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Soutenue par l’UE, Meloni investit en Afrique pour limiter l’émigration

Limiter l’émigration venant d’Afrique en aidant l’économie du continent, tout en y étendant l’influence de l’Italie: Giorgia Meloni promeut vendredi son “plan Mattei”, aux ambitions jugées par certains irréalistes, lors d’un sommet co-présidé par Ursula von der Leyen.La présidente de la Commission européenne est à Rome pour soutenir ce dispositif porté à bout de bras par la cheffe du gouvernement ultraconservateur Giorgia Meloni.Au dire du gouvernement, le “plan Mattei” mobilisera 5,5 milliards d’euros pour des initiatives éparpillées sur 14 pays, mais selon un rapport officiel de novembre, moins de deux milliards d’euros ont déjà été assignés par l’Italie à des projets précis, sous forme de dons, de prêts ou de garanties sur plusieurs années.Pour “supprimer les causes” de l’immigration clandestine en Italie, Giorgia Meloni avait annoncé un mois après son élection en 2022 vouloir soutenir les économies des pays africains.D’où ce plan qui porte le nom d’Enrico Mattei, père fondateur du géant italien des hydrocarbures Eni, connu pour avoir mis en place des contrats d’extraction de pétrole plus avantageux pour les pays producteurs.C’est précisément cet héritage que revendique Rome, qui promet des relations avec l’Afrique dénuées de “paternalisme”.Une allusion à peine dissimulée à la France, qui a vu son influence en Afrique reculer, plusieurs pays du Sahel ayant sommé Paris de retirer ses forces militaires.- Energie et matières premières -Un moyen également de renforcer les relations commerciales entre l’Italie et le continent dans le domaine de l’énergie, alors que l’invasion russe en Ukraine a forcé l’Italie à chercher de nouveaux fournisseurs de l’autre côté de la Méditerranée, notamment en Algérie.Quatorze pays africains sont concernés, notamment ceux du Maghreb – sauf la Libye -, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Kenya ainsi que l’Ethiopie, où Rome a un passé colonial.Les projets plus importants en termes de financements concernent l’énergie et les matières premières, tandis que d’autres fonds sont destinés à l’éducation, la santé et l’accès à l’eau.Rome compte par exemple participer au financement d’une voie ferrée entre la Zambie et l’Angola, et investir 65 millions d’euros dans la production de biocarburants au Kenya.A l’occasion du sommet vendredi, où sont attendus plusieurs dirigeants africains, Bruxelles cherchera par ailleurs à faire converger le plan italien et sa stratégie “Global Gateway” annoncée en 2021, qui inclut de nombreux investissements en Afrique en réponse au programme chinois des “Nouvelles routes de la soie”.Interrogée par l’AFP jeudi, une porte-parole de la Commission européenne a estimé que le Plan Mattei est une “contribution importante” à ce projet européen, dont les financements à hauteur de 150 milliards d’euros font pourtant pâlir les 5,5 milliards avancés par Rome.Pour Giovanni Carbone, professeur à l’université de Milan et chef du programme Afrique de l’Institut pour les études de politique internationale (ISPI), d’un point de vue diplomatique, l’Italie peut s’afficher comme un acteur plus “présentable” que la France pour porter les intérêts européens, notamment dans les pays du Sahel qui “ont claqué la porte” à l’ex-puissance coloniale.- “Trop promis” -Mais le gouvernement “a trop promis” en faisant miroiter que ces investissements, en créant des emplois et de la croissance, pourraient réduire le nombre de migrants. “Les financements que l’Italie peut mettre à disposition ne sont pas à la bonne échelle”, a-t-il jugé auprès de l’AFP.Le “plan Mattei” a été globalement bien reçu par les gouvernements partenaires. “On ne peut se suffire des seules promesses souvent non tenues”, avait toutefois prévenu en janvier 2024 à Rome le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat.Le président kényan William Ruto avait alors également salué ce plan “ambitieux”, mais noté “que l’investissement seul n’est pas suffisant”, rappelant d’autres obstacles pour les économies africaines qui doivent payer “cinq fois plus pour leur dette” que les pays européens.Pour l’ONG ReCommon, qui “travaille pour contrer le pouvoir des multinationales”, les investissements du “plan Mattei” pourraient servir avant tout les intérêts des “grandes entreprises de l’industrie italienne des combustibles fossiles”, a jugé auprès de l’AFP Simone Ogno qui s’occupe des sujets liés à la finance et au climat pour l’organisation.D’importantes sociétés italiennes sont impliquées dans le plan, comme Eni et le transporteur d’électricité Terna, ou encore le groupe agro-industriel Bonifiche Ferraresi.Simone Ogno craint que certains projets se focalisent sur l’exportation de matières premières, “dont on ne sait pas ce qui restera dans les pays producteurs”.”Le suivi” des projets “sera important”, estime Giovanni Carbone, qui note que “les efforts sur le sujet ne sont pas encore suffisants”.

France Music Week: des dirigeants internationaux réunis en sommet à l’opéra Garnier

Une centaine de représentants français et internationaux de l’industrie musicale sont réunis vendredi à l’opéra Garnier à Paris pour le sommet de la France Music Week, qui se penche sur l’avenir de la filière, avant une clôture à l’Elysée.L’événement met en lumière “les grandes dynamiques de la filière, ses nouveaux axes de croissance et les opportunités d’avenir pour le monde de la musique”, selon les organisateurs de ce nouvel événement porté par le ministère de la Culture et le Centre national de la musique (CNM).Parmi les participants, une douzaine de dirigeants doivent prendre la parole dans l’après-midi: les plateformes d’écoute musicale YouTube, Spotify et Deezer, les labels Warner, Universal, Sony et Believe, des organismes syndicaux comme la Sacem et la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) ou encore le géant des tournées Live Nation, qui produit par exemple les shows de Beyoncé, de passage au Stade de France cette semaine.Nouveaux marchés, leviers de croissance, modèles de monétisation, mais aussi impact de l’intelligence artificielle (IA) générative dans la création font partie des thèmes abordés pendant ce sommet.”Il s’agit en effet d’éviter que la musique 100% synthétique, générée par IA, ne prolifère au détriment des créateurs. A nous donc de porter collectivement un usage éthique et responsable de l’IA, dans le respect des auteurs et de tous les acteurs qui Å“uvrent pour son déploiement”, a déclaré la ministre Rachida Dati, rappelant l’ouverture début juin de concertations entre fournisseurs d’IA et ayants droit.Dans la matinée, la plateforme de streaming française Deezer a annoncé que les albums contenant des titres entièrement générés par IA sont désormais signalés par une mention à l’attention de ses utilisateurs, une première mondiale selon la plateforme tricolore.Les participants seront conviés à l’Elysée pour un discours de clôture d’Emmanuel Macron, avant le traditionnel concert de la Fête de la musique dans les jardins du palais présidentiel.La France Music Week s’achèvera, elle, samedi, véritable jour de la Fête de la musique, avec un concert gratuit dans les jardins du Louvre, pour lequel sont attendus quelque 35.000 spectateurs. D’un coût global de 7 millions d’euros, l’événement a associé depuis lundi conférences, démonstrations et concerts d’artistes émergents, dans le but de promouvoir “la richesse de la création musicale française”.L’Etat s’est également engagé à financer, à travers la banque publique d’investissement Bpifrance, les entreprises de la filière à hauteur de 500 millions d’euros d’ici 2030, notamment pour accompagner des projets de développement à l’international ou des rachats d’actifs.

Sept assiettes et plats uniques et inédits de Picasso vendus pour près de 290.000 euros à Genève

Sept céramiques -assiettes et plats – uniques et inédites de Picasso ont été vendues jeudi soir aux enchères à Genève pour près de 290.000 euros.”Réalisées entre 1947 et 1963 dans l’atelier de Madoura (…), ces pièces uniques ont totalisé CHF 272.000 (près de 290.000 euros, NDLR), pour une estimation basse de CHF 145.000, rappelant l’engouement du public pour les Å“uvres du maître sous toutes ses formes”, selon un communiqué de la maison Piguet.Motifs emblématiques de l’univers artistique de Pablo Picasso, pigeon, chèvre, taureau, poisson et oiseau ornent ces plats et assiettes aux couleurs variées.Créées entre 1947 et 1963 dans l’atelier Madoura par le géant de l’art moderne, à Vallauris (sud de la France), ces céramiques ont été pour la première fois exposées au grand public ces derniers jours, avant les enchères.”Ces pièces uniques appartenaient à la succession Picasso et les héritiers, au début des années 1980, en ont fait cadeau à un de leurs amis”, avait expliqué Bernard Piguet, directeur de la maison d’enchères, lors de la présentation des Å“uvres à l’AFP avant la vente.Un proche des Picasso, amateur d’art français, dont le nom n’a pas été dévoilé, les a conservées jusqu’à sa mort. Ses héritiers les ont vendues en lots séparés.Parmi la sélection d’art contemporain de la vente, un des premiers monochromes bleus de l’artiste français Yves Klein, daté de 1959 et resté inédit jusqu’à aujourd’hui, a été vendu pour 114.000 francs suisses.L’oeuvre (IKB328), mesurant 21×17 cm, a été réalisée à l’aide du fameux pigment International Klein Blue (IKB) que l’artiste breveta en 1960.

Le “saumon turc”, nouvel or rose de la mer Noire

Assis dans son vaste bureau avec vue sur la mer Noire, Tayfun Denizer a le sourire: ses truites arc-en-ciel, élevées dans des cages immergées qu’il désigne au loin, ont fait de lui un homme riche.”Nos exportations ont bondi de 500.000 dollars en 2017 à 86 millions de dollars l’an passé, et ce n’est qu’un début”, assure à l’AFP le jeune patron de Polifish, un des principaux producteurs en mer Noire de ce poisson vendu sous le nom de “saumon turc”.Balbutiante il y a dix ans, sa production, destinée presque exclusivement à l’export, a explosé en même temps que la demande mondiale pour le saumon continuait de croître, en dépit des critiques visant l’aquaculture intensive.Plus de 78.000 tonnes de cette truite élevée sur les côtes froides du nord de la Turquie ont été exportées en 2024, seize fois plus qu’en 2018.Ce business a rapporté plus de 430 millions d’euros sur l’année aux producteurs turcs, un chiffre amené à croître mais encore modeste face aux 11 milliards d’euros d’exportations engrangés en 2024 par les mastodontes norvégiens du saumon et de la truite.La Russie, qui depuis 2014 interdit l’importation de saumon norvégien en réponse aux sanctions occidentales décrétées après l’annexion de la Crimée, a absorbé l’an passé 74,1% des exportations de “saumon turc”, devant le Vietnam (6%), le Bélarus, l’Allemagne et le Japon.- “Succès spectaculaire” -“Avec la Russie il y avait un marché disponible et facile d’accès, proche de la Turquie”, souligne Stale Knudsen, anthropologue à l’université de Bergen (Norvège) et spécialiste de la pêche en mer Noire, pour qui le “succès spectaculaire” du “saumon turc” tient aussi à l’expérience tirée de l’élevage du bar et de la dorade, dont la Turquie est le leader européen.Les salmoniculteurs turcs ont également bénéficié des innombrables lacs de barrage du pays, où les poissons grandissent avant d’être transférés en mer Noire.Là, la température de l’eau, inférieure à 18 degrés d’octobre à juin, leur permet d’atteindre 2,5 à 3 kg à l’abattage.Dernier atout: le prix. “Notre saumon est moins cher que le norvégien, d’environ 15 à 20%”, affirme Ismail Kobya, directeur général adjoint d’Akerko, un poids lourd du secteur qui exporte principalement vers le Japon et la Russie.”Les espèces sont différentes mais en termes de goût, de couleur et de chair, notre poisson est supérieur au saumon norvégien. Nos clients japonais le confirment”, jure-t-il depuis le siège d’Akerko, près de Trabzon (nord-est), devant lequel des berlines allemandes patientent sous de hauts mâts coiffés des drapeaux turc, russe et japonais.À l’intérieur, par douze degrés, une centaine d’employés bottés et gantés trient, étêtent, vident et nettoient des “saumons turcs” certifiés ASC, un label délivré aux élevages considérés comme “responsables”.- “Pratiques inadéquates” -“Depuis deux ans, de nombreux producteurs turcs cherchent à obtenir des labels, mais l’idée derrière n’est pas seulement d’être plus durables. Il s’agit surtout d’une stratégie pour pénétrer les marchés européens, où les Norvégiens conservent une forme de contrôle”, affirme Stale Knudsen, selon qui ces labels ne sont pas toujours gages de durabilité.Dans une étude de 2024, des chercheurs d’un institut public turc s’inquiétaient ainsi que “la croissance rapide du secteur (…) entraîne une baisse incontrôlée du taux de survie” des poissons.Évoquant la “propagation de maladies” et des “pratiques d’élevage inadéquates”, les chercheurs estimaient que près de 70% des “saumons turcs” mourraient prématurément. Interrogée par l’AFP, l’entreprise Polifish, elle aussi labellisée ASC, reconnaît une mortalité d’environ 50%, survenant principalement dans les lacs de barrage. “Comme les poissons sont petits, leur immunité n’est pas encore totale”, justifie Talha Altun, son directeur général adjoint.Son concurrent Akerko prétend lui être “arrivé à un stade où nous n’avons presque plus de maladie”. “Dans nos cages en mer Noire, la mortalité est inférieure à 5%, mais ce sont des activités agricoles, donc tout peut arriver”, avertit Ismail Kobya.- “Poissons artificiels” – Les fermes aquacoles visibles depuis la côte s’attirent les foudres de certains pêcheurs, inquiets de voir des cages de 50 mètres de diamètre être installées là où leurs filets remontaient anchois, chinchards et bonites.Mustafa Kuru, président d’une union locale de pêcheurs, s’oppose bec et ongles à un projet de ferme dans sa zone de pêche, à 70 km de la frontière géorgienne.”Les cages bloquent le passage des poissons et que se passe-t-il lorsque le passage est bloqué ? Les poissons se mettent à quitter la zone”, affirme le pêcheur, qui accuse certains salmoniculteurs de gaver leurs “poissons artificiels” de produits chimiques.Selon lui, le manque de poissons dans les eaux voisines a déjà contraint deux bateaux de son port à aller pêcher cette année au large des côtes ouest de l’Afrique.”Si les poissons désertent, nos bateaux finiront par pourrir dans nos ports”, prophétise-t-il.

Streaming: Deezer, première plateforme à épingler les titres 100% générés par IA

Les albums contenant des titres entièrement générés par l’intelligence artificielle (IA) sont désormais signalés par une mention à l’attention des utilisateurs de la plateforme de streaming française Deezer, une première mondiale, a annoncé son directeur général Alexis Lanternier à l’AFP vendredi.”Contenu généré par IA, certains morceaux de cet album peuvent avoir été créés à l’aide de l’intelligence artificielle”, indique cette mention qui apparaît sur les albums dont les pistes sont issues de prompts, une simple requête en langage courant.Pour taguer ces titres “100% IA”, Deezer utilise un outil de détection qu’elle a développé, capable de repérer des marqueurs spécifiques de l’intelligence artificielle dans le signal audio d’une musique et “fiable à 98%”, a assuré Alexis Lanternier.”Le signal audio, c’est un nombre d’informations extrêmement complexe. Quand les algorithmes d’IA génèrent de la nouvelle chanson, ils ont des espèces de petits bruits qui les identifient, propres à eux (…) qu’on va pouvoir retrouver. Ce n’est pas audible à l’oreille mais c’est visible dans le signal audio”, a-t-il détaillé.L’arrivée de cette mention s’inscrit dans la stratégie de la plateforme d’écoute. Elle avait annoncé en avril recevoir chaque jour plus de 20.000 pistes entièrement générées par intelligence artificielle, soit plus de 18% des contenus mis en ligne.Réalisables via des applications dédiées comme Suno et Udio et diffusés pour capter de la valeur, ces contenus ne sont pas supprimés de sa bibliothèque mais évincés du calcul des écoutes, évitant ainsi de diluer l’assiette de royalties. “Ce dont Deezer veut s’assurer, c’est qu’on ne prend pas les droits d’auteur qui doivent aller aux artistes”, a rappelé M. Lanternier.La plateforme a également signé en janvier un accord avec la Sacem – puissant organisme français de droits d’auteur – pour mieux rétribuer les créateurs d’une oeuvre musicale.Avec environ 9,7 millions d’utilisateurs dans le monde, essentiellement français, Deezer arrive loin derrière le leader suédois Spotify et ses 268 millions d’abonnés premium, qui a annoncé des hausses tarifaires en France dès juillet.Interrogé sur la possibilité pour Deezer d’augmenter à son tour le prix de ses abonnements, Alexis Lanternier a répondu: “ce n’est pas prévu dans les mois qui viennent mais c’est quelque chose qui arrivera forcément”, compte tenu de l’inflation et d’une “certaine pression pour l’industrie musicale pour mieux soutenir les artistes”. 

La Bourse de Paris dans le vert, soulagée par le délai américain sur l’Iran

La Bourse de Paris évolue en hausse vendredi, les investisseurs se montrant soulagés par l’annonce du président américain d’une temporisation sur une éventuelle participation américaine dans la guerre Iran-Israël.Vers 09H50 heure de Paris, l’indice vedette CAC 40 prenait 0,84%, soit un gain de 63,23 points pour s’établir à 7.616,68 points. La veille, il avait cédé 1,34% à 7.553,45 points.”Les chances d’une implication immédiate des forces américaines dans le conflit Israël-Iran ont diminué après que Donald Trump a déclaré qu’il prendrait une décision sur une éventuelle attaque des installations nucléaires iraniennes +dans les deux semaines à venir+”, explique Derren Nathan, responsable de la recherche actions chez Hargreaves Lansdown.”Compte tenu du fait qu’il y a une possibilité substantielle de négociations éventuelles avec l’Iran dans le futur proche, je prendrai ma décision sur le fait d’y aller ou non au cours des deux prochaines semaines”, a fait savoir jeudi soir le président américain.”Cela devrait donc réduire le risque d’événement majeur avant le week-end”, estime Jim Reid, économiste de la Deutsche Bank.”Cette pause semble avoir réduit l’aversion au risque des investisseurs”, poursuit M. Nathan.Pour Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank, il ne s’agit toutefois pas d’un “signe de désescalade” du conflit.L’armée israélienne a indiqué vendredi avoir bombardé des dizaines de cibles à Téhéran dans la nuit, notamment ce qu’elle a qualifié de “centre de recherche et développement du projet d’armes nucléaires iranien”, au huitième jour de la guerre entre l’Iran et Israël.Eutelsat caracole en têteFace à l’américain Starlink, la France réinvestira 717 millions d’euros dans le groupe Eutelsat, le champion européen des satellites, pour en devenir le premier actionnaire, ont officialisé l’entreprise et l’Elysée jeudi.Déjà actionnaire à hauteur de 13%, l’Etat devrait détenir, au terme de l’opération qui devrait aboutir “d’ici la fin de l’année 2025”, 29% du capital d’Eutelsat, juste en dessous du seuil de 30% qui l’aurait obligé à déclencher une OPA. Le titre d’Eutelsat prenait la tête du SBF 120, affichant une hausse de 5,63% à 3 euros l’action, vers 09H40 heure de Paris.

Les Bourses européennes ouvrent dans le vert

Les Bourses européennes ont ouvert en hausse vendredi, soulagées après la décision de Donald Trump de temporiser sur une éventuelle participation américaine dans la guerre Iran-Israël.Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris prenait 0,46%, Francfort +0,66%, Londres +0,33%, et Milan +0,36%.

Japon: doublement des prix du riz sur un an, l’inflation accélère plus qu’attendu

Les prix à la consommation au Japon ont accéléré plus qu’attendu en mai, tirés par un doublement des prix du riz sur un an en dépit des efforts du gouvernement pour enrayer leur flambée.La hausse des prix à la consommation (hors produits frais) s’est élevée à 3,7% sur un an le mois dernier, au plus haut depuis janvier 2023, accélérant après 3,5% en avril.Ce chiffre dépasse la prévision des économistes sondés par Bloomberg (+3,6%), et s’établit très au-delà de la cible de 2% fixée par la Banque du Japon (BoJ). L’inflation hors énergie et produits frais a accéléré à 3,2%, contre 3% en avril.La vertigineuse envolée des prix du riz s’intensifie: ils ont bondi de 101% sur un an, plus forte hausse depuis le début des statistiques comparables il y a un demi-siècle.Le riz, céréale de base dans l’archipel, flambe depuis l’automne dernier, et s’était déjà renchéri de 98,4% en avril.La récolte 2023 (consommée l’an dernier) avait été pénalisée par des chaleurs record, tandis que la demande était, elle, gonflée par des achats paniques suivant un avertissement au “mégaséisme”, par le renchérissement des aliments importés et un tourisme record. Surtout, des négociants stockaient du riz pour muscler leurs profits à terme, selon les experts.Soucieux, le gouvernement a débloqué ces derniers mois des stocks de riz tirés des réserves stratégiques, mis aux enchères puis fournis directement aux magasins – avec un succès mitigé.- Chèques aux ménages -Plus généralement, les prix de divers produits alimentaires grimpent, du café au chocolat.Autre facteur d’inflation dans les services (hôtellerie, restauration…): un nombre record de visiteurs étrangers (3,7 millions en mai). Enfin, les factures d’électricité ont gonflé de 11,3% et celles du gaz de 5,4%.Pour tenter d’atténuer l’impact sur les ménages et à l’approche d’élections sénatoriales en juillet, le Premier ministre Shigeru Ishiba a étendu les aides au logement, prolongé des subventions à l’énergie, et s’est récemment engagé à verser des chèques de 20.000 yens (120 euros) par citoyen.L’archipel, longtemps englué dans une inflation nulle voire négative, est confronté à un rebond inflationniste, l’indice des prix dépassant systématiquement 2% depuis avril 2022.Or, “l’instabilité des mesures politiques et le temps de latence de répercussion sur les consommateurs font que l’inflation ne reculera que très graduellement”, sans que les hausses de salaires ne la compensent, représentant une perte continue de pouvoir d’achat, souligne Stefan Angrick, économiste de Moody’s Analytics.De quoi désoler Chika Ohara, intérimaire tokyoïte de 52 ans.”Mes salaires stagnent depuis des années et je ne vois aucun signe de changement. Mais les prix augmentent malgré tout et j’en subis les conséquences”, a-t-elle dit à l’AFP dans les rues de la capitale.- “Inextricable” pour la BoJ -La trajectoire de l’inflation représente “une situation inextricable” pour la banque centrale, ajoute M. Angrick.”Une hausse des taux de la BoJ pour freiner la faiblesse du yen et l’inflation risquent de nuire à la croissance économique”, alors que le PIB a déjà stagné au premier trimestre, mais si la BoJ ne fait rien, “l’inflation pourrait rester élevée et maintenir la consommation à un niveau faible”, explique-t-il.Pour l’heure, l’institution semble privilégier le statu quo monétaire face aux incertitudes liées à la guerre commerciale, avec des surtaxes douanières américaines de 25% sur l’automobile et de 50% sur l’acier qui pénalisent le Japon.Le pays est aussi menacé d’une surtaxe “réciproque” de 24% sur toutes ses exportations, mise en pause par l’administration Trump jusqu’à début juillet.Pour autant, les analystes s’attendent à une reprise des hausses de taux au plus tard début 2026.”En mai, la BoJ prévoyait une inflation hors produits frais de 2,2% en moyenne pour l’exercice budgétaire débuté en avril”, et au vu des chiffres de mai, l’inflation “devrait largement dépasser ses prévisions”, juge Marcel Thieliant, de Capital Economics.”L’ampleur du dépassement justifie un resserrement plus précoce (de la part de la BoJ)”, estime-t-il, tablant sur une nouveau relèvement de taux dès octobre.Pour contrer le retour de l’inflation, la BoJ avait entamé en mars 2024 un resserrement de ses taux après dix ans de politique monétaire ultra-accommodante, mais a suspendu cette dynamique après janvier dernier face à l’assombrissement de l’horizon économique.

Programmation énergétique: un moratoire sur l’éolien et le solaire fait dérailler l’examen à l’Assemblée

Les députés ont achevé jeudi l’examen d’une proposition de loi sur le futur énergétique de la France, qui comporte désormais un moratoire immédiat sur toute nouvelle installation éolienne et photovoltaïque.Une mesure introduite par la droite et soutenue par l’extrême droite, qui a provoqué l’indignation du reste de l’hémicycle et du gouvernement.L’avenir du texte, qui acte par ailleurs une relance massive du nucléaire, est désormais incertain.Les députés doivent voter mardi en première lecture sur l’ensemble de cette proposition de loi dite Gremillet, issue du Sénat.Plusieurs députés insoumis ont interpellé le rapporteur macroniste du texte et le gouvernement, leur demandant d’appeler à le rejeter.Le moratoire adopté jeudi, “je le dis avec gravité, avec solennité, est parfaitement irresponsable”, et “dévastateur”, s’est désolé le ministre de l’Industrie Marc Ferracci, déplorant le “signal” envoyé aux acteurs industriels.Ce moratoire est une “catastrophe économique”, a abondé le rapporteur du texte Antoine Armand (Renaissance), tout en rejetant la demande de retrait immédiat du texte formulée par la gauche. L’amendement du député LR Jérôme Nury, qui impliquerait la suspension de tout nouveau projet éolien ou photovoltaïque en cas de promulgation de la loi, a été adopté de justesse dans l’après-midi par la droite et l’extrême droite, face aux bancs dégarnis de la gauche et des groupes du bloc central (Renaissance, Horizons, MoDem).”L’absence majoritairement du bloc central et de la gauche a permis cette dérive”, a concédé le député socialiste Dominique Potier. Tout au long des débats, le Rassemblement national n’a eu de cesse de dénoncer l’éolien et le solaire comme des énergies coûteuses et “intermittentes”. Ce moratoire “est au cÅ“ur du projet de Marine Le Pen”, s’est félicité le député RN Jean-Philippe Tanguy. France Renouvelables, organisation professionnelle spécialisée, a elle dénoncé un amendement représentant “un des plus grands plans sociaux décidés à l’Assemblée” avec “en ligne directe la destruction de 80.000 emplois”.- Victoires du RN -Mercredi, le RN avait déjà engrangé une victoire avec l’introduction dans le texte du redémarrage de la centrale nucléaire de Fessenheim, fermée en 2020. “Alors qu’une loi de programmation, c’est fait pour donner de la stabilité, de la perspective, on ne fait que mettre de l’instabilité”, a regretté jeudi le président du groupe des députés MoDem, Marc Fesneau. Le texte “est désormais une menace grave pour le climat”, a fustigé le groupe écologiste dans un communiqué, dénonçant une assemblée ayant sombré “dans l’absurde”. Cette proposition de loi avait été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée sous la pression du RN, qui en avait fait un motif de censure du gouvernement Bayrou. Elle est censée servir d’indicateur au gouvernement pour finaliser un décret fixant la nouvelle feuille de route énergétique de la France pour la période 2025-2035. Ce décret doit mettre le pays sur la voie de la neutralité carbone en 2050.Le gouvernement avait toutefois prévenu qu’il publierait ce décret avant la fin de l’été. Soit a priori avant l’adoption définitive de ce texte, qui doit revenir en deuxième lecture les 8 et 9 juillet au Sénat, où la droite est majoritaire.- “Clarification” -Le texte prévoit une relance massive du nucléaire, en maintenant la capacité installée de production d’électricité d’origine nucléaire (actuellement de 63 gigawatts), et en l’augmentant de 27 gigawatts d’ici 2050.Avec, pour cela, la construction de 14 nouveaux réacteurs engagée d’ici 2030 (la France en compte aujourd’hui 57). Sur les énergies renouvelables, le texte prévoit de porter, d’ici 2030, à 58% au moins la part d’énergie décarbonée de la consommation d’énergie en France, contre environ 40% actuellement. Un amendement socialiste adopté prévoit que sur les 560 térawattheures (TWh) d’électricité décarbonée qui devront être produits en 2030, “au moins 200” devront être “issus de sources renouvelables”.Une maigre victoire pour la gauche, qui n’a pas réussi à faire inscrire d’objectifs chiffrés par filière (éolien, hydraulique, solaire…). L’amendement socialiste a été adopté avec les voix de tous les groupes, y compris LR, contre l’extrême droite.Interpellant LR, à l’origine du moratoire voté ensuite, le député LFI Matthias Tavel a demandé: “Comment peut-on faire 200 térawattheure d’électricité renouvelable sans éolien (…) et sans photovoltaïque?”.M. Armand a lui aussi demandé une “clarification” aux députés LR sur la dissonance entre leurs deux votes.

Trump repousse à nouveau l’échéance pour la vente de TikTok

Donald Trump a donné un sursis supplémentaire jeudi à TikTok en repoussant une nouvelle fois la date butoir pour la vente du réseau social, très populaire aux Etats-Unis, imposée à sa maison mère chinoise ByteDance par une loi adoptée au Congrès.Alors que le président américain a déjà reporté l’échéance à deux reprises, il a annoncé sur sa plateforme Truth Social avoir signé un décret qui retarde encore la date limite au 17 septembre, pendant que Washington attend l’approbation de cette vente par le gouvernement chinois.Dans un communiqué, Tiktok s’est dite “reconnaissante envers le leadership du président Trump” qui fait en sorte que “TikTok reste disponible pour plus de 170 millions d’utilisateurs américains et plus de 7,5 millions d’entreprises américaines”.L’entreprise précise qu’elle continuera de travailler avec les services du vice-président JD Vance sur la question.La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait déjà dit mardi que Donald Trump signerait ce nouveau décret, car il “ne veut pas voir TikTok disparaître”.”Le président sait que c’est extrêmement populaire”, a-t-elle insisté jeudi. “Il veut aussi protéger des données et la vie privée des Américains, et il pense pouvoir faire les deux en même temps”. En vertu d’une loi votée au Congrès en 2024, le réseau social reste en effet sous le coup d’une interdiction aux Etats-Unis si sa maison mère ByteDance n’en abandonne pas le contrôle. Des élus républicains comme démocrates disaient alors s’inquiéter de l’utilisation de données par la Chine ou d’une tentative d’influence de l’opinion américaine.- “Feu vert” de Pékin -Selon plusieurs médias américains, un protocole avait été trouvé début avril pour cette vente. Il prévoyait la séparation de la branche américaine de TikTok du groupe ByteDance, avec une recomposition du capital.Les parts détenues par des investisseurs non chinois passaient de 60 à 80%, ByteDance conservant les 20% qu’elle possède actuellement.Le groupe informatique Oracle, qui héberge déjà les données de TikTok US sur ses serveurs américains, devait être à la manoeuvre, accompagné, notamment, par le gestionnaire d’actifs Blackstone ou l’entrepreneur Michael Dell.Mais l’annonce de droits de douane imposés par Donald Trump à ses partenaires commerciaux, avec une note particulièrement salée pour la Chine, à 54%, a bloqué la transaction côté chinois.”Il nous faudra probablement l’accord de la Chine” d’ici mi-septembre, nouvelle date limite, avait reconnu Donald Trump mardi. “Je pense que le président Xi finira par donner son feu vert”, avait-il ajouté.Pour Shweta Singh, professeure à l’université britannique de Warwick, “TikTok n’est plus simplement un réseau social”. “C’est devenu un symbole de la rivalité technologique entre les Etats-Unis et la Chine”, estimait-elle récemment.Si les deux pays se sont entendus, début juin, sur un “cadre général” pour normaliser leurs relations commerciales, le dossier TikTok reste en souffrance.- Algorithme -Mais loin de pâtir de cette crise géopolitique, le réseau social est la deuxième application la plus téléchargée aux Etats-Unis derrière ChatGPT sur les téléphones Android, selon le site spécialisé Appfigures.La mansuétude affichée par le milliardaire, qui dit avoir “un petit faible pour TikTok”, a sensiblement dilué l’urgence de la situation. Le contraste est marqué avec le début d’année, qui avait vu beaucoup d’influenceurs préparer leur migration vers d’autres cieux, en particulier Instagram ou YouTube.D’autres candidats à un rachat de la plateforme s’étaient positionnés à cette période, en particulier le “Project Liberty” de l’entrepreneur Frank McCourt et la start-up d’intelligence artificielle (IA) générative Perplexity AI, chacun voulant intégrer l’application à un modèle plus large.Le mystère demeure sur le fameux algorithme de recommandation de TikTok, dont la sophistication explique, en grande partie, le succès de la plateforme.Pour l’instant, ByteDance n’a encore jamais accepté le principe d’une cession de ce bijou technologique, réclamée par le Congrès, dont les élus – très remontés il y a quelques mois – semblent aujourd’hui s’être désintéressés du dossier.Â