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Envoyer des humains sur Mars, un projet prometteur mais risqué

Donald Trump a promis d’en faire une priorité nationale, mais envoyer des hommes sur Mars pourrait s’avérer l’une des entreprises les plus complexes et coûteuses de l’histoire de l’humanité même si cette ambition est riche en promesses.Ce projet fou est soutenu par Elon Musk. Le patron de SpaceX a fait de la planète rouge une obsession mais son divorce spectaculaire avec le président américain pourrait constituer un obstacle supplémentaire.. Pourquoi y aller ?Tout commence par notre curiosité innée. Comme l’écrit la Nasa sur son site, “l’exploration du cosmos reste une grande vocation pour l’humanité”.Aller sur Mars servirait de nombreux objectifs scientifiques en permettant de savoir si la planète rouge a un jour hébergé la vie, ou encore de mieux étudier la physique de l’espace, notamment l’histoire du Soleil.”Il ne s’agit pas de faire du tourisme, mais d’acquérir des connaissances fondamentales”, insiste l’astrophysicien John Mather, lauréat du prix Nobel de physique, auprès de l’AFP.La géopolitique joue aussi un rôle central. Donald Trump s’est engagé à “planter le drapeau américain” sur cette planète lointaine en vantant “la promesse illimitée” du rêve américain, en pleine rivalité entre les Etats-Unis et la Chine qui se traduit inévitablement dans le domaine spatial.. Un voyage complexeMalgré plusieurs échecs cuisants, Elon Musk mise sur Starship, la plus grande fusée jamais construite, qui permettrait aussi d’assurer l’avenir de SpaceX.Il vise un lancement sans équipage fin 2026, prochaine fenêtre favorable d’alignement entre la Terre et Mars. Un calendrier largement considéré comme optimiste.”Beaucoup d’informations techniques pertinentes sont encore inconnues”, a déclaré à l’AFP Kurt Polzin, ingénieur en chef du projet de propulsion nucléaire dans l’espace de la Nasa.Lui est partisan de la propulsion nucléaire thermique (NTP), qui utilise la fission pour chauffer l’hydrogène et générer une poussée. La NTP fournit “beaucoup d’énergie dans un très petit volume”, ce qui élimine le besoin de ravitaillement en orbite ou de production de carburant sur Mars.Par ailleurs, les astronautes passeraient entre sept et neuf mois dans un vaisseau spatial exigu, exposés à un rayonnement spatial intense au-delà de la magnétosphère terrestre. Les idées pour améliorer le blindage vont des méthodes passives utilisant des matériaux denses aux concepts actifs tels que les champs de plasma qui dévient les radiations. Et des médicaments sont en cours de développement pour réduire les dommages cellulaires.La lutte contre la perte de muscle et la perte osseuse, ou la santé mentale, sont d’autres sujets de préoccupation.Les délais de communication compliquent encore les choses: sur la station spatiale internationale (ISS), les données en temps réel permettent d’éviter en moyenne 1,7 incident potentiellement mortel par an, selon Erik Antonsen, président du comité des risques liés aux systèmes humains de la Nasa. Ce ne sera pas possible en route vers Mars.. La vie sur MarsUne fois sur la planète rouge, les incertitudes augmentent. Les sondes ont trouvé quelques indices mais aucun signe définitif de vie. Si elle a existé, elle s’est probablement éteinte il y a longtemps.Pourtant, les organismes “extrêmophiles” sur Terre offrent des indices intéressants: des champignons peuvent par exemple exploiter les radiations de Tchernobyl pour produire de l’énergie, et des microbes ont survécu 500.000 ans dans des terrains gelés.”S’ils peuvent survivre ici dans des environnements extrêmes, nous avons toutes les raisons de penser qu’ils le peuvent aussi sur Mars”, a noté Jennifer Eigenbrode, astrobiologiste à la Nasa, lors du récent sommet “Humans to the Moon and Mars” à Washington. De telles découvertes pourraient modifier notre compréhension de la vie dans l’univers et avoir des conséquences concrètes. Mars peut abriter des microbes qui sont soit bénéfiques pour l’homme, soit dangereux.Le confort des équipes, facteur essentiel pour prévenir les conflits, est également au coeur des préoccupations.”Mars a une journée de 24 heures et de 39 minutes, et même si la différence n’est pas énorme, cela crée des tensions, augmente le stress et réduit la qualité du sommeil”, explique Phnam Bagley, architecte spatial qui conçoit des projets pour le bien-être de l’équipage.Le premier voyage durerait environ 500 jours sur Mars. Mais la colonisation à long terme soulève bien d’autres questions: quid du développement d’un embryon dans un environnement à faible gravité, ou d’une naissance ?Ce sujet est “à prendre au sérieux”, insiste Erik Antonsen. “Même si vous ne prévoyez pas que cela se produise, les gens auront toujours des relations sexuelles et quelqu’un pourrait tomber enceinte. Cela devient alors un problème médical.”

Eurostar prévoit de relier Londres à Francfort et Genève au début des années 2030

La compagnie ferroviaire Eurostar a annoncé mardi son intention d’ouvrir de nouvelles destinations “au début des années 2030″ avec deux liaisons Londres-Genève et Londres-Francfort, plus une autre entre Amsterdam et Genève, grâce à l’arrivée de nouveaux trains et face à la menace de concurrents.Eurostar a prévu d’acquérir jusqu’à 50 nouveaux trains aptes à rouler dans le tunnel sous la Manche d’ici 2030, et s’est fixé comme objectif de transporter 30 millions de passagers par an d’ici la fin de la décennie.”La demande pour le voyage en train en Europe est forte, les clients souhaitent aller plus loin que jamais en train”, a souligné la directrice générale d’Eurostar, Gwendoline Cazenave.C’est la première fois que la compagnie proposera des liaisons directes entre la Grande-Bretagne et la Suisse et l’Allemagne.L’annonce de nouvelles liaisons entre Londres et le continent est assez rare, en raison de la nécessité d’ouvrir une frontière britannique dans les gares concernées, avec recrutement de policiers britanniques pour effectuer les contrôles.La dernière en date remonte à 2020, avec l’inauguration du trajet Londres-Amsterdam. Fin 2023, Eurotunnel avait fait savoir que les études de marché et les études pour l’aménagement des gares étaient terminées à Francfort et Cologne, invitant les opérateurs à se lancer avec de nouvelles destinations. L’opérateur du tunnel sous la Manche voyait un potentiel de deux millions de voyageurs par an entre Londres et l’Allemagne.Pour Genève, le potentiel est d’un million de voyageurs par an, toujours selon Eurotunnel. Grâce aux nouveaux trains, Eurostar souhaite aussi augmenter la fréquence des voyages entre Londres et Paris, pour attirer deux millions de passagers annuels supplémentaires sur cette liaison. Actuellement, la compagnie dispose de 51 trains, dont 25 sont utilisés pour les liaisons transmanches.Le Londres-Amsterdam va également être renforcé avec cinq allers-retours par jour d’ici décembre prochain contre trois actuellement.Eurostar a effectué ces annonces en parallèle de résultats financiers pour l’année 2024 marqués par un chiffre d’affaires à 2 milliards d’euros, en hausse de 2% sur un an.Environ 19,5 millions de passagers sont montés dans un train Eurostar l’année dernière, soit une hausse de 5% par rapport à 2023. La compagnie est spécialisée dans les liaisons internationales entre la France, la Grande-Bretagne et le Benelux. Elle est détenue majoritairement par SNCF Voyageurs.D’autres compagnies ambitionnent de se lancer dans le tunnel sous la Manche pour concurrencer Eurostar, comme Trenitalia et Virgin d’ici 2029.

Macron à VivaTech mercredi pour vanter “la souveraineté numérique européenne”

Emmanuel Macron se rendra mercredi à VivaTech, plus grand événement européen de la “tech”, pour vanter “la souveraineté technologique européenne” face aux Etats-Unis et à la Chine, et maintenir “la dynamique autour de l’intelligence artificielle”, a indiqué mardi l’Elysée.Le président français déambulera l’après-midi dans les allées de cet événement, où sont attendus de mercredi à samedi près de 165.000 visiteurs, 14.000 start-up et plus de 3.000 investisseurs venus du monde entier.Il rejoindra sur scène la tête d’affiche du salon, Jensen Huang, fondateur du leader américain des puces électroniques pour l’intelligence artificielle (IA) Nvidia, et Arthur Mensch, patron de la pépite française Mistral AI, qui devraient faire des annonces de partenariat, notamment dans le domaine du cloud (informatique à distance). Dans un contexte géopolitique extrêmement tendu depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, il s’agit pour l’exécutif français de “bâtir une capacité de puissance de calcul installée en Europe avec des solutions européennes”. Le partenariat Mistral-Nvidia est ainsi “emblématique de ce que nous voulons porter: une +tech+ européenne qui est chez nous, qui est opérée chez nous avec nos talents, et qui vend à l’international ses services”, a ajouté l’Elysée.Nvidia est de très loin le plus gros producteur de puces dites GPU (Graphics Processing Unit), considérées comme indispensables au développement de l’IA générative.M. Macron rencontrera aussi des entreprises de la French Tech comme XXII, éditeur français de logiciels de vidéosurveillance algorithmique, ou encore Aqualone, start-up de Nouvelle-Calédonie qui développe des solutions d’irrigation autonomes et économes en eau. Parmi les autres têtes d’affiche de cette 9e édition de VivaTech figurent la Française Fidji Simo, nouvelle numéro 2 d’OpenAI, l’entreprise américaine à l’origine de ChatGPT, qui s’exprimera sur le futur de l’intelligence artificielle, et Joe Tsai (Alibaba), qui viendra parler des dernières innovations en termes d’IA du géant chinois du e-commerce.

Lutte contre la “fast fashion”: adoption en vue au Sénat pour un texte ciblant Shein

Un an après l’Assemblée nationale, le Sénat s’apprête à adopter mardi une proposition de loi pour freiner l’essor de la “fast fashion”, cette “mode ultra éphémère” incarnée par le géant Shein et ses vêtements à bas coût expédiés depuis la Chine.Le texte de la députée Horizons Anne-Cécile Violland est soumis à un vote solennel de la chambre haute à partir de 14h30. Une adoption très large est attendue pour cette initiative consensuelle et soutenue par le gouvernement.Face à “l’invasion” de la mode “ultra éphémère”, parfois baptisée mode “ultra express”, cette proposition de loi est “aussi ambitieuse qu’on pouvait l’espérer”, a salué la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, à la manoeuvre durant l’examen du texte.C’est “un bon point de départ pour agir au niveau européen”, a-t-elle ajouté, promettant une notification à la Commission européenne pour sécuriser juridiquement la démarche.Pénalités pour les entreprises polluantes, publicité interdite, obligations pour les plateformes, influenceurs sanctionnés… La proposition de loi met en place toute une panoplie d’outils pour limiter ce phénomène en pleine expansion.- “Loi anti-Shein” ? -Particulièrement visée, la plateforme Shein et ses produits textiles peu coûteux, constamment renouvelés, accusée de vendre des vêtements très polluants et fabriqués dans des conditions de travail déplorables.L’entreprise basée à Singapour se distingue des acteurs historiques de l’industrie textile par la multiplication de ses produits. Une déferlante de 7.220 nouvelles références par jour en moyenne, selon une analyse réalisée par l’AFP du 22 mai au 5 juin. Un chiffre à comparer aux quelque 290 nouvelles références quotidiennes dans la catégorie “vêtements femmes”, et 50 dans celle “vêtements hommes”, du site de H&M, acteur traditionnel du secteur.L’ambition du Sénat comme du gouvernement est donc de cibler Shein plutôt que H&M, Zara ou Kiabi, une volonté assumée que certains ont regrettée, notamment à gauche ou à l’Assemblée nationale.Mais “je ne souhaite pas faire payer un euro aux entreprises qui disposent d’enseignes en France et qui contribuent ainsi à la vitalité économique de nos territoires”, a martelé la sénatrice Les Républicains Sylvie Valente Le Hir, rapporteure sur le texte.La vision des sénateurs a été épinglée par Shein: “on se retrouve finalement avec une loi anti-Shein, et anti-clients de Shein. Cette loi, si elle vient à passer, pénalisera directement le portefeuille de nos clients et réduira drastiquement leur pouvoir d’achat”, a regretté Quentin Ruffat, porte-parole de l’entreprise en France.Les principaux acteurs de la mode en France ont salué, eux, “un texte ambitieux”, priant les sénateurs “de ne pas céder au lobbying infernal de Shein” tentant de “saboter” le texte, selon une tribune envoyée mardi à l’AFP, également signée par le député européen Raphaël Glucksmann, le sénateur Yannick Jadot ou la secrétaire nationale de Les Ecologistes Marine Tondelier.L’entreprise défend ouvertement son modèle, placardant des affiches “La mode est un droit, pas un privilège” ou organisant des rassemblements de consommateurs comme dimanche à Saint-Denis ou à Béziers.- Petits colis -La plateforme correspond à la définition de la “mode ultra express”, terme retenu par les sénateurs dans la loi. Les acteurs concernés par cette définition auront des obligations, comme celle de sensibiliser les consommateurs à “l’impact environnemental” de leurs vêtements. Aucun doute non plus sur le fait que Shein devra s’acquitter des “écocontributions” renforcées dans la loi, sur un principe de “bonus-malus”. Avec une pénalité qui atteindra au moins 10 euros par article en 2030.Autre mesure phare, l’interdiction totale de la publicité pour la mode ultra éphémère, avec un volet de sanctions dédiés aux influenceurs qui voudraient en faire la promotion. La conformité de ce dispositif à la Constitution est néanmoins questionnée. Enfin, le Sénat a également adopté une mesure inattendue: l’instauration d’une taxe sur les petits colis livrés par des entreprises établies hors de l’Union européenne, comprise entre deux et quatre euros. Une façon d’élargir le spectre en visant notamment un autre géant asiatique du commerce en ligne, Temu.Mais cette mesure pourrait être supprimée dans la suite de la navette parlementaire, pour laisser la main à l’Europe, où ce sujet fait actuellement l’objet de négociations. Une fois le texte adopté au Sénat, une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sénateurs et députés, devrait être convoquée à la rentrée. Ils seront chargés d’aboutir à un texte commun, préalable à l’adoption définitive de cette loi anti-“fast fashion”.

La Bourse de Paris stable, concentrée sur les négociations sino-américaines

La Bourse de Paris est stable mardi en matinée, attentive, comme les autres places mondiales, aux négociations commerciales entre Chine et Etats-Unis à Londres.Vers 10H15, le CAC 40 cédait un petit 0,04% à 7.788,28 points. L’indice vedette oscille autour de l’équilibre depuis l’ouverture. La veille, il avait terminé sur une baisse de 0,17% à 7.791,47 points.La Chine et les Etats-Unis reprennent mardi, à partir de 09H00 GMT, leur deuxième cycle de négociations, après une première journée dont peu a transpiré.Les échanges entre les deux premières puissances économiques sont suivis de près par les marchés. Ils devraient être moins productifs qu’en Suisse, où Pékin et Washington avaient convenu d’abaisser considérablement leurs droits de douane respectifs pour 90 jours, estiment les analystes.”J’ai de bons échos. Tout se passe bien avec la Chine. Mais la Chine n’est pas facile”, a déclaré lundi en fin de journée à la presse le président américain Donald Trump. “Nous souhaitons ouvrir la Chine et si nous n’y parvenons pas, nous ne ferons sans doute pas de geste” en leur faveur, a-t-il ajouté.Les discussions visent à restaurer les flux de minéraux critiques pour Washington, tandis que Pékin espère une réduction des droits de douane et un assouplissement des contrôles à l’exportation, rappelle John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.”Malgré une volonté affichée de réinitialiser la relation, la complexité des sujets à Londres rend improbable la conclusion rapide d’un accord significatif”, ajoute-t-il.”Le premier jour des négociations s’est plutôt bien passé, selon les informations dont l’on dispose” mais “il n’y a pas eu de déblocage encore et les négos se poursuivent”, indique Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.L’Oréal investit dans Medik8Le géant français de la beauté a annoncé lundi qu’il allait prendre une participation majoritaire dans la marque britannique de soins de la peau Medik8, pour un montant non précisé. Cette marque “haut de gamme” intégrera la division L’Oréal Luxe avec “un fort potentiel de croissance mondiale”, notamment aux Etats-Unis, après la finalisation de l’opération attendue “dans les prochains mois”, a indiqué le groupe.Le titre prenait 0,12% à 379,35 euros.Sanofi stableLe ministre de la Santé américain Robert Kennedy Jr a annoncé lundi congédier la totalité des 17 experts d’un important groupe consultatif sur les vaccins, les accusant de conflits d’intérêt, un nouveau coup porté par l’administration de Donald Trump à la politique vaccinale du pays.Sanofi était stable (+0,01%) à 87,48 euros.

Comprendre la polémique autour de Shein, emblème de l'”ultra fast fashion”

Symbole des dérives sociales et environnementales de la mode éphémère à petit prix, Shein est visée par plusieurs initiatives en Europe et aux Etats-Unis, et notamment par une proposition de loi en France qui sera votée mardi au Sénat.- Qu’est-ce que Shein ?Fondée en Chine en 2012 et désormais basée à Singapour, Shein est principalement une marque de vêtements et d’accessoires, vendus uniquement en ligne. L’enseigne se démarque par ses prix extrêmement bas, la profusion des références et son marketing agressif. L’entreprise emploie 16.000 personnes dans le monde et a réalisé 23 milliards de dollars (20 milliards d’euros) de chiffre d’affaires en 2022 selon The Wall Street Journal. Ses principaux marchés se trouvent en Europe et aux Etats-Unis. Elle ne vend pas en Chine, même si l’essentiel de ses produits y est fabriqué via ses 7.000 fournisseurs. Lancée en France en 2015, Shein n’y connaît une ascension fulgurante que depuis quelques années. En 2024, la marque y représentait 3% des dépenses d’habillement et de chaussures en valeur (contre moins de 2% en 2021) – une proportion énorme sur un marché très fragmenté. Si l’on faisait “l’hypothèse de prix moyens à 10 euros pour Shein, le distributeur serait le leader en termes de volumes vendus”, souligne l’Institut français de la mode.  – Que lui reproche-t-on ?Son catalogue pléthorique – “470.000 modèles disponibles en temps réel”, selon l’ONG Les Amis de la Terre – est dénoncé par les associations environnementales qui l’accusent d’inciter à la surconsommation de produits qui finissent en déchets. Leur acheminement aussi pose problème. Le fret aérien représente 99,8% des volumes transportés. Résultat: l’essor de l’activité de Shein s’est traduit par une “hausse de 80% des émissions de carbone entre 2022 et 2023” de l’entreprise, rappelle Paris Good Fashion, qui regroupe ONG, marques et fédérations prônant une mode plus durable. Shein est également accusée d’avoir recours à des sous-traitants sous-payés, soumis à de mauvaises conditions de travail.Le monde du commerce a ses griefs aussi, estimant que le mastodonte asiatique ne respecte pas les normes européennes – sur les grandes plateformes asiatiques, 94% de produits sont non conformes dont 66% dangereux, avait estimé récemment le gouvernement français. Par ailleurs, envoyant ses produits de Chine via de petits colis ainsi exemptés de droits de douane, Shein crée une “concurrence déloyale” vis-à-vis des entreprises européennes. Et trompe le consommateur par de fausses réductions et des informations trompeuses pour inciter à acheter, dénonce l’Union européenne.- Que répond Shein ?L’entreprise ne dévoile pas de chiffres sur ses volumes mais vante son modèle de production “à la demande” qui, selon elle, réduit “le gaspillage de matériel et de stocks invendus”. Elle rappelle par ailleurs que son “objectif de neutralité carbone d’ici 2050” a été validé par la Science Based Targets initiative (SBTi), un organisme certifiant les stratégies climat des entreprises. Concernant les conditions de travail dans les usines, Shein a mis en place un “code de conduite conforme à la Convention de l’Organisation internationale du travail”, a affirmé à l’AFP son président exécutif Donald Tang. La marque assure que sa chaîne d’approvisionnement fait régulièrement l’objet d’audits indépendants. Shein a récemment déclaré investir en 2025 “13 millions d’euros pour la sécurité et la conformité des produits” et avoir élargi ses partenariats “avec 15 agences de test reconnues au niveau international, dont Bureau Veritas”.Enfin, la société déclare travailler “de manière constructive” avec les autorités européennes “pour démontrer (son) engagement à respecter les lois et réglementations”.- Que risque-t-elle ?L’essor de Shein est déjà freiné aux Etats-Unis depuis l’instauration en mai de droits de douane de 120% sur les colis venant de vendeurs asiatiques tels Temu, Shein ou AliExpress, ramenés ensuite à 54%.En France, le Sénat doit voter mardi une loi visant l'”ultra fast fashion”, qui prévoit notamment une interdiction de publicité, des pénalités financières, une obligation de sensibilisation des consommateurs à l’impact environnemental de leurs vêtements, etc.Insuffisant pour les principales fédérations du commerce françaises, qui ont demandé début juin le déréférencement de la plateforme.Enfin, la Commission européenne a proposé en mai d’imposer des frais de 2 euros sur chaque petit colis entrant sur le Vieux Continent, dont l’immense majorité provient de Chine. 

Budget 2026: l’avantage fiscal pour la garde d’enfants ne sera pas modifié, assure le gouvernement

La ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a assuré mardi que le gouvernement ne supprimerait pas l’avantage fiscal pour la garde d’enfants ou l’accompagnement des personnes âgées, dans le cadre des 40 milliards d’euros à trouver pour le budget 2026.”Il y a deux sujets sur lesquels je crois que collectivement, nous voyons que ça marche et qu’il ne faut pas toucher: c’est tout ce qui touche à la garde d’enfants et c’est tout ce qui touche à l’accompagnement des personnes âgées”, a déclaré Mme de Montchalin sur RTL.”Je le dis très solennellement: ces deux sujets là sont utiles, ils sont efficaces. (…) Il n’y aura pas de changement”, a-t-elle assuré. La ministre a indiqué que 26 métiers de services à la personne bénéficient actuellement d’un avantage fiscal correspondant à un crédit d’impôt sur le revenu égal à 50% des dépenses engagées.”Est-ce qu’au fond c’est le bon périmètre? Est-ce que c’est un bon taux de remboursement? Quel est le bon équilibre entre le travail au noir qu’on ne veut pas encourager et le bon usage de l’argent public?”, a-t-elle interrogé, citant les cours ou le sport à domicile, mais sans se prononcer sur les dépenses de ménage.”Mais je le redis, tout ce qui touche à la garde d’enfants, tout ce qui touche à l’accompagnement des personnes âgées, je ne souhaite pas qu’on y touche. Après, les parlementaires peuvent décider autrement”, a-t-elle souligné.Le Premier ministre François Bayrou doit annoncer d’ici au 14 juillet ses orientations pour le prochain budget, afin de réduire le déficit public à 4,6% du produit intérieur brut (PIB) l’an prochain, après 5,4% attendus cette année et 5,8% en 2024. Le gouvernement privilégie la réduction des dépenses à une augmentation de la fiscalité. “C’est le dernier moment pour avoir du courage”, “il faut que nous nous remettions en ordre”, a exhorté Amélie de Montchalin, rappelant que la France était le cancre de la zone euro en matière de déficit public. Elle a évoqué “un risque” de mise sous tutelle par des institutions internationales comme le FMI.  “Dans tous les ministères, on peut faire mieux. Dans tous les ministères, on peut se poser des questions sur la manière d’utiliser le mieux l’argent”, y compris au sein de ceux de la Justice, de l’Intérieur et de la Défense qui bénéficient de lois de programmation pluriannuelles. Pour ces ministères régaliens, “la question pour l’année prochaine, c’est: est-ce qu’on fait tout ce qui était prévu? Est-ce qu’on fait différemment? Est-ce qu’on fait un peu plus? Est-ce qu’on fait un peu moins?” Mme de Montchalin a répété vouloir réduire le nombre de fonctionnaires, citant en exemple la baisse de 25% des effectifs au sein de la Direction générale des finances publiques (DGFiP) depuis une dizaine d’années. “On a eu des hausses de recrutements dans des ministères où du coup (…)  nous n’avons plus et n’aurons plus, dans les prochaines années, les moyens d’augmenter les salaires des fonctionnaires”, a-t-elle prévenu.Il faut “nous demander (si) chaque euro que les Français paient avec leurs impôts (est) utile pour le quotidien. Si à cette question, les ministres et nous-mêmes ne savons pas répondre, alors ça veut dire que cet euro, il n’est pas utile, ça veut dire qu’il ne faut pas le dépenser”.

MaPrimeRénov’ redémarrera le 15 septembre, selon la ministre des Comptes publics

Le dispositif d’aide à la rénovation énergétique MaPrimeRénov’ redémarrera le 15 septembre après une suspension cet été pour permettre d’identifier les dossiers frauduleux, a indiqué mardi la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin. Le président Emmanuel Macron avait exhorté samedi le gouvernement à “maintenir” le cap sur l’écologie, épinglant dans une interview à la presse quotidienne régionale les “incertitudes sur les dispositifs mis en place” après l’annonce de la suspension de MaPrimeRenov’.”Le président de la République a cent fois raison de dire que c’est une politique nécessaire. Mais il a tellement raison que c’est aussi cent fois plus intolérable” d’avoir de la “fraude massive”, a déclaré Amélie de Montchalin sur RTL. Les propriétaires de logements pourront déposer leur dossier de demande d’aide “jusqu’à la fin du mois de juin”, a-t-elle poursuivi, avant la suspension de MaPrimeRénov’ prévue au 1er juillet.”En juillet, août et début septembre, nous allons faire une revue totale: tous les dossiers des honnêtes gens qui ont été déposés seront payés, tous les dossiers des fraudeurs seront exclus”, a-t-elle expliqué, soulignant qu’il ne s’agissait pas d'”économies de bouts de chandelle”. “Cela nous permettra au 15 septembre de rouvrir le guichet et d’allouer 100% des fonds qui sont dans cette politique publique à l’usage des personnes honnêtes”, a-t-elle précisé. Le gouvernement avait annoncé la semaine dernière la fermeture temporaire du guichet de dépôt des dossiers de demande d’aide MaPrimeRénov’ pour les rénovations énergétiques globales et les travaux d’isolation et de remplacement de chaudière ponctuels.La ministre du Logement, Valérie Létard, avait également indiqué vouloir “changer les règles” du dispositif applicable, prévoyant alors sa réouverture “d’ici à la fin du mois de septembre”. Dimanche, le ministre de l’Economie, Eric Lombard, avait affirmé que l’écologie demeurait “une priorité absolue” pour le gouvernement et que la suspension de MaPrimeRénov’ n’était pas motivée par des “arrière-pensées budgétaires”. Le dispositif est doté d’un budget de 3,6 milliards d’euros et “si jamais la demande est supérieure, on adaptera”, avait-il ajouté, soulignant par ailleurs qu’actuellement, “un dossier sur dix est un dossier frauduleux”. 

Que signifie vraiment le label MSC sur les étiquettes de poisson?

Du grand Carrefour de banlieue au Picard de centre-ville en passant par l’Intermarché de zone périurbaine, le label MSC tamponne de nombreuses boîtes de thon, poissons panés ou surimi.Mais ce label “Marine Stewardship Council”, avec son poisson bleu et blanc en logo et son inscription “Pêche durable”, ne garantit pas l’exclusion de plusieurs pratiques considérées comme néfastes pour la biodiversité marine. – MSC, omniprésentNé en 1997 d’une initiative de l’ONG WWF et du groupe Unilever, le label MSC est de loin le plus répandu, avec quelque 2.300 références labellisées en France.  Sur son site internet, ce label assure garantir “une gestion efficace des pêcheries”, un “impact environnemental minimisé” et des pêches effectuées dans “des stocks de poisson durables”.Pour cela, le label a édicté plusieurs dizaines de critères “scientifiques”. Par exemple, concernant l’état du stock de poissons sur le lieu de pêche, il doit être au moins “fortement probable” que ce dernier soit au-dessus du seuil de renouvellement. De même, la pêcherie labellisée “ne doit pas cibler” les oiseaux, amphibiens, reptiles ou encore mammifères. Mais le MSC est critiqué. L’ONG de défense des océans Bloom estimait par exemple en 2023 que “83% des volumes certifiés par le MSC proviennent de pêcheries destructrices”. Ses détracteurs décrivent le label comme permissif. Bloom pointe l’utilisation de chalutage en eau profonde, de “dragage hydraulique” ou de dispositifs de “concentration de poissons” (DCP), parmi les pêches certifiées par le label. Frédéric Le Manach, directeur scientifique de Bloom, déplore “un label par et pour l’industrie pour pouvoir afficher le message que toute la pêche est durable”. “En effet, la drague, un chalut de fond, le DCP, ça peut être néfaste”, concède Amélie Navarre, directrice du programme MSC France. Le label “se base sur le code de conduite d’une pêche durable de la FAO, qui stipule qu’un programme de certification est non discriminatoire”, explique la dirigeante. Raison pour laquelle le MSC n’interdit “aucun engin de pêche, à part le poison et l’explosif”. “On part du principe que cela peut être bien géré”, ajoute-t-elle.   – Peu de petites pêches”Le label MSC a quand même un certain nombre d’avantages: il s’aligne sur les règles de pêche européenne, souvent non appliquées, c’est une première garantie”, nuance Didier Gascuel, professeur en écologie marine à l’Institut Agro de Rennes. Mais ce professeur critique surtout les difficultés “d’accès à ce label pour les petits pêcheurs”. En effet, pour être certifié par MSC, une pêcherie doit faire appel à un audit indépendant et obtenir un score global minimum de 80 sur 100.  “Cela coûte cher, c’est compliqué. Or ce sont souvent les petites pêches qui sont les plus durables”, affirme Didier Gascuel. Cet angle mort, juge-t-il, conduit à une situation paradoxale où “le consommateur peut avoir face à lui deux produits, l’un labellisé, l’autre non, et où c’est celui qui n’est pas labellisé qui s’avère le plus durable”.- Petits labels alternatifsAucun label ne concurrence le MSC en France en matière de volumes. Parmi les outsiders figure l’écolabel pêche durable, public, lancé par FranceAgriMer en 2014 avec 36 critères (écosystème, environnement, social, qualité). Mais il ne couvre que huit pêcheries en France et souffre d’un “volume de produits labellisés extrêmement faible”, souligne Didier Gascuel.D’autres sont principalement géographiques.Ils trouvent grâce aux yeux de Frédéric Le Manach parce qu’ils sont “simples et binaires”, donc facilement vérifiables. Prenant l’exemple du “Bar de ligne de la Pointe de Bretagne”, il indique qu'”il faut qu’il soit pêché à la ligne, sur un lieu précis”. Ainsi “cela donne un label qui veut dire quelque chose”, salue-t-il. Pour atteindre l’objectif d’une pêche durable, Didier Gascuel prône “des processus alternatifs ou complémentaires aux labels, un système d’étiquetage environnemental de durabilité des produits de la pêche”. Dans un article paru dans la revue Nature, des scientifiques ont édicté onze recommandations pour une pêche durable, parmi lesquelles “pêcher moins”, “limiter la taille des bateaux”, ou encore “interdire l’accès aux espèces et aux zones les plus vulnérables”. 

Apple reste très prudent dans l’intelligence artificielle malgré les pressions extérieures

Déjà en retard sur ses concurrents dans le déploiement de l’intelligence artificielle (IA) générative, Apple continue d’avancer très prudemment, laissant de nombreux analystes sur leur faim et les investisseurs impatients.”En ce qui concerne les fonctionnalités plus personnalisées de Siri (l’assistant vocal d’Apple, ndlr), nous avons besoin de plus de temps pour finaliser notre travail afin qu’elles répondent à nos exigences en matière de qualité”, a déclaré lundi Tim Cook, le patron du groupe californien.Il s’exprimait sur la scène de la conférence annuelle de l’entreprise pour les développeurs à Cupertino, rendez-vous majeur pour l’entreprise.La transformation de Siri, annoncée lors de l’édition précédente en juin 2024, est l’aspect le plus emblématique de sa stratégie dans l’IA.”Apple Intelligence”, un ensemble de fonctionnalités dopées à l’IA générative, devait faire de Siri un véritable agent IA – le Graal actuel de la Silicon Valley – capable d’accomplir des tâches sur simple demande à l’oral, et en tenant compte des informations à disposition dans les courriels, photos, etc.Mais Apple a dû suspendre ou retarder certains éléments, dont l’évolution de l’assistant vocal.Alors qu’OpenAI (ChatGPT), Google et Meta multiplient les annonces sur les avancées de leurs assistants IA, toujours plus performants et autonomes, Apple s’est ainsi concentré lundi sur de nouveaux systèmes d’exploitation et design des interfaces.- “Enthousiasme émoussé” -“Les retards supplémentaires observés aujourd’hui pourraient traduire un essoufflement de l’innovation ou une incapacité à définir une direction claire en matière d’IA”, estime Gadjo Sevilla, analyste d’Emarketer.La “posture attentiste” d’Apple “risque d’émousser l’enthousiasme des investisseurs, d’autant plus que des concurrents comme Samsung et Google promettent d’importantes intégrations IA dans leurs prochains modèles”, ajoute-t-il.L’action de la firme a perdu 1,21% à la Bourse de New York lundi, mouvement amorcé au moment où débutait la conférence.Pour les utilisateurs, l’annonce la plus marquante sera sans doute celle de l’ajout d’outils de traduction en direct à la messagerie et aux appels audio et vidéo, offre déjà existante sur des smartphones concurrents.”Même si Siri n’a pas fait l’objet d’une refonte majeure capable de satisfaire les critiques, la traduction en direct représente une avancée significative pour Apple Intelligence, à ne pas négliger”, commente Nabila Popal, directrice de recherche chez IDC. “Il s’agit de l’une des fonctionnalités d’IA les plus populaires.”Elle note que les délais dans l’IA n’ont pas nui, à ce stade, aux ventes de l’entreprise.”Apple sait que l’IA n’est pas un sprint mais un marathon. Les annonces d’aujourd’hui montrent qu’Apple joue sur le long terme et reste bien dans la course”, poursuit-elle.- “Concession” aux développeurs -Les experts ont bien accueilli la principale nouvelle pour les développeurs: ils vont pouvoir accéder directement aux capacités d’IA d’Apple Intelligence pour mettre au point des applications d’IA générative qui fonctionneront même hors ligne.Ce service “est une concession opportune”, estime Gadjo Sevilla, “tout en respectant les exigences de confidentialité et de sécurité”. Il permet en outre à Apple de “revoir sa stratégie plus globale” pendant que les éditeurs “conçoivent des expériences IA intégrées au système d’Apple”.Les relations entre Apple et les développeurs sont compliquées depuis des années. Ils reprochent à la firme son écosystème très fermé et les commissions à lui reverser.Une plainte d’Epic Games, le studio derrière le jeu vidéo à succès Fortnite, a conduit en mai la justice américaine à obliger Apple à autoriser les éditeurs d’applications aux Etats-Unis à passer par une autre plateforme de paiements que l’App Store, la boutique du groupe, une mesure déjà obligatoire dans l’Union européenne.Autre sujet d’inquiétude pour la marque à la pomme, Jony Ive, le célèbre designer de l’iPhone, vient d’intégrer OpenAI, où il travaille avec son équipe sur une famille d’appareils connectés, pensés pour l’ère de l’IA.L’analyste Dan Ives, de Wedbush, assure cependant rester “confiant” dans la capacité d’Apple a réussir le virage de l’IA.”Cupertino joue la carte de la prudence, dans un contexte encore marqué par les faux pas de l’an dernier. La stratégie est claire”, souligne-t-il dans une note. “Mais le temps presse.””A terme, Tim Cook et son équipe pourraient être contraints de procéder à des acquisitions majeures pour réellement donner un coup d’accélérateur à leur feuille de route”, ajoute-t-il.