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Allemagne : les “Sages” recommandent à Merz un ciblage précis du stimulus budgétaire

Le Comité des Sages économiques allemands a averti mercredi que le coup de fouet pour l’économie du paquet financier exceptionnel adopté par le nouveau gouvernement dépendra surtout du ciblage des dépenses, au risque d’être gaspillé.”Dans les simulations que nous avons réalisées, une utilisation (des fonds) orientée vers l’investissement conduit à une croissance économique” supérieure d’environ 5 points de pourcentage à la fin de la législature en 2029, a expliqué Achim Truger, membre du comité des sages, lors d’une conférence de presse.”En revanche, si les fonds sont détournés pour financer des dépenses de consommation, les effets de croissance s’estompent rapidement et la production économique ne progresse pas au fil des années”, a-t-il prévenu. Le groupe de cinq experts, chargés de conseiller le gouvernement pour sa politique économique, a remis à la mi-journée son rapport au chancelier conservateur Friedrich Merz, qui a affirmé la semaine dernière que l’Allemagne “peut redevenir une locomotive économique que le monde admire”, lors de son premier discours de politique générale au Parlement.L’enveloppe de plusieurs centaines de milliards d’euros décidée par l’Union conservatrice CDU/CSU et les sociaux-démocrates (SPD), qui ont formé une coalition, vise à augmenter les dépenses de défense et à moderniser les infrastructures vétustes en assouplissant considérablement les règles d’endettement jusqu’ici très strictes du pays.Les Verts ont aussi voté de dispositif, bien que dans l’opposition, en exigeant que cette dette serve uniquement à financer des investissements supplémentaires, pour éviter des marges budgétaires utilisées à des fins de cadeaux électoraux, comme la retraite des mères (“Mütterrente”) ou les subventions au diesel agricole.Les cinq experts craignent cependant que ces garde-fous soient insuffisants : “les mesures prises jusqu’ici ne suffisent pas à empêcher que des investissements prévus soient simplement reportés hors du budget principal, les fonds ainsi libérés étant utilisés pour la consommation”, à l’impact économique bien plus faible, a prévenu Ulrike Malmendier, du comité des Sages.Pour soutenir le potentiel de croissance, ils appellent par ailleurs à engager des réformes structurelles – éducation, intelligence artificielle, immigration de travail, marchés de capitaux – tout en simplifiant le fardeau administratif, l’économie allemande souffrant d’une stagnation prolongée et de faibles perspectives démographiques.A cause de la politique douanière de Donald Trump qui accroît l’incertitude et menace la croissance économique mondiale, l’Allemagne devrait connaître une croissance nulle en 2025, estiment les Sages, comme d’autres organisations économiques auparavant.Le paquet financier voté cet hiver laisse toutefois entrevoir un retour de la croissance en 2026 à hauteur d’1,0%, selon les Sages.

Facturation des bagages à main: sept compagnies aériennes dans le viseur d’associations

Une quinzaine d’associations européennes, dont l’UFC-Que choisir et CLCV pour la France, ont demandé à la Commission européenne de lancer une enquête à l’échelle de l’UE sur la politique de facturation des bagages à main de sept compagnies aériennes à bas coût.EasyJet, Norwegian, Ryanair, Transavia, Volotea, Vueling et Wizzair “facturent des frais indus aux consommateurs”, accuse mercredi dans un communiqué la Confédération de la consommation, du logement et du cadre de vie (CLCV), partie prenante de cette initiative aux côtés de 15 autres ONG membres du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC). En effet, “la Cour de justice de l’UE a (…) jugé en 2014 que +le transport de bagages à main ne peut pas être soumis à un supplément de prix, à condition qu’il réponde à des exigences raisonnables en termes de poids et de dimensions et qu’il soit conforme aux exigences de sécurité applicables+”, souligne l’association.Pourtant, selon le collectif d’associations, ces sept compagnies imposent des frais pour des bagages à main de taille raisonnable mais qu’elles considèrent comme “de grande taille”: 36 euros pour Ryanair, près de 43 euros pour EasyJet, voire jusqu’à 280 euros pour Vueling s’il s’avère que les dimensions définies par la compagnie ne sont pas respectées. Autre point litigieux: les dimensions permettant de définir le format (petit ou grand) d’un bagage admis à bord “sont particulièrement hétérogènes d’une compagnie à l’autre”. Ce collectif d’associations européennes a donc décidé de saisir la Commission européenne et les institutions nationales de protection des consommateurs des Vingt-Sept (dont la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) en France) “pour qu’une enquête soit diligentée à l’échelle de l’UE et que les pratiques commerciales illégales des compagnies aériennes soient sanctionnées”.Parmi les compagnies aériennes pointées du doigt, l’irlandaise Ryanair précise dans un communiqué accueillir favorablement cette initiative, jugeant que l’enquête démontrera que sa “politique de tarification des bagages se conforme totalement à la réglementation européenne, (…) qui garantit à l’ensemble des compagnies aériennes européennes la liberté de déterminer les prix, y compris ceux des services optionnels”. De son côté Norwegian estime dans une déclaration transmise à l’AFP que son modèle de tarification “respecte la réglementation européenne” et précise que ses clients l'”apprécient”. Egalement sollicitées pour un commentaire, EasyJet, Transavia, Volotea, Vueling et Wizzair n’ont pas réagi dans l’immédiat.  Cette initiative intervient alors que des débats sont en cours au niveau des institutions européennes sur la réforme du règlement encadrant les droits des passagers aériens.Pour l’UFC-Que choisir, ces discussions offrent à l’UE une “occasion idéale” pour “clarifier les services qui devraient être inclus dans le prix de base du billet” et pour harmoniser les règles relatives aux bagages à main.

Victime d’une cyberattaque, Marks & Spencer chiffre l’impact à 300 millions de livres

La chaîne de distribution britannique Marks & Spencer estime à 300 millions de livres l’impact de la cyberattaque dont elle est victime depuis plusieurs semaines, qui a profondément affecté son fonctionnement et dont les conséquences pourraient durer jusqu’en juillet.”Notre estimation actuelle (…) prévoit un impact d’environ 300 millions de livres (355 millions d’euros, ndlr) sur le résultat opérationnel du groupe pour l’exercice 2025/26, qui sera réduit grâce à une gestion rigoureuse des coûts, aux assurances et à d’autres actions commerciales”, écrit l’entreprise dans un communiqué.M&S pourrait être victime d’un rançongiciel, qui exploite les failles de sécurité d’une organisation pour chiffrer et bloquer ses systèmes informatiques, exigeant une rançon pour les débloquer. Mais l’entreprise ne l’a pas confirmé.Outre M&S, l’enseigne Co-op a également été victime d’une attaque du même genre, tout comme le prestigieux grand magasin londonien Harrods, contraint de restreindre l’accès à Internet depuis ses locaux au début du mois.”Le groupe connu publiquement sous le nom de Scattered Spider” est suspecté, “mais nous avons toute une série d’hypothèses différentes”, a déclaré à la BBC Paul Foster, chef de l’unité nationale de lutte contre la cybercriminalité de l’agence britannique NCA.”Nous savons que Scattered Spider est largement anglophone, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’ils sont au Royaume-Uni. Nous savons qu’ils communiquent en ligne entre eux sur un éventail de plateformes et de canaux différents, ce qui est, je suppose, essentiel pour leur permettre d’opérer en tant que collectif”, a-t-il ajouté.- Vol de données personnelles -Les perturbations liées à l’attaque, qui ont notamment contraint l’entreprise à suspendre ses ventes en ligne ou le paiement sans contact, se poursuivront jusqu’en juillet, anticipe M&S.”Les ventes alimentaires ont été affectées par une disponibilité réduite des produits”, avec parfois des rayons vides, “bien que la situation s’améliore” et dans les secteurs de l’habillement, de la maison et de la beauté “les ventes en ligne et le résultat opérationnel ont été fortement touchés” par la suspension temporaire des achats sur internet, ajoute l’entreprise.”Nous nous concentrons désormais sur la reprise, visant à restaurer nos systèmes, nos opérations et notre offre client au cours du premier semestre”, ajoute-t-elle.L’enseigne avait révélé mi-mai que certaines données personnelles de ses clients avaient été dérobées dans le cadre de cette cyberattaque, qui a débuté mi-avril, mais pas les détails de paiement ou les mots de passe des comptes.Les 300 millions évoqués par M&S “montrent la gravité de la situation” et suggèrent “que les pirates informatiques ont causé des dommages considérables”, selon Dan Coatsworth, analyste d’investissement chez AJ Bell.- Possible amende -Il souligne que l’entreprise pourrait être touchée par une amende du régulateur britannique de la protection des données (ICO) “pour ne pas avoir pris les mesures appropriées pour prévenir les violations de données” comme l’ont montré plusieurs exemples dans le passé; tels que British Airways ou Tesco Bank.”M&S aurait souscrit une assurance qui couvrirait jusqu’à 100 millions de livres sterling de ces coûts”, relaye pour sa part Aarin Chiekrie, analyste d’Hargreaves Lansdown. “La cyberattaque est probablement un événement ponctuel, et les activités sous-jacentes se portent bien.”Il remarque que “Marks & Spencer a pulvérisé ses prévisions de bénéfices annuels, grâce à la forte croissance de sa division alimentaire”.L’entreprise a présenté sur l’année un résultat net en baisse de près d’un tiers, à 295,7 millions de livres, contre 431,2 millions l’an passé. Celui-ci ne tient pas compte de l’impact du piratage.Le chiffre d’affaires a lui augmenté de 6%, à 13,82 milliards de livres et le bénéfice opérationnel a atteint 624,3 millions de livres.”Cet incident n’est qu’un accident de parcours, dont nous sortirons en meilleure forme”, veut croire Stuart Machin, directeur général de M&S, qui compte maintenir sa stratégie et ses plans à long terme.L’action du groupe était en hausse d’environ 0,85% mercredi vers 10H30 GMT à la Bouse de Londres.

Transition énergétique: embauche électriciens de haut vol pour recâbler le Royaume-Uni

Perchés à 45 mètres de haut, de jeunes apprentis installent une nouvelle connexion au sommet d’un pylône. Ils font partie des recrues de National Grid, opérateur du réseau électrique britannique, qui embauche à tour de bras pour adapter ses infrastructures aux nouvelles énergies.Avec la multiplication des lieux de production, notamment pour l’éolien et le solaire, l’entreprise qui possède les pylônes et câbles à haute tension en Angleterre et au Pays de Galles dit mettre en oeuvre “la plus grande refonte du réseau électrique depuis des générations”.”C’est assez amusant et excitant de savoir que j’aurai un rôle à jouer pour relier au reste du Royaume-Uni” ces nouvelles sources d’énergie, lance dans un sourire Becky Hodgson, une apprentie de 25 ans, vêtue d’un chasuble orange fluo, un casque de chantier bleu vissé sur la tête.Au pied du grand pylône, dans le centre de formation de National Grid à Eakring, village du centre de l’Angleterre, elle fait défiler entre ses main la corde d’un treuil à l’avant d’une voiturette.Dans un bruit de moteur et de poulies, une passerelle suspendue se hisse vers ses camarades.- “Passionnée d’escalade” -La jeune fille vient du nord-est de l’Angleterre, non loin de Newcastle, et se réjouit de marcher dans les traces de son grand-père mineur de charbon, source d’énergie ancestrale du Royaume-Uni, abandonnée l’an passé pour la production d’électricité.Ce qui lui a plu, surtout, en voyant l’offre d’emploi de National Grid, c’est la perspective de grimper et de travailler en extérieur: “je suis passionnée d’escalade et d’aventure” et le poste de monteuse de lignes “cochait toutes les cases”, raconte-t-elle.National Grid prévoit d’investir 35 milliards de livres (42 milliards d’euros) d’ici 2031 pour transformer le réseau électrique du Royaume-Uni, l’un des pays les plus en avance sur les énergies renouvelables en Europe.L’installation de nouveaux pylônes, souvent privilégiés pour leurs coûts plus faibles par rapport aux câbles souterrains ou sous-marins fait grincer des dents parmi les riverains dans tout le pays.Mais face à une demande d’électricité en hausse et à la nécessité d’aller chercher l’énergie là où elle est produite, tout particulièrement dans les champs d’éoliennes offshore, “nous avons besoin de plus de câbles”, insiste Zac Richardson, ingénieur en chef chez National Grid.L’entreprise a vu le nombre de jours de formation s’envoler de 75% sur trois ans, tirés en grande partie par la croissance des effectifs.”Serons-nous capables de former suffisamment de personnel ? C’est un défi de taille”, reconnaît M. Richardson, mais “la main-d’oeuvre sera prête”.L’entreprise estime que 55.000 embauches seront nécessaires dans les années qui viennent, dans différents corps de métier, aussi bien dans ses rangs que chez ses partenaires et sous-traitants.- Explosion soudaine -Une sirène retentit soudain dans un poste de transformation, près de gros engins hérissés de parafoudres. Puis une explosion: c’est un essai de disjoncteur pyrotechnique, un dispositif qui permet de couper très rapidement un circuit haute tension.”Il faut se boucher les oreilles. C’est quelque chose qu’on sait quand on travaille dans un poste électrique”, s’amuse Lara Eken, 23 ans, venue se former aux fonctionnement de ces “systèmes techniques très complexes” qui eux aussi se multiplient au gré de l’expansion du réseau.Les câbles qui partent du grand pylône se perdent dans le lointain. Ils ne mènent nulle part: pour des raisons de sécurité, les installations d’entraînement sont déconnectées du réseau.L’apprentissage des monteurs de lignes dure trois ans. Tom Norris, leur formateur, est repérable à son casque rouge.”C’est la sécurité avant tout, donc on y va petit à petit. On les envoie d’abord juste grimper”, avant d’attaquer les choses plus compliquées, comme hisser du matériel dans les hauteurs, raconte-t-il.”Nous embauchons plus d’apprentis que jamais”, mais trouver de bonnes recrues n’est pas un problème: “nous avons toujours beaucoup de succès lors des journées de recrutement, nous pouvons choisir parmi un très grand nombre de bons candidats”.

La Bourse de Paris en légère baisse

La Bourse de Paris évolue sans entrain mercredi, gagnée par l’attentisme face aux incertitudes sur le vote du budget aux Etats-Unis et aux tensions géopolitiques et commerciales mondiales.Le CAC 40 perdait 0,36% vers 10H00 (heure française), à 7.913,63 points, en recul de 27,31 points. La veille, l’indice français vedette a pris 0,75%.”Tous les regards sont tournés vers la loi fiscale que l’administration Trump cherche à faire adopter, car l’accord final déterminera en grande partie l’ampleur du déficit américain dans les années à venir”, résument les analystes de Deutsche Bank.Le projet de loi budgétaire du président américain fait l’objet de vifs débats au Congrès, après la dégradation de la note des Etats-Unis par l’agence Moody’s vendredi, qui a bousculé les marchés en début de semaine.Donald Trump a exhorté mardi au Congrès les élus républicains à soutenir sa “grande et belle loi”, qui concrétiserait certaines de ses promesses phares mais risque d’accroître fortement le déficit.Côté géopolitique, le regard des marchés est tourné vers le Moyen-Orient: “des informations de CNN selon lesquelles Israël préparerait des frappes à l’encontre de l’Iran alimentent la volatilité”, explique John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.Selon la chaîne américaine, Israël réfléchirait à frapper des installations nucléaires iraniennes.Ces informations interviennent alors que des négociations sont en cours sous la médiation d’Oman entre l’Iran et les Etats-Unis depuis le 12 avril, visant à conclure un nouvel accord pour encadrer le programme nucléaire de Téhéran.Les investisseurs portent enfin leur attention sur les dernières avancées des négociations commerciales entre Washington et ses partenaires, alors que les ministres des Finances du G7 sont réunis depuis mardi soir à Banff, au Canada.Ces derniers cherchent à convaincre l’administration Trump de revenir complètement sur les droits de douane annoncés lors de son offensive protectionniste début avril, et dont une large partie est pour le moment suspendue.Côté obligataire, les taux d’intérêt de l’emprunt à dix ans français de référence atteignaient 3,29% vers 10H00 (heure française), contre 3,26% la veille en clôture.Kering annonce un nouvel empruntLe groupe de luxe Kering (-2,18% à 178,62 euros) a annoncé mardi soir l’émission d’un nouvel emprunt obligataire pour “un montant total de 750 millions d’euros”, afin d’accroître sa “flexibilité financière”.

Royaume-Uni: forte progression de l’inflation en avril à 3,5% sur un an

Les prix ont progressé de 3,5% sur un an en avril au Royaume-Uni, contre 2,6% en mars, à cause de la hausse des factures des ménages qui a pris effet au début du mois, a annoncé mercredi l’Office national des statistiques (ONS).”Les factures de gaz et d’électricité ont augmenté ce mois-ci, alors qu’elles avaient fortement baissé l’année dernière à la même époque, en raison des modifications apportées au plafond des prix de l’énergie” fixé par le régulateur britannique du secteur, l’Ofgem, souligne l’économiste en chef de l’ONS Grant Fitzner.”Les factures d’eau et d’assainissement ont également fortement augmenté cette année”, tout comme les taxes sur les véhicules, “ce qui a poussé le taux global à son plus haut niveau depuis le début de l’année dernière”, a-t-il ajouté.Bien que largement anticipée, cette hausse est supérieure aux prévisions des économistes, qui tablaient sur 3,3%.Selon Grant Fitzner, elle a été “partiellement compensée par la baisse des prix des carburants et de l’habillement, due à une forte réduction des prix des vêtements pour enfants et des chaussures pour femmes”.La ministre britannique des Finances Rachel Reeves s’est dite “déçue par ces chiffres”. Mais “nous sommes loin de l’inflation à deux chiffres que nous avons connue sous l’administration précédente”, a-t-elle ajouté.Les prix s’étaient envolés lorsque les conservateurs étaient au pouvoir, avec la réouverture de l’économie post-pandémie et la crise énergétique engendrée par la guerre en Ukraine, l’inflation grimpant jusqu’à 11% fin 2022 avant de redescendre.Surnommé “Awful April” (Terrible avril) par la presse britannique, ce mois a aussi “marqué le début de l’augmentation des cotisations patronales” ainsi que celle du salaire minimum, “ce qui a probablement entraîné des hausses de prix”, souligne aussi Lindsay James, analyste chez Quilter.Les factures d’énergie devraient baisser à partir de juillet, selon les analystes, à la suite de la forte chute récente des prix du pétrole provoquée par la salve de tarifs douaniers lancée par le président américain Donald Trump.

La Chine dénonce les nouvelles mesures américaines sur les puces Huawei

La Chine a promis mercredi des “mesures fermes” en réponse aux nouvelles recommandations de l’administration Trump sur l’utilisation de puces électroniques avancées, notamment du géant chinois Huawei, dénonçant une tentative d'”intimidation”.L’administration du président américain Donald Trump a certes annulé la semaine dernière de nouvelles restrictions à l’exportation de puces avancées, répondant aux appels de plusieurs pays qui s’inquiétaient d’être écartés de technologies essentielles au développement de l’IA.Ces nouvelles règles, qui devaient s’ajouter, à partir du 15 mai, à des contrôles déjà mis en place en 2022 et 2023, avaient été annoncées par le gouvernement de Joe Biden mi-janvier, quelques jours seulement avant la fin de son mandat.Mais parallèlement à leur annulation, le département américain du Commerce a dévoilé de nouvelles directives qui mettent en garde contre l’utilisation de semi-conducteurs d’IA chinois, et en particulier les puces Ascend du géant technologique Huawei, menaçant de “sanctions pénales et administratives importantes, pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement”.Ces directives avertissent également “le public des conséquences potentielles qu’induiraient le fait de laisser des puces américaines être utilisées” pour développer des “modèles chinois d’IA”.Pékin a vivement réagi mercredi, accusant Washington d'”abuser des contrôles à l’exportation pour contenir et réprimer la Chine”.”Les mesures américaines relèvent d’un unilatéralisme typique, mêlant intimidation et protectionnisme, et portent gravement atteinte à la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales dans le secteur des semi-conducteurs”, a déclaré mercredi un porte-parole du ministère chinois du Commerce dans un communiqué, promettant des “mesures fermes” en réponse.”Toute organisation ou individu qui mettrait en oeuvre ou aiderait à mettre en oeuvre ces mesures américaines pourrait être en infraction” avec les règlementations chinoises, a averti Pékin.- Pressions des firmes d’IA -Le département américain du Commerce a expliqué que sa politique visait à partager la technologie américaine en matière d’IA “avec des pays étrangers de confiance à travers le monde, tout en empêchant qu’elle ne tombe entre les mains de nos adversaires”.”En même temps, nous rejetons la tentative de l’administration Biden d’imposer au peuple américain ses politiques en matière d’IA, mal conçues et contre-productives”, a déclaré Jeffery Kessler, sous-secrétaire au Commerce chargé de l’industrie et de la sécurité.Washington a renforcé ces dernières années ses efforts pour limiter les exportations de puces dernier cri vers la Chine, craignant qu’elles ne servent à l’armée chinoise et soucieux de conserver la domination américaine dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). Les règles initialement prévues par l’administration Biden et qui devaient s’appliquer au 15 mai divisaient les pays en trois catégories, chacune soumise à un niveau de restriction différent.Les pays considérés comme “de premier rang”, comme le Japon et la Corée du Sud, n’étaient pas concernés par les restrictions, tandis que ceux de la deuxième catégorie — comme le Mexique ou le Portugal — avaient été soumis à un plafonnement du volume de puces qu’ils pouvaient recevoir.Mais des fabricants américains de puces comme Nvidia et AMD ont fait pression contre ces restrictions différenciées. Leur action en Bourse avait grimpé après que l’administration Trump avait laissé entendre qu’elle reconsidérerait la mesure.Mercredi, le directeur général de Nvidia, Jensen Huang, a qualifié les contrôles américains sur les exportations de puces d’IA vers la Chine d'”échec”, estimant que ces mesures ont à l’inverse encouragé les firmes chinoises à développer leurs propres technologies.”Les entreprises locales sont très, très talentueuses et très déterminées, et les contrôles à l’exportation leur ont donné l’élan, l’énergie et le soutien du gouvernement pour accélérer leur développement”, a déclaré M. Huang à la presse lors du salon technologique Computex organisé à Taipei.”La Chine dispose d’un écosystème technologique dynamique, et il est très important de réaliser que la Chine compte 50% des chercheurs en IA du monde, et que la Chine est incroyablement douée pour les logiciels”, a ajouté le dirigeant.

Agroalimentaire: sept associations accusent les supermarchés de “brader” la santé des consommateurs

Les promotions alimentaires proposées chez les principales chaînes de supermarchés “poussent à acheter des aliments mauvais pour la santé”, dénoncent sept associations dans une enquête publiée mercredi, accusant la grande distribution de “brader” la santé des consommateurs. Pour tirer ces conclusions, Foodwatch France, le Réseau Action Climat, France Assos Santé, la Fédération française des diabétiques, la Confédération syndicale des familles, l’Union nationale des associations familiales et le Collectif national des associations d’obèses ont passé au crible “près de 5.000 promotions alimentaires” mises en place par les cinq plus gros distributeurs entre février et mars 2025. “Le doute n’est plus permis: dans les supermarchés, les promotions censées vous permettre de faire des économies poussent surtout à acheter des aliments mauvais pour la santé”, s’alarment les associations, selon lesquelles “deux tiers des promotions (66%) concernent des produits trop gras, trop sucrés, trop salés”.Carrefour, Coopérative U, E. Leclerc, Intermarché et Lidl “se disent toute l’année les alliés du +bien manger+, mais en pratique, ils vont à l’encontre de leurs engagements”, déplore auprès de l’AFP Audrey Morice, porte-parole de l’ONG Foodwatch. D’après l’enquête, “seules 12% des promotions portent sur des aliments sains (…) comme les fruits, les légumes ou les légumineuses, et que les Français ne consomment pas suffisamment”, indique l’enquête, qui se base sur les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS). Les associations déplorent également que de “trop nombreuses promotions incitent à surconsommer en achetant en grande quantité” car d’après elles, “40% des promotions proposent d’acheter des produits (qui sont) à fortement limiter selon les recommandations santé”, à l’instar de la charcuterie, des plats préparés à base de viande rouge, ou encore des boissons sucrées. Ce déséquilibre dans la qualité des produits en promotion fait dire à Audrey Morice qu’il existe une forme de “marché à deux vitesses”, avec d’un côté “les produits les moins bons pour la santé à des prix bradés”, et de l’autre “des produits sains au prix fort”. Dans leur communiqué transmis à la presse, les associations appellent les enseignes de la grande distribution à garantir “au moins 50% de promotions sur des produits de qualité, à des prix accessibles”. 

La destruction des forêts tropicales à un niveau record, sous l’effet des incendies

L’équivalent de 18 terrains de football par minute: la destruction des forêts vierges tropicales a atteint l’an dernier un niveau record depuis au moins vingt ans, en raison des incendies alimentés par le changement climatique et d’une situation qui se dégrade de nouveau au Brésil.Les régions tropicales ont perdu l’an dernier 6,7 millions d’hectares de forêt primaire, une superficie quasi équivalente à celle du Panama, au plus haut depuis le début de la collecte des données en 2002 par l’observatoire de référence Global Forest Watch, élaboré par le groupe de réflexion américain World Resources Institute (WRI) avec l’université du Maryland.Le chiffre, en hausse de 80% par rapport à 2023, “équivaut à la perte de 18 terrains de football par minute”, a souligné Elizabeth Goldman, codirectrice de l’observatoire.Les incendies sont responsables de près de la moitié de ces pertes, devant l’agriculture pour la première fois. Ces destructions ont représenté l’équivalent de 3,1 milliards de tonnes de CO2 émises dans l’atmosphère, soit un peu plus que les émissions liées à l’énergie de l’Inde.”Ce niveau de destruction des forêts est complétement inédit en plus de 20 ans de données”, a souligné Mme Goldman. “C’est une alerte rouge mondiale”.Le rapport se concentre sur les forêts tropicales, les plus menacées, et très importantes pour la biodiversité et leur capacité à absorber le carbone de l’air. Il englobe les pertes pour toutes raisons: déforestation volontaire mais aussi destruction accidentelle et incendies.- “Conditions extrêmes” -Les incendies ont été favorisés par des “conditions extrêmes” qui les ont rendus “plus intenses et difficiles à contrôler”, notent les auteurs. L’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde sous l’effet du changement climatique, causé par la combustion massive des énergies fossiles et du phénomène naturel El Niño. Si les feux peuvent avoir une origine naturelle, ils sont la plupart du temps causés par l’homme dans les forêts tropicales afin de défricher des terres. La déforestation pour faire spécifiquement place à l’agriculture, historiquement première cause de destruction, pointe à la deuxième place mais reste une cause majeure.Le Brésil a enregistré 2,8 millions d’hectares de destruction de forêt primaire l’an dernier, dont deux tiers attribués à des incendies, souvent allumés pour faire de la place au soja ou aux bovins.Le pays avait pourtant enregistré de bons résultats en 2023, les forêts bénéficiant de mesures de protection décidées par le président Lula, pour la première année de son nouveau mandat. “Ce progrès est toutefois menacé par l’expansion de l’agriculture”, remarque Sarah Carter, chercheuse au WRI.L’Amazonie brésilienne a été la plus concernée, avec une destruction au plus haut niveau depuis 2016.Les chiffres du WRI contrastent avec ceux du réseau de surveillance brésilien MapBiomas publiés le 16 mai, qui font état d’un net recul de la déforestation mais n’incluent pas les incendies.La protection des forêts figure en bonne place des priorités de la présidence brésilienne de la COP30, la grande conférence climatique annuelle de l’ONU, prévue à Belem (10-21 novembre).- “Nouveau phénomène” -Un pays voisin, la Bolivie, occupe la deuxième marche du podium, avec un triplement des surfaces détruites l’an dernier, là encore sous l’effet d’incendies géants. La plupart “sont allumés pour défricher des terres au profit de fermes de taille industrielle”, notent les auteurs.Le bilan est mitigé ailleurs, avec une amélioration en Indonésie ou en Malaisie mais une nette dégradation au Congo ou en République démocratique du Congo. La pression sur les forêts provient historiquement de l’exploitation de quatre produits, surnommés les “big four”: huile de palme, soja, boeuf et bois. Mais l’amélioration dans certains secteurs – comme l’huile de palme – a coïncidé avec l’émergence de nouveaux problèmes, avec par exemple les avocats au Mexique, ou le café et le cacao.Ainsi les causes de la déforestation ne resteront pas forcément “toujours les mêmes”, insiste Rod Taylor, directeur du programme forêts du WRI, plaidant pour une approche globale. “On assiste aussi à un nouveau phénomène en lien avec l’industrie minière et les métaux critiques”, met-il en garde.

A69: une demande de reprise du chantier examinée par la cour d’appel de Toulouse

La cour administrative d’appel de Toulouse examine mercredi une demande de l’Etat visant à faire reprendre les travaux de l’autoroute A69 arrêtés depuis fin février, une requête qui a reçu l’appui du magistrat rapporteur, au grand dam des opposants.Aux alentours de 10h00, trois magistrats vont commencer l’examen de cette demande de “sursis à exécution” présentée fin mars par le ministère des Transports, un outil procédural qui, en matière de justice administrative, peut permettre de suspendre les effets d’un jugement en attendant l’audience au fond en appel.Dans le cas de l’A69, si les juges font droit à la demande, cela signifierait une reprise des travaux de l’autoroute arrêtés par un jugement du 27 février du tribunal administratif de Toulouse, qui avait annulé l’autorisation environnementale accordée par les préfectures locales pour engager le chantier.Dans un avis communiqué lundi aux différentes parties, le rapporteur public, magistrat ayant vocation à éclairer la juridiction saisie et dont les positions sont en général suivies, s’est prononcé en faveur d’une reprise du chantier.Selon une des avocates des opposants, il estime en effet que les éléments prévus pour accorder un sursis à exécution sont réunis, à savoir des “arguments sérieux” allant contre la décision rendue en première instance, et les “conséquences difficilement réparables” que risque d’entraîner cette décision.- “Bonne nouvelle” -La Voie est Libre, le principal groupe d’opposants à l’autoroute, s’est dit “extrêmement surpris” par cette position du rapporteur.”On ne peut pas croire que les procédures d’urgence (…) puissent balayer une décision de fond si tranchée et minutieusement argumentée”, affirme le collectif écologiste dont les membres disent rester “cependant confiants sur la décision des juges du sursis”.”Au vu de la qualité du jugement de première instance, (ils) ne permettront pas le redémarrage provisoire du fiasco A69″, espèrent-ils, estimant qu’une reprise des travaux, avant l’audience d’appel au fond attendue dans quelques mois, serait “une pure folie”.De son côté, Jean Terlier, député macroniste du Tarn et fervent défenseur de l’autoroute, a jugé sur LCP que l’avis du rapporteur était “une très bonne nouvelle” allant “dans le bon sens”, en attendant la décision des juges de la cour. Celle-ci est attendue d’ici quelques jours.- Vive contestation -Avant l’audience de mercredi, des opposants à l’autoroute ont d’ores et déjà lancé un appel à une “fête d’enterrement” de l’A69 début juillet dans le Tarn.”En annonçant dès maintenant cette date, nous nous tenons prêt-es à réagir si l’Etat obtient +sursis à exécution+ et que les travaux reprennent d’ici là et sans attendre les appels”, explique le texte d’annonce de la manifestation diffusée sur une boucle Telegram d’opposants à l’A69 et relayée, notamment, par les Soulèvements de la Terre.”Nous ne laisserons pas poursuivre jusqu’au bout leur politique de la destruction accomplie et arguer qu’un chantier ne peut plus être arrêté puisqu’il est déjà trop avancé”, préviennent les organisateurs du rassemblement annoncé pour juillet et baptisé “Turboteuf L’A69 c’est fini”.Depuis le début du chantier en 2023, le projet de création de 53 kilomètres d’autoroute devant relier Castres à Toulouse fait l’objet d’une très vive contestation, sous différentes formes: campements dans les arbres sous forme de Zones à défendre (ZAD), grèves de la faim, recours juridiques et manifestations.Trois grands rassemblements ont déjà réuni à chaque fois plusieurs milliers d’opposants dans le Tarn: en avril puis octobre 2023 et enfin, en juin 2024, les deux derniers étant marqués par des affrontements avec les forces de l’ordre.