaissance de ce cas, nous avons demandé au magasin concerné de retirer immédiatement les lots de la vente”, a poursuivi le groupe. Face à l’augmentation de la consommation d’oeufs, protéine animale privilégiée en période d’inflation, des tensions dans les stocks ont émergé depuis le début de l’année.”Les ventes ont augmenté de 5% en volume cette année (à fin juillet) par rapport à l’année 2024, soit environ 350 millions d’oeufs en plus par rapport aux sept milliards de l’année dernière. On a été capable de répondre et de fournir la grande distribution”, explique à l’AFP Yves-Marie Beaudet, président du CNPO.”Qu’on en importe un peu d’Espagne ou d’Italie, ça reste en Union européenne. Mais quand on va chercher en Ukraine, dont les normes ne sont pas en adéquation avec la réglementation européenne, ce n’est simplement pas possible”, ajoute-t-il.Il reconnaît que 300.000 oeufs récemment importés selon lui par E. Leclerc ne représentent qu’une très faible quantité, mais “c’est peut-être un coup d’essai” visant à s’approvisionner à moindre coût.Il dénonce un double discours de la distribution, dont les fédérations ont quitté l’interprofession des oeufs au début de l’été. Selon lui, les enseignes demandent aux producteurs de réduire la proportion de poules en cage mais “ils se permettent d’en importer”.Les oeufs venus d’Ukraine ne respectent pas selon le CNPO la réglementation européenne sur l’élevage en cage (notamment sur la densité), ni l’accord de la filière française sur l’ovosexage qui permet d’éviter le broyage – désormais interdit – des poussins mâles en détectant le sexe dans l’oeuf à l’aide d’une technologie coûteuse, ni les normes en matière d’antibiotiques.Le système d’alerte qui signale les problèmes relatifs aux produits agroalimentaires dans l’Union européenne (Rasff) a recensé quatre contrôles en juillet et août ayant révélé la présence d’antibiotiques interdits dans des oeufs en provenance d’Ukraine. Ces contrôles, non systématiques, ont été effectués sur des lots reçus en Pologne et en Slovaquie.Le CNPO appelle les autorités à renforcer les contrôles et appelle la grande distribution à “une réunion d’urgence” pour “remédier à cette situation de concurrence déloyale”.

Cantines scolaires: huit mairies suppriment temporairement le thon des menus

Huit mairies représentant plus de 3,5 millions d’habitants, dont Paris et Lyon, ont temporairement banni le thon des menus de leurs cantines scolaires pour “faire cesser l’exposition des enfants au mercure”, un métal neurotoxique, ont-elles annoncé jeudi.En octobre 2024, les ONG Bloom et Foodwatch avaient alerté sur la contamination du thon au mercure après avoir fait tester aléatoirement 148 boîtes de thon en conserve par un laboratoire indépendant.L’étude avait montré que 100% des boîtes testées étaient contaminées au mercure, classé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) parmi les dix substances les plus préoccupantes pour la santé publique.Critiquant l’absence de mesures prises depuis cette étude, les villes signataires, dont font aussi partie Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), Bègles (Gironde), Grenoble, Lille, Montpellier et Rennes, ont décidé “de ne pas servir de produits à base de thon dans les menus scolaires”. “Premières victimes de cette norme établie sans prendre en compte la santé des consommateurs, les enfants peuvent très vite dépasser la dose hebdomadaire tolérable (DHT), c’est-à-dire la quantité maximale ingérable régulièrement au cours d’une vie avant de s’exposer à un risque sanitaire”, alertent les huit collectivités signataires dans un communiqué.”Une fois ingéré, ce puissant neurotoxique peut se loger dans le cerveau et avoir des effets dévastateurs, en particulier sur le développement neuronal des plus jeunes (baisse de QI, troubles neuromoteurs, troubles du comportement, troubles de la mémoire, etc.)”, poursuit le communiqué.Selon Bloom, pour plus d’une boîte sur deux testée, la teneur en mercure dépasse la limite maximale fixée pour d’autres espèces de poissons comme le cabillaud ou les anchois, soit 0,3 mg/kg.Pour le thon, la limite a été fixée à 1 mg/kg, mais ce seuil est calculé sur le “produit frais”. Or selon les calculs de l’ONG, cela revient à une teneur d’environ 2,7 mg/kg dans la conserve, car le mercure est plus concentré une fois le produit déshydraté.”Ce qui est assez surprenant, c’est que le thon ait droit à une dérogation de taux de mercure par rapport aux autres poissons. Nous, on souhaite appliquer le principe de précaution”, a expliqué à l’AFP Gilles Pérole,adjoint au maire de Mouans-Sartoux.L’absence du thon dans les menus “ne pourra être revue sans que la limite maximale de mercure autorisée dans le thon ne soit abaissée à la teneur la plus stricte existant pour le poisson, à savoir 0,3 mg/kg”, précisent les collectivités.”Les entreprises respectent la règlementation en vigueur et aucun produit mis sur le marché ne dépasse le seuil réglementaire de 1 mg/kg”, a réagi dans un communiqué la Fédération des industries d’aliments conservés, estimant que le protocole utilisé par l’étude de Bloom “ne semble pas respecter les normes en vigueur, ce qui expliquerait de tels écarts”.La profession explique également avoir publié en janvier “tous les résultats des contrôles des huit dernières années”, qui montrent “des taux constatés en moyenne trois fois inférieurs au seuil réglementaire”.

Tourisme : entre arbitrages budgétaires et météo, une saison estivale contrastée en France

Entre budget serré et météo capricieuse, la saison touristique a été contrastée cet été en France, avec des séjours plus courts et moins de dépenses de loisirs, mais les grands pôles touristiques comme Paris et la Côte d’Azur tirent leur épingle du jeu.Le Grand Paris a attiré 6,4 millions de touristes internationaux en juillet-août, selon les données de l’office du tourisme publiées jeudi, un niveau comparable à celui de 2023.”C’est plutôt positif, sans être la panacée”, commente auprès de l’AFP Corinne Menegaux, directrice générale de l’Office de tourisme de Paris, rappelant que l’été n’est traditionnellement pas la meilleure saison pour la capitale.En Provence-Alpes-Côte d’Azur, les hôtels voient leurs taux d’occupation progresser cet été, et la fréquentation des locations saisonnières a progressé (+2%) comme celle de l’hôtellerie de plein air (camping… +3%), selon le Comité Régional de Tourisme Provence-Alpes-Côte d’Azur.Le président de cet organisme, François de Canson, déplore toutefois une “moindre fréquentation des clientèles européennes majeures (Allemagne, Pays-Bas et Italie)” et “un contexte économique, géopolitique mais aussi climatique qui pèse sur les résultats de fréquentation et surtout sur la consommation”.Il note aussi “une demande plus forte sur la flexibilité des dates et des durées de séjours, des demandes de séjours plus courts” ainsi que des “arbitrages sur la restauration et sur les activités”.”A 7,5 euros la glace, c’est un peu le coup de bambou. Mais elles sont bonnes et pour la qualité, je veux bien payer”, explique à l’AFP Christian Dauphin, assis sur un banc face à la plage de Palavas-les-Flots, station balnéaire populaire de l’Hérault, à deux pas de Montpellier.”On a fait un compromis : on a pris un hôtel à cinq ou six kilomètres d’ici, à côté de l’aéroport. Je ne pense pas qu’on pourrait se payer une semaine ici”, ajoute cet ouvrier de 47 ans, venu d’Auvergne avec son fils adolescent.”La saison a été assez bizarre, en dents de scie”, relève Esteban Gonzalez, 21 ans, “responsable salle” du Bain de Soleil, une plage privée à Palavas-les-flots où “ça a démarré très doucement en juillet” avant un regain d’activité en août.- Arbitrages -Des arbitrages budgétaires dont les restaurateurs ont fait les frais : selon les estimations de la fédération professionnelle Umih, la fréquentation a reculé cet été de “25 à 30%”.Selon son président, le chef Thierry Marx, 25 restaurants ferment chaque jour, avec des charges de plus en plus lourdes et donc répercutées sur les prix de vente, et “des prix sur la carte un peu élevés”, faisant que “les étrangers se sont détournés un peu de la France”, indiquait-il sur TF1 la semaine dernière.Pour Vanguélis Panayotis, du cabinet spécialisé en tourisme MKG Consulting, interrogé sur BFMTV, “les vacanciers ont arbitré et sont peut-être allés sur des destinations moins chères et moins classiques. Certaines destinations qui ne profitaient pas vraiment de l’été auparavant, en profitent davantage aujourd’hui comme le milieu rural et la montagne”.Une analyse qui rejoint le bilan estival du groupe Pierre & Vacances (résidences de tourisme), avec des taux d’occupation en hausse à la montagne et à la campagne, et une durée moyenne des séjours en légère baisse.Ces destinations “alternatives” sont aussi plébiscitées en raison de la météo et notamment des épisodes de canicules, avec des vacanciers en quête de fraîcheur.Sur Airbnb, Paris reste la destination la plus réservée en France, mais le directeur général France, Clément Eulry, note “un fort intérêt pour les séjours en pleine nature” de la part des Allemands, voyageurs internationaux qui ont le plus réservé sur la plateforme, et ont plébiscité montagne, côte méditerranéenne et Bretagne.”Avec l’été indien et le maintien de températures clémentes, la saison des voyages ne s’arrête pas en août: septembre s’impose de plus en plus comme un moment privilégié pour partir, en profitant de tarifs attractifs et d’une affluence plus légère”, abonde Vanessa Heydorff, directrice générale du site Booking.com en France.

Trafic perturbé sur la LGV entre Paris et Lyon: retour au “trafic normal” prévu vendredi matin

Le retour au “trafic normal” est prévu “vendredi matin”, après des perturbations dues à un vol de câble sur la LGV entre Paris et Lyon, a indiqué à l’AFP SNCF Réseau.Depuis jeudi matin, la ligne à grande vitesse “Sud-Est” connaît de fortes perturbations, dans les deux sens, avec “des retards pouvant aller jusqu’à 2 heures”, affirme SNCF voyageurs sur son site internet.La gare Paris Gare de Lyon affiche cependant des retards de 4H20 pour un TGV Lausanne – Paris, ou encore 3H30 pour un train Lyon Part-Dieu – Paris, sur le site internet de la SNCF Gare et Connexions.”Le diagnostic technique a été réalisé et les travaux de rétablissement des installations vont durer plusieurs heures”, précise SNCF Voyageurs. Le vol de câbles a eu lieu en Bourgogne, indique SNCF Réseau auprès de l’AFP, qui précise que ses équipes travailleront dans la nuit de jeudi à vendredi afin de ne pas couper complètement de trafic de voyageurs.Afin d’éviter la zone de l’incident “certains trains empruntent un itinéraire alternatif via la ligne classique”, complète SNCF Voyageurs.