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Les nouveaux agents de l’Etat sont plus âgés et contractuels, selon la Cour des comptes

Les jeunes travailleurs accèdent de plus en plus tard à la fonction publique d’Etat, à plus de 33 ans en moyenne, et principalement comme contractuels, a pointé vendredi la Cour des comptes, qui recommande une politique d’attractivité les ciblant spécifiquement.Dans un rapport, la Cour constate “une transformation profonde du modèle traditionnel de la fonction publique, basé historiquement sur l’accès au statut de fonctionnaire en début de carrière et par la voie du concours”. L’âge moyen des nouveaux entrants dans la fonction publique d’Etat, qui compte 2,5 millions d’agents, atteignait 33 ans et 3 mois en 2022, contre 25 ans en 2010 et 21 ans en 1980. En 2022, il était de 39 ans et 6 mois pour les fonctionnaires et 31 ans et 8 mois pour les contractuels. Les recrutements annuels par concours ont enregistré une forte baisse de 28% entre 2002 (56.000 postes offerts hors militaires) et 2022 (40.300). Parmi les quelque 250.000 nouvelles recrues en 2022, 71,4% ont été recrutés comme contractuels civils ou militaires, contre 21,3% comme fonctionnaires, le reste étant des apprentis, ouvriers d’Etat ou enseignants d’établissements privés sous contrat. La Cour constate relève aussi un “essor des contrats temporaires à durée limitée”, dont 54% de moins d’un an, 34% entre un et trois ans et 11% supérieurs à trois ans, induisant une volatilité accrue des effectifs. “Parmi les agents rentrés en 2020 dans les administrations publiques, 91% des titulaires sont encore présents deux ans après et 94% des moins de 30 ans. En revanche, les contractuels ne sont que 52% à être présents en 2023” et 44% chez les moins de 30 ans. Parmi les défis de la fonction publique d’Etat, la Cour note notamment “un vieillissement important lié à l’allongement des carrières”, ce qui rend “inéluctables (…) des départs massifs à la retraite dans les prochaines années”.Elle estime que les aspirations des jeunes générations – recherche de sens dans le travail, organisation souple, relations moins hiérarchisées – “peuvent se heurter à la représentation qu’ils en ont ou à la réalité des pratiques de la fonction publique de l’Etat”. Face à ce constat, elle préconise “de mettre en Å“uvre au plus vite une stratégie dédiée spécifiquement au recrutement des jeunes, fondée sur une gestion prévisionnelle de ses emplois et de ses compétences à cinq, dix ou quinze ans”.

En Roumanie, entre inquiétude et colère autour d’une mine historique inondée

Devant la célèbre mine de sel de Praid, dans l’est de la Transylvanie roumaine, des panneaux “Défense d’entrer” accueillent les visiteurs. Les fortes pluies de la semaine dernière, qui ont envahi ses couloirs, ont entraîné la fermeture sine die du site, provoquant la déception des touristes et l’inquiétude de toute une région.”Ca fait mal au coeur”, déplore Ioan Mera, venu visiter la cathédrale souterraine de 2,7 kilomètres de profondeur, présentée comme l’une des plus grandes d’Europe.”Ce site est un monument historique, notre trésor”, explique à l’AFP le touriste de 55 ans au sujet de la réserve de sel en service depuis le XVIIIe siècle.Des intempéries ont transformé la paisible rivière Corund en un tempétueux torrent, au débit sans précédent en 30 ans, et la mine a été gagnée par l’eau.L’état d’urgence a été décrété en raison du risque d’effondrement des galeries les plus anciennes, des dizaines de villageois ont été évacués et les 130 mineurs se retrouvent au chômage technique.Près de 40.000 personnes d’une province voisine sont aussi privées d’eau potable en raison de l’augmentation de la salinité dans les nappes phréatiques. – “Chambres vides” -Alors que la mine avait accueilli en 2024 un demi-million de personnes, avec un tourisme, florissant depuis l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne en 2007, les professionnels du tourisme s’alarment.Lorsqu’il a ouvert ses chambres d’hôtes il y a 18 ans, Alexandru Muntean, 58 ans, ne comptait qu’une centaine de concurrents. Un chiffre multiplié par quatre depuis, grâce à l’attractivité des souterrains partiellement reconvertis en centre de traitement des maladies respiratoires.”Des dizaines de milliers de personnes y ont été soignées”, raconte Attila Ambrus, un autre quinquagénaire ayant ouvert sa demeure aux curistes. “Aujourd’hui, les six chambres sont vides, nous n’avons aucune réservation et celles qui avaient été faites ont été annulées”, déplore-t-il sous le soleil revenu.Des travaux pour pomper la boue et déplacer le lit du cours d’eau en cause ont commencé et des experts sont arrivés sur les lieux pour évaluer la situation sans pouvoir descendre dans la mine à ce stade.- “Coller des rustines” -Le gouvernement a approuvé 60 millions d’euros d’aide au tissu économique local et demandé le soutien de l’UE.Le voisin hongrois, Viktor Orban, a également proposé un soutien financier, la majorité des 6.500 habitants de Praid étant issus de la communauté magyare, première minorité de Roumanie. A l’image du maire Laszlo Nyagrus, qui évoque “une situation unique, dramatique pour l’ensemble de la région”. S’il espère que le site pourra être sauvé, il pense déjà à l’après et à la diversification des sources de revenus.Comme bien souvent en Roumanie, où la corruption est endémique et les pouvoirs publics mal-aimés, on cherche des responsables. Et “on les trouvera”, a promis en visite sur place le président Nicusor Dan, fraîchement élu sur la promesse d’un dégagisme des élites aux manettes depuis des décennies.Les problèmes d’infiltrations d’eau étaient connus depuis 2007, ont admis les autorités.C’est certain, il y a eu “négligence” de la part de “ceux qui ne se donnent pas la peine de protéger” le patrimoine, lance M. Muntean, sans toutefois avancer d’éléments concrets. Si au lieu de “coller des rustines”, des “vrais travaux” avaient été réalisés, “la nature n’aurait pas causé de tels ravages”, s’emporte Attila Ambrus.Il faut désormais compter avec une violence destructrice décuplée par le réchauffement climatique, a rappelé Nicusor Dan, alors que la Roumanie a déjà été touchée l’an dernier par des inondations meurtrières dans l’est du pays. 

La Bourse de Paris prudente avant l’emploi américain

La Bourse de Paris évolue dans la retenue vendredi, avant la publication du rapport sur l’emploi américain en mai, susceptible d’influencer la politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed).Vers 9H40, dans les premiers échanges, le CAC 40 perdait 0,17%, à 7.777,35 points, en baisse de 11,27 points. La veille, l’indice parisien avait perdu 0,18%.Il s’achemine en revanche vers une légère hausse sur l’ensemble de la semaine.”Aujourd’hui, il ne faudra pas manquer les chiffres de l’emploi de mai aux États-Unis”, a noté John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.Ce rapport, attendu vers 14H30 (heure de Paris), fait état de l’évolution du taux de chômage aux États-Unis, un indicateur perçu comme un baromètre de l’évolution de l’économie américaine.Les marchés sont à l’affût de tout signe d’essoufflement de l’activité, provoqué par la politique protectionniste du président américain Donald Trump, qui a engagé début avril un bras de fer douanier avec ses partenaires commerciaux.Un ralentissement de la première économie mondiale pourrait pousser la Fed à baisser ses taux lors de sa prochaine réunion, ce qui serait positif pour les actions.La publication sera d’autant plus suivie que le chiffre des créations d’emplois dans le secteur privé en mai, publié plus tôt dans la semaine, a déçu les investisseurs (37.000 créations, contre 110.000 attendues).”Un rapport plus faible qu’attendu pourrait renforcer les paris selon lesquels la Fed réduira ses taux plus tôt que prévu. A l’inverse, une bonne surprise soutiendrait l’optimisme selon lequel l’économie américaine résiste bien au choc Trump”, a résumé Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.En zone euro, les investisseurs prendront également connaissance des chiffres définitifs de la croissance au premier trimestre et des ventes au détail au mois de mai.Dans ce contexte, le taux des emprunts à dix ans français atteignait 3,22%, contre 3,25% la veille en clôture. Son équivalent allemand, référence en Europe, atteignait 2,54%.Les investisseurs suivent aussi avec attention la montée en tension des relations entre Donald Trump et Elon Musk, qui se sont déchirés publiquement jeudi, s’accusant de “folie” pour l’un, “d’ingratitude” pour l’autre.”Cela jette une lumière peu favorable sur la situation intérieure américaine, tout en illustrant la tension et l’agitation au sein de l’administration actuelle”, a observé Andreas Lipkow, analyste indépendant.Waga électriséLe spécialiste français du biogaz Waga bondissait à la Bourse de Paris (+26,76% à 21,50 euros) vendredi, après que le fonds d’investissement EQT a annoncé entrer en “négociations exclusives” pour devenir l’actionnaire majoritaire de l’entreprise. L’objectif est d'”accélérer la croissance de Waga Energy et de renforcer son positionnement” pour devenir “un leader mondial”, selon un communiqué commun. EQT a prévoit d’acquérir 54,1% de Waga Energy à un prix de 21,55 euros par action.

Retard d’avions: les 27 veulent veulent réduire les indemnités des passagers

Les 27 pays de l’UE se sont mis d’accord jeudi soir pour réduire les indemnités des passagers en cas de retard d’avions, une souplesse donnée aux compagnies aériennes tempérée par de nouveaux droits accordés aux passagers.Objet d’âpres négociations, cet accord entre Etats membres doit maintenant être discuté au Parlement.Les passagers peuvent actuellement réclamer jusqu’à 600 euros pour un retard de plus de trois heures, une règle adoptée il y a plus de vingt ans.Mais les compagnies aériennes se plaignent régulièrement d’une charge financière excessive — évaluée à 8,1 milliards d’euros par an par la Commission européenne.Pour leur donner de l’air, une majorité d’Etats membres a voté pour relever ce seuil, malgré l’opposition de l’Allemagne.Pour les vols d’une distance maximale de 3.500 kilomètres ainsi que pour tous les vols intra-européens, les passagers auraient droit à un remboursement de 300 euros à partir de quatre heures de retard. Pour les trajets plus longs, les passagers recevraient 500 euros à partir de six heures de retard.Les associations de consommateurs ont fustigé cette mesure. “Les nouveaux seuils d’éligibilité priveront la majorité des passagers de leurs droits d’indemnisation, étant donné que la plupart des retards se situent entre 2h et 4h”, dénonce le Bureau européen des unions de consommateurs.Mais le compromis n’a pas pour autant satisfait les compagnies aériennes. L’association Airlines for Europe (A4E) regroupant les compagnies Air France-KLM, Lufthansa, Ryanair ou encore easyJet reproche au texte d’introduire “encore plus de complexité” par rapport à la proposition initiale de la Commission européenne. Les dirigeants européens soulignent pour leur part “plus de 30 nouveaux droits” pour les passagers, applicables entre le moment où ils achètent leur billet et celui de l’arrivée à destination, s’est félicité le ministre polonais Dariusz Klimczak.Philippe Tabarot, ministre français des Transports, s’est dit “heureux du compromis” auquel l’UE est parvenue, dans un message sur le réseau X.Il a cité plusieurs avancées concrètes, notamment des droits renforcés pour les passagers en situation de handicap ou à mobilité réduite ou un mécanisme automatique d’indemnisation en cas d’annulation de vol.”Ce texte aurait pu être plus ambitieux, mais il est une étape importante pour continuer à améliorer la qualité du service offert aux usagers du transport aérien”, a ajouté M. Tabarot.

Nucléaire: un tribunal japonais annule une amende colossale visant les ex-dirigeants de l’opérateur de Fukushima

La cour d’appel de Tokyo a annulé vendredi une amende colossale de 84 milliards d’euros contre quatre anciens dirigeants de l’opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima accidentée en 2011, a annoncé une porte-parole du tribunal de Tokyo.Les quatre responsables de Tokyo Electric Power Company (Tepco) avaient été condamnés en 2022 à verser cette somme dans le cadre d’une action judiciaire intentée par des actionnaires de Tepco, à la suite de la catastrophe nucléaire déclenchée par un tsunami en mars 2011.Les plaignants soutenaient que la catastrophe aurait pu être évitée si les dirigeants avaient pris en compte les recherches et mis en place des mesures préventives, comme l’installation d’une source d’alimentation d’urgence placée en hauteur.Mais les accusés affirmaient eux que les risques étaient imprévisibles et que les études citées n’étaient pas fiables.”On ne peut pas considérer que les accusés ont eu la possibilité de prévoir ce tremblement de terre”, a déclaré le tribunal dans sa décision de vendredi.Contacté par l’AFP, Tepco a indiqué “ne pas faire de commentaire” sur cette décision.- “Prenez vos responsabilités !”-Des images diffusées notamment sur les chaines NipponTV et NHK ont montré des plaignants tenant une banderole et appelant à une amende encore plus élevée, l’équivalent de 147 milliards d’euros.”Prenez vos responsabilité dans l’accident nucléaire de Fukushima!”, est-il écrit sur la banderole.”Si je devais résumer l’arrêt d’aujourd’hui en une phrase : c’est un arrêt qui conduira à de futurs accidents nucléaires graves”, a déclaré Hiroyuki Kawai, l’un des avocats des plaignants lors d’une conférence de presse vendredi.L’amende infligée aux dirigeants de Tepco était destinée à couvrir les coûts de l’opérateur pour le démantèlement des réacteurs, l’indemnisation des résidents affectés et le processus de décontamination.L’agence de presse nippone Jiji Press a indiqué que la cour d’appel avait nié que le tsunami était un événement prévisible.Le montant de cette amende est considéré comme le plus grand jamais attribué dans une poursuite civile au Japon.En 2015, le géant pétrolier britannique BP avait été condamné à payer 20,8 milliards de dollars (18,8 milliards d’euros) pour la marée noire du golfe du Mexique dans ce qui était décrit à l’époque comme l’amende la plus élevée jamais imposée à une entreprise dans l’histoire des États-Unis.Si le tremblement de terre et surtout le tsunami ont causé la mort de 18.500 personnes le 11 mars 2011, la catastrophe nucléaire en elle-même n’a fait aucune victime sur le coup.Cependant, elle est indirectement responsable de plusieurs milliers de “décès liés”, reconnus par les autorités japonaises comme des morts dues à la dégradation des conditions de vie des nombreuses personnes évacuées de la région.En mars, la justice japonaise avait confirmé l’acquittement de deux anciens cadres de Tepco, accusés de négligence professionnelle lors de la catastrophe de mars 2011.Cette décision met un terme au seul procès pénal découlant de l’accident nucléaire le plus grave survenu dans le monde depuis Tchernobyl (Ukraine), en avril 1986.

Suspension de MaPrimeRénov’ : craintes de répercussions en chaîne

Si le gouvernement essaie de minimiser l’impact d’une suspension du dispositif d’aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov’, les professionnels du secteur, particuliers et élus craignent un arrêt complet de la dynamique de rénovation des logements. “Cela fait 20 ans que je suis dans le secteur et on a déjà vu pas mal de pétards de ce type (…), mais là, ça dépasse les bornes”, attaque auprès de l’AFP Peter Lehmann, chauffagiste dans les Hautes-Alpes.Dans son entreprise, qui emploie neuf personnes, 90% de l’activité est liée à la rénovation énergétique. “C’est énorme” et il craint des impacts “catastrophiques en termes d’emploi”. “On s’est formé, on a investi pour être capables de faire de la rénovation, on a passé toutes les qualifications nécessaires depuis 2005 et maintenant tout s’arrête”, déplore-t-il. Hugues Sartre, co-fondateur de l’entreprise Homyos, qui Å“uvre dans la rénovation globale des logements, voit actuellement “une précipitation pour compléter les dossiers” et les envoyer avant la fermeture du guichet. “Ensuite, on se dirige vers une période de 3 à 6 mois sans activité commerciale, ce qui signifie un début d’année 2026 sans activité de chantier, donc une apnée de 10 à 12 mois” de baisse d’activité, anticipe-t-il.Même angoisse chez un chef d’entreprise spécialisée en systèmes de ventilation et en chauffage électriques, basée dans la Manche, qui n’a pas souhaité être identifié. Son activité tournait déjà au ralenti depuis février et son carnet de commandes est vide à partir de juillet. “Je vais finir par appeler le comptable et chômage technique pour tout le monde”, témoigne-t-il à l’AFP.  Le gouvernement a annoncé la suspension du dispositif MaPrimeRénov’ cet été et prévoit qu’il soit possible de déposer de nouveaux dossiers “d’ici la fin du mois de septembre”. Cette pause concerne les nouvelles demandes d’aides pour des rénovations globales et pour des travaux isolés de rénovation.Rémi Perrot, juriste de 25 ans, a acheté en février un studio de 19m² à Paris et considéré comme une passoire énergétique. “Je viens de déposer enfin le dossier complet de demande d’aide MaPrimeRénov’ la semaine dernière, après trois mois de travail”. Désormais, il espère pouvoir obtenir les 14.000 euros d’aides estimées, sans quoi “je vais devoir financer intégralement les 28.000 euros avec un prêt bancaire” et compliquer sa situation financière.- “Terrible” pour les plus modestes -Le bâtiment est un secteur lent à redémarrer. “Si le guichet rouvre en septembre, ça va reporter les projets à 2026, donc on sacrifie le deuxième semestre pour les entreprises. Et les petits artisans n’ont pas la trésorerie disponible pour tenir six mois”, prévient Louis-Clair François Poncet, fondateur du réseau de PME SATEP, spécialisé en décarbonation des bâtiments.”C’est dommage parce que ces derniers temps, on commençait à avoir pas mal” de chantiers de rénovation énergétique, indique Mehdi Ben Atia, directeur d’Isodeco, entreprise francilienne de rénovation intérieure. Son entreprise est peu dépendante de MaPrimeRénov’, mais il constate “qu’il y avait pas mal de gros chantiers qui pouvaient être effectués via des primes”. “Ce n’est pas à tous les coins de rue qu’on trouve des clients prêts à mettre” 30.000 euros dans l’isolation de leur logement. C’est une des craintes de Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement des défavorisés : que la rénovation énergétique qui “ne touchait que les riches” avant l’augmentation des aides de l’Etat pour les ménages modestes ne soit de nouveau accessible qu’aux revenus élevés si l’Etat “coupe les aides”. “C’est terrible” cette décision qui “touche les plus modestes”, confirme Peter Lehmann.Les dispositifs comme MaPrimeRénov’ sont “des dispositifs qui s’inscrivent dans la durée : entre le moment où une famille décide de rénover sa maison ou bien qu’une copropriété décide d’engager des travaux, il y a plusieurs mois de papiers administratifs, de travail, d’expertises, d’études”, constate Christophe Ferrari, président de la métropole de Grenoble et vice-président d’Intercommunalités de France, chargé de l’habitat. “Cela nécessite la stabilité des acteurs”, selon lui. Un besoin partagé et répété depuis plusieurs années par toute la filière. Ce qui n’a pas empêché le gouvernement de modifier les règles de MaPrimeRénov’ “à 14 reprises en quatre ans”, selon Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment. Sur un groupe d’échanges sur un réseau social, un internaute “un peu énervé” n’a plus “confiance” : “Je vais sortir du dispositif, essayer de faire les travaux moi-même”. 

Brésil: des anciens ministres critiquent une loi assouplissant les règles environnementales

Sept anciens ministres de l’Environnement du Brésil ont publié jeudi une lettre ouverte critiquant un projet de loi controversé visant à assouplir les règles pour l’obtention de licences environnementales.Déjà approuvé au Sénat, ce projet de loi doit être débattu prochainement à la Chambre des députés, alors que le pays sud-américain s’apprête à accueillir en novembre la conférence de l’ONU sur le climat COP30 dans la ville amazonienne de Belem. Ce sujet est d’autant plus sensible que la compagnie pétrolière publique Petrobras est dans l’attente d’une licence de l’organe de surveillance environnementale Ibama pour un méga-projet d’exploration pétrolière près de l’embouchure de l’Amazone. Ce projet critiqué par les écologistes a été défendu ouvertement par le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.”Ce que propose ce projet de loi est très grave (…)”, à savoir “beaucoup moins d’études et de mécanismes pour la réduction des impacts” environnementaux, notamment sur des projets d’infrastructures, dénoncent les anciens ministres de gauche ou de centre-droit dans cette lettre ouverte diffusée dans plusieurs médias à l’occasion de la Journée mondiale de l’Environnement.Ils ont également fustigé la possibilité de création de règles exceptionnelles pour des projets considérés comme d’importance stratégique par les gouvernements, pour lesquels “les licences seraient octroyées sur des critères plus politiques que techniques”. Mardi, Lula a affirmé en conférence de presse qu’il n’avait “pas connaissance des règles” proposées dans le projet de loi. Les défenseurs du texte argumentent qu’il permet de moderniser et de simplifier des normes bureaucratiques obsolètes. Un argument rejeté par les défenseurs de l’environnement. Jeudi, plusieurs centaines de femmes membres de mouvements écologiques ont pris part à une manifestation contre ce projet de loi devant le Parlement à Brasilia, portant un grand globe terrestre gonflable.”Approuver cette loi, c’est un crime: cela va faciliter l’obtention de licences par l’agro-négoce, les constructeurs de barrages hydroélectriques ou les opérations minières, et cela va porter encore plus de tort à la population”, a déclaré à l’AFP Ivanei Farina Dalla, une des manifestantes.  

Trump et Musk se déchirent en public

Leur alliance était spectaculaire et intense, leur rupture l’est tout autant: Donald Trump et Elon Musk se sont déchirés publiquement jeudi, s’accusant de “folie” pour l’un, “d’ingratitude” pour l’autre.Le président américain a assuré sur son réseau Truth Social qu’il avait mis fin à la mission budgétaire d’Elon Musk, selon lui “devenu fou” à cause d’une décision défavorable aux véhicules électriques.”Le plus simple pour économiser des milliards et des milliards de dollars dans notre budget serait d’annuler les subventions et contrats gouvernementaux” du patron de Tesla et SpaceX, a-t-il menacé dans un autre message.Sur son réseau X, Elon Musk a déclaré en réponse que SpaceX “commencera immédiatement à mettre hors service son vaisseau spatial Dragon”, utilisé notamment par la Nasa pour acheminer des astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS).Il a semblé, quelques heures plus tard, faire marche arrière, écrivant: “Bon, nous n’allons pas mettre Dragon hors service.”Entre-temps, la joute a envoyé par le fond l’action Tesla, qui a perdu des dizaines de milliards de dollars de capitalisation à Wall Street, clôturant à -14,26%.Depuis que l’homme le plus riche du monde a lancé la semaine dernière un tir de barrage contre un mégaprojet de loi budgétaire de Donald Trump, ce n’était sans doute qu’une question de temps avant que le divorce ne soit véritablement consommé.C’est pendant une réunion dans le Bureau ovale avec le chancelier allemand Friedrich Merz, réduit au rôle de figurant muet, que le président a acté jeudi la rupture.Pendant un échange avec les journalistes, retransmis en direct, Donald Trump s’est dit “très déçu”. “Elon et moi avions une bonne relation. Je ne sais pas si c’est encore le cas”, a-t-il lancé à propos de son ancien “conseiller spécial”, qui a quitté vendredi dernier la mission de réduction des dépenses publiques qu’il menait à la Maison Blanche.- “N’importe quoi” -“N’importe quoi”, a écrit Elon Musk en commentaire d’une vidéo de Donald Trump affirmant, déjà, que sa colère était due à la perte de subventions pour les véhicules électriques.”Faux”, poste-t-il ensuite au-dessus d’un extrait dans lequel le président américain assure que l’entrepreneur connaissait par avance le contenu du texte. Une “grande et belle loi” selon Donald Trump, une “abomination” pour les finances publiques selon Elon Musk.Le multimilliardaire, qui a très généreusement financé la campagne du républicain en 2024, assure que “Trump aurait perdu l’élection” sans lui et l’accuse d'”ingratitude”.Il n’a pas hésité à frapper sous la ceinture, affirmant, sans apporter de preuve, que le nom du président se trouvait dans le dossier Jeffrey Epstein, ce financier américain au coeur d’un vaste scandale de crimes et d’exploitation sexuels qui s’est suicidé en prison avant d’être jugé. En réponse, la Maison Blanche s’est contentée de qualifier ces attaques de “regrettables”.Dans le Bureau ovale, Donald Trump a dépeint son ancien allié en amoureux éconduit: “Il disait les choses les plus belles à mon propos”.”Les gens quittent notre gouvernement, ils nous aiment, et à un certain moment cela leur manque tellement… Et certains d’entre eux deviennent hostiles”, a poursuivi le républicain.- “Nouveau parti politique” -Dès l’entrée tonitruante d’Elon Musk dans la campagne de Donald Trump l’an dernier, les doutes ont surgi sur la longévité de la relation entre ces deux hommes impulsifs et affamés d’attention.L’idylle a d’abord semblé parfaite. Donald Trump avait défendu son allié face aux critiques et a même organisé une opération de promotion pour la marque Tesla à la Maison Blanche.Elon Musk avait lui qualifié le président de “roi” le jour de son investiture, et porté une casquette siglée “Trump avait raison sur tout” au conseil des ministres.Mais les tensions ont grandi entre le multimilliardaire très impopulaire et les ministres ou conseillers du président.Pour certains experts, ce qui pourrait avoir scellé le sort d’Elon Musk ne s’est pourtant pas passé à Washington, mais dans le Wisconsin, où il a fortement soutenu un juge conservateur dans une élection récente à la Cour suprême locale. Mais c’est la candidate des démocrates qui l’a emporté, largement.Donald Trump, qui déteste être associé à la défaite, a forcément suivi avec attention cette première aventure politique en solo d’Elon Musk.Lequel n’a visiblement pas été dégoûté. Le natif d’Afrique du Sud, qui ne peut devenir président puisqu’il a été naturalisé, a demandé jeudi s’il n’était pas “temps de créer un nouveau parti politique” aux Etats-Unis.

Retraites: l’Assemblée appelle à abroger la réforme, la CGT dans la rue

Plus de deux ans après la promulgation de la réforme des retraites, l’Assemblée nationale a appelé jeudi à son abrogation lors d’un premier vote à portée symbolique sur le sujet dans l’hémicycle, tandis que la CGT a tenté de remobiliser la rue contre une loi qui reste très impopulaire.A quelques jours de la fin des travaux du “conclave” entre partenaires sociaux sur les retraites, les députés ont adopté une proposition de résolution déposée par le groupe GDR (communistes et ultra-marins), lors d’une journée dédiée à ses textes.A la tribune, le président du groupe Stéphane Peu (PCF) a dénoncé le passage de l’âge légal de départ à 64 ans, adopté à l’époque sans vote, grâce à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. “La plus grande blessure démocratique depuis la négation du vote des Français lors du référendum de 2005”, a-t-il lancé.Adoptée par 198 voix contre 35, avec celles de la gauche, du Rassemblement national et d’une partie du groupe centriste Liot, la résolution n’aura aucune valeur normative. Mais les communistes espèrent en faire un levier politique pour ranimer la contestation.Dans la rue, la CGT avait prévu 165 points de rassemblement ce jeudi, mais ses habituels partenaires de Solidaires et de la FSU n’ont pas relayé leur appel. Depuis Strasbourg, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a salué un “grand événement” à l’Assemblée, qui montre que “quand la démocratie parle, elle défait cette réforme”, dont elle a de nouveau demandé l’abrogation. – “Aucune légitimité” -Le vote de l’Assemblée est “une preuve supplémentaire que cette réforme n’a aucune légitimité, ni populaire, ni parlementaire”, a déclaré le groupe Insoumis dans un communiqué.Le chef du groupe communiste, qui a commencé son discours devant un hémicycle quasiment vide, a exigé du gouvernement qu’il respecte le vote de la résolution, en abrogeant la réforme ou en convoquant un référendum.”La démographie et l’allongement de la durée de vie constituent des contraintes qui conditionnent les recettes et les dépenses de notre système de retraite. Que vous le vouliez ou non”, a rétorqué Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail. Le texte “affirme l’impérieuse nécessité d’aboutir à l’abrogation des mesures les plus régressives” de la loi du 14 avril 2023, à savoir “le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et l’augmentation de la durée de cotisation portée à 43 annuités dès 2027″.”Une simple pétition de principe”, a critiqué Théo Bernhardt (RN), reprochant à la gauche de ne pas avoir soutenu les initiatives de son groupe pour une abrogation.Le RN mais aussi le groupe Liot et les Insoumis ont mené différentes initiatives parlementaires pour tenter d’obtenir un vote, sans succès. La dernière en date étant celle de LFI, fin novembre: la proposition de loi des Insoumis n’avait pu aboutir, victime de l’obstruction du camp gouvernemental.- Et la censure ? -Le sujet des retraites a retrouvé une actualité en janvier, à la faveur du compromis noué entre le Premier ministre François Bayrou et le groupe PS à l’Assemblée.Ces derniers ont accepté de ne pas censurer son gouvernement, contre un ensemble de promesses, dont la remise en chantier de la réforme des retraites.Mais l’enthousiasme a rapidement fait place à la déception. Après avoir appelé à des discussions “sans totem ni tabou”, le Premier ministre a successivement imposé l’objectif d’un équilibre financier en 2030, puis fermé la porte à un retour aux 62 ans. Les syndicats FO et CGT ont claqué la porte dès le début des discussions.Les organisations restant autour de la table, qui se retrouvaient jeudi après-midi, prévoient de clore leurs travaux le 17 juin. La réunion s’est terminée sans avancée concrète.Quant aux députés socialistes, ils agitent de nouveau la menace d’une censure du gouvernement Bayrou, si ce dernier ne soumet pas au Parlement un éventuel accord entre les partenaires sociaux.Les communistes ont obtenu jeudi l’adoption de plusieurs autres textes, sur le logement dans les Outre-mer (adoption définitive), pour le versement d’allocations familiales dès le premier enfant (première lecture), ou encore pour la création d’une commission d’enquête sur les carences de la justice dans les Outre-mer.sl-sac-av-boc/alu/hdz/alh

Wall Street recule, chahutée par les déboires de Tesla

La Bourse de New York a terminé en baisse jeudi, lestée en fin de séance par la chute du cours de l’action Tesla après le clash entre Elon Musk et Donald Trump par messages interposés.Le Dow Jones a reculé de 0,25%, l’indice Nasdaq a perdu 0,83% et l’indice élargi S&P 500 a reculé de 0,53%.”L’amitié qui s’est rapidement détériorée et maintenant le +conflit majeur+ entre Musk et Trump est stupéfiant et un choc pour le marché, et fait craindre la suite aux investisseurs de Tesla”, commente Daniel Ives, de Wedbush Securities.Le pionnier des véhicules électriques Tesla a dévissé jeudi de 14,26%, à 284,70 dollars, laissant s’envoler environ 150 milliards de dollars de capitalisation à la suite de la passe d’armes entre les deux milliardaires.Pendant un échange avec les journalistes, retransmis en direct, Donald Trump s’est dit “très déçu” par les critiques du patron de Tesla et Space X à l’égard de son mégaprojet de loi budgétaire.”Le plus simple pour économiser des milliards et des milliards de dollars dans notre budget serait d’annuler les subventions et contrats gouvernementaux” du patron de Tesla et SpaceX, a-t-il ensuite menacé dans un autre message sur son réseau social Truth.”N’importe quoi”, a écrit de son côté Elon Musk en commentaire d’une vidéo de Donald Trump affirmant, déjà, que sa colère était due à la perte de subventions pour les véhicules électriques. “Faux”, a-t-il posté ensuite au-dessus d’un extrait dans lequel le président américain assure que l’entrepreneur connaissait par avance le contenu du texte. Une “grande et belle loi” selon Donald Trump, une “abomination” désastreuse pour les finances publiques selon M. Musk.Le multimilliardaire, qui a très généreusement financé la campagne républicaine en 2024, affirme que “Trump aurait perdu l’élection” sans lui et l’accuse d'”ingratitude”.”Cela a pesé lourdement sur le marché” qui avait certes débuté en baisse mais s’était redressé, se montrant rassuré par la perspective d’un apaisement des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, estime auprès de l’AFP Patrick O’Hare, de Briefing.com.Le président chinois Xi Jinping a déclaré jeudi lors d’un appel téléphonique avec son homologue américain qu’ils se devaient de “redresser la trajectoire” des relations bilatérales, tendues par des différends commerciaux et diplomatiques.”Il n’y a pas beaucoup de détails” à propos du contenu de cet échange de plus d’une heure, mais les investisseurs estiment que les deux dirigeants “vont se donner plus de temps pour essayer de résoudre le problème (commercial, ndlr) et le marché apprécie cette approche”, assure Patrick O’Hare.Donald Trump a par ailleurs annoncé que Xi Jinping l’avait “gentiment invité” à venir en Chine avec son épouse Melania, et qu’il avait lui aussi proposé au président chinois de venir le voir aux Etats-Unis.Outre les développements sur le front de la guerre commerciale, les acteurs de marché attendent désormais la publication du rapport sur l’emploi aux Etats-Unis vendredi. Celui-ci devrait “influencer l’opinion du marché sur ce que la Réserve fédérale (Fed) est susceptible de faire” concernant ses taux, estime M. O’Hare.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans se tendait, à 4,39%, contre 4,35% mercredi en clôture.Ailleurs à la cote, le géant américain des spiritueux Brown-Forman, propriétaire du célèbre whisky Jack Daniel’s, a plongé de 17,92% à 27,25 dollars, après avoir déçu les attentes pour le quatrième trimestre de son exercice décalé, avec notamment un bénéfice net par action de 31 cents contre 34 cents anticipé par les analystes.Circle, créateur de la cryptomonnaie USDC, s’est envolé pour son premier jour de cotation à Wall Street, décollant de plus de 168% à 83,23 dollars.Le groupe a levé plus d’un milliard de dollars à l’occasion de son entrée en Bourse grâce à la vente de 34 millions d’actions au prix unitaire initial de 34 dollars. Sa valorisation boursière dépasse désormais les 16 milliards de dollars.