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“Chez nous Teams, c’est fini”: une région allemande tourne le dos à Microsoft

Dans trois mois, les policiers, magistrats ou agents publics dans le Land allemand de Schleswig-Holstein n’utiliseront plus d’applications développées par l’américain Microsoft, une transition audacieuse pour cette collectivité en quête de “souveraineté numérique”.Cet Etat du nord de l’Allemagne mise sur des logiciels libres pour “reprendre le contrôle” sur ses systèmes informatiques et pouvoir décider “où les données sont stockées”, explique le ministre régional de la numérisation, Dirk Schrödter.L’entretien en visioconférence avec l’AFP se déroule via une application libre allemande. “Chez nous, Teams, c’est fini !”, ajoute-t-il, en référence à l’une des applications phare du géant Microsoft.A ce stade, la moitié des 60.000 fonctionnaires de cette région frontalière du Danemark ont entamé ce basculement technique qui doit s’achever fin septembre. Le reste, soit 30.000 enseignants, devrait suivre dans les prochaines années. – Montrer le chemin -Au cours de cette première phase, enclenchée en 2024, les fonctionnaires sont en train d’abandonner Word et Excel, remplacés par LibreOffice, puis la messagerie Outlook, substituée par Open-Xchange et Thunderbird. Sharepoint doit également être remplacé par la solution nextcloud.  La prochaine étape d’ici quelques années: le basculement vers le système d’exploitation Linux, pour tourner définitivement la page Windows.Le principe de l’open source, ou logiciel libre, existe depuis une quarantaine d’années et propose des logiciels dont le code source peut être inspecté, modifié et amélioré par tous.Le contexte de la montée des tensions entre l’Union européenne et les Etats-Unis, depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, a mis au premier plan le sujet de la souveraineté numérique et mis en lumière les risques inhérents au monopole des géants technologiques américains.Microsoft, en particulier, détient à la fois le système d’exploitation Windows et un écosystème d’applications bureautiques devenues incontournables, solutions clef en main pour les administrations comme pour les entreprises. “Les développements géopolitiques de ces derniers mois ont renforcé l’intérêt pour le chemin que nous avons pris, surtout en Europe”, assure le ministre, qui dit recevoir des demandes de conseils du monde entier. “La guerre en Ukraine avait révélé la dépendance énergétique de l’Europe; désormais, on voit qu’il existe également des dépendances numériques”, ajoute-t-il.Le Land de près de trois millions d’habitants anticipe aussi la future migration de ses données vers un cloud, et souhaiterait privilégier une infrastructure publique allemande plutôt que les services d’une entreprise américaine, explique M. Schrödter, économiste de formation et passionné du numérique.- Administrations “prises à la gorges” -Autre intérêt: faire des économies, car le coût des licences de logiciels dépasse celui des investissements dans la programmation d’applications libres et de la formation des fonctionnaires, d’après les experts interrogés par l’AFP.D’autant plus qu’en cas de mise à jour obligatoire, les administrations et entreprises n’ayant pas anticipé le surcoût se retrouvent “prises à la gorge”, explique l’un d’eux, Benjamin Jean, à la tête du cabinet de conseil Inno3.  A moyen terme, la région allemande compte économiser plusieurs dizaines de millions d’euros.Obstacles à la transition: le manque de formation et la crainte de la nouveauté. “Sans accompagnement c’est l’émeute et tout le monde veut revenir à ce qu’il connaît”, prévient François Pellegrini, professeur d’informatique à l’université de Bordeaux et spécialiste du sujet.D’ailleurs, quelques fonctionnaires devraient faire exception au basculement prévu après l’été dans le cas d’applications et procédures très spécialisées ou liées à la coopération interrégionale, précisent les autorités du Schleswig-Holstein.D’autres tentatives ailleurs en Europe illustrent ces risques comme dans la ville de Munich, pionnière de l’open source dans les années 1990, qui a fait marche arrière en 2017, évoquant des problèmes de compatibilité avec les logiciels fermés omniprésents et le manque de soutien politique continu.Autre acteur historique, la gendarmerie française a tenu bon: ses quelques 100.000 gendarmes utilisent toujours Linux depuis les années 2000.Un récent règlement européen, l'”Interoperable Europe Act”, entré en vigueur en avril 2024, pourrait donner un coup d’accélérateur. Celui-ci favorise la coopération entre les administrations publiques de l’Union européenne et encourage l’usage des logiciels libres.”D’ici deux ou trois ans”, plusieurs administrations modèles pourront faire un retour d’expérience et entraîner “un grand nombre d’acteurs” dans leur sillage, espère M. Jean. 

Trump assure qu’il va mettre fin à la politique en faveur des voitures électriques en Californie

Le président américain Donald Trump a assuré jeudi qu’il allait mettre fin à la politique ambitieuse en faveur des voitures électriques de la Californie, un Etat démocrate érigé en épouvantail.”Nous sauvons officiellement l’industrie automobile américaine de la destruction”, a déclaré le chef de l’Etat, lors d’un évènement organisé à la Maison Blanche.Il doit signer à cette occasion, selon ses services, une résolution votée par le Congrès en mai, destinée à empêcher la Californie d’interdire la vente de véhicules thermiques neufs en 2035.Au moment du vote au Congrès, les autorités californiennes avaient assuré qu’elles saisiraient la justice dès que le président signera le texte qui s’attaque au dispositif dérogatoire dont bénéficie l’Etat le plus peuplé du pays.La signature du président faisait peu de doute: le milliardaire républicain, climatosceptique notoire, a fait campagne en 2024 sur sa volonté de forer du pétrole à tout-va. Il a aussi déjà abandonné l’objectif fixé par son prédécesseur démocrate Joe Biden de vendre 50% de voitures électriques aux Etats-Unis d’ici 2030.Sous l’impulsion du gouverneur démocrate Gavin Newsom, le parlement de Californie avait légiféré en 2022 pour imposer que tous les véhicules neufs vendus dans l’Etat soient à “zéro émission” polluante à partir de 2035.Une ambition partagée par une dizaine d’autres Etats démocrates, mais contestée par le président Donald Trump et son Parti républicain qui dénoncent ce qu’ils estiment être un diktat pour l’ensemble des Etats-Unis.La Californie compte le plus grand nombre de voitures électriques du pays et bénéficie depuis plus d’un demi-siècle de dérogations qui lui permettent de fixer des normes environnementales plus strictes que la législation fédérale.L’Etat de l’Ouest américain a ainsi poussé de longue date les constructeurs automobiles à fabriquer des voitures respectant ses normes d’émission et vendues partout aux Etats-Unis. 

Les Bourses européennes terminent sans élan

Les marchés boursiers européens ont terminé sans élan jeudi, oscillant entre de nouvelles menaces douanières de Donald Trump, et un indicateur d’inflation rassurant aux États-Unis, permettant d’espérer une baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed).Paris a perdu 0,14%, Francfort 0,74% et Milan 0,58%. Londres a grappillé 0,23%.

L’actionnaire chinois réfléchit à l’avenir du Club Med, sans retour en Bourse “à ce stade”

Le groupe chinois Fosun, actionnaire majoritaire du Club Med, examine “diverses options stratégiques et financières” concernant le fleuron français du tourisme, mais n’envisage pas “à ce stade” d’introduction en Bourse, option défendue par le président Henri Giscard d’Estaing.”Fosun Tourism examine régulièrement diverses options stratégiques et financières, en fonction des plans de développement et des intérêts à long terme de la société. À ce stade, nous n’avons aucun projet d’introduction en Bourse de Club Med”, a indiqué le groupe chinois jeudi dans un communiqué transmis à l’AFP au lendemain de déclarations d’Henri Giscard d’Estaing prônant un retour en Bourse.”À l’avenir, le conseil d’administration de Club Med procédera à une évaluation approfondie et déterminera la meilleure option pour soutenir le développement durable et à long terme de la société, en conformité avec les normes de gouvernance d’entreprise et l’orientation stratégique globale”, poursuit Fosun.La veille, le patron du Club Med avait exposé dans Le Figaro son souhait de “revenir à la Bourse de Paris dès le premier semestre 2026”, qui représente selon lui “la meilleure façon” de mettre en Å“uvre le projet stratégique de la société, mentionnant une valorisation à “près de deux milliards d’euros”.”Je parle de ce projet d’introduction à la Bourse de Paris avec Fosun depuis plusieurs mois. Les autorités françaises soutiennent ce projet, et Bpifrance est prêt à devenir actionnaire du Club Med”, a-t-il assuré.Contactée par l’AFP, la banque d’investissement publique Bpifrance a confirmé “étudier le dossier favorablement”.- “Reprise en main” -Le Club Med avait été retiré de la cote en 2015 par Fosun, après que le conglomérat chinois eut remporté une bataille boursière épique face à l’homme d’affaires Andrea Bonomi, qui avait finalement jeté l’éponge face au prix. Le pionnier des villages-vacances avait alors été valorisé 939 millions d’euros. Depuis, le groupe français a engagé une stratégie de montée en gamme et en récolte aujourd’hui les fruits avec des ventes dépassant pour la première fois les 2 milliards d’euros en 2024. “Nous sommes une entreprise avec de grandes ambitions: devenir une marque +lifestyle+ internationale iconique, doubler de taille, atteindre une marge opérationnelle de 15% et faire davantage de développement durable”, a énuméré le patron jeudi lors d’une intervention au salon VivaTech.Ces derniers mois, les relations entre le dirigeant et son actionnaire chinois se sont tendues sur fond de désaccord concernant la recherche de nouveaux partenaires financiers et aussi sur la gouvernance, débouchant sur l’éviction l’été dernier de Michel Wolfovski, bras droit du patron français depuis près de trente ans, faisant redouter en interne une “reprise en main” de l’actionnaire chinois.L’ouverture du capital à des investisseurs minoritaires a finalement été abandonnée, selon le dirigeant: “les candidats ont été nombreux, mais les conditions financières et de gouvernance font que cela n’a pas abouti”.- Point de crispation -Le groupe chinois a pourtant recruté fin 2024 en tant que codirecteur financier le français Philippe Heim, ancien banquier passé par la Banque Postale et Société Générale, une embauche perçue comme un moyen d’avancer sur le dossier Club Med.La maison mère du Club Med, Fosun Tourism Group, a en outre été retirée de la cote à Hong Kong en fin d’année, rendant techniquement possible une cotation du Club à Paris.Autre point de crispation avec l’actionnaire chinois, la succession d’Henri Giscard d’Estaing a été adressée en septembre, avec un remaniement de l’état-major qui a fait monter plusieurs cadres susceptibles de prendre les rênes du groupe à terme.”En matière de gouvernance, j’ai toujours été clair: je n’ai pas vocation à l’éternité. Mon ambition n’est pas de durer”, assure au Figaro le patron âgé de 68 ans.Fosun a salué jeudi “des progrès importants” sur “la préparation de la succession de Club Med”: “Henri travaille en étroite collaboration avec Fosun pour faire avancer les modalités de cette transition”. L’actionnaire a également rappelé que “l’identité française du Club Med est au cÅ“ur de la valeur de la marque” et que “Fosun Tourism reste pleinement engagé dans le développement à long terme du Club Med”, témoignant “d’un profond respect pour l’héritage et le patrimoine français de la marque”. “Toute décision prise à cet égard sera communiquée en temps voulu”, conclut Fosun.

Assurance chômage: l’Unédic dans le rouge en 2025, son désendettement “paralysé”

Des comptes dans le rouge et un désendettement “paralysé”: l’Unédic, qui gère le régime d’assurance chômage, prévoit un déficit de 300 millions d’euros en 2025, et prévient que sa capacité à jouer son rôle “d’amortisseur économique et social” en cas de crise est “fragilisée”.Dans ses prévisions financières actualisées à l’horizon 2027 présentées jeudi, l’organisme paritaire pointe “un contexte économique dégradé”. Il prévoit un solde négatif en 2025, alourdi par rapport à ses précédentes prévisions publiées en février (-200 millions). Et le régime devrait aussi être dans le rouge en 2026 (-400 millions). L’organisme piloté par les partenaires sociaux met en avant des recettes “considérablement amputées par des décisions exogènes”, pointant à nouveau les ponctions de l’Etat (“12,05 milliards au total de 2023 à 2026”), notamment pour financer France Travail et France compétences.Cette situation, qui “paralyse” le désendettement du régime (-59,8 milliards d’euros de dette attendus en 2025), a lieu “malgré les réformes gouvernementales et la nouvelle convention d’assurance chômage qui limitent les dépenses”, relève l’Unédic.La dette du régime comprend toujours la dette Covid, lorsque l’organisme avait pris en charge des mesures d’urgence pour soutenir le marché du travail à hauteur de 18,1 milliards.”La capacité de l’assurance chômage à jouer son rôle d’amortisseur économique et social en cas de crise demeure ainsi nettement fragilisée”, prévient le gestionnaire de l’assurance chômage, qui évoque un régime “sous fortes contraintes”.”L’Etat nous confisque notre capacité à rembourser notre dette. (…) C’est assez grave”, a affirmé le président de l’Unédic Jean-Eudes Tesson (Medef), lors d’une conférence de presse.”A chaque fois qu’on améliore la situation financière de l’Unédic, l’Etat préempte le bénéfice des actions que l’on peut décider”, a-t-il insisté, en ajoutant que “tout laisse penser que l’Etat va être tenté de continuer”.- “Risque majeur” -“Le fait d’empêcher le régime de se désendetter est vraiment une source d’inquiétude”, a martelé la vice-présidente de l’Unédic Patricia Ferrand (CFDT), évoquant “un risque majeur sur la capacité de l’assurance chômage à amortir un potentiel futur choc économique”.En début d’année, les gestionnaires de l’Unédic avaient déjà alerté le Premier ministre sur la situation financière du régime, déplorant que l’assurance chômage soit “devenue une forme de variable d’ajustement pour les budgets de l’Etat”. François Bayrou “a accusé réception”, a expliqué Jean-Eudes Tesson en indiquant que les responsables de l’Unédic entendent rencontrer les ministres concernés pour “en substance leur dire: +Qu’est-ce qu’on fait maintenant?+”.Pour 2027 -sous réserve qu’il n’y ait pas de nouvelle ponction de l’État sur les comptes du régime -, le solde serait positif à 5,3 milliards, selon les prévisions de l’Unédic.Côté emploi, sur fond de croissance “revue à la baisse” par le consensus des économistes (+0,6% en 2025), l’organisme indique que des destructions nettes “sont attendues en 2025 (-91.000), avant une reprise très progressive en 2026 (+55.000), puis plus prononcée en 2027 (+174.000)”.Ces prévisions interviennent sur fond de “fortes incertitudes” tant au niveau budgétaire sur le plan national, qu'”en lien avec les mesures protectionnistes et l’instabilité géopolitique sur le plan international”, note l’Unédic.Dans ce contexte, le taux de chômage, qui était de 7,4% au premier trimestre 2025, selon l’Insee, est attendu en hausse. En mars, l’Institut anticipait ainsi qu’il atteindrait 7,6% à la mi-2025, tandis que la Banque de France, qui a raboté mercredi à 0,6% sa prévision de croissance pour la France en 2025, prévoit que le taux de chômage “augmenterait légèrement” à 7,7% en 2026 avant de redescendre à 7,4% en 2027.Le nombre de chômeurs indemnisés, lui, est attendu “en baisse”, indique l’Unédic, sous l’effet de la montée en charge de la réforme de l’assurance chômage de 2023 (qui a réduit la durée d’indemnisation de 25%) et celle de début 2025: ils étaient 2,7 millions fin 2024 et devraient être “2,6 millions fin 2025 et fin 2026, puis 2,5 millions fin 2027”.

Mariage entre les Allemands BioNTech et CureVac dans la recherche contre le cancer

Unir leurs ARN messager pour mieux combattre le cancer : l’Allemand BioNTech, devenu star pharmaceutique avec son vaccin anti-Covid, va absorber son rival CureVac, également pionnier de l’ARNm, dans le cadre d’un rachat inattendu annoncé jeudi.Les vaccins anti-cancer suscitent de grands espoirs, mais les spécialistes appellent à la prudence : les essais sont encore précoces et les résultats hétérogènes selon les types de tumeurs.”Les vaccins à ARNm marquent en tout cas une véritable révolution médicale, peut-être même le début d’un traitement réussi contre le cancer”, a déclaré mardi le chancelier allemand Friedrich Merz lors de la remise d’un prix national à Berlin.Ce prix a récompensé le couple de chercheurs Özlem Türeci et UÄŸur Åžahin, co-fondateurs de la start-up BioNTech, qui ont “sans cesse choisi de s’aventurer vers l’inconnu”, selon M.Merz.BioNTech relève un nouveau défi en rachetant le laboratoire CureVac pour environ 1,25 milliard de dollars (1,08 milliard d’euros), afin de renforcer ses recherches contre le cancer et d’enrichir son offre de traitements immunothérapeutiques à base d’ARN messager, selon un communiqué.Il va aussi élargir son expertise en conception, formulation et production d’ARNm, et intégrer les infrastructures de CureVac, notamment son site de Tübingen (ouest).A la base de l’ARNm, une molécule qui transmet les instructions de l’ADN aux cellules du corps pour fabriquer des protéines protégeant contre les maladies.Fondée en 2008, BioNTech a connu une ascension fulgurante grâce au développement, en 2020 avec l’américain Pfizer, d’un des premiers vaccins à ARN messager contre le Covid-19, contribuant à révolutionner la lutte contre la pandémie.Si ses résultats se sont dégradés une fois la fièvre du Covid passées, BioNTech dispose encore d’une trésorerie proche de 16 milliards d’euros, de quoi investir dans dans la recherche et le développement de nouvelles thérapies.CureVac, fondé en 2000 à Tübingen par le chercheur Ingmar Hoerr, a été un autre pionnier de l’ARNm, étant considéré comme un concurrent direct de BioNTech dans la course au vaccin contre le Covid-19. Mais son candidat, jugé insuffisamment efficace, a été abandonné en 2021.En vue de réunir les deux sociétés cotées au Nasdaq, les actionnaires de CureVac recevront des actions BioNTech avec une prime de 55% sur le cours moyen des trois derniers mois.L’opération devrait être finalisée d’ici fin 2025, sous réserve des autorisations réglementaires, avant que CureVac ne devienne une filiale à 100 % de BioNTech. L’État allemand, via la banque publique KfW, qui détient 13,3 % du capital de CureVac, soutient l’opération, et des actionnaires représentant 36,76 % de la cible — dont la holding Dievini de Dietmar Hopp, cofondateur du géant des progiciels SAP — se sont engagés à céder leurs titres, sous certaines conditions. Le rapprochement entre les deux entreprises intervient après qu’en 2022, CureVac a porté plainte devant un tribunal en Allemagne contre BioNTech pour violation de brevets liés à la technologie ARNm. Le litige est toujours en cours.- Course mondiale -En plus de vouloir convoler avec CureVac, BionTech a annoncé début juin un accord avec le laboratoire américain Bristol Myers Squibb (BMS) pouvant atteindre 11,1 milliards de dollars pour développer ensemble un nouvel anticorps contre le cancer.La course aux vaccins thérapeutiques contre le cancer mobilise bien d’autres acteurs, dont l’américain Moderna, qui utilise lui aussi sa plateforme ARNm au-delà du Covid-19, pour s’attaquer à l’oncologie.Avec l’Américain Merck (appelé MSD en France), Moderna développe un vaccin thérapeutique contre le mélanome. Des essais cliniques sont déjà lancés sur d’autres cancers, comme le cancer du poumon non à petites cellules, le cancer du rein ou certaines tumeurs de la vessie. L’objectif affiché l’an dernier est une autorisation de mise sur le marché dès cette année pour certains produits.D’autres sociétés comme la française Transgene testent également des vaccins thérapeutiques individualisés, comme le TG4050, en phase 2 pour les cancers de la tête et du cou.

Glyphosate: des ONG s’inquiètent après une étude évoquant des risques de cancer

Plusieurs ONG environnementales européennes ont appelé jeudi à interdire le glyphosate après la publication d’une étude d’une ampleur sans précédent qui avère chez des souris un lien entre l’apparition de cancers et l’exposition à cet herbicide.”Le glyphosate ne répond clairement pas aux exigences de sécurité du droit européen”, a déclaré Angeliki Lysimachou, responsable scientifique de l’organisation Pan Europe, dans un communiqué commun avec l’ONG française Générations Futures.Les ONG réagissent à la publication mardi, dans la revue Environmental Health, d’une étude établissant chez des rats un lien entre l’apparition de cancers, notamment des leucémies, et l’exposition à du glyphosate, soit pur, soit dans des formules commerciales comme le Roundup de Bayer.Cette étude apporte une pièce importante dans le débat autour des effets sur la santé du glyphosate, à nouveau autorisé depuis 2023 dans l’Union européenne (UE). En France, il est interdit à la vente pour un usage domestique, mais autorisé sous condition aux agriculteurs.L’Organisation mondiale pour la santé (OMS) estime, via son Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), que le glyphosate est un cancérogène “probable”, mais les agences sanitaires européennes jugent que le risque n’est pas “critique”, des divergences qui s’expliquent en partie par le choix des études retenues.Le travail publié mardi, réalisé sous l’égide du chercheur italien Daniele Mandrioli, a pour spécificité d’avoir été mené sur un grand nombre d’animaux – plusieurs centaines – et en choisissant un niveau d’exposition qui correspond à celui jugé sans risque avéré par les autorités européennes.À ces niveaux, “le glyphosate et les herbicides à base de glyphosate (…) ont causé une hausse, proportionnée à la dose donnée, des tumeurs malignes et bénignes chez des rats des deux sexes”, concluent les chercheurs.Ces résultats ne permettent pas de conclure sur la cancérogénicité chez l’humain, mais les chercheurs estiment qu’ils concordent avec des études épidémiologiques ayant établi une corrélation dans la vie réelle entre l’exposition au glyphosate et l’apparition de cancers.En France, ce débat s’inscrit dans un contexte où le président Emmanuel Macron, initialement favorable à une interdiction du glyphosate avant d’assouplir sa position, s’est justifié mardi, sur France 2, de ce choix en pointant la difficulté à “trouver (un) substitut”.Le glyphosate reste actuellement très utilisé dans le monde, mais Bayer, exposé à de nombreux litiges coûteux autour de cet herbicide, a publiquement douté de son avenir commercial au printemps.

Kenya : manifestations à Nairobi alors que le gouvernement présente son budget

La police tentait jeudi de disperser au gaz lacrymogène quelques centaines de personnes manifestant à Nairobi contre les violences policières, alors que le gouvernement kényan présentait au parlement son budget, sans hausses massives d’impôts afin d’éviter que la rue ne s’embrase comme l’an passé.Le Kenya est une puissance économique régionale, fortement endettée auprès de bailleurs étrangers. Sa population dénonce une montée en flèche du coût de la vie, dans un marché de l’emploi stagnant, et une élite politique impliquée dans de multiples scandales de corruption.Le projet de loi de finances de 2024, qui prévoyait d’augmenter les taxes sur des biens de consommation courante, avait dans ce contexte suscité une énorme colère. Des milliers de manifestants avaient pris d’assaut le parlement le 25 juin 2024, forçant le président William Ruto à retirer le texte.Au moins 60 personnes avaient été tuées lors de semaines de manifestations en juin et juillet 2024. Les groupes de défense des droits humains affirment que des dizaines d’autres ont été illégalement détenues par les forces de sécurité dans la foulée, dont certaines ne sont jamais réapparues.Jeudi, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés dans la capitale Nairobi, davantage pour protester contre les violences policières suite à la récente mort en cellule d’un professeur de 31 ans, Albert Ojwang, que contre le projet de loi de finances. “Vous ne pouvez pas tuer l’un des nôtres en prison et attendre qu’on ne fasse rien”, a dénoncé Tiffany, 22 ans. “Nous venons nous battre pour notre pays”, a affirmé Tupac Thuku, 21 ans, alors que les forces de l’ordre tiraient des grenades lacrymogènes sur les manifestants.Au moins trois personnes ont été blessées par des balles en caoutchouc, a constaté un journaliste de l’AFP. Deux voitures ont aussi été incendiées et des pierres lancées.Le gouvernement a pour sa part joué la carte de la prudence. “Pour regagner la confiance publique, nous avons renforcé la participation citoyenne dans toute la formulation des politiques, y compris l’élaboration du budget”, a expliqué au parlement le ministre des Finances John Mbadi.Plutôt que d’augmenter les taxes directes appliquées aux consommateurs, l’exécutif s’est davantage concentré sur les entreprises, tout en cherchant à réduire les dépenses publiques et à fermer les échappatoires fiscaux pour augmenter ses revenus.A l’instar de nombreuses nations africaines, le Kenya est lourdement endetté auprès de bailleurs étrangers. Le paiement des intérêts de ses emprunts excède les budgets de la santé et de l’éducation.- “Éviter la controverse” -“Le projet de loi de finances de cette année cherche, en comparaison avec celui de l’année dernière, à éviter la controverse”, observe Patricia Rodrigues, du cabinet de conseil Control Risks. Mais il sera “difficile pour de nombreuses entreprises de l’accepter, car il inclut des augmentations potentielles des impôts sur le revenu et des contributions sociales, ainsi que la fin de certaines exonérations fiscales pour les grandes entreprises et les PME”, ajoute-t-elle.La Banque mondiale a réduit ses prévisions de croissance pour le Kenya de 5% à 4,5% pour 2025.Le pays cherche actuellement un nouvel accord avec le Fonds monétaire international, ce qui signifie qu’un éventuel nouveau prêt ne sera pas inclus dans le budget. Moins susceptible de provoquer des manifestations que celui de 2024, le budget à venir n’en suscite pas moins déjà une certaine désapprobation, que les autorités s’emploient à faire taire.Fin mai, la développeuse d’une plateforme critiquant le projet de loi de finances 2025 – car il entraînera, selon elle, une baisse du pouvoir d’achat et un accroissement des violations de la vie privée – a été arrêtée plusieurs jours, puis poursuivie pour cybercriminalité. – Démission -Alors que la répression des voix discordantes s’accroît dans le pays, Albert Ojwang, qui avait critiqué en ligne le numéro deux de la police kényane, Eliud Kipkoech Lagat, a été retrouvé mort en cellule ce weekend, quelque heures après son arrestation. La police a d’abord annoncé un suicide, avant que des médecins légistes n’invalident cette thèse, évoquant “blessure à la tête, compression du cou, et (…) d’autres blessures sur tout son corps qui pointent vers une agression”. Cinq policiers ont été suspendus, et l’affaire, qui indigne dans le pays, a fait réagir jusqu’au président Ruto, qui a dénoncé mercredi un décès “déchirant et inacceptable”.Les manifestants de jeudi ont demandé la démission d’Eliud Kipkoech Lagat.

Wall Street ouvre en baisse, après de nouvelles menaces de Trump sur les droits de douane

La Bourse de New York a ouvert en baisse jeudi, après que Donald Trump a annoncé vouloir imposer des décisions unilatérales aux partenaires commerciaux des États-Unis, les investisseurs digérant dans le même temps de nouveaux indicateurs économiques.Dans les premiers échanges, le Dow Jones perdait 0,39%, l’indice Nasdaq reculait de 0,19% et l’indice élargi S&P 500 lâchait 0,20%.

VivaTech: la patronne de la start-up kényane Amini plaide pour une IA plus concrète

A contre-courant de la course à une superintelligence artificielle que se livrent les géants de la Silicon Valley, la start-up kényane Amini AI cherche à régler les problèmes concrets des pays émergents, a expliqué sa patronne à l’AFP, lors du salon VivaTech à Paris. Diminuer le coût d’assurance des récoltes pour les agriculteurs en Afrique grâce à la surveillance des conditions météo ou avertir les producteurs laitiers au Maroc des sources d’eau en danger en raison du changement climatique, voici quelques-uns des usages présentés sur le site web d’Amini. Et ce n’est qu’un aperçu de ce qui sera rendu possible par de meilleurs collecte, organisation et traitement des données en Afrique, Amérique latine ou Asie du Sud-Est pour Kate Kallot, directrice générale d’Amini. “Il y a une immense opportunité pour les économies émergentes de se tourner vers des innovations pratiques à base d’IA plutôt que vers de la recherche fondamentale, sur laquelle se concentrent beaucoup les Etats-Unis et l’Europe”, plaide-t-elle.   De taille modeste, avec 6 millions de dollars de financements et 25 employés, Amini bâtit l’infrastructure nécessaire pour que les entreprises construisent leurs propres applications d’intelligence artificielle (IA). La start-up a ainsi vocation à devenir dans les prochaines années “le système d’exploitation du Sud global”, selon Kate Kallot. “Il reste beaucoup de travail à faire pour construire une infrastructure de données qui peut aider les pays de ces régions à passer d’un système analogique à un système numérique et à se préparer pour l’IA”, ajoute-t-elle. Amini travaille déjà sur des projets avec la Barbade, l’Inde, le Népal et le Cambodge, et a signé un protocole d’accord avec la Côte d’Ivoire. – Manque “d’opportunités” -Beaucoup de géants américains de la tech s’appuient sur la main d’oeuvre bon marché de pays émergents comme le Kenya et les Philippines pour étiqueter et classer des masses de données indispensables au développement de l’intelligence artificielle.Ces pays ont “une population née avec le numérique, extrêmement jeune”, avec beaucoup de personnes qui ont étudié l’informatique, parlent anglais mais manquent “d’opportunités”, souligne Kate Kallot. “Ces régions sont encore perçues comme simplement consommatrices des technologies et pas comme un endroit où l’innovation prend place”, regrette-t-elle. Cela se reflète aussi dans la manière dont les données sont stockées et traitées. Seulement 1% des centres de données sont situés sur le continent africain alors que la région concentre près de 19% de la population mondiale, selon un rapport du cabinet américain Xalam Analytics publié en 2024. Et seulement 2% des données de l’Afrique sont traitées sur le continent, affirme Mme Kallot. “Nous sommes encore dans un environnement très pauvre en données et, tant que cela n’est pas réglé, nous ne serons pas capables d’adopter les nouveaux systèmes créés par les géants de la tech”, pointe-t-elle.   – Frugal et local -Les pays émergents sont toutefois devenus “un champ de bataille” pour les superpuissances qui investissent dans les infrastructures, comme le Chinois Huawei et l’Américain Microsoft.Kate Kallot souhaiterait plutôt voir les pays en développement se rassembler pour construire des centres de données locaux et partagés. “Avant, bâtir une infrastructure essentielle pour votre pays signifiait construire une route ou un hôpital. Maintenant, c’est construire un centre de données”, clame-t-elle. Le risque d’un traitement des données qui s’effectue à l’étranger est “un effacement de notre système de valeurs et de notre culture”, met en garde la dirigeante. Le nombre limité d’infrastructures et de capacité de calcul peut cependant favoriser des innovations moins énergivores. Les économies émergentes possèdent “des développeurs brillants qui créent des choses meilleures pour l’environnement et qui savent travailler dans un environnement très limité en ressources (…) nous devons mettre cela en avant et s’assurer de leur fournir la plateforme nécessaire”, conclut Kate Kallot.Â