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Transformer en calcaire le CO2 des cargos: le pari audacieux d’une startup britannique

Elles sont deux amies, tout juste trentenaires, à la tête d’une startup britannique qui entend capturer le carbone directement à bord des navires. Un projet audacieux face au réchauffement climatique, retenu pour le prix du “jeune inventeur de l’année”.Dans la cour d’un atelier du nord de Londres, le prototype conçu par Alisha Fredriksson et son amie d’université Roujia Wen, co-fondatrices de Seabound, a des airs d’usine miniature.”Ici, nous simulons ce qui se passe sur un navire”, explique Mme Fredriksson, 30 ans. Comme un moteur de bateau, un générateur “brûle du fioul qui sert de source de carbone”. Le gaz d’échappement est ensuite acheminé à travers un système complexe de tuyaux dans différents conteneurs.L’air pollué est capté, le reliquat relâché dans l’atmosphère.Le CO2 ne disparaît pas, explique-t-elle, mais il est capturé par des galets de chaux: des granulés blancs que l’entreprise perfectionne pour en maximiser l’efficacité.La chaux est “facilement disponible” et “bon marché”, relève Glexer Corrales, ingénieur chimiste, vêtu de sa blouse bleue marine dans le laboratoire où il teste la qualité.- “Eponge à CO2” -Ces granulés agissent “comme une éponge à CO2”. Une fois absorbé, le carbone se transforme en calcaire par un processus chimique de carbonatation, explique le chimiste.A échelle réelle, le dispositif de Seabound peut s’adapter à de nombreux types de navires avec un minimum de personnalisation. Rompue à la vulgarisation scientifique, Alisha Fredriksson connaît bien les énergies renouvelables, une passion transmise par son père ingénieur.Jusqu’à présent, les technologies de capture du carbone –les CCUS selon l’acronyme anglais– sont essentiellement utilisées à terre dans des industries lourdes comme les cimenteries, la sidérurgie ou la production de verre.  Mais en mer, les contraintes de sécurité sont beaucoup plus difficiles à respecter.Et pour que le procédé soit réellement bénéfique, il faut “que le carbone capturé soit supérieur au carbone produit par l’énergie supplémentaire” liée à l’installation, explique à l’AFP Camille Bourgeon, administrateur à l’Organisation maritime internationale (OMI).Un objectif largement atteint lors d’un premier test en 2023: selon l’entreprise Lomarlabs, qui a mené l’expérience à bord d’un de ses navires, le système de Seabound a permis de capter 78% du CO2. C’est là que la startup fait la différence.- Revendre le carbone -L’intérêt du secteur maritime pour ces technologies s’est renforcé avec l’introduction prochaine, par l’OMI, d’un système mondial de tarification du carbone. Le transport maritime représente à lui seul 3% des émissions mondiales.Concrètement, à partir de 2028, au-delà d’un certain seuil, les navires devront s’acquitter d’une taxe de 380 dollars par tonne de CO2 excédentaire. “Cela a créé un net avantage pour notre système”, se félicite la dirigeante de Seabound, qui ambitionne de facturer à ses clients 150 dollars par tonne captée. Mais de nombreuses questions se posent désormais pour l’OMI, à commencer par le devenir du calcaire généré.Outre son enfouissement, une autre piste consiste à “revendre le carbone capturé à des entreprises qui créent des carburants à partir de CO2”. Il suffit pour cela d’inverser le procédé, en relâchant le gaz par calcination.Alisha Fredriksson connaît bien ce marché encore émergent: l’idée de Seabound lui est venue alors qu’elle travaillait pour une entreprise productrice de carburants à base de CO2, mais qui “peinait à trouver des vendeurs”.Remporter avec son amie le prix du jeune inventeur de l’année de l’Office européen des brevets (OEB) “serait un coup de pouce supplémentaire” et une reconnaissance de l’enjeu que représente la décarbonation du transport maritime, conclut-elle. Verdict mercredi.

La consommation mondiale de pétrole devrait légèrement baisser en 2030, une première depuis le Covid

La consommation mondiale de pétrole devrait connaître “une légère baisse” en 2030, premier signe de déclin de cette énergie fossile responsable du changement climatique depuis 2020, année hors norme du Covid, a indiqué mardi l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport.L’agence de l’énergie de l’OCDE estime que la demande mondiale d’or noir atteindra un pic d’ici la fin de la décennie, selon de nouvelles prévisions, dans la ligne de ses précédentes projections de 2023 et 2024. La consommation pétrolière devrait ainsi légèrement reculer en 2030, à environ 105,5 millions de barils par jour, après avoir atteint un plus haut l’année précédente (105,57 mb/j).Malgré le climato-scepticisme ambiant et l’appel de Trump à “forer à tout va”, “un pic de la demande mondiale de pétrole est toujours à l’horizon”, a assuré l’AIE. Aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de pétrole, cette baisse devrait intervenir dès 2026, et en 2028 en Chine, le 2e consommateur.La demande au Moyen-Orient atteindra également son pic en 2027, avant de décliner l’année suivante. L’Arabie saoudite enregistrera “la plus forte baisse de la demande de pétrole de tous les pays” en termes absolus jusqu’en 2030, car le royaume remplacera le pétrole brut par le gaz et les énergies renouvelables pour produire de l’électricité, selon l’AIE.Aux yeux de l’agence, ce déclin de la demande mondiale s’explique par une croissance économique atone, les tensions commerciales, l’essor des voitures électriques et l’abandon progressif du pétrole pour produire de l’énergie. “Avec l’intensification des tensions géopolitiques et l’incertitude croissante” sur le plan économique, les marchés pétroliers font désormais face à des “changements structurels”, commente le rapport en soulignant que la dynamique des 15 dernières années portée par la demande chinoise et la production américaine, 1er contributeur à la croissance de l’offre pétrolière hors Opep, commence à “s’estomper”. Si, pour l’heure, “le conflit entre Israël et l’Iran attire l’attention sur les risques immédiats en matière de sécurité énergétique, les nouvelles perspectives à moyen terme de l’AIE prévoient que l’offre mondiale de pétrole augmentera bien plus rapidement que la demande dans les années à venir”, affirme le rapport.Sans surprise, les prévisions de l’AIE sont toujours en décalage avec celles de l’Opep, l’organisation des pays exportateurs de pétrole qui avait évoqué en septembre 2024 la sortie des énergies fossiles comme un “fantasme”.”La demande de pétrole atteint de nouveaux records chaque année”, a insisté le secrétaire général de l’Opep lundi Haitham Al-Ghais lors de la conférence Énergie Asie à Kuala Lumpur, en Malaisie, en affirmant que “la théorie” du pic pétrolier “s’est avérée fausse encore et encore”.Lundi, l’Opep a estimé que la demande mondiale de pétrole augmenterait de 1,3 million de barils par jour en 2025 comme en 2026.

Toujours plus de vêtements neufs achetés en France en 2024

Les Français consomment toujours de plus en plus de vêtements neufs, avec un record en 2024, alors qu’une loi visant la mode éphémère vient d’être adoptée au Sénat et que les associations ne cessent d’alerter sur le coût environnemental de l’industrie textile.L’année dernière, 42 articles d’habillement neufs ont rejoint en moyenne le placard de chaque Français, soit un de plus qu’en 2023.Au total, un record de 3,5 milliards de pièces ont été achetées en habillement, chaussures et linge de maison.Cela représente 10 millions d’articles par jour, souligne pour l’AFP Vanessa Gutierrez, responsable d’études chez Refashion, chargé par le gouvernement d’accompagner l’industrie de la mode vers une économie plus circulaire.Cet éco-organisme a dévoilé mardi ces chiffres qu’il est le seul à pouvoir agréger, les quelque 10.000 marques vendant des vêtements, chaussures et linge de maison en France étant dans l’obligation de lui déclarer leurs volumes de vente. Plateformes asiatiques type Shein et Temu y compris.Parmi ces 3,5 milliards de pièces neuves, 2,9 milliards sont des articles d’habillement, 259 millions des paires de chaussure et 362 millions des articles de linge de maison.L’habillement femmes et hommes augmentent (de 5% et 3,6%) mais la catégorie connaissant la plus forte hausse est le linge de maison (+9,3%), s’expliquant par “l’arrivée sur le marché d’acteurs aux prix accessibles”, selon Vanessa Gutierrez.Les rayons enfant et bébé reculent (respectivement de -0,6% et -5,4%) en raison de la baisse de la natalité et certainement du report des consommateurs sur la seconde main dans ce secteur.Dans l’ensemble, les consommateurs plébiscitent les entreprises vendant exclusivement en ligne (Zalando, Shein, Temu, etc.) qui enregistrent +29,9% de ventes en volumes ainsi que les soldeurs et destockeurs (+10,3%).”Si on excluait ces deux catégories, le marché serait relativement stable”, a temporisé Mme Gutierrez, preuve du poids de l’importance de l’essor de l’e-commerce.Les grandes surfaces alimentaires souffrent d’une baisse de 5,1% de leurs ventes de textiles mais les chaînes de centre-ville et centres commerciaux tirent leur épingle du jeu avec +2,8%.- Catastrophe environnementale -Autre enseignement de ce baromètre: les prix accessibles sont privilégiés avec 71% des articles achetés qui sont d’entrée de gamme.En moyenne, un Français a dépensé 15,6 euros par article neuf.Selon le ministère de la Transition écologique, l’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde. Elle génère près de 10% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales – soit davantage que les vols internationaux et le trafic maritime réunis – et consomme 4% de l’eau potable du monde.Ces dernières années, son impact environnemental a encore pris de l’ampleur avec l’arrivée d’acteurs de l’ultra fast fashion ou mode ultra express, proposant une profusion de références à des prix extrêmement bas.Fondée en Chine en 2012 et désormais basée à Singapour, Shein en est devenu le symbole, avec son catalogue pléthorique – 470.000 modèles disponibles en temps réel, selon l’ONG Les Amis de la Terre – et le transport de ses produits à 99,8% par avion.Ainsi les ONG ne cessent-elles d’alerter sur le coût environnemental et social de la mode, à grands renforts d’actions coups de poing et de campagnes de sensibilisation en montrant les symptômes – des décharges géantes des vêtements occidentaux polluant le désert d’Atacama au Chili à l’effondrement du Rana Plaza, un atelier de confection au Bangladesh, qui causa la mort de plus d’un millier d’ouvriers.Les parlementaires français se sont également saisis du sujet, une proposition de loi pour freiner l’essor de la “fast fashion” ayant été adoptée en juin par le Sénat.

Conclave sur les retraites : les blocages demeurent à la mi-journée

A quelques heures de la fin prévue du conclave sur les retraites, voulu par François Bayrou pour rediscuter la contestée réforme de 2023, les négociations entre partenaires sociaux ne progressent pas, ont indiqué mardi à la mi-journée les participants.La négociation “n’a pas avancé”, a déploré juste avant la pause déjeuner Yvan Ricordeau, le représentant de la CFDT, qui a agité le spectre d’un échec.”Si ce (mardi) soir, il n’y a pas de +bougé+ du patronat sur la question de la pénibilité et sur la question des âges (de départ), ça ne servira à rien” de poursuivre les discussions, a-t-il mis en garde devant la presse.”Je ne sais pas comment ça va se terminer cet après-midi, mais si l’heure du déjeuner ne permet pas au patronat de revenir à une situation un peu plus humaine, je pense que ce (mardi) soir on va avoir un problème”, a aussi regretté Pascale Coton, la représentante de la CFTC.Les négociations doivent reprendre à 15H00.Pour tenter de mettre de l’huile dans les rouages, le Premier ministre, François Bayrou, s’est dit prêt lundi à accorder “quelques jours de plus” aux cinq participants encore présents: CFDT, CFTC, CFE-CGC côté syndical, Medef et CPME côté patronal. Mais les syndicats ont martelé qu’ils ne souhaitaient pas poursuivre les discussions si le Medef, principal représentant patronal, ne mettait pas sur la table de nouvelles propositions.- “Insupportable pour nous” -Les syndicats veulent en particulier obtenir que la pénibilité et l’usure soient prises en compte pour pouvoir partir avant 64 ans, l’âge légal fixé par la réforme Borne de 2023.  La CFDT, en particulier, veut obtenir une possibilité de départ anticipé pour manipulation de charges lourdes, postures pénibles ou exposition aux vibrations mécaniques, dans le cadre d’un compte pénibilité (C2P) déjà existant.Le patronat refuse pour l’instant une telle mesure. Ce serait “insupportable pour nous”, a déclaré mardi matin en arrivant au conclave Eric Chevée, le représentant de la CPME (patronat pour petites et moyennes entreprises).La CPME a proposé à la place un dispositif qui consisterait à créer des “points d’usure” pour les personnes “qui doivent porter des charges lourdes, subir des postures pénibles ou des vibrations mécaniques”, ouvrant “droit à des formations, des aides à la reconversion”.Mais les syndicats accusent le patronat de privilégier la reconversion plutôt que les départs anticipés.Parmi les autres “points durs”, la CFTC a également mis comme “ligne rouge” – objectif impératif – le passage à 66 ans de l’âge de départ sans décote (contre 67 ans), également rejeté par le patronat.- Prime seniors “pas évoquée” -“C’est un mandat que j’ai de mon organisation, on ne peut pas faire autrement”, a indiqué Pascale Coton, représentante de la CFTC.Les syndicats ont en tout cas enterré la proposition sortie du chapeau lundi par François Bayrou d’une “prime” pour inciter les salariés seniors à retarder leur départ à la retraite.”Ce n’est ni une demande d’une organisation syndicale, ni d’une organisation patronale. Elle n’a fait l’objet d’aucun chiffrage et d’aucune étude de faisabilité, et pour l’instant, elle n’a pas été évoquée”, a souligné Yvan Ricordeau à la mi-journée.Même si ça ne faisait pas grand mystère depuis le début, le Medef a entériné depuis le 10 juin qu’il ne bougerait pas sur l’âge de départ à 64 ans. Cela ne signifie pas forcément une fin de non-recevoir pour les syndicats. Tout dépendra de ce que le patronat lâchera en termes de carrière des femmes, de pénibilité, ou d’augmentation de cotisations sociales.  Car au-delà des aménagements qui pourraient être apportés à la réforme Borne, les partenaires sociaux doivent aussi parvenir à trouver les recettes financières pour permettre le retour à l’équilibre du système des retraites en 2030, alors que la prévision de déficit pour cette échéance est aujourd’hui de 6,6 milliards d’euros.Pour les sources de financement, les syndicats ne rejettent pas l’idée que les retraités puissent être mis à contribution. Les scénarios envisagés tournent autour d’une sous-indexation des retraites sur l’inflation – comme c’est déjà le cas pour les retraites complémentaires Agirc-Arrco – ou d’une augmentation des taux de CSG susceptible d’épargner les retraités modestes.Mais “Medef et CPME ne veulent pas participer à l’effort financier”, dénonce Pascale Coton pour la CFTC: les organisations patronales refusent en effet d’augmenter les cotisations salariales ou patronales.

Zones à faibles émissions : suspense sur le vote de la loi “simplification” l’Assemblée

Après un parcours homérique, le projet de loi de “simplification” est soumis à un vote hautement incertain mardi à l’Assemblée, les macronistes projetant de voter contre ce texte qui abroge notamment les zones à faibles émissions, à rebours de leurs alliés du Modem et d’Horizons.En fin d’après-midi les députés seront appelés à voter, échaudés par trois mois d’examen hachés par les suspensions, dans des séances tantôt très disputées, tantôt dans un hémicycle sonnant creux.”Le titre du projet de loi ne correspond plus tout à fait à la réalité du texte”, euphémise Christophe Naegelen (groupe Liot), l’un des rapporteurs du texte.Eclectique, il prévoit dans sa rédaction actuelle toute une batterie de dispositions pour les particuliers, les entrepreneurs ou les commerçants, allant de la simplification du régime des baux commerciaux en passant par celle de la délivrance des licences IV pour la vente de boissons alcoolisées.Les principaux combats parlementaires ont tourné initialement autour de la simplification de l’action publique, et d’une revue “à la française” des agences de l’Etat et organes consultatifs susceptibles d’être supprimés. Sans “tronçonneuse”, ni “hache”, s’était engagé le ministre de la Simplification Laurent Marcangeli (Horizons).Au final, une vingtaine d’instances sont ciblées, au grand dam de la gauche qui a dénoncé des coupes à l’aveugle, mais aussi de la droite et de l’extrême droite déplorant un manque d’ambition.Mais le plus gros de la bataille s’est joué sur des questions environnementales, – les écologistes dénonçant un “détricotage accéléré du droit de l’environnement” -, et des marqueurs du premier quinquennat d’Emmanuel Macron.Les Républicains et le Rassemblement national ont en effet obtenu la suppression des zones à faibles émissions, qui excluent des véhicules anciens et polluants, avec le concours de certaines voix macronistes et LFI, même si ces derniers sont opposés au reste du projet de loi.Contre la gauche et une partie du bloc central, la droite et le RN ont aussi obtenu un net recul du “zéro artificialisation nette” (ZAN), dispositif de lutte contre l’artificialisation des sols, en permettant aux collectivités de “dépasser jusqu’à 30%” la limite de surfaces aménageables.Des votes très médiatisés qui “écrasent tout”, y compris certains “compromis intéressants”, regrette le rapporteur Stéphane Travert, apparenté au groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR).- Suspense  -Ainsi les députés EPR ont acté dimanche un vote contre, espérant renvoyer la version sénatoriale, plus neutre, devant la commission mixte paritaire (CMP, sept députés et sept sénateurs) chargée de trouver un compromis.Une décision majeure puisque l’addition de leurs voix à celles des groupes de gauche, tutoierait la majorité absolue. Et la gauche votera largement contre une “loi Trump-Milei”, a critiqué mardi Mathilde Panot, cheffe des députés LFI.”Les chantres de la culture du compromis” ne la défendent que “lorsqu’il y a une victoire à la fin de ce qu’ils défendaient”, s’agace Ian Boucard (LR), à l’initiative de l’un des amendements supprimant les ZFE.Le groupe indépendant Liot devrait se diviser avec au moins “7 voix pour”.Et la présence dans l’hémicycle et les choix individuels des parlementaires (certains macronistes envisagent de s’abstenir) joueront sur le résultat final. Les Républicains et l’alliance RN-Ciotti voteront pour, tout comme le MoDem et Horizons, ce qui peut conduire à un résultat serré.Le texte “porte un grand nombre de mesures de simplification attendues par notre tissu économique et nos concitoyens, il faut accélérer”, assume le patron du groupe Horizons Paul Christophe, estimant que la mesure sur les ZFE “a de grandes chances” d’être rejetée par le Conseil constitutionnel en tant que “cavalier législatif” – sans lien suffisant avec le texte initial.Un argument partagé par le groupe MoDem qui a annoncé après une réunion mardi qu’il voterait “pour” le texte.Si jamais l’Assemblée rejetait le projet de loi, il s’apprêterait à partir en CMP sans copie sous le bras, pour la troisième fois en un mois, laissant plus de marge aux sénateurs.”Voter contre c’est redonner encore la main aux sénateurs (…) il faut que nous puissions nous affirmer aussi en tant que représentation nationale”, a insisté Erwan Balanant, porte-parole du groupe MoDem.sac-parl/jmt/rhl

Législation américaine: pourquoi les stablecoins ont la cote ?

Le Sénat américain se prononce mardi sur un texte destiné à encadrer les stablecoins, ces cryptomonnaies présentées comme stables car adossées à des actifs traditionnels. Un secteur en plein essor, malgré des risques persistants pour les investisseurs et la stabilité financière. Explications.- Qu’est-ce que les stablecoins ? -Comme toutes les cryptomonnaies, les stablecoins reposent sur une technologie appelée “blockchain”, un registre décentralisé qui permet de se passer des circuits bancaires classiques.Mais à la différence du bitcoin ou de l’ether, les “cryptos” les plus connues, leur valeur est censée rester stable: elle est indexée sur une monnaie traditionnelle comme le dollar ou sur un actif réputé plus sûr comme l’or.Le Tether et l’USDC suivent ainsi le billet vert, avec théoriquement en réserve autant de dollars que de jetons en circulation, pour garantir cette stabilité.Les stablecoins servent à échanger d’autres cryptoactifs et à réaliser des opérations dans la finance décentralisée, sans passer par les banques.Mais leur usage s’est élargi: elles permettent aussi d’effectuer “des paiements transfrontaliers rapides et à faible coût, particulièrement utiles sur les marchés émergents où l’accès aux devises fortes et aux services bancaires” est limité, explique à l’AFP Dessislava Aubert, analyste chez Kaiko. C’est le cas en Argentine, au Nigéria ou en Turquie.Résultat: la capitalisation totale des stablecoins a atteint 246 milliards de dollars en mai, contre 20 milliards en 2020, et le volume de transactions a même dépassé celui de Visa et Mastercard en 2024, relève la Deutsche Bank.Signe de cet essor, l’entreprise Circle, qui émet l’USDC, vient de réaliser une entrée fracassante à la Bourse de New York.- Pourquoi les Etats-Unis veulent-ils réguler ? -Washington souhaite imposer des règles de transparence aux émetteurs de stablecoins américains pour renforcer la sécurité: ces derniers devraient détenir suffisamment d’actifs sûrs et immédiatement mobilisables, comme des dollars ou des bons du Trésor.Des contrôles réguliers sont également prévus pour les plus gros acteurs.Une telle loi permettrait aussi de soutenir la demande pour la dette américaine et le billet vert.L’effondrement du stablecoin Terra en 2022 illustre les risques du secteur: quand la confiance disparaît, la valeur du stablecoin peut chuter rapidement, entraînant des ventes massives de jetons et la vente urgente des actifs qui servent à les garantir.Il est en effet possible que “l’émetteur ne soit pas très fiable” ou se fasse pirater, d’où l’intérêt de contrôles, selon Murat Kantarcioglu, professeur à Virginia Tech.- La loi sera-t-elle suffisante ? -“Les nouvelles règles pourraient compliquer l’émission de stablecoins par les start-up, au risque de laisser quelques grandes entreprises, comme les géants de la technologie, dominer le marché”, souligne Dessislava Aubert.D’après le Wall Street Journal, Amazon et Walmart envisagent d’émettre leur propre stablecoin, que leurs clients pourraient utiliser.L’opposition démocrate cite aussi des risques de spéculation, de blanchiment et de conflits d’intérêts.Elle pointe notamment le rôle de proches de Donald Trump dans le lancement du stablecoin USD1, déjà utilisé par le fonds souverain émirati MGX.Enfin, en cas de faillite d’un émetteur, les pertes liées aux stablecoins “ne sont pas explicitement couvertes par les programmes d’assurance gouvernementaux”, “contrairement aux dépôts bancaires, qui sont assurés jusqu’à 250.000 dollars”, note Mme Aubert.- Et ailleurs ? -En Europe, la réglementation de l’Union européenne sur les cryptomonnaies (Mica), effective depuis décembre, encadre l’émission de stablecoins.Mais “99% de la capitalisation” de ce marché est déjà adossée au dollar, ce qui pose “un risque sérieux de déseuropéanisation et de privatisation de la monnaie”, a récemment mis en garde le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau. Lui défend le projet d’un euro numérique, qui serait garanti par la Banque centrale européenne.Le Royaume-Uni, la Corée du Sud et le Brésil avancent aussi dans la régulation.La Chine, elle, a banni les cryptomonnaies sur son territoire en 2021 et développe à la place sa propre monnaie numérique de banque centrale, l’e-yuan.La Russie envisage elle un stablecoin adossé au rouble ou à des devises amies comme le yuan.

El Dorado, la fièvre de l’or toujours présente au Venezuela

Un commerçant pèse sur une balance numérique l’or en poudre d’un client. Comme dans de nombreux villages miniers du Venezuela, à El Dorado l’or sert de monnaie pour les achats banals du quotidien mais continue de susciter fièvre et convoitises.Le bien nommé village d’El Dorado fait partie d’une région, baptisée l’Arc Minier de l’Orénoque, qui possède de grandes réserves minérales. L’exploitation minière illégale est généralisée, les gangs criminels et guérillas qui pratiquent l’extorsion voire exploitent directement certains sites sont omniprésents.Syndicats gérés par le crime organisé ou gangs indigènes y prélèvent le “vaccin”, une sorte d’impôt obligatoire garantissant la “protection”. Il est le théâtre de massacres: environ 217 personnes tuées entre 2016 et 2020.Un sujet dont on parle peu à El Dorado. Dans ses rues en terre, un essaim de motos bruyantes bourdonne en permanence, soulevant des nuages de poussière. Les 35 “grammes” affichés sur la balance équivalent à environ 3.000 dollars, explique le commerçant. Un gramme se vend entre 85 et 100 dollars. “L’or est une bénédiction qui nous permet d’acheter ce que l’on veut, mais il faut travailler dur”, déclare à l’AFP José Tobias Tranquini, un mineur de 48 ans.”Un jour à la mine peut ne rien te rapporter. Il y a des chanceux qui trouvent jusqu’à un kilo, mais depuis que je suis ici, je n’ai pas eu cette bénédiction”, poursuit-il, espérant toujours tomber sur le gros coup. El Dorado se situe sur la rivière Cuyuni, qui plus loin devient la frontière naturelle avec le Guyana voisin et l’Essequibo, le territoire que le Venezuela réclame au Guyana depuis plus d’un siècle. El Dorado a été créé pour être un fort militaire visant à contrer une attaque anglaise en 1895. Son nom s’inspire du mythe qui n’est finalement pas si éloigné de la réalité: les habitants les plus âgés racontent que lorsqu’il pleuvait, on pouvait voir des particules d’or émerger sur les chemins argileux du village.- Une tonne, un gramme -Hilda Carrero est arrivée à El Dorado il y a un demi-siècle, attirée comme beaucoup d’autres par la fièvre de l’or. À l’époque, le village était “de la jungle et des serpents”. Aujourd’hui, la population avoisine 5.000 habitants. “C’était moche”, se souvient cette femme de 73 ans dans sa petite épicerie où elle vend des bonbonnes d’eau pour trois millièmes de gramme d’or. Le bidon d’eau vaut l’équivalent d’un dollar et demi. “La vie du village, ce sont les mineurs”, souligne Carrero, qui explique qu’il y a des hauts et des bas entre les périodes de calme ou celles de découvertes de nouvelles mines, les “bullitas” ou petites ruées.”Il y a des jours où je ne vends même pas une bouteille”, dit-elle.L’Arc Minier a une superficie de 112.000 km². On y trouve aussi diamants, fer, bauxite, quartz et même coltan.Les écologistes dénoncent un “écocide” dans cette zone et l’effondrement des mines illégales avec des dizaines de morts.La route pour rallier El Dorado depuis Tumeremo, un centre régional, est parsemée de camps où des “moulins” traitent le sable pour y découvrir de l’or. Le configuration se répète: un grand hangar avec des toits en tôle, des terrains dégagés avec une énorme fosse où tombe le sable lavé dans les moulins. La terre extraite des mines est stockée dans des sacs pour la transporter jusqu’aux moulins, qui fonctionnent avec des moteurs modifiés de voiture. Là, le sable est fragmenté et mis sur des rampes de bronze, enduites de mercure, et sur lesquelles ruisselle de l’eau. Des particules presque imperceptibles à l’Å“il nu restent coincées dans un tapis vert. Une famille de cinq personnes travaille dans l’un de ces camps. Quatre heures sont nécessaires pour “traiter” une tonne de sable. Résultat du jour: un peu plus d’un “gramme”, soit environ 100 dollars. “Nous l’utiliserons pour acheter de la nourriture et ce dont on a besoin pour le moulin”, explique l’un des travailleurs, qui tient dans ses mains rudes, la minuscule pierre obtenue. D’un aspect irrégulier, elle est chauffée au chalumeau pour retirer les impuretés. “Le danger, c’est la fumée” qui se dégage en brûlant le mercure, explique le propriétaire du moulin tout en fumant une cigarette.

Déchets toxiques: la justice autorise le confinement définitif à Stocamine

Le tribunal administratif de Strasbourg a autorisé mardi le confinement définitif de déchets toxiques sur le site de Stocamine (Haut-Rhin), rejetant les requêtes de la collectivité européenne d’Alsace, d’associations et de riverains, qui redoutent l’impact pour la nappe phréatique.Le tribunal a jugé que le déstockage des 42.000 tonnes de déchets (cyanure, arsenic, mercure…) entreposés dans cette ancienne mine de potasse à Wittelsheim, option défendue par les requérants, n’était plus réalisable en toute sécurité, notamment en raison de la dégradation des infrastructures.Le confinement définitif “constitue désormais, en l’état des meilleures techniques disponibles, la mesure la plus susceptible de préserver la ressource en eau et par suite le droit des générations futures à satisfaire leurs propres besoins”, indique le tribunal administratif dans son jugement.Cette solution consiste à construire des barrières en béton autour des blocs contenant les déchets et à remblayer les puits y donnant accès de manière à assurer une étanchéité.C’est une “déception”, a déclaré à l’AFP Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature. L’association se bat en justice contre le confinement définitif des déchets. “C’est extrêmement grave puisqu’on joue avec la santé de millions de personnes, avec l’eau potable de millions de personnes”, a-t-il déploré. “Mais pour nous ce n’est pas la fin d’un combat, on ne s’interdit absolument aucune procédure légale pour faire revenir l’État à la raison dans ce dossier”. Le jugement du tribunal administratif peut faire l’objet d’un appel devant la cour administrative d’appel de Nancy dans un délai de deux mois. Il marque une nouvelle étape dans le bras de fer qui oppose depuis des années défenseurs de l’environnement et l’Etat.Si l’autorisation d’entreposer ces déchets était initialement temporaire, l’État, par un arrêté de la préfecture du Haut-Rhin du 28 septembre 2023, a prolongé pour une durée illimitée l’autorisation de stockage. La société des Mines de Potasse d’Alsace (MDPA), gestionnaire du site et détenue à 100% par l’État, a entamé depuis un vaste chantier pour couler des barrières de béton dans les galeries souterraines.- Dégradation des galeries -La décision de l’Etat et les travaux qui ont suivi suscitent une certaine opposition en Alsace. Des élus, des riverains et des associations redoutent que le maintien des déchets en profondeur, même sous le béton, ne pollue à terme la nappe phréatique d’Alsace. En cause: l’état de la mine, trop dégradé selon eux pour empêcher une infiltration d’eau qui finira, au contact des déchets, par contaminer la nappe phréatique, malgré la présence des barrières de béton.Mais le tribunal administratif a écarté la possibilité de déstockage, considérant que le confinement définitif constituait la mesure la plus susceptible de préserver l’environnement à court, moyen et long termes. A l’audience le 15 mai, le rapporteur public Alexandre Therre s’était prononcé en faveur de la poursuite des travaux de confinement, estimant que la “dégradation très significative” des galeries, où “les toits s’affaissent et les murs se rapprochent”, empêchait d’extraire “en toute sécurité” les déchets.Le jugement rendu mardi “entérine un fait accompli au mépris de l’environnement, de la santé et des alertes répétées” des citoyens et de la communauté scientifique, a déploré le député LFI du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes dans un communiqué.”Malheureusement, ça devient une méthode de gouvernance, on le voit dans d’autres dossiers, comme l’A69 dans le sud de la France”, a renchéri Stéphane Giraud.Dans un rare communiqué transpartisan publié fin mai, neuf parlementaires alsaciens de tous bords avaient réclamé l’arrêt des travaux de confinement et le déstockage des déchets.”On ne parle pas des galeries qui ne sont pas effondrées et dans lesquelles l’extraction est encore possible” a regretté Sabine Drexler, sénatrice LR du Haut-Rhin et élue à la Collectivité européenne d’Alsace. “Et aujourd’hui vous avez une possibilité de retraitement des déchets qui n’était pas possible il y a 20 ans quand on les a descendus”, a-t-elle souligné auprès de l’AFP.Dans un rapport publié en décembre 2024, la Cour des comptes calculait que les retards successifs du chantier du confinement définitif avaient coûté à l’Etat 226 millions d’euros supplémentaires depuis 2013. 

“Conclave” sur les retraites: fumée blanche ou pas ?

Accord ou positions irréconciliables: impulsé par François Bayrou, le “conclave” des partenaires sociaux sur les retraites est entrée mardi matin dans sa dernière journée, avec la prise en compte de la pénibilité en point central des discussions.Le Premier ministre s’est dit prêt lundi à accorder “quelques jours de plus”, au-delà de la date butoir de mardi, aux cinq participants encore présents – CFDT, CFTC, CFE-CGC côté syndical, Medef et CPME côté patronal. Mais “on n’a pas besoin de plus de temps”, “il faut que ça se termine ce soir”, a plaidé sur RTL mardi matin, la numéro un de la CFDT Marylise Léon. Selon elle, “la balle est dans le camp des organisations patronales”, notamment sur le sujet de la pénibilité sur lequel il y a “blocage”.En arrivant au conclave mardi matin, le négociateur de la CPME (patronat des petites et moyennes entreprises) Eric Chevée a qualifié d'”insupportable pour nous” la proposition de la CFDT, qui consiste à donner un coup de fouet au compte pénibilité déjà existant pour arriver à faire partir plus tôt les personnes ayant eu un travail pénible.”Notre proposition est la seule voie de passage”, a-t-il dit, en allusion à un dispositif proposé par la CPME, qui consisterait à créer des “points d’usure” pour les personnes “qui doivent porter des charges lourdes, subir des postures pénibles ou des vibrations mécaniques”, ouvrant “droit à des formations, des aides à la reconversion”.- “A côté du sujet” -La question à discuter mardi est de savoir “combien de personnes” pourront “partir plus tôt” du fait qu’ils ont fait un travail usant, a-t-il expliqué.La négociatrice de la CFTC, Pascale Coton a redit de son côté à son arrivée que le passage à 66 ans de l’âge de départ sans décote (contre 67 ans) était également “vraiment une ligne rouge” pour son organisation. “C’est un mandat que j’ai de mon organisation, on ne peut pas faire autrement”.Lundi, François Bayrou a manifestement pris de court les participants en lançant une proposition de dernière minute: accorder une “prime” aux salariés seniors.Sur RTL, Mme Léon s’est dite “sceptique”, en notant que “ça arrive un peu tard”, que “ce n’est pas chiffré”, ajoutant ne pas être “sûre que ça soit le problème du régime des retraites en fait”.Pour le président de la CPME, Amir Reza-Tofighi, “ce n’est pas là le sujet”. Cette prime “ne permettra pas d’avoir un accord avec les syndicats”, a-t-il jugé sur RMC.”C’est complètement à côté du sujet”, a tranché Sophie Binet (CGT, syndicat parti du conclave en mars) sur franceinfo, en notant que globalement, “la stratégie du patronat, c’est de concéder quelques miettes pour graver dans le marbre les 64 ans”.- “50/50” -Pour le Premier ministre, qui avait lancé ce nouveau format de discussions après un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement, la fin du conclave est un instant de vérité.François Bayrou s’était alors engagé à présenter un éventuel accord des partenaires sociaux devant le Parlement.Dimanche, tant Marylise Léon que Patrick Martin, le président du Medef, ont estimé à 50/50 la probabilité que le conclave arrive à un accord.Même si ça ne faisait pas grand mystère depuis le début, le Medef a entériné depuis mardi dernier qu’il ne bougerait pas sur l’âge de départ à 64 ans. Cela ne signifie pas forcément une fin de non-recevoir pour les syndicats. Tout dépendra de ce que le patronat lâchera en termes de carrière des femmes, de pénibilité, ou d’augmentation de cotisation.  Car au-delà des aménagements qui pourraient être apportés à la réforme Borne, les partenaires sociaux doivent aussi parvenir à trouver les recettes financières pour permettre le retour à l’équilibre du système des retraites en 2030, alors que la prévision de déficit pour cette échéance est aujourd’hui de 6,6 milliards d’euros.Pour les sources de financement, les syndicats ne rejettent pas l’idée que les retraités puissent être mis à contribution. Les scénarios envisagés tournent autour d’une sous-indexation des retraites sur l’inflation – comme c’est déjà le cas pour les retraites complémentaires Agirc-Arrco – ou d’une augmentation des taux de CSG susceptible d’épargner les retraités modestes.Mais “Medef et CPME ne veulent pas participer à l’effort financier”, grince Pascale Coton pour la CFTC: les organisations patronales refusent en effet d’augmenter les cotisations salariales ou patronales.

La Chine veut affirmer son emprise sur l’Asie centrale à l’occasion d’un sommet régional

Le président chinois Xi Jinping a rencontré mardi lors d’un sommet au Kazakhstan les dirigeants des cinq ex-républiques soviétiques d’Asie centrale, une région où Pékin s’affirme comme la principale puissance aux dépens de la Russie et de son influence historique.Ce sommet dans la capitale kazakhe Astana a lieu deux ans après le premier, en Chine, et réunit Xi Jinping – arrivé lundi – avec les dirigeants du Kazakhstan, du Kirghizstan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Turkménistan.Sous influence russe entre le milieu du XIXe siècle et la chute de l’URSS en 1991, l’Asie centrale, dont la situation géographique entre Asie et Europe est stratégique et qui est riche en ressources naturelles, est convoitée par les grandes puissances tentant d’y concurrencer Moscou.Avant la session plénière du sommet, Xi Jinping a tenu des entretiens bilatéraux, appelant à multiplier la coopération tous azimuts.Selon le média étatique Chine nouvelle, il a notamment souligné mardi la nécessité de “faire progresser la construction du chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan”, l’un des projets phares de Pékin dans la région.- Sommets “5+1” -Si les dirigeants centrasiatiques maintiennent de forts liens avec la Russie, le recul de l’influence de ce pays s’accentue depuis la guerre en Ukraine.Les cinq anciennes républiques soviétiques de la région profitent de cet intérêt croissant et coordonnent leurs politiques étrangères, comme en témoigne la multiplication des sommets “5+1”.Ces formats “5+1″ sont régulièrement organisés avec la Chine et la Russie mais aussi l’Union européenne (UE), les Etats-Unis, voire la Turquie et d’autres Etats occidentaux.”Les pays centrasiatiques oscillent entre différents centres de pouvoir, souhaitant se protéger d’une dépendance excessive à l’égard d’un seul partenaire”, note pour l’AFP Narguiza Mouratalieva, une politologue kirghize.Lundi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré “ne pas craindre” ce rapprochement entre la Chine, un “partenaire stratégique privilégié”, et les pays centrasiatiques, des “partenaires historiques naturels”.- Premier partenaire commercial -Symbole de cette concurrence, le Kazakhstan a annoncé samedi que les Russes construiraient la première centrale nucléaire dont il disposera sur son territoire et les Chinois probablement une deuxième.Mais la Chine s’est désormais imposée comme le premier partenaire commercial de l’Asie centrale, avec des échanges évalués à 95 milliards de dollars en 2024, selon les douanes chinoises, loin devant l’Union européenne (64 milliards d’après le Conseil de l’UE en 2023) et la Russie, avec 44 milliards.Car l’Asie centrale occupe une place majeure dans les grands projets d’infrastructures chinois des “Nouvelles routes de la soie”.”Ni la Russie, ni les institutions occidentales ne sont capables d’allouer des ressources financières aux infrastructures aussi rapidement et à une telle échelle, parfois en contournant des procédures transparentes”, explique Narguiza Mouratalieva.Par ailleurs, les entreprises chinoises multiplient les accords dans le domaine énergétique, à la recherche par exemple de gaz au Turkménistan, d’uranium au Kazakhstan et de terres rares au Tadjikistan.”L’Asie centrale est riche en ressources naturelles, dont l’économie chinoise en plein essor a besoin. Pour Pékin, s’assurer d’un approvisionnement ininterrompu en ces ressources en contournant les voies maritimes instables est un objectif important”, souligne la politologue kirghize.- “Sécurité” -La Chine se pose également en soutien des régimes centrasiatiques, majoritairement autoritaires.Au précédent sommet “Asie centrale-Chine”, Xi Jinping avait appelé à “résister aux ingérences extérieures” pouvant provoquer des “révolutions” renversant les pouvoirs en place.”L’Asie centrale borde la région autonome ouïghoure du Xinjiang (et) Pékin considère la stabilité des Etats centrasiatiques comme une garantie de la sécurité des frontières occidentales” chinoises, explique Mme Mouratalieva.  Car la Chine est accusée d’avoir placé en détention plus d’un million de Ouïghours, une minorité musulmane, dans sa région du nord-ouest dans le cadre d’une politique qui, selon l’ONU, pourrait s’accompagner de “crimes contre l’humanité”.De plus, l’Asie centrale reste avec ses 80 millions d’habitants peu peuplée au regard de sa superficie, comparable à celle de l’Union européenne. Et ce face aux 1,4 milliard de Chinois, désormais exemptés de visas dans certains pays de la région.Cela alimente la méfiance d’une partie des populations locales envers Pékin, tout comme la dette grandissante et les enjeux fonciers, suscitant chez elles la crainte d’une perte de souveraineté.